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Croissance, marché du travail et pauvreté: les leçons de l'expérience camerounaise sur la période 1991 - 2011

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par Victor KITIO
Université de Dschang - Master of Science (M.Sc) en Sciences Economiques 2013
  

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Figure 3.1 : Evolution par régions des emplois au Cameroun

Sources : INS d'après données d'EESI II (2010)

3.1.1.2. Profil de l'emploi informel depuis 2005

Le secteur informel a fait l'objet de la 2ème phase de l'EESI II dont le rapport n'a pas encore été rendu public par l'INS. Toutefois, quelques chiffres concernant l'emploi informel ont été publiés dans le rapport de la 1ère phase. Ainsi, l'informel emploie 90,5% des actifs occupés au Cameroun, proportion restée stable par rapport à 2005. 53% exercent dans l'informel non agricole tandis que les 37,5% restants évolue dans l'informel agricole. La tranche 15-34 ans serait la plus touchée. L'évolution de la dynamique des emplois indique une baisse de l'emploi informel agricole au profit de l'informel non agricole. En effet, la part de l'informel agricole est passée de 76,4% avant 1999 à 22,9% en 2010, tandis que celle de l'informel non agricole a gagné plus de 40 points à 67% en 2010. Selon l'INS, ceci s'expliquerait par la substitution des emplois du secteur primaire informel (agriculture, élevage.) par ceux du tertiaire informel (petit commerce notamment) (INS 2010).

Au sens du BIT, le taux de chômage au Cameroun est estimé à 3,8%. Il est en léger recul par rapport à 2005 (4,4%) en raison de quelques avancées économiques réalisées grâce aux retombées de l'atteinte du point d'achèvement en 2006(INS 2010). Elles auraient permis au gouvernement de soutenir et de mettre en oeuvre des programmes et projets de promotion de l'emploi (FNE, PIAASI, PAJER-U.) et de redynamiser les recrutements dans la fonction publique. Cette nouvelle dynamique est de nature à impacter positivement sur la pauvreté au Cameroun.

3.3.2. Situation de la pauvreté en 2007 au Cameroun

La dynamique de réduction de la pauvreté enregistrée à la fin de la décennie 90 avec une baisse de 13 points du taux de pauvreté monétaire qui est passé de 53,3 % à 40,2 % entre 1996 et 2001 ne s'est pas poursuivie jusqu'en 2007. En effet, ce taux est resté à 39,9 %, en décalage de l'objectif de 37% retenu par le gouvernement dans le DSRP. Les performances économiques en terme de taux de croissance moyen annuel du PIB n'ont pas été suffisantes pour permettre au Cameroun de rester sur la trajectoire des 7% de croissance réelle en moyenne annuelle jusqu'en 2015 (INS, 2007).

La forte réduction de la pauvreté enregistrée au cours de la période 1996-2001 a laissé place à une quasi-stabilité de la pauvreté monétaire entre 2001 et 2007.

Entre 1996 et 2001, grâce aux effets conjugués de la croissance économique et de la redistribution de ses retombées, la pauvreté avait significativement baissé (passant de 53,3% à 40,2%). Par contre, entre 2001 et 2007, l'économie n'a pas enregistré les mêmes performances ; d'où la quasi-stabilité de la pauvreté sur cette période. Avec un taux de croissance démographique annuel de 2,7 % environ et une stabilité du taux de pauvreté, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté de 269 443 FCFA par équivalent adulte et par an est en augmentation ces dernières années. Pourtant, la stabilité du cadre macroéconomique et les opportunités offertes liées notamment à l'atteinte du point de décision et du point d'achèvement de l'initiative PPTE auraient pu permettre de renforcer les acquis et de relancer une croissance pro-pauvre30(*) (INS, 2007).

