Les conflits armés en Afrique subsaharienne, un défi pour la communauté internationale( Télécharger le fichier original )par Simplice FEIKOUMO Centre d'études diplomatiques et stratégiques de Paris - Master d'études diplomatiques supérieures 2012 |
TROISIEME PARTIE :LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE FACE AUX CONFLITS ARMES EN AFRIQUE : MOBILISATION ET ACTIONSCHAPITRE V : Le maintien de la paix et de la sécuritéFace à la propagation des conflits armés sur le continent africain, les organisations sous régionales et régionales africaines se sont mobilisées pour des mesures à prendre, afin de trouver des solutions au problème de la paix et de la sécurité dans la région. Instruments de coopération et d'échange, ces organisations qui ont juridiction sur différentes parties du continent168 : Afrique Centrale, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale(CEMAC), Afrique de l'Ouest, la Communauté Economiques des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine(UEMOA), en Afrique Australe, la « South African Development Community »,entendons Communauté de Développement d'Afrique Australe (SADC) en Afrique de l'Est, l' « Intergovernmental Authority on Development », Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD), y compris la Communauté des Etats Sahélo-sahariens (CENSAD). Sous les auspices de l'UA et des Etats membres, toutes ces organisations ont défini des stratégies communes et globales, capables de s'adapter aux structures existantes afin de circonscrire la crise que traverse leur continent. Malheureusement, les faiblesses d'ordre structurel, l'insuffisance des moyens logistiques, techniques et financiers enfreignent la capacité et la volonté des ces pays à sortir de la situation169. La mutation politique intervenue en Europe de l'Est depuis le démantèlement du bloc communiste, a modifié l'attitude de certains pays occidentaux vis-à-vis de l'Afrique subsaharienne, laquelle n'est pas considérée comme partenaire stratégique. ________________________________________________ 168- Carte des organisations régionales en Afrique, http://www.diplomaweb.com 169- Eric G.BERMAN et Katie E. SAMS, le maintien de la paix en Afrique, www.unidir.com Cette réserve qui n'a toutefois pas empêché les pays du Nord à se pencher sur la question d'ordre sécuritaire en Afrique, a permis aux organisations des pays riches telles le Groupe des Huit (G8), l'Union Européenne (UE), l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), de mettre en place de vastes programmes visant à promouvoir la paix et à la stabiliser sur le continent, sachant qu'une Afrique instable, est une menace à la paix et à la sécurité internationales. Ces programmes, variés et diversifiés dans des domaines précis, contribuent à apporter un soutien conséquent aux pays en conflit par le biais des organismes accrédités. Pour sa part, l'ONU n'est pas du reste ; avec la participation de ses organes et institutions spécialisés, elle porte une attention particulière à la situation des conflits qui prévaut en Afrique subsaharienne. Pour atteindre les objectifs escomptés, chaque acteur intervient dans son domaine, définit ses priorités et déroule son plan d'action qu'il intègre dans le plan global des missions qui se déploient sur le terrain. La politique et le voeu de tous, sont de s'attaquer aux racines des maux qui gangrènent l'Afrique, facteurs favorisant les tensions qui conduisent aux conflits. De manière pratique, il s'agit pour ces acteurs de s'impliquer dans la gestion des crises violentes qui secouent le continent, en apportant un appui substantiel en amont pour réduire le risque des conflits et, tout au long du processus pour en atténuer les effets afin d'obtenir en aval, un capital de stabilité et de sécurité, viable pour le développement économique et social du continent. 5.1. Les initiatives africainesA sa naissance, aucune organisation régionale ou sous régionale africaine n'a la vocation de gérer une crise violente sinon un conflit armé intra ou inter étatique, qui surviendrait sur le continent. Pour les Etats parties, le but qui les conduit à la mise en place d'une organisation, est d'abord de promouvoir le développement de leurs pays et le bien-être de leurs peuples, de promouvoir la coopération entre Etats dans divers domaines. Cependant, en présence de multiples zones de tension qui se créent sur le continent au début des années 90, la propagation et la ramification des conflits mais surtout, la prudence affichée du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) 170, en matière d'intervention dans les conflits armés en Afrique, les Etats africains ont décidé d'inventer des mécanismes nouveaux pour la gestion des crises.________________________________________________ 170- Eric G.BERMAN et Katie E. SAMS, le maintien de la paix en Afrique, www.unidir.com 5.1.1. Le cadre juridiqueSe substituant à l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 2002, l'Union Africaine (UA) se positionne comme un nouvel instrument d'intégration africaine. Prenant en compte les faiblesses attribuées à l'OUA qui a d'ailleurs créé dès 1993, le mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits171, la nouvelle organisation s'attribue une ambition en matière de coopération, d'intégration économique et social entre les pays africains; elle s'attribue aussi la mission de « promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent».172 Partant de son principe, à l'unité et à la prospérité, l'UA accorde une attention particulière aux questions de paix, de sécurité et des droits de l'homme dans un Etat respectueux de la démocratie. C'est ainsi qu'on assiste à la « mise en place d'une politique de défense commune pour le continent africain » ou encore « l'interdiction de recourir à l'usage de la force entre les Etats membres de l'Union ». L'UA affiche aussi le principe de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures d'un pays ; toutefois, en présence des actes portant gravement atteinte à la vie de l'homme tels que génocide, crimes de guerre, crimes contre l'humanité, l'UA pourrait intervenir à la demande des Etats membres.173 Pour atteindre ses objectifs, l'UA se dote du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) dont la mission principale est de construire « un système de sécurité collective et d'alerte rapide »174 et du système continental d'alerte. ______________________________________________ 171- L'application du Chapitre 8 de la Charte des Nations Unies s'est traduite sur le continent africain par un désengagement de l' ONU. En vertu de ce chapitre, le Conseil de sécurité peut utiliser les organisations régionales pour maintenir la paix et la sécurité internationales, qui reste toutefois de sa principale responsabilité. Il a par contre limité sa coopération avec les organisations régionales africaines à un appui logistique et financier, comme l'a montré son effacement dans la gestion des conflits au Libéria, au Rwanda, au Burundi et son désengagement en Somalie. Le maintien de la paix en Afrique, www.unidir.com 172- Dominique BANGOURA, article 3 du traité constitutif de l'UA, l'Union africaine face aux enjeux de la paix, de sécurité et de défense, projet de recherche de l'OPSA, Paris, avril 2002. 173- Article 4 du traité de l'UA ; 174- Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine, Article 12 du Protocole. www.africa-union.org A l'instar de l'OUA, la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDAO) modifie son mandat jadis lié au développement, pour l'élargir à la gestion des conflits armés ; ainsi, elle se dote d'un mécanisme institutionnel175 approprié, pour gérer les crises dans la sous région. Précisons que l'organisation a déjà institué un moratoire sur l'importation des armes légères en Afrique de l'Ouest dès 1998176. |
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