« Si tu veux voyager vite, pars seul, mais si tu
veux voyager loin pars en groupe »,
« Le fleuve fait des détours parce que
personne ne lui montre le chemin »,
« Aller doucement n'empêche pas
d'arriver »
Proverbes africains.
Avertissement
En raison de l'évolution rapide de l'économie et
du contexte réglementaire que rencontre actuellement le Bénin, ce
mémoire n'est valable que pour l'année en cours.
Remerciements
Je voudrais tout d'abord adresser tous mes vifs remerciements
à :
v L'école,
- Monsieur CALTERO Vincent, Directeur Mémoire Ecole,
- L'ensemble des intervenants de l'Ecole Supérieure des
Transports à Paris,
Pour tout l'enseignement disciplinaire dispensé au
cours de ces deux années d'études.
v Tous les spécialistes rencontrés,
- Monsieur AZON Rigobert Adoumènou, Ingénieur
Génie Mécanique, Conseiller Technique aux Transports
Terrestres.
- Monsieur VITODEGNI Constant, Statisticien à
l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique au
Bénin,
- Monsieur DECLERCQ Yves, Directeur plateforme tram-train,
Alstom France,
- Madame POLLEAU Solène, Ingénieure en
Aménagement auprès de la Délégation à
l'Aménagement du Territoire au Bénin,
J'exprime ma profonde reconnaissance, à tous ceux qui,
chacun à sa manière, m'ont aidé à l'accomplissement
de ce travail, notamment Mademoiselle HOURDRY Hélène, Professeur
des écoles à Reims, pour avoir trouvé le courage de relire
ce mémoire pour y traquer les fautes, qu'elle en soit remerciée.
Enfin, j'adresse mes remerciements à Mademoiselle Augustine VITODEGNI,
pour son soutien et son engagement à mes côtés, dans cette
aventure.
Sommaire
AVERTISSEMENT
2
REMERCIEMENTS
3
SOMMAIRE
4
INTRODUCTION GENERALE
5
PREMIERE PARTIE. LE TRANSPORT DE VOYAGEURS
SUR UNE MAUVAISE VOIE
7
CHAPITRE 1. LE SUD BÉNIN, UN ESPACE
GÉOGRAPHIQUE EN MÉTAMORPHOSE
7
CHAPITRE 2. ABANDON DU SERVICE PUBLIC DANS LES
TRANSPORTS ET INITIATIVES LOCALES
12
CHAPITRE 3. CARACTÉRISTIQUES DU TRANSPORT DE
VOYAGEURS SUD BÉNINOIS
19
CHAPITRE 4. ABSTRACTION SUR LES TRANSPORTS DANS LA
CONCEPTION TERRITORIALE AU SUD BÉNIN
24
CHAPITRE 5. DIAGNOSTICS
30
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
37
DEUXIEME PARTIE. UN TCSP AU SERVICE DU
DEVELOPPEMENT AU SUD BENIN
38
CHAPITRE 1. LES SOLUTIONS POSSIBLES
38
CHAPITRE 2. UN TRAIN DE CROISSANCE POUR LE SUD
BÉNIN
43
CHAPITRE 3. S'ORIENTER VERS UNE STRATÉGIE
GLOBALE DE MOBILITÉ DURABLE
51
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
58
CONCLUSION GENERALE
59
BIBLIOGRAPHIE
61
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
63
TABLE DES ANNEXES
64
TABLE DES ILLUSTRATIONS
74
TABLE DES MATIÈRES
75
INTRODUCTION GENERALE
Les travaux sur le transport de voyageurs en Afrique sont
assez fréquents et n'exposent généralement qu'une vision
globale, sans pour autant s'aventurer dans des thèmes de prospectives.
Les processus qui s'observent actuellement en Afrique
Subsaharienne font que la mobilité va devenir un véritable
défi, dans les années à venir. Nous nous
intéresserons tout particulièrement au transport de voyageur Sud
Béninois, qui mérite un sérieux diagnostic, afin d'en
dégager et redéfinir les axes stratégiques pour la
mobilité.
Les villes du Sud Bénin sont en passe de former bloc et
voient leur population s'accroître. Alors que les transports terrestres
routiers génèrent des externalités négatives qui
figent la mobilité et le développement, le chemin de fer reste un
grand mystère.
On est à même de se demander comment le
modèle économique actuel pourra durablement absorber la demande
de demain. Comment s'organisent aujourd'hui les transports? Quelles sont les
difficultés qui en font un véritable problème ? Vers quel
modèle économique de transport faut-il s'orienter ? Quels
seraient les bénéfices à tirer d'un Sud Bénin
connecté au rail ? Le Sud Bénin a-t-il vraiment le choix
d'ignorer encore pour longtemps le chemin de fer ?
Au-delà de ces questionnements, les enjeux en
matière de transport de voyageurs au Sud Bénin agrègent
une problématique centrale : « Le Sud
Bénin doit-il se réconcilier avec le chemin de fer
? ».
A notre connaissance, une telle problématique est peu
étudiée et encore moins étudiée dans un pays comme
le Bénin, où s'agglutine presque plus de la moitié de sa
population sur seulement 8% du territoire national. Le défi majeur pour
la région du Sud Bénin est bien de résoudre
l'équation des transports, dont le résultat doit tendre vers une
connectivité maximale par un coût minimal, tout en visant un
transport adapté, durable et responsable.
Pour répondre à cette problématique, nous
tracerons d'abord les contours de l'espace de référence du Sud
Bénin dans une première partie, puis nous enchaînerons
ensuite une fine analyse et un diagnostic pour le moins préoccupant, du
transport de voyageurs.
Après un tour d'horizon des différentes
applications existantes, nous verrons dans un second temps, que la
réintégration du transport ferré de voyageurs au Sud
Bénin est envisageable, à condition d'y appliquer une
stratégie globale, visant une mobilité durable.
Enfin, nous verrons que le train reste le seul système
de transport collectif de masse qui soit à la fois compétitif, gouvernable, vivable et qui soit
capable de générer des effets externes positifs.
«
PREMIERE PARTIE. LE TRANSPORT DE VOYAGEURS SUR UNE MAUVAISE
VOIE
Bien que la structure ferroviaire existe, on s'obstine
à transporter les voyageurs par la voie terrestre routière.
Combinés entre eux, certains facteurs nous amènent à
penser qu'au Sud Bénin, le transport de voyageurs est dans l'impasse.
CHAPITRE 1. Le Sud Bénin, un espace géographique
en métamorphose
Section 1. Une dynamique
d'urbanisation au Sud
En 2012, on peut estimer la population du Bénin
à 9 millions d'habitants. Le Sud du Bénin a connu une mutation
rapide, à la différence de tout le reste du pays. La
concentration croissante de la population dans les milieux urbains, a surtout
profité aux villes de Porto Novo (la capitale politique) et très
largement à Cotonou (la capitale économique). Pour mieux
comprendre cette urbanisation, il faut s'intéresser, d'abord à la
géographie physique puis à l'histoire des déplacements des
populations.
D'abord le Bénin est un pays contrasté, avec au
Nord un climat sahélien, caractérisé par une longue saison
sèche avec des températures élevées, tandis que le
Sud, moins hostile, présente un climat équatorial, plus favorable
à l'agriculture. Puis les populations vont se fixer naturellement sur le
littoral, plus propice à l'installation des hommes (climat moins
difficile, facilitation des échanges commerciaux, accès aux
ressources halieutiques).
Ensuite, plusieurs vagues successives de migrations internes
traditionnelles, provenant de l'intérieur du pays, vont peupler le
plateau de Porto Novo (au Sud du pays, à l'Est de Cotonou), ayant
été l'un des royaumes les plus durables de l'Afrique de l'Ouest.
Mais, l'établissement des populations au Bas Bénin est
principalement motivé par l'exode rural à partir du
20ème siècle, et surtout l'occupation progressive des
espaces économiques et notamment agricoles (culture du palmier à
huile). Après l'indépendance, il fut observé un
phénomène d'output - input1(*) entre les villes, au Sud du Bénin, Cotonou
faisant figure du plus grand marché pour l'emploi du pays. Les paysans
ont délaissé les conditions difficiles du milieu rural du nord et
du centre du pays, en quête d'un travail, de l'accès aux services
et dans l'espoir de bénéficier du confort urbain.
Section 2. Evolution de l'espace de
référence
Des villages suburbains au Grand Cotonou.
L'histoire de la formation de Cotonou commence avec
« l'assemblage » urbain de deux rives. La rive droite
(née des comptoirs commerciaux) et la rive gauche (issue d'un ancien
village) se sont regroupées, par le fait des systèmes de
quartiers périphériques, développés à partir
de villages suburbains2(*).
Les villes africaines s'étendent surtout sur des
espaces principalement horizontaux et non verticaux. Les populations
migratoires, ne pouvant toutes être installées dans les centres,
se sont sédentarisées autour des villes du Sud du Bénin,
ayant pour conséquence l'étalement urbain. Ces grandes aires
urbaines ne vont pas sans jouer sur la mobilité des individus. Un
système de faubourgs périphériques se met progressivement
en place entre Cotonou et les villes secondaires, finissant par bâtir, au
fil du temps, un ensemble urbain, qu'on appelle aujourd'hui communément
« le Grand Cotonou ».
Une agglomération formée par la réunion
de plusieurs centres urbains, initialement séparés par des
espaces ruraux, définit une conurbation3(*). Cette définition vaut pour expliquer la
juxtaposition des aires urbaines des communes, qui composent le
« Grand Cotonou ».
En Septembre 2006, la conurbation du Grand Cotonou est un
processus achevé, puisque le schéma directeur
d'aménagement et d'urbanisme4(*) s'accorde à définir une
agglomération étalée sur 1 453 kilomètres
carrés, composée de cinq communes, dont Cotonou, Porto Novo,
Abomey-Calavi, Semé Kpodji et Ouidah (situation du « Grand
Cotonou », en annexe 1).
En 2010, le Grand Cotonou avait un poids de population et une
étendue géographique comparables à l'unité urbaine
de Lyon.
FIGURE 1 - UNITE URBAINE DE COTONOU COMPAREE A
CELLES DE NANTES, MULHOUSE, LYON ET PARIS.
Source : S. BRION, 2012
Du Grand Cotonou au Sud Bénin.
Bien qu'il n'existe aujourd'hui aucune intégration
régionale, nous identifions malgré tout, un espace de
référence, dans lequel se concentre quasiment la moitié de
la population du Bénin (45%), répartie sur seulement 8%5(*) de la superficie du pays. Ce
territoire, que nous appellerons « Sud Bénin »
remembre, à lui seul, trente communes ou circonscriptions urbaines, dont
celles du Grand Cotonou. Le Sud Bénin s'étend sur environ 8 800
kilomètres carrés, soit un peu plus de la superficie de la Corse.
Avec près de 4 millions d'habitants en 2011 (estimation de la population
du Sud Bénin par ville en 2011, en annexe 2), le Sud Bénin
devient un grand foyer de peuplement, avec une densité moyenne de 459
habitants au kilomètre carré.
Les trente circonscriptions urbaines incluses dans cet espace
géographique font ressortir entre elles, différents degrés
de conurbation et de rurbanisation6(*), dont les processus sont très largement
observables aujourd'hui. C'est à partir de cette distinction que l'on
peut procéder à un découpage territorial du Sud
Bénin et nommément lui désigner trois zones: le
« Grand Cotonou » et ses 5 communes, « la moyenne
couronne » et ses 12 communes, puis « la grande
couronne » avec ses 13 communes (carte du Sud Bénin et
découpage territoriale, en annexe 3).
FIGURE 2 - POPULATION ET DECOUPAGE TERRITORIALE DU
SUD BENIN.
Source : S. BRION, 2012
Section 3. Une croissance
démographique qui ne faiblit pas
Une croissance nationale soutenue enregistrée
depuis 1960.
Sur le plan national, la démographie béninoise a
été telle que son évolution a toujours affiché une
croissance positive jusqu'en 2010 et le pays s'attend à un accroissement
de sa population dans les années à venir (démographie
béninoise 1960-2010 et projection démographique 2010-2050, en
annexe 4). D'autres indicateurs tels que la diminution du taux de la
mortalité infantile, l'insignifiance de la baisse de la
fécondité, le rallongement de l'espérance de vie, ainsi
que les améliorations dans le domaine de la santé, corroborent
une projection démographique haussière au Sud Bénin.
Le Sud Bénin n'échappera pas à cette
tendance haussière.
Cette poussée démographique ne va pas sans poser
de problèmes à l'avenir, en matière d'accueil, d'emplois,
de sécurité alimentaire, de droits fonciers, d'environnement et
d'infrastructures, notamment de transport. Il en va donc pour le territoire
concerné qu'il y aura très certainement une pression en termes de
services et de besoins, exercée par les 15-59 ans, qui seront
certainement plus nombreux en 2021, et encore plus représentés en
2031.
Avec un rythme de croissance annuel de 3,2% (taux
national), la population sud béninoise aura augmenté de 37% en
2021 et presque doublé d'ici à 2031.
FIGURE 3 - PROJECTION DEMOGRAPHIQUE SUD BENIN
A L'HORIZON 2021 ET 2031.
Source : S. BRION, 2012
CHAPITRE 2. Abandon du service
public dans les transports et initiatives locales
Section 1. Le
désengagement de l'Etat dans le routier
Les premières expériences du transport routier
public de masse remontent en 1963, avec une flotte de quinze bus,
gérés par la RTC qui finira par rencontrer des problèmes
de trésorerie. Mais c'est durant les évènements des
années 80 que le pays plonge dans une crise sans
précédent. La raréfaction des sources de financement et le
désengagement progressif de l'Etat, entrainent un « laisser
aller » dans les transports.
L'entretien et le renouvellement des infrastructures ne sont
plus assurés. Les sociétés de travaux publics n'ont plus
la capacité financière, ni les outils pour préserver et
développer le patrimoine routier. Les dernières
sociétés (travaux publics, transporteurs publics) font faillite,
étranglées par les dettes et par la difficulté à
maintenir leurs équipements en bon état.
Puis, c'est la fin d'une époque Marxiste7(*) et de l'Etat providence. Du
1er au 4 Mars 1983, le gouvernement alors en place organise une
table ronde, avec les bailleurs de fonds de la République Populaire du
Bénin, afin de rechercher des financements extérieurs. L'Etat se
désengage du transport de voyageurs et confie cette tâche au
secteur privé. La délivrance des licences pour l'exploitation du
transport de voyageurs est théoriquement contrôlée par les
municipalités qui semblent débordées. En matière de
réglementation sociale, on est plutôt dans un climat
réglementaire permissif8(*).
