ABSTRACT
The appropriation of a rural development project by the
communities is a real challenge for any society. This project is important for
rural areas in Cameroon who are victim of the unfavourable conditions and
insufficient resources or support. This process above concerns the population
who are at the center of the rural development policy. This research
demonstrates the role of social capital in the appropriation of PLID, by the
community of the parochial district of Wazzang-kalliao in the far north region
of Cameroon. A quantitative and qualitative research was done with the use of
interview and questionnaires with those concerned with the project, four
conclusions were brought out after analysis done, which are as follows: 1) The
rural community of Wazzang-kalliao with hard living conditions of the
population have a viable social capital, but this one is still threatened by
the drift from the land of working population. 2) The social capital is in two
phases: formal and informal network. However, the social participation in
formal networks is very weak and most of the activities progresses within
informal network. In these informal networks, the population depends on its
attachment relationships such as family and friends for aid in the development
activities and access to resources and several supports. 3) To increase the
level of appropriation of the rural development project, the population must
work in collaboration with one another even if the important request on the
solidarity can ruin the social capital. Otherwise the high level of confidence
given by the community has pushed the population to be implicated in the
project to be carried out. This has limited the selection and misappropriation
principles. 4) The social capital can play a decisive role in the construction
of local identities and the return of confidence to the rural communities of
Cameroon, whose institution of development has collapse. To that effect, a
public policy which reflects the needs of all the community must be build up.
This would only be possible, if a civil society exists among the country folk.
Future research can bring up the notion of constructing a civil society in the
rural areas.
Keywords: social capital, project, rural
development, appropriation, community, social network, confidence, fight
against desertification, parochial district, Wazzang-Kalliao, far north
region.
INTRODUCTION GENERALE
Les projets de développement font l'objet de vives
critiques dans les pays du Tiers-Monde. L'opinion publique estime que les
efforts déployés dans ces projets ont été vains,
à cause des résultats négatifs sur la croissance
économique des pays et l'environnement écologique des populations
bénéficiaires. Certains considèrent à ce jour que
les projets de développement ne représentent pas une forme
d'intervention étatique appropriée. Les courants de pensée
néolibéraux en vogue au sein des Institutions de Bretton Woods
(IBW) prônent le « désengagement de
l'Etat » (Dufumier, 1999 : 9), limitant ainsi son
rôle à la régulation des équilibres
macro-économique et à la mise en place de quelques grandes
infrastructures d'intérêt collectif. Les conséquences de
cette pratique dans les pays du Tiers-Monde sont défavorables au
bien-être des populations les plus pauvres. Par contre,
l'expérience des nouveaux dragons de l'Asie du Sud-Est montre que les
pouvoirs publics jouent des rôles décisif et positif en
matière de développement, quand les fruits de la croissance ne
sont pas confisqués par une minorité. La question est de savoir
quelles peuvent être les modalités d'intervention les plus
adéquates pour promouvoir un développement économique et
social qui soit réellement bénéfique pour le plus grand
nombre. A ce sujet, la Banque Mondiale (1977) soutient que les résultats
des programmes publics ne sont meilleurs que s'ils sont exécutés
avec la participation des bénéficiaires et lorsqu'ils exploitent
le potentiel associatif de la collectivité. Pour ce qui est du Cameroun,
la question de projet de développement n'est plus seulement l'apanage de
la société politique. Elle concerne aussi la
société civile. En effet, dans le but d'atteindre les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD), l'Etat a adopté
la stratégie de développement du secteur rural en impliquant les
populations dans la gestion durable du développement et des ressources
naturelles (MINEPAT, 2005). Les interventions des pouvoirs publics ou
privés sous la forme de projets resteront encore nécessaires
pendant longtemps. Mais étant donné que de nombreux projets de
développement se sont soldés par des échecs dans le
passé, la tendance est à la refonte totale de la démarche
et les méthodes relatives à la conception, la mise en oeuvre, le
suivi et l'évaluation des projets en tirant les leçons des
expériences passées (Dufumier, 1999 :10). La question de
réussite des projets de développement rural se pose donc au
Cameroun. C'est dans l'optique de répondre à question du
rôle du capital social dans le processus d'appropriation par la
communauté d'un projet de lutte intégrée contre la
désertification en zone rural dans l'extrême-nord au Cameroun que
nous avons mené cette étude.
I. CONTEXTE DE l'ETUDE
Face à l'augmentation de la richesse matérielle,
les problèmes environnementaux prennent de plus en plus d'ampleur dans
le monde. La pauvreté et la faim continuent de menacer les populations
des pays en développement, l'eau douce reste rare et les
émissions de gaz à effet de serre augmentent. Les modes de
production et de consommation des pays développés n'ont pas
changé, la désertification qui touche les pays moins
avancés devient un véritable fléau et compromet d'autant
plus leur développement qu'elle conduit à une
détérioration des conditions de vie des populations.
Selon le Plan d'Action Nationale de Lutte Contre la
Désertification (PAN/LCD), les terres arides couvrent au total plus de
6,1 milliards d'hectares sur l'ensemble du globe et 73% du continent africain
seraient plus ou moins touchés par la désertification (PAN/LCD,
1997 : 1). La communauté scientifique internationale a
confirmé que l'accélération des changements climatiques,
qui s'accompagnait d'une aggravation des épisodes de sécheresse
et d'irrégularités dans le régime des
précipitations, était perçue comme une menace grandissante
pour les pays touchés par la désertification. En
conséquence, dans ces pays, beaucoup de personnes, en particulier dans
les zones rurales, deviennent plus vulnérables, tandis que les besoins
nutritionnels de la population, en constante augmentation, continuent de
croître. C'est à la suite de deux grandes sécheresses qui
ont sévi au Sahel, entre 1968 et 1969 et au début des
années 80 (PAN/ LCD 1977 : 2), et des conséquences
catastrophiques de celles-ci qu'on a pris conscience du problème de la
désertification et de la nécessité de définir des
stratégies pour la combattre. Ces stratégies ont beaucoup
évolué au cours des années, depuis les premières
approches plus globales, on est passé à une définition des
stratégies beaucoup plus complexes, qui ont tendance à voir le
phénomène non seulement d'une façon globale, mais aussi
dans ses connexions régionales et à un niveau local.
En 1994 la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la
Désertification (CCD) a été adoptée,
conformément au consensus établi au Sommet sur l'Environnement et
le Développement de Rio de Janeiro, 1992. La CCD mettra l'accent sur la
mise en oeuvre d'une approche intégrée assurant l'implication et
la responsabilisation des principaux acteurs concernés, et
l'établissement de cadres de partenariats plus incitatifs.
Le bilan des activités de lutte contre la
désertification depuis l'entrée en vigueur de la CCD fait
ressortir un défaut d'appropriation des actions par les populations
bénéficiaires. Par-delà les acquis incontestables de
certaines actions, ces lacunes révélaient des difficultés
réelles quant à l'implication véritable des populations.
La dimension sociale de la problématique de lutte contre la
désertification et des effets néfastes de la sécheresse,
n'était pas suffisamment prise en compte dans les démarches,
l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des
programmes. Ce constat apparaissait au niveau de l'ensemble des partenaires, au
plan interne comme dans leurs activités. Il apparaît de plus en
plus évident que la lutte contre la désertification devra plus
intégrer l'adaptation des normes et pratiques aux représentations
sociales des utilisateurs des ressources naturelles que des normes techniques,
juridiques et institutionnelles. Elle devra aussi tenir compte de la
nécessité d'assurer une «équité intra et
intergénérationnelle». Cette donnée devient
essentielle pour mieux comprendre les formes d'implication des
différents acteurs.
Le renforcement de la durabilité sociale des actions de
lutte contre la désertification constitue donc le véritable
défi auquel toutes ces nations sont actuellement confrontées : il
faut très vite parvenir à la responsabilisation accrue d'acteurs
plus nombreux, mieux équipés et formés afin de renforcer
la durabilité sociale de ces actions. Il faut en même temps
multiplier leur efficacité dans la promotion d'un développement
équilibré et durable à travers un projet de
développement. Ce dernier est d'après Olivier de Sardan
(1995 : 27) « la structure d'intervention la plus
répandue et la plus visible ».
C'est dans cette optique que le Comité Diocésain
de Développement (CDD) du Diocèse de Maroua-Mokolo a conçu
en collaboration avec BroederlijkDelen (BD) en 2005, le Projet Pilote de Lutte
Intégrée contre la Désertification (PLID). Financé
par l'Union Européenne, le PLID vise à apporter une contribution
dans la lutte contre la désertification à travers une
organisation adéquate de la population et une combinaison
d'activités intégrées de conservation et d'exploitation
durable des ressources eau-sol-arbre (CDD, 2010 : 2). La prochaine
articulation nous permettra de faire une délimitation spatiale,
temporelle et matérielle de notre travail.
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