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Parasitisme helminthique gastro-intestinal des moutons abattus aux abattoirs de Dakar

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par Nadège TAMSSAR Ichakou
Université Cheik Anta Diop - Doctorat d'Etat 2006
  

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II.2.3.2.3. Arrêt du développement larvaire

Certains nématodes peuvent, lorsqu'ils sont au stade larvaire (L4) ou (L5) dans l'appareil digestif ou respiratoire de leur hôte subir, des arrêts de croissance plus ou moins longs (BLITZ et GIBBS, 1972). Ce phénomène a été décrit chez Ostertargia spp, Nématodirus spp, Chabertia ovina, Haemonchus contortus, Coopéria oncophora et Cooperia pectinata.

Dans les régions sèches, ce phénomène est bien marqué. Les populations de nématodes adultes disparaissent et sont remplacées par des populations de larves inhibées au stade (L4). Celles-ci reprennent leur activité les derniers jours de la saison sèche ou dès les premières pluies et se transforment en parasites adultes (GRABER et PERROTIN, 1983).

L'étiologie exacte de l'inhibition des larves de nématodes est obscure, mais des spéculations considérables sur son mécanisme existent (BORGTEEDE et al., 1978). Les phénomènes immunitaires dont les mécanismes ne sont pas encore connus avec précision, peuvent intervenir pour moduler les populations d'helminthes contribuant à assurer la pérennité des infestations (CROLL et al., 1977). Ainsi les nématodes du genre Oesophagostomum ont un cycle évolutif particulier. Les facteurs climatiques et environnementaux peuvent être plus importants. Il est en effet possible d'induire l'inhibition du développement des larves (L4) en leur faisant subir diverses conditions de stockage (dessiccation, chaleur...) avant de les inoculer aux animaux susceptibles de les héberger ; ce qui démontre que les conditions de l'environnement influencent le métabolisme des étapes de la vie libre (CONNAN, 1971 ; OGUNSUSI et al., 1979).

L'action négative du climat est en quelque sorte compensée par une réaction de défense des nématodes. Il est intéressant de remarquer que dans les régions humides, les larves infestantes survivent plus longtemps que dans le milieu extérieur (GRABER et col., 1983). On constate parallèlement que le phénomène d'hypobiose décrit plus loin est beaucoup moins marqué.

Il semble évident que la dessiccation puisse être le facteur déterminant dans l'hypobiose des Trichostrongylidae et des Oesophagostomum spp (ALTAIF et al., 1983).

II.3. Epidémiolgie des Nématodes

Au Sénégal l'épidémiologie des Nématodes est principalement attribuée à la présence de larves au pâturage pendant la saison pluvieuse. Il y a suffisamment d'humidité à cette période pour le développement des vers. Les petites infestations ont souvent lieu de décembre à mai et sont quelquefois associées au phénomène de self-cure et à l'absence de réinfestation (VERCRUYSSE, 1983). Trichostrongylus, Strongyloïdes, Haemonchus, Cooperia, Oesophagostomum, Nématodirus, Gaigeria, Trichuris, Skrajabinema par ordre de prédominance ont été retrouvés lors d'études faites au Sénégal (BELOT et col., 1986).

Les strongyloses digestives sont les nématodoses les plus graves. Elles sont dues à des strongles parasitant souvent en grand nombre la caillette ou les intestins. La strongyloïdose est également une affection très répandue. Comme les strongyloses digestives, on la rencontre partout au Sénégal surtout pendant la saison de pluies. En saison sèche (8 mois) il subsiste des populations adultes et larvaires résiduelles (NDAO et col., 1995).

Une tendance générale se dessine pour l'évolution saisonnière de chaque parasite (BELOT et PANGUI, 1986). Le taux d'infestation augmente considérablement en hivernage (Tableau II).

Tableau II : Taux d'infestation en fonction des saisons.

Espèce parasite

Pourcentage d'infestation

Saison sèche

Hivernage

Haemonchus contortus

47

95

Trichostrongylus spp.

45

90

Oesophagostumum columbianum

20

95

Strongyloïdes papillosus

22

85

Source : VASSILIADES, 1981

L'intensité du parasitisme strongles-strongyloïdes est en moyenne 8 fois plus élevée en hivernage qu'en saison sèche surtout dans la moitié du nord Sénégal  zone soudanienne et sahélienne, là où les conditions d'élevage sont particulièrement défavorables. Dans la moitié sud une bonne alimentation assure aux animaux une certaine capacité de résistance à l'agression parasitaire, en dépit d'un taux de parasitisme élevé (VASSILADES, 1981).

