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La présomption d'innocence dans la presse quotidienne burkinabè

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par Ouaogarim Roger SANKARA
Institut des sciences et techniques de l'information et de la communication ( ISTIC ) de Ouagadougou - Conseiller en sciences et techniques de l'information et de la communication 2013
  

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B. Le respect de la présomption d'innocence par les illustrations des articles dans Sidwaya

Lorsque l'on parle d'illustrations dans la presse, il s'agit de photographies, de gravures, de caricatures et de dessins de presse. Sidwaya utilise des photographies.

La protection de l'image est fondée sur un impératif : celui de préserver la dignité humaine. Cette protection est accordée au suspect au nom de la présomption d'innocence. Mais pour toute victime qui n'est pas suspectée de la commission d'une infraction,   la protection est due au nom de la dignité humaine. C'est du moins l'avis exprimé par Christine Lazergès dans sa chronique législative publiée dans la Revue de science criminelle et droit pénal de janvier-mars 201123(*).

Comme déjà indiqué plus haut, le droit à l'image impose que l'image d'une personne ne soit pas fixée et diffusée sans son consentement. Si l'on se tient à cette prescription, on ne parlera que rarement de respect de la présomption d'innocence par l'image dans Sidwaya et dans la presse de façon générale. La raison est que les personnes poursuivies et surtout celles présentées à la presse par la police judiciaire donnent rarement leur consentement à être photographiées.

Mais au vrai, en publiant de telles images, Sidwaya et les autres quotidiens ne tombent pas forcément sous le coup de la loi. En effet, des exceptions existent au principe de l'autorisation préalable. Ainsi, une personne qui se trouve dans un lieu public à l'occasion d'un évènement peut être photographiée sans son consentement, à condition que la photo soit liée à l'actualité en question. La cérémonie de présentation des présumés délinquants n'est-elle pas un évènement ?

Il reste que la publication par la presse de photos de personnes en porte à faux avec la loi peut conforter au sein du public de la presse l'idée de leur culpabilité. Consciente de cette réalité, la rédaction de Sidwaya traite ainsi l'image des personnes poursuivies de manière à rendre difficile, voire impossible, leur indentification.

Dans Sidwaya, nous n'avons recensé que trois (03) articles dont les illustrations, plus précisément des photographies, nous paraissent respecter la présomption d'innocence. Cette faiblesse du nombre des illustrations s'explique par le fait que l'information judiciaire rapportée dans la rubrique « Au coin du Palais » n'est pas assortie d'image. En plus, bien des articles traitant d'affaires pénales sont des brèves, donc non illustrées.

Parmi les photos, l'une ne présente pas le visage des personnes arrêtées par la gendarmerie. Une autre présente les visages en les cachant. Dans le jargon journalistique, on dit que les images sont floutées.

La première image illustre un article du numéro 7 305 du mercredi 28 novembre 2012, à la page 19. L'article est intitulé « Arrestation de bandits : Avec de fausses immatriculations, ils détournaient des marchandises ».

L'image présente quatre présumés faussaires en prenant le soin de « couper » la tête de chacun d'eux. Le traitement de cette photo rend impossible l'identification des personnes mises en cause. On peut alors considérer ces photos comme quelque peu respectueuses de la présomption d'innocence. En effet, l'impossibilité d'identifier les individus photographiés ne tient que pour des personnes n'ayant jamais connu les intéressés. Cela est d'autant plus vrai que l'article lui-même cite nommément les personnes interpellées, facilitant ainsi leur reconnaissance sur la photo par leur entourage.

En dépit de ce manquement, admettons qu'il y a de la part du journal un effort dans la protection de l'innocence. C'est donc un exemple de traitement des images qui pourrait faire école.

Dans son numéro 7 196 du jeudi 21 juin 2012, Sidwaya a présenté à la page 13, les présumés auteurs d'une contrefaçon en cachant leur visage avec une légère bande noire. C'est ce que les journalistes appellent une image floutée. Cette photo illustre un article intitulé : « Lutte contre la contrefaçon : Plus de 36 millions de faux billets de banque saisis par la police ».

Pour la presse, cette technique atténue la possibilité pour le public d'identifier les personnes poursuivies. Force est de reconnaître que les membres de l'entourage d'une personne n'ont pas de difficulté à reconnaître l'un des leurs sur une image, soit-elle floutée. C'est dire que ce procédé est insuffisant à garantir la présomption d'innocence. Toutefois, son utilisation dénote de la volonté de l'organe de presse de ne pas sacrifier l'innocence des personnes non encore jugées coupables. Cette pratique, quoiqu'insuffisante, tend au respect de la présomption d'innocence.

Dans l'article ci-dessus cité, Sidwaya a accompagné la photo d'une légende qui, elle aussi, répond à un souci de protection de la présomption d'innocence. Ainsi, on peut lire au bas de l'image : «  Ces quatre(4) présumés coupables seront présentés au procureur.».

Par le traitement des illustrations, que nous jugeons d'ailleurs insuffisant, Sidwaya s'emploie tout de même à préserver la présomption d'innocence des personnes poursuivies dont il parle dans ses colonnes. Cette ambition de protéger l'innocence est beaucoup plus marquée dans le corps des articles du journal. Elle se perçoit dans la terminologie choisie pour désigner les justiciables. Le quotidien d'Etat fait usage de mots comme présumé, inculpé, prévenu et accusé. Par l'emploi de ces termes, le journal admet que les personnes mises en cause ne sont pas encore coupables et qu'elles peuvent être innocentées par le juge. C'est en principe cette conception du principe de la présomption d'innocence que le journal envoie à ses lecteurs.

Mais qu'en est-il du respect de la présomption d'innocence dans le doyen des quotidiens burkinabè, L'Observateur Paalga ?

* 23 Lazerges Christine, Le renforcement de la protection d'innocence et des droits des victimes : histoire d'une navette parlementaire, Chr, Revue de science criminelle et de droit pénale, janv.-mars 2011, P.15

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