CHAPITRE 1
CADRE ANALYTIQUE
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Ce chapitre comporte trois sections. La première
présente la problématique de l'étude, la seconde met en
exergue les objectifs et les hypothèses de travail, et la
dernière traite de la revue de la littérature.
1.1 Problématique
La dernière crise économique et
financière a poussé les gouvernements à procéder
à diverses interventions visant à juguler ses effets pervers. Le
gouvernement du Bénin a ainsi initié et mis en oeuvre plusieurs
actions afin de limiter les conséquences de cette crise sur les
ménages béninois. On peut citer entre autres les politiques
d'exonérations fiscales et de soutien des prix notamment des produits de
premières nécessités. Les dépenses publiques ont
alors connu une tendance haussière considérable entre 2007 et
2009. En effet, elles sont passées de 585.5 milliards de FCFA en 2007
à 785.1 milliards en 2009, soit une croissance de 34% en deux ans. Cette
hausse est due en grande partie à la forte croissance de la masse
salariale qui a enregistré une hausse de 57.86% sur la même
période. Tout laisse croire que ces dépenses vont poursuivre avec
cette tendance les prochaines années.
De plus, l'atteinte des OMD est subordonnée à
une mobilisation accrue et soutenue des ressources et à la construction
d'infrastructures suffisantes (MEPDEAP (2007)). Selon l'estimation des
ressources nécessaires pour l'atteinte des OMD faite dans le cadre de
l'étude précédemment citée, le Bénin doit
mobiliser sur la période 2007-2015 un montant de 5782.37 milliards. Le
besoin de financement des OMD est croissant au Bénin. En effet, de
380.885 milliards FCFA en 2007, le montant à mobiliser passe à
616.04 milliards en 2011 pour atteindre 964 .61 milliards FCFA en 2015. La
contribution de l'État aux ressources
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nécessaires aux OMD passe de 100.480 milliards en 2007
à 222.73 milliards en 2015. Le reste sera financé par les
partenaires techniques et financiers (61.3% en moyenne) et les ménages
(14.3%).
Face à ces nombreux besoins de financement de
l'économie, la question de mobilisation de ressources se pose avec
acuité surtout dans ce contexte de conjoncture internationale. La
mobilisation des ressources est plus qu'une urgence. Mais la mobilisation de
ressources doit toutefois se faire de la meilleure des manières dans la
mesure où elle peut avoir différentes répercussions selon
les sources de financement. Deux voies s'offrent au gouvernement : la MRI et la
MRE. Ainsi, la MRI et la MRE n'ont pas les mêmes impacts sur
l'économie d'un pays. En effet, une forte mobilisation des ressources
extérieures (MRE) pourrait engendrer certaines distorsions à
l'économie. La principale distorsion est l'inflation car selon l'analyse
monétariste, une hausse de la masse monétaire en circulation dans
l'économie est source d'inflation. Elles sont également sources
d'endettement pour les pays en développement qui doivent payer la dette
et le service de la dette. Aussi, un accroissement de la MRE
amènerait-il le gouvernement à diminuer ses efforts en termes de
recettes publiques notamment les recettes fiscales (Azam et al. (1999)). Ce qui
crée une situation de dépendance des pays en développement
qui cherchent à satisfaire les bailleurs et non leurs citoyens. Ces
ressources sont également très sensibles aux conjonctures des
grandes puissances, donc assez volatiles.
Quant aux ressources internes, bien que difficiles à
mobiliser dans les pays à faible revenu, elles permettent
d'éviter les problèmes précédemment
énumérés. Elles permettent aux gouvernements de financer
les politiques qu'ils ont eux-mêmes définies. L'une des
retombées positives de la MRI est donc une plus grande appropriation du
processus de développement. Toutefois, la mobilisation des ressources
intérieures par une hausse des impôts n'est pas forcément
favorable au développement des pays à faible revenu. Selon un
rapport de la CNUCED (2010), une imposition excessive pourrait pénaliser
l'investissement et la croissance sachant que les investissements publics ne
sont souvent pas efficacement orientés.
L'État béninois, conscient de l'importance de la
mobilisation des ressources, a consenti beaucoup d'efforts notamment sur le
plan fiscal. Les recettes fiscales ont doublé en l'intervalle de dix
ans; de 233.9 milliards de FCFA en 2000, elles sont passées à
489.56 milliards en 2009.
Vu l'urgence et l'importance de la mobilisation des ressources
au Bénin, il importe avant tout de savoir les effets que pourraient
avoir les ressources mobilisées sur l'économie et le
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social. Cette étude pourra permettre aux
décideurs d'abord de savoir les effets éventuels des ressources
qu'ils seront amenés à mobiliser dans l'exercice de leurs
fonctions. Aussi, de l'étude comparée des impacts des sources de
financement sur l'économie et le bien-être des citoyens, les
autorités pourront mieux orienter les efforts de mobilisation.
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