2- Interprétation économique
Globalement, les résultats obtenus sont
intéressants. En effet, le modèle est de bonne qualité,
certaines variables sont significatives et en dehors des coefficients de
assets et de deposits, tous les autres
coefficients ont un signe conforme à nos attentes. Ces résultats
ont mis en exergue 4 facteurs contribuant à l'augmentation du spread des
taux d'intérêt bancaires dans les pays de la zone CEMAC. Ce
sont :
assets : Le coefficient de cette
variable (0,046) est faible, positif et non significatif. Ce signe n'est pas
conforme à nos attentes parce que l'augmentation des actifs du secteur
bancaire devrait, en principe, permettre aux banques de réaliser des
économies d'échelle et de réduire leurs marges
d'intérêt. Ce résultat paradoxal est néanmoins
conforme à celui obtenu par Folawewo et Tennant (2008) sur un
échantillon de 33 pays d'Afrique subsaharienne. Il peut s'expliquer par
le fait que l'étroitesse de certaines économies limite la
possibilité de réalisation des économies
d'échelle.
costs : Les résultats de la
régression révèlent que les coûts ont une incidence
positive sur le spread. En effet, une augmentation des coûts de 10%
entraînera une augmentation du spread de 3,08%. Cette incidence est
conforme à la littérature et stipule que les banques accentuent
leurs marges d'intérêt pour couvrir leurs coûts.
provisions : Le coefficient de cette
variable (0,114) est positif et significatif au seuil de 10%. Le signe de ce
coefficient est conforme à la littérature et suggère que
les banques augmentent leurs spreads pour faire face à l'augmentation du
risque de défaut quantifié par les provisions pour
créances douteuses.
reserves : Nos résultats
stipulent qu'une augmentation des réserves obligatoires de 10%
entraînera une augmentation du spread de 1,831%. Cette incidence est
conforme à notre revue de la littérature. En effet, les banques
interprètent le coût d'opportunité de la détention
des réserves peu ou pas rémunérées auprès de
la banque centrale comme une taxe financière qu'elles répercutent
ensuite sur leur clientèle à travers des spreads plus
élevés. Le signe positif du coefficient associé à
reserves permet de valider la deuxième hypothèse
(H2) formulée à l'introduction de cette
étude.
Nos résultats ont également mis en exergue 4
variables contribuant à la réduction du spread des taux
d'intérêt bancaires dans les pays de la zone CEMAC. Ce
sont :
capital : Le coefficient de cette
variable (-0,066) est négatif, non significatif et conforme à nos
attentes. En effet, une banque mieux capitalisée réduit sa
probabilité de faillite et ses coûts de refinancement. Ce qui lui
permet d'appliquer des marges d'intérêt plus faibles et vice
versa.
deposits : Le coefficient de cette
variable stipule qu'une augmentation du volume de dépôts de 10%
entraînera une diminution du spread de 0,34%. Cette incidence
négative n'est pas conforme à nos attentes parce que
l'augmentation du volume de dépôts alourdie les coûts de la
banque en entraînant l'augmentation du montant des intérêts
créditeurs versés par cette dernière à sa
clientèle. Ce coût supplémentaire devrait en principe
être compensé par l'augmentation du spread. En particulier dans
des systèmes bancaires surliquides comme ceux des pays de la CEMAC.
loans : Cette variable a le coefficient
le plus élevé de notre régression. En outre, ce
coefficient est significatif au seuil de 1% et son signe est conforme à
la littérature. Cela traduit l'importance du volume des crédits
dans la détermination du spread des taux d'intérêt
bancaires des pays de la zone CEMAC. Nos résultats stipulent qu'une
augmentation du volume des crédits de 10% entraîne une diminution
du spread de 7,86%. Cette incidence négative du volume des
crédits sur le spread permet de valider la première
hypothèse (H1) formulée à l'introduction de
cette étude.
number_of_branches : Le coefficient de
cette variable (-0,034) est significatif au seuil de 1% et conforme à
nos attentes. En effet, l'augmentation du nombre de guichets traduit
l'augmentation de la pression concurrentielle et entraîne la
réduction de la marge d'intérêt des banques.
Après avoir présentés et
commentés les résultats de l'estimation du spread, il convient
à présent de calculer le spread pur et d'estimer
l'équation (13).
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