Cette libéralisation se traduit par un
« laisser faire » et le transport de personnes converge
vers une offre artisanale et non professionnalisée. Le transport routier
de voyageurs devient un moyen de subsistance pour certains, tandis qu'il
représente pour d'autres, une affaire intéressante.
Section 2. Le train voyageur
s'arrête en 1990
Une histoire qui a pourtant bien commencé.
A l'origine d'une voie de pénétration, le chemin
de fer, construit par les Français entre 1900 et 1936, s'arrête au
point kilométrique 438, à Parakou, grande ville au centre du
pays. La Seconde Guerre mondiale interrompt malheureusement le projet de
raccordement par le chemin de fer, entre Parakou et Niamey (Capitale du Niger).
Le réseau est géré par l'OCBN, entreprise bi
étatique, créée le 5 juillet 1959 par la République
du Bénin et la République du Niger, chargée notamment de
l'exploitation et de la coordination des opérations de transport
rail-route entre le Bénin et le Niger.
Il y eu un trafic ferroviaire voyageurs qui débuta
véritablement vers 1910. Pour accéder dans le train, il fallait
payer un billet, dont la tarification était calculée en fonction
du trajet effectué par le voyageur. Il n'existait pas de zone tarifaire
à proprement parler, mais la possibilité de souscrire un
abonnement annuel, semestriel ou trimestriel, selon le trajet habituel du
voyageur. Pour éviter que les quais ne se transforment en halles et
marchés, l'OCNB avait instauré « le ticket de
quai », moyennant 100 francs CFA (soit 15 centimes d'euro), contre
lequel il était possible de stationner sur les plates-formes, pour une
durée de quinze minutes.
FIGURE 4 - EMPRISE FERROVIAIRE DANS LA VILLE DE
COTONOU.
Source : Photographies A. VITODEGNI, 2012
Le tracé ferroviaire Sud Béninois s'étend
de part et d'autre de Cotonou, soit environ 229 kilomètres,
répartis sur deux lignes. Le maillage du réseau ferroviaire Sud
Béninois peut paraitre faible, avec 0,026 km/km², mais grâce
à sa forme en demi-boucle ou ligne semi-circulaire, le chemin de fer est
capable de relier plus de la moitié des villes de la sous-région,
soit près de 19 circonscriptions urbaines, ce qui correspond à un
bassin de population de 3,1 millions d'habitants.
Le tracé forme deux lignes. La première, une
longue radiale de 107 kilomètres, se détache à l'Est de
Cotonou pour rejoindre Porto Novo, et remonte en direction du Nord
jusqu'à Pobé. La deuxième ligne s'étire vers
l'Ouest, prenant la forme d'une radiale à antenne qui se
dédouble, l'une jusqu'à Segbohoué via Ouidah, sur 32
kilomètres de réseau côtier et l'autre remontant et
sillonnant la sous-région jusqu'à Toffo, sur à peu
près 90 kilomètres.
FIGURE 5 - RESEAU FERRE VOYAGEURS SUD BENINOIS EN
1983.
Source : S. BRION, 2012
Mais une histoire tombée dans l'oubli.
Le trafic voyageur va péricliter dans un contexte
politique et économique incertain et s'éteindre
complètement en 1990, jugé non rentable9(*). En réalité,
l'effondrement du transport ferré voyageurs est la conséquence
d'une gestion irrationnelle et de problèmes structurels importants.
L'analyse du plan des deux lignes ferroviaires Est et Ouest de 1983
révèle des inter-stations, dont la longueur moyenne respective
est de 5,4 et 4,1 kilomètres (analyse des inter-stations du
réseau en 1983, en annexe 5), soit des trajets de courte distance, dans
lesquels les motos taxis dominent.
L'effondrement du train de passagers coïncidera avec la
libéralisation du transport de voyageurs et surtout l'arrivée
massive des motos taxis, plus compétitives dans le segment de
marché des courtes distances (0-15 km). En effet, les motos taxis
offraient aux habitants, un haut niveau de service (meilleure fréquence
que le train et à une époque heureuse pour les prix de
carburants). Un bureau d'étude allemand avait conclu après
enquête en 1981, que le train aurait représenté environ 15%
du trafic à Cotonou.
En Janvier 2010, les responsables de l'OCBN relancent des
essais entre Cotonou et Porto Novo qui s'avèrent plutôt concluants
et bien accueillis par la population. Depuis, aucun train régulier de
voyageur ne circule sur le réseau, hormis les trains de marchandises
entre le PAC et son hinterland. Aujourd'hui, le train ne siffle pas pour les
voyageurs, mais bien pour les marchandises. On peut dire que le chemin de fer
Sud Béninois est un intermédiaire du commerce international qui
malheureusement ne profite pas aux habitants.
Section 3. Les nouvelles
pratiques entrepreneuriales dans le transport de voyageurs
La disparition progressive des sociétés
publiques va rapidement laisser place au secteur privé, dans lequel va
se glisser une offre de transport informelle plus ou moins controversée.
Durant la crise des années 80, le transport de voyageurs va devenir
alors un secteur refuge pour l'emploi. La demande de transport est telle que
l'acquisition et l'exploitation d'un véhicule de transport en
commun10(*)
représente un véritable investissement à rendement rapide.
Les investisseurs privés opèrent selon un principe bien
rôdé. Le véhicule (moto taxi, voiture, minibus) est
loué à la journée au chauffeur et à son
équipe (constituée de receveurs, rabatteurs de voyageurs). En
effet, il faut distinguer les conducteurs non propriétaires (profil
bachelier autour de la trentaine), les conducteurs propriétaires et les
propriétaires non conducteurs (appelés aussi investisseurs
satellites). Le montant forfaitaire est alors versé chaque soir
« au patron ». Les recettes supplémentaires,
c'est-à-dire tout ce qui est perçu au-delà, reviennent au
chauffeur et à son équipe. Pour être encore plus rentable,
les opérateurs-conducteurs font ce que l'on appelle des transports
mixtes, c'est-à-dire conduisent et transportent sans distinction,
passagers et marchandises.
Cette nouvelle forme d'exploitation va entrainer des
dysfonctionnements économiques importants et va aussi avoir un impact
sur les activités des marchands ambulants, qui transportent leurs
produits, plus cher que s'ils le faisaient par le train. Les coûts
élevés du transport seront répercutés sur les prix
des marchandises, compressant un peu plus le pouvoir d'achat des
Béninois, inhibant la consommation. Hormis le recours à cette
pratique pour le transport de marchandises, il n'existe pas d'autres solutions
plus économiques aujourd'hui. Le transport de marchandises par les gens
est l'un des traits particuliers du transport en Afrique.
Après enquête, (sondage prix des transports
terrestres routiers Avril 2012, en annexe 6). « Le ticket de
transport » pour un trajet dans le Grand Cotonou coûte entre
150 et 500 francs CFA (soit 38 centimes d'euro), en moyenne. Pour un trajet
entre le Grand Cotonou et la moyenne couronne, il faut compter à peu
près 1 000 francs CFA (soit 1,52 euro) et un déplacement entre
Cotonou et la grande couronne coûte autour de 1 800 francs CFA (soit
environ 3 euros). Les déplacements sont devenus un poste de
dépense de plus en plus écrasant, d'autant plus que les prix sont
indexés sur le prix des carburants. Il n'existe pas de grille tarifaire
voyageurs et chaque exploitant fixe librement ses tarifs. En simulant une
hausse du prix du billet de train de 1,5% par an, le mode ferroviaire resterait
encore plus abordable que le mode routier qui serait de 1,6 à 2,4 fois
plus cher (prix des transports en train en 1983, en annexe 7).
FIGURE 6 - COMPARAISON DES TARIFS FERROVIAIRES
SIMULES
ET ROUTIERS, EN FRANCS CFA (655 F CFA = 1
EURO).
Source : S. BRION, 2012
Nous ne disposons pas malheureusement des tarifs routiers
voyageurs de 1983, mais en supposant qu'ils étaient proches de ceux du
train la même année, on peut dire que le prix des transports dans
le routier aurait subi une hausse de 228% entre 1983 et aujourd'hui, tandis
qu'il aurait augmenté de 54% pour le train, sur la même
période étudiée.
Globalement, les Sud Béninois paient très cher
leurs déplacements. Alors que le ticket minimum au Sud Bénin est
de 22 centimes d'euro, soit un trajet très court, le Caire qui s'est
doté du métro à partir de 1980, transporte la population
à partir de 16 centimes d'euro.
Section 4. Les récentes
initiatives
En 2001, des études11(*) relatives à la mise en place des transports
collectifs à Cotonou sont menées, ainsi qu'une étude
technique économique de rentabilité12(*) de la concession, pour un
réseau de lignes d'autobus. Le dossier mentionne un réseau de
transport collectif urbain, d'une longueur de 50 kilomètres et 200
points d'arrêts, ce qui représenterait pas moins de cinq lignes de
bus.
Un peu plus tard, on pouvait lire dans la Nouvelle
Tribune13(*) que
« la municipalité de Cotonou a signé le 23 Juin 2011,
avec l'entreprise BENAFRIQUE SA14(*), la convention de concession et le cahier des charges
d'exploitation des lignes du réseau de transport urbain collectif par
bus de la ville ». Les premiers bus ont été
livrés fin novembre 2011 et leur mise en circulation était
prévue pour début 2012. Cette initiative de la
municipalité de Cotonou, vient comme pour résoudre un
problème : la circulation en milieu urbain. Même si le projet
est louable, il apparaît que des considérations n'ont pas
été prises en compte.
En remontant dans le temps, les expériences rappellent
pourtant que l'autobus est un système de transport ayant
échoué à plusieurs reprises en Afrique Subsaharienne
(faillite de la RTC en 1963 à Cotonou, faillite de la STB en 1972
à Brazzaville au Congo), dont les causes structurelles (état des
infrastructures routières) et conjoncturelles (crises à
répétition) sont clairement établies. L'autobus se
retrouve aussi confronté au même titre que le train, à la
fin des années 80, à la concurrence acharnée des motos
taxis, quasiment indétrônables, sur les trajets de courte
distance.
Enfin, les différentes initiatives et projets
n'intègrent malheureusement pas les déplacements interurbains et
n'expriment pas une vision régionale des transports.
CHAPITRE 3. Caractéristiques du transport de voyageurs
Sud Béninois
Section 1. Des transports
précaires et vulnérables
Aujourd'hui, les déplacements au Sud Bénin
s'effectuent presque exclusivement par voie terrestre routière, reposant
sur un parc de véhicules d'un âge très avancé et mal
entretenu, principalement acquis sur le marché de l'occasion, qui
explique en partie la mauvaise qualité du service. L'offre de transport
se décline selon trois niveaux de services : les courtes distances, les
moyennes distances et les longues distances.
La moto taxi, victime de son succès et surtout qui
a ses limites.
Pour les trajets de courte distance, c'est la moto taxi. C'est
le moyen de transport urbain le plus populaire. C'est le meilleur choix pour se
rendre aujourd'hui d'un quartier à l'autre. Les motos taxis ont surtout
l'avantage de desservir point par point, les lieux sur tout type de voie. Le
parc moto est constitué de cylindrées 125 centimètres
cubes de fabrication chinoise ou sud-coréenne. Emergent donc les motos
taxis, appelées plus communément les Zémidjans15(*). Cette offre de transport deux
roues est la plus dominante16(*) dans le marché des transports urbains et ville
à ville proches.
FIGURE 7 - TAXIS MOTOS APPELES
« ZEMIDJANS ».
Source : Photographies S. BRION, 2012
En 1989, les Zémidjans sont autorisés, où
plutôt reconnus comme mode de transport de voyageurs et en 1993, la
corporation des motos taxis est réglementée. L'industrie du
Zémidjan concerne les conducteurs, rabatteurs de terminus,
mécaniciens, laveurs (de moto, véhicule) et occupe à elle
seule près de 200 000 personnes dans tout le pays. Depuis, les
années 80, le nombre de motos taxis n'a cessé de progresser. On
dénombre aujourd'hui plus de 60 000 motos taxis rien qu'à Cotonou
(soit 1 moto taxi pour 14 habitants17(*)). Victime de son succès, on observe cependant
un essoufflement du modèle économique des Zémidjans, dont
les revenus ont continuellement régressés depuis 1980.
FIGURE 8 - EVOLUTION DU MODELE ECONOMIQUE ZEMIDJANS
ENTRE 1980 ET 2011.
Sources : Oloude, 2001 (et Confirmé par une
enquête auprès des Zémidjans)
Les autres moyens de transports ou rien.
Viennent ensuite les minibus qui assurent presque
exclusivement des liaisons interurbaines et des trafics ville à ville.
Les minibus opèrent principalement sur des tronçons lucratifs,
selon un système de noria, entre deux terminus. Ils assurent
plutôt des trajets de moyenne distance. Les déplacements
interurbains impliquant des trajets de longue distance sont effectués
principalement en autocars, organisés en ligne quotidiennes
régulières. Au Sud Bénin, il existe quelques
sociétés d'autocars spécialisées dans ce type de
trajets, dont certaines assurent des liaisons inter états.
Nous citerons enfin les taxis break, lesquels
n'obéissent pas à un circuit défini, mais répondent
plutôt à des transports spots, pour des trajets en moyenne et
longue distances.
FIGURE 9 - CLASSIFICATION DES TRAJETS AU SUD
BENIN.
Source : S. BRION, 2012
À l'exception des quelques grosses
sociétés d'autocars, le tissu des entreprises de transport
ressemble essentiellement à des petites structures, ayant
conservé l'aspect culturel traditionnel, c'est-à-dire qu'elles
n'ont pas intégré une vision entrepreneuriale des transports.
Hormis le cas des motos taxis qui cueillent les clients au
bord des voies, l'offre et la demande de transport se rencontre presque
exclusivement dans les quelques rares gares routières des villes (au
moins une gare routière par ville). La gare routière est le lieu
exclusif, multifonctionnel, mais aussi une véritable structure de
correspondance avec les autres villes. Cotonou dispose de six gares
routières centrales formelles disposant d'aménagements et
d'équipements complets, aujourd'hui obsolètes. Les autres gares
routières informelles prennent position sur la voie publique. Ces lieux
de concentration jouent malgré tout un rôle important
d'interconnexion.
Pénurie de transport et aggravation en
perspective.
