og a e e o a o e es o e o
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
REPUBLIQUEDE OTE D'IVOIRE République de
Côte d'Ivoire
Université Félix HOUPHOUET
BOIGNY
Union-Discipline-Travail
i Dii li T
UFR - SEG /
CIRES
2013PROGRAMME DE FORMATION
EN GESTION DE LA POLITIQUE
ECONOMIQUE
(GPE)
MEMOIRE PROFESSIONNEL
D.E.S.S
HAUTES ETUDES EN GESTION DE LA POLITIQUE
ECONOMIQUE
13ème
PROMOTIONPromotion
LA MISE EN oeUVRE DES CDMT ET SES IMPACTS SUR LA
STRUCTURE DE L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE EN
CôTE D'IVOIRE
PRéSENTé PAR :
KANDE FALIKOU
AUDITEUR GPE-13
Sous l'encadrement de :
Dr NUAMA Ekou
Maître Assistant, Enseignant Chercheur
UFR-SEG/CIRES
M. ACHY Valentin
Sous-Directeur des Réformes, des
Traitements
Budgétaires et Appuis aux services administratifs
à la
Direction de la Réforme Budgétaire
s à la Directeur des Réfomes
Budgétai
ACBF
THE AFRICAN CAPACITY
WORLD BANK
Année Académique 2012-2013 Année
académique:2012-
INSTITUTE
|
|
BUILDING FOUNDATION Programme de
Formation en Gestion de la Politique Economique
Boulevard Latrille, près Lycée Classique
d'Abidjan
08 BP 1295 Abidjan 08 Tél : 22486212 Fax : 22488284
BP 195 Abidja 08 Tél 22486212 F 22488
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
AVANT PROPOS ii
REMERCIEMENTS iii
ABREVIATIONS ET ACRONYMES iv
RESUME vi
LISTE DES GRAPHIQUES vii
LISTE DES ENCADRES vii
LISTE DES SCHEMAS vii
LISTE DES TABLEAUX vii
INTRODUCTION GENERALE 1
CONTEXTE DE L'ETUDE 2
PROBLEMATIQUE 3
OBJECTIF GENERAL 5
OBJECTIFS SPECIFIQUES 5
METHODOLOGIE 6
PREMIERE PARTIE: LE CADRE GENERAL DES CDMT 7
CHAPITRE I. LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE DU BUDGET 8
I.1. Le cadre juridique 8
I.2. Le cadre théorique 12
CHAPITRE II : LES PROCESSUS D'ELABORATION DES CDMT 17
II.1 : La budgétisation par programme 17
II.2. Les cadres de dépenses à moyen terme (CDMT)
21
A. Le TOFE prévisionnel 24
B. Les CDMT global 24
C Les CDMT sectoriels/ministériels 27
DEUXIEME PARTIE : MISE EN OEUVRE DES CDMT EN COTE
D'IVOIRE 29
CHAPITRE 3 : MISE EN PLACE DU CDMT EN CÔTE D'IVOIRE 30
III.1. Contexte et justification de l'introduction du CDMT ou
DPPD en Côte d'Ivoire 30
CHAPITRE IV : RôLES ET RESPONSABILITES DES ACTEURS ET LE
DIALOGUE DE GESTION
DANS LA GESTION DES PROGRAMMES. 38
IV.1. Rôles et Responsabilités des acteurs 38
IV.2. Le Dialogue de gestion 43
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 55
BIBLIOGRAPHIQUE a
ANNEXES c
Annexe 1 Tableau 3 :Cadre des dépenses à moyen
terme c
Annexe 2 Encadré 3: Les documents de programmation et
de performance d
Annexe 3 Encadré 4 : CDMT global par division de la
CFAP et grande nature économique e
Annexe 4 Tableau 4: TOFE et CDMT global Mode de
présentation dans le DPBEP f
Annexe 5 Tableau 5: Dépenses et ressources d'un
ministère et des entités sous tutelle présentation
consolidée f
Annexe 6 : Tableau 6 : CDMT du Ministère,
dépenses par programmes f
Annexe 7 Tableau 7 : Les arbitrages g
Annexe 8 Tableau 8 : Construction des projections g
Annexe 9 : SCHEMAS 11 à 14 : EXPLICANT EN DETAIL LE
DIALOGUE DE GESTION h
DEDICACE
A MON PèRE EL HAdJ SéKOU KANDE ET A
MA MèRE MASSA FOFANA
AINSI QU'à
MON EPOUSE MME KANDE NéE BINTOU
KABA ET A MA FILLE NIALEN KANDE
ii
AVANT PROPOS
Le Programme de formation en Gestion de Politique Economique
(GPE), cofinancé par la Banque Mondiale et l'Agence Africaine pour le
Renforcement des Capacités (ACBF), est axé sur le renforcement
des capacités des Cadres de conception économique et
financière de l'administration publique en Afrique. Cette formation
comporte une phase de stage destinée à compléter la
formation théorique des auditeurs. Elle leur permet en outre d'enrichir
leurs expériences professionnelles. Il est sanctionné par la
rédaction d'un mémoire professionnel à soutenir
publiquement par les auditeurs.
Notre stage s'est déroulé du 4 février au
30 juin 2013 à la Direction de la Réforme Budgétaire et de
la Modernisation de la Gestion Publique. Pendant cette période nous
avons collaboré étroitement avec le personnel du Service de la
Sous-direction de la Modernisation de la Gestion Publique, et plus
particulièrement avec le premier responsable de ce Service, Monsieur
YAPI Ghislain Sylvestre et avec Monsieur ACHY Valentin, Sous-direction des
Réformes, des Traitements Budgétaires et Appuis aux Services
administratifs.
Cette Direction est chargée de : (i) Elaborer ou de
donner des avis sur les projets de textes relatifs à l'organisation et
au fonctionnement des structures de l'Etat ; (ii) Proposer les
améliorations des outils de gestion publique dans les sens de leur
modernisation ; (iii) Réaliser des études juridiques,
budgétaires et techniques nécessaires à la conduite de sa
mission ; (iv) suivre l'application des reformes par les structures
financières de l'Etat.
Elle est dirigée par un directeur, nommé par
décret pris en conseil des ministres. Elle est structurée en
quatre Sous-directions qui sont: (i) la Sous-direction des Reformes, des
Traitements budgétaires et Appuis aux services administratifs ; (ii) la
Sous-direction des Etudes juridiques ; (iii) la sous-direction de la
Modernisation de la Gestion Publique ; (iv) et la Sous-direction de la
qualité et de la modernisation.
Le présent mémoire professionnel dont le
thème est : « La mise en oeuvre des cadres de dépenses
à moyen terme (CDMT1) et ses impacts sur la structure de
l'organisation administrative en Côte d'Ivoire », est
l'émanation probante de la formation reçue durant 12 mois au
Programme GPE-ABIDJAN pendant l'année académique 2012-2013. Il
pose la problématique de l'impact de la gestion des dépenses
publiques par programmes sur l'organisation de l'administration ivoirienne.
C'est le lieu ici d'exprimer notre profonde gratitude à
l'Administration du GPE, au corps professoral, à la Fondation pour le
Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF) et
à l'Institut de la Banque Mondiale (WBI) pour avoir
grandement contribué, chacun en ce qui le concerne, à la
formation des hommes et des femmes capables d'élaborer et de mettre en
oeuvre des programmes novateurs de développement économique et
humain, basés sur une analyse économique rigoureuse et
adaptés tant aux aspirations locales qu'aux contraintes
internationales.
1 Dans la zone UEMOA, le CDMT
global constitue le document de programmation budgétaire
économique pluriannuelle (DPBEP) et le CDMT ministériel/sectoriel
est le Document de programmation pluriannuelle des dépenses (DPPD).
iii
REMERCIEMENTS
Au terme de cette étude, nous tenons à remercier
toutes les personnes qui, de près ou de loin ont contribué
moralement, matériellement et/ou financièrement à cette
formation.
Nous ne saurions introduire le résultat de ce travail
sans tout d'abord adresser notre profonde gratitude à la Formation pour
le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF) et
à la Banque Mondiale qui ont bien voulu financer notre formation dont le
présent mémoire est l'aboutissement. Nous adressons
également notre gratitude à la Direction du Programme
GPE-Abidjan, à l'ensemble de ses formateurs en
général, et en particulier aux personnalités
ci-après :
+ Dr. SEKA Paul Abassa ; Directeur
exécutif dudit programme ;
+ M. KANGA Valentin, Chargé de
communication du programme ; + Dr. NUAMA Ekou, mon encadreur
pour ce mémoire professionnel.
Les remerciements vont aussi à l'adresse des
personnalités ci-après de la Direction de la Réforme
Budgétaire et de Modernisation de la Gestion Publique (MEF) :
+ M. BAH Ezéchiel, Directeur de la
Réforme Budgétaire et de Modernisation de la Gestion Publique
;
+ M. ACHY Valentin, Sous-Directeur à
la Direction des Réformes, des Traitements Budgétaires et appuis
aux services administratifs, mon encadreur de stage ;
+ M.YAPI Ghislain Sylvestre, Sous-Directeur
de la Modernisation de la Gestion Publique.
Nous n'oublierons pas de remercier humblement notre
chère épouse Mme KANDE, née
Bintou KABA et notre fille Nialen KANDE, pour
leurs patience et encouragement et notre beau-père Youssouf KABA
et sa famille qui nous ont accueilli,
hébergé et se sont occupés de nous pendant notre
séjour à Abidjan.
Nous remercions aussi très sincèrement notre
oncle Abdoul Rahmane KANDE et sa famille
à Conakry, Monsieur Daniel TOMMASI, consultant
international, pour son soutien en document et ses suggestions, et sans oublier
aussi M. Ibrahima CAMARA, ex-Chef de la Division des Affaires
Financières au Ministère des Sports de la Guinée, ainsi
que le Gouvernement guinéen à travers le Ministère du
Travail et de la Fonction Publique dont l'autorisation nous a permis de venir
participer à cette formation.
Nous remercions également Monsieur ASSEMIEN
Noel, Consultant en finances publiques et, Mme Amina BILLA
Bambara, Coordonnatrice du Secrétariat Technique du
Comité de Pilotage du Budget Programme de l'Etat du Burkina Faso qui ont
fait la lecture technique.
Nos pensées vont vers tous ceux qui ont
contribué à notre réussite, notamment notre père
El Hadj Sékou KANDE et notre mère Massa
FOFANA dont les bénédictions et soutiens
indéfectibles nous ont permis d'étudier et de faire le GPE.
iv
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ACBF Formation pour le Renforcement des
Capacités en Afrique
AE Autorisation d'Engagement
BAD Banque Africaine de Développement
BM Banque Mondiale
BOP Budget Opérationnel de programme
CBMT Cadre Budgétaire à Moyen
Terme
CDMT Cadre de Dépenses à Moyen
Terme
CFAP Classification des Fonctions
Administratives Publiques
CI Côte d'Ivoire
CIRES Centre Ivoirien de Recherche Economique et
Sociale
CM Conseil des Ministres
CMB Cadre Macrobudgétaire
CP Crédit de paiement
CSD Cadre Sectoriel de Dépense
CSDMT Cadre Sectoriel des Dépenses
à Moyen Terme
CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté
D.E.S.S Diplôme d'Etudes
Supérieures Spécialisées
DAF Directeur des Affaires Financières
DGBF Direction Générale du Budget
et des Finances
DGTCP Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique
DOB Débat d'Orientation
Budgétaire
DPBEP-PAP Document de Programmation
Budgétaire et Economique Pluriannuelle-Projet
Annuel de Performance
DPIP Direction de la Programmation
d'Investissements Pluriannuels
DPPD Document de Programmation Pluriannuelle des
Dépenses
DSRP Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
EBP Elaboration Budgétaire
Pluriannuelle
EPN Etablissement Public National
FCFA Franc de la Communauté
Financière Africaine
FMI Fonds Monétaire International
GAR Gestion Axée sur les
Résultats
GBO Gestion Budgétaire par Objectif
GDP Gestion des Dépenses Publiques
GFP Gestion des Finances Publiques
GPE Programme de Formation en Gestion de la
Politique Economique
v
IBW Institutions de Bretton Woods
INS Institut National des Statistiques
LOLF Loi Organique relative aux Lois de
Finances
LRLF Lois Relatives aux Lois de Finances
MEF Ministère de l'Economie et des
Finances
MTEF Medium Term Expenditure Framework
OCDE Organisation pour la Conférence
et le Développement Economique
OMD Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PAP Projet Annuel de Performance
PAS Programme d'Ajustement Structurel
PEFA Public Expenditure & Financial
Accountability
PEMFAR Public Expenditure Management and
Financial Accountability Review
PIB Produit Intérieur Brut
PNDS Programme National de
Développement Social
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPBS Planning Programming Budgeting System
PPTE Pays Pauvres Très
Endetté
PTF Partenaires Techniques et Financiers
PVD Pays en Voie de Développement
RAP Rapport Annuel de Performance
RBOP Responsable de Budget
Opérationnel de Programme
RCB Rationalisation des Choix
Budgétaires
RdP Responsable de Programme
RDP Revue des Dépenses Publics
RUO Responsable d'Unité
Opérationnelle
SIGFIP Système Intégré
de Gestion des Finances Publiques
TOFE Tableau des Opérations
Financières de l'Etat
UE Union Européenne
UEMOA Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
UFR-SEG Unité de Formation et de
Recherche-Sciences Economiques et Gestion
UNESCO Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Culture et la Science
UO Unité Opérationnelle
WBI World Bank Institute
vi
RESUME
La mise en place des cadres de dépenses à moyen
terme (CDMT) a des incidences sur l'organisation administrative de l'Etat
ivoirien à travers la conception des politiques sectorielles. L'approche
programme ne modifie pas globalement l'ensemble des éléments
constitutifs d'un document de politique sectorielle, notamment les parties
classiques de détermination des missions, visions, orientations, etc.
De ce fait, elle introduit les instruments de la gestion
axée sur les résultats et intègre dans le document de
politique sectorielle la phase programmatique du budget-programme qui doit
suivre ainsi la démarche de la performance. Ainsi, l'objet du
budget-programme sera de procéder à la budgétisation
glissante de chaque tranche triennale du programme et de servir d'instrument
d'exécution du programme.
Une budgétisation par objectifs ne peut réussir
que dans la mesure où elle englobe tous les acteurs qui participent
à la réalisation de l'objectif et où elle couvre
l'ensemble des activités nécessaires à l'obtention du
résultat y compris la mise en oeuvre de celles-ci par le personnel. Elle
nécessite une responsabilisation des acteurs, une autonomie d'action et
une flexibilité dans le pilotage des programmes compte tenu des
objectifs et des moyens mobilisables pour atteindre ces objectifs.
C'est ainsi que le présente mémoire met
davantage l'accent sur l'aspect essentiel concernant la formulation des
politiques en termes de programme. L'une des implications de la
pluriannualité est la structure du budget autour des programmes, bien
que les programmes ne soient pas formellement structurés par les textes
en Côte d'Ivoire. En plus, malgré les progrès
réalisés par la Côte d'Ivoire dans la mise en oeuvre de la
nouvelle gestion des finances publiques, à travers les directives du
nouveau cadre harmonisé des finances publiques, il s'avère que le
cadre législatif et règlementaire aille en profondeur dans la
réalisation des budget-programmes, en prenant compte le rôle des
responsables de budget opérationnel de programme (RBOP) et des
responsables d'unités opérationnelles (RUO), sachant que le guide
méthodologique sur les CDMT en Côte d'Ivoire en parle. La
rédaction de notre mémoire a été nécessaire
grâce au programme de formation en gestion de la politique
économique (GPE) d'Abidjan.
La mise en place des CDMT nécessite au préalable
un assouplissement du canevas et des règles budgétaires, un
contrôle de dépenses moins contraignantes, une réelle
délégation de responsabilité et une «
véritable » autonomie de gestion, préalables qui font
défaut à l'étape actuelle de la réforme dans les
administrations ivoiriennes.
vii
LISTE DES GRAPHIQUES
N°
|
Libellés
|
Pages
|
1
|
Evolution de la dette extérieure de la CI avant et
après PPTE de 2007 à 2012
|
31
|
2
|
Répartition du Budget de l'Etat avant PPTE
|
31
|
LISTE DES ENCADRES
N°
|
Libellés
|
Pages
|
1
|
Principes budgétaires
|
10
|
2
|
Les directives de l'UEMOA relatives à la gestion des
finances publiques
|
12
|
LISTE DES SCHEMAS
N°
|
Libellés
|
Pages
|
1
|
Articulation des éléments d'un programme
|
18
|
2
|
Les trois niveaux de la structure du Budget de l'Etat en
programmes
|
20
|
3
|
Plans/stratégies, CDMT et Budget
|
24
|
4
|
Préparation des plans de dépenses
|
26
|
5
|
Les documents budgétaires rénovés,
dispositions communautaires
|
27
|
6
|
Cadre institutionnel de la mise en oeuvre du processus des CDMT
en Côte d'Ivoire
|
35
|
7
|
Etapes de l'introduction des CDMT en Côte d'Ivoire
|
37
|
8
|
Les différentes formes de responsabilités au sein
de l'administration dans la gestion des programmes
|
44
|
9
|
Le dialogue d gestion vertical
|
46
|
10
|
Les Axes du dialogue de gestion
|
47
|
LISTE DES TABLEAUX
N°
|
Libellés
|
Pages
|
1
|
Lois relatives aux lois de finances
|
9
|
3
|
Les objectifs et conditions de réalisations des CDMT
|
21
|
1
INTRODUCTION GENERALE
Pendant les vingt premières années qui ont suivi
l'indépendance politique de 1960, le taux de croissance
économique moyen de l'économie ivoirienne gravitait autour de
8%2. Cela constitue une performance jugée exceptionnelle.
Cette performance a permis à la Côte d'Ivoire de connaître
un faible déficit budgétaire, grâce au bon niveau des
recettes tirées de l'exportation du binôme café/ cacao.
La Cote d'Ivoire a été l'un des premiers pays
africains à avoir emprunté les pétrodollars dès les
années 70. Les années 80 ont démarré avec une crise
d'endettement due au renchérissement de la valeur du dollar us et des
taux d'intérêt des emprunts/prêts libellés en dollar
us. Cette crise est venue entraver les acquis de l'après
indépendance provoquant ainsi la chute des cours des matières
premières agricoles, notamment le cacao lequel a entrainé la
diminution des recettes de l'Etat. Par conséquent, l'Etat ivoirien a
été conduit à emprunter davantage des fonds à
l'extérieur pour assurer les investissements avec des taux
d'intérêt du dollar élevés, provoquant à son
tour l'ébranlement de l'économie et ayant pour conséquence
directe la hausse du déficit budgétaire.
Pour améliorer la situation et redynamiser
l'économie, des programmes d'ajustement structurel (PAS)3 de
l'économie ont été pratiqués sans issue
satisfaisante dans presque tous les pays de l'espace de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africain (UEMOA)4. Ces programmes ont rendu
nécessaire d'oeuvrer au recentrage de l'Etat dans ses missions
régaliennes. Par conséquent, il a été obligé
de se désengager du secteur productif, conduisant à la
privatisation des entreprises publiques. Ceci a permis une gestion
budgétaire stricte poussée par une adéquation entre les
recettes et les dépenses de l'Etat. Cela pourrait donner naissance
à la notion de Coût-avantage efficace préconisant la mise
en oeuvre d'une sorte de rapport qualité/prix, dépenser utile
pour de meilleurs coûts. Cependant, les PAS furent un facteur qui a
aggravé la pauvreté et ont fait tort à la
planification.
Pour corriger ces distorsions et incohérences, les
autorités ivoiriennes, en collaboration avec les partenaires au
développement, se sont engagées dans d'importantes
réformes de leurs systèmes administratifs. Au nombre de ces
réformes, on peut citer la loi sur la modernisation de l'administration
publique, le code sur la passation des marchés publiques, la
création du Secrétariat National à la Gouvernance et au
Renforcement des Capacités, et les réformes budgétaires et
financières.
Afin de faciliter la mise en oeuvre de ces réformes, il
fallait passer progressivement à d'autres instruments de gestion des
finances publiques pouvant améliorer la situation. C'est ainsi que l'on
est passé du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
(CSLP) aux Documents Stratégiques de Réduction de la
Pauvreté (DSRP)5. Des Plans d'Actions Stratégiques en
ont
2 Recherche sur internet : Wilipédia.
3 Les premiers programmes d'ajustement structurels
sont intervenus entre 1980 et 1983
4 Il s'agit des huit (8) pays de la zone franc de
l'ouest africain à savoir : lé Bénin, le Burkina Faso, la
Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo.
5 En Côte d'Ivoire, on parle maintenant de Plan
National de Développement (PND), depuis décembre 2009.
2
été déduits. L'exécution de ces
Plans d'Actions Stratégiques commande l'adoption d'une nouvelle
méthode de gestion qui est les Cadres des Dépenses à Moyen
(CDMT).
La mise en oeuvre des DSRP implique un changement de
perspective (une croissance plus forte, plus stable et plus réductrice
de pauvreté ; une approche participative ; une gestion par
résultat ; un meilleur suivi) qui trouve dans les CDMT un outil
essentiel pour mettre en cohérence DSRP et dépenses publiques.
Depuis lors, de nombreux pays africains dont la côte d'Ivoire, tout
récemment, ont commencé à mettre en place des CDMT.
Presque tous les pays ont élaboré et mis en oeuvre des DSRP dans
lesquels les CDMT sont programmés comme une innovation majeure dans le
cadre des réformes budgétaires.
CONTEXTE DE L'ETUDE
Les Cadres de Dépenses à Moyen Terme (CDMT) sont
définis par la Banque Mondiale comme « un ensemble
cohérent d'objectifs stratégiques et de programmes de
dépenses publiques qui définit le cadre dans lequel les
ministères opérationnels peuvent prendre des décisions
pour la répartition et l'emploi de leurs ressources.
»6. Devenus aujourd'hui la nouvelle méthode de la
gestion des finances publiques (GFP) dans le monde7, les CDMT sont
proposés comme un remède à l'absence de lien entre la
politique, la planification et la budgétisation fréquemment
observé à la fois dans la conception et la mise en oeuvre des
budgets nationaux.
Cet objectif conduira à un vaste programme de
restructuration qui engendrera la réforme du circuit de la
dépense publique. Cette réforme, voire cette modernisation du
circuit de la dépense publique qui a commencé au début des
années quatre vingt dix, reste d'actualité une dizaine
d'années après. Pourtant, les évaluations selon la
méthode PEFA (Public Expenditure and Financial Accountability)
disponibles pour les pays de l'UEMOA mettent en évidence des
disparités importantes en matière d'intégration de la
perspective pluriannuelle dans la planification
budgétaire8.
Pour relever le défi de la mise en oeuvre des
programmes de lutte contre la pauvreté, l'exécution efficace des
programmes doit se faire dans un contexte d'amélioration de la
gouvernance économique, financière et administrative. Ces
innovations budgétaires ont été exportées par les
Institutions de Bretton Woods (IBW) dans les pays en développement.
Dans le contexte de formulation des DSRP initiée par
ces institutions, les CDMT constitueraient un véhicule idéal. Ils
permettent la prise en compte des stratégies dans les programmes de
dépenses publiques, avec comme base un cadre cohérent aux niveaux
macroéconomique, budgétaire et sectoriel. Aussi, les CDMT
sont-ils promus comme éléments de premier plan dans le cadre de
l'évaluation pays de l'Initiative des Pays Pauvres Très
Endettés (PPTE), mettant alors un accent particulier sur la
réduction de la pauvreté.
