Au terme de ces développements, peut-on conclure que
la privatisation a permis d'améliorer la performance des entreprises
camerounaises ? En première analyse, l'examen sommaire des principaux
indicateurs, effectué à partir des moyennes et des
médianes, révèle des évolutions substantielles. Les
sociétés privatisées ont vu, en moyenne, leur
rentabilité commerciale, financière et globale, leur
productivité commerciale et leur bénéfice par
employé augmenter.
En effet, l'analyse statique effectuée dans le but de
comparer les moyennes et les médianes des ratios de rentabilité
et de productivité des entreprises trois années avant et cinq
années après la privatisation montre que cent pour cent (100%)
des entreprises privatisées de notre échantillon ont
amélioré leurs ratios de rentabilité et de
productivité. Un examen plus approfondi et plus critique de ces
résultats montre, cependant, que la plupart de ces évolutions
sont statistiquement significatives, notamment en terme de performance et qu'en
outre la majorité d'entre elles se sont produites après la
privatisation.
L'évidence de ces résultats a été
renforcée par les conclusions issues de l'étude des effets
statiques et dynamiques de la privatisation pour chaque firme. La privatisation
a eu un effet favorable sur la performance pour une large majorité des
firmes privatisées de notre échantillon. En effet, l'analyse
dynamique a montré que 5/8 soit 62,5% des entreprises privatisées
ont amélioré significativement en moyenne leur rentabilité
commerciale, financière et globale ; 3/8 soit 37,5 % leur
productivité commerciale et 6/8 soit 75% leur bénéfice par
employé.
Les résultats obtenus pour les différents
modèles explicatifs de l'efficacité dynamique confirment, au
moins en partie, les hypothèses avancées pour tenter de
comprendre le processus de privatisation. Il semble notamment que le temps ait
une incidence sur l'évolution de la rentabilité et de la
productivité.
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Au regard des résultats obtenus par ces mesures de
performance à savoir Return on Equity (ROS), Return On Equity (ROE),
Return On Assets, Income Per Employee (IPE) et même malgré la non
amélioration de Sales Per Employee pour une grande partie des firmes
dans l'étude de l'effet dynamique, nous pouvons affirmer qu'en termes de
rentabilité et de productivité les privatisations camerounaises
sont dans l'ensemble satisfaisantes. Ces résultats sont cependant
à prendre avec prudence en raison de la faible taille de
l'échantillon et des phénomènes de multi
colinéarité résiduels pouvant les affecter. On peut aussi
reprocher à cette recherche d'avoir abandonnée involontairement
un nombre non négligeable d'informations.
En effet, la population d'entreprises privatisées au
Cameroun est de vingt-quatre (24), mais la présente recherche ne
concerne que huit (8) d'entre elles, soit seize (16) entreprises absentes. Ce
qui pourrait être à l'origine d'un biais non négligeable ;
quoique le caractère non aléatoire de cet échantillon
vienne le réduire.
Ainsi, on pourrait se poser la question de savoir si ces
limites devraient conduire à la contestation des résultats de
cette étude et la rendre par conséquent sans
intérêt. Nous ne le pensons pas. D'abord parce que les
résultats obtenus viennent confirmer considérablement
l'hypothèse d'accroissement de performance consécutive à
une privatisation comme le prévoit les théories des droits de
propriété, de l'agence, des choix publics et de l'efficience -X.
L'ambiguïté des résultats empiriques observés dans
les recherches antérieures (celles-ci étant faites pour la
plupart dans les pays développés), s'en trouve ainsi
atténuée. Cette amélioration pourrait trouver une
explication dans le fait que la gestion publique est plus lourde et
génératrice de coûts de transaction énormes dans les
pays sous développés. La privatisation a donc des effets
escomptés plus nets dans les économies en voie de
développement comme celle du Cameroun parce qu'elle libère les
entreprises de cette lourdeur et de ces coûts. Enfin parce que ces
résultats confirment le bien fondé du programme de privatisation
en cours au Cameroun, ils devraient donc encourager les initiateurs et les
maîtres d'oeuvres de ce programme à le poursuivre.
Privatiser n'est donc pas neutre et le mode de
propriété à son importance. Mais au-delà de cette
observation, beaucoup d'autres variables restent à explorer pour
comprendre comment ce changement opère sur le management de ces
entreprises. Ainsi, cette étude mériterait d'être
approfondie en intégrant des variables de nature organisationnelle et
des variables de gouvernance. Autrement dit, il faudrait recourir au moins de
façon complémentaire, à des études cliniques
qualitatives qui semblent mieux adaptées pour
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apprécier les changements portant sur les processus
à l'origine de la formation de la performance. De telles études,
d'utilisation courante dans certains champs de la théorie des
organisations, peuvent vraisemblablement permettre de mieux cerner l'incidence
des effets contextuels et de mieux comprendre comment les modifications des
systèmes de gouvernance et les adaptations de l'architecture
organisationnelle associées à la privatisation permettent
d'améliorer la performance.