Grâce au relevé des immatriculations de 1981
à 2010, on peut remarquer que le sous dimensionnement du parc
affecté au transport collectif de voyageurs, est bien réel
(étude du parc roulant de l'année 2010, en annexe 8). Le taux
d'équipement en voiture particulière, pour usage privé,
n'est pas mieux non plus18(*). On l'estime à peu près à 54
voitures particulières pour 1 000 habitants, en 2010 pour le Sud
Bénin. Il est encore plus difficile d'évaluer le nombre de places
kilomètres offertes, étant donnée la complexité de
la mesure des flux sur le terrain, mais aussi compte tenu de la
variabilité de la charge capacitaire des véhicules, qui sont
systématiquement transformé pour accueillir plus de voyageurs.
Néanmoins, il est possible d'évaluer le nombre de sièges
offerts, pour le transport collectif de voyageurs, approximativement à
175 500 pour tout le pays, et 131 600 pour le Sud
Bénin20(*).
FIGURE 10 - ESTIMATION OFFRE TC ET DE TRANSPORT
PRIVE (NON COMPTABILISES LES MOTOS TAXIS) - INSAE 2010.
Source : S. BRION, 2012
En ce qui concerne l'offre de sièges en moto taxi, on
peut apprécier en 2012, une offre de 288 45421(*) sièges au Sud
Bénin.
Globalement, sauf erreur d'estimation, l'offre en
sièges pour les trajets courte distance (motos taxis) est plutôt
correcte, alors que l'offre moyenne distance (bus, minibus) est sous
dimensionnée. L'évolution du parc roulant ne suffira pas de toute
façon à répondre à la demande (immatriculations
entre 1981 et 2010, en annexe 9).
Section 2. Observatoire des
déplacements au Sud Bénin
Le fait d'une personne de se déplacer d'un point A vers
un point B, utilisant un ou plusieurs modes de transport, pour y exercer une
activité, définie la notion de déplacement. Ces
déplacements sont caractérisés par des motifs.
Aujourd'hui l'expansion des technologies a été
telle, que les réseaux sociaux sur internet ont fait naître des
déplacements virtuels. L'internet a fortement influencé les modes
de consommation et a contribué à l'évolution des
déplacements, sans pour autant les éliminer. C'est du moins ce
qui se passe dans le monde occidental. C'est beaucoup moins vrai dans la
conception africaine.
Il faut d'abord relever l'importance des activités
sociales, qui ne sont pas des loisirs comme on pourrait l'entendre dans les
pays du Nord, comme l'explique Xavier Godard dans son ouvrage, Les
transports et la ville en Afrique du Sud Sahara. L'individualisme n'est ni
possible, ni souhaitable et pour la quasi-totalité de la population, les
visites à des parents, à des amis, la participation à des
évènements collectifs (baptêmes, mariages,
funérailles) sont une nécessité afin de rester à
part entière dans la société et ne pas être
écarté de la protection sociale communautaire.
Les autres déplacements importants qui rythment le
quotidien sont les trajets domestiques (pour l'achat de nourriture au
marché, les démarches administratives, le coiffeur). Le faible
taux de pénétration d'internet dans les foyers (pour les achats
en ligne, la consommation de médias à distance) combiné au
mode de consommation propre à la culture africaine (achat de nourriture
au jour le jour sur les marchés), expliquent un nombre important de
déplacements quotidiens. On citera aussi l'importance des
déplacements domicile-travail ainsi que les déplacements
scolaires. Puis, un des aspects culturels du transport de voyageurs,
souligné plus haut, sont les transports mixtes.
En résumé, dans la culture africaine, la
mobilité qui s'exprime au travers des déplacements est
principalement motivée par des besoins physiologiques, des besoins de
sécurité, des besoins d'appartenance et affectifs. Les principaux
motifs de déplacement sont restés traditionnellement sociaux,
domestiques et professionnels.
Dans son ouvrage, La ville phénomène
économique, Jean Remy présente la mobilité
comme une condition au développement tandis que Bussières
Yves y trouve une mesure, c'est-à-dire un ratio entre le nombre de
déplacement par jour et par personne. Selon les auteurs, on parle
également de mobilité quotidienne, de mobilité
géographique, de mobilité urbaine et mobilité comme valeur
montante des sociétés urbaines et enfin mobilité durable.
CHAPITRE 4. Abstraction sur les transports dans la conception
territoriale au Sud Bénin
Section 1. La forme des villes
dans tous ses états
La plupart des textes22(*) concernant l'urbanisme, l'habitat et la construction
datent de la période coloniale. Du temps de la présence
Française au Bénin, il a été mis en place un
système de régulation de l'occupation des sols en milieu urbain.
Pour occuper une parcelle, il fallait d'abord obtenir un permis d'habiter,
c'est-à-dire un droit possessoire provisoire de propriété
et ensuite seulement après, on pouvait se voir délivrer un titre
de propriété final, après immatriculation, pour ainsi
prétendre au droit de propriété. Beaucoup
s'arrêtèrent à mi-parcours de la procédure,
c'est-à-dire au permis d'habiter.
Ce système hybride a limité l'accès
à la propriété foncière. Malgré cela et bien
que non propriétaires, la plupart des habitants ont bâti en dur
leur maison sur des terrains sans aucun contrôle. Aujourd'hui encore,
« Cotonou se construit à coup de lotissements
juxtaposés sans aucune base planificatrice et dans la négation
totale des règles de l'art... »23(*). Il n'y a pas eu de grands
programmes officiels de lotissements, ni de construction de villes nouvelles,
ordonnés autour d'un système de transport collectif de masse.
Les infrastructures de transport ont été
posées en fonction des intérêts économiques des
colons24(*). En effet, le
tracé de l'ensemble des infrastructures de transport, route comme chemin
de fer, a été pensé en priorité pour extraire les
marchandises situées dans les zones de productions agricoles.
Il faut souligner qu'avant l'indépendance, personne ne
s'imaginait que les villes du Sud Bénin allaient connaitre une
croissance démographique25(*) d'ampleur. Les problèmes relatifs aux
déplacements urbains et interurbains n'étaient pas encore
posés.
Après l'indépendance de 196026(*) (période
charnière) et jusqu'à peu près aujourd'hui, beaucoup de
sujets non traités sont remontés à la surface, se
traduisant par des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du territoire et
générant notamment une mobilité sous fortes contraintes.
D'abord, au lendemain de la période
d'indépendance, le programme de décentralisation est
confié à des acteurs manquant d'expérience, en
matière de gestion des problématiques urbaines27(*). Ensuite, les marchés
fonciers et immobiliers basculent peu à peu dans le secteur informel. On
assiste au bradage des parcelles, puis par extension naissent des quartiers
informels (lotissements informels et permis d'habiter illégaux). Le
marché foncier échappe progressivement aux organismes publics et
se produisent des détournements du plan d'urbanisme et autres plans
directeurs. Des années après, la question de la bonne gestion de
l'urbanisme n'est toujours pas réglée. On relève
« un recours à des ressources humaines incompétentes
dans la conception et de la réalisation des plans de
lotissements »28(*).
Pour finir, la spéculation foncière amène
les populations à s'installer dans la périphérie,
renforçant encore plus le phénomène de rurbanisation
autour des villes du Sud Bénin. L'installation de ces populations,
toujours plus éloignées des centres, rallonge les distances, les
temps de déplacement et surtout fait exploser le budget transport des
ménages, entrainant une précarisation des plus
vulnérables.
Bien que l'informel soit une filière d'accès
à l'habitat, il est aujourd'hui plutôt question de procéder
à une régularisation foncière29(*), autrement dit, de passer d'un
statut illégal d'occupation du sol à la délivrance de
titre de propriété. A défaut de normalisation, il est
difficile de rendre cohérent et possible toute tentative
d'amélioration de l'habitat, d'aménagement et d'identifier les
espaces susceptibles d'accueillir des infrastructures de transport (abribus,
gares routières...).
Là encore, les priorités sont essentiellement
orientées sur l'industrie et le commerce extérieur. Encore
aujourd'hui, l'aménagement des espaces économiques le long du
littoral, passe avant l'aménagement de l'urbanisme et de l'habitat,
repoussant un peu plus les populations vers les périphéries.
L'absence de socle législatif et réglementaire
foncier propre au Bénin est un frein considérable pour les
programmes de lotissements, comme le souligne, le schéma directeur de
l'aménagement et de l'urbanisme. Enfin, la nécessaire
régulation des prix dans le foncier et l'immobilier ne pourra être
entreprise, qu'après s'être prémuni de tous ces outils de
gestion urbaine.
Aujourd'hui, l'absence de réseau de transport capable
d'irriguer et de drainer les habitants vers la sous-région a
bouleversé la forme des villes du Sud Bénin et figé leur
développement. L'absence de grands travaux liés à
l'habitat et d'aménagement des transports a créé des
discriminations socio-spatiales importantes.
Section 2. Un
réseau routier défaillant
Il convient d'abord de dresser un état du réseau
national terrestre routier sud béninois. En 2009, il comptait
près de 1 875 kilomètres, dont 596 kilomètres de routes
nationales bitumées, 830 kilomètres de routes nationales en
terre, et 449 kilomètres de pistes nationales.
FIGURE 11 - EVOLUTION DU RESEAU NATIONAL TERRESTRE
ROUTIER
AU SUD BENIN.
Source : S. BRION, 2012
Le bitumage des voies n'est pas systématique en ville
non plus. Seulement 10% du réseau Cotonois30(*) est bitumé. En
agglomération, le réseau terrestre routier se différencie
en trois types de voies, en fonction de leur utilisation, dont la
hiérarchisation est la suivante : les voies primaires (grands axes,
voies rapides urbaines) qui sont toutes bitumées, les voies de
distribution (intermédiaires entre les voies primaires et les voies de
dessertes) qui sont de véritables artères entre les quartiers et
généralement pavées et enfin les voies de dessertes
(accès aux habitations et aux divers activités urbaines) qui ne
sont ni bitumées, ni pavées et qui constituent la majeure partie
du réseau.
La faible longueur de voies bitumées a en parti
façonné l'offre de transport actuelle et favorisé
l'épanouissement des motos taxis. De même que les voies de terre,
en proportion plus nombreuses que les voies bitumées, deviennent peu
praticables pendant les saisons pluvieuses.
L'urbanisation galopante n'a pas été suivie d'un
plan d'urbanisme conséquent, ce qui a entraîné la
saturation du réseau routier et surtout son inadaptabilité pour
exploiter un système de transport de masse terrestre routier. En effet,
la largeur insuffisante des voies de circulations et les mauvais comportements
des usagers de la route, ne permettent pas d'imaginer rationnellement
l'exploitation d'un réseau supplémentaire, en voie
banalisée ou même en site protégé. De plus, les
extensions urbaines et les activités humaines (installations
d'activités commerciales au bord des voies...) non
maitrîsées par les pouvoirs publics, n'ont fait qu'aggraver le
contexte difficile de l'exercice des transports.
Hors agglomération, l'état du réseau
routier se dégrade progressivement. Le phénomène est
observable en direction du Nord. C'est moins vrai tout le long du littoral
où la route est assez bien entretenue.
Le maillage du réseau routier Sud Béninois est
relativement faible31(*).
Sa valeur est de l'ordre de 0,213 km/km².
Néanmoins, si la conurbation vaut pour
considérer l'agrégat d'unités urbaines, elle
n'apprécie pas ici, dans la définition qui en est donnée,
tous les phénomènes de flux entre les différents centres
urbains32(*). Pour
évaluer ces flux, on parlera plutôt de degré de
conurbanisation. La conurbanisation détermine le processus qui commence
à relier par des flux, la mobilité des habitants actifs,
consommateurs entre les différentes aires urbaines proches et
physiquement distinctes33(*).
En matière de dessertes, les flux observés entre
les villes du Sud Bénin décrivent une multitude de communications
individuelles, pas forcément optimisées, reliant chacun des
points entre eux.
FIGURE 12 - REPRESENTATION SCHEMATIQUE DES
RELATIONS ENTRE POINTS MULTIPLES AU SUD BENIN.
Source : S. BRION, 2012
En termes de fréquences, les rotations observées
sont plutôt assez faibles. Par ce rapprochement, on comprend que le Sud
Bénin n'a pas encore atteint un degré de conurbanisation
satisfaisant, c'est-à-dire que même s'il existe des relations, les
villes ne communiquent pas de la façon la plus optimale et en
répétition ordonnée. La croissance démographique
soutenue et l'extension spatiale des unités urbaines au Sud Bénin
remettent donc en question toute l'organisation des transports. La divergence
entre l'ampleur du phénomène de conurbation et l'absence de
politique d'orientation des transports pour atteindre le bon degré de
conurbanisation, risque de croiser vers un point critique en matière de
développement pour toute la région Sud.
Section 3. Une
multiplicité d'acteurs qui crée la confusion
C'est le Ministère en charge des Transports Terrestres,
des Transports Aériens et des Travaux Publics qui a compétence
dans le domaine. En réalité, « l'analyse du dispositif
institutionnel de la mobilité urbaine au Bénin a
révélé un nombre élevé de ministères,
d'organismes et d'opérateurs impliqués dans le secteur des
transports, chacun intervenant dans son propre champ ... et une dispersion des
compétences des administrations chargées des transports,
traduisant une véritable fragmentation institutionnelle»34(*). Le manque de coordination
entre le Ministère des travaux publics et des transports, le
Ministère de l'environnement, de l'habitat et de l'urbanisme, le
Ministère de la décentralisation, de la gouvernance locale, de
l'administration et de l'aménagement du territoire et les autres
directions pour ne pas toutes les citer, entraine aussi des conflits
d'attributions entre les ces différents acteurs publics.
Les transports informels sont bel et bien implantés
dans le paysage sud béninois, ce qui rend d'autant plus difficile le
développement du marché des transports collectifs. Les habitudes
des entrepreneurs de transport de voyageurs sont si enracinées que ces
acteurs craignent les changements. Mais les habitudes évoluent bien
souvent plus vite que prévu. L'objectif principal des politiques
transports ne sera pas de modifier les comportements mais plutôt de voir
quels changements ces politiques vont entraîner.
L'émergence des transports collectifs est surtout
bridée par la lenteur des processus émanant de décisions
politiques, ayant pour conséquence l'accumulation de retard
considérable en matière d'infrastructures de transport.
CHAPITRE 5. Diagnostics
Après avoir tiré les traits
caractéristiques du transport de voyageurs Sud Béninois, on
s'attachera maintenant à le diagnostiquer afin d'isoler ses principaux
points conduisant à une sérieuse remise en question du
système actuel.
Section 1. Une mobilité
circonscrite à la fois dans les quartiers et dans les villes
Vue d'en haut, la ville de Cotonou fait figure d'un damier. A
mesure que s'allongent les distances depuis les différents centres,
s'allongent aussi les problèmes. Le Grand Cotonou est une
agglomération fractionnée présentant de nombreuses
coupures urbaines.