Ainsi, dès le début des années 90, le
monde en développement va enregistrer une prolifération des CDMT
suite notamment aux recommandations issues des revues de dépenses
publiques
6 Manuel de gestion des dépenses publiques de
la Banque mondiale, 1998
7 Oxford Policy Management, 2000.
8 Note 4 du Pôle, PNUD, Dakar.
3
(RDP) menées par la Banque Mondiale. Comparativement
aux autres régions du monde en développement, l'Afrique se
positionne comme une pionnière dans l'adoption de ces nouveaux
instruments9.
L'adhésion de la Côte d'Ivoire à cette
tendance est toutefois récente. Le Gouvernement ivoirien a entrepris
depuis 2009 un processus de réformes qui intègre la modernisation
et la rationalisation de la gestion financière de l'Etat dont la gestion
axée sur les résultats (GAR) et les CDMT constituent des
modalités opérationnelles. Aussi, l'effectivité de la mise
en oeuvre des CDMT est-il l'un des meilleurs arguments du Gouvernement ivoirien
qui s'est engagé dans un programme économique et financier avec
le concours du FMI. Cette effectivité a eu pour objectif l'atteinte du
point d'achèvement de l'initiative PPTE en 2011.
En outre, par le recours aux cadres de dépenses
à moyen terme, l'Etat ivoirien entend s'inscrire dans la dynamique
d'amélioration progressive de l'efficacité de la dépense
publique. C'est pourquoi il ambitionne instaurer une culture de
résultat, de contrôle et de l'évaluation telle que promue
par les nouvelles Directives de l'UEMOA. Un des objectifs visés dans le
processus des CDMT est d'établir un lien direct et visible entre
l'exécution financière du budget de l'Etat et l'exécution
physique.
La Côte d'Ivoire, à travers ces instruments de
réformes budgétaires, trouve ainsi une voie de salut pour la
relance de son économie post-crise. En effet, les expériences
acquises en la matière par de nombreux pays en quelques années,
montrent que tous les pays africains ne connaissent pas le même
état d'avancement, ni les mêmes succès et/ou
problèmes dans la mise en place et dans l'application effective du
CDMT.
Cette diversité de situation témoigne que les
CDMT ne doivent pas être considérés de premier abord comme
le remède universel pour les problèmes de gestion des
dépenses publiques. Cependant, à partir de là, on
déduit que des prérequis sont nécessaires pour que les
CDMT soient des instruments utiles notamment dans les pays en
développement.
Le sujet ne manque pas d'intérêt. Cependant, il
reste à élucider les impacts de cette nouvelle méthode de
gestion. Il pourrait se passer ainsi un dialogue de gestion au coeur des
allocations des ressources et les moyens pour l'utilisation efficace et
efficience des ressources publiques.
PROBLEMATIQUE
Depuis le milieu des années 1990, des CDMT et des
budgets-programmes ont été introduits dans le processus
budgétaire en Afrique de l'Ouest. Ils sont mis en oeuvre aujourd'hui
dans la plupart des pays de la région. Dans la zone UEMOA, les nouvelles
directives portant cadre harmonisé de gestion des Finances Publiques
adoptées en juin 200910 marquent une nouvelle étape de
ce processus. Les Etats Membres de l'UEMOA11 se sont engagés
à opérationnaliser la budgétisation axée sur les
résultats et à donner une véritable existence juridique
aux documents de programmation pluriannuelle. Ces derniers devront accompagner
la loi de finances et seront dans le processus budgétaire.
9 Le Houerou P. et Taliercio R., 2002
10 Directive N° 06/2009/CM/UEMOA portant Lois de
Finances au sein de l'UEMOA.
11 Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire,
Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
4
Le développement rapide d'instruments de programmation
pluriannuels dans les pays de l'UEMOA s'accompagne aujourd'hui d'un besoin de
clarification sur le contenu exacte de ces outils, leur statut, leurs objectifs
et leurs impacts. Les CDMT ne peuvent à eux seuls permettre
d'améliorer la gestion des dépenses publiques dans les pays
où d'autres éléments clés de la gestion du budget,
notamment l'exécution et le suivi/contrôle du budget laissent
encore à désirer12. Beaucoup de pays qui lancent des
CDMT, le font alors que leurs systèmes de gestion de base des
dépenses publiques sont inadaptés. Le dispositif de gestion
budgétaire existant dans la plupart du temps n'est compatible ni
à une gestion pluriannuelle ni à une gestion du budget en termes
de programmes.
Les CDMT doivent intégrer le processus
budgétaire dès le départ. Ces réformes doivent
adopter un ensemble de structures organiques qui se chevauchent et se
renforcent mutuellement. Certaines structures devraient être
spécifiquement créées pour s'occuper des CDMT,
étant toutefois entendu que la responsabilité appartient en
dernier ressort au ministère des Finances. Les motivations et
incitations politiques qui sous-tendent l'introduction des CDMT expliquent en
partie pourquoi ces dispositifs donnent des résultats plus satisfaisants
dans certains pays africains que dans d'autres.
Pour ce qui est de l'approbation politique, quelques pays
seulement soumettent leurs CDMT à la fois au Conseil des ministres et au
Parlement aux fins d'approbation. Il semble qu'un agrément politique en
haut lieu accroîtrait grandement les chances des CDMT de déboucher
sur des réformes. Dans certains cas, le ministère des Finances
(« les Finances ») élabore les CDMT sans avoir besoin d'un
agrément politique à un échelon plus élevé.
Dans les cas où les CDMT sont produits uniquement par les Finances, ils
demeurent un document technique de ce ministère plutôt qu'un cadre
stratégique.
La gestion des CDMT fait aussi apparaître un
degré élevé de divergence sur le plan pratique. Dans
certains cas, c'est le Ministère des Finances qui gère
directement les CDMT. D'autres, structures de gestion sont utilisées,
par ailleurs. Au cas où le Ministère des Finances joue toujours
un rôle tutélaire, d'autres parties prenantes interviennent.Les
diagnostics sur les capacités de planification et de programmation
budgétaire de plusieurs pays de la région UEMOA ont montré
les difficultés éprouvées par les administrations à
mettre en oeuvre des CDMT et des budgets-programmes13.
Pour renverser cette tendance, les pays membres de l'UEMOA ont
élaboré des directives visant à promouvoir une approche
budgétaire pluriannuelle orientée vers la performance. La mise en
oeuvre des dispositions des récentes directives de l'UEMOA permettront
à tous ces Etats d'être non seulement au même niveau, mais
aussi d'atteindre les objectifs fixés par ces directives. Dans ces
conditions, des responsabilités en matière de gestion
budgétaire à la mise en place des procédures de gestion de
programme précisées dans les directives de l'UEMOA de juin 2009
sont indispensables.
La directive 06/2009/CM/UEMOA portant loi de finances au sein
de l'UEMOA, précise les principaux instruments de programmation
pluriannuelle et de suivi de la performance dans les
12 Le Houerou P. et Taliercio R., 2002
13 Pôle de Dakar N°4
5
États membres de l'UEMOA. C'est ainsi que
l'amélioration de la performance dans la fourniture des services publics
passe en général par une meilleure responsabilisation des
gestionnaires. En pratique ceci constitue à la fois à leur
laisser un certain degré de liberté dans la gestion de leurs
moyens et à leur demander de rendre des comptes sur leurs prestations et
leurs résultats.
Cela se traduit par une plus grande responsabilisation des
départements ministériels et des gestionnaires dépendant
du contexte de chaque pays. Dans le cadre de l'application des directives de
l'UEMOA de 2009, elle conduit, entre autres réformes, à
l'institution de la fonction de responsable de programme (RdP) et à
confier la fonction d'ordonnateur principaux de leur budget aux
ministères, et, éventuellement au sein des ministères, aux
responsables de programme.
Cependant les responsabilités de certains
acteurs14 traditionnels, ainsi que les liens et les dialogues de
gestion permettant d'assurer une gestion saine et efficace des finances
publiques n'y sont pas clairement définies. C'est pourquoi, il faut
l'instauration de nouvelles responsabilités assurées par les
«nouveaux managers publics« dans la gestion
budgétaire. Ce sont, à l'exception des responsables de programmes
(RdP), prévus par la directive 06/2009/CM/UEMOA, (art 12) : les
responsables de budget opérationnel de programmes (RBOP), les
responsables d'unité opérationnelle (RUO). Ce qui aura pour
conséquence la création de nouveaux métiers : les
contrôleurs internes, les contrôleurs de gestion, et les auditeurs
internes et la transformation du contenu du métier de Contrôleur
Financier.
Cette situation pose les questions du caractère
éventuellement prématuré de l'introduction de ces outils.
Certains fondamentaux en matière de préparation et
d'exécution du budget annuel font défaut. Les cadres
législatifs et règlementaires doivent être bien
édifiés pour prendre en compte toute la réalité de
la gestion des programmes. La plupart des réformes ont été
introduites en l'absence de toute formation. C'est à l'évidence
une question qu'il faudrait traiter plus sérieusement dans le cadre des
réformes à venir, en particulier pour l'élaboration des
cadres sectoriels de dépenses (CSD)15.
Dans ce contexte, malgré les progrès
réalisés par la Côte d'Ivoire, la principale question
relative à notre sujet est la suivante : quelles doivent être les
impacts de la mise en oeuvre des CDMT sur la structure de l'organisation
administrative en Côte d'Ivoire (CI) ?
OBJECTIF GENERAL
L'objectif général est de faire ressortir le
dialogue de gestion et les impacts de la mise en oeuvre des CDMT/DPBEP-PAP sur
la structure de l'organisation administrative en Côte d'Ivoire.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
Pour atteindre cet objectif, nous nous baserons des objectifs
spécifiques ci-après :
14 A part les ministres, les RdP, il s'agit des
coordinateurs des programmes, des directeurs administratifs et financiers
(DAF), des directeurs des ressources humaines (DRH)
15 Le Houerou P. et Taliercio R., 2002
6
? connaître le contenu et la méthodologie
d'élaboration du cadre de dépenses à moyen terme global
(CDMT) et sa déclinaison vers le cadre sectoriel de dépenses
à moyen terme sectoriel (CSDMT) ;
? comprendre l'articulation entre les stratégies
globales du pays et les stratégies sectorielles pour
l'élaboration du CDMT sectoriels et établir un lien avec le
budget-programme et le processus budgétaire annuel ;
? faire ressortir le dialogue de gestion nécessaire
à la bonne gestion des finances publiques, le rôle et les
responsabilités des Chefs de programme, des DAF, des DRH et de tous les
autres acteurs de la gestion budgétaire et financière de l'Etat
ivoirien ;
? faire des recommandations en la matière.
METHODOLOGIE
La méthodologie d'approche est basée sur la
recherche documentaire et sur des enquêtes auprès des hauts
fonctionnaires, les encadreurs et toute autre personne qui s'y connaît en
la matière. L'étude fera abondamment référence
à des normes de droit de portée communautaire et nationale
(Directives communautaires UEMOA, Constitution ivoirienne, Lois organiques,
Lois de finances, Décrets, Arrêtés ...). L'analyse de
l'introduction des CDMT en Côte d'Ivoire nous permettra de comprendre les
progrès et les insuffisances en la matière et comprendre son
impact sur le fonctionnement et la structure de l'organisation de
l'administration ivoirienne.
Une attention sera accordée à chaque maillon de
la chaîne de responsabilité de la GFP, les changements qui ont
été apportés et les résultats obtenus. Une analyse
de la performance globale du dispositif qui encadre l'exécution de la
dépense publique s'avère indispensable.
Toutes les questions abordées dans ce travail
s'articuleront autour deux parties essentielles. La première est
consacrée au cadre général des CDMT et budgets-programmes,
développée dans deux chapitres : les cadres législatif,
réglementaire et théorique constituent le premier chapitre et le
deuxième traitera du processus d'élaboration des CDMT global et
sectoriel. Quant à la deuxième partie, elle traitera de la mise
en oeuvre des CDMT, répartie entre le troisième chapitre : la
mise en place des CDMT en Côte d'Ivoire et le quatrième chapitre
qui analysera des impacts de la mise en oeuvre des CDMT sur la structure de
l'organisation administrative en Côte d'Ivoire.
7
PREMIERE PARTIE: LE CADRE GENERAL DES CDMT
La rareté des ressources et le retard de
développement imposent aux pays africains de rechercher la meilleure
manière de bien faire avec peu de moyens. Ceci nécessite de
mettre en place une gestion stratégique des politiques publiques
davantage orientée vers les résultats. Ceci permet de mobiliser
des ressources nationales et l'aide internationale et de les allouer, à
court et moyen termes. Il est utile que ça soit sur la base de la
performance en liant de la façon la plus efficace et la plus efficiente
les intrants aux cibles attendues des résultats.
En tant qu'outil de programmation budgétaire, les CDMT
ou DPBEP-PAP permettent au budget de jouer entièrement son rôle
d'instrument de politique économique à travers
l'établissement et le renforcement du lien entre les politiques des
autorités publiques et la budgétisation. La problématique
des budgets-programmes s'inscrit dans les débats économiques sur
l'efficacité de la politique budgétaire, d'une part, et d'autre
part, sur l'impact de la gestion des finances publiques sur la réduction
de la pauvreté. Il importe de faire au préalable un état
des lieux de la réflexion sur ces thématiques, avant de se
concentrer sur les différentes contributions relatives à la mise
en place des CDMT.
C'est dans ce cadre que les CDMT, les budgets-programmes et la
gestion axée sur les résultats (GAR) sont pris en compte par les
nouvelles directives de l'UEMOA de juin 2009, notamment la directive
06/CM/UEMOA/2009. Ainsi, ces directives donnent le cadre juridique pour le
développement d'une approche budgétaire pluriannuelle
orientée vers la performance. Leur application conduira à une
réforme budgétaire en profondeur.
Mis à part ces directives et en absence de
véritables études théoriques, littéraires et
empiriques sur les CDMT, nous allons voir les études théoriques
sur les articles, les revues et les guides méthodologiques des CDMT. Ces
cas nous permettant d'élucider toute la problématique relative
à l'élaboration des CDMT. C'est ainsi que nous allons voir dans
cette première partie, le cadre juridique, législatif et
règlementaire sur les CDMT au premier chapitre et dans le
deuxième chapitre, il sera question du processus d'élaboration
des CDMT.
8
CHAPITRE I. LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE DU
BUDGET
Ce chapitre présente dans la section première le
cadre juridique, réglementant la gestion budgétaire et dans une
seconde section, nous parlerons du cadre théorique.
I.1. Le cadre juridique
Dans la zone UEMOA, la gestion des finances publiques de
chaque pays se fait à travers les règlements communautaires,
ratifiés par les assemblées et les dispositions
constitutionnelles de chaque Etat.
I.1.1. Les textes
Le cadre législatif et réglementaire
régissant les finances publiques comprend en général : la
Constitution ; la loi relative aux lois de finances (LRLF); diverses lois dans
des domaines particuliers; dans certains pays francophones, un décret
sur la comptabilité publique; et divers autres décrets et
arrêtés, tels que les textes fixant le plan comptable de
l'État et la nomenclature budgétaire.
Actuellement, l'exécution budgétaire se fait
à travers les budgets de moyen dont les crédits sont
retracés par nature ou destination. Pour tenir compte de la nouvelle
réalité qui est la budgétisation par programme, les Etats
membres de l'UEMOA ont élaboré des directives du nouveau cadre
harmonisé des finances dont les dispositions viennent modifier en
profond la méthode de gestion des finances publiques. Ces dispositions
donnent valeur de lois et/ou règlements aux dispositions communautaires
auxquelles la gestion des finances publiques doit obéir. Par
conséquent les nouvelles donnes seront entre autre les suivants :
? l'institutionnalisation et l'instauration de la
budgétisation pluriannuelle, cela se
rencontre dans la nouvelle directive de juin 2009, à
travers son article 52 de la directive 06 (cf. encadré 2) ;
? la gestion axée sur les résultats
(GAR), l'exécution des programmes contenus dans les CDMT
ministériels ou DPPD se fera à travers la GAR permettant
d'obtenir des résultats et des performances de l'exécution
financière, voir art. 53 de la directive 06, ( cf. encadré 2)
;
;
? la réforme des modes de gestion basée sur la
responsabilisation des nouveaux managers publics, selon les articles 12
à 15 de la directive 06 ( cf. encadré 2), cela permettrait non
seulement la responsabilisation des ministères qui seront ordonnateurs
principaux des crédits budgétaires de leur ministère, mais
aussi et surtout la gestion de chaque programme attribuée à un
responsable de programme. Ces responsables de programmes ont l'obligation de
rendre des comptes, principalement auprès du parlement à travers
la production d'un rapport annuel de performance (RAP)
? l'amélioration de la transparence, la
spécification des crédits budgétaires par programme
associée à la nomenclature programmatique renforceront la
compréhension du budget par le Parlement et les citoyens. Le document
budgétaire est alors amélioré et complété de
façon à améliorer l'information des parlementaires surtout
au regard des enjeux, de la soutenabilité de la politique
budgétaire et des engagements financiers de l'Etat.
Le tableau 1 ci-dessous compare, pour quelques points
importants, les dispositions de la nouvelle directive de l'UEMOA à
celles de la directive 1997, qui était fondée sur une approche
budgétaire plus traditionnelle.
|
Lois relatives aux lois de finances et approches
budgétaires- Comparaison de quelques points saillants
|
Tableau 1
|
|
Approche traditionnelle Directive 05/97/CM/UEMOA
|
Approche orientée vers la performance Directive
06/2009/CM/UEMOA
|
Spécialité budgétaire
Les crédits sont spécifiés par chapitres,
groupant les dépenses selon leur nature ou leur destination.
|
Les crédits sont spécifiés par programme
|
Vote du budget
Les dépenses du budget général font
l'objet d'un vote unique en ce qui concerne les services votés, d'un
vote par titre et à l'intérieur d'un même titre par
ministère, en ce qui concerne les autorisations nouvelles.
|
Les crédits du budget général font objet
d'un vote par programme (selon les LRLF d'autres pays, ils sont votés
par ministère ou, en France par mission).
|
Ordonnancement
Le ministre chargé des Finances est ordonnateur
principale unique des dépenses de l'Etat (directive 06/97/ CM/UEMOA
portant règlement de la comptabilité publique).
|
Les ministres sont ordonnateurs principaux des crédits de
leur ministère. Ils peuvent déléguer leur pouvoir aux
responsables de programme.
|
|
|
Responsable de programme
Le responsable de programme détermine les objectifs
spécifiques, affecte les moyens et contrôle les résultats
des services chargés de la mise en oeuvre du programme. Il s'assure du
respect des dispositions de contrôle interne et de contrôle de
gestion.
Projet et rapport de performance
Un projet annuel de performance de chaque programme est
annexé à la loi de finances et un rapport annuel de performance
à la loi de règlement.
Pluriannualité (pour les autorisations
d'engagement)
Le projet de loi de finances de l'année est
accompagné de : (i) un rapport définissant l'équilibre
économique et financier, les résultats connus et les perspectives
d'avenir (ii) un tableau montrant l'échelonnement sur les années
futures des paiements résultants des autorisations de programme
(ancienne dénomination des autorisations d'engagement.
Les documents de programmation pluriannuelle comprennent : (i)
un document de programmation budgétaire et économique
pluriannuelle, comportant des prévisions des agrégats
budgétaires, des objectifs d'équilibre budgétaire et les
prévisions financières des entités du secteur public ;
(ii) des documents de programmation pluriannuelle des dépenses par
ministère et programme.
Le document de programmation budgétaire et
économique pluriannuelle est soumis à un débat
d'orientation budgétaire au Parlement au plu tard à la fin du
deuxième trimestre de l'année.
Ces documents et l'échéance des crédits
de paiement futurs associés aux autorisations d'engagement sont
annexés à la loi de finances.
Loi de règlement
9
Le projet de loi de règlement est déposé
sur le bureau du Parlement et distribué au plus tard de l'année
qui suit celle de l'exécution du budget.
|
Le projet de loi de règlement est déposé
sur le bureau du Parlement et distribué au plus tard le jour de
l'ouverture de la session budgétaire de l'année suivant celle de
l'examen du budget auquel il se rapporte.
La loi de règlement est accompagnée des rapports
annuels de performance par programme rendant compte de leur et de leurs
résultats.
|
Source : Compilé par nous, l'auteur
I.1.2. Les principes budgétaires
Les principes budgétaires constituent un ensemble de
règlements auxquels la gestion des finances publiques ne doit
s'affranchir en général. Ainsi, avec l'avènement de la
nouvelle des CDMT, il doit obligatoirement s'y adapter. C'est la raison pour
laquelle les nouvelles directives prévoient cela.
Les Lois relatives aux lois de finances (RLF) sont
fondées sur des principes budgétaires qui traduisent à des
degrés divers les objectifs de la gestion des finances publiques (GFP).
Les principes « classiques » qui reflètent les
préoccupations concernant la discipline budgétaire,
l'efficacité de l'allocation des ressources et le rôle du
Parlement sont de plus en plus complétés par des principes
mettant l'accent sur la transparence et la bonne gestion budgétaire. Ces
principes budgétaires sont présentés dans l'encadré
1 ci-après. En pratique, les principes « classiques »
comportent de nombreuses adaptations et altérations.
Encadré
|
|
|
Principes budgétaires
|
|
1
|
|
|
· L'autorité : pour chacun des stades de
la procédure budgétaire, on précise à qui
appartient le pouvoir de décision. La suprématie du
législateur en matière de finances publiques fait partie
intégrante de ce principe.
Principes classiques
· L'annualité : l'autorisation et
l'exécution budgétaires sont données pour une
période de douze mois.
· L'unité : la loi de finances
présente les dépenses et recettes dans un document unique.
· L'universalité : (i) les recettes et
dépenses sont inscrites dans le budget pour leur montant brut, sans
compensation entre elles ; et (ii) les recettes ne sont pas affectées
à une dépense prédéterminée.
· La spécialité : les
crédits sont affectés à des dépenses
déterminées.
· L'équilibre : les dépenses sont
équilibrées par des recettes et emprunts, le besoin de
financement de l'État et ses modalités de couverture sont
décrits.
Principes modernes
· La sincérité :
exhaustivité, cohérence et exactitude des informations
financières fournies par l'État. Ce principe est inspiré
du droit comptable privé.
· La performance : efficience et
efficacité dans la gestion du budget.
· La transparence : les fonctions des
différents organes de l'État sont clairement établies. Des
informations budgétaires à caractère financier et non
financier sont publiquement disponibles en temps utile. La terminologie
budgétaire est bien expliquée.
· La stabilité : on assigne au budget et
à la dette publique des objectifs qui s'inscrivent dans un cadre
financier à moyen terme périodiquement mis à jour, ou
d'engagements internationaux, comme les pactes de convergence. Les taux et
l'assiette des impôts et autres prélèvements restent
relativement stables.
|
|
10
Source : Adapté de Daniel TOMMASI dans la revue : A SAVOIR
02, AFD, titre « Gestion des dépenses publiques des pays en
développement » août 2010.
