B. La protection de
l'innocence par l'image dans L'Observateur Paalga
La protection de la présomption d'innocence se
décline de diverses façons. La protection du droit à
l'image des personnes poursuivies constitue un aspect de la protection de leur
innocence. Le principe est de ne pas fixer et diffuser la photo d'un suspect
sans son consentement. C'est généralement lors des
présentations de présumés délinquants que ces
images sont prises. Puisque, s'agissant des comptes rendus d'audience, la
possibilité pour un journaliste d'effectuer des prises de vue lors d'un
procès est minime, la loi l'interdisant.
Même concernant les photos prises à l'occasion de
présentation de suspects par les officiers de police judiciaire, il est
difficile d'accuser le journaliste d'atteinte à la présomption
d'innocence. Celui-ci pouvant se prévaloir d'une exception au
principe : lorsque la personne photographiée se trouvait dans un
lieu public, son autorisation n'est pas requise si la photo prise est
relative à l'actualité.
Qu'à cela ne tienne, une certaine opinion continue de
considérer que la publication des photos à visage
découvert de personnes poursuivies constitue une atteinte à leur
innocence.
A travers les articles étudiés, on voit que
L'Observateur Paalga procède à un traitement des photos
qui tient compte de ce droit fondamental de l'Homme. Deux articles comportent
des photos qui corroborent nos propos.
La technique utilisée par L'Observateur Paalga
consiste à cacher les visages des personnes interpellées par une
bande noire. Dans le numéro 8 280 du lundi 10 septembre 2012, à
la page 4, le journal fait état de l'arrestation de deux réseaux
de présumés délinquants. Les photos des deux groupes de
suspects sont placées côte à côte, le visage de
chacun d'eux étant traversé par une bande noire. Il est vrai que
malgré une telle disposition, les personnes photographiées
peuvent être identifiées par leur entourage. Toutefois, cette
identification demeure presque impossible à toute personne
étrangère aux intéressés.
Dans son numéro 8 820 du lundi 24 décembre 2012,
L'Observateur Paalga rapporte que des cybercriminels ont escroqué la
somme de 18 millions. La photo du groupe d'individus arrêtés par
la gendarmerie présente huit personnes difficiles à identifier.
Cela est dû à la bande noire placée sur chaque visage.
C'est seulement dans les deux articles cités que nous
avons pu constater un traitement de l'image respectueux de l'innocence dans
L'Observateur Paalga.
Ce nombre s'explique par le fait que certains articles,
notamment les faits divers et les brèves contenus dans la rubrique
« Une lettre pour Laye» et même les comptes
rendus des audiences ne sont pas illustrés. La plupart des articles
illustrés portent sur des présentations de
présumés délinquants par les services de police et de
gendarmerie. Même pour ce type d'articles, bon nombre d'illustrations
ne montrent pas les personnes poursuivies. La plupart des photos sont soit
celles des premiers responsables de forces de sécurité dont les
agents ont réussi à mettre aux arrêts les suspects, soit
celles montrant le matériel et biens saisis entre les mains des
personnes mises en cause.
L'article publié à la page 12 du n° 8 242
du lundi 29 novembre 2012 et titré : « SONAPOST
Sidéradougou : Le receveur et le gardien
tués » est un fait divers, sans aucune illustration.
C'est également le cas de l'information portant
sur « Commune rurale de Pobé Mengao : Un
conseiller municipal UPR froidement abattu » et publiée
dans le numéro 8 275 du lundi 17 décembre 2012. Ce fait divers
n'est pas illustré. La brève contenue dans « Une
lettre pour Laye », à la page 6 du numéro 8 175 du
vendredi 20 au dimanche 22 juillet 2012 et rapportant la liberté
provisoire accordée à l'ex-directeur général des
Douanes, Ousmane Guiro, n'est pas assortie d'illustration.
L'article portant le titre « Enrôlement de
mineurs à Ouahigouya : une enquête est
ouverte » et publié à la page 7 du numéro 8
187 du mercredi 8 août 2012 comporte de nombreuses illustrations.
Mais aucune d'entre elles ne montre les personnes suspectées de fraude
électorale. Au contraire, on reconnaît sur les différentes
photos, le substitut du procureur près le Tribunal de grande instance
de Ouahigouya, le commissaire régional de la CENI au Nord et deux
opérateurs de kits, considérés comme des témoins.
Il y a une absence remarquable de photos de personnes
poursuivies si bien que l'on se demande si le journal les aurait
présentées à visage découvert ou non. Mais on
pourrait interpréter le nombre insignifiant des photos des suspects dans
les colonnes du journal comme une autre forme de respect de la
présomption d'innocence. Tous ces articles ne montrant pas les photos
des personnes soupçonnées de la commission d'infractions, ont
déjà été répertoriés comme respectant
la présomption d'innocence par l'usage de la terminologie. Si l'on
devrait créer une catégorie les concernant, ils seront
comptabilisés doublement.
A travers l'étude de plusieurs numéros de
L'Observateur Paalga, on constate un mode de traitement de
l'actualité judiciaire respectant la présomption d'innocence des
personnes poursuivies. Le choix des terminologies désignant les
suspects, certaines illustrations d'articles ou même l'absence des photos
de personnes poursuivies dans certains articles procèdent de la
protection de l'innocence présumée.
Quid du quotidien Le Pays ?
|