CONCLUSION
La CEDEAO et les crises socio-politiques dans les pays
membres : cas du Liberia et de la Côte d'Ivoire, a été
l'objet à la base de notre étude. Le choix de ce sujet est partie
d'un constat fait dans les pays qui constituent la Communauté Economique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest où l'on assiste à une
recrudescence des conflits armés, des crises politiques et des
manifestations de la violence de tous genres qui, si pas nuisent, mais freinent
le développement de cette région.
Face à ce constat, une préoccupation a retenu
notre attention. Elle a été formulée comme suit :
Malgré les multiples interventions et médiations de la CEDEAO,
qu'est-ce qui justifierait l'échec de sa médiation en Côte
d'ivoire alors qu'elle a semblé réussir au Liberia et comment
éviter que de tels résultats se reproduisent en cas
d'éventuels conflits ultérieurs au sein de la
région ? A titre d'hypothèse, nous avons
présumé que malgré la présence de la CEDEAO, organe
de maintien de la paix et de la sécurité sous-régionale
gage du développement de la région, l'insécurité et
les violences continuent à donner du fil à retordre à
l'organisation. L'échec de la médiation ouest-africaine en
Côte d'ivoire se serait justifié par le non-respect des accords
signés par les différentes parties en conflit sous la houlette de
la CEDEAO, les divergences qui se sont manifestés entre les chefs
d'Etats de la CEDEAO lors des négociations de Lomé qui ont
certainement affaibli les chances d'aboutissement des négociations, mais
aussi par la non-application des clauses résultantes des
différentes médiations ainsi que les décisions de la
CEDEAO qui ne revêtent pas souvent le caractère autoritaire et qui
fait que les belligérants n'en prennent pas compte. Contrairement a ce
qui s'est passé en Côte d'ivoire, au Liberia, la CEDEAO a
entrepris des actions dans le cadre diplomatique pour convaincre les parties
à trouver un terrain d'entente mais aussi la force qui ont aboutis
à l'envoi d'une force d'intervention dans ce pays et qui a fait que les
décisions prises lors des négociations ainsi que les accords pris
ont été respectés par les parties en présence. Pour
éviter que de tels résultats se reproduisent, la CEDEAO devrait
être capable de se prendre en charge elle-même en ayant pas
toujours tendance à recourir aux autres puissances, elle doit
également revoir certaines dispositions de son protocole pour que son
intervention dans ses Etats membres puisse être effectives et aussi
redéfinir ses priorités et son champ d'action.
Grâce à des procédés
théorique et méthodologique (la théorie du
libéralisme institutionnel, la méthode systémique et les
techniques documentaire et d'analyse de contenu) nous sommes parvenues à
analyser l'architecture de la paix et de la sécurité
ouest-africaine dans un premier chapitre. Ici, nous avons circonscris le cadre
de notre étude tout en exposant les différents mécanismes
dont dispose la CEDEAO pour garantir la paix et la sécurité dans
la sous-région et qui conduit au développement de la
sous-région. Dans le deuxième chapitre, nous nous sommes
appesanties sur les crises « libero-ivoiriens » et de la
nécessité de leur résolution par la CEDEAO. Il y
était plus question de faire un examen minutieux des conflits
libériens et ivoiriens et l'apport de la CEDEAO dans la gestion et la
résolution de ces conflits. Quant au troisième chapitre, il a
porté finalement sur l'évaluation des actions entreprises par
cette organisation sous régionale en rapport avec les crises sous
analyse. Le constat final est, en effet, que les résultats sont
mitigés du fait de certaines faiblesses enregistrées par
l'organisation. Nous avons noté par exemple le manque d'esprit de
compromis et de discernement des acteurs politiques en conflit ; la peur
de la perte de l'influence politique des factions en présence ; la
propension des acteurs politiques et militaires à se régler des
comptes personnels et leur moindre volonté de voir se stabiliser la
situation socio-politique de leurs pays respectifs ; l'insuffisance des
moyens ; la fragilité des Etats-membres et le rejet des principes
démocratiques ; l'inadéquation entre les priorités
des acteurs dans leurs Etats respectifs et les objectifs sécuritaires de
l'organisation sous-régionale ; etc. Pour améliorer son
rendement, nous avons proposé des pistes de solution en termes de la
reforme du système de prévention, de gestion et de
règlement des crises, notamment une meilleure coordination des
stratégies sécuritaires nationales et
sous-régionales ; une redéfinition des rôles des
acteurs extérieurs partenaires en matière de paix et de
sécurité ; la mise en place d'un nouveau cadre
stratégique fondé sur une gouvernance participative ainsi que le
renforcement structurel et la lutte contre la criminalité
transfrontalière.
Au regard de ces résultats, il ressort que notre
hypothèse de départ est confirmée. Toutefois, comme le
champ de la recherche scientifique ne se ferme jamais complètement avec
l'analyse d'un problème dont les contours demeurent très
nombreux, l'élargissement ou l'approfondissement de la question de la
gestion des crises socio-politiques dans la sous-région ouest-africaine
nous hante dans les recherches ultérieures.
|