I.1.3. La nature des autorisations parlementaires
Les LRLF définissent le champ et la nature de
l'autorisation parlementaire. Dans le droit budgétaire francophone, le
budget peut comprendre deux types d'autorisation de dépenser :
? les crédits de paiement (CP), qui constituent la limite
supérieure des dépenses pouvant être ordonnancées ou
payées au cours de l'exercice budgétaire ;
? les autorisations d'engagement (AE)16 qui
constituent la limite supérieure du montant des marchés et
contrats pouvant être engagés au cours de l'exercice
budgétaire.
16 Appelées aussi crédit d'engagement
(Tunisie, Commission européenne) ou autorisation de programme
(Algérie, France avant la LOLF de 2001).
11
La directive 06/2009/CM/UEMOA précise que les
crédits ouverts par les lois de finances comprennent des crédits
de paiement (CP) et des autorisations d'engagement (AE). Les AE autorisent les
engagements pluriannuels pour les projets d'investissement et les contrats de
partenariats publics-privés, mais elles n'autorisent pas
l'ordonnancement et le paiement. L'article 18 de cette directive stipule :
? « pour une opération d'investissement
directement exécutée par l'État, l'autorisation
d'engagement couvre une tranche constituant une unité
individualisée formant un ensemble cohérent et de nature à
être mise en service sans adjonction » ;
? « pour les contrats de partenariats
publics-privés, par lesquels l'État confie à un tiers le
financement, la réalisation, la maintenance ou l'exploitation
d'opérations d'investissements d'intérêt public, les
autorisations d'engagement couvrent, dès l'année où les
contrats sont conclus, la totalité de l'engagement juridique ».
Les dispositions de la directive O6 introduisent dans le
budget ivoirien des AE et des CP, mais les écarts entre les AE et les CP
sont rares et quand ils existent, ils sont faibles, alors que pour le titre 3
ces écarts doivent être significatifs pour les ministères
gérant des projets d'investissement pluriannuels. La mise en
application des dispositions de la directive 06/2009 nécessitera
d'améliorer la gestion des AE et de mettre en place, de manière
opérationnelle, des procédures de gestion budgétaire des
engagements pluriannuels, probablement dès 2012.
Le suivi des échéanciers des paiements futurs
liés aux AE est demandé par l'article 46 de la directive
06/2009/CM/UEMOA. Ce suivi facilitera l'analyse des contraintes liées
aux engagements juridiques existants, lors de la préparation des CDMT.
Toutefois, seul le budget annuel comporte des AE en sus des CP. Un CDMT
comporte des prévisions de CP, mais il ne comporte pas de
prévisions d'AE.
Dans les pays africains, les AE ne concernent en
général que l'investissement17, pour les autres
dépenses les CP valent autorisation d'engagement. Les AE facilitent le
suivi et le contrôle des engagements liés aux projets
d'investissement pluriannuels. En général, le cadre
législatif des pays d'Afrique francophone comporte des dispositions
prévoyant l'introduction d'AE dans le budget. Toutefois, en pratique
seule une minorité de ces pays gère les engagements pluriannuels
sur la base des AE.
I.1.4. Présentation des directives de l'UEMOA
Les dispositions de ces directives devraient connaître
un début d'application au plus tard le 1er janvier 2012. La date limite
pour l'application intégrale de toutes les dispositions concernant la
gestion du budget sur la base du programme et la programmation pluriannuelle
des dépenses au niveau des ministères est fixée au 31
décembre 2017. Toutefois, un délai supplémentaire de deux
(02) ans est accordé aux Etats qui accuseraient des retards dans la mise
en oeuvre de ces dispositions. Les directives de l'UEMOA sont
présentées dans l'encadré 2 ci-après.
17 Selon la directive 06/2009/CM de l'UEMOA, les AE
couvrent aussi la totalité des engagements juridiques liés aux
accords de partenariats public-privé
Encadré
2
Les directives de l'UEMOA de 2009 concernant la gestion
budgétaire.
Ces directives comprennent
· la directive n°01/2009/CM/UEMOA portant code de
transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA ;
· la directive n°06/2009/CM/UEMOA portant loi de
finances au sein de l'UEMOA, qui fournit les principes généraux
pour une gestion budgétaire orientée vers la performance et
précise les principaux instruments de programmation pluriannuelle que
les États membres de l'UEMOA devront mettre en place. Les dispositions
de cette directive doivent être reprises dans la loi organique relative
aux lois de finances de chaque Etat membre ;
· la directive n°07/2009/CM/UEMOA portant
règlement général sur la comptabilité publique au
sein de l'UEMOA ;
· la directive n°08/2009/CM/UEMOA portant
nomenclature budgétaire de l'État au sein de l'UEMOA ;
· la directive n°09/2009/CM/UEMOA portant Plan
Comptable de l'État (PCE) au sein de l'UEMOA ;
· la directive n°10/2009/CM/UEMOA portant Tableau
des Opérations Financières de l'État (TOFE) au sein de
l'UEMOA.
Ces directives ont été émises en juin
2009, à l'exception de la directive n°01/2009/CM/UEMOA qui a
été émise en mars 2009
|
|
12
Source : Guide méthodologique de CI septembre 2011
I.2. Le cadre théorique
En absence de véritables études
théoriques, littéraires et empiriques sur les CDMT, nous allons
voir les études les articles, les revues et les guides
méthodologiques relatifs aux CDMT.
I.2.1. La problématique de la performance de la
gestion des finances publiques
Les finances publiques jouent un rôle central dans un
Etat moderne qui veut se développer. Une politique budgétaire
axée sur des objectifs et une gestion budgétaire transparente
sont à la base de prestations publiques visant à réduire
la pauvreté et à atteindre les objectifs du millénaire
pour le développement (OMD) dans les pays en développement.
Les objectifs fondamentaux du système de gestion des
finances publiques sont les suivants18: (i) instaurer un
équilibre budgétaire global et le préserver ; (ii)
affecter les ressources en respectant les priorités du gouvernement ; et
(ii) promouvoir l'utilisation efficace des ressources budgétaires
affectées à l'exécution des programmes et des services
Le débat sur la gestion des finances publiques a une
portée considérable. On entend désormais parler plus
largement de bonne gouvernance financière (les principes de la bonne
gouvernance sont appliqués à la gestion des finances publiques).
Il se situe dans le cadre général de la gestion publique qui
dans l'approche économique comporte deux dimensions : (i) l'approche
traditionnelle de l'évaluation des politiques publiques, et (ii) le
choix des modalités de l'intervention publique.
Les CDMT qui s'inscrivent dans une gestion administrative
axée sur les résultats sont plus proches de la seconde approche
de la gestion publique. Cette approche tire son fondement sur différents
concepts théoriques des sciences économiques et sociales qu'elle
applique au sein de l'administration publique. Les économistes des
politiques publiques se sont intéressés aux actions mises en
oeuvre par différents secteurs ou institutions publiques. Ils
considèrent que
18 Campos et Pradhan (1996) ; Schick (2001)
13
plusieurs stades de développement des actions sont
nécessaires pour en comprendre la logique et l'efficacité. Ils
concluent que l'application de la décision prise par l'Etat rencontrera
probablement la prise d'autres actions opposées, notamment de la part
d'agents privés ou publics.
Pour les partisans de la nouvelle économie politique,
il s'agit d'inciter tout un chacun en misant sur la responsabilité et
sur la transparence, à fournir avec motivation, efficacité et
économie les prestations nécessaires à la
société. C'est pourquoi des théories ont été
également formulées dans le cadre de la gestion publique : la
théorie du principal-agent et la théorie des coûts de
transaction. Elle se concentre sur les conflits d'intérêt et les
asymétries d'information entre ces deux pôles.
Selon Campos et Pradhan (1996), trois problèmes
interdépendants peuvent subvenir: (i) la « tragédie des
biens communs », le budget étant perçu comme une ressource
commune dans laquelle les différents ayants droit peuvent « puiser
» pour un coût nul ou modique ; (ii) la divulgation des informations
aux « cycles électoraux », qui peuvent faire obstacle à
l'établissement stratégique de priorités d'affectation,
conformes aux priorités du gouvernement ; et (iii) l'asymétrie
des informations et l'existence d'incitations inappropriées ou
incompatibles au sein des administrations (problèmes de type
mandant-mandataire) peuvent s'opposer à une affectation et une
utilisation efficientes des ressources.
La gestion administrative axée sur les
résultats devrait permettre d'améliorer le degré
d'information de tous les participants d'un domaine d'action en gérant
les relations, en fixant des objectifs et des résultats à
atteindre et en effectuant un contrôle de gestion approprié.
I.2.2. Les Contributions récentes sur la
problématique de mise en place du CDMT
La question du CDMT est de plus en plus abordée par de
nombreux économistes et experts des finances publiques. Kristensen et al
(2002) indiquent qu'en ce qui concerne les pays de
l'organisation pour la conférence et le
développement (OCDE), la budgétisation et la gestion par
résultats complète celle basée sur les intrants et les
produits. Elle donne plus de possibilités pour une meilleure
intégration des mesures d'accomplissement des objectifs, par exemple
l'effectivité et le rendement des ressources utilisées.
Selon ces auteurs, un certain nombre de justifications
militent en faveur de l'adoption d'une approche par les résultats. En
effet, cela se traduit notamment par l'amélioration de
l'efficacité et de l'effectivité du secteur public, des
possibilités d'apprentissage, de la formulation des politiques, de la
transparence, de la responsabilité et de la cohérence des
politiques.
On trouve également plusieurs écrits sur la
mise en oeuvre du processus CDMT en Afrique19. Les CDMT y ont
été promus, notamment par les Instituts de la Banque Mondiale,
comme étant des outils destinés à répondre aux
besoins d'assurer la discipline budgétaire globale en allouant en
même temps des ressources aux priorités de la politique. Ils
augmentent en outre
19 Banque mondiale (1998) ; Le Houerou &
Taliercio (2002) ; Bird (2003) ; ODI (2005) ; FMI (2007b) ; CAPRI (2008) ;
Zouré (2010)
14
la transparence du budget, et améliorent le lien entre
les budgets d'investissements et de fonctionnements. Des leçons ont pu
être tirées après quelques années de mise en
oeuvre.
A l'instar de certains pays de l'OCDE, de nombreux obstacles
techniques et organisationnels subsistent au niveau des pays africains. Pour
Meier et Raffinot (2005), ces pays font face à la mise en
cohérence du cadrage macroéconomique des CDMT avec ceux des
programmes discutés avec le FMI qui ne sont pas toujours
réalistes.
I.2.3. Problèmes clés de la gestion et de la
conception des CDMT
Pour l'introduction progressive du CDMT dans les trois
niveaux (global, sectoriel, unités de prestation des services), les pays
ont essayé différentes stratégies avec des
résultats inégaux. En mettant trop l'accent sur la mise au point
du cadre macrobudgétaire (CMB), le CDMT lui-même risque
d'être décentré et déstabilisé. Aussi
faudrait-il revoir plusieurs aspects de la gestion de la réforme. Ces
aspects sont notamment l'intégration du CDMT au processus
budgétaire existant (notamment pour l'approbation et la diffusion), la
conception des structures de gestion du CDMT (MTEF : en anglais) et la
normalisation des CDMT.
I.2.3.1. Intégration du CDMT dans le processus
budgétaire existant
De nombreux pays se sont heurtés à des
problèmes lorsqu'il s'est agi d'intégrer le CDMT au processus
budgétaire existant. Beaucoup de problèmes sont liés au
fait que les CDMT ont été lancés en parallèle au
processus budgétaire existant20. Cependant, pour les auteurs
Philippe Le Houérou et Robert Taliercio (2002): «Les principaux
éléments doivent être intégrés au processus
budgétaire existant dès le départ, et le budget
approuvé devrait effectivement
constituer la première année du CDMT. Le
CDMT ne doit pas fonctionner comme un système parallèle. Les
projections annuelles extérieures à la période couverte
par le CDMT doivent aussi être présentées par le
ministère des finances au Conseil des ministres et publiées en
tant qu'élément du document du budget ».
Le CDMT est présenté dans le cadre de la
déclaration de politique budgétaire à moyen terme, qui est
une déclaration préliminaire du budget accompagnée de
projections, et qui est publiée trois mois avant le budget. Cela a
permis de réduire la confusion et contribué à focaliser
l'attention et les ressources sur le CDMT21.
À mesure que les différents
éléments du CDMT sont élaborés, ils devraient
être incorporés d'emblée au processus budgétaire. Il
faut éviter d'instaurer des processus parallèles pour le budget
et le CDMT. Il convient donc de veiller avec plus de soin encore à
adopter une chronologie minutieuse et appropriée, et c'est sans aucun
doute l'un des aspects les plus délicats de la réforme. La
question du timing est très importante ici, en particulier dans la
première année du CDMT. Les retards et les calendriers
irréalistes pourraient marginaliser le CDMT dans les premières
années de son existence.
La question des procédures suivies pour la
présentation, l'approbation et la diffusion des CDMT est liée
à la précédente. Si le CDMT est inclus dans la
présentation et l'adoption du
20 Philippe Le Houérou et Robert Taliercio
(2002)
21 Philippe Le Houérou et Robert Taliercio
(2002)
15
budget, la question est discutable. Sinon, la façon
dont le CDMT est présenté et approuvé a de
l'importance.
Le CDMT, qui est pour le moment un document technique
interne, doit devenir un plan soutenu par les responsables politiques. Il faut
pour cela qu'il soit élaboré avec la participation active du
Conseil des ministres tout au long du processus. La nécessité
d'obtenir l'approbation du Conseil des ministres et du Parlement devrait
accroître l'importance du CDMT et inciter les différents acteurs
à le prendre davantage au sérieux. Il faudrait inviter les
représentants de la société civile à émettre
des observations sur le CDMT, comme une priorité.
I.2.3.2. L'agencement des structures de gestion du
CDMT
L'agencement des structures de gestion du CDMT, qui n'a pas
reçu une attention suffisante, varie d'un pays à l'autre, bien
que la plupart des pays allient les structures existantes à des
structures de gestion ad hoc. Pour les auteurs comme Le Houerou et
Taliercio (2002): «Si la responsabilité en dernier ressort doit
rester au ministère des Finances, il faut que l'exécution du CDMT
soit gérée par un ensemble d'acteurs structurels qui se
renforcent mutuellement, dont certains pourraient être
spécifiquement créés pour s'occuper du CDMT. Bien que
chaque pays ait un processus de gestion propre pour le budget, de sorte que la
structure de gestion du CDMT devra être conçue en
conséquence, les études de cas africains tendent à montrer
que la gestion de ces réformes devrait être confiée
à une combinaison de départements existants et de nouvelles
unités créées spécifiquement pour le CDMT afin de
fournir le soutien nécessaire pour l'exécution. Dans les pays
sans DSRP, la structure de gestion du CDMT devrait être
intégrée aux unités et commissions déjà
mises en place pour le DSRP.».
Les études de cas montrent que le Bureau du budget ne
peut se charger seul de la préparation du CDMT. Il semble plutôt
qu'un ensemble d'acteurs organiques dont les fonctions se chevauchent serait en
meilleure position de promouvoir l'adoption du CDMT. L'utilisation de
structures de gestion existantes (ministère des Finances,
Département des dépenses publiques et commissions du Conseil des
ministres) avec des commissions spéciales et des équipes
spécialement chargées du CDMT semble fournir une structure de
gestion plus solide.
I.2.3.3. Normalisation du CDMT
La normalisation des éléments du CDMT, et celle
des CSD en particulier, est importante aussi. Le processus de la
préparation des CDMT doit être standardisé, non seulement
pour ce qui concerne de la structure organique, mais aussi les résultats
sectoriels. Selon Le Houerou et Taliercio (2002): «Il convient
d'élaborer les CSD sur la base de principes directeurs
arrêtés à l'échelon central, qui devraient
être publiés, et d'un calendrier réaliste tenant compte des
contraintes de capacités.».
L'avantage tient au fait qu'on ne laisse pas les
ministères avec leurs propres systèmes. En outre, le Manuel
de planification et de budgétisation financière exhorte
à inclure des éléments standardisés dans le
processus du CDMT (Medium Term Experdure Framework : MTEF en anglais). Bien
évidemment, cela ne signifie pas bien sûr que tous les secteurs se
plient à cette
16
injonction ; ils ne le font pas. Mais cela signifie que les
secteurs peuvent être tenus pour responsables d'adopter une norme
transparente.
Pour finir ce chapitre, on dira que, bien que les CDMT ou
DPBEP-PAP soit une nouvelle méthode de GFP, ils ont retenu aussi bien
l'attention des institutions internationales que celle des législateurs
et réformistes. C'est pourquoi l'UEMOA a élaboré des
directives en la matière.
Néanmoins, assez d'efforts restent à faire
aussi bien dans le cadre législative que dans la pratique. Il faut
reconnaître que la bonne exécution dépendra des
règles et lois en vigueur. Ainsi, nous allons voir dans le chapitre
suivant les procédures d'élaboration des CDMT.
17
CHAPITRE II : LES PROCESSUS D'ELABORATION DES CDMT
L'idée d'une budgétisation par programme ou
program budgeting n'est pas nouvelle ; elle rappelle le Planning Programming
Budgeting System (PPBS)22 américain, la Rationalisation des
Choix Budgétaires (RCB)23 puis la réforme introduite
par la loi organique du 1er août 2001 en France24,
notamment en son article 7 et celle de la directive 06/CM/UEMOA de juin
2009.
C'est ainsi que, depuis juillet 2010 en Côte d'Ivoire
des CDMT sectoriels ont été introduites dans des
ministères pilotes25. Des programmes ont été
identifiés en fonction des grandes finalités poursuivies
campées par des politiques publiques. Ensuite, il y a la cartographie
des programmes qui a consisté à classer les destinations
budgétaires existantes dans les programmes identifiés. Au sein
des ministères pilotes (santé et éducation), il y a une
culture de rationalisation de la budgétisation par programme. Des
efforts ont été faits pour que chaque crédit corresponde
à une activité concourant à la réalisation d'une
action et du programme. Cependant ils continuent à suivre l'ancienne
méthode budgétaire.
Le nouveau pouvoir est allé dans le même sens, en
instaurant des budgets programmes dans trois autres ministères en 2012,
puis dans six autres en 2013. Ce qui a complété le nombre de
ministères à onze. Reconnaissant que les CDMT/DPBEP-PAP
constituent un domaine important de la gestion des finances publiques, un guide
méthodologique leur mise en oeuvre réussie a été
élaboré.
Pour monter la perception que l'élaboration
budgétaire pluriannuelle (EBP) et le CDMT présentent des atouts.
Ce chapitre sera reparti entre deux sections. Dans la première section,
nous allons parler de la budgétisation par programme et dans une
deuxième section, nous montrer les processus d'élaboration des
CDMT.
II.1 : La budgétisation par programme
Le développement d'une démarche de performance
comprend souvent la mise en place d'un budget de programme. Ainsi, avant de
parler de la budgétisation par programme, nous allons définir un
programme.
II.1.1. Le programme
Selon la directive 06/2009/CM/l'UEMOA, (article 12), le
programme se définit comme suit : « un programme regroupe les
crédits destinés à mettre en oeuvre une action ou un
ensemble cohérent d'actions représentatif d'une politique
publique clairement définie dans une perspective de moyen terme. A ces
programmes sont associés des objectifs précis,
arrêtés en fonction de finalités d'intérêt
général et des résultats attendus. Ces résultats,
mesurés notamment par des indicateurs de performance, font l'objet
d'évaluations régulières et
22 La budgétisation par programme a d'abord
été une expérience américaine dans les
années 1960.
23 La RCB a suivi fut une autre manière du
PPBS américain en France dans les années 1970.
24 L'adoption, en 2001, de la LOLF en France.
25 Ministère de la Santé et de la
Lutte contre la Sida (MLS), Ministère de l'Education Nationale (MEN),
Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
(METFP), Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique (MESRS)
donnent lieu à un rapport de performance
élaboré en fin de gestion par les ministères et
institutions constitutionnelles concernés. Un programme peut regrouper,
tout ou partie des crédits d'une direction, d'un service, d'un ensemble
de directions ou de services d'un même ministère.»
Cette définition, qui rejoint la pratique de nombreux
pays, permet d'ajuster le CDMT directement sur le budget du ministère et
d'assigner chaque programme à un responsable précis. La
définition des programmes, telle qu'elle ressort des directives de
l'UEMOA, montre la proximité entre la notion de programme et celle de
fonction des administrations publiques. La nomenclature de programmes du
ministère reflète la description et l'articulation des missions
principales du ministère. Elle se traduit par une nouvelle architecture
de
INDICATEUR
l'organisation administrative.
Schéma 1 : Articulation des
éléments d'un Programme
ACTIVITE 1
OBJECTIF SPECIFIQUE 1
SOUS-PROGRAMME 1
OBJECTIF INTERMEDIAIRE 1
ACTIVITE 2
PROGRAMME
OBJECTI SPECIFIQUE 2
OBJECTIF INTERMEDIAIRE 2
INDICATEUR
OBJECTIF SPECIFIQUE 3
SOUS-
PROGRAMME 2
18
Source : Compilation de l'auteur.
II.1.2. La nouvelle architecture du budget de l'Etat
La directive de l'UEMOA 06/2009/CM/UEMOA stipule qu'au plus
tard, à partir de 2017, un document de programmation budgétaire
et économique pluriannuelle (DPBEP) doit être publié et
soumis à un débat d'orientation budgétaire au Parlement
(DOB), avant la fin du deuxième trimestre de l'année.
L'information en fin d'année comprend, entre autres documents, le projet
de loi de règlement et, éventuellement, des rapports sur les
résultats atteints en matière de performance, appelés en
France « rapport annuel de performance (RAP)».
L'article 8 de la directive 08/2009/CM/UEMOA précise
que « la codification des programmes [...] peut être enrichie par
des éléments issus notamment du premier niveau de la
classification fonctionnelle ». La Classification des fonctions des
administrations publiques (CFAP), en anglais Classification of functions of
government (COFOG) peut ainsi être utilisée pour
regrouper les programmes par grands objectifs socio-économiques.
L'article 46 de la directive 06/2009/CM/UEMOA précise
qu'une information sur le coût des actions doit être
présentée dans les projets annuels de performance (PAP)
annexés au projet de loi de finances. Cette directive ne définit
pas l'action, mais en général une action (sous-programme)
rassemble les crédits d'un programme visant un public particulier
d'usagers ou de bénéficiaires ou un mode particulier
d'intervention de l'administration. Le découpage d'un
19
programme en actions devra faciliter l'analyse du programme
dans le PAP. Ce critère de lisibilité conduira en
général à limiter le nombre d'actions.
Dans la pratique, on commencera par déterminer la
structure de programmes du département ministériel, puis, pour
chaque programme, on identifiera la stratégie, les objectifs, et les
indicateurs. On se focalisera ainsi sur des objectifs spécifiques
à chaque programme, arrêtés en fonction de finalités
d'intérêt général et des résultats attendus.
Les prévisions de crédits de chaque programme sont
décomposées, selon les catégories économiques
définies dans l'article 12 de la directive 06/2009/CM/UEMOA : (i)
personnel ; (ii) biens et services ; (iii) transferts ; (iv) investissement.
Ainsi, la classification programmatique du budget d'un
ministère peut comprendre plusieurs niveaux en France :
? la mission, repartie en programmes (deux ou plusieurs
programmes);
? le programme (par exemple, programme enseignement primaire,
soins de santé de base, etc.);
? le sous-programme26 (action dans le budget
français), qui correspond à un ou des objectifs
spécifiques du programme ou à une division administrative du
ministère concerné, responsable de la mise en oeuvre d'un segment
du programme ; l'activité, qui est le niveau opérationnel et
fournit des prestations ou des produits déterminés.
