V. SEMIOLOGIE
1. DIAGNOSTIC
La maladie démarre souvent très lentement et
avec des signes peu spécifiques. Dans la plupart des cas, ces premiers
signes apparaissent avant l'âge de 25 ans, en général lors
de l'adolescence, comme l'expression d'un changement le plus souvent lent et
sournois, mais il peut être rapide dans quelques cas (29). On
sait aujourd'hui que la schizophrénie est une maladie identifiée
par l'association de trois dimensions fondamentales (13 ,16):
· La première est représentée par la
transformation ou distorsion délirantes de la
réalité, exprimée par des vécus délirants et
hallucinatoires
· La deuxième dimension est
caractérisée par l'appauvrissement affectif et
idéo-affectif qui se manifeste par les symptômes dits
« négatifs » tels que l'aboulie, apathie, absence de
la capacité de modulation affective de la pensée.
· La troisième dimension est
caractérisée par la désorganisation de la
pensée avec troubles formels de l'idéation et du langage
(pauvreté du contenu et incohérence du discours, perte des liens
logiques dans les pensées et le raisonnement) avec comme
conséquence directe la désorganisation du comportement qui se
manifeste notamment par l'incongruité affective, c'est-à-dire une
inadéquation entre les modalités expressives du sujet et le
contexte émotionnel de la situation.
Le diagnostic de la schizophrénie est posé
à partir de critères cliniques qui ont été
établis précisément par des groupes d'experts
internationaux : par exemple ceux de l'OMS (CIM10) ou de l'Association
Américaine de Psychiatries (DSM IV TR) qui sont utilisés dans la
plupart des travaux actuels de recherche scientifiques (16).
Selon le DSM-IV, le diagnostic repose sur la présence
d'un certain nombre de troubles. Il est basé sur un ensemble de signes
jugés caractéristiques (critères A) qui doivent avoir
été présents pendant au moins un mois mais moins que cela
si le patient a reçu un traitement, certains signes devant persister au
moins 6 mois (critères B). Ces signes et symptômes doivent
être associés à des perturbations fonctionnelles sociales
(critères C). Il faut également s'assurer que ces perturbations
ne sont pas liées à un état dépressif concomitant
ni à un traitement médicamenteux ou à des problèmes
intercurrents (critères D et E). Chez les sujets qui relevaient
auparavant d'un diagnostic de trouble autistique ou d'un autre trouble
envahissant du développement, le diagnostic de schizophrénie ne
peut être porté qu'en présence d'un délire ou
d'hallucinations manifestes qui doivent être présents pendant plus
d'un mois (critères F). Il faut souvent se donner le temps avant
d'affirmer le diagnostic(6).
FICHE DIAGNOSTIC DE DSM IV TR
(6)
A. Au moins deux symptômes suivant
· · Idées délirantes
· Hallucinations
· · Discours déstructuré
· Comportement déstructuré ou
catatonique
· Symptômesnégatifs, par exemple
émoussement affectif, perte de volonté
B. Dysfonctionnement social ou occupationnel
(détérioration à partir d'un niveau de fonctionnement dans
des domaines tels que le travail, les relations sociales et les soins
personnels)
C. Durée : au moins 6 mois
D. Sont exclus les troubles schizo affectifs et les troubles
de l'humeur
E. Sont exclus les troubles dus à des substances
ingérées ou pathologies organiques
F. Sont exclus les troubles de développement (autisme,
débilité)
SYMPTOMES DE PREMIER RANG DE SCHNEIDER
(13)
En l'absence de pathologie cérébrale organique,
la présence de symptômes de premier rang de Schneider non
pathognomoniques oriente vers une schizophrénie.
Hallucinations auditives :
Elles peuvent être de plusieurs types, les voix entendues
peuvent
· répéter tout haut les pensées du
patient au moment où celui-ci les émet, juste après
qu'elles aient été émises, ou par anticipation, juste
avant qu'elles ne le soient;
· discuter avec le patient en parlant de lui à la
troisième personne;
· faire un commentaire sur le patient.
Intrusion dans les pensées :
Le patient croit que ses pensées sont sous le contrôle
d'un système externe, ou que d'autres participent à ses
pensées. Les types suivants d'intrusions dans les pensées sont
des symptômes de premier rang, le patient peut croire que
· des pensées extérieures
(étrangères) ont été insérées en lui
ou par un intermédiaire extérieur (intrusion dans la
pensée);
· ses pensées ont été
retirées de son esprit par un agent extérieur (vol de
pensées);
· ses pensées sont lues par d'autres comme si
elles leur étaient transmises (divinement de la pensée).
Émotions, impulsions et actions
forcées : Le patient a le sentiment que son libre arbitre
ne lui appartient plus et qu'un agent extérieur contrôle ses
· · émotions et pensées
(imposées);
· impulsions (forcées);
· actions (actes imposés).
Passivité : Le patient a
l'impression d'être le réceptacle passif de sensations somatiques
ou corporelles issues d'un agent extérieur.
Perception délirante :
Une perception réelle est suivie d'une interprétation
erronée et délirante de cette perception.
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