B- La couverture du risque de change par les exigences
de fonds propres
Pour couvrir le risque de change, il est nécessaire de
procéder par deux étapes : il faut en premier lieu
procéder à la mesure de la position dans une devise donnée
(1) et en deuxième lieu la mesure du risque de change sur l'ensemble des
positions en devises et sur or (2).
1- La mesure de la position dans une devise donnée
La position nette ouverte dans chaque monnaie est la somme de
plusieurs éléments dont : la position nette au
comptant66, la position nette à terme67, les
garanties dont l'activation future est certaine et qui seront probablement
irrécouvrable, le solde net des produits/charges futures non courus mais
déjà entièrement couverts, tout autre
élément représentant un gain ou une perte en devise et
enfin le portefeuille globale net d'options de change, pondéré
par une valeur approchée du coefficient delta. La mesure de la position
dans une devise implique un certain nombre de commentaire sur trois aspects
à savoir le traitement des intérêts ainsi que des autres
produits à recevoir et charges à payer, la mesure des positions
à terme sur devise et or et les procédures applicables aux
positions structurelles.
S'agissant du premier type d'aspect, doivent être
déclarés comme position : les intérêts courus, les
charges à payer, les intérêts attendus mais non acquis et
les charges attendues si leur montant est connu avec certitude et que les
banques ont procédé à leur couverture.
66 C'est le total des actifs moins total des passifs,
intérêts courus compris, dans la monnaie concernée
67 C'est-à-dire tous les montants à
recevoir moins les montants à payer en exécution des
opérations de change à terme, y compris les contrats à
terme des marchés organisés et le principal des swaps non inclus
dans la position au comptant.
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Pour le deuxième aspect qui concerne les positions
à terme sur devise et or, elles sont normalement évaluées
au cours de change courant du marché au comptant. Cependant les banques
qui fondent leur gestion comptable sur les valeurs nettes actualisées
utiliserons les écarts courants de taux d'intérêt pour
chaque position sur la base des taux d'intérêt courant avec une
évaluation aux taux et cours courant au comptant, aux fins de la mesure
de leur position à terme sur devises er sur or.
Enfin pour le dernier aspect, si une banque détient son
capital en monnaie nationale et parallèlement s'il dispose d'un
portefeuille d'actifs et de passif en devise parfaitement
équilibré, son ratio de couverture des actifs par les fonds
propres va se détériorer si la monnaie nationale se
déprécie. Cependant la conservation d'une position courte dans sa
monnaie, peut protéger son ratio de fonds propres, mais nous parlerons
de perte au cas où il sera question d'appréciation de la monnaie
locale. Ce qui est très bénéfique pour les pays de la zone
UEMOA étant donné que le francs CFA ne fait que se
déprécier et presque ne jamais s'apprécier.
Il existe une autre étape à franchir pour en
arriver à bout de l'exigence en fonds propres pour le risque de
change.
2- Mesure du risque de change sur l'ensemble des positions en
devises et sur or
Ils existent deux méthodes pour mesurer le risque de
change sur l'ensemble des positions en devises et sur or : il s'agit de la
méthode simplifiée qui est la plus usitée dans les pays de
l'UEMOA et le recours à des modèles internes tenant compte du
degré effectif du risque en fonction de la composition du portefeuille.
Seule la première méthode fera l'objet d'étude en ce que
la deuxième est peu usitée par les banques et
établissements financiers qui sévissent dans la zone UEMOA.
Selon cette méthode en effet, le montant nominal (ou
valeur actualisée nette) de la position nette sur chaque devise et sur
or est converti dans la monnaie de déclaration sur la base du cours au
comptant. Pour le calcul de la position nette ouverte globale il importe de
totaliser : la somme des positions courtes nettes ou celle des positions
longues nettes, le montant le plus élevé étant retenu,
ensuite la position nette sur or indépendamment du signe. L'exigence de
fonds propres va ainsi représenter 8% de la position nette ouverte
globale. Pour être plus précis nous pouvons affirmer que
l'exigence de fonds propres va correspondre à 8% du montant le plus
élevé de la position longue nette ou de la position courte nette
en devise, et position nette sur or. Cependant notons que certains
établissements teneurs de compte
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peuvent, à la discrétion de leur autorité
de contrôle nationale, être exonérés des exigences de
fonds propres pour ces positions sous certaines conditions. Ces
établissements de crédit sont ceux qui opèrent sur devises
pour des volumes négligeables et qui ne prennent pas des positions de
change pour leur propre compte. Les positions qui peuvent faire l'objet
d'exonération doivent avoir un volume des opérations de change
(défini comme le montant le plus élevé entre la somme des
positions brutes longues et celle des positions brutes courtes, sur l'ensemble
des devises) ne dépassant pas 100 % des fonds propres éligibles.
Ensuite la position nette ouverte globale sus visée ne doit pas
dépasser les 2% des fonds propres éligibles.
Le risque de change est en effet un risque qui fait perdre aux
établissements de crédit beaucoup d'argent surtout si ces
derniers ne tiennent pas en compte avec rigueur les techniques de mesure de
couverture de risque établis par les experts de la profession bancaire
et le comité de Bâle. Il existe un autre type de risque qui est
craint par les établissements de crédit et qui a aussi fait
l'objet d'une réglementation, il s'agit du risque de position sur
action. Nous en arrivons ainsi au dernier paragraphe de ce mémoire.
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