? Dans la zone UEMOA : programmes, sous-programmes,
objectifs, activités.
Dans le budget français, les programmes sont
regroupés en mission. La mission correspond à une grande
politique publique et peut couvrir plusieurs ministères.27
Elle est le sommet de la nouvelle pyramide budgétaire. L'exécutif
est la seule autorité compétente pour les créer au moment
de la loi de finances et affirmer de manière synthétique les
grandes directions de son action à venir. Chaque mission sera librement
initiée et ne correspond pas nécessairement à
l'organisation ministérielle et administrative. Au contraire, leur
définition doit être le moyen de mettre en lumière des
structures administratives et de réduire le nombre de financements
croisés. La mission représente l'unité de vote des
crédits28.
Dans la zone UEMOA, en général et en Côte
d'Ivoire, en particulier, chaque ministère doit avoir en son sein
plusieurs programmes, qui, eux-mêmes regroupent les directions et
services. En plus d'être un instrument programme de présentation
des crédits budgétaires, le programme est également une
structure de gestion et de supervision. A ce titre il doit y avoir un
responsable de programme, et chaque direction doit être classifiée
dans un programme.
Il doit y avoir un nombre défini de, programmes, de
sous-programmes (actions), d'indicateurs, de postes de RdP : 132 programmes
pour le budget de l'Etat et 26 pour les
26 Pour le budget de la Tunisie.
27 En France, le budget est voté par mission, mais la
gestion budgétaire s'effectue essentiellement au niveau du programme. La
directive 06/2009/CM de l'UEMOA n'a pas retenu le concept de mission, ce qui a
l'avantage de concentrer les efforts des administrations sur la mise en place
et la gestion des programmes.
28 Art 43 LOLF, Guide pratique de la LOLF à
l'usage des parlementaires 2006.
budgets annexes et comptes spéciaux, 620 actions, 1
300 indicateurs de performances et 80 postes de RdP29. (Cette
description est celle de la France).
Cependant, bien qu'étant spécifiés dans
les documents pluriannuels, les programmes n'ont pas fait l'objet d'une
structure formelle par les textes. Cette situation peut créer un flou
dans la responsabilité de chaque acteur. Car de nombreuses questions se
posent sans suite en absence d'un cadre formel d'organisation : qui est le
responsable de programme ? A quels programmes doivent appartenir les services
et programmes ? Quelles sont les attributions de chaque service dans la gestion
du programme auquel il appartient ? Ce sont là autant de questions qui
méritent la création d'un cadre organisationnel des programmes de
chaque ministère présentant un CDMT ou DPPD.
Le schéma 2 illustrant la combinaison des
différents segments de la nomenclature budgétaire et le
degré de détail auquel s'opère cette combinaison, permet
de définir les différents niveaux de gestion du budget :
? l'unité de vote, qui est le niveau auquel le
budget est voté. Selon les pays, cette unité peut
correspondre au ministère, au chapitre, au programme ou à la
mission (en France);
? l'unité de spécialisation
budgétaire, qui délimite le périmètre de
l'autorisation du Parlement ;
? les domaines respectifs de responsabilité des
acteurs de l'exécutif, notamment pour les contrôles
internes.
Schéma 2 : Les trois niveaux de structuration du
budget de l'Etat
Autorisation
Exécutio
Gestion
Discussion et vote au Parlement
20
Source : Compiler nous, l'auteur.
21
II.2. Les cadres de dépenses à moyen
terme (CDMT)
On distingue souvent le CDMT global ou DPBEP-PAP et les CDMT
sectoriels ou DPPD. Lorsque qu'il est employé sans précision sur
sa nature globale ou sectorielle, le terme « CDMT » désigne le
CDMT global et par les procédures associées.
II.2.1. Définition CDMT
Les concepts des CDMT ont fait l'objet de définitions
générales plus ou moins bien établies30. Le
CDMT est un instrument d'intégration de la pluriannualité dans la
préparation du budget. Son élaboration peut être
considérée comme une partie intégrante de la
procédure budgétaire.
II.2.2. Les objectifs
Les éléments fondamentaux d'un CDMT sont
l'estimation à moyen terme des contraintes globales de ressources et des
coûts des politiques existantes, ainsi que les mécanismes
institutionnels qui facilitent l'ajustement des priorités et la
réallocation des ressources.
Un CDMT projette les dépenses selon leur destination
(par exemple, par ministère et direction ou par ministère et
programme). Il vise à améliorer l'efficacité de
l'allocation des ressources. En effet, la marge de manoeuvre pour des
réallocations de ressources entre activités étant
réduite dans le cadre d'un budget annuel, le CDMT permet de programmer
ces réallocations dans le temps. Il peut aussi contribuer à
améliorer l'efficience opérationnelle en fournissant aux
gestionnaires une meilleure visibilité sur leurs futurs budgets.
Le CDMT est un instrument de programmation triennal glissant
permettant de placer la gestion budgétaire dans une perspective
pluriannuelle. Quatre objectifs principaux peuvent être assignés
aux CDMT (Banque mondiale, 1998, cité par Le Houerou et Taliercio,
2002). A chaque objectif, des conditions de réalisation peuvent
être associées. Ce qui est mentionné dans le tableau 2
ci-après.
Tableau 2 : Objectifs et conditions de
réalisation des CDMT
Objectifs
Améliorer l'équilibre macrobudgétaire
|
Conditions
Etablir des estimations sérieuses et crédibles
de l'enveloppe globale de ressources disponibles
|
Améliorer les allocations inter et intra
sectorielles
Améliorer la prévisibilité
budgétaire Améliorer l'efficacité de la dépense
publique
|
Etablir un ordre de priorité des dépenses et
restreindre les allocations de crédit aux seules priorités
principales
Respecter des plafonds budgétaires plus
crédibles par secteur
Augmenter la liberté de gestion des ministères
techniques.
|
|
Source : Le Pôle PNUD « Stratégies de
développement et finances publiques », et Le Houerou et Talierco
(2002)
30 Les CDMT sont définis dans l'introduction,
notamment dans contexte de l'étude.
22
II.2.3. Les instruments de programmation financière
à moyen terme
Selon le niveau auquel est opérée l'allocation
des ressources, les cadres de programmation financière suivants peuvent
être distingués31 (cf. encadré 3 en
annexe 2):
· Le cadrage secteur réel: définir les
grands agrégats du secteur productif et de la demande. C'est ce cadrage
qui permet d'esquisser le niveau des recettes publiques.
· Le Programme d'investissement Public (PIP) triennal :
il définit les grands programmes d'investissement du gouvernement. Il
précieux dans l'identification des dépenses en capital
(investissement) du gouvernement.
· Le cadrage budgétaire : C'est une
représentation des grandes masses budgétaires (ressources et
charges de l'Etat). Il couvre un champ plus restreint (opérations du
budget de l'Etat et comptes spéciaux du Trésor) que le TOFE.
· Le TOFE prévisionnel bâti sur trois
ans.
· La situation monétaire
· La balance des paiements
Dans la conduite de l'exercice de prévision du cadre
macroéconomique et financier, une cohérence est exigée
entre ces différents instruments de programmation.
· Le TOFE prévisionnel, qui donne les
grands agrégats budgétaires et qui est une composante du cadre
macro-économique à moyen terme. Le TOFE prévisionnel est
présenté dans le DPBEP, comme précisé par la
directive 06/2009/CM/UEMOA ;
· Le CDMT global, appelé aussi cadre
budgétaire à moyen terme (CBMT), qui traite de l'allocation
intersectorielle/interministérielle des ressources et sert à
cadrer la préparation du budget et des CDMT ministériels
/sectoriels. Le CDMT global peut être une composante du DPBEP
précisé par la directive 06/2009/CM/UEMOA.
· Les CDMT ministériels /sectoriels, qui
répartissent par programmes, sous
programmes, et,
éventuellement, par actions et activités, les enveloppes
définies dans le CDMT global pour un ministère donné. En
pratique, le degré de détail de ces CDMT est très
variable. Les CDMT ministériels correspondent à l'ensemble
formé par le DPPD et les PAP d'un ministère,
précisés par la directive 06/2009/CM/UEMOA.
Ces cadres de programmation pluriannuelle ne se substituent
pas aux plans et stratégies. Ils visent à améliorer le
lien entre le budget et les plans et stratégies. Le schéma 3
ci-après illustre l'articulation entre les stratégies, les
documents de programmation pluriannuelle définis dans la directive
06/2009/CM/UEMOA et le budget :
31 OPM (2000) distingue : le Medium Term
Fiscal Framework (MTFF), c'est-à-dire le TOFE prévisionnel ;
le Medium Term Budget Framework (MTBF), c'est-à-dire le CDMT
global, le MTBF étant qualifié de forme basique de
Medium-Term Expenditure Framework (MTEF [CDMT]) ; et l'extended
MTEF, c'est-à-dire un CDMT comprenant des CDMT sectoriels
détaillés.
- les stratégies sont élaborées en amont
des processus de budgétisation et de programmation financière. Le
chiffrage de leur coût doit être réaliste, mais il ne prend
pas nécessairement en compte les derniers développements de la
conjoncture économique ;
- le document de programmation budgétaire et
économique pluriannuel (DPBEP) , précisé dans la directive
06/2009, comprend un TOFE qui définit l'enveloppe globale des ressources
et les dépenses totales en tenant compte des objectifs
macroéconomiques et de l'évolution de la conjoncture
économique ;
- l'allocation intersectorielle de l'enveloppe globale des
ressources est effectuée par le CDMT global, en fonction des
stratégies ;
- les CDMT ministériels /sectoriels (les DPPD
précisés dans la directive 06/2009/CM/UEMOA) allouent les
enveloppes de ressources définies dans le CDMT global à des
programmes selon la stratégie du secteur, le processus pouvant
être itératif.
Idéalement, le TOFE qui représentent le compte
des administrations publiques, couvre l'ensemble des administrations publiques,
pas seulement le budget de l'Etat. Ainsi l'article 9 de la directive
10/2009/CM/UEMOA, portant tableau des opérations financières de
l'Etat (TOFE) au sein de l'UEMOA, précise que le TOFE doit couvrir les
sous-secteurs suivants :
· sous-secteur de l'administration centrale y compris
ses institutions sans but lucratif et ses autres unités
extrabudgétaires ;
· sous-secteur de l'administration locale y compris ses
institutions sans but lucratif et ses autres unités
extrabudgétaires ;
· sous-secteur de la sécurité sociale.
Cette disposition de la directive devra être
appliquée d'ici 2017. Les prévisions de dépense des CDMT
(ou du DPPD précisé dans la directive 06/CM/UEMOA) ne sont pas
des autorisations de dépense. Elles doivent être conformes au
budget, la première année de projection. Au-delà de cette
première. Au-delà de cette première, elles sont
indicatives. (cf ; schéma 3)
Source : CDMT Burkina Faso, apport de Mme Aminata BILLA
23
Schéma 3 : Plans/stratégies, cadres
à moyen terme et budget
A.
24
Le TOFE prévisionnel
Le Plan et les stratégies sectorielles fournissent les
orientations de la politique budgétaire, mais le budget doit aussi tenir
compte de l'évolution de la conjoncture économique et
financière. Le point de départ de cette prise en compte est la
préparation d'un cadre macroéconomique à moyen terme pour
se donner une idée de l'ensemble des ressources publiques recouvrables
pour la loi de finances en cours de préparation ainsi que celles des
deux prochaines années.
Un cadre macroéconomique à moyen terme comprend
une projection des principaux comptes macroéconomiques, que sont:
? le secteur réel ;
? la situation monétaire;
? la situation des comptes extérieurs (solde courant,
solde des capitaux et des opérations financières et solde
global)
? le secteur des administrations publiques (TOFE).
Le TOFE prévisionnel présente, pour une
période de trois à quatre ans, les prévisions de recettes
par grande catégorie (impôts directs, droits et taxes à
l'importation, etc.), les dépenses par grande nature économique
(dépenses de personnel, dépenses en biens et services, etc.), les
objectifs de déficit/surplus et les prévisions de financement. Il
est préparé et mis à jour.
B. Les CDMT global
Les cadres des dépenses à moyen terme (CDMT)
global répartissent les dépenses totales données par le
TOFE selon leur destination (ministère, direction ou programme, etc.).
Un CDMT est un programme pluriannuel de dépenses glissant,
préparé tous les ans.
Le TOFE prévisionnel, qui réagit la gestion des
administrations, doit idéalement couvrir les collectivités
locales. Par contre, la couverture d'un CDMT doit suivre la répartition
des compétences en matière de dépenses. Elle correspondra
en général à celle du budget de l'État,
élargie, si possible, aux fonds extrabudgétaires de
l'administration publique centrale.
Pour que les CDMT (CDMT global et/ou sectoriels) encourage
l'établissement des priorités inter et intra sectorielles, sa
préparation doit être intégrée dans la
procédure de préparation du budget et la démarche de
budgétisation en deux phases, présentée ci-après,
doit être adoptée.
I. La Procédure de préparation du CDMT et
du budget
Cette partie présente les grands principes de la
procédure de préparation du CDMT. Cette procédure ne sera
mise en place que progressivement.
1 Principes généraux
Il s'agit d'examiner quelques principes d'organisation de la
procédure budgétaire dans un cadre pluriannuel, visant à
renforcer la gestion budgétaire. Les principes examinés
ci-dessous comprennent :
25
- une procédure de budgétisation en deux temps
visant à assurer le cadrage du budget et des CDMT ministériels
;
- une claire distinction entre l'existant (les
activités en continuation), qui constitue une « projection de
référence », et les mesures nouvelles (changements par
rapport à cette projection de référence), afin de mieux
analyser les politiques budgétaires ;
- une procédure de programmation pluriannuelle
glissante, afin de tenir compte de l'évolution de la conjoncture et des
réalisations effectives, lors de la préparation du budget et des
CDMT ministériels et de leur cadrage ;
- un rôle accru au Parlement dans l'examen des
politiques budgétaires. La directive 06/2009/CM/UEMOA préconise
la tenue d'un débat d'orientation budgétaire (DOB) avant fin
juin.
2 La préparation du CDMT global lors de la phase
de cadrage
Les plafonds (enveloppes budgétaires) triennaux de
dépense par ministère (c'est-à-dire un CDMT global par
ministère) sont préparés sur un plan technique par le
ministère des Finances, puis soumis au Conseil des Ministres.
Le schéma 4 illustre la démarche pour
préparer ces plafonds de dépense par ministère :
· Le TOFE donne une enveloppe globale des ressources.
· Une réserve pour imprévus et une
réserve de programmation, pour les deuxièmes et troisièmes
années de projection du CDMT, est déduite de l'enveloppe du TOFE
pour donner le plafond global de dépense.
· Les travaux sectoriels ont permis d'estimer une
projection (ou ligne) de référence par ministère. Ils
correspondent au niveau actuel des activités courantes et aux projets
d'investissement en cours ou dont les conventions de financement sont
signées. Lorsque l'exercice sera bien rodé et discipliné
la projection de référence correspondra au CDMT
ministériel préparé l'année
précédente. Le ministère des Finances procède
à la consolidation de ces projections de référence.
· L'écart entre le plafond des dépenses et
la projection de référence consolidée donne une marge de
manoeuvre.
· Des économies, sur des programmes/secteurs de
relativement faible priorité, sont identifiées par rapport
à la projection de référence, ce qui permet
d'élargir la marge de manoeuvre.
· Cette marge de manoeuvre est répartie en
activités, ou en accroissement du niveau d'activités, en fonction
des priorités.
· Un CDMT global est ainsi établi.
· La phase stratégique initiale se conclut par un
examen de la politique budgétaire par les décideurs politiques et
des décisions sur les plafonds de dépense.
26
Schéma 4 : Préparation des plafonds de
dépense
Projection de
référence
Année t t+1 t+2 t+3
Ressources
prévues
Réserve
Examen de l'exécution
du budget et des
stratégies ;
propositions d'initiatives
Plafond des
dépenses totales
Marges de
manoeuvre pour
mesures nouvelles
Economies
Projections
détaillées des
dépenses
Source : Adapté de R. Allen et D. Tommasi. Managing Public
Expenditure. OCDE.2001.
3 La budgétisation en deux temps
Les processus CDMT sont tout aussi importants que les
documents du CDMT. Les procédures de préparation du CDMT et du
budget doivent être complètement unifiées. Elles doivent
viser, entre autres objectifs, à encourager les ministères
techniques à établir des priorités entre leurs programmes
et activités, en conformité avec les stratégies et le Plan
de développement économique et social, d'une part, et les
contraintes financières, d'autre part.
Il convient d'adopter une procédure de préparation
du budget et du CDMT en deux temps :
une phase stratégique, ou de cadrage, visant
à formuler les choix stratégiques (objectifs budgétaires
globaux, allocation intersectorielle des ressources) et, ainsi, à
assurer le lien entre les grands choix de politique publique et le budget ;
une phase de préparation des prévisions
budgétaires et des CDMT sectoriels finaux comportant les arbitrages
intra-sectoriels et la soumission des projets de budget ministériels. IL
s'agit d'une conférence budgétaire interne.
4 Les documents de programmation et de
performance32
Les dispositions de la directive 06/2009/CM/UEMOA
précisent la préparation des documents de programmation
pluriannuelle et de performance suivants :
un Document de Programmation Budgétaire et Economique
Pluriannuelle (DPBEP) cohérent avec les objectifs du Pacte de
convergence, de stabilité, de croissance et de
..
solidarité conclus entre les États membres de
l'UEMOA ;
des Documents de Programmation Pluriannuelle des
Dépenses (DPPD, ceci est
I
l'appellation du CDMT consacrée par les Directives de
l'UEMOA) par ministères, budgets annexes et comptes spéciaux,
cohérents avec le DPBEP ;
32 Ces documents sont cités par les articles 46
; 50 ; 51 et 52 de la directive 06/2009/CM/UEMOA., les voir en
annexe.
27
? des Projets Annuels de Performance par programme (PAP)
comportant, entre autres éléments, la présentation des
résultats attendus pour les années à venir et
l'échéancier des crédits de paiement associés aux
autorisations d'engagement ;
? les Rapports annuels de performance (RAP) rendant compte des
résultats obtenus. Schéma 5 : Les documents de
programmation budgétaire de l'UEMOA
Des documents budgetaires
renovés
Dispositions communautaires
Pacte de convergence, de stabilité, de
croissance et de solidarité -
UEMOA
Tout
Ministèr
e
PAP : Projet annuel de
performance
Programmation Pluriannuelle des
Dépenses
Document de programmation budgétaire
et
performance
CDMT Global/TOFE/CBMT
Etc.
LDF
MEF/PM
LDR
/CDM
Source : CDMT du Burkina Faso, apport de Mme BILLA
DPPD : Document
de
C Les CDMT sectoriels/ministériels
RAP : Rapport annuel
de
Annexes
Annexes
Un CDMT ministériel est, en général,
organisé selon des lignes fonctionnelles ou programmatiques. En effet,
les dépenses correspondant à une même politique publique
doivent être projetées ensemble et selon les mêmes
hypothèses, quelle que soit leur nature économique ou leur source
de financement.
Un seul nouveau document devrait couvrir pour chaque
ministère les besoins d'information couverts par les DPPD et PAP
définis dans la directive 06/2009/CM/UEMOA. Ce document formera un CDMT
ministériel, (cf. Tableau 5 en annexe 5).
Les CDMT ministériels doivent respecter les contraintes
macroéconomiques, mais lorsque sont pertinents, les écarts entre
les projections des CDMT ministériels et les résultats des
modèles de chiffrage des stratégies peuvent être
indiqués dans la section « problèmes et défis »
du CDMT ministériel.
I. Couverture d'un CDMT sectoriel/ministériel ou
DPPD
Les CDMT ministériels ou DPPD doivent couvrir toutes
les dépenses du ministère hors service de la dette. Afin de
donner une vue plus exhaustive des dépenses du département
ministériel (optique UEMOA), ils doivent aussi couvrir pour information
:
28
? les dépenses sur ressources propres des EPN;
? des dépenses sur financement extérieur qui
sont actuellement extrabudgétaires, mais qui devraient être
intégrées dans le budget de l'Etat, comme toute dépense de
l'Etat sur financement extérieur.
L'incorporation dans les CDMT ministériels de
dépenses des établissements publics nationaux (EPN)
nécessite de procéder à une consolidation des
opérations financières de l'Etat et de ces entités. Les
transferts de l'Etat aux entités sont déjà pris en compte
dans le budget général, pour éviter les doubles
comptabilisations.
Tout ce processus peut être résumé en six
étapes qui sont : (i) l'élaboration d'un cadre
macroéconomique/budgétaire ; (ii) l'élaboration de
programmes ; (iii) l'élaboration de cadres dépenses sectoriels
(iv) les définitions de l'allocation des ressources sectorielles ; (v)
la préparation des budgets sectoriels ; et (vi) l'approbation de la
politique finale.
Pour terminer cette partie, il faut retenir que les
budgets-programmes sont élaborés de manière simple et
réaliste en lien effectif avec les stratégies existantes. Les
CDMT et budgets-programmes ont un rôle essentiel à jouer pour
améliorer la qualité de la programmation budgétaire et
favoriser l'atteinte des objectifs nationaux de développement et des
OMD.
La reconnaissance juridique des instruments de programmation
pluriannuelle, la spécialité des crédits
budgétaires par programme, la fongibilité des crédits
à l'intérieur des programmes et la désignation de
responsables de programmes dont la responsabilité sur les
résultats est engagée sont autant de dispositions qui font
défaut aujourd'hui et limitent fortement l'efficacité des CDMT et
des budgets programmes en zone UEMOA et notamment en Côte d'Ivoire. Il
s'agit de la structuration effective des ministères conformément
à la nouvelle architecture du budget de l'Etat en prenant en compte
l'importance du rôle et des fonctions des autres managers publics, comme
les RBOP et les RUO, non mentionnés dans les dispositifs des directives
du nouveau cadre harmonisé des finances publiques dans le cadre des
réformes de la gestion des finances publiques.
C'est pourquoi nous allons dans la deuxième partie voir
l'apparition de nouveaux managers publics et le dialogue de gestion permettant
d'assurer la bonne gestion des deniers publics que les directives n'ont pas
fait et qui constituent aussi une réelle nouveauté.
29
DEUXIEME PARTIE : MISE EN OEUVRE DES CDMT EN COTE
D'IVOIRE
Comme nous l'avons vu dans la première partie,
l'exécution du budget de l'Etat relève non seulement des
théories et pratiques mais aussi du droit public, notamment les finances
publiques qui en sont une branche. Des lois et règlements sont
institués pour assurer la bonne gestion des finances publiques dans tous
les pays du monde. Les Etats de l'UEMOA, en se conformant à la
règle, ont élaboré des lois et règlements sous le
nom de «directives« dans le cadre des réformes qu'ils mettent
en place.
Ces directives ont été élaborées
et adoptées en 2009 pour prendre en compte les réalités et
les pratiques en matière de gestion des finances publiques dont la
nouvelle méthode est les CDMT avec application de la GAR dans
l'élaboration des budgets-programmes. En effet, la Côte d'Ivoire,
à l'image de nombreux Etats du monde à procéder à
l'élaboration d'un «guide méthodologique« de la mise en
place des CDMT.
