Des interventions de l'onu au congo: regard sur le mandat de la monusco.( Télécharger le fichier original )par Ange-Marie SHERIA NKUNDAMWAMI Université officielle de Bukavu - Licence en science administrative 2012 |
1.3. Contradiction entre valeurs libérales et peacebuilding : le problème du manque traditionnel de démocratieLe processus de peacebuilding se caractérise, entre autres, par la mise en place d'élections démocratiques et par le renforcement des structures économiques, souvent avec l'aide du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. En fait, la majorité des acteurs internationaux impliqués dans le processus de peacebuilding partagent une vision commune basée sur l'économie de marché et sur la démocratie. Le problème réside dans le fait que cette vision contredit le principe même de paix, puisque la libéralisation implique des actions compétitives qui valorisent les rivalités. Dans un contexte précaire, tel un environnement post-conflit, il est difficile d'imaginer que cette valorisation accordée aux rivalités, que ce soit dans le contexte d'élections ou dans un contexte économique, ne sera pas synonyme d'une recrudescence des situations conflictuelles. Dans le cas de la RDC, le problème s'est révélé lors de la première tentative de la MONUC de mettre en place des élections en 2003. Suite à l'implantation d'un gouvernement de transition, l'ONU voulait organiser des élections rapidement. Cependant, le résultat ne fut pas à la hauteur des attentes. Les entités exécutives n'arrivaient pas à s'entendre, étant donné leur opposition trop marquée par la guerre et cela empêchait tout avancement81(*). En fait, l'implication énorme des acteurs internationaux, et surtout de la MONUC dans le processus électoral, n'a pas permis de résoudre la crise. Ainsi, le conflit a non seulement continué d'exister, mais on peut se demander si ces efforts électoraux d'une ampleur énorme ont réellement atteint leur objectif premier de pacification. Le manque de tradition démocratique dans les pays accueillant les OMP est fortement lié à cette possibilité d'augmentation des rivalités lors d'un processus électoral. Les pays en sortie de crise ont longtemps été condamnés à évoluer dans un environnement belliqueux qui entravait toute tentative de démocratisation. Cette caractéristique empêcherait l'effectivité des élections, puisque le processus électoral n'avait pas comme résultat l'amélioration du bien commun, mais visait plutôt à ce que chacun puisse faire entendre son association idéologique.82(*) Ces aspects s'ajoutent au fait que plusieurs considèrent que les réformes économiques du FMI et de la Banque mondiale amplifient de façon considérable l'écart entre les riches et les pauvres83(*), ce qui n'aide vraisemblablement pas l'objectif de diminution des rivalités. * 81 Jean-François Hugo, La république démocratique du Congo : une guerre inconnue, Paris, Éditions Michalon, 2006, p.113. * 82 Roland Paris, « Peacebuilding and the limit of liberal internationalism », International Security, vol.22, no.2, 1997, p.74. * 83 [3] ibidem. p.77.. |
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