La problématique des conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC( Télécharger le fichier original )par Salif KࢠUniversité Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise en science politiques 2012 |
Paragraphe II : La pertinence des mécanismes pacifiques de résolution des conflitsLes mécanismes traditionnels de règlement pacifique des conflits réunissent un certain nombre d'éléments permettant leur mise en oeuvre. Il s'agit des acteurs, du contexte et d'un cadre dans lequel se déroulent les conflits en général. Les acteurs sont chargés dans un contexte bien déterminé de restaurer la paix entre les parties en conflits. Thierno Mouctar Bah les identifie sous la dénomination de « faiseurs de paix » pour désigner des personnalités dotées de qualités exceptionnelles en termes de sagesse, de pertinence, d'éloquence, de patience, de neutralité et de finesse d'esprit. Ils sont de grands négociateurs, des plénipotentiaires efficaces que l'on retrouve aussi bien en Côte, en Somalie qu'en RDC usant de procédés particulier selon le pays mais encrés et adaptés et authentiques à leur réalité socio-culturelle. Les procédés de règlement pacifique des conflits sont nombreux et divers et ont une forte propension au dialogue et à la réconciliation à travers la méthode des alliances matrimoniales, l'alliance à plaisanterie, la culture de la paix et de la tolérance dans une interaction symbolique, la notion de « démocratie pastorale » en Somalie axée sur le « Heer » - un droit coutumier- dont l'objectif n'est rien d'autre que de sauvegarder la cohésion sociale et de rétablir la paix par le biais de procédés complexes de régulation des différends et de l'exercice du pouvoir, la palabre qui est une véritable juridiction de la parole en Afrique Centrale. Ace niveau, Thierno Bah reconnait en substance que presque partout en Afrique la palabre est considérée comme un phénomène total dans lequel cohabitent la sagesse, la sacralité, le savoir des anciens, l'autorité ancestrale et dans une moindre mesure le mythe. Dans la corne de l'Afrique, il existe des mécanismes pacifiques de règlement des conflits qui attirent de plus en plus l'attention des chercheurs en sciences sociales. « Arrarra » est le nom d'une institution chargée de régler des différends entre les voisins. Ainsi elle permet aux Karrayu vivant de part et d'autre de l'Ethiopie et de la Somalie de restaurer la paix. En situation conflictuelle, l'initiative revient à un corps de pacificateurs -« peace makers »- appelés communément Jarsotta Arrarra. Ils sont choisis parmi les ainés, les guides religieux, les « gaada » qui constituent une classe très influence sur les plans politique, idéologique et religieux. Selon Ayalew Gebre, en cas de conflit entre les groupes, donc entre les Karrayu et un autre groupe, il revient à l'une des deux parties de prendre l'initiative de la réconciliation. Quelque soit le groupe qui en prend l'initiative, les Jarsotta vont envoyer un message collectif en guise d'invite à la réconciliation. C'est ainsi qu'une rencontre est organisée pour trouver une solution au litige.53(*) Chez les Akan en Côte d'Ivoire, des mécanismes similaires sont utilisés pour restaurer la paix. C'est le cas des mécanismes adjoukrou des Akan qui impliquent des médiateurs neutres et fiables. Ils comportent selon l'historien sénégalais, Djibril Samb, trois aspects essentiels d'ordre « juridictionnel et moral : réunis en juridiction ad hoc, les médiateurs s'efforcent d'obtenir le pardon de la partie lésée ; politique : les rectifications utiles sont effectuées notamment en ce qui touche aux délimitations territoriales ; religieux : serment de paix et festivités de retour à la paix. »54(*) La richesse de la tradition africaine offre une large variété de procédures de négociation dans l'objectif final de parvenir à la réconciliation, au pardon et à l'institution de la paix. Voila ce qui fait la pertinence des mécanismes pacifiques de résolution des conflits. Toutefois d'autres mécanismes contraignants existent pour résoudre les conflits. * 53 Op.cit. Djibril Samb. p8. * 54 Ibidem. |
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