Dans le cadre de l'harmonisation des finances publiques dans
l'espace UEMOA, les directives constituent une référence pour
mettre en oeuvre les procédures. Nous avons remarqué qu'il ya des
matières que chaque Etat doit organiser étant donné que
les directives ne fixent que les grands principes. Ce sont des
éléments comme le dialogue de gestion qui n'ont pas
été codifiés par les directives ou les décrets et
arrêtés nationaux. Cela permettrait la prise en compte de
l'importance du rôle et des fonctions des autres managers publics tels
que les RBOP et les RUO comme ça se passe en France ou en Tunisie.
Dans le cas de notre travail, nous allons alors essayer de
faire une proposition de transposition de cas. Nous pensons que ce qui a fait
ses preuves partout en occident et dans certains pays maghrébins, peut
l'être en Afrique subsaharienne. C'est pourquoi, dans cette
deuxième partie nous allons voir la mise en place des CDMT en Côte
d'Ivoire dans le troisième chapitre et dans le quatrième
chapitre, il sera question des rôles et responsabilités des
acteurs et le dialogue de gestion dans la gestion des programmes.
30
CHAPITRE 3 : MISE EN PLACE DU CDMT EN CÔTE
D'IVOIRE
Sollicité par le Gouvernement ivoirien au cours de
l'été 2008 pour une assistance à la mise en oeuvre d'un
plan de réforme des finances publiques et à la conclusion d'un
programme économique et financier appuyé par la FRPC, le projet
d'appui de l'Union Européenne (UE) a pu démarrer effectivement
à la fin du troisième trimestre 2009.
L'obtention d'un don pour la Gouvernance et le
Développement Institutionnel auprès de la Banque Mondiale (BM) a
permis d'engager déjà à fin 2008, les travaux sur la
réforme des finances publiques avant même la signature d'une FRPC
avec le FMI et la BM en mars 2009.
Ces évolutions ont conduit à une
redéfinition du contenu de l'assistance sollicitée auprès
de l'UE qui s'oriente désormais vers, un appui technique à la
mise en place des CDMT ou DPPD dans les ministères des secteurs sociaux
de l'éducation et de la santé. Ces cadres de dépenses qui
sont des exigences majeures de la FRPC visent une meilleure
traçabilité des ressources budgétaires allouées
à la lutte contre la pauvreté.
L présent chapitre fait le point sur le Contexte et
justification de l'introduction du CDMT ou DPPD en Côte d'Ivoire, de la
situation de la gestion des finances publiques, et de l'introduction des CDMT
ou DPPD en Côte d'Ivoire.
III.1. Contexte et justification de l'introduction du
CDMT ou DPPD en Côte d'Ivoire
Hormis les mesures prises au niveau international et
régional qui obligent le pays à s'y adapter, l'état des
lieux du contexte budgétaire ivoirien justifie la mise en place du CDMT
ou DPPD en Côte d'Ivoire. L'exercice en Côte d'Ivoire telle
qu'initiée en 2009 visait la traçabilité des allocations
budgétaires en faveur des ministères des secteurs sociaux
généralement réputés pro-pauvres : éducation
et santé.
III.1.1. Mesures prises au plan international et
régional
La communauté internationale ayant constaté que
la dette des PVD était devenue insoutenable, il fallait chercher des
voies et moyens pour sa résolution. C'est pourquoi le FMI a lancé
l'Initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en 1996
(renforcée en 1999) en réponse au constat fait par la (plans
Baker et Brady) que la crise de la dette ne pourra se résoudre que par
une substantielle annulation de celle-ci. L'objectif visé est de ramener
la charge de la dette à un niveau soutenable grâce à des
programmes d'ajustement macroéconomiques et des réformes
structurelles appuyés par le FMI et la Banque Mondiale.
Puisque la Côte d'Ivoire faisait partie de ces pays,
elle a adhéré à cette initiative en raison de son de son
niveau d'endettement. Le Gouvernement devait saisir cette opportunité
pour faire une réaffectation dans le financement des besoins des
secteurs sociaux après annulation ou allégement. C'est pourquoi
le Document de Stratégies pour la Réduction de la Pauvreté
(DSRP) a été adopté et le point de décision de
l'Initiative PPTE fut atteint dans le courant du premier trimestre de
l'année 2009.
Les efforts furent fournis pour l'atteint du point de
décision qui ont eu pour conséquence allègement
substantiel de la dette de la Côte d'Ivoire de 4 090,0 milliards de F CFA
annulés
31
sur un stock de 6 373,9 milliards de FCFA soit un taux
d'annulation de 64,2%. Il ressort un stock restant de 2 283,9 milliards de F
CFA33, (cf graphique 1 ci-après).
Source : Fait par l'auteur à partir des Données de
la Direction Générale du Trésor et de la
comptabilité Publique (DGTCP°
Avant l'allégement, le service de la dette était
estimé à 500 milliards de FCFA en moyenne par an, soit un tiers
(1/3) du budget; les investissements publics n'étaient que de 10% des
dépenses d'investissements du budget et la capacité de paiement
de l'Etat était fortement dégradée, elle était de
56%, (cf. graphique 2 ci-après)
En effet, après cet allégement, le pays a
bénéficié d'une forte réduction du service de la
dette extérieure qui passe en moyenne de 500 milliards de FCFA à
environ 230 milliards de FCFA, soit une réduction annuelle de 53%.
n
Source : Fait par l'auteur à partir des Données de
la Direction Générale du Trésor et de la
comptabilité Publique (DGTCP)
lus de cette réduction du service de la dette il a aussi
l'amélioration des ratios
p , y
C
d'endettement. Le rapport stock dette extérieure sur
PIB passe de 51% à 18% après allègement, pour une norme de
40%. Le rapport du stock de la dette extérieure sur
33 Direction Générale du Trésor
et de la comptabilité Publique de Côte d'Ivoire .
32
exportations est passé de 160% à 37% pour une
norme de viabilité de 150%. Le rapport du stock de la dette
extérieure sur recettes budgétaires est passé de 327%
à 97%, pour une norme de 250%. Le rapport dette publique totale sur PIB
ressort à 36% pour une norme communautaire de 70%34.
Pour y arriver, il ya des préalables à savoir :
(i) l'exécution satisfaisante des programmes soutenus par le Fonds
Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) ; (ii)
l'exécution satisfaisante des réformes fondamentales convenues au
point de décision ; (iii) l'exécution pendant au moins un an du
DSRP.
Il est recommandé une bonne gestion des affaires
publiques pour parvenir aux meilleurs résultats dans le cadre de
l'Initiative PPTE, comme l'indique le FMI35, en ce qui concerne le
point trois: « la nouvelle approche privilégie les mesures
publiques destinées à permettre aux pauvres de tirer meilleur
parti de la croissance, les programmes de dépenses publiques vont
être redéployés en faveur de ces derniers. Cela devrait se
traduire par une augmentation des dépenses dans les secteurs de
l'enseignement et de la santé primaires, ou de la production et de
l'infrastructure rurale. A cet effet, la manière dont les fonds sont
dépensés importe tout autant que leur volume car une mauvaise
gestion publique réduit l'impact potentiel de la croissance sur la
pauvreté. L'accent est donc davantage mis sur la transparence, la
responsabilité et la qualité de la gestion des affaires publiques
»
Alors, des CDMT ou DPPD ont été
élaborés comme première activité dans les
ministères chargés de la lutte contre la pauvreté. Ils
constituent un instrument permettant de faire le lien entre les politiques de
développement et leur traduction budgétaire. C'est ainsi
qu'après la Déclaration de Paris de mars 2005, en 2010, 75 % des
pays partenaires devraient avoir des priorités stratégiques
claires se rattachant à un CDMT ou DPPD et comptabilisées dans
les budgets annuels.
Au niveau régional, en matière
budgétaire, l'élaboration par l'UEMOA du cadre juridique des
finances publiques est une mutation pour tenir compte des normes
internationales. Les nouvelles directives du cadre harmonisé des
finances publiques de juin 2009 prévoient deux (2) phases essentielles :
(i) la transposition des directives au niveau des cadres juridiques nationaux,
au plus tard le 31 décembre 2011 ; (ii) l'application intégrale
de l'ensemble des mesures promues par ces Directives au plus tard le 1er
janvier 2017 ; avec une période supplémentaire de deux (2) ans
pour les Etats qui le souhaitent, en ce qui concerne l'application des
règles et procédures découlant des principes des droits
constatés.
A l'instar des autres pays membres de l'UEMOA, la Côte
d'Ivoire, a pour obligation d'adapter son cadre juridique suivant les
dispositions contenues dans les nouvelles directives notamment celles relatives
au passage d'un budget annuel à une programmation pluriannuelle du
budget de l'Etat (cf encadré 2 au chapitre 1 ou
encadré 3 en annexe 2).
34 Toutes ces statistiques sont de DGTCT-CI
35 Extrait du Discours de M. Eduardo Aninat, Directeur
général adjoint du FMI, devant le Développent Policy
Forum, Berlin, 15 juin 2000
33
III.1.2. Situation de la gestion des finances publiques
Entre novembre 2007 à juin 2008, selon les
critères de la Revue de la gestion et du système des finances
publiques (PEMFAR36), la performance du système de finances
publiques était globalement faible. Cette évaluation a
montré l'existence d'insuffisances dans le domaine (i) de
l'exhaustivité et de la crédibilité du budget, (ii) de
l'exécution du budget et (iii) au niveau du contrôle ainsi que
(iv) du système de passation des marchés publics.
C'est ainsi que les autorités ivoiriennes, pour relever
ces défis majeurs, ont alors adopté, entre autres, un plan
d'actions pour la réforme des finances publiques. Cela permettrait une
gestion des finances publiques efficace et transparente nécessaire dans
la mise en oeuvre des politiques nationales. Pour ce faire, il fallait mettre
en place un cadre de dépenses à moyen terme (CDMT)
cohérent avec la consolidation des progrès accomplis dans la
gestion macroéconomique et dans lequel devront s'inscrire
l'accroissement du niveau des dépenses pro pauvres.
La mise en oeuvre de la réforme est conduite par le
Ministère de l'Economie et des Finances (Comité de Mise en oeuvre
du Plan de Réforme des Finances Publiques créé le 29
juillet 2009 et modifié en août 2009) avec l'appui des partenaires
techniques et financiers (FMI, BAD, BM, UE, UNICEF). L'Union Européenne
à travers le Projet d'appui à la Mise en oeuvre du Plan de
Réforme des Finances Publiques, s'occupe particulièrement du
volet Mise en place du CDMT.
III.1.3. Introduction du CDMT ou DPPD en Côte
d'Ivoire
Une enquête a été menée durant le
mois de juin 2013 auprès d'un certain nombre de structures
concernées par cette action. Cette enquête nous permettra
d'appréhender pratiquement la mise en place du CDMT en Côte
d'Ivoire, ce sont :
? la Cellule de Réformes Budgétaires et de
Modernisation de la Gestion Publique de la Direction Générale du
Budget et des Finances ;
? le Service Statistique de la Direction
Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique
;
? la Direction de la Programmation des Investissements Publics
de la Direction Générale du Plan ;
? la Direction du Contrôle financier.
Les informations recherchées auprès de ces
structures nous ont permis de savoir les motivations qui ont favorisé
l'introduction du processus du CDMT, le niveau de connaissance et
l'appréciation générale de ces nouveaux outils
budgétaires, les activités menées dans ce cadre
(formations, travaux d'élaboration, les appuis techniques, etc.) et les
difficultés rencontrées ainsi que les recommandations pour que
les CDMT connaisse un succès en Côte
36 Public Expenditure Management and Financial
Accountability Review (PEMFAR). Cette revue a été
effectuée avec l'appui de partenaires au développement (BAD, UE,
FMI, BM) et comprend une évaluation de la gestion des finances publiques
et du système des marchés publics
34
d'Ivoire. Les données collectées permettent de
savoir que l'introduction du CDMT dans la préparation du budget a suivi
des étapes qui se présentent comme suit :
III.1.3.1. Lancement du processus du CDMT ou DPPD
C'est en décembre 2009 que le processus du CDMT ou DPPD
a débuté par l'organisation d'un séminaire de lancement et
de formation organisé par le MEF et animé par des consultants
extérieurs. Ensuite ce séminaire a été suivi des
ateliers complémentaires de formation et de sensibilisation, à
l'initiative d'autres structures (DPIP, AFRITAC de l'Ouest, etc.) avec l'appui
financier et technique des partenaires au développement. En effet, cela
a permis de placer le CDMT ou DPPD dans le cadre global d'exécution du
DSRP. Il a posé les bases de l'introduction du CDMT ou DPPD à
savoir le contexte, la définition, la méthodologie
d'élaboration, les principaux acteurs. Il a vu la participation de tous
les ministères et des partenaires techniques et financiers
Pour être en conformité avec la
réalité, les CDMT ou DPPD sont promus par les nouvelles
directives de l'UEMOA de mars et de juin 2009, conformément aux
nouvelles politiques du FMI et de la BM en matière de gestion
budgétaire. C'est ainsi la Côte d'Ivoire, a adopté une
approche consistant à un projet pilote au niveau de cinq
ministères regroupés dans les secteurs de l'éducation, et
de la santé.
III.1.3.2. Lancement de l'élaboration des CDMT
dans les secteurs pilotes (Santé, Education) :
Au commencement, il fut animé plusieurs séances
de formation avec des consultants externes. Les objectifs n'avaient toujours
pas été atteints. Les ateliers accueillaient un nombre
pléthorique de d'auditeurs avec chacun une méthodologie
d'élaboration des CDMT ministériels.
Dans les secteurs de la santé37 et de
l'éducation38, en février 2010 un atelier a
été organisé pour le renforcement des capacités des
acteurs de ces secteurs. Cet atelier a permis d'adopter une méthodologie
et une feuille de route d'élaboration des CDMT sectoriels
(ministériels) ou DPPD, d'identifier les besoins en termes d'appui
technique, matériel et financier et de mettre en place des
équipes. Ces équipes comprenaient des experts (notamment du
Projet d'appui de l'Union Européenne) et personnes ressources provenant
des directions administratives et financières ou de planification et
évaluation des différents ministères concernés.
III.1.3.3 Constitution des équipes de
travail
Les équipes de travail comprennent (i) un noyau de 5
à 10 personnes ressources au sein du ministère provenant de
structures en charge de l'élaboration de stratégies ou plans
sectoriels et/ou du budget ; (ii) un ou plusieurs consultants internationaux ou
nationaux.
37 Ministère de la Santé et de la Lutte
contre la Sida (MLS)
38 Ministère de l'Education Nationale (MEN),
Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
(METFP), Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique (MESRS)
Le travail des équipes nationales consistait à
déterminer les objectifs et la nomenclature des programmes,
d'élaborer les tableaux financiers et les projections d'une part et
d'autre part de rédiger l'argumentaire pour le plaidoyer.
L'appui des consultants consiste à mettre à
disposition des guides méthodologiques, d'outils techniques et de
certaines données nécessaires. Ils aident également les
équipes nationales dans l'exercice de projections budgétaires,
d'élaboration de la cartographie d la cartographie et de confection des
tableaux financiers.
L'ampleur des tâches à accomplir et le temps
imparti exigeaient que les équipes nationales travaillent à plein
temps. Ce ne fut cependant pas le cas dans certains ministères du fait
que la plupart de ces ressources humaines étaient dans le même
temps affectées à d'autres activités. Ainsi
l'élaboration des CDMT ou DPPD est apparue comme une tâche
supplémentaire reposant en grande partie sur les consultants nationaux.
Tous les ministères entrant dans le processus des CDMT ou DPPD ont pris
des arrêtés pour installer en leur sein des Comités
Ministériels de CDMT ou DPPD et des profils de personnes ressources bien
identifiées.
III.1.3.4. Mise en place du cadre institutionnel
Le 16 avril 201039, le cadre institutionnel de mise
en oeuvre du processus CDMT ou DPPD en Côte d'Ivoire a été
créé par l'arrêté du Ministre de l'Economie et des
Finances. Il comprend un comité de pilotage (présidé par
le directeur de Cabinet du Ministre de l'Economie et des Finances), une
commission de supervision (présidée par le Directeur
Général du Budget et des Finances), un secrétariat
technique (comprenant des membres permanents et non permanents) et des
comités sectoriels (cf schéma 6 ci-après).
Schéma 6: Cadre institutionnel de mise en oeuvre
du processus CDMT en Côte d'Ivoire
|
|
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|
Niveau 1
Organe de décision
|
|
COMITE DE PILOTAGE
Mission principale : superviser la mise en oeuvre du CDMT
dans le
|
|
Structures représentées : MEF, MEMPD,
ministères sectoriels,
|
|
|
processus de la GAR
|
|
DGDI, PARFP/UF, STP-DSRP, Cour des Comptes
|
|
|
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Niveau 2
|
|
COMMISSION DE SUPERVISIONStructures
Mission principale : cordonner,
|
|
représentées : MEF,
|
|
|
Organe d'aide à la prise de e décision
|
|
superviser et valider les travaux du Secrétariat
technique
|
|
PARFP/UE, STP-DSRP, CC,
Comités sectoriels
|
|
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|
|
Niveau 3
Organe technique central
|
|
SECRETARIAT TECHNIQUE Mission principale : veiller à al
mise en oeuvre du processus CDMT et de la méthode GAR
|
|
Structures représentées :
Permanents : CRBMGP, DTI, DBE DAS, DPSB.
|
|
|
|
|
Non DCP, DPIP,
permanents :
|
|
|
DP, DCPE, BCEAO, INS
|
|
|
|
|
|
COMITE SECTORIELS
|
|
Niveau 4
Organe technique
ministériel/sectoriel
i
|
Mission principale : Elaborer les
projets CDMT sectoriels et
des budgets-programmes et les mettre en oeuvre
|
|
Structures représentées et fnet d sad
Ministères sectoriels, points
dans le ocessu e la gestio
focaux, DSRP, Secrétariat
|
|
a
|
|
|
35
Source : adapté par l'auteur
36
Ce nouveau cadre institutionnel fait cependant l'objet de
critiques notamment de la part des structures non permanentes qui estiment que
leur rôle dans la chaîne d'élaboration du budget n'est pas
suffisamment perçu par le MEF. Toute chose qui mette en relief la
persistance des incompréhensions qui ont eu cours au début de la
mise en place du CDMT ou DPPD.
III.1.3.5. Elaboration des CDMT ministériels
En général l'élaboration des CDMT
ministériels ou DPPD suit le schéma suivant : l'équipe au
sein du ministère s'organise pour faire les travaux selon une approche
besoin (sans cadrage budgétaire contraignant) sur la base d'une
méthodologie de travail. Le consultant national ou international est
sollicité pour un appui technique. Les travaux font ensuite l'objet de
restitution interne (au niveau de chaque ministère) pour la validation
des axes stratégiques, des objectifs, de la nomenclature des programmes
et des indicateurs de résultats. La validation interne est suivie par
l'élaboration des tableaux financiers qui sont ensuite transmis au MEF.
Le délai pour finaliser les CDMT ministériels ou DPPD
était fixé au 30 juin 2010.
Les travaux ont nécessité la mise à
disposition des données issues de la Direction de la Solde
(données sur le personnel), du SIGFIP (qui contient 80% des informations
sur les dotations et l'exécution budgétaires), des plans
d'actions prioritaires du DSRP (mesures nouvelles), du RICI-EPN (données
sur les EPN gérées par la Direction du Contrôle
Budgétaire de la DGBF ), du SINAPSE (données sur le PIP
gérées par la DPIP), des plans et comptes nationaux sectoriels
(PNDS, RESEN, CNS), de l'INS, de la Direction de la Comptabilité
Publique et Para Publique (DCPP), les comptes comptables des EPN et des
partenaires techniques et financiers (PTF), données non retracées
dans le cycle budgétaire.
Cette collecte d'informations a été
facilitée par la bonne collaboration des structures, cependant des
difficultés sont apparues en ce qui concerne (i) les données
prévisionnelles en matière du financement extérieur des
projets et activités du ministère ; (ii) les données du
personnel (elles ne sont dans la forme souhaitée) ; (iii) la
fiabilité des données.
Par ailleurs des instruments techniques ont été
confectionnés par les consultants (notamment de l'UE) pour
réaliser le travail demandé : à l'aide du logiciel ACCESS,
un système de gestion de données a été
élaboré pour loger les données importées du SIGFIP.
De même par le biais du tableur Excel, les projections ont
été possibles à travers des tableaux financiers contenant
les hypothèses et formules de calcul.
III.1.3.6. Validation des CDMT ministériels
pilotes.
Cette étape est en cours. Des réunions sont
organisées par le Secrétariat technique (cf cadre institutionnel
ci-dessus) pour apprécier l'évolution des travaux.
(cf. schéma7 ci-après).
37
Schéma 7 : Etapes de l'introduction du CDMT DPPD
en Côte d'Ivoire
Etape 1 : Lancement du processus du CDMT : présentation
des CDMT
Etape 8 :
Validation par le Parlement du Budget de l'Etat y.c les CDMT
ministériels.
Etape 2 : Lancement de l'élaboration des CDMT pilotes
(Santé et Education)
Etape 7 :
Elaboration du
Budget de l'Etat et prise en compte des CDMT
ministériels
Etape 3 : Constitution des équipes de travail et des
appuis techniques
Etape 6 :
Validation des CDMT
ministériels par le
MEF (cadre
institutionnel)
Etape 5 :
Elaboration des
CDMT ministériels et transmission au
MEF (cadre
institutionnel)
Etape 4 :
Adoption du cadre institutionnel de mise en oeuvre du CDMT
Source : compilation de l'auteur
Ce nouveau cadre de gestion a été étendu
pour la gestion de 2012, à huit (8) autres départements
ministériels à savoir : le Ministère de l'Agriculture ; le
Ministère d'Etat, Ministère de l'Emploi, des Affaires Sociales et
de la Solidarité ; le Ministère des Mines, du Pétrole et
de l'Energie ; le Ministère des Infrastructures Economiques ; le
Ministère de l'Environnement et du développement Durable ; le
Ministère délégué auprès du Président
de la République, chargé de la Défense Nationale ; le
Ministère d'Etat, Ministère de l'Intérieur et le
Ministère délégué auprès du Premier
Ministre, chargé de la Justice et des Libertés Publiques. Ces
huit ministères ont préparé, sous la supervision de la
Direction des Réformes Budgétaires et de Modernisation de la
Gestion Publique (DRBMGP), leurs budgets-programmes, qu'ils ont
présentés en août 2012 lors des conférences
budgétaires.
Ainsi, pour l'exercice 2013, douze (12) Ministères
exécuteront leurs budgets sous forme de CDMT/DPPD. L'objectif à
terme est d'étendre les CDMT à tous les Ministères en vue
de moderniser et d'améliorer la préparation, l'exécution
et le suivi de la gestion budgétaire et d'en accroître les
performances.
Pour conclure ce chapitre, il faut retenir que les directives,
notamment la 06/2009/CM/UEMOA, limite la responsabilité de la gestion au
niveau des responsables de programme et d'ailleurs elle ne parle même pas
du dialogue de gestion, nécessaire à la mise en oeuvre de cette
réforme. En revanche, le guide méthodologique de
l'élaboration des CDMT DPPD prend en compte cette
réalité.
