![]() |
Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun( Télécharger le fichier original )par Fridolin Martial FOKOU Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012 |
2- Le scrutin présidentiel de 2004 : les débuts de la problématique de l'alternance politique au Cameroun.Le scrutin présidentiel d'Octobre 2004, s'ouvre donc sur une double problématique : celle de la crise de l'Etat et de l'alternance politique289(*). En effet, les conséquences de la crise sociale au sein des populations locales ont contribué à créer un fossé énorme entre l'Etat et les populations locales. Même si l'Etat prétend pouvoir occuper tout le champ social, la recherche frénétique de sa toute-puissance a plutôt contribué à un désenchantement. Nous sommes là en pleine manifestation de ce que Luc Sindjoun appelle « noyau dur et case vide »290(*). Ainsi, les conditions de la candidature du chef de l'Etat est bien la manifestation d'un cas de « transition qui n'a pas eu lieu »291(*) catalyser par la figure imposante du chef de l'Etat qui semble capitaliser toutes les énergies vers sa seule personne. Tout naturellement, candidat à sa propre succession, le candidat Biya est réélu le 11 Octobre 2004 à 75% des suffrages exprimés. Certes, l'attitude d'une opposition tatillonne qui ne se regroupe qu'à l'approche des scrutins présidentiels y est pour beaucoup. Mais tout de même comme l'écrit Francine Bitee, On ne peut pas dire non plus que les adversaires du président soient devenus « nuls » au point de perdre aussi facilement leurs « bastions », dans un pays qui ne change pas et où le choix des candidats est encore très fortement infecté par des déterminants ethnico-alimentaires292(*). La raison est que la population éprouve une sorte de « désaffection pour la politique et les élections qui ne sont pas restitué par des statistiques publique [...] Cela se traduisant tantôt par l'abstention tantôt par le monnayage des votes »293(*). Ainsi, cette technique qui a fait recette « s'est progressivement incrustée dans la société où l'on ne va plus aux meetings des partis politiques que contre la promesse de recevoir un billet de banque, un tee-shirt ou une casquette »294(*). Cette posture signifie donc que pour les camerounais, c'est bien l'implémentation de la « politique du ventre »295(*). Au-delà de l'analyse, l'on perçoit dans l'imaginaire des camerounais à travers ces gestes, une volonté de « statu quo ante » où l'on entend çà et là dire « au moins avec lui, on a la paix »296(*). C'est donc dire que les élections de 2004 posaient de facto le problème de l'alternance politique. Mais elle n'a pas eu lieu et le Chef de l'Etat rempila à nouveau pour sept ans. Ce nouveau septennat apparaissait comme l'ultime pour Paul Biya. Il fallait donc entreprendre toute une série de mesures visant à assainir le « marché gouvernant camerounais ». Ce chantier portait donc sur la mise en place d'une commission électorale indépendante réclamée depuis 1992 par l'opposition. * 289 H. Kamgang, environ 65 ans, politicien, 12 Mars 2012 à Ydé. * 290 L. Sindjoun, L'Etat ailleurs. Entre noyau dur et case vide, Paris, Economica, 2002. * 291 Nous reprenons ici l'expression d'A. Mehler, «Cameroun : la transition qui n'a pas eu lieu »...p. 234. * 292 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun...p. 94. * 293 P. Tourel, « Cameroun : Biya pour toujours ? », Afrique-Asie, n°182, novembre 2004, p. 18. * 294 Ibid., p. 21. * 295 J. F. Bayart, L'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1995. * 296 P. Tourel, «Cameroun : Biya pour toujours ? »..., p. 24. |
|