Introduction
En Afrique tropicale, la croissance rapide de la population
urbaine pose la question de l'approvisionnement alimentaire des villes
(Olanrewaju et al, 2004). Dès lors, l'agriculture urbaine et
périurbaine devient une option qui tente de répondre au
problème de l'amélioration de l'insécurité
alimentaire des citadins, face à la faiblesse des performances des
systèmes de production rurale (Tinker, 1998, cité par Hounpkonou,
2003). Bien qu'elle soit souvent réprouvée par les
autorités, l'agriculture urbaine est une réalité dans la
plupart des villes du Sud (Mougeot, 2006).
Au Bénin, le maraîchage apparaît
aujourd'hui comme une des principales composantes de l'agriculture urbaine et
périurbaine à l'instar du petit élevage (ruminants,
volailles,...). Les cultures maraîchères sont produites dans
toutes les régions du sud Bénin (Adorgloh-Hessou, 2006). Selon la
FAO, la tomate (Lycopersicon esculentum Mill.) de la famille des
Solanacées, est l'une des plus importantes cultures
maraîchères produites au Bénin tant sur le plan des
superficies (27800 ha) que de la production (154600 tonnes) en 2010 (figure
1).La tomate est le produit maraîcher le plus consommé,
utilisé comme condiment dans la ration alimentaire quotidienne à
base de céréales et de tubercules.
Figure 1 : Evolution des superficies emblavées
quelques cultures maraîchère au
Bénin. (Source : FAOSTAT 2012)
La diversité des systèmes et des conditions de
production de la tomate au Bénin présentent le pays comme un cas
d'étude pertinent pour l'évaluation des pratiques agricoles d'un
point de vue agronomique et environnementale.Plus spécifiquement, la
tomate de contre saison cultivée d'octobre àmars
représente un défi technique majeur. En effetcette
culturenécessite une bonne maîtrise des techniques d'irrigation et
de fertilisation, etla forte pression parasitaire exige une maîtrise des
techniques de lutte contre les ravageurs et maladies.
La présente étude s'insère dans le cadre
d'une thèse intitulée : « Quelle prise en compte de la
variabilité sol, climat et pratique dans l'analyse de cycle de vie des
produits maraîchers ? Mise en oeuvre au cas de la tomate ». Notre
étude porte plus spécifiquement sur l'analyse des performances
agronomiques des systèmes de production de la tomate de contre saison au
Bénin. De manière pratique, l'étude permettra de
réaliser l'inventaire des intrants, des pratiques et des rendements des
systèmes étudiés. Les résultats de cette
étude permettront d'une part, d'effectuer une analyse environnementale
de la tomate de contre-saison béninoise par la méthode «
Analyse du Cycle de Vie » (ACV). D'autre part, cette analyse permettra de
sensibiliser les maraîchers sur les performances agronomiques de leurs
pratiques.
1. Matériel et méthode 1.1. Site de
l'étude
L'étude a été conduite dans
lecordonlittoral du sud-Bénin plus précisément dans les
communes de Cotonou (département du littoral), Ouidah/Pahou
(département de l'Atlantique) et Grand-Popo (département du Mono)
(Figure 2). La zone bénéficie d'un climat subéquatorial
sous influence de l'océan atlantique et dispose en général
d'un sol de type sableux marin, pauvre en matière organique avec une
faible capacité d'échange et un faible pouvoir de
rétention en eau. La nappe phréatique se trouve à
proximité de la surface du sol dont la perméabilité
élevée accélère l'infiltration des eaux pluviales
et usées, ce qui pourrait générer des risques de pollution
(Monographie Afrique Conseil, 2006). Le choix de ces communes s'explique par
leur forte démographie d'une part (cas de Cotonou) et la forte
production de tomate de contre saison (cas de Ouidah et de Grand-Popo).Selon le
Centre Régionalpour la Promotion Agricole (CeRPA) qui assure
l'encadrement technique des producteurs et sur la base des différentes
monographies réalisées par le cabinet « Afrique Conseil
»,l'étude sur ces trois communes permet d'obtenir un bon niveau de
représentativité pour la filière de production de tomate
de contre saison au Bénin. En effet, le maraîchage occupe la
majorité des surfaces agricoles de Cotonou (Akomagni, 2006) et
près de 50% des terres destinées aux cultures vivrières
à Grand-Popo, soit 1185 ha(Capo-Chichi, 2006). A Pahou,la culture de
tomate couvre à elle seule 62,63% des terres allouées aux
cultures maraîchères en 2004 (Capo-Chichi, 2006). Seule la commune
de Sémé, sur laquelle on retrouve des systèmes de
production de tomate de contre saison a été exclue de
l'étude pour des raisons pratiques (manque de temps et de moyens pour
élargir le périmètre d'étude).
3 parcelles
5 parcelles 4 parcelles
Figure 2 : Localisation et répartition des
parcelles enquêtées
1.2. Sélection des parcelles
Une enquête détaillée a été
menée chez 12 producteurs représentatifs de la filière de
tomate de contre saison répartis dans les trois communes retenues. La
sélection des parcelles s'est effectuée en 4 étapes.
i. Une étude bibliographique a permis
d'établir une pré-typologie pour la sélection des
parcelles. Sur la base des études menées localement sur la
production maraîchère (AssogbaKomlan, 2004 ; Atidégla S,
2011)4 critères ont été retenus pour caractériser
la diversité des systèmes : la commune, le type de sol, le type
de variété (locale ou améliorée) et le
système d'irrigation.Le principal critère pour réaliser
cette caractérisation a été le système
d'irrigation. Nous avons identifié trois modes d'apports:
· L'irrigation manuelle faite
au moyen d'arrosoirs.La source d'eau est soit un puits à ciel ouvert,
soit un forage muni d'une motopompe qui permet de stocker l'eau dans un bac
construit pour la circonstance.
· L'irrigation par
asperseursréaliséepar la mise sous pression de
l'eau en utilisant la motopompe.La parcelle à irriguer est
quadrillée par les asperseurs.
· L'irrigation par tuyau flexible
quise fait en utilisant une motopompe et des tuyaux flexibles. Le
producteur distribue l'eau sous pression directement aux plantes par le biais
des pommes d'arrosage.
D'autres critères comme la surface
cultivée en tomate de contre saison et la localisation
(rurale, périurbaine ou urbaine) ont également
été identifiés comme facteurs de
diversité. L'analyse bibliographique et la consultation
d'experts a permi s de réduire le nombre de
combinaisons possibles pour chaque commune. La figure 2
présente la pré-typologie obtenue pour la
commune de Ouidah/ Pahou .
Ouidah
Sable
Argile
Am
Loc
Loc
Am
Man
Tuy
Asp
Man
Tuy
Man
Tuy
Asp
Man
Tuy
T2
T1
T3
T5
T6
T8
T5
T4
T7
T9
mmune
pe de solVariét méliorée ou Locale)
Systèm irrigation (Manuel, Tuyau flexible
ou Asperseurs)Systèmes T
Figure3: Pré-
typologie obtenue à partir de la bibliographie et
les dires d'experts pour la commune de Ouidah/ Pahou
ii.
Une phase exploratoire menée en
collaboration avec les Centres Communaux pour la s
d'établir un
Promotion Agricole (CeCPA) a permi répertoire des
producteurs de tomate de
contre saison dans les différentes zones
d'étude. Cette liste (Annexe 1) répertorie
à la fois le ion et les caractéristiques de leur
nom des producteurs, leur localisat système de
production :
surface cultivée stade de
en tomate de contre saison, type de sol,
variété de tomate,
développement
de la culture et do mode d'apport de l'eau
d'irrigation.
iii. L'étape suivante
a consisté à confronter la
pré-typologie avec la diversité des
systèmes présentée dans la liste et
observée lors de visites de terrain.
D'abord en comparant le
. La majorité
sols étaientpour la
sol argileux
d'irrigation par
étaient
des producteurs
pré-typologie, p
répertoire d'agriculteurs et la lusieurs
observations ont été faites
des parcelles a été
cultivée avec une variété
améliorée de tomate.L
es
plupart considérés comme
sableux. Seule une parcelle
s'est singularisée par un dans la
commune de Grand-Popo.Enfin très peu de parcelles avec
des modes asperseurs ont été
identifiées.Nous avons considéré
que les parcelles identifiées
représentatives des
petits producteurs (superficies< 0,1 ha)
et
moyens(0,1 ha <sup<0,3 ha) qui travaillent en
collaboration avec les CeCPA. En revanche, les gros producteurs de tomate (sup
> 0,3 ha), n'ont pas été répertoriés notamment
à GrandPopocar ils ne sont pas sous l'encadrement technique du CeCPA.
iv. Enfin, les agriculteurs possédant
une parcelle type,c'est-à-dire représentative de la
diversité de la population(figure 2), ont été
rencontrés pour évaluer leur capacité à fournir des
données fiables. L'état des parcelles a été
évalué, et plusieurs ont été écartées
à cause de symptômes importants d'attaques de nématodes ou
de déficit en eau,ou parce que le stade de culture était trop
avancé. L'objectif était de maximiser les chances de suivre une
parcelle jusqu'à la récolte. A l'issue de ces rencontres, 12
parcelles ont été sélectionnées (tableau 1).
Tableau 1: Répartition des maraîchers
enquêtés par commune et par mode d'apport d'irrigation
Localité
|
Nombre de producteurs enquêtés
|
Total
|
Irrigation manuelle
|
Irrigation par asperseurs
|
Irrigation par tuyau flexible
|
Cotonou
|
3
|
1
|
0
|
4
|
Pahou
|
1
|
0
|
4
|
5
|
Grand-Popo
|
0
|
0
|
3
|
3
|
Total
|
4
|
1
|
7
|
12
|
Source : Enquête tomate Octobre 2011 - Avril 2012
|