En hivernage, en faveur de la température et de l'humidité croissante, les helminthes se développent et de nouvelles infestations se réalisent. Le taux de parasitisme s'élève considérablement, provoquant de véritables strongyloses digestives, notamment des cas d'oesophagostomose larvaire et de strongyloïdose aiguë conduisant à la mort des animaux affaiblis par une longue période de sécheresse et par conséquent inaptes à résister à une agression brutale (VASSILADES, 1981).

Il y a donc deux périodes critiques : l'une en fin de saison sèche, du fait de l'extrême affaiblissement des animaux ; l'autre beaucoup plus sévère en hivernage du fait de la recrudescence du parasitisme digestif.

Quatre (4) genres important peuvent être suivis au cours de l'année (Tableau III) : Haemonchus, Trichostrongylus, Strongyloïdes et Oesophagostomum. D'après RUMEAU-ROUQUETTE cité par BELOT et al., (1988), les variations d'un animal à un autre au cours d'un même mois sont importantes et les moyennes sont souvent faibles.

Tableau III : Variations mensuelles du nombre de parasites récoltés chez les ovins (infestation minimale-infestation maximale).

Mois

Haemonchus

Trichostrongylus

Strongyloïdes

Oesophagostumum

Janvier

0

16-1360

24-1065

0-2

Février

0

4-7590

0-130

0-77

Mars

0-11

60-850

0-1050

0-1

Avril

0-10

0-2650

0-40

0

Mai

0-28

189-1780

0-205

0-19

Juin

0-67

21-624

0-268

0-62

Juillet

0-75

72-517

34-335

0-32

Août

0-85

62-1434

15-320

0-20

Septembre

3-110

330-350

0-170

0

Octobre

8-119

170-2420

70-2210

0

Novembre

0-58

901-2440

30-218

0

Décembre

0-23

20-780

0-992

0-9

Source : BELOT et al. , 1988.

L'espèce Haemonchus contortus est prolifique à un intervalle de génération et est capable de prendre rapidement avantage des conditions environnementales favorables (GRANT, 1981). Les lourdes infestations (2000-3000 vers adultes) sont communes à la saison pluvieuse (NDAO et al., 1995). Le nombre moyen d'Haemonchus contortus adultes compté dans le liquide de lavage de la caillette de janvier à février était faible (moins de 5%) chez les ovins (VERCRUYSSE, 1988).

Les larves d'Haemonchus représentaient 61% à 90% de la charge totale de la caillette en saison sèche. Cela confirme qu'Haemonchus contortus survit durant la saison sèche comme larve hypobiotique dans la muqueuse abomasale des ovins. Chez les ovins du sahel au Sénégal, il est constaté une forte proportion de charge larvaire et un faible niveau de la population adulte durant la saison sèche (VERCRUYSSE, 1984-1985).

L'humidité relative basse (11,7% à 50%) et les fortes températures ne permettent pas la survie des larves infestantes durant la saison sèche. L'arrêt du développement larvaire et la non réinfestation des animaux expliquent la diminution du nombre d'adultes (NDAO et al., 1995).

L'espèce Haemonchus contortus n'est présente que de mars à décembre. Le taux d'infestation est faible à nul en saison sèche mais il augmente rapidement en fin de cette saison pour se maintenir à un niveau moyen pendant la saison des pluies et jusqu'en décembre (BELOT et al., 1988).

La population parasitaire adulte croît dès la fin de la saison sèche pour atteindre un maximum en saison de pluies et en fin de celle-ci. La population larvaire suit une progression inverse et se trouve élevée en saison sèche. Cette population fléchit et disparaît dès le début de la saison des pluies pour dépasser à nouveau le niveau de la population adulte dès la saison sèche (BELOT et al., 1988).

L'espèce Trichostrongylus colubriformis apparaît à la seconde moitié des pluies. Les moyennes mensuelles de ce parasite atteignent un pic en septembre. En saison sèche, la charge régresse progressivement et augmente légèrement en novembre. L'augmentation de cette population pourrait être due à la maturation brusque des larves (L4). Par contre, la régression durant la saison sèche pourrait être due à la mort des parasites âgés (NDAO et al., 1995). Le genre Trichostrongylus est responsable des pertes importantes de poids chez les ovins (SHUMARD et al., 1957). Il existe dans les régions à climat tempéré et ne se développe pas en saison pluvieuse et chaude (GRANT, 1981). Il persiste pendant toute l'année et même durant une période importante de la saison sèche. Un léger fléchissement de ce niveau se remarque en début de saison de pluies en juillet, mais il remonte au cours de la saison de pluies (août, septembre) et en début de saison sèche (octobre, novembre). Le niveau de la population adulte de Trichostrongylus est d'emblée plus élevée que celle d'Haemonchus est restée assez constante au cours de toute l'année. Dans tous les cas, la population adulte est plus importante que la population larvaire qui est faible et inexistante en saison pluvieuse. Ces larves augmentent en nombre rapidement au début de la saison sèche et diminuent ensuite au cours de la progression de celle-ci (BELOT et PANGUI, 1988).