Pour avoir la plénitude de la GBO, nous exhortons les
pays membres de l'UEMOA de tenir compte de cette réalité dans de
nouvelles directives. Ce qui permettrait à chaque Etat membre de s'y
adapter. A travers ses différentes parties, ce chapitre aborde à
la fois les rôles et les responsabilités des différents
acteurs ainsi que les nouveaux managers publics et la justification du dialogue
de gestion, le cadre institutionnel dans lequel il se construit, son objet, ses
outils, ses grands principes et ses difficultés spécifiques.
38
CHAPITRE IV : RôLES ET RESPONSABILITES DES
ACTEURS ET LE DIALOGUE DE GESTION DANS LA GESTION DES PROGRAMMES.
Le gouvernement ivoirien a entrepris une réforme en
profondeur de son processus budgétaire et simultanément des
modalités de gestion de ses politiques publiques. Engagée par le
cadre harmonisé des finances publiques de la zone UEMOA,
dénommé «directives« de juin 2009, cette réforme
combine un système de gestion budgétaire par programme et un
management public par la performance.
Substituant une logique de moyens par une logique de
résultats, la présente réforme des finances publiques vise
aussi bien l'amélioration de l'efficacité que l'efficience de
l'action publique ainsi que son degré de transparence. Il s'agit d'une
réforme de longue haleine dont la mise en oeuvre comporte plusieurs
volets et étapes et nécessitera des ajustements continus. A
terme, le budget de l'Etat, structuré par programmes, sera assorti
d'objectifs et d'indicateurs chiffrés retraçant les effets
escomptés des dépenses publiques, et les responsables de
programmes rendront compte non seulement de l'emploi des ressources mais aussi
des résultats de leurs services. De même, le contrôle des
services d'audit-évaluation et des parlementaires devra porter autant
sur la performance que sur la rigueur financière.
A présent, le cadre d'expérimentation de ces
changements est posé en Côte d'Ivoire. Les ministères
pilotes (enseignement supérieur et santé) ont défini leurs
programmes. Cependant, il reste beaucoup à faire en ce qui concerne
l'identification de leurs responsables de programme, et bien entendu
l'engagement du travail d'identification des objectifs et des indicateurs de
performance.
A ce stade, une prochaine étape de la réforme
est la mise en place d'un système d'organisation des
responsabilités et des flux d'information qui réponde aux besoins
du management de la performance autant qu'aux échéances du cycle
budgétaire. Cette combinaison d'organisation, de flux d'information, de
concertation et d'engagements est communément appelée «
dialogue de gestion ».
IV.1. Rôles et Responsabilités des
acteurs
Dans le cadre de modes de management devenant plus collectifs,
ou plus exactement plus concertés et plus coordonnés. Les
responsabilités des différents intervenants doivent être
délimitées, en tenant compte du fait que de nouvelles fonctions
vont se développer au service de ces nouveaux modes de management. Une
gestion sur la base du programme implique la nomination d'un responsable du
programme.
Ce responsable qui doit être clairement
identifié, concourt à l'élaboration des objectifs du
programme sous l'autorité du ministre. Il est responsable de leur mise
en oeuvre opérationnelle. Il doit donc préparer le projet de
budget de son programme et rendre compte des services rendus et des
résultats obtenus. Le plus souvent, il s'agit de directeur
d'administration centrale ou de secrétaires généraux.
39
En remplissant ces tâches, le responsable de programme
doit travailler avec les services d'administration générale du
ministère, tels que la DAF, et les services et entités
chargés de la mise en oeuvre opérationnelle des programmes. La
définition des modalités du dialogue entre le responsable de
programme et ces différents services est un des points les plus
délicats de la mise en place d'une gestion sur la base du programme,
(cf. Schémas 11 à 114 en annexe 9).
Des conflits entre la chaîne des responsabilités
administratives et celle de la gestion des programmes peuvent subvenir. Un
coordonnateur des programmes du ministère doit superviser ce dialogue et
assurer la coordination entre les différents programmes. Cette fonction
de coordination devrait être logiquement assurée par le
Secrétaire Général du ministère. Ce poste doit
exister, pour lui donner une légitimité institutionnelle et
faciliter la coordination entre les responsables de programme et les
responsables administratifs.
La structuration du budget en programmes et son incidence sur
la gestion budgétaire doivent être largement examinées au
sein des ministères sectoriels. Idéalement, il serait souhaitable
de procéder conjointement à la structuration du budget en
programmes et à une réorganisation administrative. Il est
impératif d'agir ainsi de manière à faire correspondre
l'organisation administrative à la structure programmatique. Toutefois,
les réformes administratives demandent beaucoup de temps. De plus, cette
correspondance est en général difficile à établir
au niveau régional, les échelons régionaux étant
souvent responsables de la mise en oeuvre de plusieurs programmes.
À défaut de réforme administrative, il
convient de définir des procédures adéquates de dialogue
entre les responsables de programme et les responsables des services mettant en
oeuvre plusieurs programmes. Une autre question à résoudre est la
relation entre les responsables de programmes et les préfets et
gouverneurs, dans les pays où ceux-ci disposent de pouvoirs
étendus en matière budgétaire. Des compromis entre une
optique centrée sur les considérations politiques locales et une
optique sectorielle peuvent être trouvés, (cf.
Schémas 12 à 14 en annexe 9).
Dans une optique orientée vers la performance, les
gestionnaires sont redevables sur les produits de leurs activités et les
résultats socio-économiques imputables au programme. Ils sont
relativement libres de déterminer la composition des moyens qu'ils
utilisent, sous réserve des principes de fongibilité
asymétrique stipulés dans la LRLF et des dispositions
réglementaires définissant la répartition des
responsabilités au sein de l'exécutif pour les contrôles de
l'exécution budgétaire.
Dans les pays en développement, une certaine prudence
est nécessaire dans la mise en place d'un cadre de gestion souple, du
fait d'une insuffisante culture du contrôle. Toutefois, il convient
d'éviter que la mise en place d'un budget de programme ne se traduise
que par des obligations bureaucratiques supplémentaires de production de
rapport, sans apporter de réel changement au niveau de la gestion des
ministères sectoriels.
40
IV.1.1. Les acteurs
La gestion axée sur les résultats, telle qu'elle
découle des directives de l'UEMOA, introduit des démarches et des
approches nouvelles, et conduit à la définition de nouveaux
rôles des gestionnaires publics et de leurs responsabilités. Les
acteurs qui doivent intervenir, selon le guide méthodologique des CDMT
en Côte d'Ivoire, dans la gestion budgétaire orientée vers
la performance sont :
- le Ministre et les présidents des institutions
constitutionnelles ( sont ordonnateurs
principaux des crédits, des programmes et des budgets
annexes de leur ministère ou de
leur institution....(art 68 de la directive
O6/2009/CM/UEMOA), tandis qu'ils étaient
ordonnateurs délégués dans l'ancienne
méthode de GDP ;
- le Secrétaire Général du ministère
(Coordonnateur des Programmes) ;
- le Responsable des Affaires Administratives et
Financières (RAAF) ;
- le Responsable de Programme (RdP) ;
- le Contrôleur Financier ou budgétaire ;
- le Responsable de budget opérationnel
(RBOP);
- le Responsable d'Unité Opérationnelle
(RUO).
IV.1.2. Les «nouveaux managers publics« ou
acteurs clés et leur rôle
Au nombre des acteurs identifiés ci-haut les directives
ne parlent que, du ministre et du responsable de programme, bien les autres
soient cités dans le guide méthodologique de la Côte
d'Ivoire, cela n'est pas fortuit, dans la mesure où l'intervention de
ces nouveaux constitue non seulement une innovation dans la gestion publique,
mais aussi un impact de la mise en oeuvre des CDMT ou DPPD. Le rôle des
autres acteurs est précisé dan un document annexe appelé
« Charte de gestion »
IV.1.2.1. Le coordonateur des programmes
A l'échelon du ministère, le Coordonnateur des
programmes réunit régulièrement les responsables de
programmes, et d'autres responsables pour harmoniser les méthodes et
coordonner la préparation des documents d'ensemble (DPPD, projet de
budget, RAP, etc.). Il a la responsabilité de l'élaboration et de
l'harmonisation des chartes de gestion. C'est lui qui est le « chef
d'orchestre » de la préparation du CDMT ou DPPD et du budget,
de même que de l'élaboration du RAP. Il doit intervenir, notamment
dans le dialogue de gestion horizontal entre les responsables de programmes et
les responsables des services d'administration générale.
IV.1.2.2. Le responsable de programme (art 13 de la
directive 06/2009/CM/UEMOA)
Le responsable de programme est le maillon central de la
nouvelle gestion publique. A la charnière entre responsabilité
politique et responsabilité de gestion, sa responsabilité, de
nature managériale, coexiste avec la structure de responsabilité
hiérarchique classique, qui ne disparaît pas.
41
La mise en oeuvre des programmes repose sur cette
«personne-clé«. Placé sous l'autorité
du ministre, il participe à l'élaboration des objectifs
stratégiques du programme dont il a la charge. Il est garant de sa mise
en oeuvre opérationnelle et s'engage sur la réalisation des
objectifs associés. C'est lui qui prépare le budget de son
programme avec les acteurs qui participent à sa mise en oeuvre. Plus
précisément, le responsable de programme a trois grandes missions
:
l L'élaboration de la stratégie et du
budget du programme. Sur la base d'une large concertation qu'il lui
appartient d'organiser, le responsable de programme formalise la
stratégie de son programme, arrête les objectifs, les indicateurs
de performance et les résultats attendus, assure la programmation des
activités et procède à la répartition des
crédits qui lui ont été alloués. Il s'engage sur
les résultats de son programme : il oriente les choix d'activité
et les choix budgétaires afin d'atteindre les résultats
visés, en travaillant avec les gestionnaires des ressources du
ministère (ex. : DAF, DRH).
l Le pilotage du programme et l'organisation du
dialogue de gestion. Le responsable de programme organise et anime le
dialogue de gestion qui constitue le cadre de la préparation de son
budget, de la déclinaison des termes de la performance auprès des
entités opérationnelles et du suivi des réalisations.
l Le compte-rendu et l'analyse des résultats.
Le responsable de programme assure et encourage la transparence, par
le développement de l'information sur les ressources utilisées,
les services produits et les résultats obtenus. Il contribue, avec
l'aide des unités compétentes de l'administration centrale,
à la construction d'un système d'information, ordonné et
fiable, facilitant l'analyse de la gestion et de la performance. Le responsable
de programme prépare également son rapport annuel de performance
(RAP). Au-delà de son programme, il participe à la mise en place
d'un contrôle de gestion et de l'audit interne au sein du
ministère.
Lui-même délègue la gestion des parties du
programme aux responsables des niveaux de mise en oeuvre opérationnelle
du programme. Il s'engage sur les objectifs et indicateurs de son programme.
Les responsables de programme sont des hauts fonctionnaires à qui le
ministre confit la gestion du programme.
IV.1.2.3. Les responsables de budget
opérationnel de programme (RBOP) et les responsables d'unités
opérationnelles (RUO)
Une fois défini le cadre de la nouvelle nomenclature
budgétaire en missions-programmes-actions. En effet, il se pose la
question de l'exécution du budget de l'Etat, donc celle de la gestion
quotidienne de l'action publique. C'est à cette fin que les notions de
budgets opérationnels de programme (BOP) et d'unités
opérationnelles (UO) interviennent.
Les BOP et UO ne sont donc pas définis par les
directives de l'UEMOA. La raison en est simple : en tant que lois organiques,
les directives définissent les relations entre les pouvoirs publics. Le
document de référence au sujet du BOP est par exemple le Guide
méthodologique de l'élaboration des CDMT en Côte d'Ivoire.
Conformément aux intentions de ses initiateurs, les directives
comprennent deux versants :
o
42
Sur le plan budgétaire, elles ont pour but de clarifier
l'autorisation budgétaire, d'expliquer les politiques publiques, et
in fine de rééquilibrer les rôles du Parlement et
du gouvernement.
o Sur le plan de la gestion, elles ont pour finalité
de développer la responsabilité des gestionnaires sur la base
d'une logique de résultat, dans le cadre d'un périmètre de
compétences et d'une enveloppe budgétaire
déterminée.
La première relève de la nomenclature
missions-programmes-actions (France), la seconde de la déclinaison
programme-BOP-UO. Aussi convient-il de ne pas considérer les BOP et UO
comme des unités budgétaires, mais comme des cadres de gestion
destinés à la mise en oeuvre opérationnelle d'une part de
programme. En phase d'exécution budgétaire, le BOP est le cadre
de la répartition des crédits et l'UO, le cadre de leur
consommation.
i. Les responsables de budget opérationnel de
programme (RBOP)
Les responsables des niveaux de mise en oeuvre
opérationnelle du programme sont responsables vis-à-vis du
responsable de programme pour la partie du programme dont ils ont la charge.
Des objectifs et indicateurs correspondant à leur propre
responsabilités doivent également être définis dans
le cadre du dialogue de gestion.
Le responsable d'un budget opérationnel de programme
est l'un des éléments de la chaîne des
responsabilités qui, du responsable de programme au responsable
d'unité opérationnelle, assure la gestion du programme. Le budget
opérationnel de programme est positionné au niveau administratif
le plus pertinent pour le programme considéré : en administration
centrale, au niveau interrégional, régional ou
départemental.
Le responsable de programme lui attribue une partie du
programme (un périmètre d'activités ou un ressort
géographique). Il élabore un projet de budget opérationnel
de programme, avec l'ensemble des services qui lui sont rattachés,
à partir des orientations générales définies par le
responsable de programme. Il propose une programmation des opérations ou
des activités à mener à laquelle sont associés des
objectifs, des indicateurs, des cibles de résultat et le budget
prévisionnel correspondant.
ii. Les responsables d'unité
opérationnelle(RUO)
L'unité opérationnelle (UO) est un service
gestionnaire d'un budget opérationnel de programme qui met en oeuvre la
part de programmation qui lui est confiée. Elle est rattachée
à un BOP et un seul pour lequel elle assure la mise en oeuvre effective
de la programmation (en tout ou partie).
Son responsable est donc nécessairement ordonnateur
principal ou secondaire (le plus souvent délégué) car
c'est lui qui engage concrètement les actions à mener en
mobilisant les moyens nécessaires. Les unités
opérationnelles sont identifiées par le responsable de BOP dans
le schéma d'organisation d'exécution financière.
Les liens entre l'unité opérationnelle et le
budget opérationnel de programme ne sont pas de nature
hiérarchique. L'unité opérationnelle met en oeuvre une
part de la programmation du
43
budget opérationnel de programme mais le responsable de
l'unité n'est pas pour autant sous la
tutelle hiérarchique du responsable de budget
opérationnel de programme. (cl. schéma
8).
Schéma 8 : Les différentes formes de
responsabilité au sein de l'administration dans le cadre de la gestion
des programmes
BOP 1
Central
UO 1A
BOP 2
UO 2B
UO 1B
Départemental
UO 2B
UO 1C
BOP 3
UO 3
PROGRAMMES
Régional ou interrégional
Source : INGLEBERT Xavier (2009),Manager avec la
LOLF-Pratiques de la Nouvelle gestion publique IV.2. Le Dialogue de
gestion
Le dialogue de gestion est le processus d'échanges et
de décision institué entre un niveau administratif et les niveaux
qui lui sont subordonnés, concernant les volumes de moyens mis à
disposition des entités subordonnées, les objectifs qui leur sont
assignés, et plus généralement la notion de performance
applicable aux politiques publiques considérées. On parle aussi
« d'animation de gestion ».
De la délégation des responsabilités
naît le dialogue de gestion, dont est gardien et animateur le responsable
de programme. Au niveau central, le dialogue de gestion s'instaure :
· d'une part, selon un axe horizontal,
entre le responsable de programme et les directeurs participant au programme ou
chargés de services d'appui (affaires financières, ressources
humaines, etc.) ainsi que l'autorité chargée du contrôle
des dépenses ;
· d'autre part, selon un axe vertical,
entre le responsable du programme et les responsables opérationnels
chargés de sa mise en oeuvre.
Les conditions de réussite du dialogue de gestion
impliquent notamment une chaîne de responsabilité
resserrée, l'association des personnels, un dispositif (même
simple) de contrôle de gestion, un exercice de comparaison des
performances dans l'espace et dans le temps (à partir des indicateurs,
dont l'exploitation effective est essentielle).
L'enrichissement et l'équilibre du dialogue de gestion
supposent également un effort particulier pour bien intégrer le
contrôle de gestion et le pilotage de la performance dans les processus
administratifs, à travers :
l
44
un ensemble d'indicateurs en nombre limité mais
pertinents au regard des leviers d'action réels des services et des
possibilités de suivi annuel ou infra-annuel ;
l des cibles et des calendriers réalistes ;
l une exploitation effective des remontées
d'information fournies par les échelons opérationnels ;
IV.2.1. Le dialogue de gestion vertical
Le dialogue de gestion vertical concerne les relations entre
le responsable de programme et les responsables des premiers niveaux de mise en
oeuvre opérationnelle du programme, dans le cadre des attributions du
responsable de programme répertoriées plus haut. Il se situe dans
le cadre temporel de trois (3) ans correspondant aux années de
préparation d'exécution et de compte-rendu du budget :
? L'année N+1 en ce qui concerne la préparation du
budget et du PAP :
o Budget et cadre de performance par programme
o Budget et cadre de performance des premiers niveaux de mise en
oeuvre opérationnelle du programme
? L'année N pour ce qui concerne la mise en oeuvre du
budget :
o Mise à disposition des crédits entre RdP et
responsables opérationnels
o Contrôle de gestion à l'intérieur des
programmes et suivi intra-annuel
? L'année N-1 pour ce qui concerne la préparation
ascendante des Rapports
Annuels de Performance (RAP).
Schéma 9 : Le dialogue de gestion
verticale
Responsable de programme
Dialogue de gestion
RBOP ou
Gestionnaires
RBOP ou
Gestionnaires
RUOP ou Services
RUOP ou Services
Exécution
Pilotage
RBOP ou
gestionnaires
RUOP ou Services
Dialogue de gestion
Source : Compilation de l'auteur
45
IV.2.2. Le dialogue de gestion horizontal
Le dialogue de gestion horizontal comprend toutes les
procédures relatives aux rapports entre les responsables de programme et
les différents responsables du ministère, telles qu'elles
découlent des nouvelles modalités de la gestion
budgétaire.
La prise de responsabilité des responsables de
programmes (et de leurs collaborateurs, responsables de sous-programmes ou
actions et responsables régionaux) doit se fonder sur une maîtrise
accrue par leurs services des procédures de gestion :
· CDMT et programmation budgétaire ;
· préparation du budget sous forme
intégrée (personnel-fonctionnement-investissement) ;
· exécution du budget (répartition des
crédits, engagement, mandatement)
· passation des marchés publics,
· gestion du personnel, y compris la gestion
budgétaire ;
· suivi de l'exécution budgétaire,
comptabilité administrative ;
· suivi de la performance.
Le rôle des directions d'administration
générale (DAF, DRIFT,...) doit évoluer vers un rôle
d'appui aux responsables de programme. En effet, le Responsable de programme ne
peut pas être spécialiste de tous les domaines. Il appartient donc
aux directions d'administration générale de l'appuyer
techniquement dans son rôle.
Il sera nécessaire pour chacune de ces directions de
définir la répartition des tâches entre la direction et le
responsable de programmes. C'est le Responsable de programme qui est le chef de
file pour la préparation du budget, mais le DAF lui apportera un
concours méthodologique et logistique, ( cf. Schéma
11 annexe 9)
Pour d'autres fonctions telles que la gestion du personnel ou
la gestion immobilière, le dialogue de gestion est établit entre
les différentes entités. Toutes les dispositions sont
prévues dans l'acte portant charte de gestion.
En matière de suivi de la performance, la relation
entre le responsable de gestion et le chef du service des systèmes
d'information et des statistiques est essentielle pour répondre aux
enjeux de fiabilité, de délai et de pertinence des
données.
Les arrangements retenus entre les responsables de programme
et les directions de gestion des moyens peuvent être informels ou
formalisés par écrit, sous forme de délégation de
gestion par exemple. Cela peut concerner la plupart des fonctions de gestion, y
compris les fonctions d'ordonnateur, la passation des marchés, etc. Le
schéma 7 ci-dessous illustre un exemple de dialogue de gestion en
France.
Schéma 10 : Les axes du dialogue de gestion
horizontal et vertical
Ministre
Responsable de programme
Responsable de sous-programme
Entité
opérationnelle territoriale
D I A L
O
G
U
E
V
E
R
T
I
C
A
L
E
Ministre du budget
Ministre de la fonction publique Autres ministres Premier
ministre
|
|
DAF, DRH, DSI, autres directions d'administration centrale
Direction du budget (Finances)
Autres responsables de programmes Contrôle des
dépenses
|
|
Services déconcentrés Etablissements publics
Contrôle des dépenses
|
|
Services déconcentrés Etablissements publics
Contrôle des dépenses Usagers
|
|
DIALOGUE HORIZONTAL
46
Source : Banque Mondiale, Dialogue de Gestion et Pilotage de la
Performance, Guide méthodologique juin 2009 de la
IV.2.3. Les chartes de gestion
Les chartes de gestion constituent l'un des moyens
d'expliciter et de formaliser les règles du jeu entre les responsables
des programmes et les acteurs de mise en oeuvre des activités (services
centraux en charge des affaires financières, des ressources humaines et
de l'équipement, services déconcentrés,
établissements publics, contrôleurs des dépenses,
opérateurs).
D'autres supports peuvent avoir le même usage
(circulaire de cadrage du dialogue de gestion /ou de la gestion des programmes,
directive nationale d'orientation pour la gestion de la performance) ; ils sont
en général élaborés à l'échelle de
chaque ministère.
Les chartes de gestion (ou autres documents équivalents)
précisent ainsi :
? les espaces d'autonomie de chaque acteur (globalisation des
crédits et modalités d'exercice de la fongibilité, cadre
de gestion de la performance...) ;
? les espaces de responsabilité de chaque acteur
(programmation des activités,
engagements sur les objectifs ou sur certains délais de
procédure, compte-rendu, mise à disposition des
crédits...);
? les règles de circulation de l'information ;
? les supports, rendez-vous et échéances du
dialogue de gestion.
47
Certaines chartes sont ministérielles : elles
s'appliquent à l'ensemble du ministère, assurant ainsi une
certaine cohérence entre ses programmes. D'autres sont des chartes de
programme : elles formalisent le dialogue de gestion entre le responsable de
programme et les responsables opérationnels et précisent les
modalités de gestion propres au programme. L'exercice est parfois mixte,
une charte ministérielle pouvant être déclinée et
complétée pour chaque programme. Les chartes de gestion
possèdent les caractéristiques suivantes :
· Pluriannualité : leur révision sur un
cycle de 3 ans est souhaitable (révision durant le premier trimestre
l'année N, lors du bilan de la gestion de [N-1], des procédures
applicables en [N+1]).
· Pérennité : la stabilité de ce
document permet de constituer progressivement une synthèse des
règles de gestion utiles aux gestionnaires au quotidien, en capitalisant
les meilleures pratiques
· Simplicité: Elaboration d'une charte par
ministère (ce qui n'exclut pas des affinements par programme).
· Accessibilité et utilité pratique de
l'information
Dans le cadre du nouveau mode de gestion des finances
publiques, une charte de gestion est élaborée. Elle doit,
après sa validation, régir les relations entre les
différentes parties prenantes des ministères.
