1.2.1.4. L'épargne financière
semi-formelle
Le secteur financier semi-formel fourni des services
financiers aux ménages et aux petites entreprises qui n'ont pas
accès aux services financiers du secteur formel. Ce secteur comprend des
organismes qui, bien que légalement constitués, ne sont pas
réglementés au même titre que les banques. Le secteur
semi-formel offre toutefois un grand potentiel pour mobiliser davantage
l'épargne dans la région. En effet, si les organismes du secteur
semi-formel parviennent à proposer des instruments d'épargne
sûrs et raisonnablement liquides qui procurent des rendements positifs
à un grand nombre de ménages, il pourrait y avoir une
augmentation substantielle de l'épargne financière utilisable
pour
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
des investissements productifs en raison de la
réaffectation d'actifs financiers et non financiers actuellement
détenus dans le secteur informel.
1.2.2. L'épargne des entreprises
L'épargne des entreprises attire beaucoup moins
l'attention que l'épargne des ménages et elle reste
généralement mal connue, notamment dans les pays en
développement. Comme les entreprises ont souvent un excédent
d'épargne qui n'est pas suffisant pour couvrir le montant de leurs
investissements, elles sont obligées d'emprunter. L'épargne des
entreprises est sensible à la conjoncture et aux modalités du
partage de la valeur ajoutée entre les salaires, les
intérêts de la dette, les dividendes versés aux
actionnaires et la part versée aux administrations publiques. Elle est
plus élevée en période d'expansion qu'en période de
récession. Les variations de l'épargne des entreprises
contribuent à amortir les cycles conjoncturels.
L'épargne des entreprises tend à diminuer
lorsque les parts des salaires, de la fiscalité et de la
rémunération des éléments du passif des entreprises
(intérêts des dettes et dividendes) deviennent relativement plus
importantes. Dans la plupart des pays africains, les données
nécessaires pour désagréger l'épargne privée
en épargne des ménages et épargne des entreprises
n'existent pas. Cette situation constitue un frein non seulement à la
croissance des entreprises, mais aussi au développement du secteur
financier.
1.2.3. L'épargne publique
Les ressources du secteur public ont, par rapport à
l'épargne privée, un rôle distinct et
complémentaire. L'épargne publique finance les investissements
à long terme et les besoins auxquels elle pourvoie sont immenses dans la
plupart des pays en développement. Étant donné que
l'impôt représente la quasi-totalité des recettes publiques
dans la plupart de ces pays, une augmentation des recettes fiscales peut aider
de façon significative à mobiliser davantage de ressources
intérieures, à condition de ne pas décourager, dans le
même temps, l'initiative privée. Les recettes publiques doivent
être mobilisées de telle manière que les acteurs du secteur
privé restent incités à entreprendre et à
épargner, et les objectifs d'un système fiscal optimal devraient
être l'équité, l'efficacité et la simplicité
administrative (Thirlwall, 2003).
9
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Le faible niveau de recettes fiscales dénote une
relative faiblesse d'action de l'État envers certaines catégories
de la société. Souvent, la capacité contributive est
généralement fortement concentrée sur un petit nombre de
particuliers et d'entreprises, qui parviennent quelque fois à
s'échapper à l'impôt grâce à leur pouvoir ou
à leur influence. Les grandes entreprises utilisent leur influence et
leurs relations avec les autorités pour échapper à
l'impôt, et les petites entreprises se soustraient à l'impôt
en restant dans le secteur informel (Gauthier et Reinikka, 2006). La
majorité de la population, même si elle n'a guère de
pouvoir politique ni d'influence, a en général une faible
capacité contributive qu'il est d'ailleurs coûteux de chercher
à mobiliser, en particulier dans les zones rurales.
Section 2 : Cadre historique et niveau
d'épargne de l'UEMOA 2.1. Cadre historique
Au lendemain de leur accession à l'indépendance,
six pays de l'Afrique Occidentale membres de la Zone Franc - Bénin
(alors Dahomey), Burkina Faso (alors Haute Volta), Côte d'Ivoire, Niger,
Sénégal et Togo (en 1963) - ont créé, le 12
mai 1962, l'Union monétaire Ouest-Africaine (UMOA). Le Mali n'a
adhéré à l'UMOA qu'en juin 1984, après avoir
demandé en 1967 sa réintégration dans la Zone Franc.
Dans les années 80, deux chocs externes majeurs ont
largement contribué à déstabiliser les économies de
l'Union et à renverser la croissance économique : l'effondrement
des prix des matières premières, sources importantes des recettes
d'exportation, et l'appréciation réelle du Franc CFA, sous
l'effet combiné de la hausse du Franc français et l'ajustement
à la baisse des taux de change des pays voisins hors Zone Franc. Les
principaux indicateurs macroéconomiques et financiers se sont
détériorés rapidement, plongeant les pays de l'UMOA dans
une crise économique profonde.
Face à la crise économique, les pays membres de
l'UMOA ont, dès 1990, manifesté leur
volonté d'approfondir leur intégration économique en
complément de l'union monétaire. Il était devenu
évident que les mécanismes de régulation monétaire
devaient être complétés par des réformes
économiques pour assurer la cohésion de l'Union et lancer les
bases d'une croissance durable. Le Traité instituant l'Union Economique
et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a été signé
à Dakar le 10 janvier 1994, deux jours avant la
dévaluation du Franc
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
CFA. Le Traité est entré en vigueur le
1er août 1994, après sa ratification
par les États membres. La Guinée-Bissau fut le dernier pays
à adhérer à cette institution le 02 mai 1997, ce qui porte
à huit le nombre de pays membres de l'UEMOA dont le siège se
trouve Ouagadougou (Burkina Faso). Avec une superficie de 3 509 600
km2, l'UEMOA compte plus de 80 millions d'habitants dans ses pays
membres.
Pour relever ses défis et améliorer la vie de
ses populations, l'UEMOA s'est dotée de nombreux outils
économiques et financiers dont la Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières (BRVM), un marché financier régional
basé à Abidjan et disposant d'antennes nationales de Bourse (ANB)
dans chacun des pays de l'UEMOA après à la mise en place d'un
Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers
en Juillet 1996.
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