FIGURE 13 - PHOTO PRISE D'UN AVION RELEVANT
LA TRAME URBAINE.
Source : Crédit Photo PDU Cotonou, 2008
« Une coupure urbaine est une emprise, dont la
taille ou ce qu'elle accueille perturbent les relations entre les populations
alentours (ne pas confondre avec coupures d'urbanisation, venant
préserver un cordon d'espace agro naturel entre deux espaces
urbains) »35(*)
. L'emprise peut être naturelle et artificielle.
Il n'est pas une ville qui souffre de coupure urbaine. Elles
sont omniprésentes dans presque toutes les villes du Sud Bénin et
s'expriment sous différentes formes.
Une mobilité circonscrite dans les
quartiers.
L'extrême rareté de feux de circulation, la
rareté de passages piétonniers combinés au flux incessant
du trafic très dense (surtout aux heures de pointe dans la ville de
Cotonou), rendent quasiment impossible et très dangereux la
traversée piétonnière de ces voies. Certaines voies de
circulation agissent comme de véritables remparts ou barrières de
trafic. Un autre exemple illustre les difficultés liées aux
coupures urbaines à Cotonou. La ville est coupée par un chenal
appelé « Lagune de Cotonou », creusé par les
Français en 1894. La Lagune de Cotonou est une coupure urbaine
artificielle, qui malgré l'aménagement de trois ponts, perturbe
les relations entre les deux rives.
Enfin, pour communiquer et se rendre dans les autres secteurs
de la ville, il faut néanmoins faire l'effort de s'extraire de son
quartier, afin d'aller chercher un mode de transport motorisé, ce qui
est encore plus difficile en heure de pointe.
Ces quelques exemples nous permettent de comprendre que
l'enclavement des quartiers est bien réel et constitue même pour
ses habitants une entrave économique et sociale importante
(difficulté à rejoindre son lieu de travail, incommodités
d'accès aux services et à l'éducation). Ces
barrières de trafic et coupures urbaines constituent une
véritable entrave à la mobilité et renforce le sentiment
d'enclavement. La mobilité est circonscrite dans les quartiers.
Une mobilité circonscrite dans les villes.
Pour les déplacements périurbains, après
avoir réussi donc à s'extraire de son quartier et emprunté
un taxi moto, il est presque obligatoire de rejoindre une gare routière,
seul lieu d'interconnexion avec les autres villes. Il faut ensuite trouver et
prendre place à bord d'un taxi collectif ou minibus, qui ne
démarre sa course qu'après avoir trouvé un nombre
suffisant de voyageurs, pour la destination desservie, s'il ne l'a pas
modifié. Il peut parfois s'écouler beaucoup de temps avant que le
véhicule annonce son départ.
Section 2. L'économie
informelle a ses limites
Jusqu'en 1990, l'Etat béninois a été
l'agent central de la politique, de l'économie et de la culture.
Après son désengagement, il a fallu apprendre à
créer et à favoriser l'initiative individuelle.
La majeure partie des acteurs du transport de voyageurs ont
préféré outrepasser et contourner les formalités
administratives et contraignantes pour l'exploitation des transports. Ils ont,
de fait, renoncé aux avantages du code des investissements, à
l'octroi du crédit bancaire et à l'accès au marché
public. L'économie informelle s'est alors entremise dans le transport et
toutes ses activités connexes. Aujourd'hui, l'enlisement dans le
modèle économique informel, dans plusieurs secteurs et notamment
celui des transports, a échappé à l'Etat. En
réalité, ces microstructures ne réunissent pas les
conditions requises pour répondre à des marchés globaux,
compte tenu de leur insignifiance matérielle et financière. A
défaut d'entreprise de transport structurée ou de taille moyenne,
ce sont donc une multitude de petits artisans, qui cherchent à
rentabiliser leur investissement, au détriment de la
collectivité.
La situation est devenue d'autant plus préoccupante
dans les collectivités, pour lesquelles les difficultés à
mobiliser les ressources suffisantes, indispensables pour le fonctionnement et
le financement des investissements, sont bien réelles.
Section 3. Les transports et
l'énergie font mauvais ménage
Des ressources naturelles inexploitées.
D'abord, les approvisionnements énergétiques
(carburants, électricité) sont un vrai problème dans tout
le pays (difficulté d'acheminement). La forte variabilité des
coûts des carburants fossiles n'épargnent pas le pays non plus et
les coupures d'électricité sont monnaie courante. En 2009, un
rapport36(*) souligne
pourtant que le pays regorge de potentialités énergétiques
non valorisées.
Malgré la découverte de gisements
pétroliers à partir des années 2000, le Bénin ne
s'est pas encore orienté vers une production à grande
échelle, qui lui permettrait de satisfaire ses besoins. En ce qui
concerne la production nationale d'électricité, celle-ci est
très limitée, avec un taux d'autosuffisance de 15%37(*). L'électricité
est principalement importée (du Ghana, de la Côte d'Ivoire).
Le réseau d'infrastructures de transport est
vétuste et ralentit ou paralyse les approvisionnements
énergétiques. Aussi, l'insuffisance en équipements de
distribution de l'énergie a entraîné la mise en place d'une
économie parallèle de distribution de carburant (station
trottoir), dont les transports sont très dépendants aujourd'hui.
Le kpaïo, cet inconnu qui vient compliquer
l'équation du transport.
L'économie informelle se retrouve également dans
presque tous les réservoirs. En effet, la quasi-totalité du parc
motorisé consomme un carburant de contrebande provenant du
Nigéria et si son entrée au Bénin par les
frontières poreuses est illicite, sa vente est tolérée et
s'exerce grossièrement sous la forme de stations trottoirs.
FIGURE 14 - STATIONS TROTTOIRS OU STANDS DE VENTE
DE CARBURANT DE CONTREBANDE A COTONOU.
Source : Photographies S. BRION, 2012
Le recours massif à ce carburant, s'il fait vivre bon
nombre de trafiquants et surtout petits revendeurs, fausse
considérablement les données des importations d'hydrocarbures
dans le pays. L'utilisation du kpaïo38(*) ne profite aucunement à l'Etat qui n'en tire
d'ailleurs aucun revenu fiscal et commercial. Les autorités semblent
assister impuissantes, à ce phénomène qui n'a cessé
de s'amplifier.
Mais, le problème s'est compliqué lorsque le
Nigéria, premier pays producteur de pétrole d'Afrique, a
décidé, en janvier 2012, de ne plus subventionner l'essence sur
son territoire, entraînant une soudaine flambée du prix des
carburants. L'essence, introduite alors par la contrebande au Bénin, a
subi une hausse importante, allant jusqu'à dépasser les prix
à la pompe.
Les consommateurs se sont donc précipités sur
les stations essences du pays, devenues moins chères, d'où la
pénurie de carburant. En quelques jours, l'essence kpaïo est
devenue hors de prix, passant de 400 à 800 francs CFA (soit de 0,61
à 1,22 euro), contre 570 francs CFA (soit 87 centimes d'euro) à
la pompe. La répercussion sur les prix du transport de personnes fut
immédiate. L'état ne subventionnant pas le secteur informel des
transports, ce sont tous les usagers du transport qui sont frappés par
cette crise. Etant indexés directement sur le prix des carburants, les
transports font donc état d'une tarification fluctuante. Ce
modèle d'exploitation des transports est inacceptable pour des
populations économiquement fragiles.
Rappelons enfin qu'une forte proportion de cette essence
vendue dans la rue provient d'un raffinage artisanal et sa qualité
contestée, à long terme, détruit les moteurs des
véhicules. Le recours à ce carburant maintient tout un
réseau de trafiquants raffineurs, contrebandiers et entraîne
surtout des dégâts sociaux et environnementaux
considérables dans le Delta du Niger, là où sont
disséminées un peu partout dans la jungle les raffineries
clandestines 39(*) au
Nigéria.
Section 4. Des transports non
démocratiques
La configuration actuelle des transports Sud Béninois
révèle des inégalités en termes
d'accessibilité. L'offre de transport actuelle ne semble pas avoir pris
en compte les déplacements des populations les plus fragiles socialement
parlant. Les personnes âgées, les familles nombreuses, les
mères accompagnées d'enfants en bas âge et tous les
individus en situation de précarité ont renoncé à
effectuer leurs déplacements, du fait de l'inadaptation et du coût
des transports. Ces populations se sont donc résignées dans
l'isolement. Ce sentiment est d'autant plus renforcé par une
mobilité circonscrite aussi bien dans les quartiers qu'à
l'échelle des villes. L'absence de transport pratique et
démocratique réduit les chances d'accéder à
l'emploi, aux services et à l'éducation et entraîne des
inégalités importantes.
Section 5. Le transport de
personnes est générateur de multiples nuisances
La première des nuisances du transport motorisé
la plus perceptible, en arrivant dans le Grand Cotonou, est d'ordre
environnemental. P. Adoléhouémé, chercheur en
économie des transports pour l'Afrique Subsaharienne, rappelle les
effets non négligeables de l'activité des transports sur la
santé publique. En l'absence de statistiques fiables, ces polluants
nocifs (plomb, particules d'hydrocarbures volatiles...) sont responsables de
maladies.
Puis, la congestion du réseau routier est aussi l'une
des caractéristiques majeures de la circulation au Sud Bénin,
n'arrangeant en rien le phénomène de pollution
atmosphérique. En cause de cette pollution, l'âge avancé
moyen (de 14 à 17 ans) du parc motorisé mais aussi la forte
concentration de véhicules de faible capacité et le recours
à un carburant de mauvaise qualité.
FIGURE 15 - ACCIDENT SUR LA ROUTE A 50 KM AU NORD
DE COTONOU.
Source : Photographies S. BRION, Janvier 2012
Le Sud Bénin est aussi au tableau noir de la
sécurité routière. En 2009, 725 personnes ont
trouvé la mort sur les routes au Bénin. Mais, c'est en
agglomération que les accidents sont les plus fréquents. Leur
nombre est tel que 55%, de tous ceux enregistrés par le CNSR sur le
territoire national, concerne la ville de Cotonou à elle seule. De
nouvelles mesures commencent seulement à être prise, mais nous
sommes malheureusement encore très loin des standards des pays
occidentaux.
A compter du 1er Avril 2012, tous les motocyclistes
en circulation dans les départements de Littoral et Atlantique doivent
porter un casque. Cette mesure vient sonner comme un coup de tonnerre dans les
habitudes des Béninois et mettra certainement encore du temps à
être perçu comme un élément indispensable pour la
sécurité.
Hors agglomération, la dégradation des routes,
la vétusté des véhicules, l'imprudence de certains
conducteurs, l'insuffisance des moyens de contrôle ainsi que l'absence de
signalétique routière, sont les principaux facteurs de risque
d'accident au Sud Bénin. Les usagers comme les conducteurs sont
prêts à prendre des risques inconsidérés au
détriment de leur sécurité. En ce qui concerne les plus
grandes distances et quels que soient les axes, la route continue de tuer. Les
minibus et taxis break sont pour la plupart déséquipés de
leurs agréments de sécurité, l'habitacle ayant
été modifiés pour accueillir plus de passagers.
Aujourd'hui, la rentabilité prime sur la sécurité. Pour ne
pas être inquiétés par les contrôles routiers, les
conducteurs n'hésitent plus à acheter le silence des agents de
police et des brigades routières.
Section 6. Un secteur sans
stratégie, ni organisation et moyens
Malgré toutes ces alertes, il n'existe pas de
stratégie globale des transports collectifs de masse au Sud
Bénin. Les différents acteurs du transport de voyageurs semblent
plutôt être restés sur une vision à court terme.
En matière d'organisation, les exploitants du
transport de voyageurs fonctionnent sur un modèle économique
scabreux, irrationnel. L'absence d'un gendarme transport conduit à la
dégradation du service. L'insatisfaction des usagers du transport n'a
aucune portée et les exploitants ne cherchent pas à faire
progresser la qualité de leurs services.
Cette absence de stratégie reflète un transport
inopérant, non optimisé et surtout obsolète.
Conclusion de la Première Partie
Entre 1980 et 1990, la libéralisation du transport
terrestre routier et son évolution spectaculaire ont eu raison du train.
On comprend aussi que le transport de voyageurs n'a jamais été la
préoccupation première des colons et de l'Etat béninois et
qu'il est devenu un « making money » pour certains et un
gouffre pour les usagers.
Aujourd'hui, plusieurs éléments mis bout
à bout, comme le tarissement du business modèle des motos taxis,
le sous dimensionnement de l'offre de transport pour les moyens et longs
trajets, la vétusté du parc auto, la flambée des prix du
carburant, décrivent une fébrilité du transport de
voyageurs.
D'autres éléments comme les discriminations
socio-économiques et socio-spatiales, les nuisances environnementales et
sanitaires, le dérèglement de l'organisation spatiale, nuisent au
bien-être social et aux perspectives de développement du Sud
Bénin.
Les différents processus en cours (étalement des
agglomérations et projections démographiques haussières)
risquent fort de dépasser la capacité de gestion des transports.
L'analyse et l'exploitation des évolutions socioculturelles nous
orientent vers le choix du transport collectif de masse.
A ce stade, il peut nous être permis d'en déduire
des objectifs prioritaires, c'est-à-dire chercher à
améliorer la mobilité, en abolissant les contraintes spatiales,
tout en assurant les échanges et en rendant accessible les ressources
urbaines.
Dans une société où les
déplacements sont encore restés très traditionnels,
l'objectif est de redéfinir une mobilité visant la
capacité à se mouvoir pour quitter un lieu et en rejoindre un
autre, faisant appel si possible à un transport durable, propre,
économiquement viable, formel et sécurisé. Une
région de l'envergure du Sud Bénin avec un bassin de près
de 4 millions d'habitants, présente des niveaux de demande sur des axes
centre-périphérique qui pourraient justifier l'aménagement
d'un système de transport collectif de masse.
Alors même que le Sud Bénin dispose d'une emprise
ferroviaire, on est à même de se poser cette question : le
Sud Bénin doit-il se réconcilier avec le chemin de fer ?
DEUXIEME PARTIE. UN TCSP AU
SERVICE DU DEVELOPPEMENT AU SUD BENIN
Les centres urbains attireront toujours plus et
présenteront une croissance démographique soutenue, modifiant
profondément la forme des villes et leur fonctionnement. En quoi un plan
rail pour le Sud Bénin, contribuerait à la
prospérité des villes et au bien-être de ses habitants et
de l'environnement ? Et surtout, comment intégrer le rail avec
l'offre de transport existante ?