IV.2.4. Les outils du dialogue de gestion
IV.2.4.1.Les contrats
Le contrat de performance est la formalisation logique des
droits et obligations qui découlent du dialogue de gestion vertical, par
exemple entre un responsable de programme et une direction régionale du
ministère. C'est « un acte écrit, non juridique,
passé entre deux (ou plusieurs) parties, fixant les objectifs et les
obligations de chacune d'entre elles pour la période à venir
».
Le contrat est signé par chacune des parties,
effectivement ou bien tacitement, après qu'un accord explicite soit
intervenu à son sujet. En général, le contrat de
performance est annuel. Il détaille les objectifs
généraux, traduit ces objectifs en objectifs
opérationnels, et met en face les pouvoirs et les moyens fournis
à la direction considérée pour atteindre la performance
convenue. En retour, l'ensemble des contrats concernant toutes les directions
déconcentrées du ministère alimente le PAP soumis au
Parlement. Entre chaque direction déconcentrée et les services
qui la constituent, la contractualisation fonctionne de manière
analogue.
Le contrat de performance contribue à réduire
l'asymétrie de l'information existant généralement entre
le service actif et le service chargé de sa tutelle ou de son
encadrement hiérarchique.
Par la transparence et par le partage d»information qu'il
instaure et par le rôle qu'il oblige chacun des acteurs à jouer,
le contrat de performance fait évoluer les situations de partage de
l'information. Pour autant, il ne s'agit pas de tomber dans l'excès
inverse qui ferait remonter de la base des informations trop
détaillées, trop nombreuses, privant le service actif de sa
48
responsabilité de régulation interne. Le contrat
de performance doit trouver un équilibre judicieux entre ces
préoccupations et se concentrer sur les aspects importants.
En toute rigueur, le contrat souscrit par une unité
administrative doit contenir des engagements financiers et relatifs au
personnel strictement compatibles avec les autorisations des lois de finances.
Les services budgétaires des ministères et la direction du budget
doivent naturellement apporter leur validation.
IV.2.4.2. Le tableau de bord
Un tableau de bord est un ensemble d'indicateurs, financiers
ou non, qui se rapportent à une institution et qui sont destinés
au responsable de cette institution, ayant été également
sélectionnés par lui. Outil de lecture synthétique, global
et rapide, le tableau de bord est utilisé à des fins de mesure et
de maîtrise de la performance et a vocation aider le responsable à
prendre des décisions.
Il est caractérisé par la
sincérité des informations fournies, une lecture facile des
données en évolution des chiffres produits et une
régularité de production données statistiques.
IV.2.4.3. Le Pan de travail
Les plans de travail est un document qui permet de faire une
programmation de activités planifiées sur une période bien
déterminée. Généralement, il tient sur une
année mais peu parfois avoir un caractère pluriannuel.
Il retrace les activités à mener, les
indicateurs du suivi et le calendrier de réalisation de ces
activités.
IV.2.5. Les Contrôles a posteriori ciblés :
contrôle interne, audit et évaluation
IV.2.5.1.Validation/ certification
méthodologique des documents de performance et des résultats
La certification du Rapport Annuel de Performance se
déroule chaque année. Elle se traduit par un document joint au
RAP attestant de la sincérité des informations relatives à
la performance contenues dans le rapport et reprise dans le PAP. Le RAP
consolidé du ministère ne devrait pas être
communiqué à ses destinataires sans sa certification. Elle n'a
pas à se pencher sur l'expression de la stratégie ni sur le choix
des objectifs. Elle confirme ou infirme le caractère significatif des
écarts observés sur les données chiffrées.
La certification du RAP de l'année N-1 devra intervenir
dans un délai serré, durant l'année N, de sorte que le RAP
puisse servir pour l'élaboration du PAP N+1, dès le début
des conférences budgétaires concernant le budget de
l'année N+1. Entre la collecte et la synthèse des données
N-1, une fois cette année révolue, et le début des
conférences, les personnes chargées de la certification auront
peu de temps pour procéder à la certification. Elles devront par
conséquent se préparer à l'avance en procédant au
préalable aux investigations souhaitables.
49
IV.2.5.2.Contrôle interne
Comme le contrôle de gestion, dont il est proche, le
contrôle interne, traduit du terme anglais « internal control
», désigne des processus permanents, intégrés au
fonctionnement continu d'une institution. Il implique l'ensemble de ses cadres,
en vue de sécuriser certaines opérations. Il est actuellement
assuré par l'inspection générale des finances (IGF) et
l'inspection générale d'Etat (IGE).
a. L'IGF : depuis le 07 septembre 2011 par
un décret présidentiel, son champ de compétences a
été élargi au niveau institutionnel. Elle effectue les
missions de conseil, de vérification et des inspections et
d'enquêtes demandées par le MEF ou conjointement avec d'autres
ministères. Elle évalue également les performances des
structures du Ministère et des organismes sous-tutelle économique
et financière et suit le programme de lutte contre la fraude et la
corruption dans l'administration en liaison.
b. L'IGE, placée depuis le 13 avril
2012 par un décret présidentiel sous l'autorité du
Président de la République, elle assure le contrôle,
l'inspection et la promotion de la bonne gouvernance des administrations
publiques. Elle réalise des audits comptables et financiers.
c. Au delà de ces organismes précités, on
peut mentionner les corps de contrôle propres à chaque
ministère. Le travail de contrôle est coordonné entre les
différents acteurs par l'IGE.
IV.2.5.3. L'audit et l'évaluation
Les méthodes d'audit et d'évaluation des
programmes sont presque inexistantes. Les institutions de contrôle
interne et externe ne sont pas impliquées dans le processus de
réforme des finances publiques alors que les directives de l'UEMOA leur
confèrent des attributions et un rôle important en matière
d'évaluation des résultats de performance des programmes au
travers des PAP et des RAP (art. 50, 51 et 63 de la directive
06/2009/CM/UEMOA), incluant le contrôle de l'efficacité, de
l'efficience et l'économie des programmes. Dans la zone UEMOA, et
surtout en Côte d'Ivoire, aucun dispositif n'est envisagé pour le
contrôle interne et l'audit de performance des programmes.
L'audit et l'évaluation constituent en revanche des
interventions ponctuelles, aléatoires ou non. Il s'agit
de confier à des équipes spécialisées et
indépendantes, l'examen d'actions, de pratiques ou
d'organisations, en vue de formuler un jugement sur celles-ci,
dans une optique de conseil, aux fins d'une
amélioration de ces pratiques et organisations.
Ces notions d'audit et d'évaluation se recoupent
partiellement, d'autant qu'elles prennent des formes et des objets
variés, à la faveur du fort développement qu'elles
connaissent dans les administrations publiques, tout particulièrement
dans le cadre de la GBO.
En France, l'audit interne peut porter sur :
? la
régularité/fiabilité/sincérité/conformité
;
? l'efficacité et l'efficience (audit de performance) ;
? la qualité du management et du cadre organisationnel.
50
Son champ d'intervention est varié : tout ou partie
d'un ministère, d'un programme, d'un échelon administratif ou
d'un service, au niveau central ou déconcentré. Ses sujets le
sont tout autant : degré d'adéquation du cadre organisationnel de
l'entité auditée par rapport à ses missions, correcte
application des procédures, fiabilité et adéquation des
systèmes d'information, etc.
Décidée par le ministère concerné
et éventuellement d'autres ministères associés, la mission
d'audit est généralement conduite selon une
procédure contradictoire qui permet à
l'institution auditée de faire valoir ses observations et
réponses aux constats et recommandations des auditeurs. Elle aboutit
à un rapport comportant à la fois les analyses et conclusions de
l'équipe d'audit et les réponses de l'institution
concernée.
La création d'un comité d'audit
ministériel ou interministériel est préconisée afin
de valider les zones de risques et le programme d'audit en lien avec les
priorités de chaque ministère. Les compétences propres de
la Cour des Comptes restent intouchées et capitales ; elles se
définissent comme de l'audit externe, dans un cadre juridictionnel.
IV.2.5.4. L'audit de performance
L'audit de performance s'applique au système de suivi
de la performance d'un ministère dont il cherche à examiner
toutes les composantes, les procédures, les techniques, etc., afin de
découvrir les éventuelles insuffisances et de proposer des
mesures d'amélioration.
La qualité des programmes et des documents de
performance doit être auditée. Cet audit doit, entre autres,
porter sur :
? le périmètre des programmes, en s'assurant que
le responsable du programme est en situation d'en exercer le pilotage ;
? la pertinence des objectifs et des indicateurs de
performance, en s'assurant que les objectifs reflètent les politiques
publiques, que les indicateurs traduisent correctement le degré de
réalisation des objectifs et permettent un suivi de la performance ;
? la fiabilité des informations sur la performance.
Divers dispositifs sont envisageables pour conduire ce type
d'audit, un dispositif simple pour engager ce type d'exercice pourrait
être constitué d'une petite cellule interministérielle
travaillant sous la responsabilité de la Direction
Générale du Budget (DGB). Cet audit des projets et rapports
annuels de performance a pour but d'améliorer la qualité des
rapports, de développer un processus d'apprentissage interne et de
faciliter le dialogue sur la performance. Son esprit est totalement
différent d'un contrôle de
régularité40.
IV.2.5.5. Le contrôle externe
Cette partie examine l'audit externe à
l'exécutif et celui du Parlement en matière budgétaire.
Elle présente aussi les lois de règlement. Le contrôle est
procédé de la même façon qu'avant les
budgets-programmes. Il doit être assuré par le Parlement et la
Cour des comptes.
40 La directive 07/2009/CM/l'UEMOA précise
que les contrôleurs financiers évaluent a posteriori les
résultats et les performances des programmes. Cette disposition risque
de conduire à des confusions de fonction évitables.
51
Cependant la Cour des Compte n'existe pas encore dans les
dispositifs des directives de l'UEMOA et de la Constitution ivoirienne et aucun
dispositif ne l'envisage, bien que son rôle soit mentionné dans la
directive 06/2009/CM/UEMOA (art 51 et 63 et 75). Elle doit jouer un rôle
de premier plan dans l'évaluation de la performance et doit donc
être associée à la reforme en cours pour prendre en compte
les concepts, objectifs et enjeux.
IV.2.6. L'analyse des réalisations, source
d'objectivation du dialogue de gestion et ancrage du pilotage de la
performance
Si la déclinaison opérationnelle du programme et
de ses critères de performance, la définition et l'allocation des
ressources, ainsi que l'amélioration des conditions d'exécution
du programme sont au coeur du dialogue de gestion, l'analyse des
réalisations en est également une composante importante.
Il s'agit en effet de nourrir le dialogue de gestion
d'analyses objectives pour affiner progressivement le système
d'engagements réciproques entre responsables centraux et
régionaux, sectoriels et financiers, et améliorer graduellement
la qualité et l'efficacité de l'action administrative. Le suivi
et l'analyse des réalisations reposent sur deux types de processus et
d'outils :
? un processus de suivi en continu, au fil de la gestion, qui
se traduit par la production de tableaux de bord à destination des
responsables de programme et de sous-programmes, et par l'analyse des
écarts entre réalisations et objectifs (ou prévisions) ;
c'est ce que l'on appelle « contrôle de gestion » ;
? un examen plus approfondi mais ponctuel, portant sur un
segment de programme, sur une politique publique ou sur un secteur de
l'administration, et que l'on désigne par les termes « d'audit
» ou « d'évaluation ».
Les éclairages fournis par le contrôle de gestion
et par les audits / évaluations sur le fonctionnement des services et la
qualité des actions publiques sont avant tout destinés à
l'administration et bien sûr aux ministres concernés. Ce sont les
rapports annuels de performance (RAP), qui sont le pendant des PAP. La
tâche d'élaboration des RAP s'inscrit dans le dialogue de gestion
dont la conséquence est l'amélioration de la lisibilité et
de la transparence de l'action administrative.
IV.2.6.1. Un processus continu de suivi et d'analyse :
le contrôle de gestion et le contrôle financier
i. Le contrôle de gestion
Le contrôle de gestion n'est pas un contrôle !
Cette notion, qui traduit littéralement (et maladroitement) le terme
anglais de « management control » désigne en
réalité les outils et processus qui visent à mieux
maîtriser l'efficacité et l'efficience de la gestion d'une
institution, au fil des mois et des années. Il s'agit donc d'un
pilotage plus que d'un contrôle.
« Le contrôle de gestion est un dispositif qui vise
à alimenter et objectiver le dialogue de gestion entre les
différents niveaux d'une administration, en apportant les outils de
52
connaissance des activités, des coûts et des
résultats permettant d'améliorer le rapport entre les moyens
engagés et les résultats obtenus. »41
Les liens entre contrôle de gestion et dialogue de gestion
sont donc étroits. ? Organisation et positionnement
C'est une fonction organisée au niveau des
ministères et si possible aussi au niveau des programmes, voire, en
fonction des ressources disponibles (à moyen terme), au niveau des
principaux services opérationnels sur le terrain.
C'est généralement au secrétaire
général du ministère, qu'est rattachée la fonction
de contrôle de gestion. A défaut, elle est située
auprès du directeur chargé des affaires financières, mais
clairement identifiée au sein de ses services. Le contrôle de
gestion de programme sera naturellement placé auprès du
responsable de programme.
La création d'un petit état major auprès
du responsable de programme est fortement recommandée. En effet celui-ci
se voit attribuer de nouvelles tâches qui viennent s'ajouter à ses
responsabilités traditionnelles de chef d'un service d'administration
centrale ou déconcentrée, et il aura besoin, pour accomplir ces
nouvelles tâches, non seulement des prestations des services fonctionnels
mais aussi de collaborateurs dédiés au pilotage du programme et
au management par la performance (dissémination des stratégies et
objectifs, mise au point des cadres de performance, suivi, consolidation et
analyse des informations issues des services opérationnels) ; tel est
l'objet du contrôle de gestion à l'échelle du programme.
ii Le contrôle financier ou contrôle
budgétaire
Dans la directive 06 de l'UEMOA (art 69), les
contrôleurs financiers relèvent du MEF qui les nomme auprès
des ordonnateurs, ce qui constitue une innovation. Ils sont chargés des
contrôles à postériori des opérations
budgétaires.
? Le rôle du contrôleur financier au moment de la
programmation budgétaire ;
o Le contrôleur financier vise le document annuel de
programmation budgétaire initiale établi par chaque
ministère. Pour cela, il doit s'assurer de l'existence et de la
sincérité de la programmation et examine son caractère
soutenable, compte tenu d'éventuelles contraintes de régulation.
Ainsi, il doit prendre en compte la cohérence entre les moyens
demandés (crédits et emplois) et le scénario de gestion du
programme, et identifier les dépenses obligatoires.
? Le contrôleur financier lors du suivi de
d'exécution budgétaire ;
o En exécution budgétaire, le contrôleur
financier ne peut apposer de visa a priori que pour les mesures visant
à diminuer la réserve de crédits.
? Le contrôle des actes d'engagement de dépense
41 La démarche de performance :
stratégie, objectifs, indicateurs - Guide méthodologique pour
l'application de la loi organique relative aux lois de finances du 1er aout
2001, Paris, juin 2004.
53
Dans cette phase, le contrôleur financier n'a plus
vocation à être un contrôleur de la régularité
juridique des actes et n'a pas à exercer de contrôle juridique sur
des marchés, des subventions et des conventions. Cependant, il doit
être à mesure de contrôler efficacement la
soutenabilité des actes d'engagement de dépenses qui lui sont
transmis, afin de prévenir les risques budgétaires.
L'intensité du contrôle financier devra être adaptée
au degré de développement du contrôle interne de chaque
ministère et de la fiabilité de sa gestion.
IV.2.7. Formalisation annuelle des résultats : le
rapport annuel de performance
IV.2.7.1. Contenu, mode d'élaboration,
finalité
En première analyse, le rapport annuel de performance
(RAP) est au PAP ce que la loi de règlement est à la loi de
finances9. De même que les PAP accompagnent le projet de loi de finances
lors de sa présentation aux parlementaires, les RAP sont annexés
au projet de loi de règlement et rendent compte de la qualité de
l'exécution budgétaire en même temps que des
résultats en termes de performance.
Etant le pendant du PAP, le RAP est présenté
selon une structure identique afin de permettre le rapprochement des documents.
Le RAP expose donc, pour chaque programme, les activités et les
résultats, et surtout l'interprétation et l'analyse de ceux-ci :
explication des écarts entre objectifs et réalisations, poids du
contexte, nouveaux leviers d'action à mobiliser, etc. Il fournit donc
des éléments forts utiles à la préparation du
projet de performance suivant. C'est pourquoi il est souhaitable que le RAP du
budget n-1 soit disponible pour la préparation du budget n+1,
c'est-à-dire au plus tard en mai de l'année.
IV.2.7.2. Déclinaison du RAP dans la chaîne
de responsabilités ? Sous-programmes
On donnera les résultats par objectif et indicateur
selon un modèle analogue à celui du programme. Ces
résultats seront précédés d'un rapport
d'activité et d'un résumé des réalisations
budgétaires.
? Entités régionales
Le rapport de performance suivra le format du tableau de bord
adopté à ce niveau. Par exemple, pour un CRDA, le rapport de
performance donnera les résultats des indicateurs par programme (et,
dans certains cas, par sous-programmes). Ces résultats seront
précédés d'un rapport d'activité et d'un
résumé des réalisations budgétaires.
Pour résumé cette partie, nous dirons que le
processus de mise en oeuvre des CDMT en Côte d'Ivoire est en cours. Il a
commencé par cinq ministères techniques en 2010 et s'est
étendu à onze ministères en 2013.Au niveau de ces
secteurs, les programmes sont élaborés, mais leur
exécution pose problème du fait de la non désignation des
chefs de programmes et des autres acteurs subalternes.
Il système d'information pour élaborer et
exécuter le budget selon le format CDMT, la transposition des textes
relatifs aux lois de finances et le code de transparence, les actes
réglementaires subséquents tels l'arrêté sur la
nomenclature. Ce sont les DAF qui assument
leur fonction et d'ailleurs, il est difficile de distinguer la
gestion actuelle des programmes de celle des budgets de moyens. En plus
l'organisation des nouveaux métiers, tels que le contrôle interne,
le renforcement des capacités de tous acteurs de l'administration
publique ivoirienne, du Parlement et ceux de la Cour des Comptes qui doit
être créées sent des changements que doit apporter la mise
en oeuvre des CDMT.
En ce qui concerne le dialogue de gestion nécessaire
à l'exécution, n'est pas effectif dans la mesure où il est
conditionné à la mise en place effective des programmes avec
à la clé, la nomination de tous acteurs et la création de
toutes les conditions nécessaires à la mise en oeuvre de la
budgétisation par programme. Et d'ailleurs, selon une enquête de
l'UEMOA, seul le Sénégal a pu mettre oeuvre toutes
réformes consignées dans les directives de
l'UMOA42.
54
42 Wikhipédia.
55
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Dans les pays de l'UEMOA, et notamment en Côte d'Ivoire,
les critiques sur le faible impact des CDMT et budgets-programmes sur le
processus de préparation budgétaire et sur l'efficacité de
la dépense publique ne sont pas très surprenantes. Si des
instruments de programmation pluriannuelle y ont déjà
été introduits de manière ad hoc depuis une dizaine
d'années dans certains pays, et trois années en côte
d'Ivoire, ils ne se sont pas inscrits dans le cadre d'une véritable
réforme budgétaire axée sur les résultats.
Certaines faiblesses des processus de programmation à moyen terme
pourraient être corrigées par des améliorations
ponctuelles, comme l'amélioration du calendrier budgétaire ou la
prise en compte des rapports annuels de performance dans le processus
budgétaire. Cependant l'absence d'un cadre juridique approprié
qui a caractérisé jusqu'en 2009 les initiatives de CDMT et de
budgets-programmes dans les pays de l'UEMOA explique pour une large part que
ces instruments n'aient pas produit tous les résultats attendus.
S'ils sont élaborés de manière simple et
réaliste et en lien effectif avec les stratégies existantes, les
CDMT et budgets programmes ont un rôle essentiel à jouer pour
améliorer la qualité de la programmation budgétaire et
favoriser l'atteinte des objectifs nationaux de développement et des
OMD. En effet, les principaux effets des CDMT global et pluriannuel n'ont pas
encore eu lieu car plusieurs fondements de la gestion budgétaire
axée sur les résultats ne sont pas encore mis en place.
Au-delà des évaluations négatives dont
ils peuvent faire l'objet, les résultats des premières
expériences nationales dans la plupart des pays de l'UEMOA en
matière de CDMT et budgets-programmes méritent d'être
jugés, l'une d'une réforme budgétaire tout juste
initiée, qui n'a pas encore produit ses principaux effets. Ainsi, quatre
dimensions essentielles de ce mode de gestion budgétaire font
actuellement défaut aujourd'hui et limitent fortement
l'efficacité des CDMT et des budgets programmes dans la zone l'UEMOA et
plus particulièrement en Côte d'Ivoire, bien qu'elles sont
mentionnées dans la nouvelle directive: (i) la reconnaissance juridique
des documents et concepts de programmation axée sur les résultats
; (ii) la spécialité des crédits budgétaires par
programme ; (iii) la fongibilité des crédits à
l'intérieur des programmes ; (iv) la désignation de responsables
de programmes dont la responsabilité sur les résultats est
engagée, même s'il convient de noter que la directive ne
prévoit pas qu'il soit automatiquement ordonnateur
délégué et que l'engagement de sa responsabilité
n'est pas précisé et dépendra in fine de
l'évolution du statut de la fonction publique en Côte d'Ivoire.
La transposition de la nouvelle directive budgétaire
relative aux lois de finances (Directive 06/2009/ CM/UEMOA) adoptée en
juin 2009 par les Etats Membres de l'UEMOA marquera pour la Côte d'Ivoire
le début d'une véritable gestion budgétaire axée
sur les résultats, qui se caractérisera par plusieurs innovations
majeures qui auront un impact direct sur l'efficacité des instruments de
programmation budgétaire à moyen terme. Seul le
Sénégal a réussi à le faire, alors que cette
transposition nécessitera un délai significatif et
soulèvera des défis importants en termes de renforcement des
capacités et des dispositifs de contrôle tant des dépenses
publiques que des résultats de l'action gouvernementale. Plusieurs voies
sont
56
cependant possibles pour renforcer dès maintenant
l'efficacité des initiatives nationales dans le champ de la
programmation budgétaire à moyen terme et axée sur les
résultats, qui imposent de limiter le formalisme des outils pour se
concentrer sur leur opérationnalité, de relier les instruments
sectoriels isolés au processus budgétaire et de mieux aligner les
CDMT global et sectoriels et les DSRP.
Parmi les nombreuses avancées introduites par la
récente rénovation des processus budgétaires en zone UEMOA
(Imbert, 2009), les quatre dimensions précédemment citées
(cadre juridique adapté, spécialité des crédits par
programme, fongibilité des crédits à l'intérieur
des programmes, responsables de programmes jugés sur les
résultats) sont particulièrement susceptibles de renforcer le
rôle et l'opérationnalité des instruments de programmation
à moyen terme axés sur la performance.
Si les nouvelles dispositions de la directive de l'UEMOA
relative aux lois de finances sont susceptibles de renforcer
l'efficacité des CDMT en Côte d'Ivoire, la période de
transition est importante pour bien préparer la réforme, en
particulier pour ce qui concerne l'adoption des budgets-programmes triennaux
(DPPD), pour lesquelles un délai supplémentaire est prévu,
la date butoir étant fixée au 1er janvier 2017. Cette
période de transition devrait être mise à profit pour
améliorer les outils existants.
