Figure
3. Paramètres limnologiques de la colonne d'eau du lac Kivu à
Ishungu durant la saison sèche et la saison de pluie en 2003 et en 2004
(Isumbisho et al., 2006)
Le lac Kivu se distingue par ses particularités
physico-chimiques notamment la teneur élevée en sels de 1.115 g/L
(Tableau 1), se manifestant par une conductivité élevée,
la stratification thermique des eaux (Figure 1) et la présence
d'importantes quantités de gaz dissous dans les eaux profondes
spécialement le CH4, le CO2 et le
H2S (Kaningini, 1995).
D'après Degens et al. (1973), les sels minéraux
proviennent surtout des sources hydrothermales qui émanent du fond du
lac et que les teneurs en gaz dissous dans l'eau du lac Kivu restent
inférieures à la saturation (salinité voisine à
4%0). Le méthane a par contre une double origine (Fig.4). Une
partie est formée par la décomposition bactérienne du
plancton en conditions anaérobies, l'autre partie est le résultat
de la transformation diagénétique (Tietze, 1978 ; Schoell et
al. 1988). Les eaux de surface du lac Kivu ont une salinité
considérable et les cations majeurs y sont présents en
concentrations significatives (Tableau 2). L'oxycline varie d'environ 30m
durant la saison de pluie à environ 65 m au maximum durant la saison
sèche (Pasche et al., 2010)
Tableau 2. concentrations des ions majeurs dans les eaux de
surface du lac Kivu (Modifié à partir de Pasche et al.,
2011).
Paramètres
|
Concentration (mmol L-1)
|
Na+
|
4,1
|
Mg2+
|
3,8
|
K+
|
1,9
|
Ca2+
|
0,18
|
Alcalinité
|
13,3
|
Cl-
|
0,72
|
Tous les bassins du lac, excepté celui de Bukavu,
contiennent une quantité en gaz dissous associées à des
conditions anaérobiques entre leurs différentes profondeurs et la
surface (Isumbisho, 2006).
Damas (1935, 1937) et Capart (1960) divisent le lac Kivu en 5
grands bassins : le bassin Nord, le bassin de Kabuno-Kashanga, le bassin
d'Ishungu, le bassin de Kalehe et le bassin de Bukavu (Kaningini, 1995).
Le bassin de Bukavu constitue la partie extrême sud du
lac Kivu. Il est bordé au Nord-Ouest par l'isthme de Birava et au
Nord-Est par les îles Nkombo et Ibindja. Il couvre une superficie de 96
hectares. La profondeur maximale de ce bassin est de 105 m avec une moyenne de
75 m (Kaningini, 1995).
251651072Quant au bassin d'Ishungu, il est situé dans
la partie sud du lac (2°33,94'S et 28°97,65'E) et au Nord de celui de
Bukavu (Fig. 2 Isumbisho, 2000). Il a une profondeur d'environ 180 m (Schmid,
2011).
Figure
4. Origine du méthane du lac Kivu (Tietze et al., 1974 et 1975)
1.3. PRODUCTION PRIMAIRE ET
NUTRIMENTS LIMITANTS DU LAC KIVU
Dans le lac Kivu, jusqu'à environ 70 m (profondeur
maximale de mixolimnion), les valeurs de la chlorophylle a sont comprises entre
0,63 et 3ug.L-1 avec une moyenne de 1,37ug.L-1 (Figure
3). Le tableau 3 reprend l'ensemble des apports en nutriments dans
l'épilimnion du lac Kivu.
Sarmento et al. (2008) avait mesuré les rapports
élémentaires du carbone, phosphore et de l'azote pour le
phytoplancton du lac Kivu et ont trouvé 256,3 pour C :P ; 9,6
pour C :N et 26,8 pour N :P. Il a été trouvé que
la production primaire dans le lac Kivu était fortement limitée
par le P (Sarmento et al. 2009 ). Cette limitation serait moindre dans la
baie de Bukavu où les rapports Si :P mesurés sont
relativement bas (Kaningini, 1995).
Les apports de nutriments à un lac sont hautement
corrélés aux phases de crues et maxima durant la première
crue. Ils sont majoritairement entrainés sous forme particulaire
liés aux matières en suspension pour le phosphore et sous forme
dissoute pour l'azote (Château et al. ; 2010).
L'utilisation actuelle des terres dans le bassin du lac Kivu
est dominée par l'agriculture de subsistance avec les fumiers comme
engrais et très rarement les engrais chimiques (Muvundja et al., 2009).
La déforestation dans le bassin versant due à un besoin du bois
de chauffage est un problème majeur pour le devenir du lac Kivu
(Martineau, 2003 ; cité par Muvundja et al., 2009). Cette
déforestation a comme conséquence les érosions et
éboulements des terres (Moeyersons et al., 2004) avec dépositions
des boues dans le lac.
A coté des nutriments issus des affluents et des
dépositions atmosphériques, les apports internes des eaux
profondes constituent la source principale de phosphate aux eaux de surface du
lac Kivu (Muvundja et al., 2009 ; Pasche et al. 2010, Pasche et al. 2012).
Au cours des siècles, les eaux méromictiques, anoxiques et
profondes du lac Kivu ont accumulé aussi bien des gaz que des nutriments
(Halbwachs et al., 2002).
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