CHAPITRE 1. Les solutions possibles
Section 1. Un TCSP pour le Sud
Bénin
Ces dernières années, les grands
décideurs territoriaux ont beaucoup misé sur les prouesses des
tram-trains et autres systèmes de transport similaires, afin de faire
face aux enjeux futurs de l'aménagement du territoire. Face à un
monde connexionniste40(*)
et à l'ampleur du phénomène de conurbation, les grands
centres urbains sont amenés aujourd'hui, à remettre en cause
toute leur architecture de transport, et notamment intégrer des
transports de masse (Métro du Caire en Egypte, Métro d'Alger en
Algérie, Métro de Saint Domingue en République
Dominicaine...).
Le Sud Bénin ne dispose pas d'un réseau
terrestre routier adéquat, lui permettant de développer des
solutions routières de transport collectif de masse, tel que des BHNS.
En revanche, il dispose d'un réseau terrestre ferroviaire de surface,
sur lequel il est techniquement possible de faire circuler sans entrave des
trains de gabarit plus important que le tram-train, embrassant une plus large
palette de matériels roulants ferroviaires. Le train voyageur apparait
comme un moyen possible à mettre en oeuvre pour relier entre elles, les
villes du Sud Bénin, sous réserve de réhabilitation et de
modernisation de l'emprise ferroviaire existante.
Parmi tous les systèmes ferrés de transport de
voyageurs, il est difficile de le surnommer autrement que « train
léger ». Plus concrètement, le train léger qui
pourrait reprendre du service au Sud Bénin est un TCSP s'associant
plutôt entre un tram-train41(*), un RER ou encore un TER. C'est le mode de transport
ferré reliant l'urbain au périurbain. Le Sud Bénin ne peut
utiliser exclusivement que du matériel ferroviaire à traction
thermique, étant donné la non électrification du
réseau.
|
BHNS
|
TRAMWAY
|
TRAM TRAIN
|
TRAIN LEGER
|
Durée de vie
|
15 ans voire moins compte tenu de l'état de la
chaussée
|
40 ans
|
40 ans
|
40 ans
|
Technologie
|
Thermique
|
Electrique
|
Electrique ou Diesel
|
Electrique ou Diesel
|
Infrastructures de roulage
|
Voirie
|
Voies urbaines à faible rayon de courbure
|
Peut circuler aussi bien sur les voies de tramway que le
réseau ferré national
|
Réseau ferré national
|
Mise en oeuvre
|
Système en voirie banalisée
|
Infrastructure partagée avec la route ou infrastructure
dédiée
|
Infrastructure partagée avec la route ou infrastructure
dédiée
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Infrastructure dédiée
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Vitesse commerciale
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8 à 15 km/h en ville
42 km/h en transit
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30 km/h en agglo
70 km/h en transit
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30 km/h en agglo
100 km/h en transit
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30 km/h en agglo
100 km/h en transit
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Capacité - débit voyageurs
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Moins de 2 000 voyageurs/ heure/ sens
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2 500 à 5 000 voyageurs/ heure/ sens
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2 500 à 10 000 voyageurs/ heure/ sens
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5 000 à 10 000 voyageurs/ heure/ sens
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Effet sur la circulation routière au Sud
Bénin
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Complique la circulation routière
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Allègement de la circulation routière par
l'utilisation de l'emprise ferroviaire existante
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Allègement de la circulation routière par
l'utilisation de l'emprise ferroviaire existante
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Allègement de la circulation routière par
l'utilisation de l'emprise ferroviaire existante
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Incidence des stations voyageurs
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Problématique des gares routières
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Mineure sur la voirie
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Mineure sur la voirie
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Peut nécessiter des stations plus
élaborées
(si quais hauts)
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FIGURE 16 - COMPARAISON DE DIFFERENTS MODES DE
TRANSPORT COLLECTIFS DE MASSE POUR UN TRAFIC REGIONAL.
Source : S. BRION, 2012.
Le chemin de fer sud béninois relie un bassin de
population de 3,1 millions d'habitants, soit à peu près
l'équivalent de la population de la Bretagne, mais s'étend sur
une aire trois fois plus petite que cette région française. La
région considérée (soit les 19 circonscriptions sur 30 que
compte le Sud Bénin) doit théoriquement pouvoir présenter
des niveaux de demande sur les axes Grand Cotonou - Moyenne Couronne - Grande
Couronne, au moins supérieur à 5 000 voyageurs, par heure et
par sens (en moyenne).
La détermination du débit voyageur
n'étant pas la finalité de cet approfondissement, il conviendrait
de mener une étude de marché. Mais, en nous fiant à tous
les éléments abordés précédemment, il nous
est permis de penser qu'un TCSP optimisé pour un débit entre 5
000 et 10 000 voyageurs par heure et par sens, est le minimum.
Initialement le Sud Bénin dispose d'emprises
ferroviaires qui devraient lui permettre d'économiser les frais des
travaux de gros oeuvre. En revanche, il est nécessaire de
réhabiliter et moderniser l'infrastructure ferroviaire dont le plus
récent du matériel date de 1980 et de s'équiper
également de rames.
Le coût moyen de renouvellement complet d'un
kilomètre de voie ferrée s'élève à un
million d'euros42(*). Si
on considère la rénovation complète du réseau
ferré Sud Béninois, le montant se hisse à 229 millions
d'euros. La modernisation d'un point d'arrêt coûte environ
400 000 euros43(*).
En partant sur une douzaine de gares à réhabiliter, ces
dépenses atteindraient un montant de près de 5 millions d'euros.
Le coût global de rénovation complète se chiffre à
234 millions d'euros. Une main d'oeuvre bon marché devrait
réduire sensiblement les coûts, hors matériel roulant.
Enfin, le prix d'une rame est estimé entre 1,5 et 11 millions d'euros
(plus proche des 1,5M pour des rames et des locomotives de fabrication
indienne44(*)).
Le coût d'investissement du train (remise en état
de l'infrastructure, acquisitions des voitures-voyageurs) ainsi que les
coûts d'exploitation, certes plus élevés que les autres
systèmes de transport, doivent être évalués et
appréciés, suivant les problèmes que le train est capable
de résoudre.
Hormis l'érosion côtière et les
inondations, les facteurs de risque naturels ainsi que le mauvais état
des routes ne remettent pas en question l'exploitation ferroviaire, dans la
région considérée. De tous les modes de transport de
voyageurs au Sud Bénin, le train léger serait le plus à
même à supporter un environnement peu favorable aux transports
(conditions climatiques, transports mixtes) et s'inscrit aussi dans le temps et
dans la durée de son utilisation.
Ensuite, l'infrastructure de transport ferroviaire
étant classée en site propre, le train léger devrait
pouvoir se déplacer sans subir les aléas de la circulation
routière, ce qui est un point fort en Afrique, compte tenu du manque de
discipline routière.
Section 2. Le train
léger, une technique éprouvée à Dakar et
Kinshasa
On citera d'abord le PTB (Petit Train de Banlieue) à
Dakar (Sénégal), entré en service en 1997. Bien qu'il ne
soit pas un train léger du type tram-train, le PTB est
fréquenté quotidiennement par les 20 000 à 25 000
passagers qui le choisissent, pour effectuer leurs déplacements entre la
capitale sénégalaise et la périphérie. Le
réseau s'étend sur 27 kilomètres. Le prix du billet
coûte en moyenne, entre 150 francs CFA (23 centimes d'euro) et 200 francs
CFA (30 centimes d'euro).
FIGURE 17 - PTB DE DAKAR. DE GAUCHE A DROITE :
ANCIENNES ET NOUVELLES RAMES LIVREES EN JANVIER
2012 (FABRICATION INDIENNE).
Source : Xalima.com & Xibar.com, Janvier
2012.
A Kinshasa (République Démocratique du Congo),
la ville offre un système de transport ferroviaire tout aussi
intéressant, qui relie la gare centrale, située non loin du
centre de la ville, jusqu'à la grande banlieue, sur 20 kilomètres
de réseau. Le coût moyen d'un trajet est d'environ 300 francs
Congolais, contre 1000 francs Congolais, en empruntant le bus privé. Les
infrastructures vieillissantes ont conduit à une coopération
technique avec la Belgique, pour relancer le « train
léger ». En 2011, cette même coopération
prévoyait de développer le réseau, jusqu'à 45
kilomètres.
FIGURE 18 - TRAIN SUBURBAIN DE KINSHASA. DE GAUCHE
A DROITE :
ANCIENNES ET NOUVELLES RAMES LIVREES EN NOVEMBRE
2011.
Source : RTC, 2011.
CHAPITRE 2. Un train de croissance pour le Sud
Bénin
Section 1. Un train pour la
prospérité économique
Même si le transport terrestre de voyageurs reste
aujourd'hui un grand pourvoyeur d'emplois, il est loin de stimuler la
croissance et corrompt plutôt tout le système économique
(mise en place d'une économie parallèle, entrainant des pertes
fiscales importantes).
La relance du chemin de fer voyageur Sud Béninois peut
être perçue comme une opportunité pour la
prospérité économique de la région. L'exploitation
ferroviaire est génératrice d'emplois directs (chantier de la
réhabilitation du réseau ferré, assemblage des voitures,
maintenance des équipements, exploitation de la ligne) et indirects
(commerces, hôtellerie restauration, tourisme).
« La présence de commerces à
proximité des lieux de transit correspond au désir des
entrepreneurs marchands de capter une clientèle en mouvement, de
passage, mais aussi celui d'être aisément accessible. Les
commerces eux aussi offrent aux transporteurs une destination en plus d'une
fonction de transit, destination qui ne peut être qu'un
élément de valorisation et de rentabilisation accrue des lignes
qui la desservent »45(*).
Par extension, c'est grâce au transport de masse que
l'on peut développer les échanges et stimuler la consommation
à grande échelle. Dans le cas présent, le
développement des activités commerciales dépend donc du
développement des transports. Le rail doit être
considéré comme le fer de lance de l'économie au Sud
Bénin.
Section 2. Développer la
qualité de pôle régional du Sud Bénin
Il existe une multitude de pôles qui rythment et
concentrent des activités humaines. On peut définir un pôle
comme « le pôle dans son acceptation courante, non seulement
structure de l'espace, l'aimante, mais se situe dans cet espace comme un
centre, un point d'attraction et de rayonnement »46(*).
Le triangle du pôle d'échanges.
Laurent GILLE 47(*) insiste sur la relation entre pôle et place
d'échanges. Pôle et place d'échanges ont deux fonctions
distinctes. Un pôle d'échanges fait se produire des transitions,
(c'est-à-dire qu'il permet d'assurer des correspondances) tandis que la
place d'échanges entraîne des transactions. Sans le pôle, il
est difficile de développer une place d'échanges efficace et
dynamique. Pour ainsi dire, le pôle d'échanges, subordonne ou fait
naître une place d'échanges. Les places d'échanges doivent
donc être desservies suffisamment au moyen d'une infrastructure de
transport, pour assurer la fréquentation. On ne peut qualifier un
pôle d'échanges si celui-ci ne réunit pas les
prérequis pour se constituer en tant que tel.
FIGURE 19 - ELEMENTS CARACTÉRISTIQUES D'UN
POLE D'ECHANGES.
Source : BRION, 2012
Le Sud Bénin abrite des places d'échanges
importantes bien connues (le marché international de Dantokpa à
Cotonou, marché des véhicules d'occasion à
proximité du port) qui attirent les commerçants de toute la
sous-région. L'insuffisance et le sous-dimensionnement des transports
peuvent jusqu'à produire l'effet inverse en asphyxiant ces places
d'échanges, qui enregistrent une saturation, perturbant le
fonctionnement et l'organisation des grands marchés urbains.
Le Sud Bénin dispose également d'atouts
touristiques. Néanmoins, les difficultés de raccordement de ces
lieux d'échanges sont telles qu'elles limitent leur expansion.
Le désenclavement des territoires pour dynamiser
les échanges et créer de nouvelles relations.
Le transport public régional est embryonnaire voire
quasiment inexistant. De par la géographie du territoire, le Sud
Bénin ne dispose pas d'axes naturels satisfaisants, qui lui permettent
de relier efficacement les villes entre elles. Même la voie lagunaire,
ancienne liaison fluviale entre Porto Novo et Cotonou, n'est plus
opérationnelle. Le désenclavement ou la mise en relation entre
deux ou plusieurs autres territoires, aurait pour effet d'amorcer une dynamique
à l'échelle régionale.
FIGURE 20 - REPRESENTATION SCHEMATIQUE DE
REDRISTRIBUTION SPATIALE AVANT ET APRES DESENCLAVEMENT.
Source : BRION, 2012
Aujourd'hui les populations sont réticentes à
s'éloigner des centres ou à s'installer loin du Grand Cotonou,
quasiment seul à regrouper des services : le centre national
hospitalier universitaire, les activités industrielles, les grandes
institutions politiques et religieuses, les sièges des organismes
internationaux, l'aéroport, le PAC, les principaux équipements
culturels, les grandes écoles. Et l'absence d'un système de
transport efficace n'a fait que renforcer le phénomène de
macrocéphalie urbaine du Grand Cotonou.
Le développement de l'infrastructure ferroviaire
devrait être capable d'impulser une émigration des activités
économiques en sens inverse et provoquer un desserrement urbain, au
profit des villes secondaires du Sud Bénin.
La planification des transports améliorerait
l'aménagement du territoire et notamment l'apparition de nouveaux
pôles secondaires d'habitations, la délocalisation des
unités urbaines plus au Nord et viendrait comme soulager le Grand
Cotonou.
La possibilité d'un réseau
circulaire.
Le réseau ferré sud béninois
décrit un large « U ». La construction de la rocade
Toffo - Pobé pour fermer ce « U » est une
proposition tout à fait intéressante, puisqu'elle formerait une
boucle ferroviaire de 250 kilomètres environ, reliant à la fois
les territoires du Grand Cotonou, avec ceux des moyenne et grande couronnes.
Enfin, la construction de cette rocade présenterait un
double avantage. Ce serait d'abord une simplification de l'exploitation du
réseau ferroviaire et ensuite une meilleure connexion entre les villes
secondaires du Sud Bénin, faisant ainsi disparaitre au passage, la
notion de « lignes terminus ».
Section 3. Renforcer le
dimensionnement du Sud Bénin par le rail
Le sud du pays, qui ressemble à la base d'un entonnoir,
tire parti d'une proximité géographique avec le Togo et le
Nigéria, notamment en termes d'échanges commerciaux. Cette zone
transfrontalière situe la ville de Cotonou à 150
kilomètres de Lomé, capitale du Togo et place la ville de Porto
Novo à 122 kilomètres de Lagos, la plus grande ville du
Nigéria.
