INTRODUCTION
Les grandes pathologies nutritionnelles les plus
fréquemment rencontrées dans les Pays en Développement
(PED) identifiées par l'OMS en 1985 étaient la malnutrition dite
Malnutrition Protéino-Energétique (MPE), le goitre
endémique, la xérophtalmie et les anémies d'origine
nutritionnelle (Lemonnier et al., 1986). Le Groupe d'Étude et
de Recherche sur la Malnutrition (GERM) a annoncé en 1985 que ces quatre
(04) entités morbides risquent bien de rester pour les décennies
à venir les pathologies nutritionnelles majeures au niveau de la
planète (Lemonnier et al., 1985). Aujourd'hui, de par le monde,
le niveau de sous-nutrition infantile et maternelle demeure inacceptable
(UNICEF, 2009). Dans le monde en développement, 90% des enfants
souffrant de malnutrition chronique (retard de croissance) vivent en Afrique et
en Asie (UNICEF, 2009). Chaque minute, environ 10 enfants malnutris
meurent, soit près de 5 millions chaque année
(Sondé, 2009). En Afrique, plus de 30% des décès chez les
enfants de moins de 5 ans sont imputables à la malnutrition
(Sondé, 2009). Dans le bilan numéro quatre de la malnutrition en
2006, de l'UNICEF, le Burkina Faso, le Cameroun, le Niger, la République
Centrafricaine et la Sierra Leone ont été présentés
comme les pays qui n'ont pas progressé ou qui ont régressé
par rapport aux années 1990. Le Burkina Faso et le Niger avaient les
taux d'insuffisance pondérale les plus élevés d'Afrique de
l'Ouest et Centrale (UNICEF, 2006) et, de ce fait, doivent redoubler d'effort
en vue de progresser vers la cible de l'Objectif du Millénaire pour le
Développement (OMD).
Aujourd'hui encore, la situation de la malnutrition au Burkina
Faso est loin d'atteindre les OMD en matière de nutrition. La lutte
contre la faim en général et la malnutrition en particulier
constitue un défi majeur afin de réduire considérablement
la mortalité chez les enfants (Sondé, 2009). Du reste, de
nombreux efforts, tant du côté des autorités que des
acteurs de la recherche, sont menés pour combattre ce fléau ; en
témoignent sa désignation comme premier des OMD. La Prise en
Charge communautaire de la Malnutrition Aiguë (PECMA) a été
reconnue comme une clé de l'atteinte des OMD (FANTA, 2010).
Des stratégies multiformes ont été mises
en place avec des succès variables. L'OMS préconise une prise en
charge en fonction du degré de malnutrition et des affections et/ou
infections associées. Cette prise en charge peut se faire soit en
ambulatoire dans des Centres de Récupération et d'Education
Nutritionnelle (CREN), au niveau communautaire ou en hospitalisation
(Sondé, 2009). Le Burkina Faso a adhéré à cette
politique depuis les années 1970, si bien que dans les années
1990 on notait l'existence d'une cinquantaine de CREN (Desclaux, 1996). Les
CREN au Burkina Faso sont les structures qui prennent en charge les
pathologies, mais aussi et surtout la récupération nutritionnelle
des malnutris (Traore, 2006). La plupart des CREN au Burkina sont des
structures privées bénéficiant souvent du soutien de
l'État et surtout des institutions internationales. Le véritable
handicap dans les CREN, c'est la rupture récurrente des aliments
thérapeutiques prêts à
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l'emploi (ATPE) que l'UNICEF recommande pour la prise en
charge des malnutris sévères. Beaucoup de structures de prise en
charge de la malnutrition enregistrent très fréquemment une
rupture de stock en ces ATPE. L'UNICEF encourage donc le secteur alimentaire
local à produire des aliments thérapeutiques de remplacement
lorsque les familles n'ont pas localement accès aux ATPE. Le CREN du
CSPS-Juvénat-Filles de Saint Camille, qui effectue la prise en charge
ambulatoire pour rompre avec la dépendance aux ATPE, utilise dans les
régimes de récupération des recettes locales
préparées à base d'aliments locaux. Entre autres, il y a
les bouillies de mil et de blé, le yaourt, le "Babenda", la "soupe de
haricot", le "tô" de maïs entier aux sauces de feuilles de baobab,
de kapok, d'oseille ou gombo. L'efficacité du protocole mis en oeuvre au
CREN du CSPS-Juvénat-Filles de Saint Camille n'ayant jamais
été évaluée, la présente étude s'est
fixé pour ambition de le faire. Il s'est agit de faire un
suivi-évaluation de cette prise en charge utilisant des aliments locaux.
L'objectif général de l'étude est donc d'évaluer
l'efficacité des outils et méthodes de récupération
des enfants malnutris admis dans le CREN du CSPS-Juvénat-Filles de Saint
Camille. Dans son volet prospectif, l'étude s'est attelé à
évaluer qualitativement la valeur nutritionnelle des régimes de
récupération. La morbidité chez les enfants malnutris
prise en charge a également été évaluée. En
vue d'évaluer l'efficacité de la prise en charge, une analyse
rétrospective des données anthropométriques
relevées lors de la prise en charge au cours des années 2010 et
2011 a été conduite. Elle a permis de calculer des indicateurs
liés à l'issue du traitement que sont les taux de
guérison, de mortalité, d'abandon, de transfert, de rechute.
Comme indicateurs de performance des régimes, la durée moyenne de
séjour des guéris ainsi que le gain pondéral journalier
ont été déterminés.
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