2. Stratégie professionnelle pour la mise en
oeuvre d'un projet de recherche dans un service de soins
La première question était de savoir comment les
infirmiers et IADE s'impliquaient dans la recherche en termes de temps de
travail. Chaque possibilité relève ses avantages et ses
inconvénients. Dans un premier temps, le temps imparti à la
recherche est souvent imposé par l'établissement et les besoins
que cette activité de recherche représente. Cependant, les choix
sont guidés par les projets professionnels de chacun.
Il faut savoir si l'on souhaite s'orienter vers une
activité de recherche à temps plein où l'on peut
gérer les protocoles d'essai clinique de façon plus approfondie,
au risque de s'éloigner des autres aspects de la profession, en quittant
le lit du patient. Les soins techniques et relationnels sont peut-être
moins présents (mais pas absents), mais au profit de la participation au
développement de nouvelles connaissances (techniques, médicaments
...) qui, de toute façon, seront favorables au patient.
L'avantage principal apporté par une activité
recherche en complément d'une activité dans un service de soins
permet de s'adapter aux réalités du terrain. La présence
d'un professionnel de la recherche impliqué sur le terrain permet
également d'avoir une personne ressource auprès des
collègues, et également un gain de temps et d'organisation dans
la réalisation des protocoles d'essais cliniques dans les services de
soins.
La deuxième question était de connaître
les éventuels aléas, mais aussi facilités auxquels il faut
s'attendre lorsque l'on veut se lancer dans une activité de recherche
clinique. Cela permet de mieux s'y préparer.
De façon générale, comme je l'ai
évoqué plus haut, les démarches sont largement
encouragées par les équipes médicales. Une autre forme de
collaboration se crée ainsi dans les services entre les infirmiers et
les médecins.
Cependant les balbutiements de la recherche infirmière
en France, exposent à une incompréhension de la part des
collègues, qui ont parfois du mal à s'impliquer dans les projets
de recherche. Le rôle des personnes rencontrées est aussi un
rôle de formation et de sensibilisation à la recherche dans les
services de soins. Ce problème sera, je l'espère, moins vrai dans
quelques années, lorsque les infirmiers et infirmiers
anesthésistes seront formés à la recherche dans leurs
formations initiales.
3. L'universitarisation des études : un espoir
pour la recherche infirmière ?
Les personnes interrogées ont été
unanimes lors de cette enquête. Aucune n'a entendu parler de recherche au
cours de ses études d'infirmier ou d'IADE.
La refonte des études dans le cadre du système
LMD est vue d'un très bon oeil. En effet, il faut y voir deux aspects
distincts. C'est-à-dire qu'il ne faut pas se limiter aux personnes qui
feront de la recherche au cours de leur carrière. Tout le monde ne
voudra pas ou ne pourra pas mener ou participer à un projet de
recherche. Chacun est libre de la direction qu'il souhaite apporter à sa
carrière. Et il n'est pas envisageable de ne créer que des postes
de recherche dans un établissement de soins !
Cependant, chaque personnel paramédical devrait
être sensibilisé aux travaux de recherche. Cela permettrait tout
d'abord un travail pluridisciplinaire en collaboration entre les infirmiers
impliqués dans la recherche (ARC, IRC, TEC) et les infirmiers des
services de soins. De plus, nous devrions tous savoir comment rechercher les
publications scientifiques utiles, afin de les évaluer et de les adapter
à nos pratiques de soins au quotidien, comme par exemple, lorsque je me
trouverai IADE dans un bloc opératoire. Le fait d'être au courant
des nouvelles
recommandations ou actualités scientifiques en
anesthésie a pour objectif d'améliorer la prise en charge du
patient dans ce contexte. Car il ne faut pas oublier que c'est toujours le
patient qui sera bénéficiaire de ces avancées.
En ce qui concerne les personnes qui feront de la recherche au
cours de leur carrière, les unités d'enseignement
dédiées à la recherche en formation initiale (IDE ou IADE)
sont accueillies favorablement. Nous, les professionnels « pré-LMD
» n'avions aucune notion de la recherche, notamment des métiers de
la recherche pour les infirmiers. Ce ne sera plus le cas désormais.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que ces notions
seules ne suffiront pas à initier un projet professionnel vers la
recherche clinique, sans un minimum d'expérience dans les services.
C'est d'ailleurs ce qui avait été relevé lors des
entretiens. Effectivement, il est possible d'être ARC sans avoir de
formation paramédicale préalable, le DIU FARC étant
accessible aux personnes titulaires d'un DEUST biologie par exemple. Les ARC,
que j'ai rencontrés ainsi que les IRC travaillant aux côtés
des ARC non paramédicaux, ont le sentiment d'avoir une plus-value avec
cette expérience dans les services. Exercer dans les services de soins
avant de se lancer dans une activité de recherche semble essentiel. Il
faut également y voir l'avantage d'y rencontrer des personnes ressources
qui pourront nous orienter de façon adaptée vers une
activité de recherche clinique.
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