De par sa situation géographique, le Sud Bénin
s'insère dans les différents programmes sous régionaux tel
que le projet ambitieux d'interconnexion ferroviaire Africarail48(*), initié en 2002, ou
encore un autre grand projet d'interconnexion ferroviaire49(*), associant la Côte
d'Ivoire, le Burkina Faso, le Niger et le Bénin.
Plus réaliste, le développement du réseau
ferroviaire voyageur transfrontalier, sur le littoral du Golfe de
Guinée, serait une option intéressante. En effet, le prolongement
ferroviaire transfrontalier jusqu'à Lomé à l'Ouest
(capitale du Togo) et Lagos à l'Est (la plus grande ville du
Nigéria) viendrait consolider la métropolisation du littoral Togo
- Bénin - Nigéria et ainsi faciliter les échanges entre
ces pays.
FIGURE 21 - LITTORAL DU GOLFE DE
GUINEE.
Source : Atlas géographique, 2007
L'intégration transfrontalière50(*), sous réserve
d'interopérabilité technique des systèmes de transport et
des infrastructures, d'une géopolitique favorable, permettrait
également d'inter-régionaliser le Sud Bénin et en faire
l'un des plus grands et des plus importants carrefours d'échanges de
l'Afrique Subsaharienne.
La plupart de ces projets ayant failli, seules quelques
sociétés d'autocars assurent aujourd'hui des relations inter
frontalières avec l'aérien, grâce à la
5ème liberté51(*) de l'air, que certaines compagnies (principalement
RAM) fournissent des liaisons quotidiennes entre Lomé et Cotonou ou
Cotonou et Lagos. Le flux aérien de passagers entre ces villes
internationales de la région Subsaharienne, correspond plutôt
à une clientèle étrangère, en provenance ou
à destination du Hub de Casablanca.
Section 4. Améliorer la
fluidité aux abords des grandes villes
Comme tous les grands ensembles urbains, Cotonou voit se
déverser quotidiennement des milliers de travailleurs en provenance des
villes alentours plus ou moins lointaines, à des plages horaires
déterminées. Ce sont les migrations pendulaires. Ce
phénomène tend aujourd'hui à déborder des limites
du Grand Cotonou. Ces trajets domicile-travail expriment clairement une demande
de transport périurbain et pourraient justifier l'intégration
d'un système de transport collectif de masse, qui viendrait se
substituer à tous ces transports individualisés.
FIGURE 22 - MIGRATIONS PENDULAIRES DE LA REGION SUD
BENIN ET INDICATEURS DE VITESSES MOYENNES EN KM/H.
Source : S. BRION, 2012
L'architecture des transports du Grand Cotonou a atteint ses
limites et aujourd'hui subsistent donc des problèmes structurels
importants. Les temps de parcours sont considérables entre le Grand
Cotonou et la moyenne couronne. Le sous-dimensionnement du réseau
terrestre routier et l'augmentation du nombre de véhicules entraine une
saturation aux abords et dans les grands ensembles urbains. On peut estimer la
vitesse moyenne des flux routiers, à 42 km/h, pour l'ensemble du Sud
Bénin (analyse des vitesses moyennes au Sud Bénin, en annexe
10).
Il faut parfois plus d'une heure et quinze minutes pour
parcourir seulement 46 kilomètres. Dans ces conditions, la mobilité devient
coûteuse pour la société et peut à force
d'aggravation, envenimer le développement économique de la
région. Pour les habitants de la moyenne et de la grande couronne, il
est un défi d'atteindre le Grand Cotonou et encore plus un exploit de
s'y rendre quotidiennement pour le travail.
Les flux sont ralentis et épais. On peut illustrer ce
phénomène de lenteur, en comparant les villes de Los Angeles et
Tokyo52(*). Tandis que Los
Angeles peine à relier ses 9 à 10 millions d'habitants par le
moyen automobile, la ville de Tokyo est une ville rapide, qui avec son
système de transport public performant, donne en une heure de temps,
l'accès à une surface de 25 millions d'habitants.
Un peu à l'image de Los Angeles, la région Sud
Bénin est « lente ». Il faudrait être capable
de traverser en un peu moins d'une heure, l'ensemble du Sud Bénin, ce
qui reviendrait à une vitesse moyenne de l'ordre de 60 à 100
km/h. La fluidité des déplacements doit pouvoir se faire
grâce au train léger, capable de desservir en x temps une
surface de y millions d'habitants.
Rappelons aussi qu'il existe des TCSP (tram-train, RER, TER)
capable d'atteindre une vitesse de 100km/h sur les sections hors
agglomération et 25 à 35 km/h sur les portions de voies urbaines
(site protégée), ce qui confère au système
ferroviaire un large avantage par rapport au mode terrestre routier. En ce qui
concerne la vitesse commerciale53(*), celle-ci est relative en fonction du nombre de
stations et du temps de stationnement, ainsi que de la nature et la longueur
des sections à parcourir (voies urbaines, périurbaines).
Le choix d'un tel système de transport permettrait
d'améliorer sensiblement une multitude d'indicateurs de mobilité
(temps de trajet, prix du transport, nombre de sièges kilomètres
offerts, consommation d'énergie finale par mode et par voyageur, nombre
d'accidents, ...).
Section 5. Anticiper l'avenir
du marché des déplacements au Sud Bénin
Rappelons que le tracé ferroviaire est en mesure de
relier un foyer de peuplement de 3,1 millions d'habitants. Les projections
démographiques 2021 et 2031 portent respectivement le nombre d'habitants
à 4,3 millions et 5,8 millions pour l'étendue géographique
considérée.
Un des critères déterminants de la
mobilité est l'âge. En s'intéressant aux différents
groupes d'âges des populations et en considérant la classe 15-59
ans54(*) la plus mobile,
on dénombre dans le Grand Cotonou, près de six habitants sur dix,
comme actifs.
Le groupe d'âge 15-59 qui représente plus de la
moitié de la population Sud Béninoise, est suivi de près
par la classe 0-14 ans. Si le Grand Cotonou confirme la
supériorité numérique des 15-59 ans, c'est moins vrai pour
les moyennes et grandes couronnes où les 0-14 ans caracolent. Ces jeunes
populations exprimeront bientôt des appétits en infrastructures et
feront naître un besoin de transport évident. Dans dix ans ou dans
vingt ans, on imagine mal comment le Sud Bénin pourra assurer la
mobilité dans la configuration actuelle, avec les systèmes de
transport individuels ou semi collectifs.
FIGURE 23 - POPULATION PAR GROUPE D'AGES
SPECIFIQUES.
Source : BRION, 2011
Tous ces indicateurs amènent à prédire un
accroissement de la demande de transport collectif au Sud Bénin. Les
perspectives d'un grand marché des déplacements au Sud
Bénin dans les années à venir, sont bien réelles.
Dans ces conditions, on devrait pouvoir envisager un système de
transport collectif de masse, comme le train léger.
CHAPITRE 3. S'orienter vers une stratégie globale de
mobilité durable
Parmi les nombreuses définitions du
développement durable, nous retiendrons celle de la CEMT,
appliqué au secteur des transports et dont les trois piliers
fondamentaux sont : « contribuer à la
prospérité économique, au bien-être social, et ce
sans nuire à l'environnement et à la santé de
l'homme »55(*).
Aussi, le développement durable doit viser à faire monde et non
système56(*).
Section 1. Harmoniser les
transports, afin de pérenniser les déplacements
D'une part, la réintroduction d'un système de
transport collectif de masse dans le paysage sud béninois ne peut se
faire sur le même modèle d'exploitation des années 80. En
effet, nous avons vu, sauf erreur d'appréciation que l'invalidation du
transport ferré de voyageurs dans le passé, est en partie due
à l'absence de stratégie de développement, d'organisation
et d'outils performants. D'autre part, la définition d'un nouveau
schéma de transport doit prendre en considération un ensemble de
données, pour mieux évaluer les futurs possibles.
Adopter une stratégie transport.
La réconciliation avec le chemin de fer urbain
permettant une mobilité durable, nécessite une véritable
démarche stratégique, implémentant un réseau
structuré fondé sur les rails.
Cette démarche stratégique doit d'abord faire
l'objet d'un consensus émanant d'acteurs venant d'horizons
différents (opérateurs de transport, collectivités,
citoyens, entreprises, industriels, constructeurs, politiques, banques,
organisations non gouvernementales...) pour en faire un succès. Il est
donc crucial de multiplier des think tanks57(*) dans le paysage du transport de voyageurs, afin de
résoudre les questions prioritaires, sur le thème du transport de
voyageurs.
L'harmonisation des transports ne devant pas se faire au
détriment de l'offre existante, il conviendra surtout de s'entendre sur
une conduite commune à tenir.
Organiser les transports selon un système qui
définit et fixe les périmètres d'activités.
Mais pour parvenir à cet objectif, la stratégie
nous amène à réfléchir sur l'organisation à
mettre en place, concernant le transport de voyageurs et à
énumérer ces quelques points fondamentaux :
· Le report modal : la majeure partie du transport
de voyageurs devra s'effectuer en train, pour les zones du Sud Bénin
desservies par ce mode de transport,
· La segmentation du marché des
déplacements : il faudra distinguer les déplacements en
fonction de la longueur du trajet (distinction entre trajet court, moyen et
longue distance) et y rattacher un mode de transport prioritaire pour
réaliser ce déplacement,
· L'optimisation de l'exploitation de transport de
voyageurs et modernisation des infrastructures :
interopérabilité et redéploiement de l'offre existante
autour des gares ferroviaires,
· Instauration d'un cadre réglementaire :
déterminer et fixer les conditions d'exploitation et
professionnalisation des acteurs du transport de voyageurs, ainsi que faire
respecter les règles,
· Pilotage des flux : mieux voir pour mieux affecter
les ressources afin de satisfaire les clients et assurer une meilleure maitrise
des coûts opérationnels.
Section 2. Viser
l'interopérabilité des transports
La redéfinition du réseau ferroviaire, comme
la première pierre à l'édification d'un système
logique de transport au Sud Bénin.
Pour coordonner un tel ensemble, il faudrait revoir d'abord le
format du réseau ferroviaire, pierre angulaire du système des
transports et des déplacements au Sud Bénin. L'allongement des
longueurs d'inter-stations est un levier qui permettrait au train de se
spécialiser sur les trajets de moyenne distance.
L'allongement des longueurs d'inter-stations est aussi un
levier qui permet la réduction des coûts d'entretien liés
à la gestion des bâtiments (diminution du nombre de gares, ainsi
que les coûts relatifs au personnel, une diminution des coûts de
maintenance du matériel roulant (systèmes de freinage moins
sollicités, car moins d'arrêts) et une vitesse commerciale
sensiblement améliorée.
Les prérequis de l'interopérabilité
dans le transport de voyageurs au Sud Bénin
Puis, il ne faut pas opposer les solutions techniques entre
elles, mais plutôt faire disparaitre la compétition entre les
modes terrestres routiers, terrestres ferroviaires et chercher davantage la
complémentarité de ces modes. En revanche, rien ne doit brider le
jeu de la concurrence entre les moyens de déplacement, au sein d'un mode
de transport, afin de conserver un levier permettant de faire jouer les prix,
en faveur des usagers.
L'interopérabilité recherchée doit
s'effectuer selon au moins deux conditions :
· Le redéploiement de l'offre existante autour des
gares ferroviaires,
· La mise en place d'une tarification intelligente.
Premièrement, la restructuration de l'offre existante
de transport doit se faire sous la forme d'un redéploiement en
étoile autour des gares ferroviaires, concept d'organisation des
transports emprunté à l'expérience issue des pays
développés. Cette refonte est d'autant plus nécessaire,
aussi bien pour faciliter les interrelations que la massification des flux
passagers.
En ce qui concerne l'aménagement des gares, celles-ci
doivent être raccordées au mode terrestre routier (borne taxi bus,
borne moto taxi), de telle sorte à viser un réseau plus
communiquant et plus attractif. Cette connectivité avec la gare
permettrait au train comme aux minibus, d'assurer une meilleure
complémentation et d'optimiser la prise en charge des voyageurs.
FIGURE 24 - ORGANISATION DES FLUX AUTOUR DES
GARES.
Source : S. BRION, 2012
Deuxièmement, cette profonde restructuration
amène au concept d'inter-modalité dans les transports collectifs,
qui consiste à emprunter plusieurs modes de transport au cours d'un
déplacement. Le voyageur se déplace, non plus grâce
à un mode et un moyen de transport, mais sur un réseau. Ce
réseau serait fiable, sûr, cohérent. Les exploitants
seraient sélectionnés, selon les exigences imposées par un
cadre réglementaire et institutionnel préalablement
défini.
L'inter-modalité nécessite une coordination sans
faille entre les différents acteurs (opérateurs de transports,
gestionnaires d'infrastructures) et aussi ne peut être facilitée
que par la création d'une entité commerciale, une corporation ou
encore un syndicat de transport. Lorsque l'interopérabilité et
l'inter-modalité se rejoignent, on pense notamment à un
système de tarification commun à tous les opérateurs
affiliés au réseau. L'instauration d'une billetterie unique irait
dans le sens d'une meilleure gestion commerciale et financière du
transport de voyageurs (un ticket de transport valable pour un trajet et ce
quel que soit le mode de transport emprunté) et un tel système
permettrait une meilleure répartition des recettes entre exploitants et
créerait des emplois (les rabatteurs de terminus se convertiraient alors
en contrôleurs ou guichetiers).
« La question d'une production de transport à
moindre coût, pour le rendre accessible au plus grand nombre, est
inévitablement posée et demeure l'un des grands chantiers d'une
refonte des politiques de transport dans les villes
africaines »58(*). Il convient effectivement de mettre en place des
tarifs minorés et qui soient aussi déconnectés des
fluctuations importantes des prix du carburant.
Instaurer un cadre corporatiste et réglementaire
pour prévenir la déroute
Un cadre réglementaire plus stricte s'impose pour mieux
encadrer le secteur du transport de voyageurs au Sud Bénin. Aussi banal
soit-il, l'ancien système d'attribution des licences d'exploitation de
transport doit être réformé, au profit d'un nouveau
système, introduisant des conditions plus strictes d'accès
à la profession de transporteur de voyageurs (prescriptions
particulières d'aménagement des véhicules, règles
d'exploitations et de gestion plus précises). Les anciens
opérateurs auraient un certain temps pour se mettre en conformité
avec les nouvelles directives.
Collecter et traiter l'information.
Le transport de voyageurs doit pouvoir être mesurable
afin d'avoir une visibilité de son activité et ses performances,
sans laquelle il est impossible de réajuster les paramètres pour
son bon fonctionnement.
Pilotage et organisation sont indissociablement liés.
