2-2-5 L'évaluation : un nouvel instrument pour
gouverner les risques majeurs
Pour compléter notre analyse des instruments de
gouvernance des risques majeurs, nous allons étudier un cinquième
instrument, l'évaluation. Nous considèrerons en effet
l'évaluation comme un instrument au sens oü celle-ci permet
d'orienter les autres instruments et d'analyser leur efÞcacité.
Nous commencerons par expliquer l'utilité de
l'évaluation avant de présenter une expérimentation
d'évaluation dans le champ des risques majeurs.
Comme le souligne le chercheur Bernard Perret, Ç
les évaluations ont pour but d'appliquer les théories,
méthodes et techniques des sciences sociales pour porter des jugements
relatifs à l'utilité, l'efÞcacité, et la
responsabilité dans les organisations gouvernementales et non
gouvernementales, dans le but de stimuler l'apprentissage organisationnel.
»120
L'évaluation est un processus dynamique qui ne
s'achève jamais et qui peut être
intégré directement à la mise en Ïuvre, par
exemple via l'utilisation de tableaux de bords.
118 http://www.gedicom.fr/
119 http://www.cedralis.net/
120 Bernard Perret, ÇL'évaluation des
politiques publiquesÈ, Informations sociales, octobre
2003
L'evaluation participe ainsi pleinement à l'amelioration
continue des actions mises en oeuvre.
L'évaluation utilise les études
scientiÞques et le «benchmarking»121 pour
aider les décideurs. L'évaluation est donc un outil d'aide
à la décision, mais c'est aussi un outil de transparence qui
participe à la démocratisation et au contrTMle par les citoyens
des politiques. Le développement de l'évaluation permet ainsi de
développer le débat public.
La stimulation de l'apprentissage organisationnel,
évoqué par B. Perret, est un facteur très important pour
la résilience des territoires. En effet, la connaissance partagée
des points forts et des pistes d'amélioration fournis par
l'évaluation s'inscrit pleinement dans la démarche
systémique de mise en place d'une stratégie de
résilience.
L'évaluation peut concerner les acteurs et les
institutions, les usagers, les services ou les instruments. Il existe cinq
grandes méthodes d'évaluation :
- l'approche par les objectifs ofÞciels des politiques
- l'approche par l'optimisation des moyens engagés (qui
vise l'efÞcience)
- l'approche par les effets qui évaluent la production
(positive ou non) des actions - l'approche par les processus
qui évaluent la mise en oeuvre des actions
La méthodologie d'évaluation de la
résilience que nous avons présentée en 1-2-1-2 est un
exemple d'évaluation par les objectifs des politiques. Ces
évaluations globales de la résilience sont encore très
rares.
Nous présenterons maintenant une expérimentation
d'évaluation qui a été réalisé par
l'Institut des Risques Majeurs de Grenoble (IRMa). Elle fat
présenté par Frangois Giannoccaro, Directeur de l'IRMa, lors de
la rencontre 122 du 21 juin que nous avons déjà
mentionnée.
En s'appuyant sur un retour d'expérience de la ville de
Pont-de-Claix (Isère, 11000 habitants), F. Giannoccaro exposa le but
principal de cette expérimentation : évaluer la perception et la
connaissance des risques dans le temps.
Après avoir constaté la rareté des
études sur le sujet123, la méthodologie
employée fat présentée : les habitants sont soumis
à un meme questionnaire sur leur perception des risques majeurs, avant
et après la campagne de communication. Les résultats sont ensuite
traité statistiquement.
Cette évaluation avait plusieurs objectifs :
- apprécier la réceptivité aux messages de
prévention
- mesurer le niveau d'impact des supports d'information et de
communication (DICRIM, média,...)
- évaluer les politiques publiques d'information
préventive des populations
121 «benchmarking» : méthode d'analyse
comparative
122 Francois Giannoccaro, « Comment
ovaluer les actions d'information preventive mise en oeuvre au niveau local
», Rencontre Technique «L'information preventive et la
communication sur les risques majeurs», organisé par le
Réseau Risque en partenariat avec l'IRMa, Hémicycle du Grand
Lyon, 21 juin 2012
123 Seul l'Institut de Radioprotection et de
Sûreté Nucléaire (IRSN) a mis en place un baromètre
de ce type depuis 1988
L'évaluation a ainsi permis de justifier les
investissements consentis (amélioration des résultats apres la
campagne), mais également de mieux comprendre les mécanismes
à l'origine du déni du risque ou de la surévaluation de
celui-ci.
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