Dans sa partie sud, Kinshasa est dominée par une
ceinture de collines allant de Kinshasa Ouest à la rivière N'sele
à l'est en bas desquelles se trouve une plaine, comme le décrit
EGOROFF (1955), légèrement ondulée et sillonnée par
des rivières, se raccordant aux collines par des cônes de
déjection ou par des coulées de sables plus ou moins
décolorés. Entre les chenaux du fleuve s'observent des terrains
non érodés qui forment des îles où
s'installèrent par la suite quelques familles de pêcheurs que l'on
observe à partir du quartier Kingabwa à Limete. Cette plaine est
subdivisée en deux unités séparées : la plaine de
Kinshasa ou de Lemba, s'étendant depuis la baie de Ngaliema à
l'ouest jusque la rivière N'djili à l'est et la plaine d'entre
Ndjili-N'sele. LELO NZUZI (2008) décrit l'espace urbain de Kinshasa
comme étant un site topographique contrasté, c'est-à-dire
à la fois confortable (la plaine représentant la ville basse) et
contraignant (les collines où s'est érigée la ville
haute).
Au fait, le site de la ville de Kinshasa ressemble à
un amphithéâtre dont les collines sont orientées ouest -
est, construit sur une vaste dépression et s'étend sur un fond
émergé d'une ancienne cuvette développée à
l'époque où le pool s'étendait jusqu'au pied des collines
du sud (Kimwenza), de l'ouest (Ngaliema) et du plateau de l'est (Bateke). Les
pentes varient de 0 à 4% sur la plaine selon PAIN (1973) et entre 8 et
20% sur les collines. Ces collines sont le reste d'une série des buttes
témoins du plateau de Bateke selon DE MAXIMY (1974). DE MAXIMY & VAN
CAILLIE (1974) les présentent comme des vestiges des terrains reliant
jadis le Mont Ngafula à l'ouest au plateau de Bateke à l'est. Ce
plateau s'élève à 670 m tandis que les collines culminent
jusqu'à 600m d'altitude avec des buttes principales comme le Mont Amba
(417 m), Djelo-Mbinza (545 m), Mont Ngafula (633 m) et le contrebas du Pic
Mange Ngenge (ex - Pic Mense) à 703 m, ... Le reste de ces buttes,
situées pour la plupart à l'ouest dans la commune de Ngaliema,
culmine entre 350 et 545 m. La Planche III représentant la
géomorphologie de Kinshasa (Figure 1.4), extraite de la carte
géomorphologique et géotechnique de Kinshasa a été
établie par le Bureau d'Etude d'Aménagement Urbain (B.E.A.U,
1977) de la RD.Congo.
Les grands traits de la physionomie de cette région
sont expliqués par DE PLOEY & SAVAT (1968) comme un morcellement
tectonique d'anciennes surfaces d'aplanissement donnant lieu aux aplanissements
partiels postérieurs : « La bordure ouest et sud du bassin
congolais, à partir du Congo - Brazzaville jusqu'au nord - est de
l'Angola, est limitée par des plateaux très étendus dont
le substrat est constitué de sables appartenant au « Système
du Kalahari ». Ce système recouvre des formations
mésozoïques ayant un faciès argilo - sableux. L'affaissement
de la cuvette congolaise, qui se poursuivit à partir de la fin de
l'époque tertiaire jusqu'au Quaternaire, a entrainé un
découpement partiel de ces plateaux kalahariens.
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Ainsi ont été formés des niveaux
d'aplanissement plus récents et des régions de collines. En
même temps ont été déposées des formations
sablonneuses, provenant du remaniement des formations méso -
cénozoïques. La morphogénèse du paysage des collines
sablonneuses, autour du Stanley - Pool, dans les environs immédiats de
Kinshasa, résulte donc du démantèlement du plateau du
Kwango ».
Cette morphogénèse avait déjà
fait l'objet des études antérieures menées par VERTONGHEN
(1957), DE PLOEY (1963 ; 1964) et VAN KERSCHAVER (1966) cités par DE
PLOEY & SAVAT (1968) et celles-ci font état d'une évolution
morphologique, influencée par les variations climatiques du Quaternaire,
et d'une évolution des pentes essentiellement déterminée
par l'érosion pluviale. Ainsi, d'importantes formations sablonneuses ont
été attribuées à l'époque semi-aride du
Léopolvillien, qui, d'après des datations absolues, appartient au
Pléistocène supérieur. Des critères
géologiques et géomorphologiques ont conduit à ces
interprétations paléoclimatiques, qui gardent cependant un
caractère spéculatif et hypothétique.
Cherchant à expliquer l'origine de la forme convexe
des collines de Kinshasa, DE PLOEY & SAVAT (1968) soulignent dans leur
conclusion qu'il est fort probable que les convexités sommitales, aux
pentes faibles, y soient essentiellement modelées par l'érosion
du splash. En effet, des expériences, effectuées sur le terrain
à l'aide de sables traceurs, démontrent que ces sols à
pente douce ne sont que peu sensibles à l'action du ruissellement (DE
PLOEY, 1965 ; 1966 cité par DE PLOEY & SAVAT (1968)). Par contre,
ils doivent avoir subi une ablation accentuée, due aux effets du «
splash.»
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Figure 1.4 : Planche géomorphologique de Kinshasa
(B.E.A.U, 1977)
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