Le pilotage de l'organisation doit pouvoir s'effectuer sur les flux (flux
d'informations, flux physiques, flux financiers...), afin de viser une
exploitation plus rationnelle des transports.
Section 3. Réorienter
les projets et les investissements en faveur du transport de masse
Par ailleurs, la nouvelle « loi de finance
2012 » intègre, dans l'un de ses volets, l'exonération
de tout droit de douane, de TVA et de toute autre taxe à l'importation
des moyens de transport en commun (minibus, autocars). Cette annonce est en
contradiction avec la nécessité de résoudre plus
efficacement les problèmes de mobilité au Sud Bénin. En
effet, ces facilitations risquent de converger vers une nouvelle vague
d'opportunisme économique, au détriment du développement
d'un transport durable. Il s'agit bien de recentrer et favoriser les
investissements dans le secteur ferroviaire voyageurs ainsi que dans les
initiatives en adéquation avec la rénovation du transport de
voyageurs au Sud Bénin, et non le contraire.
Les institutions devront également faire preuve de
bonne gouvernance, afin de restaurer davantage la confiance auprès des
donneurs, bailleurs de fonds et autres investisseurs, de telle sorte que le
Bénin reste une destination sûre et sécurisante pour les
aides extérieures.
Bien que le pays soit sans risque majeur d'instabilité,
il doit faire des efforts en matière de lutte contre la corruption, qui
est quasiment généralisée à tous les domaines
d'intervention de l'administration ainsi que les détournements de
projets. Malgré cela, les aides extérieures connaissent une
évolution positive.
Pour affecter ces ressources, il paraît indispensable de
remettre sur pied une véritable autorité organisatrice de
transport dont les rôles seraient les suivants :
- Mieux déterminer les conditions de financement des
investissements,
- Mieux fixer la consistance et les conditions de
fonctionnement du service,
- Fixer les tarifs et les conditions de fonctionnement du
service,
- Mieux coprésider les projets.
FIGURE 25 - EVOLUTION DES FINANCEMENTS
EXTERIEURS.
Source : MINISTERE DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES,
2010
Le Sud Bénin a plusieurs sources de financement pour la
mise en oeuvre du programme de développement du transport de voyageurs.
Les financements peuvent trouver leurs appuis dans la coopération entre
les différentes circonscriptions urbaines.
Mais, les ressources financières pourraient provenir de
l'exploitation des gisements pétroliers dont le Bénin
disposerait. La manne pétrolière lui permettrait de financer les
nouvelles infrastructures de transport et de rénover les anciennes,
nécessaires pour assurer le déplacement des populations et des
marchandises.
Section 4. Choisir un mode de
gestion déléguée pour une exploitation plus rationnelle
L'OCBN n'a pas tardé en 2010 à choisir, pour le
trafic des marchandises, un mode de gestion
déléguée : la concession. Selon un rapport59(*), les statistiques montrent que
les rails ne sont rentables qu'à une longueur de 1 000
kilomètres. Tandis que la longueur du réseau ferré
Béninois est sous cette valeur, on est à même de
s'interroger sur la rentabilité économique du transport
ferré voyageur au Sud Bénin et surtout de l'intérêt
de la concession. Au-delà de sa dimension économique, le
développement du chemin de fer intègre aussi une dimension
sociale, comme garantir un niveau d'accès minimum aux services, une
dimension politique et un transport porteur d'enjeux pour séduire un
électorat.
A partir de cette lecture, il convient de
préférer un autre mode de gestion délégué
qui est la gérance. C'est une convention de délégation de
service public par laquelle une collectivité confie à un
opérateur public ou privé le soin d'exploiter un service public,
moyennant une rémunération forfaitaire. C'est la
collectivité qui réalise les investissements et le gérant
se borne à assurer l'exploitation. L'autorité organisatrice
couvre toute les charges et bénéficie de toutes les recettes. Le
gérant percevrait de l'autorité une rémunération
annuelle et ne prendrait en principe aucun risque. Dans ce type de
configuration, l'exploitant apporte surtout un savoir-faire en gestion et en
marketing, tandis que l'Etat assure son obligation de service public.
Conclusion de la Deuxième Partie
Le train est un moyen de transport plus rapide et plus
sûr que la route. C'est le transport le plus adapté pour passer au
travers de tous les obstacles, d'un bout à l'autre d'un espace
donné, en un clin d'oeil.
Il est temps de retrouver aussi un transport pratique et bon
marché, afin de garantir un accès équitable à
toutes les personnes. C'est cette infrastructure de transport qui permettra
d'amorcer des dynamiques, entre les différents territoires du Sud
Bénin, créant valeur et urbanité.
Le transport est un outil de la coordination du
développement. Les transports doivent jouer un rôle de service,
d'approvisionnements, de moteur de croissance, de sécurité et
contribuer au bien-être social et à la santé des individus.
Il ne s'agit pas de proscrire l'usage des transports
terrestres routiers existants (minibus et taxis motos), mais bien de mieux les
utiliser en inter-modalité avec le train.
La réintégration du chemin de fer au Sud
Bénin vient comme pour s'infiltrer dans une stratégie globale
pour une mobilité durable. Néanmoins, le rétablissement du
transport ferré de voyageurs nécessite une refonte de toute la
structure des transports.
FIGURE 26 - PYRAMIDE DE LA
STRATEGIE TRANSPORT DU SUD BENIN.
Source : BRION, 2012
CONCLUSION GENERALE
Alors qu'à peine un Béninois sur dix dispose
d'une voiture particulière, le transport collectif de masse est le grand
oublié au Sud du Bénin. Aussi, les infrastructures
routières aléatoires (réseau routier peu
développé, routes dégradées, voies impraticables
durant la saison des pluies) n'ont jamais été en mesure d'assurer
convenablement la desserte du territoire du Sud Bénin.
Les tendances observées entrainent une situation en
matière de mobilité qui a atteint ses limites et qui impacte
négativement la qualité de vie, l'environnement,
l'économie, se traduisant par une mobilité circonscrite, une
forme de corruption dans les transports, une discrimination spatiale ainsi
qu'une mauvaise gestion administrative du territoire. Le réseau existant
de transport de voyageurs ne répond pas aux besoins actuels et futurs de
développement. La question de la production des transports collectifs de
masse se pose inévitablement et demeure le grand chantier pour le Sud
Bénin. Une mobilité durable s'impose.
Comme en témoigne l'existence d'un réseau, le
train de voyageurs a pourtant existé, mais son exploitation a fini par
échouer. Aujourd'hui, la croissance démographique soutenue, la
politique de relance défendue par le gouvernement en place et son
désir pour « un Bénin émergent », la
fierté et la volonté des Sud Béninois de revoir des trains
circuler et répondre à leur problème de mobilités
grandissantes, les nouvelles pistes de financement envisageables (or noir,
meilleure gouvernance des fonds, investissements privés) permettent plus
que jamais d'espérer la mise en place d'un nouveau réseau,
définitivement débarrasser des aléas et des motivations
moles du passé.
Au terme de cette étude, la réconciliation avec
le chemin de fer n'est donc plus un choix mais une nécessité.
Nous proposons donc une rénovation complète de l'architecture du
transport de voyageurs, afin de concevoir une mobilité performante et
durable. Brièvement, il convient de :
· S'engager sans tarder dans une stratégie globale
pour la mobilité durable,
· Proposer un nouveau format pour l'exploitation du
chemin de fer, pour le transport de voyageurs, différent de celui des
années 80,
· Privilégier la complémentarité
entre les modes rail et route,
· Poursuivre une politique d'intégration
régionale du transport de voyageurs.
Les obstacles à franchir pour arriver à la
réconciliation nécessitent donc une stratégie. Finalement,
ladite stratégie, constitue un cadre de référence pour la
planification des transports et de ses infrastructures. La mobilité
durable ne se réalisera qu'avec le rapprochement du chemin de fer et son
intégration comme l'épine dorsale du système de transport
de voyageurs au Sud Bénin. Le dénouement par un transport
collectif de masse est la clé majeure pour retrouver des indicateurs de
mobilité plus satisfaisants, harmoniser les territoires et doper
l'économie locale (favoriser les échanges, créer de
nouveaux emplois, attirer plus d'investissements privés).
En 2010, la remise en circulation d'un train de voyageur, pour
tester la fonctionnalité des rails entre Cotonou et Porto Novo, a
été qualifiée de « grand
évènement » par le Directeur Général de
l'OCBN. Soutenue par le gouvernement, cette opération a suscité
un regain d'intérêt pour le transport ferré de voyageurs et
relance l'espoir.
Aussi, la mobilité des hommes et la circulation des
marchandises sont étroitement liées. Au même titre que la
redéfinition du transport de voyageurs au Sud Bénin, il faudra
nécessairement aussi saisir l'opportunité de développer le
concept de l'envoi groupé de marchandises (ce peut être un wagon
dédié pour les marchandises).
Il appartient désormais aux politiques
concernées de choisir. Dans un premier temps, ils poursuivent un
modèle économique qui aggrave l'économie informelle dans
lequel une poignée d'individus s'enrichit au détriment du
développement collectif. Ou ils choisissent selon un plan moderne et
responsable, en optant pour une vision centrale du transport coordonnée,
structurée, avec comme objectif la mobilité durable.
Comme nous l'avons vu, aujourd'hui toutes les conditions sont
réunies pour qu'un tel projet puisse voir le jour. Mais, comme dans
pratiquement toutes les problématiques de développement des pays
émergents, la volonté et la maturité politique sont des
éléments indispensables à cette réussite. La
réforme du transport de voyageurs au Sud Bénin n'échappera
pas à cette réalité.
Bibliographie
Auteurs
[ABI, 2011] Abdelhamid ABIDI et Jacques FIALAIRE, 2011 -
Quelle gouvernance au service de la mobilité durable ? -
p.45.
[BEY, 2011] Antoine BEYER, 2011, sous la direction de Philippe
HAMMAN - L'enjeu transfrontalier de l'extension des réseaux de
tramway urbain à Strasbourg et à Bâle (tiré
de Le tramway dans la ville) - pp. 253-254.
[CER, 2000] CERTU (Centre d'Etude sur les Réseaux, les
Transports, l'Urbanisme et les constructions publiques - p.106.
[DIO, 2001] Mamadou DIONNANDE, 2001 - Péril social
et rurbanisation en Afrique - pp.52-54.
[DUP, 1986] Véronique DUPONT, 1986 - Dynamique des
villes secondaires et processus migratoires en Afrique de l'Ouest -
pp.33-35.
[GIL, 1999] Laurent GILLE sous la direction de Joseph ISAAC -
Villes en gares - p.114, pp. 111-125.
[GOD, 2002] Xavier GODARD, 2002 - Les transports et la
ville en Afrique au Sud Sahara - p.322.
[GUE, 2011] Jean Pierre GUENGANT, Janvier 2011 - Comment
bénéficier du dividende démographique ? La
démographie au centre des trajectoires de développement dans les
pays de l'UEMOA (Etude financée par l'Agence Française de
Développement).
[HAM, 2011] Philippe HAMMAN, 2011 - Le tramway dans la
ville - 290p.
[HER, 2011] Frédéric HERAN, 2011 - La ville
morcelée, effets de coupure en milieu urbain - p.64 et pp.111-113.
[MON, 1977] Alfred Comlan MONDJANNAGNI, 1977 - Campagnes
et villes au Sud de la République Populaire du Bénin -
615p.
[RUD, 2011] Florence RUDOLF, 2011 - Sous la direction de
Philippe Hamman - La mobilité comme horizon durable, Postface
de Le Tramway dans la ville - p.273.
[SDA, 2006] Schéma Directeur d'Aménagement
et d'Urbanisme du Grand Cotonou, Septembre 2006 - Ministère
Délégué, Charge des Transports, des Travaux Publics et de
l'Urbanisme.
[SOT, 2009] Sébastien Dossa SOTINDJO, 2009 -
Cotonou, l'explosion d'une capitale économique 1945-1985, aux
éditions l'Harmattan - p.34 et p.95.
[STE, 2010] Jean Fabien STECK, 2010 - Commerce et
mobilité - p.89.
[STR, 1993] Richard E. STREN et Rodney R. WHITE, 1993 -
Villes Africaines en crise - pp. 213-254.
[VAN, 1999] Martin VANIER, 1999 - Suburbains au travail
autour de Lyon - 129p.
Sites internet consultés
[AAF]
http://fr.allafrica.com/ :
AllAfrica est une voix de, par et sur l'Afrique agrégeant, produisant et
distribuant plus de 2000 articles et nouvelles par jour provenant de plus de
130 organes de presse africaine et de ses propres journalistes à un
public africain et mondial. Ils opèrent à partir de Cape Town,
Dakar, Lagos, Monrovia, Nairobi et Washington DC.
[INS]
http://www.insee.fr/fr/Institut
: INSEE, National de la Statistique et des Etudes Economiques.
[LNT]
http://www.lanouvelletribune.info/ :
La Nouvelle Tribune : Quotidien béninois d'information et d'analyse
créé en Novembre 2001 sous l'autorisation
(numéro d'enregistrement) n° 382 / MISAT / DC / SCC du 05 juin
2001 et sous le numéro
d'immatriculation INSAE: n°2979220160471.
