0.2. CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE
La RDC sort d'un conflit long et destructeur qui a suivi des
années de crise économique de sorte qu'elle est devenue l'un des
pays les plus pauvres du monde. Elle fait partie des pays les moins
avancés. Sa structure économique est comparable à celle
des autres pays d'Afrique centrale, mais son économie est
handicapée par une guerre civile larvée et un niveau de
corruption élevé. Le pays se retrouve actuellement au
167ième rang mondial de l'Indice de Développement Humain (IDH)
qui la place parmi les pays les plus pauvres (Minisanté RDC, Revue
du DSCRP, mai 2010).
Depuis son adhésion à la stratégie de
Soins de Santé Primaires et sa souscription en 1980 à la charte
africaine de développement sanitaire, la République
Démocratique du Congo a toujours défini sa politique sanitaire
partant des principes de base d'organisation et de fonctionnement des services
de santé à finalité publique. Garantir la santé est
la responsabilité du Gouvernement qui doit l'accomplir par la mise en
place des structures dispensant des soins de qualité qui
répondent aux besoins fondamentaux de la population. Pour un
fonctionnement adéquat, ces structures devaient s'organiser en un
système harmonieusement agencé, le service de zone, dans lequel
se reconnaissent tous les intervenants tant publics que privés, tant
nationaux qu'internationaux. S'il y a une trentaine d'années un tel
système de santé a existé en RDC, à ce jour, cela
n'est qu'une lointaine référence historique. Le système de
santé actuel est désarticulé et semble essoufflé.
La PNS et le PNDS ne sont plus que des documents historiques abstraits sans
matérialisation sur le terrain (Minisanté RDC, SRSS, juin
2006).
Les services centraux, censés jouer le rôle
normatif régulier, remplissent imparfaitement leur rôle et
mènent des actions ne relevant pas de leurs attributions. Dans ces
conditions, les partenaires extérieurs pourtant nombreux et prêts
à aider le pays, consacrent une grande part de leurs ressources à
financer des actions certes louables, mais qui ne cadrent pas avec le
développement d'un service de santé durable (Minisanté
RDC, SRSS, juin 2006).
A son accession à la souveraineté
internationale, la RDC a hérité d'un système de
santé basé essentiellement sur des hôpitaux et dispensaires
appuyés par des équipes mobiles de lutte contre les grandes
endémies. Les multiples crises politiques que connaîtra le pays
immédiatement après, et qui se sont accompagnées de
l'effondrement progressif de l'économie, ne vont pas épargner le
secteur de la santé. C'est ainsi que très vite, les nombreux
hôpitaux et dispensaires du pays vont se retrouver démunis de
leurs équipements et la chaîne d'approvisionnement en
médicaments connaîtra plusieurs ruptures entre le niveau central
et les points d'utilisation. L'arrière-pays sera le plus touché
(Minisanté RDC, Revue du DSCRP, mars 2010).
La quasi inexistence des structures communautaires,
l'engourdissement chronique et la léthargie de celles qui existent se
font voir dans les Zones de Santé à travers le pays. Ainsi, les
quelques rares ressources affectées pour la réalisation des
activités sanitaires sont mal gérées à cause de
l'absence d'une structure communautaire dynamique, multisectorielle,
disciplinaire, capable d'être un véritable interlocuteur de la
population entière de l'Aire de santé auprès des services
de santé et des partenaires. L'absence d'un véritable partenariat
à ce niveau limite les possibilités d'un véritable
développement sanitaire basé sur les besoins ressentis par les
membres de la communauté et la recherche des solutions avec leur propre
détermination. Les ressources affectées dans l'Aire de
santé appartiennent à la population, mais sont utilisées
par le personnel de santé sans associer les concernés
(Minisanté, Revue du DSCRP, mars 2010).
Le système de financement du secteur de la santé
en RDC repose principalement sur un trépied constitué du budget
de l'Etat, des apports extérieurs (bilatéraux et
multilatéraux) et du recouvrement des coûts des soins et services
de santé auprès des usagers (jusqu'à 70% des frais de
fonctionnement). Dans ce contexte, il y a un besoin de financement massif du
secteur de la santé pour assurer une couverture totale des soins de
santé. Ce besoin contraste malheureusement avec les ressources
relativement maigres mobilisées par l'Etat (Minisanté, Revue
du DSCRP, mars 2010).
L'Etat ne subventionne presque plus les soins de santé
de la population. Celle-ci est au contraire obligée à se prendre
en charge, en dépit de la médiocrité des revenus des
quelques personnes qui
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travaillent et qui doivent subvenir aux besoins multiformes
d'une grande armée des chômeurs et des indigents. Le financement
du système sanitaire de la RDC souffre ainsi d'un grand paradoxe : alors
que les malades sont tenus à supporter la quasi-totalité des
coûts financiers de leurs soins de santé et du fonctionnement des
formations médicales qui les accueillent, leurs revenus sont loin de
leur permettre de relever un tel défi (LUTUTALA B & Coll. avril
2004).
Les situations d'urgence qui ont prévalu ces
dernières années avec la préoccupation de faire tout et
tout de suite ont été un prétexte pour faire des
interventions de façon disparate, sans suivre une démarche
cohérente. Une des conséquences de cette façon de faire
est la multiplication des infrastructures qui ne répondent à
aucune logique de rationalisation de la couverture sanitaire (Mini santé
RDC, SRSS, juin 2006).
La régularisation des privés lucratifs est
presque inexistante. Au niveau des structures de premier contact, on a
constaté une émergence des services privés lucratifs non
coordonnés et de qualité douteuse, qui rendent encore plus
complexe l'organisation de l'offre des soins de qualité et qui entravent
l'organisation des services de santé et le système de rapportage
à ce niveau. Cette situation qui était une caractéristique
des ZS en milieu urbain, est de plus en plus constatée en milieu rural
(PNDS en RDC 2011-2015, mars 2010).
Le contexte à l'Est de la RDC est encore instable,
marqué par des changements d'alliances entre groupes armés,
d'incessantes opérations militaires, d'insécurité, de
banditisme, de violence et d'instabilité. Cette dernière continue
de pousser les gens à quitter leur domicile et limite la capacité
des intervenants du secteur de la santé. Des décennies de
négligence du système de santé en RDC ont
entraîné une hausse des taux de mortalité materno-infantile
à travers le pays. L'espérance de vie y est parmi les plus
faibles au monde (MSF, 2011).
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