I.2.4. La demande, le besoin et l'offre des services
On peut définir la demande comme le comportement par
lequel un individu ou une communauté cherche un soulagement de sa
souffrance, laquelle peut être physique, morale, sociale, etc.
(MASHINI N, 2011).
Du point de vue conceptuel, un besoin c'est une condition
caractérisée par le manque total ou partiel d'une chose
nécessaire ou requérant une aide ou un complément
extérieur. Ainsi, les besoins de la population signifient ses
souffrances. En Santé Publique, quand on parle des besoins, il s'agit
des besoins définis par le service de santé. La réponse
à la demande de la population en fonction des besoins définis par
le personnel de santé est toujours partielle et dans le contexte de
terrain il est rare de trouver l'expression totale de la demande de la
population qui coïncide avec les besoins du personnel de santé. Du
point de vue conceptuel, les besoins ressentis correspondent à
l'interface entre la demande et les besoins. Le personnel de santé ne
considère que la partie de la demande qui ne correspond pas à un
besoin, comme demande irrationnel.
L'offre des soins est partiellement conditionnée par la
demande et partiellement par les besoins à travers la perception
subjective de la population et la perception objective des techniciens. L'offre
est également conditionnée par l'environnement historique et
actuel (social, économique, administratif, politique).
L'offre à elle seule ne suffit pas pour élever
le niveau de santé. Il existe d'autres facteurs : économiques,
politiques, socioculturels et opérationnels qui conditionnent à
la fois le niveau de santé, l'action sanitaire et l'utilisation des
services disponibles (MASHINI N, 2011).
D'après KUBUYA J. (2008) les relations et les
interactions entre les éléments de la triade
demande-besoins-offre sont exprimés dans la figure ci-après :
OFFRE
BESOIN
1 6 2
DEMANDE
7
4 5
3
1 : Demande irrationnel non satisfait
2 : Besoins identifiés par le personnel de santé
mais sans offre de service et sans demande (non ressenti par la population)
3 : Offre non pertinente (ni demande, ni besoin)
4 : Demande satisfaite mais qui ne correspond pas à un
besoin
5 : Offre non utilisée, qui correspond à un besoin
mais pas à une demande
6 : Demande potentielle correspondant à un besoin mais
sans offre de service
7 : Adéquation entre besoin-offre-demande
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Il est bon de rappeler que l'offre des soins ne couvre pas
tous les besoins ou toute la demande. Ainsi, la promotion de la santé ne
peut être réalisée par le seul secteur de la santé.
D'autres secteurs de développement (agriculture, éducation, etc.)
interviennent pour contrôler le vide et renforcer l'action sanitaire
(MASHINI N., 2011).
La relation entre l'offre et la demande conditionne
l'utilisation des services de santé par la population. Mais la
dépendance de l'offre par rapport à la demande des soins est un
facteur primordial, car ipso facto, la demande naitra si le service est
déjà là ; le service doit précéder la
demande des soins.
La relation opérationnelle entre le service et la
population dépend de plusieurs facteurs. Le premier facteur c'est la
souffrance, mais toute souffrance n'aboutit pas nécessairement à
la demande et à l'utilisation des services de santé par la
population. Le comportement des individus c'est-à-dire la traduction de
la souffrance en volonté de se faire soigner intervient aussi parmi ces
facteurs. Cette motivation dépend elle-même de la confiance envers
le service de santé. Le service offert est perçu par la
population comme capable de répondre à la souffrance et aussi
accessible et acceptable ; c'est-à-dire l'ensemble des facteurs qui
renversent les barrières géographiques, temporelles,
psychologique, socio-économiques ou culturelles.
L'accessibilité effective à l'offre des soins va se
traduire en utilisation du service de santé par la population
(MASHINI N., 2011).
D'autres modèles sur l'utilisation des services
possèdent certains points forts ci-hauts. Pour le modèle
proposé par Joseph A.E. et collaborateurs en 1994, l'utilisation des
services répond à la formule ci-après (MASHINI N,
2012) :
L'utilisation des services est fonction de :
E : Facteurs de capacitation dont les ressources individuelles
ou collectives (couverture des frais, assurance maladies, mutuelles, etc.).
P : Facteurs prédisposant, attitude, comportement,
connaissance des services, comportement du personnel.
A : Facteurs liés à l'accessibilité comme la
distance, le temps de voyage, le temps d'attente, la disponibilité des
services.
H : Besoins et perception de l'état de santé par
l'individu ou le groupe.
X : Facteurs individuels ou exogènes (âge, sexe,
grandeur de la famille).
B : Facteurs de correction : erreur résiduelle.
Ce modèle est complexe, mais c'est souvent ses
éléments qualificatifs qui sont utilisés facilement.
L'un des modèles basé sur les influences
diverses (la gravité de la maladie, les variables socioculturelles, les
services existants, l'attitude active ou passive du malade) permet d'analyser
selon NUYENS l'itinéraire thérapeutique en cas de maladie
(MASHINI N., 2011).
Le maintien d'un prix à payer et la mesure de ce que
l'agent est prêt à payer (disposition à payer) est
important à considérer si l'on souhaite réguler les
consommations, les rationner. C'est peut être aussi un objectif global
pour garantir une bonne distribution des budgets de santé et le partage
équitable (y compris spatial) des ressources sanitaires et la meilleure
accessibilité à des soins pour des malades plus légitimes
que d'autres (problème de la demande induite, de l'inflation des
dépenses à budget serré, du rationnement, du choix du
panier de soins à rembourser, de populations cibles à
privilégier) (BONNET P., 2002).
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