La charge moyenne d'Oesophagostomum columbianum atteint un maximum en septembre. Mis à part une poussée en février, Oesophagostomum n'est rencontré qu'à partir de la fin de la saison sèche (avril) et jusqu'à la fin de la saison des pluies (septembre). L'importance de l'oesophagostomose larvaire est évaluée en fonction du nombre de nodules par unité de surface de la muqueuse de la fin de l'iléon, du cæcum et du colon. Ces nodules, de 2 mm à 3 mm de diamètre sont très nombreux tout au long de la saison sèche. Ils disparaissent très rapidement dès l'apparition des premières pluies. La population adulte suit une évolution inverse (NDAO, 1991).

La population la plus élevée de Strongyloïsdes papillosus se retrouve en juin. Ce parasite suit la même évolution saisonnière que Trichostrongylus, mais à un degré d'infestation plus faible. On observe une diminution du nombre de parasites au fur et à mesure que la saison sèche évolue. Le niveau d'infestation augmente en saison pluvieuse (BELOT et al., 1988).

Ces différences d'ordre de succession et de pic d'incidence sont dues aux différences constantes de fécondité et d'intervalle de génération des espèces (FABIYI, 1973).

La charge moyenne en nématodes dans l'intestin grêle, le cæcum, le colon et la caillette atteint un maximum en août-septembre. Les moyennes mensuelles du nombre d'oeufs par gramme (OPG) de fèces sont à un niveau bas de décembre à avril (OPG<400). Les valeurs augmentent progressivement à partir de mai pour atteindre un maximum en septembre (NDAO et al., 1995). La fertilité des strongles est forte surtout en saison pluvieuse en raison de la faible densité des femelles (BELOT et PANGUI, 1986).

L'évolution du nombre d'oeufs par nématode montre une baisse en saison des pluies. En saison sèche ce nombre est constant et plus élevé. D'après FARIZI cité par BONFOH (1993), l'augmentation en fin de saison sèche pourrait être liée à la dépression immunitaire observée en général sur les animaux à cette période les parasites produisant alors plus d'oeufs. La baisse de ce nombre d'oeufs observée en saison pluvieuse est alors liée à un meilleur état des animaux (BELOT et al., 1988).

Le taux d'infestation moyen est souvent faible en milieu tropical, où les animaux sont souvent peu parasités et en équilibre hôte-parasite, permettant une survie de l'animal dans les meilleures conditions (GRETILLAT, 1981). Il existe des taux d'infestations différents selon les pays (Tableau IV).

Tableau IV : Taux d'infestation trouvé chez les ovins (en p. 100)

Espèce parasite

Localité

Nigeria

Sénégal

Tchad

Haemonchus contortus

40

94,82

50

Trichostrongylus spp.

40

93,10

0

Stongyloïdes spp.

0

10

17

Strongyloïdes papillosus

20

36,20

5

Gaigeria pachyscelis

2

12,06

0

Nematodirus spp.

0

0

0

Oesophagostumum columbianum

30

58,62

37

Trichonstrongylus globulosa

0

0

0

Skrajabinema ovis

1

0

37

Source : VONDOU, 1989.

Une humidité importante et des températures élevées sont des facteurs favorables au développement des nématodes sur les pâturages infestés. Donc en zone sahélienne, la saison pluvieuse est la période idéale pour l'évolution massive et rapide de ces parasites. En saison sèche, cette évolution est ralentie, voire interrompue faute d'une humidité suffisante dans le milieu extérieur. La survie sera alors assurée par un développement plus long des larves dans les muqueuses et par la contamination résiduelle des pâturages par les oeufs qui selon KERBOEUF (1987), peuvent survivre plusieurs années dans le milieu extérieur. Pendant cette saison sèche et en zone tropicale, l'importance des populations adulte et larvaire est énorme, d'autant plus que les animaux sont affaiblis par manque d'aliments. Les facteurs importants qui influencent la production du nombre d'oeufs par nématode (Trichostrongylus et Strongyloïdes) sont la compétition alimentaire entre parasites et les phénomènes immunitaires de l'hôte parasité.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon