La CEDEAO et les crises socio-politiques dans les pays membres: cas du Liberia et de la Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Winnie TSHILOBO MATANDA Université officielle de Bukavu - Licence en relations internationales 2011 |
§6. LE POIDS SANS CESSE CROISSANT DES « RELATIONS VERTICALES » ENTRE LES ETATS OUEST-AFRICAINS ET LES « GRANDES PUISSANCES »Les relations verticales sont d'ordre économique, politique et sécuritaire. Pour les questions d'ordre économique, la mondialisation néolibérale a créé des réseaux de trafics et des espaces extra-territoriaux qui échappent aux Etats ou aux institutions. Ces trafics concernent surtout le commerce des armes légères, difficilement maîtrisables. A ce sujet, en effet, M. Vincent ZAKANE remarque qu'en Afrique, le commerce des armes est un domaine qui échappe le plus souvent allègrement à la maîtrise des pouvoirs publics. Celui-ci est plutôt dominé, sur le plan international, par de grandes puissances industrielles. Il est conduit au plan local par des marchands d'armes peu soucieux de la sécurité des Etats et apparaît comme un des facteurs majeurs de fragilisation des jeunes Etats africains.138(*) En ce qui concerne les problèmes sécuritaires, ils sont liés à la géostratégie internationale. Celle-ci rétrécie souvent les voies de recherche de la sécurité commune. En effet, les pays ouest-africains ont signé des accords de défense et de coopération avec les puissances du nord qui, pour la plupart d'entre eux, ont miné les initiatives communautaires en faveur de la paix. Quant aux questions politiques consécutives à la géopolitique internationale, elles ne manquent pas de produire aussi des effets néfastes sur les efforts de paix. Par exemple, les incursions permanentes de la France dans ses anciennes colonies ont toujours été à la base de différends latents. D'ailleurs, la création de certaines organisations répond à ces affrontements politico-idéologiques. Face à tous ces problèmes, peut-on réussir à matérialiser une paix véritable dans la sous-région ? La question reste fraichement posée. Enfin, la course après les bénéfices économiques engloutit les efforts de mise en place d'une réelle stabilité ouest-africaine. L'Afrique de l'ouest, comme le reste du continent, demeure sujette à de convoitises de la part des puissances du Nord. Chacune de celles-ci voudrait à tout prix se frayer un chemin pour asseoir son emprise. En effet, les informations diffusées martèlent souvent que la France tente de s'y maintenir par l'intermédiaire des pays francophones. Pendant ce temps, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Chine et les autres puissances veulent instaurer des relations étroites avec les Etats membres de la même communauté ouest-africaine. Ces rapprochements aux intérêts divergents parfois antagonistes ruinent souvent une réelle intervention dans les opérations de maintien de la paix en cas de crise parce que la poursuite des intérêts économiques divergents a pratiquement été institutionnalisée jusqu'à atteindre le sommet de l'organe intégrative qui, pourtant, devrait être considéré comme l'interlocuteur privilégié en cas de crise dans les Etats qui le composent.139(*) Au terme de cette section, il convient de noter que la CEDEAO a déployé beaucoup d'efforts pour la gestion des conflits dans sa région malgré les différents obstacles auxquels elle était soumise. Ainsi, nous nous proposons, dans la section qui suit, d'émettre des perspectives d'avenir pour qu'elle puisse sortir de la situation de conflictualité à laquelle elle fait face dans ses objectifs de résolutions des crises socio-politiques enregistrées au sein de la région. * 138 ZAKANE, V., « Contrôle du commerce des armes et maintien de la paix en Afrique », S.A.D.I.C., Actes du 10ème congrès annuel, Addis Abeba, 3-5 août 1998, p.309. * 139 Par exemple, avant le déploiement de la MUNCI en Côte d'Ivoire les USA avaient menacé de poser leur veto face à « l'entêtement »de la France à favoriser l'envoi de cette force. Il a fallu un ballet diplomatique pour finalement aboutir à l'adoption de la résolution 1464 le 3 février 2003. Pendant ce temps, les Etats-Unis présidaient la réunion des bailleurs de fonds à New York pour rassembler environ cinq cent millions de dollars US (500.000.000 $ US) pour la reconstruction du Liberia. CF YAMEOGO, S., op.cit. |
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