B- L'évaluation du risque de contrepartie aux
entreprises
La banque et l'établissement financier avant d'octroyer
des fonds sous forme de prêts aux entreprises, doivent savoir si cette
dernière est bien solvable. Afin de savoir si l'entreprise est solvable
ou pas, des éléments internes et externes de l'entreprise doivent
être prises en compte. Il sera question donc de l'étude des
données endogènes de l'entreprise (1) et l'étude des
données exogènes de l'entreprise (2).
1- L'étude des données endogènes de
l'entreprise
Dans le cadre de l'étude des données
endogènes, le premier élément qui doit entrer en ligne de
compte c'est le critère financier. Quelques calculs d'une grande
simplicité donneront une idée assez précise de la
capacité ou non d'une entreprise à rembourser sa dette à
l'échéance précisée par la société
emprunteuse. Ces calculs vont concerner entre autre différents
éléments dont :
Le chiffre d'affaire annuel qui désigne le total des
ventes de biens et services d'une entreprise sur un exercice comptable. C'est
un outil de comparaison très pratique entre entreprise d'un même
secteur.
Le niveau d'endettement actuel, cela concerne les dettes
à court et long terme que l'entreprise à contracter.
Le flux de trésorerie (cash-flow)16
généré, Nous pouvons le calculer en totalisant le solde de
la caisse, des comptes banques et chèques postaux.
La disponibilité ou encore trésorerie permet aux
banques ou établissements financiers de vérifier la
solvabilité de l'entreprise dans les semaines ou mois à venir. La
trésorerie doit se comprendre donc comme l'argent disponible en caisse
ou en banque. Les types de prêts qu'il importe d'étudier dans
cette situation ce sont ceux à court terme où il sera question de
savoir est-ce-que l'entreprise a encaissé suffisamment de recettes pour
rembourser les crédits. Le résultat financier : il exprime le
résultat réalisé par une entreprise en raison de sa
situation financière et des choix qu'elle a effectué en
matière de financement. Il ne prend en compte que les produits et
charges financiers.
Enfin le résultat d'exploitation qui est le
résultat réalisé par une entreprise à travers
l'exploitation habituelle de ses seuls facteurs de production. Il ne prend en
compte ni les produits et charges exceptionnels ni la participation des
salariés aux résultats de l'entreprise, ni les impôts sur
les bénéfices. Ces différents éléments
à caractère financier permettent de
16 C'est la différence des
encaissements (recettes) et des décaissements (dépenses)
engendrés par l'activité d'une organisation (définition
tiré de Wikipédia).
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
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La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
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La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
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mieux appréhender la situation financière de
l'entreprise, cependant il convient d'ajouter un autre élément
qui n'a pas un caractère financier, c'est la moralité des
dirigeants de l'entreprise qui doit être exemplaire et non entaché
d'un quelconque défaut. Dans ce sens il est de coutume de dire que
l'entreprise doit avoir une bonne image qui doit se refléter sur ses
dirigeants qui doivent avoir une certaine crédibilité.
Les données exogènes doivent aussi être
prise en compte afin de mesurer le risque d'un défaut de contrepartie du
à l'insolvabilité de l'entreprise.
2- L'étude des données exogènes de
l'entreprise
En ce qui concerne les données exogènes de
l'entreprise il y a lieu de prendre en compte certains éléments
dont l'implantation géographique, les considérations sur les
perspectives sectorielles et la situation macroéconomique de
l'entreprise.
La prise en compte de l'environnement de l'entreprise est
d'une importance capitale vu que cette dernière ne vit pas en autarcie.
Elle interagit avec un ensemble d'acteurs extérieurs (autres
entreprises, banques, assurances, Etats, la situation politique (stable ou
non), de la fiscalité de la localité en question, de la
réglementation). La qualité de son implantation et les
perspectives d'évolution dans le pays d'origine sont des données
essentielles avant de faire un prêt surtout à long terme. Pour
apprécier la qualité du contexte géographique d'une
entreprise, l'aide d'une agence de notation financière s'avère
d'une grande importance. Parmi les plus grandes agences de notation nous
pouvons citer Standard et Poor's17. Les assurances et les grandes
banques publient aussi des ratings où chaque pays se voit attribuer une
note en chiffre ou en lettre d'après une synthèse de
données jugées pertinentes. C'est dans ce sens qu'en 2011 sur
fond de tension entre les républicains et les démocrates, les
Etats Unis étaient dans l'impossibilité de sortir d'un blocage
financier, ce qui leurs a valu d'avoir une notation à la baisse car ce
pays possédait des dettes d'environ 98% de leur PIB ce qui en avait fait
l'un des pays les plus endettés au monde.
La banque ou l'établissement financier doit aussi
prendre en compte les considérations sur les perspectives sectorielles
pour prêter des fonds à une entreprise. En effet cette
dernière doit avoir une bonne santé économique, elle doit
être dans un secteur en pleine expansion. Les entreprises étant
dans un secteur d'activité en crise ne sont pas toujours enclines
à se faire prêter des sommes par les établissements de
crédit. Dans le cadre d'un crédit d'investissement
17 Filiale de Mc Graw-Hill qui publie des analyses
financières sur des actions et obligations
l'analyse repose sur les perspectives de l'activité
nouvelle engendrée par l'investissement, est ce qu'elle pourra
dégager une marge suffisante. Une analyse poussée d'un secteur
peut donner une idée sur les perspectives dans les années
à venir et permet d'affiner l'évaluation de toute entreprise qui
y exerce son activité.
La situation macroéconomique de l'entreprise fait
partie aussi des données capitales à savoir si elle exerce une
forte activité internationale. En effet les entreprises avec forte
activité internationale, tributaires de multiples marchés,
opérant des transactions sur plusieurs monnaies différentes, sont
particulièrement sensibles aux aléas de l'économie
mondiale ou même continentale et aux variations parfois brusques des taux
de change entre devise18.
L'évaluation du risque de défaut de contrepartie
est capitale mais insuffisante à elle seule, en effet il est impossible
de cerner en totalité un débiteur potentiel. Il est
nécessaire donc de couvrir ce risque de ne pas se faire payer à
l'arrivée de l'échéance de la dette.
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