INTRODUCTION
La République Démocratique du Congo, avec une
superficie forestière estimée à un peu plus de 155
millions d'hectares, environ 67% du territoire national, détient le
deuxième plus grand massif forestier tropical au monde. Les forêts
denses humides couvrent près de 99 millions d'hectares, dont un peu plus
de 83 millions en basse altitude. On estime que 60 millions d'hectares de ces
forêts seraient aptes à la production de bois d'oeuvre, ce qui
équivaut environ à l'ensemble des autres pays forestiers
d'Afrique centrale (MECNT, 2010).
Elles jouent un grand rôle dans le développement
socio-économique de sa population, et dans la lutte contre les
changements climatiques. Mais, malgré son importante stratégie
d'atténuation des changements climatiques par l'absorption du dioxyde de
carbone, ce massif, situé en plein coeur de la forêt
équatoriale, fait face à des multiples menaces dont les
principales pèsent sur la biodiversité et modifient
profondément la configuration du paysage, notamment la
déforestation et la dégradation des forêts.
Bien que, les taux de déforestation et de
dégradation des forêts observées en Afrique centrale soient
nettement inférieurs à ceux mesurés dans d'autres
régions forestières tropicales telles que la région d'Asie
du Sud-est et Amazonie, des études récentes confirment
l'accroissement de la déforestation et de la dégradation dans le
bassin du Congo. Les taux annuels bruts de déforestation ont
doublé entre 1990-2000 et 2000-2005 et on observe un quasi doublement de
la perte de forêts primaires entre 2000-2005 et 2005-2010 (Ernst et
al., 2010). Pour le période allant de 1990-2000, les taux annuels
de déforestation en RDC étaient respectivement de 0,21% et 0,25%.
Et, le taux annuel de dégradation des forêts est de 0,12%. En
prenant en compte les recrus forestiers, le taux annuel net de
déforestation passe alors respectivement de 0,16% pour l'Afrique
centrale et de 0,20% pour la RDC (MECNT, 2010).
Cette déforestation et dégradation des
forêts est accélérée par l'exploitation du bois, la
coupe des bois de feu et la fabrication du charbon de bois dans les zones
périurbaines mais aussi la pression démographique. Il y a aussi
l'agriculture traditionnelle qui a une place non négligeable dans la
dévastation des forêts (Sarre, 1995).
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Par ailleurs, la déforestation est
considérée comme l'une des causes majeures de la destruction de
la biodiversité. Les estimations de cette perte de biodiversité
sont difficiles à calculer, le nombre des espèces vivantes
n'étant exactement connu. Selon Dupuy (1998), ce nombre varie entre
trois et trente millions. Les forêts tropicales contiendraient entre 50%
et 90% de ces espèces bien qu'elles couvrent moins de 10% de la surface
terrestre. Il a été estimé qu'avec le taux actuel de
déforestation, 4% à 8% des espèces pourraient
s'éteindre d'ici 2015 et 15% à 35% d'ici 2040.
En effet, depuis que l'exploitation forestière est
devenue l'un de secteurs clés de l'économie des pays du sud, les
forêts sont largement exploitées et transformées en
jachère ou en lambeaux forestiers. Et est difficile de comprendre la
rapidité avec laquelle les forêts sont entrain de disparaitre,
entrainant ainsi la perte de fertilité des sols, l'augmentation de la
température au niveau planétaire et la diminution de
rendement.
En outre, l'exploitation forestière entraîne
l'ouverture du couvert forestier, ainsi que des dégâts dans le
peuplement préexistant (Dupuy, 1998). On constate que plusieurs
espèces endémiques ont quasiment disparues ou sont en train de
disparaître et certaines essences de bois précieux suivent la
même voie. Or tous ces problèmes complexes ont des
retombées environnementales, sociales et économiques de grande
envergure surtout sur les populations rurales et en particulier les
communautés les plus pauvres, vulnérables, dépendantes de
la forêt.
D'où l'intérêt pour nous de chercher
à savoir comment l'impact d'une exploitation industrielle de bois sur la
déforestation peut être minimisé en fin de réduire
les dégâts sur les peuplements forestiers, tout assurant sa
durabilité. Et sans être exhaustives, les questions suivantes
méritent d'être posées :
? Peut-on dire que cette exploitation industrielle de bois
actuellement en oeuvre en RDC est une exploitation à impact
réduit ? Pour ce faire, nous considérons le cas de la
société Riba-Congo installé dans le village Bokala au
Bandundu.
L'objectif principal de cette recherche est d'analyser les
techniques d'exploitation forestière en pratique dans la
société Riba-Congo et de voir si la société suit
les normes d'exploitation forestière à impact réduit, et
les normes de gestion durable des forêts.
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Les objectifs spécifiques poursuivis sont :
1. Identifier les différentes essences exploitées
dans la forêt en vue d'en établir à long terme la dynamique
interne ;
2. Expliquer le mode actuel d'exploitation de la forêt.
3. Formuler des pistes des solutions pour la gestion rationnelle
de la forêt.
L'hypothèse relative aux questions de recherche, qui
nous à guidé tout au long de la recherche a été
formulée comme suit : les techniques d'exploitation forestière
industrielle appliquées dans la société Riba-Congo,
répondent aux normes d'exploitation forestière à impact
réduit et de gestion durable des forêts.
L'intérêt de cette étude est d'inciter le
gouvernement congolais et les parties prenantes à la bonne gestion des
forêts afin que les activités forestières soient
basées sur un processus participatif d'aménagement et
économiquement acceptables en accentuant le rôle et les
intérêts des populations tout en respectant l'environnement.
Il s'agit également de mettre à la disposition
des bailleurs de fonds, des dirigeants des ONG internationales et nationales,
des informations nécessaires à la prise de décisions
efficaces et efficiente pour la sauvegarde des ressources naturelles et la
rentabilisation des écosystèmes forestiers locaux ;
Et enfin, sur le plan de la recherche scientifique, cette
étude mettra à la disposition des chercheurs, oeuvrant dans le
domaine forestier, des données écologiques qui pourront
être exploitées dans l'avenir comme données de
référence ; notamment pour une étude de la dynamique de
forêt.
En ce qui concerne la subdivision de ce travail, outre
l'introduction et la conclusion le présent travail s'articule autour des
trois chapitres. Le premier traite de la revue de la littérature ; le
deuxième parle du milieu, matériels et méthodes, et le
troisième présente les résultats et discussions.
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