CHAPITRE VI. DISCUSSION
I. LA FREQUENCE GENERALE
Les IRA constituent le deuxième motif de consultation
en pédiatrie, les infections ORL présentent pour notre
étude un taux de 9.83%, légèrement faible à celui
trouvée par RANDRIAMIHARISOA et al en 2000 à l'Hôpital
pédiatrique d'Ambohimiandra qui était de 11,2%. [16]
II. LES FACTEURS SOCIODEMOGRAPHIQUES
1) Le sexe.
Dans notre étude, il n'existe pas de relation
statistique entre la fréquence des IRA hautes et le sexe, les patients
de sexe féminin sont les plus présents avec 57% et le sexe ratio
était de 1,35. Selon une étude réalisée par AUBRY
en 2010, le sexe masculin est un des facteurs de risque de survenue des
infections respiratoires avec un sexe ratio de 1,17/1
[17] ce qui n'est pas similaire avec le notre.
Ceci concorde avec l'étude de RAMANDISON en 2004
évoquant que le sexe masculin domine avec 55% et le sexe ratio est de
1,2. [20]
2) L'âge
Les cas les plus fréquents sont observés dans la
tranche d'âge de 0 à 5 ans dans notre étude. En effet,
elles représentent 67% des cas.
Ceci rejoint ce que DEBUISSON a dit dans son étude
soulignant que les tranches d'âge les plus touchées par les IRA
sont celles des enfants 6 à 8 mois, période correspondant
à la disparition des anticorps maternels et à l'acquisition
progressive d'une immunité. [21]
Nos résultats sont également proches de ceux de
RAOBIJAONA et d'une autre étude réalisée à l'HUMET
en 2004 qui a montré que la répartition selon l'âge donne
une fréquence plus élevée dans la tranche d'âge de 6
mois à 23 mois (61%). [18]
[20]
Une étude au Niger en 2002 a montré
également que l'âge des enfants vus en consultation ou
hospitalisés pour une infection respiratoire haute était
échelonné de 10 à 34 mois.
[22]
3) La situation géographique.
Plus de 81% des cas de notre étude était des
habitants de la région urbaine, ce qui pourrait s'expliquer par le fait
que notre étude a été réalisée en milieu
hospitalier urbain.
Ces résultats concordent avec les résultats des
études réalisés à Tokyo et Mexico en 2008 montrant
que les concentrations urbaines favorisent la survenue d'une infection
respiratoire haute. [16]
En Afrique de Sud, lors d'une étude en 2007, les cas
d'infections ORL attribués à la pollution de l'air
extérieur en milieu urbain sont plus important (52%).
[23]
Au contraire, à Haïti en 2000, a travers une
enquête réalisée par l'Institut Haïtien de l'Enfance
parmi les 39 % des enfants de moins de 5 ans présentaient des
symptômes d'Infections Respiratoires Aiguës (IRA), la grande partie
provient du milieu rural (43%). [24]
4) En fonction des mois.
Près du tiers des cas ont présenté des
infections respiratoires hautes pendant la saison chaude et pluvieuse
marquée par un climat chaud tropical avec 64,89%. Ceci peut s'expliquer
par la facilité de propagation et la multiplication des germes pendant
cette période.
Cette répartition saisonnière dans notre
étude concorde avec les travaux déjà menés à
l'HMET où 60.8% des enfants avaient présenté des
infections ORL durant la saison marquée par un vent chaud et humide ou
sec, saison favorisant la transmission des infections notamment
respiratoires ; puis par une période de soudure marquée par
l'insuffisance de revenu rendant le foyer vulnérable, fragile malnutri
compliquant les infections. [20]
Cependant, RAOBIJAONA en 2000 a trouvé que les
infections ORL ont été observées durant toute la
période de l'étude mais que près de la moitié des
cas ont été colligés entre avril et septembre (73 cas =
61,3 %) pendant la saison sèche et fraîche, marquée par un
climat froid tropical. [18]
Certains ouvrages montrent qu'en Europe, la pathologie ORL
représente au total 18 millions de consultations par hiver, saison
pendant laquelle ces infections sont le principal motif de consultation chez
les pédiatres et les médecins généralistes
[16] et les motifs d'admission hospitalière.
[25]
5) Selon le Calendrier vaccinal
Notre étude a montré que 86% des enfants ayant
présenté une infection ORL étaient correctement
vaccinés selon le Programme Elargi de Vaccination (PEV), ce qui peut
nous amener à dire que la survenue des infections ORL ne dépend
pas essentiellement de l'état vaccinal de l'enfant et qu'elle peut
toucher en même temps ceux qui sont correctement vaccinés et ceux
qui ne le sont pas.
Nos résultats sont très différents de
ceux trouvés lors d'une étude sur les infections ORL au sein de
l'HMET en 2000 où plus de 40% des enfants souffrant d'infections
respiratoires hautes n'ont reçu aucune vaccination ou sont
incorrectement vaccinés par les vaccins recommandés par le
programme élargi de vaccination (PEV) (23).
[18]
Nous pouvons également dire que les progrès
apportés sur la promotion de la vaccination depuis quelques
années ont permis d'améliorer l'état vaccinal des enfants
ayant permis la prévention de ces maladies cibles.
III. CARACTERISTIQUES CLINIQUES DES
INFECTIONS
1) Selon l'état nutritionnel
Notre étude a montré qu'il n'y a pas de
corrélation entre état nutritionnel et la pathologie ORL
malgré le fait que 62% des enfants avaient un poids normal par rapport
à leur taille et que 38% des cas avaient un état de malnutrition
précaire, statut nutritionnel précaire qui s'accompagne souvent
d'une baisse immunitaire expliquant les infections
répétées.
Ces résultats sont comparables à ceux de
RAMANDISON en 2004 lors de l'étude au sein de l'HMET durant laquelle la
plupart des enfants hospitalisés pour infections respiratoires avaient
un état nutritionnel bon ou satisfaisant soit 66.4%, et que parmi les
enfants malnutris (de degré sévère) hospitalisés,
21.8% étaient atteints d'infections respiratoires.
[20]
Pour l'étude réalisée en 2009 sur les
enfants du Congo admis à l'hôpital, l'état nutritionnel
à l'admission était bon chez 61,1 % dont 35% avaient eu une
pathologie ORL et que parmi les 79,2 % malnutris, 5% avaient eu une infection
ORL. [26]
2) En fonction du contexte
La majorité des infections ORL est le plus souvent
accompagnée de fièvre, mais cette fièvre peut exister
également en fonction de la pathologie qui pourrait être
associée à cette infection et dans la plupart des cas, c'est cet
état fébrile qui pousse les parents à consulter même
devant une infection ORL d'allure banale comme une rhinite. Dans notre
étude, 71 enfants ; soit 76% ; ont présenté une infection
ORL dans un contexte fébrile.
Dans une étude au CHU de Brazzaville, plus de la
moitié des enfants hospitalisés ou vus en consultation pour
infections respiratoire durant une période de l'année 2003 ont
présenté une fièvre (605 cas sur les 1986, soit 30%).
[27]
L'équipe de CAMPBELL et celle d'ATAKOUMA lors de leur
étude au Mali en
2004 et au Togo en 2000 ont trouvé que 53 % des enfants
présentant des infections respiratoires sont globalement admis pour une
affection fébrile. [28]
[29]
3) Selon les types d'infections ORL
Plus de 74% de nos cas ont présenté une
rhinopharyngite et/ou une rhinite. Ceci rejoint les ouvrages qui
spécifient que les rhinopharyngites sont les infections ORL les plus
fréquentes chez l'enfant moins de 5 ans, comme en France où
près de 12 millions d'enfants vus en consultation par an ont
présenté une rhinopharyngite. [16]
Ces résultats se coïncident avec ceux
retrouvés lors d'une étude en 2000 où plus de la
moitié des enfants ayant présentés des cas d'infections
ORL durant leur période d'étude avaient eu une
rhinopharyngite. [17]
RAOBIJAONA dans son étude a également
trouvé des résultats similaires au notre avec 76 des 119 cas de
rhinopharyngite (soit 64%). [18]
Cependant, RAMAROZATOVO et al dans leur étude au sein
des services spécialisés ont remarqué que les urgences
infectieuses ont été dominées par les atteintes de
l'oreille (42,55%). [19]
4) En fonction de l'évolution
Notre étude a montré que 88 patients sur les 94
cas retenus, soit 94%, sont guéris après une prise en charge en
milieu hospitalier et que 2% des patients ont eu de récidive. On n'a eu
quatre décès parmi nos 94 patients.
Ce haut taux de guérison pourrait s'expliquer par les
révolutions dans le système de prise en charge des maladies de
l'enfant qui ont permis de mieux cerner les problèmes de santé et
d'éviter leurs complications.
MILED et al dans leur étude en 2000 ont eu un
résultat similaire à la notre avec 87% d'enfants guéris
mais avec 2.5% de décès. [30]
Comme DOMMERGUES l'a également précisé
dans ses recherches en 2006, la prise en charge des enfants atteints
d'infections des voies aériennes supérieures doit être
inspirée par la connaissance de leur histoire naturelle qui se fait
progressivement vers la guérison dans l'immense majorité des cas.
[31].
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