1-2-4 Resilience organisationnelle, resilience urbaine et
resilience territoriale
Nous avons vu que la résilience s'impose au niveau
international et dans les gouvernements comme une nouvelle stratégie
pour réduire les catastrophes et leurs impacts. Comme la
résilience est un terme très large, des qualiÞcatifs lui
sont
52 The Reform Institute, <Building a Resilient Nation:
Enhancing Security, Ensuring a Strong Economy>, 2008, 29p
53 Sécurité publique Canada, <Aller de
l'avant avec la Strategie nationale sur les infrastructures
essentielles>, 2008, 34p
54 Australia Strategic Policy Institute, <Taking a punch:
Building a more resilient Australia>, Strategic Insights 39, 2008,
24p
communément associés. Ils traduisent
l'échelle conceptuelle dans laquelle la résilience s'inscrit en
appliquant celle-ci à différents systèmes :
l'organisation, la ville et le territoire. Nous allons donc
présenter brièvement ces qualiÞcatifs, pour ensuite
expliquer pourquoi nous choisirons le concept de résilience de
territoire pour notre étude.
1-2-4-1 Résilience organisationnelle
Dès 1993, la résilience organisationnelle fat
proposée par le psychologue des organisations Karl E. Weick, dans son
analyse de l'effondrement de la construction de sens dans les
organisations55.
Dans son approche sociologique de la résilience, il mit en
avant plusieurs facteurs pouvant favoriser la résilience d'une
organisation face à une crise :
- le fait de maintenir mentalement la structure de l'organisation
dans le cas ou celle-ci devait s'effondrer
- l'attitude de sagesse
- l'interaction respectueuse
- l'improvisation et le bricolage
Le fait de maintenir mentalement la structure
organisationnelle, dans le cas ou celle-ci devait etre amenée à
s'effondrer, est nécessaire pour légitimer la place du leader au
sein du groupe. L'attitude de sagesse consiste à prendre une distance
avec son expérience aÞn d'éviter les erreurs
d'interprétation des informations collectées de l'environnement.
L'interaction respectueuse entre les membres de l'organisation est fondamentale
pour agir collectivement : c'est ce qui peut permettre de gérer une
situation inhabituelle. L'improvisation ou le bricolage consiste à
trouver une nouvelle solution adaptée à la situation.
Bien que relativement ancienne, cette analyse est très
intéressante et nous permet d'appréhender les pistes
d'amélioration de la résilience dans sa dimension sociale.
Le concept de résilience organisationnelle est
utilisé au Québec depuis 2008 via la démarche
gouvernementale visant à accro»tre la résilience des
systèmes essentiels. Cette approche systémique de la
résilience organisationnelle intègre en plus de la dimension
sociale initiée par Weick, une dimension technique.
Le document intitulé «Résilience
organisationnelle - Concepts et méthodologie
d'évaluation»56, du Centre Risque et
Performance de l'Ecole polytechnique de Montréal, nous renseigne sur
cette interprétation de la résilience organisationnelle.
L'organisation y est pensée selon une approche
systémique (comme nous l'avons vu en 1-1-2-2). L'acceptabilité et
la caractérisation des perturbations et des défaillances du
système y sont déÞnis comme indispensables. Et enÞn,
face aux perturbations, les modes de gestion de l'organisation doivent
s'adapter pour que celle-ci soit plus résiliente.
55 Karl E. Weick , ÇThe collapse of
sensemaking in organizations : The Mann Gulch disasterÈ,
Administrative Science Quarterly, Décembre 1993, ABI/INFORM
Global, p. 628 - URL http://cmapspublic.ihmc.us/
rid=1255442493375 13600551
21670/Mann%20Gulch%20Disaster%20(Weick).pdf
56 Beno»t Robert, «Résilience
organisationnelle - Concepts et méthodologie d'évaluation»,
Centre risque & performance, Presses internationales Polytechnique,
2009, 48p
Pour finir notre présentation de la résilience
organisationnelle, il est intéressant de signaler que Ç
l'amélioration de la résilience organisationnelle
È est l'un des objectifs de la norme ISO 3100057 sur le
management des risques.
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