La problématique des conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC( Télécharger le fichier original )par Salif KࢠUniversité Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise en science politiques 2012 |
Deuxième partie : les mécanismes de résolution des conflitsS'il est une évidence qu'il n'y a pas de société sans conflit au sens où Karl Marx dirait que l'histoire de l'humanité est une histoire de lutte des classe, l'on pourrait aussi convenir qu'il n'y pas de conflit sans une quelconque méthode, un mécanisme de prévention, de gestion et de résolution de ce conflit. Dans le cas de cette présente étude, la notion de résolution sera privilégiée au détriment des autres. Selon Djibril Samb reprenant les termes du Dictionnaire de la terminologie du Droit international, il faut entendre exclusivement au sens du droit international par résolution des crises ou des conflits leur règlement. Il s'agit d'une « opération consistant à mettre fin à une situation litigieuse ou qui peut le devenir, à rendre nette la situation entre parties, cette opération pouvant consister à mettre fin à un conflit, à résoudre un différend, un litige international »47(*). Ainsi il faut préciser qu' « avant comme après l'éclatement de la crise, on peut recourir à la procédure de l'enquête, aux bons offices, à la conciliation, à l'arbitrage, à la médiation, et in fine, aux négociations ».48(*) A cet effet, il existe au regard des chercheurs en sciences sociales une diversité de mécanismes d'ordre traditionnel (Chapitre I) et moderne de résolution des conflits (Chapitre II). Chapitre I : Les mécanismes traditionnels de résolution des conflitsDeux types de mécanismes traditionnels de résolution des conflits sont à distinguer à ce niveau bien précis. Il s'agit d'une part des mécanismes pacifiques (Section I) et des mécanismes violents de résolutions des conflits d'autre part (Section II). Section I : les mécanismes pacifiques de résolutions des conflitsPour paraphraser le célèbre journaliste français Alain Foca de la Radio France Internationale (RFI), il convient de dire que nul n'a le droit d'effacer l'histoire d'un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme. Le propre de l'histoire est de permettre à une société de forger un certain nombre de mécanismes de cohésion sociale, de vie communautaire. Il est question le plus souvent de mécanismes pacifiques qui s'enracinent dans des valeurs socio-culturelles endogènes. Pour les illustrer, l'accent sera mis sur le principe (Paragraphe I) et la pertinence de ces mécanismes pacifiques de résolution des conflits (paragraphe II). Paragraphe I : Le principe des mécanismes pacifiques de résolution des conflitsLa société africaine comme toute société humaine est une société conflictuelle tant du point de vue de sa structuration que de son mode de fonctionnement. Différentes conceptions ont contribué à élucider ce principe fondamental. Un constat empirique véhicule l'idée selon laquelle le conflit est inhérent à la vie sociale. Du point de vue structurel, les conflits relèvent de la nature des structures sociales qui se fondent sur des règles morales, des conventions sociales, des codes et des modèles de vie qui orientent et guident les comportements des individus. Selon les promoteurs du postulat fonctionnaliste, les conflits concourent à la reproduction sociale, au maintien du lien social, à l'intégration sociale, bien mieux à la cohésion sociale.49(*) Ainsi les mécanismes pacifiques de résolutions des conflits en Afrique sont secrétés de la tradition négro-africaine. Il faut rappeler que cette Afrique qui a subi des mutations d'ordre religieux (avec l'Islam et le christianisme) et politique (avec la colonisation sous toutes ses formes « Indirect rule »- l'administration indirecte - et « direct rule »- l'administration indirecte) fondent ces mécanismes sur le respect mythique de l'Autorité coutumière titulaire d'un pouvoir magico-religieux. Ainsi la parole, l'action et l'allégeance au système politique du groupe d'appartenance ou de référence constituent les piliers de ces mécanismes. A titre d'exemple, la référence symbolique à la notion « arbre à palabre » suggère l'idée de discussion, de conversation, de dialogue, de partage chers à la civilisation négro-africaine. Selon le président-poète Léopold Sédar Senghor cité par Thierno Bah « l'esprit de cette civilisation, enraciné dans la terre et le coeur des noirs, est tendu vers le monde -être et choses- pour le comprendre, l'unifier et le manifester ».50(*) Dans la même perspective, Fabien Eboussi Boulaga relève « la recherche de la vie dans la paix ».51(*) L'on remarque l'existence de chefferies qui s'édifient en royaumes un peu partout en Afrique et en particulier en Somalie, en Côte d'Ivoire et en RDC. Pour ne prendre que l'exemple des royaumes (Luba, Kuba, Lunda et Kongo) de la RDC, ces populations ont la particularité de ne pas connaitre la propriété privée. Aussi, la terre cultivée en groupe ne se vend. Les royaumes n'ont pas de frontières exactes. Les rois ou empereurs n'ont pas de véritable pouvoir. Ce sont plutôt les chefs de village qui ont de l'autorité. Les royaumes sont constitués d'unions temporaires de différends regroupements de villages de même langue. Il faut donc retenir que la stabilité des sociétés traditionnelles africaines était « garantie par des institutions, des pratiques et des rites qui garantissaient une certaine stabilité sociale et assuraient le règlement pacifique des conflits : la famille restreinte, noyau central pour l'éducation à la tolérance quotidiennement dispensée à travers les contes et proverbes ».52(*) Ce principe des mécanismes pacifiques de règlement des conflits peut permettre d'en apprécier la pertinence. * 47 Op.cit. Djibril Samb. p7. * 48 Ibidem. * 49 Bakary Fouraba Traoré. Coopération institutionnelle au service de la gestion des conflits liés à l'eau à Bafoulabe au Mali : la diplomatie locale à l'épreuve du temps. (Article à paraitre) in First Regional Conference, Peacemaking in West Africa: historical Methods and Modern Applications, December 12-15, 2009, Dakar. * 50 Thierno Mouctar Bah. Guerre, pouvoir et société dans l'Afrique précoloniale. Thèse de Doctorat d'Etat es lettres à l'Université de Paris-Sorbone, 1985. * 51 Ibidem. * 52 Edouard Matoko. Les fondements endogènes d'une culture de la paix en Afrique : Mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits. |
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