L'analyse des tendances de la pauvreté laisse apparaître une situation contrastée avec une légère amélioration de la situation des populations urbaines. La stabilité de la pauvreté observée au niveau national masque un contraste frappant entre les milieux de résidence et entre les régions. En milieu urbain, le taux de pauvreté monétaire qui était de 17,9 % en 2001 a connu une baisse de 5,7 points sur la période de 2001 à 2007, alors qu'il était en hausse de 3 points en milieu rural, et se situe à 55,0 % en 2007. L'aggravation de la situation observée en milieu rural s'explique en partie par le fait que les revenus d'activités n'ont pas crû à un rythme suffisant pour permettre aux paysans de préserver leur pouvoir d'achat. En effet, les prix d'achat aux producteurs n'ont pas évolué de manière à permettre aux paysans de préserver leurs niveaux de vie (INS, 2007).

En milieu urbain par contre, la situation semble être en général moins difficile. Cette amélioration relative de la situation est liée à la dynamique du secteur informel et au paiement des titres salariaux à certains fonctionnaires. En effet, le taux d'activités dans le secteur informel en milieu urbain est allé croissant et s'établit à 80,6 % en 2007, malgré la précarité des emplois créés et la faiblesse des revenus tirés (INS, 2007).

Sur le plan régional, trois groupes se dessinent. Le premier est celui des régions et villes ayant enregistré une forte baisse du taux de pauvreté. Il s'agit de l'Ouest, du Sud-Ouest, du Centre hors Yaoundé et de Yaoundé. Le deuxième groupe est celui des régions et des villes où la pauvreté recule modérément et ce sont : le Littoral hors Douala, le Sud, le Nord-Ouest et Douala. Le troisième groupe est celui où l'incidence de la pauvreté a augmenté. Il s'agit des régions du Nord, de l'Extrême Nord, de l'Est et de l'Adamaoua (INS, 2007).

La situation du premier et du deuxième groupe trouve des explications dans la dynamique du secteur privé surtout en milieu rural. Le secteur informel a aussi contribué à l'amélioration des revenus en milieu urbain, tel qu'il ressort des conclusions de l'enquête sur l'emploi et le secteur informel réalisé en 2005. Pour le troisième groupe, plusieurs facteurs structurels et conjoncturels expliquent leur situation. Malgré la mise en oeuvre de plusieurs programmes et projets qui visent l'amélioration des revenus et des conditions de vie des populations, des calamités au rang desquelles les inondations, les déficits pluviométriques chroniques et les criquets migrateurs continuent d'impacter négativement le train de vie des populations (INS, 2007).

Les indicateurs sur les inégalités révèlent aussi globalement une certaine stabilité. La faible croissance enregistrée au cours de la période étudiée ne s'est pas accompagnée d'une hausse des inégalités. L'indice de Gini qui était de 0,416 en 1996 est passé à 0,404 en 2001 et à 0,390 en 2007 (INS, 2007).

L'analyse de certains indicateurs du cadre de vie des populations révèle une amélioration. En effet l'accès à certains biens et services tels que l'eau potable, l'électricité, le téléphone et le ramassage d'ordures s'est amélioré. Par exemple, le taux de possession de téléphone mobile par ménage a littéralement explosé en passant de 8 % en 2001 à près de 45% en 2007 (INS, 2007).

Il faut cependant noter que cette embellie profite principalement aux villes, car dans les campagnes, l'accès à l'eau potable, à l'électricité et aux toilettes décentes a tendance à se détériorer.

Tableau 3.1 : Pourcentage des ménages ayant accès aux commodités en 2001 et 2007

 

2001 (%)

2007(%)

Urbain

Rural

Total

Urbain

Rural

Total

Accès à l'eau potable

61,1

29,3

40,6

75,1

27,7

45,3

Eclairage électrique

88,2

24,6

46,8

90,4

23,4

48,2

Toilettes décentes

75,2

25,4

42,8

66,4

14,2

33,6

Ramassage des ordures

46,1

1,3

17,0

52,1

2,0

20,6

Murs en matériaux définitifs31(*)

69,8

63,2

65,5

79,1

68,6

72,5

Sol en matériaux définitifs

88,4

28,2

49,2

88,3

28,5

50,6

Toit en matériaux définitifs

99,5

66,3

77,9

99,3

64,6

77,5

Possession d'un téléphone mobile

19,9

1,0

7,6

81,4

23,4

44,9

Source : ECAM 2, ECAM 3, INS.