Liste des sigles et
abréviations
BHNS : Bus à Haut Niveau de
Service
CEDEAO : Communauté Economique Des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEMT : Conférence Européenne
des Ministres des Transports
CNSR : Centre National de
Sécurité Routière
DGTT : Direction Générale des
Transports Terrestres
INSAE : Institut National de la Statistique
et de l'Analyse Economique du BENIN
OCBN : Organisation Commune Bénin
Niger des chemins de fer et des transports
PDC : Plan de Développement de la
ville de Cotonou
PAC : Port Autonome de Cotonou
PTB : Petit Train de Banlieue
RER : Réseau Express
Régional
RTC : Régie des Transports
Cotonois
SDAU : Schéma Directeur de
l'Aménagement de l'Urbanisme
STB : Société de Transports
Brazzavillois
TC : Transport en Commun
TCSP : Transport en Commun en Site
Propre
TER : Train Express Régional
UEOMA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine
Table des annexes
ANNEXE 1 - SITUATION DU « GRAND
COTONOU »
Source : IGN/ SDAU, 2006
ANNEXE 2 - ESTIMATION DE LA POPULATION DU SUD BENIN PAR
VILLE EN 2011
Source : S. BRION, 2011
ANNEXE 3 - CARTE DU SUD BENIN ET DECOUPAGE
TERRITORIAL
Source : IGN/ SDAU, 2006
ANNEXE 4 - DEMOGRAPHIE BENINOISE 1960-2010 ET
PROJECTION DEMOGRAPHIQUE 2010-2050
Source : Comment Bénéficier du dividende
démographique, 2011
ANNEXE 5 - ANALYSE INTER-STATIONS DU RESEAU EN
1983
Source : S. BRION, 2012
ANNEXE 6 - SONDAGE PRIX DES TRANSPORTS TERRESTRES
ROUTIERS AVRIL 2012, EN FRANCS CFA (655 F CFA = 1 EURO)
Source : S. BRION, AVRIL 2012
ANNEXE 7 - PRIX DES TRANSPORTS EN TRAIN
Source : OCBN, 1983
ANNEXE 8 - ETUDE DU PARC ROULANT EN 2010
Source : S. BRION, 2012
ANNEXE 9 - IMMATRICULATIONS ENTRE 1981 ET
2010
Source : DGTT, 2010
ANNEXE 10 - ANALYSE DES VITESSES MOYENNES AU SUD BENIN
Source : S. BRION, 2012
Table des illustrations
FIGURE 1 - UNITE URBAINE DE COTONOU COMPAREE A
CELLES DE NANTES, MULHOUSE, LYON ET PARIS
|
9
|
FIGURE 2 - POPULATION ET DECOUPAGE TERRITORIALE
DU SUD BENIN
|
10
|
FIGURE 3 - PROJECTION DEMOGRAPHIQUE SUD BENIN A
L'HORIZON 2021 ET 2031
|
11
|
FIGURE 4 - EMPRISE FERROVIAIRE DANS LA VILLE DE
COTONOU
|
13
|
FIGURE 5 - RESEAU FERRE VOYAGEURS SUD BENINOIS
EN 1983
|
14
|
FIGURE 6 - COMPARAISON DES TARIFS FERROVIAIRES
SIMULES ET ROUTIERS, EN FRANCS CFA (655 F CFA = 1 EURO)
|
17
|
FIGURE 7 - TAXIS MOTOS APPELES
« ZEMIDJANS »
|
19
|
FIGURE 8- EVOLUTION DU MODELE ECONOMIQUE
ZEMIDJANS ENTRE 1980 ET 2011
|
20
|
FIGURE 9 - CLASSIFICATION DES TRAJETS AU SUD
BENIN
|
21
|
FIGURE 10 - ESTIMATION OFFRE TC ET DE TRANSPORT
PRIVE (NON COMPTABILISES LES MOTOS TAXIS) - INSAE 2010
|
22
|
FIGURE 11 - EVOLUTION DU RESEAU NATIONAL
TERRESTRE ROUTIER AU SUD BENIN
|
26
|
FIGURE 12 - REPRESENTATION SCHEMATIQUE DES
RELATIONS ENTRE POINTS MULTIPLES AU SUD BENIN
|
28
|
FIGURE 13 - PHOTO PRISE D'UN AVION RELEVANT
LA TRAME URBAINE
|
30
|
FIGURE 14 - STATIONS TROTTOIRS OU STANDS DE
VENTE DE CARBURANT DE CONTREBANDE A COTONOU
|
33
|
FIGURE 15 - ACCIDENT SUR LA ROUTE A 50 KM AU
NORD DE COTONOU
|
35
|
FIGURE 16 - COMPARAISON DE DIFFERENTS MODES DE
TRANSPORT COLLECTIFS DE MASSE POUR UN TRAFIC REGIONAL
|
39
|
FIGURE 17 - PTB DE DAKAR. DE GAUCHE A
DROITE : ANCIENNES ET NOUVELLES RAMES LIVREES EN JANVIER 2012 (FABRICATION
INDIENNE)
|
41
|
FIGURE 18 - TRAIN SUBURBAIN DE KINSHASA. DE
GAUCHE A DROITE : ANCIENNES ET NOUVELLES RAMES LIVREES EN NOVEMBRE 2011
|
42
|
FIGURE 19 - ELEMENTS CARACTÉRISTIQUES
D'UN POLE D'ECHANGE EVOLUTION DES FINANCEMENTS EXTERIEURS
|
44
|
FIGURE 20 - REPRESENTATION SCHEMATIQUE DE
REDRISTRIBUTION SPATIALE AVANT ET APRES DESENCLAVEMENT
|
45
|
FIGURE 21 - LITTORAL DU GOLFE DE GUINEE
|
47
|
FIGURE 22 - MIGRATIONS PENDULAIRES DE LA REGION
SUD BENIN ET INDICATEURS DE VITESSES MOYENNES EN KM/H
|
48
|
FIGURE 23 - POPULATION PAR GROUPE D'AGES
SPECIFIQUES
|
50
|
FIGURE 24 - ORGANISATION DES FLUX AUTOUR DES
GARES
|
54
|
FIGURE 25 - EVOLUTION DES FINANCEMENTS
EXTERIEURS
|
56
|
FIGURE 26 - PYRAMIDE DE LA STRATEGIE TRANSPORT
DU SUD BENIN
|
58
|
Table des matières
AVERTISSEMENT
2
REMERCIEMENTS
3
SOMMAIRE
4
INTRODUCTION GENERALE
5
PREMIERE PARTIE. LE TRANSPORT DE VOYAGEURS
SUR UNE MAUVAISE VOIE
7
CHAPITRE 1. LE SUD BÉNIN, UN ESPACE
GÉOGRAPHIQUE EN MÉTAMORPHOSE
7
Section 1. Une dynamique d'urbanisation au
Sud
7
Section 2. Evolution de l'espace de
référence
8
Section 3. Une croissance démographique
qui ne faiblit pas
10
CHAPITRE 2. ABANDON DU SERVICE PUBLIC DANS LES
TRANSPORTS ET INITIATIVES LOCALES
12
Section 1. Le désengagement de l'Etat
dans le routier
12
Section 2. Le train voyageur s'arrête en
1990
13
Section 3. Les nouvelles pratiques
entrepreneuriales dans le transport de voyageurs
16
Section 4. Les récentes initiatives
18
CHAPITRE 3. CARACTÉRISTIQUES DU TRANSPORT DE
VOYAGEURS SUD BÉNINOIS
19
Section 1. Des transports précaires et
vulnérables
19
Section 2. Observatoire des déplacements
au Sud Bénin
22
CHAPITRE 4. ABSTRACTION SUR LES TRANSPORTS DANS LA
CONCEPTION TERRITORIALE AU SUD BÉNIN
24
Section 1. La forme des villes dans tous ses
états
24
Section 2. Un réseau routier
défaillant
26
Section 3. Une multiplicité
d'acteurs qui crée la confusion
29
CHAPITRE 5. DIAGNOSTICS
30
Section 1. Une mobilité circonscrite
à la fois dans les quartiers et dans les villes
30
Section 2. L'économie informelle a ses
limites
32
Section 3. Les transports et l'énergie
font mauvais ménage
32
Section 4. Des transports non
démocratiques
34
Section 5. Le transport de personnes
est générateur de multiples nuisances
35
Section 6. Un secteur sans stratégie, ni
organisation et moyens
36
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
37
DEUXIEME PARTIE. UN TCSP AU SERVICE DU
DEVELOPPEMENT AU SUD BENIN
38
CHAPITRE 1. LES SOLUTIONS POSSIBLES
38
Section 1. Un TCSP pour le Sud Bénin
38
Section 2. Le train léger, une technique
éprouvée à Dakar et Kinshasa
41
CHAPITRE 2. UN TRAIN DE CROISSANCE POUR LE SUD
BÉNIN
43
Section 1. Un train pour la
prospérité économique
43
Section 2. Développer la qualité
de pôle régional du Sud Bénin
43
Section 3. Renforcer le dimensionnement du Sud
Bénin par le rail
46
Section 4. Améliorer la fluidité
aux abords des grandes villes
47
Section 5. Anticiper l'avenir du marché
des déplacements au Sud Bénin
49
CHAPITRE 3. S'ORIENTER VERS UNE STRATÉGIE
GLOBALE DE MOBILITÉ DURABLE
51
Section 1. Harmoniser les transports, afin de
pérenniser les déplacements
51
Section 2. Viser
l'interopérabilité des transports
52
Section 3. Réorienter les projets et les
investissements en faveur du transport de masse
55
Section 4. Choisir un mode de gestion
déléguée pour une exploitation plus rationnelle
57
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
58
CONCLUSION GENERALE
59
BIBLIOGRAPHIE
61
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
63
TABLE DES ANNEXES
64
TABLE DES ILLUSTRATIONS
74
TABLE DES MATIÈRES
75
* 1 [SOT, 2009]
* 2 [MON, 1977]
* 3 [INS] -
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/conurbation.htm
* 4 Rapport diagnostic qui fait
la synthèse des études existantes, des communications
présentées au comité technique ad 'hoc mais
également des résultats de recherches complémentaires.
* 5 8 800 ÷
114 763
* 6 Espaces en voie ou en
cours d'urbanisation, constituant des zones à caractères rurales
et villageoises, en phase d'absorption.
* 7 Concept politique
fondé sur les idées de Karl Marx. Système planifié
qui repose sur des dogmes et des dictats, au lieu d'être soumis à
la loi de l'offre et la demande.
* 8 Le droit social dans le
secteur informel des transports est inexistant et on y travaille près de
60 heures par semaines, sans congés payés (contre 40 heures avec
congés payés dans le secteur formel).
* 9 Entretien auprès de
la Direction de l'Exploitation de l'OCBN le 20 Avril 2012.
* 10 Véhicule à
moteur comprenant plus de 9 places assises, y compris celle du conducteur.
* 11 Etude Décembre 2001
- SRHAU - SA
* 12 Etude
réalisée en 2002 par le cabinet CSI Consultants.
* 13[LNT]
http://www.lanouvelletribune.info/index.php/societe/vie-societale/8403-dotation-de-cotonou-dun-systeme-de-transport-urbain-moderne
- article publié le 24 juin 2011 par Léonce GAMAI et
consulté le 26 juin 2011.
* 14 Société
filiale d'ODILON SANTOS, important groupe brésilien
spécialisé dans le transport de voyageurs.
* 15 Signifie
« Prends moi vite » ou « Transport rapide porte
à porte ».
* 16 Leur concentration est
telle que dans certains quartiers de Cotonou, les motos taxis
représentent plus de 90% de l'offre de transport.
* 17 Population de Cotonou
estimée à 889 143 habitants (estimations 2011).
* 18 31,92 voitures
particulières pour 1 00019 habitants en 2010 (279 913
immatriculations de véhicules particuliers comptabilisées pour
une population nationale d'environ 8 769 758 d'habitants).
* 20 Considérant que le
Sud Bénin s'arroge 75% de l'offre.
* 21 4 038 364 ÷
14 (estimation, 1 taxi moto pour 14 habitants).
* 22 Ordonnance 45-1423 du 28
juin 1945 relative à l'urbanisme aux colonies.
* 23 [SDA, 2006]
* 24 [SOT, 2009]
* 25 [GUE, 2011] Entre 1960
et 2010, l'ensemble de la population urbaine du Bénin a
été multipliée par 18 et la population de Cotonou par 11
* 26 Le Bénin
accède à l'indépendance complète le 01 Août
1960.
* 27 [STR, 1993]
* 28 [SDA, 2006]
* 29 [DIO, 2001]
* 30 Seulement 120 km de
voies étaient recouvertes sur les 1200 km que compte le réseau de
la ville de Cotonou, selon le Plan de Développement de la Ville de
Cotonou, rédigé en 2008.
* 31 Pour une
agglomération de plus de 250 000 habitants, le maillage du
réseau est compris entre 0,84 et 2,88 km/km² (Source A.
RICHNER).
* 32 [VAN, 1999]
* 33 Martin VANIER,
Professeur en Géographie et de l'Aménagement à l'Institut
de Géographie alpine de l'Université Joseph Fournier - Grenoble
1.
* 34 [SDA, 2006]
* 35 [HER, 2011]
* 36 Systèmes
énergétiques au Bénin, étude financée par la
Mission d'Appui à l'Action internationale des ONG et le Gesellschaft
für Internationale Zusammenarbeit (GIZ).
* 37
http://www.tresor.economie.gouv.fr/3081_le-secteur-de-lelectricite-au-benin
* 38 Terme utilisé pour
désigner l'essence de contrebande en provenance du Nigéria.
* 39 Après avoir
saboté un pipeline et s'être approvisionnée en brut, une
raffinerie clandestine, peut produire jusqu'à 10 000 litres de
carburants par jour. Les raffineurs appelés « bouilleurs de
pétrole » risquent leur vie à chaque instant et
diminuent très sensiblement leur espérance de vie. Les
déchets lourds (bitumes) sont déversés directement dans
l'environnement sans aucun traitement (Reportage de Olivier JOULIE,
« Nigéria : le Delta à l'heure du
brut », émission diffusée le 23 avril 2012 sur Public
Sénat).
* 40 En 1999, Boltanski et
Chiappello expliquent que dans un monde connexionniste, les transports et les
déplacements sont nécessaires pour se développer, tisser
et entretenir les liens.
* 41 « Le tram-train
est un concept fondé sur l'utilisation d'emprises ferroviaires par des
tramways urbains, afin de relier, sans rupture de charge, les
agglomérations périphériques aux centres villes
* 42 Données RFF.
* 43 Données
« Les chiffres clés du TER », Site :
http://train.picardie.fr/-Les-chiffres-cles-du-TER,9-
consulté le 25 Mai 2012.
* 44 Constructeurs
indiens : Rail Coach Factory, Diesel Locomotive Works.
* 45 [STE, 2010]
* 46 [GIL, 1999]
* 47 Enseignant-chercheur au
Département de Sciences économiques et sociales de Telecom Pari
Tech depuis 2002.
* 48 La première
phase devait relier la capitale du Burkina, Ouagadougou à Cotonou en
passant par Niamey.
* 49 [AAF]
http://fr.allafrica.com/stories/201203210587.html
- article publié le 21 mars 2012 par Adama KONE et consulté
le 18 avril 2012.
* 50 [BEY, 2011]
* 51 Permet à un Etat
A d'embarquer/ débarquer des passagers entre deux aéroports
situés dans les Etats C et D.
* 52 [CER, 2000]
* 53 La vitesse commerciale
tient compte des arrêts (et de la congestion du trafic si le mode de
transport en commun n'est pas en site propre).
* 54 Cette classe est
constituée des jeunes actifs, des jeunes ménages et des
ménages actifs.
* 55 [ABI, 2011]
* 56 [RUD, 2011]
* 57 Réservoir
d'idées.
* 58 [GOD, 2002]
* 59
« Contribution à l'amélioration de la
rentabilité des activités de l'OCBN », Mémoire
réalisé et soutenu par Assana KASSA et Gladys DATO - p54.
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