L'hydrographie de la région de Kinshasa est
dominée par un réseau des rivières coulant
généralement vers le nord et se jetant dans le Pool Malebo (le
fleuve Congo). Ce réseau, de type dendritique, est bien
développé avec les principaux axes de drainage orientés
S.O.-N.E. Au sud, dans les zones des collines, il s'est formé un
réseau hydrographique des vallées profondément
encaissées dans une surface ancienne des collines dont l'altitude
s'abaisse à 350 m environ près du fond des collines.
L'hydrographie de la ville de Kinshasa est reprise à la figure 1.5.
Kinshasa est drainé par deux types de rivières
:
- il y a trois rivières allochtones dont la N'djili et
la N'sele qui suivent un parcours Sud - Nord et le pool Malebo ayant son
exutoire sur les rapides qui délimitent la ville dans la partie
sud-ouest ;
- les rivières locales ou autochtones dont la Funa
(appelée abusivement Kalamu ce qui signifie cours d'eau en
dialecte Teke - humbu, population autochtone de Kinshasa).
Les rivières allochtones (N'djili et N'sele) se
trouvent beaucoup plus à l'est de la ville et ont leurs sources bien
au-delà des collines sud. Elles sont plus importantes par rapport aux
rivières locales. Elles taillent la plaine nord en plaines alluviales.
Malheureusement, la N'djili est très réputée pour ses
inondations dans son cours inférieur jusqu'au niveau du pont qui relie
Kinshasa Ouest à Kinshasa Est. Les rivières locales sont
très nombreuses et dispersées à travers la ville.
Selon CAHEN (1954), les mouvements qui ont abouti à la
succession des cycles géographiques ont provoqué la naissance du
réseau Tertiaire ancien qui a sculpté la surface mi - Tertiaire.
On connait peu de choses de ce réseau si ce n'est que, dans le sud du
Congo, il était dirigé S-N et que, par la suite de la
déformation de l'aplanissement fin-Crétacé, des cours
d'eau devaient être dirigés environ E.-O. et O.-E., respectivement
dans l'est et l'ouest du bassin du Congo.
MOEYERSONS & TREFOIS (2008) attirent l'attention sur un
changement du régime des cours d'eau en Afrique centrale. Il est connu
que pendant une période qui remonte loin dans l'Holocène, le
réseau hydrographique était essentiellement composé de
vallées larges à fond relativement plat appelées
« dambo » ou « dembo » (ACRES et al.,
1985 ; RAUNET, 1985 ; MOEYERSONS J. et al., sous presse). Ces
vallées, dépourvues d'un lit de rivière prononcé,
étaient marécageuses pendant toute l'année, même
pendant la saison sèche. Les dambos étaient nourries en
eau par des sources suite à un affleurement quasiment pérenne de
la nappe phréatique dans le fond de vallée.
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Figure 1.5 : Planche hydrographique de Kinshasa
(B.E.A.U, 1977)
La nappe phréatique continue est perchée sur
les grès polymorphes qui forment un plancher peu perméable c'est
- à - dire un aquiclude. Les sables ocre au dessus constituent un
aquifère
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Depuis un certain temps qui varie entre quelques
millénaires et le présent, on a constaté que les
rivières commençaient à se creuser un lit dans la
vallée. Il est établi que ce changement de régime de
rivières, illustré par la figure 1.6 reflète une
croissance des débits de pic de ruissellement. Selon NTOMBI &
MAKANZU (2006), le coefficient de ruissellement dans la ville de Kinshasa est
de 13 % dans un milieu où il était pourtant presque nul avant le
déclenchement de ce processus. Ceci explique pourquoi, notamment
à Kinshasa, les grandes inondations sont devenues plus
fréquentes, le niveau d'eau baisse plus vite après une pluie et
pourquoi il y a plus d'eau qui ruissellent qu'avant.
Figure 1.6 : Changement du régime fluviatile
selon MOEYERSONS et TREFOIS (2008) I.4.3 Eaux souterraines
NTOMBI et MAKANZU (2006) travaillant sur le bilan
hydrométrique du bassin versant de la Lukunga entre 1971 et 2000
indiquent que cette rivière bénéficiait de tous temps des
eaux stockées dans des nappes souterraines depuis des saisons de pluies
antérieures. Ces nappes seraient plus vastes que l'étendue de son
bassin versant. Il existe donc, en d'autres termes, une nappe aquifère
ou pour le moins une nappe phréatique continue et à bonne
perméabilité dans la région. VAN CAILLIE (1983) dit qu'en
saison sèche, le réseau hydrographique est exclusivement
alimenté par les nappes souterraines. Le début de la saison des
pluies est marqué par des précipitations en général
peu abondantes qui réhumectent le sol et dont bénéficie la
végétation.
Ce n'est qu'avec l'apparition régulière des
pluies abondantes que le sol étant à nouveau
réapprovisionné en eau de rétention, l'excédent des
pluies infiltrées s'achemine vers les nappes souterraines. La texture
sableuse de la région favorise l'infiltration profonde au
détriment de la mise en réserve dans le sol et donc de
l'évapotranspiration.
Dans un système basé sur la température,
les précipitations et l'indice de continentalité (LYTINSKI,
1984), le climat de Kinshasa est classé au type 44i qui signifie qu'on
est sous un
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à cause de leur grande perméabilité qui
facilite l'alimentation régulière de la nappe supportée
par le grès. Cette nappe phréatique perchée est à
l'origine des cirques d'érosion par sapement des flancs de collines qui
par conséquent créent les glissements de terrain. Ce
phénomène de l'érosion en cirques, de sapements des
versants et des glissements de terrain est aussi décrit dans la
région côtière du Congo par SITOU & TCHICAYA, 1991).
Les travaux du CRGM ont permis d'établir le Tableau
1.1 pour montrer la perméabilité des formations
géologiques superficielles dans la région de Kinshasa.
Tableau 1.1 : Perméabilité des formations
géologiques