Par ailleurs, le profil demeure préoccupant. Le seuil de pauvreté monétaire en 2007 est de 269 443 FCFA par équivalent adulte et par an, soit 22 454 par mois. Ce montant, qui est le minimum nécessaire pour satisfaire les besoins essentiels de l'individu, comprend toute la consommation finale. C'est dire qu'un travailleur gagnant juste le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 28 265 par mois en 2007, qui vit seul et ne bénéficie d'aucun revenu additionnel en nature (autoconsommation des produits du champ, logement comme propriétaire.) parvient à peine à satisfaire ses besoins essentiels. Dès lors qu'il doit supporter une personne supplémentaire dans son ménage, il bascule dans la pauvreté (INS, 2007).

Les indicateurs qui caractérisent le profil de pauvreté sont les suivants : (i) le taux de pauvreté qui est situé à 39,9 % indique le pourcentage de la population en dessous du seuil de pauvreté ; (ii) la profondeur de la pauvreté se situe à 12,3 % , elle mesure l'écart moyen entre la dépense annuelle de consommation par équivalent adulte des ménages pauvres et le seuil de pauvreté ; et (iii) la sévérité de la pauvreté, qui traduit les inégalités entre les pauvres, est évalué à 5% (INS, 2007) .

La pauvreté semble être plus élevée dans les ménages dirigés par les hommes que ceux dirigés par les femmes. En effet sur 10 ménages dirigés par les hommes, au moins 4 sont pauvres. Pour ceux dirigés par les femmes, le rapport est de 3 pour 10 (INS, 2007). Cette situation se justifierait partiellement par la petite taille des ménages dirigés par les femmes et les transferts reçus des tiers par ces ménages.

Plus le chef de ménage est instruit, plus le ménage a de chances d'échapper à la pauvreté. Le taux de pauvreté dans les ménages dont le chef de ménage n'a jamais été à l'école est 15,2 fois plus important que celui observé dans les ménages dont le chef a suivi des études supérieures. Ceci traduit une fois de plus le fait que le niveau d'instruction, élément important du capital humain reste un facteur déterminant de la lutte contre la pauvreté.

Les exploitants agricoles sont mal lotis. Ceux-ci sont constitués des paysans et d'éleveurs installés dans les zones rurales et à près de 60% pauvres (INS, 2007). Cette situation s'explique par la faiblesse des rendements et des difficultés d'écoulement de leurs produits à des prix rémunérateurs.

Comme en 2001, la pauvreté sévit beaucoup plus en zone rurale. En effet, en 2007, plus de la moitié des individus sont pauvres en milieu rural alors que seulement 12,2 sont pauvres dans les villes d'au moins 50 000 habitants. Dans les deux métropoles que sont Yaoundé et Douala, environ une personne sur vingt est pauvre, contre quatre personnes sur vingt dans les autres villes. Les disparités observées sont probablement tributaires des opportunités d'accès au revenu qu'ont les populations dans leur milieu de résidence (INS, 2007).

S'agissant des déterminants de la pauvreté en 2007, nous pouvons noter que : la croissance économique ; la gestion des ressources publiques et certaines caractéristiques des ménages déterminent le niveau de pauvreté (INS, 2007).

La croissance économique observée entre 2001 et 2007 peut être qualifiée « d'appauvrissante » dans la mesure où elle n'a pas eu d'influence positive sur la réduction de la pauvreté au Cameroun. Pourtant, cette période a été caractérisée par de nombreuses réformes macroéconomiques visant à relancer la croissance économique avec en prime l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE en Avril 2006. Cette croissance économique a été absorbée par la croissance démographique. Car durant la période 2001-2007, la population a continué à croître de l'ordre de 2,7 % (INS, 2007) en moyenne par an avec un indice synthétique de fécondité qui n'a pas baissé (5 enfants en moyenne par femme).