Il retenir que la mise en oeuvre des CDMT mentionnés
dans les nouvelles directives aura un impact sur la réforme
administrative, en redistribuant l'exercice des responsabilités entre
les acteurs de la chaîne budgétaire et comptable, et en incitant
à la réorganisation des structures administratives.
Le « responsable de programme » est l'acteur
clé de la future gestion publique. Désigné par le
ministre, il définit avec lui la stratégie du programme, et
élabore les objectifs stratégiques dans le PAP qu'il
établit. Il procède à la mise en oeuvre
opérationnelle du programme, notamment en conduisant le dialogue de
gestion le long de la chaîne de « responsabilité
managériale », avec les responsables de BOP et d'UO. Enfin, il
assure le pilotage et le suivi de la performance. L'exercice de «
responsabilité managériale » débouche sur un
rééquilibrage des compétences, notamment avec le DAF, le
DRH et les responsables de support de chaque ministère. Le DAF assure la
fonction de synthèse financière et à ce titre
prépare les arbitrages que le ministre est amené à
prononcer entre les programmes : le DRH doit concilier le cadre statutaire de
la fonction publique et la nécessité de garantir à chaque
RdP sa capacité de pilotage de la masse salariale.
La mise en oeuvre des CDMT va conduire le Gouvernement
ivoirien à adopter les modalités de contrôle
d'exécution du budget. Le contrôleur financier assure
désormais des fonctions de contrôle budgétaire et de
maîtrise de l'exécution de la loi de finances et de la
soutenabilité des programmes.
Enfin, la mise en oeuvre des CDMT contribuera à la
réforme de l'administration en situant son action dans les
stratégies ministérielles de réforme. Celle-ci portera sur
des réorganisations administratives majeures.
57
Comme recommandations, plusieurs pistes d'amélioration
des outils existants peuvent être envisagées pour renforcer leur
efficacité. Elles renvoient à trois objectifs précis : (i)
éviter le formalisme des outils et se concentrer sur leur
opérationnalité ; (ii) relier les travaux isolés au
processus budgétaire ; (iii) utiliser les CDMT et budgets-programmes
pour réduire la fracture entre Budget et Stratégies de
réduction de la pauvreté. Pour éviter le formalisme des
outils et se concentrer sur leur opérationnalité, trois
dispositions sont essentielles pour éviter que les budgets-programmes ne
constituent plus un exercice formel mais un véritable outil de
programmation, se sont :
? le réalisme des projections utilisées dans les
CDMT globaux et sectoriels doit être renforcé et la
cohérence entre ces documents doit être assurée.
? il est essentiel de mettre en place un dispositif de suivi
des dépenses par programmes, par l'introduction d'une classification
programme qui doit être paramétrée dans le système
d'informations budgétaire et comptable, ou à défaut par
l'élaboration de tableaux de passage et d'une nouvelle nomenclature
budgétaire.
? enfin, il est important de clarifier au niveau
ministériel les responsabilités des différentes structures
dans l'élaboration des CDMT sectoriels et des budgets programmes, en
particulier le rôle respectif des directions administratives
financières d'une part et des directions de la planification d'autre
part.
Comme toute réforme d'envergure, les CDMT doivent
être accompagnés d'un renforcement des capacités
nationales, à la fois en termes de ressources humaines et d'instruments.
En particulier, les cellules de programmation, de suivi et de formulation
doivent recevoir dans ce cadre une attention renforcée. Le
système informatique SIGFIP doit être adapté à la
gestion des budgets-programmes. Deux conditions devraient cependant être
remplies pour que les CDMT permettent réellement une meilleure
articulation entre le Budget et le DSRP, qui sont :
? premièrement, les CDMT sectoriels ou
ministériels doivent davantage prendre en compte les actions qui
figurent dans les Programmes d'Actions Prioritaires (PAP).
? deuxièmement, il faut développer les
dispositifs de suivi-évaluation des budgets-programmes (en particulier
la production des rapports annuels de performance par les ministères,
sur la base d'un nombre d'indicateurs par programme très limité
et pour lesquels l'information est disponible à faible coût) pour
alimenter et préparer le suivi de la mise en oeuvre du DSRP et du PAP et
ainsi éviter la duplication inutile des mécanismes de
reporting.
Le succès de l'approche préconisée pour
la gestion des politiques publiques et la programmation budgétaire
pluriannuelle exige un certain nombre d'éléments indispensables
qui sont entre autres :
? l'engagement du Chef de l'exécutif sur la
réforme. Le choix des ministres chargés de la coordination des
stratégies et des finances est crucial. Ils doivent être des
champions de réformes, et un réel consentant des
résultats. En effet, cela permettrait seulement de maintenir au
Gouvernement que des membres qui performent.
58
> la révision du cadre juridique et
réglementaire. Il est nécessaire pour l'adapter à la
réforme de gestion des finances publiques couvrant aussi bien la
programmation, que l'exécution, le contrôle, le reporting et la
responsabilité financière. Pour les pays hors UEMOA, la loi
organique relative aux lois de finances devra être révisée
pour intégrer ces réformes.
> le changement de culture de budgétisation.
Ceci nécessite une plus grande appropriation par les
ministères. Il doit y avoir une acceptation du caractère
contraignant de leurs enveloppes et programmes. Les interventions du Ministre
des finances se limitent à la détermination des enveloppes
sectorielles et au contrôle de la qualité de la dépense
sans arbitrer à l'intérieur des secteurs.
> de fortes capacités administratives.
Celles-ci sont particulièrement nécessaires pour les
fonctions de programmation, de suivi et d'évaluation dans les
ministères ainsi que de gestion des programmes. Ceci requiert d'avoir
une stratégie de renforcement de ces capacités. Ce qui inclut en
particulier des nominations à des fonctions basées sur le
mérite, de développer des programmes de formation, de mettre en
place des systèmes d'évaluation des performances, et des
incitations adéquates.
> un alignement des interventions des partenaires sur
les besoins de renforcement des capacités. Le Gouvernement devra
préparer un programme hiérarchisant ses priorités que les
partenaires peuvent soutenir aussi bien en termes de dialogue que de ressources
financières et techniques.
> une définition d'un nouveau circuit des
dépenses et recettes publiques eu égard à la
déconcentration de la fonction d'ordonnateur et envisager la
multiplicité des PGT auprès des ministères est
nécessaire ;
> il faut une réflexion aux problèmes
d'accumulation des arriérés de paiement qui peuvent entraver
l'exécution des programmes. Car les disponibilités de la
trésorerie peuvent être une contrainte additionnelle à la
mise en oeuvre des CDMT.
La Côte d'Ivoire doit impérative transposer
toutes les dispositions contenues dans les directives de l'UEMOA à
l'image du Sénégal si elle veut être au rendez-vous de
2017. Elle doit également prendre toutes les mesures (décrets ou
arrêtés ministériels) lui permettant d'assurer un
véritable dialogue de gestion.
Pour finir, il faut retenir que l'impact de la mise en oeuvre
des CDMT ne limitera pas seulement sur les structures de l'organisation
administrative. Il peut évidemment y avoir des impacts sur les relations
entre l'Etat, les citoyens, les contribuables et usagers.
a
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Whither MTEFs? -En anglais- Une discussion
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soumis au Parlement avec les documents Budgétaires
http://www.performancepublique.gouv.fr/fileadmin/medias/documents/ressources/PLF2009/
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l'usage des parlementaires, septembre 2005.
UEMOA, Directives du Nouveau Cadre
Harmonisé des Finances Publiques, mars-juin 2009.
ANNEXES
c
Annexe 1 Tableau 3 :Cadre des dépenses à
moyen terme
CADRES A MOYEN TERME
t-3
Réalisations
t-2
t-1
t
Budget
t+1
Projections
t+2
t+3
Cadre macro-économique à moyen
terme
Secteur réel (équilibre
emploi-ressources)
Secteur monétaire
Balance des paiements
Secteur privé et public non administratif
Tableau des opérations financières de
l'Etat (TOFE) prévisionnel
Recettes et dons
Dépenses totales
Personnel Biens et services
Intérêts
Transferts
Investissement
/ressources propres
/prêts-dons-projets
Déficit/surplus
Financement
CDMT global (ou cadre budgétaire
à moyen terme -CBMT)
Tourisme et Artisanat
Personnel
Biens, services et transferts
Investissement
/ressources propres
/prêts-dons-projets
Défense
Personnel
Biens, services et transferts
Investissement
/ressources propres
/prêts-dons-projets
Éducation nationale
Personnel
Investissement
/ressources propres
/prêts-dons-projets
Etc
Biens, services et transferts
Administration
générale
Personnel
Biens, services et transferts
Investissement
/ressources propres
/prêts-dons-projets
Enseignement primaire
Personnel
Biens, services et transferts
Investissement
/ressources propres
/prêts-dons-projets
Enseignement secondaire
Personnel
Biens, services et transferts
Investissement
/ressources propres
/prêts-dons-projets
Etc.
Source : guide méthodologique de CI 2011
d
Annexe 2 Encadré 3: Les documents de programmation
et de performance
I Le document de programmation budgétaire et
économique pluriannuelle (DPBEP)
Article 52 de la directive 06/2009 de l'UEMOA
Le projet de loi de finances de l'année est
élaboré par référence à un document de
programmation budgétaire et économique pluriannuelle couvrant une
période minimale de trois ans.
Sur la base d'hypothèses économiques
précises et justifiées, le document de programmation
budgétaire et économique pluriannuelle évalue le niveau
global des recettes attendues de l'État, décomposées par
grande catégorie d'impôts et de taxes et les dépenses
budgétaires décomposées par grande catégorie de
dépenses.
Ce document de programmation budgétaire et
économique pluriannuelle évalue également
l'évolution de l'ensemble des ressources, des charges et de la dette du
secteur public en détaillant en particulier les catégories
d'organismes publics visées à l'article 55 de la présente
Directive.
Il prévoit la situation financière des
entreprises publiques sur la période considérée et,
éventuellement, les concours que l'État peut leur accorder. Il
fixe enfin les objectifs d'équilibre budgétaire et financier sur
le moyen terme en application des dispositions du Pacte de convergence, de
stabilité, de croissance et de solidarité
II Document de Programmation Pluriannuelle des
Dépenses (DPPD), Projet Annuel de
Performance (PAP) et Rapport Annuel de Performance
(RAP) Directive 06/2009/CM/UEMOA
1. Les DPPD (article 53)
Les programmes s'inscrivent dans des documents de
programmation pluriannuelle des dépenses par ministères, budgets
annexes et comptes spéciaux cohérents avec le document de
programmation budgétaire et économique pluriannuelle visé
à l'article 52 de la présente Directive. Les documents de
programmation pluriannuelle des dépenses prévoient, pour une
période minimale de trois ans, à titre indicatif,
l'évolution des crédits et des résultats attendus sur
chaque programme en fonction des objectifs poursuivis.
2. Les PAP (extrait de l'article 46)
La loi de finances de l'année est accompagnée
(...) d'annexes explicatives:
1. développant pour l'année en cours et
l'année considérée, par programme ou par dotation, le
montant des crédits présentés par nature de
dépense. Ces annexes sont accompagnées du projet annuel de
performance de chaque programme qui précise :
la présentation de chacune des actions et de chacun
des projets prévus par le programme, des coûts associés,
des objectifs poursuivis, des résultats obtenus et attendus pour les
années à venir mesurés par des indicateurs de performance
;
la justification de l'évolution des crédits par
rapport aux dépenses effectives de l'année antérieure ;
l'échéancier des crédits de paiement associés aux
autorisations d'engagement ;
par catégorie d'emploi, la répartition
prévisionnelle des emplois rémunérés par
l'État et la justification des variations par rapport à la
situation existante.
3. Les RAP (extraits des articles 50 et 51)
Article 50. La loi de règlement est
accompagnée : des rapports annuels de performance par
programme rendant compte de leur gestion et de leurs
résultats
Article 51. La Cour des comptes donne son
avis sur le système de contrôle interne et le dispositif de
contrôle de gestion, sur la qualité des procédures
comptables et des comptes ainsi que sur les rapports annuels de performance.
Cet avis est accompagné de recommandations sur les améliorations
souhaitables.
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Source : Guide méthodologique de CI 2011
e
Annexe 3 : Encadré 4 : CDMT global par division de
la CFAP et grande nature économique
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t-3
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t-1
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t+1
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t+2
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t-2
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t+3
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Total géneral (cf.TOFE)
Personnel
Biens, services et transferts
Intérêts
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Réalisations
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t
Budget
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Projection
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Investissement
Services généraux des administrations
publiques
Personnel
Biens, services et transferts
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Intérêts
Investissement
Défense
Personnel
Biens, services et transferts
Intérêts
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Investissement
Ordre et sécurité publics
Personnel
Biens, services et transferts
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Intérêts
Investissement
Affaires économiques
Personnel
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Biens, services et transferts
Investissement
Protection de l'environnement
Personnel
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Biens, services et transferts
Investissement
Logement et équipements collectifs
Personnel
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Biens, services et transferts
Investissement
Santé
Personnel
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Biens, services et transferts
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Biens, services et transferts
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Investissement
Loisirs, culture et culte
Personnel
Investissement
Education
Personnel
Biens, services et transferts
Investissement
Protection sociale
Personnel
Biens, services et transferts
Investissement
Ce CDMT global par fonction peut compléter le CDMT global
de cadrage par ministère présenté dans l'encadré 6,
mais il ne s'y substitue pas.
Annexe 4 Tableau 4: TOFE et CDMT global Mode de
présentation dans le DPBEP Annexe 5 Tableau 5: Dépenses et
ressources d'un ministère et des entités sous tutelle
présentation consolidée
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DPBEP soumis au DOB de juin
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DPBEP annexé au
projet de loi de finances
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TOFE
prévisionnel
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TOFE compris dans le DPBEP
dès 2012 (cf. directive 06/2009/CM/UEMOA)
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TOFE compris dans le DPBEP dès 2012 (cf. directive
06/2009/CM/UEMOA
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CDMT global présenté par fonction
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CDMT global par fonction compris dans le DPBEP dès 2012
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CDMT global par
fonction compris dans le DPBEP dès 2012
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CDMT global présenté par ministère
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CDMT global par
ministère compris
dans le DPBEP,
lorsque tous les
ministères auront préparé un CDMT
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Annexe 6 : Tableau 6 : CDMT du Ministère,
dépenses par
Unité monétaire
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t-3 t-2 t-1
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t
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t+1
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t+2 t+
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Réalisations
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Budg
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Projections
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Dépenses totales
Programmes administrations Programmes Programmes Etc.
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Dans la phase pilotes, CDMT global par ministère
non compris dans le DPBEP
l'Exécutif
Toutefois, un CDMT global par ministère doit aussi
être préparé de manière interne à
pour cadrer le budget et les CDMT
Unité
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t-3
|
t-2
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t-1
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t
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t+1
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t+2
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t+3
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Réalisation
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Budget
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Projection
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Opérations consolidées
Dépenses
Personnel
Biens et services
Transferts (1)
Investissement
Ressources
Financement intérieur budgétaire
Ress. propres des EPN
Dons projets
Prêts projets
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Budget de l'Etat et dépenses sur financement
Dépenses
Personnel
Biens et services
Transferts
dont aux EPN
Investissement
dont extra-budgétaires
(2)
Ressources
Financement intérieur budgétaire
Dons projets
dont extra-budgétaires
(2)
Emprunts projets
dont extra-budgétaires
(2)
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extérieur
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à intégrer
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(2)
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EPN
Dépenses des EPN
Personnel
Biens et services
Investissement
Ressources
Transfert du budget de l'Etat
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Ress. Ressources propres propres des EPNdes
(1) Y compris transferts aux EPN
(2) Certaines dépenses sur financement
extérieur ne sont pas inscrites dans le budget de l'Etat, il
conviendra de procéder à leur intégration dans le budget
de l'Etat. Dans l'immédiat elles seront inscrites dans les
CDMT sous une ligne spécifique
Source : Guide méthodologique de CI 2O11
Annexe 7 Tableau 7 : Les arbitrages
Préparation du budget de l'année t+1 et du
CDMT t+1 à t+3
Parlement
STRATEGIES
NATIONALES
Rapports
de suivi
CDMT t à t+2
Stratégies sectorielles
Conférences PIP
Mai
DOB
4e semaine juin
Circulaire
budgétaire
Finalisation
Conseil des ministres
Vote
Propositions pour
changements (+/-)
Période t+1 à t+3
Proposition ministérielle initiale
Avant-projets de budget t+1
et de CDMT t+1 à t+3
Ministères sectoriels Ministère des
finances
Avant-projets de budget
et CDMTfinalisés
Projection de référence
t+1 à t+3
Conseil des
ministres
Examen DPBEP et CDMT
global
Plafonds de dépense par
ministère
fin mai-début juin
Min Fin-Ministères sectoriels.
Conférences budgétaires
Estimation de la marge
de manoeuvre
Projet de DPBEP et
CDMT global t+1 à t+3
Cadre macro-éco
TOFE t+1 à t+3
DPBEP y.c. CDMT global par
fonction
Ministère du
plan
Projet de budget
DPBEP
CDMT
Annexe 8 Tableau 8 : Construction des
projections
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Unité: ....
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t-3
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t-2
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t-1
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t
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t+1
|
t+2
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t+3
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Réalisations
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Budget
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Proj. de
référence
|
Changements
(-)
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(+)
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DPPD
|
Proj. de
référence
|
Changements
|
DPPD
|
Proj. de
référence
|
Changements
|
DPPD
|
(-)
|
(+)
|
(-)
|
(+)
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Dépenses du budget
Personnel
Biens et services Transferts dont
aux EPN Investissement sur ressources
internes sur dons-projets sur
prêts-projets
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Source : Guide méthodologique de CI 2001
Le RBOP en liaison avec le RdP
Schéma 12 :
SUPPORTS
· Le BOP avec toutes les composantes
· Dialogue de gestion
· Charte de gestion
· Programmation
d'activités
SUPPORTS
· Tableaux de bord
(crédits, performance...)
· Compte-rendu de gestion
· Délégation de gestion
· Reprogrammation des activités
h
Annexe 9 : SCHEMAS 11 à 14 : EXPLICANT EN DETAIL
LE DIALOGUE DE
Schéma 11 :
Le RdP en liaison avec le DAF et le DRH
· Rédige le PAP
· Définit les objectifs, les indicateurs,
les crédits du programmes
· Effectue la segmentation du programme en BOP
:
· Périmètre, objectifs et indicateurs des
BOP
· Identification des responsables de BO
· Définit la charte de gestion du
programme
· Règles de gestion des BOP
· Modalités et instances du dialogue de gestion
· Outils de gestion et d'aide à la
décision(tableaux de bord...)
· Approuve les projets de BOP
· Répartit les crédits et les
personnels entre les BOP
· Sur un programme, il enregistre la
réserve de précaution et prévoit la réserve pour
les aléas
EXECUTION
· Assure le pilotage stratégique de
l'exécution du programme budgétaire :
· Anime le dialogue de gestion avec les RBOP
· Analyse des résultats et réorientations
stratégiques (le cas échéant)
· Procède au suivi et à la comparaison de
la performance
· Suit et contrôle l'exécution
budgétaire du programme :
· Délègue les crédits aux BOP
· Décide de l'utilisation des réserves
· Définit les règles d'utilisation des
marges de manoeuvre dégagées dans les BOP
· Enregistre, valide le redéploiement des
crédits au titre de la fongibilité ou des procédures
budgétaires (virements...)
· Rédige le RAP
· Analyse les résultats de l'année
COMPTE RENDU
PREPARATION
SUPPORTS
· Conférences
budgétaires
· PIB
· Charte de gestion à
SUPPORTS
· Contrats de service avec des
opérateurs
et/ou directeurs
partenaires
· Référence
d'activités
· Tableaux de bord de gestion (suivi des
crédits et performance)
· Comptes-rendus de gestion des RBOP
· INDIA
l'attention des BOP
PREPARATION
· Décline les objectifs de performance, ,
les indicateurs, les crédits au niveau du BOP
· Définit les objectifs complémentaires du
BOP
· Eventuellement, contractualise avec les UO
· Effectue la segmentation du BOP en UO (en
liaison avec le Préfet au niveau territorial) :
· Identifie des RUO (en liaison avec le
Préfet)
· Périmètre, objectifs et indicateurs des
UO
· Propose une programmation des activités
au regard de la programmation budgétaire (par action et par
titre)
· Répartit la dotation budgétaire
entre les UO
· Peut prévoit la réserve les
aléas au BOP
EXECUTION
· Assure le pilotage du BOP :
· Anime le dialogue de gestion avec les UO
· Analyse des résultats et réorientations des
plans stratégiques (le cas échéant)
· Rend des comptes au RdP et au Préfet (pour les BOP
décentralisés)
· Suit et contrôle l'exécution
budgétaire du BOP :
· Repartit les moyens et délègue les
crédits aux UO
· Décide de l'utilisation des réserves pour
les aléas
· Définit les règles d'utilisation des marges
de manoeuvre dégagées dans les UO
· Initialise le redéploiement des crédits au
titre de la fongibilité
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COMPTE RENDU
· Rédige le Bilan du BOP
· Analyse les résultats de l'année
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Schéma 13 :
Le RUO en liaison avec le RBOP
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PREPARATION
· Participe à l'élaboration du
BOP
· Définit les modalités de mise en
oeuvre du plan d'actions avec le RBOP (activités et leviers d'actions
pour l'atteinte des objectifs de performance)
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SUPPORTS
· Schéma
d'organisation financière
· Programmation financière des
activités
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EXECUTION
· Met en oeuvre les activités au niveau de
l'UO
· Utilise les moyens budgétaires
· Est ordonnateur ou ordonnateur
délégué
· Engage, liquide et ordonnance/mandate
· Fait remonter les informations au RBOP ou au
délégant de gestion
· Compte-rendu intermédiaire de gestion
· Dialogue de gestion
· Communique les résultats de sa gestion au RBOP et
Préfet (dans le cas d'UO en déconcentrés) en vue de la
préparation du RAP
|
SUPPORTS
· Charte de gestion
· Référence
d'activités
· Tableaux de bord (es crédits et
performance)
· Comptes-rendus de gestion des RBOP
· Délégation de gestion
|
|
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COMPTE RENDU
· Rédige le Bilan de l'UO
· Analyse les résultats de l'année
|
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Schéma 14 :
LE PREFET
· Garant de la coordination et de la
cohérence des politiques publiques au niveau territorial
(CAR)
· Associé à l'élaboration du
BOP en déconcentré :
· S'assure de la prise en compte des objectifs et des
indicateurs
· Donne son avis sur le projet de BOP pour les missions
relevant de son autorité (décret du 29 avril 2004 en France)
· Procède à la
délégation des signatures au RBOP et RUO pour mise en
oeuvre du schéma d'organisation financière
· Garant de la mesure des
résultats
· Décret du 29/04/05 et Circulaire du 28/07/06
· La préparation des BOP nécessite un
dialogue de gestion territorial avec le préfet de région
et de département
· Le préfet de région garant de la
cohérence des BOP au niveau déconcentré a vocation
à animer ce dialogue et émet un avis avant transmission
au RdP (éventuellement après passage en CAR pour les BOP
considérés à « enjeu » par le préfet de
région)
· Transmission au préfet des BOP hors de
compétence du préfet pour information
i
Source : La gestion financière en mode LOLF,
1er trimestre 2009
A