2. DESCRIPTION DU CORPUS
a. Les énoncés
i. Les énoncés et programme
Notons, en rappel, que l'énoncé »
correspond à l'opinion, à la partie informative et fait
référence aux différents centres d'intérêt du
programme. C'est pourquoi, en principe, les thèmes convoqués dans
les énoncés de notre corpus ne sont pas étrangers aux
candidats au Brevet de Fin d'Etudes Moyennes (BFEM) puisqu'ils sont
supposés avoir été assimilés à travers les
différentes activités de classe. En effet, les
éléments informatifs contenus dans les énoncés de
notre corpus sont supposés évaluer par écrit, à la
fois, la maitrise des connaissances culturelles, sociales et même
économiques acquises par les candidats. A ce niveau, l'évaluation
des thèmes contenus dans les différents centres
d'intérêt, vise la capacité des élèves
à mobiliser des connaissances et à les réinvestir dans la
production des types de textes prévus par les programmes de
français des collèges d'enseignement moyen.
En effet, selon ces programmes, « l'étude de
textes permet à l'élève, par la lecture bien comprise, de
découvrir les différentes utilisations possibles de la langue.
Elle prépare,
2 Les programmes de français au cycle moyen,
(6è - 3), Rép. Du Senegal, 2008
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par conséquent, à l'expression écrite
à travers les activités qui révèlent les
mécanismes de fonctionnement de la langue ». En outre,
précise le législateur, « les textes véhiculent
des contenus variés et utiles pour installer des compétences
culturelles chez l'élève. C'est pourquoi, pour favoriser ce
nécessaire dialogue des cultures, les textes à étudier
seront choisis dans un large éventail de pays, d'époques, de
cultures et de civilisations.
On donnera notamment la priorité aux textes
vivants, dialogués, émouvants ou qui donnent à
réfléchir et dont l'étude débouchera sur la
déclamation, la récitation, les jeux de rôle et la
production d'autres écrits [...] Une telle pédagogie du
français repose sur une conception globale de l'apprentissage : les
matières et les activités de la classe de français sont
complémentaires. En effet, l'étude de la langue permet de
renforcer l'étude des textes qui, elle-même, sert de base à
l'apprentissage de l'écrit et fournit les supports de la
récitation, par exemple. »3
Qu'en est -il exactement de nos sujets? Que
révèle une observation plus attentive des énoncés
en question ? Y a-t-il conformité entre les centres
d'intérêt du programme et ceux évalués dans
l'échantillon ? Que révèle la comparaison des
thèmes prévus et ceux évalués en dix ans ?
Un premier constat s'impose : des huit (08) centres
d'intérêt inscrits au programme de français4,
seuls six (6) ont retenu l'attention des concepteurs d'épreuves de
dissertation. Ainsi, on retrouve les centres d'intérêt suivants
dans les sujets de la période concernée :
- La jeunesse face à son destin : angoisses et
espérances ;
- le dépassement de soi par l'action, le métier
et la création ; - les échanges humains
- progrès du monde moderne ;
- L'envers du monde moderne, les exclus, les marginaux - Le
respect de la différence, visages de femmes
Par conséquent, depuis plus d'une décennie,
aucun des thèmes relevant des deux derniers centres
d'intérêt « Héritages culturels africains et
apports extérieurs et Mythologies,
3 idem
4 Le nombre de centres d'intérêt fait
référence au programme de français de 1998. Ils passent de
huit à six dans le programme de 2010, les thèmes
«L'envers du monde moderne, les exclus, les marginaux et le respect de
la différence, visages de femmes » ayant été
supprimés.
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Mythes modernes et visions du Futur » n'a
été évalué une seule fois au BFEM, bien qu'ils
soient inscrits au programme de français. Ainsi des thèmes, aussi
intéressants et importants les uns que les autres, sont laissés
de côté. Il s'agit de «Aspects de la culture africaine :
l'Egypte nègre ; les civilisations traditionnelles africaines, prise de
conscience des valeurs africaines : apports extérieurs / civilisation de
l'Universel » ou « Mythologies d'Afrique et du monde :
survivance des mythes (Temps et espace) ; le héros légendaire (le
cow-boy, le justicier moderne...) ou les visions du futur ».
Or cette évaluation certificative, faut- il le
rappeler, va renseigner sur le profil de sortie de jeunes
sénégalais et africains confrontés aux influences et
modifications du monde moderne. Elle va induire un certain nombre de
décisions qui vont influencer de façon significative
l'orientation de la vie de ces jeunes sans que l'on ne puisse dire, au constat
des lacunes constatées plus haut, s'ils sont suffisamment
préparés à analyser et à comprendre toutes les
grandes transformations auxquelles est soumis notre monde. Se connaitre et
s'enraciner avant de s'ouvrir aux apports fécondants de l'autre,
voilà ce que ces générations risquent de ne pas apprendre
au collège.
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