La corruption et la mauvaise gouvernance sont des freins au développement économique et social. Généralement, la corruption et la mauvaise gouvernance favorisent les investissements improductifs, accroissent le coût des biens et services et conduisent à un déclin de la qualité de tout service et de tout système de production. Même si ce phénomène semble en net recul depuis 2001, les ménages en ont énormément souffert notamment dans les services publics. Suivant les déclarations des ménages, il y aurait une baisse de la corruption dans les secteurs de l'éducation, de la santé, de la police et de la justice. Cependant de manière générale, près de 9 personnes sur 10 pensent que la corruption reste un phénomène majeur pour le pays (INS, 2007).

Les ménages sont en général peu satisfaits des prestations des sociétés d'Etat privatisées. Si la privatisation des sociétés d'Etat avait pour but de réduire les dépenses de l'Etat et d'améliorer la qualité des prestations des services offerts, alors il faut noter que les prestations dans leur majorité, ne sont pas satisfaisantes. C'est ainsi que respectivement 81,4% et 63% des ménages ne sont pas satisfaits des prestations de AES-SONEL et de SNEC/CAMWATER (INS, 2007).

Le nombre de personnes dans un ménage est un déterminant de la pauvreté. La taille du ménage détermine significativement le niveau de vie du ménage. En effet, la taille moyenne des ménages pauvres est de 6 personnes contre 3 pour les non pauvres (INS, 2007). Plus le nombre des personnes à charge est élevé, plus le ménage est vulnérable et s'expose à la pauvreté. Le niveau d'instruction du chef de ménage améliore le bien-être du ménage.

La possession des parcelles de terrain et l'appartenance à une association améliorent la consommation et le bien-être des ménages. Le fait d'appartenir à une association quelconque améliore le niveau de consommation par équivalent adulte de 9 % et 10 % respectivement en milieu rural et en milieu urbain. Les associations jouent un rôle important dans l'amélioration de l'accès au crédit et dans les transferts sous forme d'aide permettant ainsi aux ménages de financer des activités génératrices de revenu.

L'enclavement des zones rurales est l'un des facteurs d'exclusion de certains ménages du marché, contribuant de ce fait à la détérioration de leur niveau de vie. L'enclavement des campagnes induit des coûts de transactions élevés qui réduit le bien-être des populations. Ces populations mettent généralement beaucoup de temps pour atteindre les infrastructures de base (route bitumée, marché.).

La situation de la pauvreté en 2007 au Cameroun peut être généralisée comme suit :

- Seuil de pauvreté : 269 443 FCFA par an (soit 738 FCFA par jour ou 22 454 FCFA par mois) ;

- Taux de pauvreté en 2007 : 39,9 %, 7,1 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté (Résultats préliminaires ECAM 3) ;

- Taux de pauvreté suivant les caractéristiques du chef de ménage :

v Milieu de résidence :

Milieu urbain : 12,2 %

Milieu rural : 55,0 %

v Groupe socioéconomique :

Salarié public : 10,0 %

Privé formel : 9,6 %

Informel agricole : 59,6 %

Informel non agricole : 23,0 %

Chômeur : 11,9 %

Retraité : 13,5 %

Autres inactifs : 34,2 %

v Taille du ménage :

1 personne : 7,1 %

2- 3 personnes : 17,8 %

4-5 personnes : 33,2 %

6-7 personnes : 44,2 %

8 personnes et plus : 57,6 %

v Niveau d'instruction :

Non scolarisé : 63,9 %

Primaire : 42,6 %

Secondaire 1er cycle : 24,6 %

Secondaire 2nd cycle : 11,9 %

Supérieur : 4,2 %

Graphique 3.4: Evolution de l'incidence de pauvreté

Sources : INS 2007

* 30 Selon l'approche relative la croissance est pro-pauvre lorsque les plus pauvres bénéficient plus que les autres des fruits de la croissance. Elle doit donc se traduire par une réduction de l'inégalité des revenus en faveur des pauvres (Klasen 2003). L'approche absolue considère comme pro-pauvre une croissance qui se traduit par une réduction de l'incidence de la pauvreté.

* 31 Il s'agit des murs en béton, en parpaings, en briques cuites ou en pierre de taille ; d'un toit en ciment ; en tôle ou en tuile ; d'un sol revêtu de ciment ou de carreaux.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams