RÉPUBLIQUE DE CÔTE
D'IVOIRE
Union-Discipline-Travail
Ministère de l'Enseignement
Supérieur
UNIVERSITÉ DE BOUAKE
U.F.R de Communication, Milieu et
Société
Département de Lettres Modernes
ANNÉE ACADÉMIQUE :
2003-2004
Présenté par :
Sous la direction de :
SORO N'golo Aboudou
Professeur SIDIBÉ Valy
Professeur Titulaire
SOMMAIRE
DÉDICACE
...............................................................................................2
REMERCIEMENTS
...................................................................................
3
INTRODUCTION
.......................................................................................
4
PARTIE I : Approche conceptuelle, justification du
sujet et délimitation du
Champ d'analyse
........................................................................ 7
Chapitre I : Approche
conceptuelle .....................................................9
Chapitre II : Justification
du sujet et délimitation du champ d'analyse ...........14
PARTIE II : Caractérisation du corpus
et définition des méthodes
D'approche
.............................................................................
17
Chapitre I :
Caractérisation du corpus
................................................ 19
Chapitre II :
Définition des méthodes
d'approche....................................22
PARTIE III : Présentation des axes de
recherche ................................................25
Chapitre I :
Problématique du sujet
....................................................27
Chapitre II : Aperçu
des grandes étapes de la
réflexion ............................28
ESQUISSE DU PLAN DE LA THÈSE
............................................................ 37
CONCLUSION
.........................................................................................
41
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE DE LA THÈSE
........................................ 42-46
À notre père SORO Nibaha
REMERCIEMENTS
Nous voudrions ici savoir gré à tous ceux qui de
près ou de loin ont apporté leur pierre aussi modeste soit-elle,
à la réalisation de ce projet de Thèse.
Nous voudrions particulièrement dire merci à
notre maître, le professeur SIDIBE VALY, dont les conseils et les
encouragements nous ont permis de poursuivre le travail pour arriver à
ce stade.
Nous lui sommes très reconnaissant pour tous les
efforts, voire tous les sacrifices consentis pour nous.
INTRODUCTION
L'existence d'un théâtre africain et
afro-américain est un fait acquis : c'est ce que l'on a pris
l'habitude d'appeler le théâtre noir. En tant qu'expression de sa
vision du monde et de son rapport au monde, de son expérience collective
et de praxis sociale, le théâtre nègre a toujours
été mêlé aux luttes politico-culturelles de la
communauté Nègre. C'est un théâtre militant
fondé sur des aspirations révolutionnaires. La
réhabilitation de l'identité et de la dignité Nègre
a toujours été l'essence des productions théâtrales
des dramaturges négro-africains. Cette quête identitaire des noirs
en général, passe par le refus des préjugés raciaux
conséquents de l'esclavage et de la colonisation, de la double
négation dont ils furent victimes.
Aussi, cette quête d'identité du Nègre
dépasse-t-elle par la stigmatisation des traces
indélébiles dans la conscience nègre de cette
idéologie raciste qui a fait du Noir un inférieur biologique au
point de créer chez lui le complexe d'infériorité qui le
pousse à l'assimilation, à " singer " le Blanc. En d'autres
termes, la quête identitaire du Nègre passe par la dérision
de l'aliénation, de la dépersonnalisation, de la
lâcheté du Nègre à voir en son frère :
"une bête de somme" ; "un dégingandé sans rythme ni
mesure" ; "un comique " ; " un laid " qui pue ; "un nègre sans
pudeur"1(*) ; "un
fornicateur"2(*).
Cette tâche, Aimé Césaire la fera sienne
dans son théâtre après son immense cri d'indignation et de
révolte nègre : Cahier d'un retour au pays
natal (1947). C'est fort de cette réalité chez le
poète et dramaturge Martiniquais que nous nous proposons de traiter dans
le cadre de notre projet de Thèse, le sujet intitulé :
L'aliénation dans le théâtre d'Aimé
Césaire.
Considérer toute l'oeuvre dramatique d'Aimé
Césaire, à ce stade de notre travail, ne nous permettrait pas de
produire un travail efficace et clair.
C'est pourquoi nous nous limiterons à trois
pièces de l'insulaire. Ce sont : La tragédie du roi
Christophe3(*),
une saison au Congo4(*), et Une tempête5(*). En effet, ces trois
pièces constituent ce que l'on a pris l'habitude d'appeler "la
trilogie des indépendance africaines ". Selon Blédé
Logbo, avec Et les chiens se taisaient, elles "jouent le
drame du nègre "6(*).
Après ces quelques propos sur le corpus, nous allons
tenter d'élucider notre sujet.
En effet, l'aliénation, selon Le Petit
Robert, est "le fait de céder ou de perdre (un droit ou un
bien naturelle) ". C'est également :
"L'état de l `individus qui, par
suite des conditions
Extérieures (économiques,
politiques, religieuses),
Cesse de s'appartenir, est traité
comme une chose,
Devient l'esclave des choses et des
conquêtes ... "
En juxtaposant ces définitions et l'histoire des
peuples noirs, nous nous rendons compte que ceux-ci ont longtemps
été des peuples aliénés et dans une certaine mesure
continuent de l'être encore.
Cependant, comment Aimé Césaire rend t-il compte
de cette aliénation du nègre ?
Quelles sont les traces de la dépersonnalisation de
l'homme Noir dans son théâtre ?
Autrement dit, comment le dramaturge
théâtralise-t-il cette perte de soi-même, la perte de
l'identité nègre ? Et qu'envisages-tu pour la
libération totale du Noir ?
Notre démarche consistera à répondre
à cette série de questions en nous appuyant sur les trois
pièces d'Aimé Césaire sus-mentionnées.
Maintenant que le sujet est élucidé, et la
problématique amorcée, il faut encore justifier le choix du
théâtre de Césaire. Pourquoi avoir choisi Césaire et
son théâtre pour mener notre réflexion ?
En effet, Aimé Césaire est " un poète
mondialement célèbre". Son oeuvre
"est porteuse de valeurs positives ", " et ses
héros : Le Rebelle, Caliban, Christophe, Lumumba jouent la
tragédie de leur propre peuple" et / ou " campent la Condition
évidente des tortures déshumanisantes pour célébrer
notre commune humanité "7(*) .
C'est fort de ces raisons on peut plus scientifiques que nous
nous engageons à décrypter La tragédie du
roi Christophe, Une saison au Congo et Une
tempête, conformément à notre sujet ci-avant
présenté..
Notre réflexion s'articulera suivant trois grandes
parties. La première sera consacrée à la définition
du concept de " l'aliénation " et à la justification de l'objet
d'étude. Dans la deuxième partie, nous proposons de
caractériser le corpus et de définir les méthodes
d'approche de celui-ci. Pour terminer, nous esquisserons dans la
troisième partie les axes de recherche pour la thèse, ainsi qu'un
plan et une bibliographie provisoires de celle-ci. Pour mener notre
étude, quelles méthodologies appliquer ?
La perspective dans laquelle nous plaçons notre travail
nous impose de recourir principalement à une méthode : La
sociocritique. Nous ferons également usage de la psychocritique.
Ce sont ces méthodes qui vont nous permettre de saisir
la quintessence de l'oeuvre théâtrale de Césaire.
PARTIE I
APPROCHE CONCEPTUELLE, JUSTIFICATION DU
SUJET
ET
DELIMITATION DU CHAMP D'ANALYSE
"La première démarche de tout homme de
science, selon Émile DURKHELM, est de définir les choses
dont il parle afin qu'on en saisisse le sens et que l'on sache de quoi il
parle "8(*).
Qu'est-ce que donc l'aliénation ?
CHAPITRE I : Approche conceptuelle
Le concept de l'Aliénation nous renvoie à
plusieurs domaines. Elle touche aussi bien les aspects philosophique,
juridique, social que médical. C'est donc un mot multidimensionnel que
nous tenterons de cerner en précisant tout de même que c'est son
aspect philosophique (littéraire) qui sera privilégié.
I- Au plan juridique
Selon Le Petit Robert, c'est la
"transmission qu'une personne (aliénateur) fait d'une
propriété ou d'un droit, à titre gratuit ou
onéreux ".
Dans son Vocabulaire technique et critique de la
philosophie9(*),
André Lalande définit l'aliénation au plan juridique,
comme : "la cession d'un bien à un autre". Cette
définition donne par métaphore : "état de celui
qui appartient à un autre ".
A travers cette approche, nous pouvons nous rendre compte que
l'aliénation suppose, au plan juridique, la perte de quelque chose ou de
soi-même en faveur d'autrui.
II- Au plan médical
L'aliénation au plan médical,
signifie :"trouble mental, passager ou permanent, qui rend l'individu
étranger à lui-même et à la société
où il est incapable de se conduire normalement"10(*).
Dans ce cas, on parle " d'aliéné
mental ". C'est de la démence, de la folie qu'il est question
ici.
" Les aliénés s'éloignent de
l'adaptation soit par excès du système (persécutés,
jaloux), soit par hésitation, des éléments psychiques
(douteurs), soit par inertie (débile ou trop
équilibré) "11(*).
Cependant, selon Pierre JANET, cité par Lalande
André, " Aliéné" n'est pas n terme de la langue
médicale, ni même de la langue scientifique, c'est un terme du
langage populaire ou mieux du langage de la police.
III- Au plan social
Au plan social, un aliéné est un individu qui
est dangereux pour les autres ou pour lui-même, sans être
légalement responsable du danger qu'il crée.
"Le danger crée par un malade
dépend beaucoup plus de circonstances sociales dans lesquelles il
vit que de la nature de ses troubles psychologiques"12(*).
Ainsi, que ce soit au niveau médical ou au niveau
social, il y a primauté de la société sur l'individu.
IV - Au plan littéraire
Pour aborder ce terme au plan purement littéraire, nous
nous intéresserons de prime abord au domaine de la philosophie. A ce
niveau, Yacouba Konaté nous dit ceci :
« Le terme " Aliénation " est un terrain de
rencontre entre des disciplines aussi variées que la religion, la
philosophie, la psychologie sociale, ... il n'en demeure pas moins que son
origine reste philosophique et que sa vérification est
sociale.»13(*)
Ainsi, même au plan littéraire le concept est
polysémique et multidimensionnel. Cependant nous tenterons de le cerner
à travers une série de définitions. En effet,
d'éminents penseurs tels que Hegel, Ludwing Feuerbach, Karl Marx et
Cheikh Anta Diop et bien des intellectuels Noirs se sont livrés à
une véritable bataille idéologique qui n'est pas sans
implications politiques.
Pour Hegel (Philosophe allemand) :
" Il y a à la fois identité et
contradiction entre le sujet et l'objet, entre la pensée et le
réel (la nature puis l'histoire humaine) et " l'autre " du sujet
(l'idée absolue), son aliénation. L'idée s'aliène
en nature "14(*).
Cette définition quelque peu hermétique, peut
être éclairée par celle-ci proposée par Feuerbach et
qui fait de la théorie de l'aliénation un instrument de lutte
contre la religion :
" C'est l'homme lui-même qui s'aliène dans ses
représentations religieuses ; il crée une image
idéale de lui-même qu'il réalise en un être
étranger, un dieu dont il fait son propre créateur et dont il,
devient l'esclave "15(*).
Quant à Karl Marx, il pense que :
"L'Aliénation résulte des conditions des
conditions dans lesquelles
les collectivités humaines produisent leur propre
existence sociale, dans les sociétés où s'opère la
division sociale du travail ; l'activité sociale totale (praxis)
n'étant pas dominée rationnellement par les hommes, perd son
caractère d'oeuvre humaine. Elle opprime ces créateurs, entrave
leur développement et produit une pensée mystifiée et
mystifiante (religion, idéologie, morale, ...). Dans l'existence de
l'ouvrier moderne, l'aliénation atteint son comble. Ainsi
l'émancipation du prolétariat est-elle la condition de la
désaliénation humaine "16(*).
Il appelle "Aliénation" : "cette
séparation brutale de l'individu et de la société qui fait
qu'il ose sent dépossédé et incapable de dominer sa
vie ".
Pour Marx donc, la plus fondamentale de toutes les
aliénations humaines est aliénation économique. En
d'autres termes, c'est l'exploitation capitaliste qui crée
l'aliénation de l'individu par rapport à la
société. Pour guérir l'homme de son aliénation, il
propose le socialisme qui permettra de mettre en place " un ordre social
permettant à la société globale la reprise du
contrôle de la production "
A ce stade, nous pouvons retenir que l'aliénation
signifie : la dépersonnalisation de l'individu par l'entremise de
la religion, du système capitaliste.
Elle se " réalise quand il y a soumission du sujet
à des structures matérielles, inhumaines ou extra humaines qui le
dépassent ou le déphasent. Le sujet perd tout pouvoir et
expérimente une impression de non-sens qui l'amène à
souffrir de son étrangeté"17(*).
Dans le cas spécifique des peuples noirs, outre les
causes ci-avant énumérées, l'aliénation est le fait
de la colonisation et de l'esclavage. C'est d'ailleurs pour cela qu'Albert
Memmi, dans Le portrait du colonisé précédé
de celui du colonisateur, fonde sa définition du système
colonial sur l'idéologie et néglige quelque peu l'aspect
économique cher à Karl Marx. Pour lui, dans cette entreprise de
déshumanisation et de dépersonnalisation qu'est la colonisation,
toutes les valeurs et toutes les institutions propres aux peuples
colonisés ont été systématiquement bafouées,
sinon détruites comme il le souligne ici :
" tant qu'il supporte la colonisation, la seule
alternative possible pour le colonisé est l'assimilation ou la
pétrification .... Ajoutons maintenant qu'il dispose de moins de son
passé. Le colonisateur ne lui en a même jamais connu ... le
souvenir n'est pas un phénomène de par esprit. De même que
la mémoire de l'individu est le fait de son histoire et de sa
physiologie, celle d'un peuple repose sur ses institutions. Or les institutions
du colonisé sont mortes ou sclérosées. Celle qui garde une
apparence de vie, il n'y croit guère. Il vérifie tous les jours,
leur inefficacité, lui arrivant d'en avoir honte comme d'un monument
ridicule et suranné. Toute l'efficacité au contraire, tout le
dynamisme social semble accaparés par les institutions du
colonisateur"18(*)
Cheikh Anta Diop, aborde le problème de
l'aliénation de manière identique. En effet, pour le
Sénégalais :
" L'explication de l'origine d'une
civilisation africaine n'est logique et acceptable, n'est objective et
scientifique que si l'on aboutit par un biais quelconque à ce blanc
mythique dont on ne se soucie point de justifier l'arrivée et
l'installation dans ces régions. Le but est d'arriver en se couvrant du
manteau de la science, à faire croire au Nègre qu'il n'a jamais
été responsable de quoi que ce soit de valable, même pas de
ce qui existait chez lui. On facilite ainsi l'abandon, le renoncement à
toute aspiration nationale chez les habitants, et on
réconforte les réflexes de subordination chez ceux qui
étaient déjà aliénés "19(*).
Avec Cheikh Anta Diop, nous arrivons à la conclusion
que l'aliénation culturelle est une arme, un moyen d'assujettissement et
de domination. Que ce soit chez les noirs restés sur le continent ou
chez ceux arrachés à la mère patrie, c'est- à -dire
les Antillais, la perte d'identité et le reniement de soi sont des
réalités que personne ne peut occulter. Même si les
transplantés bénéficient de quelque situation
atténuante, car la rupture fut violente et systématique. Chez ces
derniers, selon Glissant que cite Okafor Raymond, " l'aliénation
réside d'abord dans l'impossibilité du choix, dans l'imposition
arbitraire des valeurs "20(*) .
Pour Frantz Fanon : " cet événement
désigné communément aliénation ...on le trouve dans
les textes officiels sous le nom assimilation "21(*).
En effet, l'auteur de Peau noire, masques
blancs définit l'aliénation comme le fait que le groupe
infériorisé admette que ces malheurs procèdent directement
de ses caractéristiques raciales et culturelles.
" Culpabilité et infériorité sont les
conséquences habituelles de cette dialectique. L'opprimé tente
alors d'y échapper d'une part en proclamant son adhésion totale
et inconditionnelle aux nouveaux modèles culturels, d'autre part en
prononçant une condamnation irréversible de son style culturel
propre "22(*).
Il s'agit ici de l'antillais et du Noir en
général qui sont des aliénés parce
qu'infériorisés ou se considérant comme tel, du fait de
l'esclavage et de la colonisation. Dans " la société
colonisée déséquilibrée et adultérée
" donc l'avancement social était (et est encore malheureusement)
lié à la perméabilité aux idées et aux
comportements des maîtres ou des anciens maîtres.
Toutes ces approches du concept de " L'aliénation "
cadrent bien avec cette définition qu'en donne Pruvost, qui dit qu'elle
est :
" L'abdication volontaire ou involontaire de la
personnalité au profit d'autrui ou d'un Dieu ou soumission aveugle
à des objets, à des institutions, à des symboles
"23(*).
Ou encore avec celle du Petit Robert selon
lequel, l'aliénation est :
" L'état de celui, par suite des conditions
extérieures cesse de s'appartenir, est traité comme une chose,
devient esclave des choses et des conquêtes ".
Le concept clé de notre sujet étant
définit surtout au plan littéraire, abordons maintenant l'objet
de notre étude en commençant par le justifier.
CHAPITRE II : Justification du sujet et
délimitation du champ d'analyse
Le sujet de notre travail de recherche s'intitule :
"L `Aliénation dans le théâtre d'Aimé
Césaire".
Ici nous donnerons les mobiles du choix et les limites dans
lesquels tiendra notre étude.
I- Justification du sujet
Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
L'oeuvre théâtrale de Césaire est porteuse
de valeurs positives qui en ce début de XXIe siècle,
sont indispensables à l'Afrique et aux Nègres. Pour sortir de
cette fange politico-économique dans laquelle la plupart des
États indépendants s'enlisent encore. L'intérêt du
théâtre de Césaire est qu'il prend en compte toutes les
formes d'avilissement et d'aliénation du Nègre qu'il fustige avec
véhémence. De La tragédie du roi
Christophe à Une saison au Congo, en
passant par Une tempête, le dramaturge martiniquais ne
fait que montrer sur les planches "le Nègre" freiné dans
ses quêtes libertaire et identitaire par les entraves que plusieurs
années d'esclavage, de servitude et de colonisation ont permises de
dresser autour et
en lui. Depuis l'immense cri d'indignation et de
révolte nègre de Cahier d'un retour au pays
natal, que de chemin parcouru ! Cependant que d'embûches
escamotées qu'il fallait franchir convenablement pour mériter
d'être appelé " Homme ". Et même si dans sa façon de
crier sa "négritude" le Noir témoigne dans les textes
dramatiques de Césaire qu'il vaticine, il a en lui le fameux " mythe du
nègre " que le Blanc s'est attelé à lui inculquer pendant
plusieurs siècles de domination et d'exploitation. Par exemple c'est
à Napoléon que Christophe se mesure ; Lumumba regarde vers
l'est, vers Moscou ; Caliban hait Prospero de la même haine dont
celui-ci le hait et pour se débarrasser de ce dernier, Caliban sollicite
l'aide de Blancs.
En effet, Césaire sait plus que quiconque qu'
" il ne suffit pas de proclamer le droit à la
liberté d'une race pour qu'elle devienne aussitôt effective. De
même, lorsqu'on décide qu'il est désormais
bon-et-légitime-d'être-nègre, on n'est pas automatiquement
débarrassé des aliénations qui vous entravent depuis des
siècles. "24(*)
Cependant, au-delà de l'aliénation consciente ou
inconsciente du fait de tant de siècles d'imposition de civilisation
blanche, le théâtre Césairien témoigne d'une
certaine prise de conscience du Nègre. Le Noir ne se préoccupe
plus tellement du passé " mais du présent et de l'avenir
". Telle est la voie que propose Frantz Fanon25(*) pour aboutir à la désaliénation,
telle est celle qu'indique le théâtre de Césaire.
Outre ces aspects qui relèvent du contenu,
l'esthétique théâtrale de l'insulaire ne manque pas
d'intérêt.
Le héros d'Aimé Césaire et la composition
de ses pièces méritent une attention particulière. C'est
d'ailleurs pourquoi nous avons jugé utile de soumettre le
théâtre du dramaturge martiniquais à notre étude.
A tout ce qui précède, se greffe l'envie d'une
relecture de l'oeuvre théâtrale de Césaire afin de donner
une impulsion à la lutte pour la prise de conscience du Nègre
lui-même et de sa valorisation en tant qu'homme capable d'aller à
la rencontre de l'autre sans complexe aucun.
Sous cet angle, le sujet est d'actualité et
intéresse plus d'un chercheur universitaire. Cependant pour mieux cerner
notre travail, il convient de circonscrire notre champ d'analyse en donnant les
limites du sujet.
II- La limitation du champ d'analyse
En effet, la question de l'aliénation apparaît
sans nul doute intéressante, mais reste très difficile à
appréhender.
Considérer toute l'oeuvre littéraire de
Césaire ou des négro - africains serait un chemin susceptible de
nous perdre. C'est pourquoi pour être efficace et claire, nous nous
limiterons à trois (3) oeuvres théâtrales d'Aimé
Césaire. Ce cadre d'étude choisi nous permet non seulement de
mieux cerner l'esprit du travail qui s'inscrit dans le cadre d'un projet de
thèse mais de faire face aux difficultés liées à
cette entreprise comme à toute entreprise de cette envergure.
Nous sommes conscients que les résultats obtenus
à partir de cette étude seront toujours loin de satisfaire
totalement. De ce fait nous considérons d'emblée cette
étude sur l'aliénation et sur le théâtre de
Césaire comme un supplément aux recherches déjà
réalisées et qui nous conduira dans le futur à
entreprendre des travaux mieux élaborés et plus satisfaisants.
Ces résultats ne seront donc nullement
définitifs mais ne constitueront qu'une modeste contribution à la
compréhension de l'oeuvre théâtrale d'Aimé
Césaire. Loin d'être statique, nos travaux seront toujours en
évolution.
Après cette première partie relative à
la définition du concept de l'aliénation, à la
justification de l'objet d'étude et à la délimitation du
champ d'analyse, il convient de caractériser, dans la seconde partie, le
corpus d'étude et de situer le cadre méthodologique de notre
travail.
PARTIE 2
CARACTERISATION DU CORPUS
ET
DEFINITION DES METODES D'APPROCHE
Dans un souci d'efficacité et de clarté, nous
tâcherons, en premier lieu, de présenter chacune des trois
pièces de l'insulaire en ses points saillants. Ensuite et pour terminer,
nous définirons les méthodes d'approche littéraire qui
nous permettrons de les décrypter afin de saisir leur quintessence.
CHAPITRE I : Caractérisation du corpus
I- La tragédie du roi Christophe
Dans cette pièce, il s'agit d'un
général de l'armée de libération de Saint-Domingue
devenu Haïti, Christophe. Ancien cuisinier devenu général et
compagnon de Toussaint Louverture, Henri Christophe se "taille" un
royaume au Nord de l'Île après la mort de Dessalines, premier
président d'Haïti (première république noire
proclamée en 1804). Pour tout argument, le général
Christophe trouve que la présidence que lui offre le parlement des
"mulâtres" (avec Pétion à leur tête) est
vidée de sa " substance essentielle ". " Un pouvoir sans
croûte ni mie, une rognure, une raclure de pouvoir ", " un pouvoir
vide "26(*). Christophe
n'en veut pas. A la limite, il se croit victime de la couleur de sa Peau :
lui est nègre, les parlementaires sont "mulâtres à
tamiser les phrases."
Pour sa dignité, l'ancien cuisinier devenu
général prend son épée et accapare une partie de
Haïti, celle où il était commandant et s'y autoproclame roi.
Il se fait couronner et a une cour "comme Louis XIII, Louis XIV, Louis XV
et quelques autres" monarques français.
" Les fastes somptuaires " de sa cour,
et " le grotesque d'une étiquette inadapté " aux
Antilles, témoignent de son admiration pour la France monarchique.
Christophe vaticine cependant. Il se bat contre " l'aliénation
résiduelle, la lâcheté, le cynisme et le
découragement". Son leitmotiv est : Le travail. S'il s'acharne
sur le Noir, c'est pour le sortir du fumier, de la boue, de la rague, dans
laquelle l'histoire l'a précipité et maintenu enfoncé des
siècles durant. Mais le peuple exacerbé l'abandonne, son
entourage corrompu le trahit. Christophe échoue. Sa fin est tragique.
Christophe est certes un bâtisseur, mais un bâtisseur qui voulait
bâtir sans tenir compte de la volonté et de la capacité de
son peuple.
Au-delà de l'aventure haïtienne de
Christophe, qui évoque le destin collectif du peuple africain
d'aujourd'hui ou encore la constitution d'un patrimoine authentique et
librement assumé, cette pièce fustige la
dépersonnalisation du dirigeant noir obsédé par le
modèle occidental. En effet, Christophe veut réussir une
entreprise, quelque chose d'impossible, " une citadelle "
comme on n'en trouve pas en Occident. Face à cette obstination du
général devenu roi, l'on est tenté de s'interroger si
jamais le Nègre ne peut prouver son humanité par une entreprise
qui ne soit une copie de celle d'un autre peuple.
II- Une Tempête
Une tempête est la transposition de
La tempête de Shakespeare27(*). Dans sa pièce, Césaire donne "un
relief accru aux rapports" du maître Blanc et de l'esclave Noir.
L'action se déroule sur une île du nouveau monde
ou vit un Blanc (Prospero) avec sa fille et deux esclaves : Un
Nègre et un Mulâtre. Ils seront rejoints par les rescapés
d'un naufrage : des Blancs venus de l'Europe.
Caliban est le nom dont est affublé le Nègre. Il
est révolté contre la servitude, contre l'esclavage, contre son
aliénation. Pour reconquérir sa liberté, il s'associe
à des Blancs qui le prirent d'abord comme objet exotique avant de
considérer le butin que peut leur procurer une victoire sur Prospero.
Les mobiles de l'engagement dans cette guerre étant divergents, les
Blancs vont se laisser aller à la fatigue. Seul Caliban affrontera
Prospero, mais il n'osa l'assassiner et acquérir son objet : la
liberté. Il laissa la vie sauve à son maître qui le fit
prisonnier et le traita différemment de ses complices Blancs.
Quant à Ariel, le Mulâtre, il est au service de
Prospero, même s'il lui arrive de rouspéter des fois. Il
répond : "maître", au moindre signe de Prospero. Il se
veut non-violent, ce qui l'éloigne davantage de Caliban dans la lutte
pour leur liberté. Ariel, attend que le maître lui donne la
liberté, comme un père à son fils. Cela arrive à la
fin : sur un ton très paternaliste Prospero offre la liberté
à Ariel. Mais à quel prix ? Au prix de mille besognes
répugnantes de mille traîtrises.
Césaire à travers ces deux personnages, nous
laisse voir les positions contradictoires adoptées par les hommes de
couleurs pour se libérer du joug et du carcan que le Blanc s'est
attelé à mettre à leur cou et à leurs pieds.
Cette oeuvre que Blédé à baptisée
l'acte II du drame africain, se situe historiquement à la
période ou le Nègre transplanté aux Antilles et en
Amérique tente de s'affranchir : "Caliban a une haute
conscience de son rôle. Il sait ce que la liberté signifie :
reconquérir son île et sa culture "
III- Une saison au Congo
Une saison au Congo présente l'histoire
tragique du Congo et partant de l'Afrique "au temps du vertige des
indépendances reconquises". Dans cette pièce, une figure
émerge : celle de Lumumba. Homme politique, il a une vision de
l'indépendance que ne perçoit pas toujours le peuple, mais
surtout que ne partage pas ses frères-ennemis et l'ancien maître,
le Belge. Il est à quelques degrés près le prolongement du
roi Christophe, surtout par son intransigeance et son acharnement au travail.
En effet, seul, il se lance à la conquête de la libération
du Congolais et du Nègre. Et il veut réaliser cette tâche
immense en un temps record. C'est pourquoi il dénonce avec
véhémence aussi bien l'ignoble attitude du Belge que la
traîtrise de ses frères et le manque de responsabilité de
ses propres collaborateurs.
Très actif, très sagace et d'une acuité
prodigieuse, Lumumba domine la situation, mais pas pour longtemps.
La traîtrise de Mokutu et l'irresponsabilité du
Président Kala-Lubu additionnées à l'âpre
avidité et à la cupidité sans limite des politiques
Katangais, finissent par avoir raison du rêve de Lumumba d'un Congo
indépendant au sens plein du terme. Armés par les puissances
étrangères, financières et minières, ses
frères-ennemis le capturèrent et le firent "
disparaître " sans trop se soucier de la présence des
soldats de l'ONU qui d'ailleurs avaient autres choses à faire que de
protéger un visionnaire ou quelqu'un qui était contre les
intérêts occidentaux .
Dans cette oeuvre dramatique, Césaire lève un
voile sur les catégories d'hommes politiques négro-africains.
Certains, tel Kala-Lubu, sont à la solde de l'ancien
maître qui les ménage, les cajole à l'image du " bon
père " ; d'autres par cupidité ou encore pour leur
gloire personnelle se lient à des puissances financières pour
piller le continent.
Seul Lumumba se passionne d'arracher le Nègre des
griffes voraces de l'Occident et des puissances financières ou
minière et de lui donner définitivement et totalement sa
liberté. Une liberté qui lui permettra de regarder en face son
semblable Blanc, Jaune ou Rouge et de discuter avec lui d'égal à
égal.
Ainsi, dans Une saison au Congo, Lumumba a en
face et contre lui des frères obnubilés par le dieu argent mais
surtout par le complexe d'infériorité, marque
indélébile que la colonisation a laissé dans la conscience
du Nègre.
Cette pièce joue le drame de l'Afrique à la
croisée des chemins. Elle est toujours l'objet de convoitise et
d'hégémonie de la part des occidentaux qui abusent de la
naïveté et de la cupidité de certains leaders politiques
dont la lâcheté est on ne peut plus remarquable.
Après cette présentation du corpus, il nous
incombe maintenant de spécifier les méthodes auxquelles nous
aurons recours pour conduire à bien notre étude.
Chapitre II : Définition des
méthodes d'approche
Toute étude quelle qu'elle soit, exige l'utilisation
d'une méthode. En outre, aucune oeuvre littéraire ne peut
être étudiée sans une méthodologie
conséquente, vu la rigueur qu'exige le raisonnement de l'analyse.
Les théories littéraires sont nombreuses et
s'équivalent. Mais nous privilégierons la sociocritique pour
mener notre réflexion. Notre sujet l'exige dans la mesure où nous
ne pouvons étudier l'aliénation dans le théâtre de
Césaire sans nous intéresser à l'auteur, à la
société qui l'a vu naître et sans l'histoire des peuples
noirs. C'est sur ces éléments et bien d'autres que repose la
sociocritique.
I- La Sociocritique
En effet, apparue en France vers les années 1960, la
sociocritique recouvre plusieurs approches théoriques. Cependant, elle
considère le texte comme l'élément capital, le
matériau sur lequel porte l'acte critique. C'est une méthode
d'investigation qui " vise d'abord le texte "28(*), comme l'a écrit Claude
DUCHET.
"Pour la sociocritique, le texte est à la fois
clôture et ouverture sur un ailleurs textuel dont les indices
transparaissent dans l'oeuvre d'art. Ainsi part-elle du principe que la
signification d'un texte ne se révèle pas ipso facto.
L'interprétation du texte dans la sociocritique doit prendre en compte
l'environnement ambiant car il est lui-même produit de la
société. "
Autour du texte sont lisibles certaines de ses conditions de
production, la trace des pressions culturelles et même de l'histoire. On
en déduit qu'une oeuvre d'art est indissociable des formes des cultures
ou d'enseignements par quoi elle est transmise. Mais il faut remonter par des
investigations profondes au niveau du texte pour aboutir à cette
conclusion. Il y a donc un parcours qui part de l'oeuvre pour aboutir à
la société.
Cependant, la démarche inverse n'est pas exclue.
Et dans ce cas " il ne s'agit plus de lire le caché
du texte, mais d'établir ses conditions d'existence c'est-à-dire
de lui restituer son assise toujours perçue et souvent invisible,
située hors des mots, dans les mots, de chercher d'où lui
viennent sève, saveur et savoir "29(*).
Ainsi, nous sommes amenés à faire une cherche
au niveau de la société qui a vu naître l'oeuvre, si nous
admettons qu'elle ne peut échapper à son statut social, si nous
voulons admettre que les conditions de réception d'une oeuvre d'art la
créent en partie. La société apparaît comme le lieu
où l'on puise les sources, comme une sorte d'archive. C'est elle qui
oriente l'auteur dans ses choix, d'où cette affirmation de Duchet selon
laquelle :
" Il n'y a pas de texte pur. Toute rencontre avec
l'oeuvre, même sans prélude, dans l'espace absolue entre livre et
lisant est déjà orientée par le champ intellectuel ou elle
survient"30(*).
En d'autres termes, l'origine du texte littéraire est
déjà une "luciole" qui l'éclaire pour le bonheur
du lecteur.
En plus de la sociocritique, nous nous appuierons sur la
psychocritique que nous présenterons brièvement. Nous n'excluons
pas totalement la sémiotique que présenterons aussi.
II- La Psychocritique
Cette méthode tire profit des recherches de Freud
sur la psychanalyse pour comprendre les personnages dans leur contexte
culturel. Elle ambitionne également de saisir dans l'oeuvre de chaque
écrivain la manifestation du moi profond.
Qu'il s'agisse des personnages ou de l'auteur lui-même,
nous aurons recours à cette méthode pour comprendre certaines
réactions du Nègre dans sa société ou face au
Blanc.
III- La sémiotique
La critique formaliste considère l'oeuvre
littéraire comme une réalité autonome et
spécifique. Pour le sémioticien (ou le formaliste) donc toute
production littéraire se suffit à elle-même et n'a point
besoin de se référer au contexte historique pour être
comprise, puisque la littérature est une pure fiction.
Cette méthode ne nous intéressera que dans une
moindre mesure.
Cependant, nous y aurons recours dans les cas exceptionnels ou
la sociocritique et les autres méthodes ne nous seront d'aucun
secours.
En ce qui concerne nos sources, nous nous inspirerons
principalement, pour la sociocritique des études de Pierre Zima, de
Goldmann, de Claude Duchet, ... Pour ce qui est de la sémiotique, nous
nous intéressons aux travaux de Gérard Genette, d'A. J. Greimas
et du Groupe d'Entrevernes.
Notre appui méthodologique sera tiré
également des travaux effectués sur la psychanalyse. Nous nous
intéresserons particulièrement aux auteurs tels que Frantz Fanon,
Hegel, Mannoni, Charles Mauron, etc.
PARTIE III
PRESENTATION DES AXES DE RECHERCHE
Dans cette partie notre objectif est de poser la
problématique du sujet et de mettre en relief les éléments
à développer dans le cadre de notre Thèse. Il s'agit de
montrer l'intérêt de notre sujet, de présenter
l'esthétique théâtrale de Césaire et le projet de
société du dramaturge martiniquais.
Nous nous évertuerons à analyser chaque
élément brièvement, sachant qu'il s'agit de
résultats provisoires et de perspectives.
Chapitre I : la problématique du sujet
Le théâtre de Césaire en tant que
théâtre militant fondé sur des aspirations
révolutionnaires est une plate forme où le Noir proclame son
refus des préjugés raciaux dont il est victime depuis des
siècles. D'où l'intérêt du thème de
l'aliénation dans ces textes
théâtraux.
Notre tâche consistera donc à relever les traces
de la réification, de la dépersonnalisation ou encore de cette
perte de soi-même, de la perte de l'identité du Nègre dans
le théâtre de Césaire et notamment dans les trois
pièces sus présentées. Notre visée est de montrer
que les textes dramatiques de l'insulaire sont "un cri qui déchire
la surdité de notre indifférence : Nègre,
Nègre, nègre depuis le fond du ciel immémorial"31(*), qui stigmatise
l'asservissement, l'aliénation du Nègre, et surtout
l'idéal de "blanchir la race" chez l'Antillais qui
" adopte toutes les valeurs non pas tant par un
désir d'imitation que par le besoin profond d'acquérir les
valeurs au non desquelles l'occident a infériorisé sa race :
valeurs bourgeoises, valeurs chrétiennes, valeurs culturelles ...
"32(*)
En somme, nous montrerons que l'oeuvre dramatique de
Césaire
" se positionne comme un lucide regard
poético-historique et politique sur le peuple qui l'a vu naître et
à qui il veut donner une conscience claire de sa propre
évolution, de ses propres capacités"33(*).
Chapitre II : Aperçu des grandes
étapes de la réflexion
I- Les problématiques du capitale et de
l'idéologie : Origine de l'aliénation du
Nègre.
Si le premier Noir capturé en 144234(*) par Antoine Gonzalve, fut
présenté à la cour de Lisbonne comme un objet exotique,
très vite, il devint un "objet à profit". Avec la
découverte du nouveau monde en 1492, "l'homme marchandise"
devint l'objet d'importants investissements.
Le profit s'accrut parce que c'est "un moteur" qu'on
venait chercher en Afrique "l'unique machine " qui aux
XVIIe et XVIIIe siècles était capable de
produire le sucre, le riz, le coton et le café aux Antilles et en
Amérique35(*).
A partir du XIX siècle, c'est sur le
"continent-source" du "bois d' ébène", ou de la
force productrice de sucre, que l'on viendra s'installer pour piller les
richesses minières et forestières tout en faisant plier
l'échine à ceux qui ont échappé au négriers
ou qu'ils ont laissés à dessein .
Cependant cette réification absolue du Nègre, si
elle est guidée par la recherche effrénée du profit, elle
est également sous-tendue par l'idéologie raciste du Blanc
à quelque classe sociale qu'il appartienne. Et c'est au nom de ce
racisme qui nie toute nature humaine au Noir ou qui fait de lui un grand enfant
qu'on doit assister éternellement, que le blanc entreprendra de
l'assujettir, de le chosifier.
C'est cette aliénation, cette dépersonnalisation
du Nègre qu'Aimé Césaire dénonce. Il stigmatise les
marques indélébiles qu'ont laissées les nombreux
siècles d'esclavage et de servitude dans les consciences collective et
individuelle du Nègre. Il s'en prend aussi bien au Blanc qu'au Noir. A
ce dernier, il ne tolère pas le fait de s'être laissé
prendre au piège historique tendu par le Blanc.
1- De La traite à la colonisation
La traite négrière et la
colonisation sont les deux faits historiques qui ont abouti à
l'aliénation du Nègre. En effet, ces deux faits historiques ont
âprement participé à la destruction du Nègre tout en
lui niant toute valeur humaine commune avec le Blanc. C'est en tant que
marchandise que le Noir a été envoyé aux Antilles et en
Amérique. Et si le Blanc vint s'installer chez lui, ce fut pour
davantage exploiter le Nègre et pour jouer pleinement le rôle
paternaliste qu'il s'est assigné depuis qu'il a découvert le
nègre-grand-enfant.
Aimé Césaire dans ses pièces de
théâtre fustige la négation de l'humanité du
Nègre et la trop grande dépendance fictive ou réelle de
celui-ci du Blanc. Les personnages tels que Caliban, Kala-Lubu, Christophe, ...
permettent au dramaturge de mettre à nu les stigmates que le commerce
triangulaire et la colonisation ont gravés sur la conscience collective
du Nègre. À quelques exceptions près, les personnages du
théâtre de l'insulaire ont intériorisé le portrait
mythique du Noir fait et à lui imposer par le colon. Même les plus
illuminés de la race se sont laissé prendre au piège.
Christophe et Lumumba adhérent à cette idée du
Nègre oisif et paresseux. Ils croient mordicus que l'oisiveté et
la paresse du Nègre sont des tares congénitales qui font de lui
un miséreux, un grand-enfant qu'il faut mettre au travail. Ils
s'acharnent sur le peuple afin de le pousser à se débarrasser de
ces tares et à se donner au travail libérateur. Cependant, se
sont-ils jamais interrogés comme Albert Memmi : " peut-on accuser
de paresse un peuple entier ?
La réponse à cette interrogation ferait
certainement d'eux des Prométhée achevés pour la race
noire. Cependant Lumumba, Christophe et Caliban n'en demeurent pas moins des
éclaireurs, des libérateurs, des bâtisseurs. Seulement,
leur désaliénation n'est pas parfaite, ce qui témoigne de
l'indélébilité des stigmates, des estampilles que
plusieurs siècles d'esclavage et de servitude ont laissé dans la
conscience et même dans l'inconscient du Nègre.
Sans nier leur rôle historique de libérateur, de
révolutionnaire, Césaire nous présente des héros
marqués à jamais, comme tous les Nègres, par
l'idéologie raciste du Blanc.
2- L'idéologie raciste du blanc
A l'origine du drame de l'homme noir fut l'idéologie
raciste de l'Européen qui a voulu voir en lui : un être
non-homme, un être inférieur à cause de la pigmentation
excessive de sa peau ; un maudit descendant de Cham. Ce racisme, doublé
de la cupidité blanche, occasionna la traite négrière et
l'exploitation abusive du Noir. Cette idéologie a fini par créer
des complexes chez le Blanc lui-même tel que "le complexe de
Prospero" que Mannoni définit comme :
" L'ensemble des dispositions névrotiques
inconscientes qui dessinent tout à la fois la figure du paternaliste
colonial et le portrait du raciste dont la fille a été
l'objet d'une tentative de viol (imaginaire) de la part d'un être
inférieur36(*). »
Ce mythe tiré de La tempête de
Shakespeare est conservé dans l'hypertexte de Césaire. Cependant
l'inférieur ici c'est le Nègre, c'est à Caliban le
Nègre-esclave que Prospero cache sa fille Miranda par crainte que
celui-ci ne la viole.
Dans La tragédie du roi Christophe, le
roi fait sien ce complexe propre au Blanc, lorsqu'il prend les paysans pour des
sujets qui courent braguette ouverte comme des "sauvages ". Pour
protéger les femmes, il propose le mariage à l'occidental afin
d'empêcher les paysans de courir à gauche et à droite "
sans rime ni raison ". Ici le complexe de Prospero transpire, même s'il
est édulcoré parce que certainement émanant d'un
Nègre et non d'un Blanc. Le racisme du blanc fini par atteindre le
Nègre qui : soit se comporte en blanc vis-à-vis des gens de
sa race, soit devient raciste vis-à-vis du Blanc. C'est ainsi que
Caliban hait Prospero de la même haine que ce dernier a pour lui37(*).
En définitive, si le Noir est aliéné, il
le doit aux contingences historiques ou à ses rapports de choc avec
l'Européen. Cependant comment cela se manifeste-t-il concrètement
et comment y remédier ?
II- Manifestation de l'aliénation du Nègre et
sa tentative de prive de conscience
En effet, comme Frantz Fanon l'a montré dans
Peau noire, masques blancs, le Nègre a
intériorisé tous les préjugés à son encontre
et refuse désormais de se regarder en tant que tel. S'il accepte sa
négritude, c'est en général avec douleur et
déchirement. Cela est vrai aussi bien pour l'Antillais que pour le
Nègre resté en Afrique. Ce dernier, selon Frantz Fanon :
" C'est en tant que victime d'un régime
basé sur l'exploitation d'une certaine race par une autre ; sur le
mépris d'une certaine humanité par une forme de civilisation
tenue pour supérieure "38(*).
La seule alternative qui reste au Nègre : c'est
l'assimilation. Et Césaire dans son oeuvre théâtrale,
témoigne de cette forme d'aliénation du Noir.
1- L'assimilation
En effet, le dramaturge martiniquais dans ces oeuvres
théâtrales s'insurge contre l'imitation grotesque des Blancs dans
les manières d'être et d'agir des leaders négro-africains.
L'exemple le plus remarquable de cette dénonciation se voit à
travers le personnage de Christophe qui se fait couronner roi. Pas roi, comme
le Mami Congo, mais roi comme Louis XIII, Louis XIV, ou Napoléon, qu'il
appelle d'ailleurs son cousin39(*). Il se fait couronner comme l'histoire
française le lui a enseigné. Et pour joindre la lettre à
l'esprit, il se fait "importer " un maître de
cérémonie à moins qu'on le lui ait envoyé.
Haïti, terre indépendante, où le
Nègre se dirige lui-même, cet orgueil du Nègre, se trouve
subitement administré par des Ducs, des Barons, des Comtes. Ici
l'aristocratie blanche est caricaturée et l'objectif est de se faire
passer pour le plus civilisé, le plus proche du Blanc.
Ce comportement, est l'apanage des Nègres
transplantés aux Antilles, écrit Frantz Fanon qui cite
Westerman :
" il existe un sentiment d'infériorité des
Noirs qu'éprouvent surtout les évolués et qu'ils
s'efforcent sans cesse de dominer. La manière employée pour cela
... est souvent naïve : porter des vêtements européens
ou des guenilles à la dernière mode, adopter les choses dont
l'européen fait usage, ses formes extérieures de civilité,
fleurir le langage indigène d'expressions européennes ... tout
cela est mis en oeuvre pour tenter de parvenir à un sentiment
d'égalité avec l'européen et son mode
d'existence"40(*) .
Cependant, le Christophe d'Aimé Césaire,
est un personnage pluriel. Il n'est seulement la mise sur scène de
leader Antillais, c'est aussi la représentation des présidents
africains dont les pays viennent d'accéder à la
souveraineté nationale et dont les palais sont les lieux où ces
grotesques imitations de l'Occident sont observables.
2- Le complexe de dépendance
Le Noir longtemps subjugué a été
présenté comme un grand enfant qui a besoin du Blanc pour devenir
homme. Et cette idéologie raciste qui fait de lui un inférieur,
le Noir a fini par l'intérioriser et se comporte très souvent
comme tel à moins qu'il ne le fasse à dessein.
Le dramaturge martiniquais, lève un voile sur cette
forme d'aliénation du Noir qui fait de lui un pantin entre les mains du
Blanc. Prenons l'exemple de Kala-Lubu, Mokutu ou des leaders Katangais dans
Une saison au Congo. Ces personnages dont la
matérialité historique est on ne peut plus vérifiée
sont manipulés par le Belge ou les intérêts financiers.
Dans son discours, le jour de l'indépendance du Congo,
le roi Belge n'a pas caché son intention de continuer son rôle de
père auprès des nouveaux dirigeants du Congo. Le refus de ce
paternalisme très intéressé par le premier Ministre
Lumumba est d'ailleurs ce qui l'a perdu.
Cette dépendance consubstantielle à la nature de
l'homme asservi est perceptible dans le comportement d'Ariel.
Avec ce mulâtre-esclave, Prospero ne souffre aucune
insoumission, il ne craint aucune désobéissance. Ariel attend sa
liberté de son maître comme un fils attend de son père la
permission de sortir. Et même si dans son attente, on peut voir une forme
de non-violence, elle est au stade où on peut la confondre avec le
commandement Biblique : "Honore ton père et ta
mère". Du moins, c'est ce qu'Ariel fait tout en espérant la
bénédiction, la liberté.
3-De révolte à l'affirmation de
l'identité nègre
a- La révolte
Le Noir à qui l'on a ravi la liberté et
nié la nature humaine pendant des siècles n'est pas resté
sans jamais réagir. En effet, comme le dit Albert Memmi, "la seule
issue qui ne soit pas une trompe oeil" et que " l'esclave ou le
colonisé découvre tôt ou tard ", est la
révolte. Césaire qui a écrit Cahier d'un retour au
pays natal : immense cri d'indignation et de révolte
nègre, en est conscient.
Dans son théâtre, cette volonté de briser
le carcan, ce refus de l'avilissement transpire à travers ses
héros : Lumumba, Caliban, Christophe, ...
La révolte ici c'est la prise de position par rapport
à la situation du Nègre : l'esclavage, la colonisation, la
servitude, ... La volonté de faire éclater le cercle infernal
dans lequel a été placé le Noir, est incarnée par
les héros des pièces du dramaturge martiniquais. Lumumba,
Christophe, Caliban et le Rebelle (dans Et les chiens se
taisaient) sont les portes flambeaux de leur peuple lancés
à l'assaut de l'enfer dans lequel l'histoire les a placés. Ce
sont des porte-étendards qui ne sont pas nécessairement indemnes,
mais des leaders sortis de cette boue dans laquelle l'on a voulu maintenir
enfoncé le Noir, pour conduire leur peuple, pour conduire le Noir
à la liberté, à sa libération totale et à
son affirmation en tant qu'homme faiseur d'histoire. Ils sont avant tout des
iconoclastes.
b- L'affirmation de
l'identité nègre
En s'attaquant de front à l'oppression, en se
"débarrassant de cette image annihilante, refusant l'esclavagiste ou
le colonisateur, le nègre tend vers la reprise de soi, vers
l'affirmation de son identité41(*). Les Négritudiens ont suffisamment
montré cette position du Noir dans leur poésie. Et Césaire
père fondateur de ce mouvement poétique, montre cela sur la
scène. Suivons Lumumba à la fin de son discours le jour de
l'indépendance du Congo :
" Nous réviserons, les unes après les
autres, toutes les coutumes pour Kongo !
Traquant l'injustice, nous reprendrons, les unes
après les autres toutes les parties du vieil édifice et du pied
à la tête, pour Kongo ! Tout ce qui est
courbé sera redressé, tout ce qui est dressé sera
rehaussé."42(*)
A la fin de sa tirade, le héros de Une saison
au Congo prophétise sur le Congo qui pour devenir une nation
indépendante et moderne se doit se puiser dans les sources intarissables
de son passé, l'énergie, la force indispensable à sa
construction et à son édification.
Christophe et Caliban, par des réminiscences d'une
Afrique à laquelle ils ont été arrachés, tentent ce
ré-enracinement. Cependant, en tant que transplantés, ils sont
convaincus que seul le travail libre leur permettra de s'affirmer et
d'être l'égal du Blanc.
Mais comment tout cela est-il montré par le
dramaturge ? Que vise-t-il ?
III- L'Esthétique théâtrale de
Césaire et son projet de société
1-L'Esthetique théâtrale d'Aimé
Césaire
Le théâtre de Césaire est un
théâtre qui peint la vie sociale de l'homme noir inscrit dans un
contexte précis : Une situation d'aliénation. C'est ainsi
qu'il utilise des personnages issus de toutes les couches sociales. En outre,
l'objectif étant "d'inciter à la réflexion sur le
passé et le devenir du nègre", le poète et dramaturge
Martiniquais a pris comme prétexte, l'histoire des peuples
négro-africains. Ce faisant, il retrouve Brecht (Bertold) et son
processus de la distanciation.
Cependant, le rapport à l'histoire favorise
également l'identification au héros tout en élucidant le
présent. Ce qui a pour conséquence de déboucher chez
Césaire sur une forme dramatique liée à la fois au
théâtre épique et à la tragédie. Ici c'est le
chant dithyrambique qui inaugure la notion du tragique négro-africain.
Aussi, le théâtre de Césaire prend-t-il non seulement
"son essor dans les périodes de flambées
révolutionnaires" mais encore il mêle la légende
à l'histoire dans le but semble-t-il, de célébrer des
héros ou des grands faits43(*).
a- Le processus de la
distanciation chez Césaire
Le processus de la distanciation ou "l'effet V",
consiste à prévenir "toute identification du spectateur avec
les personnages, toute communion toute jouissance passive" et susciter
chez lui "une attitude éveillée et critique propre à
lui faire saisir la leçon sociale que comporte la pièce".
Ce procédé Brechtien, Césaire l'exploite
dans son théâtre en ayant recours au passé historique des
peuples noirs, afin de leur permettre de prendre conscience de la situation
présente. Dans ses pièces Césaire montre des faits, des
caractères et des idéologies en rapport avec l'histoire en vue
d'amener le lecteur-spectateur Noir à réfléchir sur son
devenir. La matérialité historique des héros et/ou des
sujets abordés dans les pièces de l'insulaire est établie.
Cette historisation permet au lecteur-spectateur de prendre ses distances par
rapport à ce qu'on lui montre, de s'interroger ou d'adopter une attitude
critique vis-à-vis de ce qui est montré.
Dès le début de La tragédie du roi
Christophe, le commentateur nous invite à
réfléchir sur les attitudes de Christophe et de Pétion,
deux hommes politiques de la nouvelle république indépendante
noire d'Haïti. Il en est de même avec le Bonimenteur au début
de Une saison au Congo. Par ces
procédés le dramaturge anticipe l'action dramatique afin
d'éviter tout effet de surprise chez le lecteur-spectateur. Cependant,
cette historisation n'annihile aucunement le processus d'identification chez le
lecteur-spectateur du théâtre d'Aimé Césaire.
Enfin, la transposition de l'histoire dans ses pièces
débouche sur "le chant dithyrambique qui inaugure la notion du
tragique "
b- Le tragique dans le
théâtre de Césaire
Le héros Césairien brave des forces
supérieures et se voue à leur condamnation, à leur
châtiment. Et c'est cette intransigeance chez lui qui induit le
tragique.
Dans Une saison au Congo, Lumumba se
lève contre le roi belge, les puissances financières et les
politiques Congolais aliénés. Cette "force dans l'âme
qui se justifie en soi" crée le pathétique44(*) chez le Premier ministre
Congolais. Ce sentiment est davantage renforcé par le fait que
l'idéal collectif véhicule par Lumumba est incarné dans
son refus de survivre à l'aliénation de son peuple ou encore dans
son sacrifice.
Un autre exemple qui témoigne du tragique chez
Césaire est le dénuement total de l'intégrité
physique du héros de La tragédie du roi
Christophe. En effet, le personnage éponyme de cette
pièce "est mené dans une impasse à sens unique ou
l'obstacle insurmontable qu'est la mort se révèle comme un
échec irrémédiable."45(*)
Cela est aussi valable pour Lumumba (et le Rebelle dans
Et les chiens se taisaient). Quant à Caliban, ce n'est
pas de mort physique qu'il s'agit, mais de privation totale de ses
libertés.
Ainsi comme le dit le Professeur Sidibé Valy :
"Par delà les divinités anciennes qui
sous-tendaient tout le processus tragique, le théâtre tragique
semble naître aujourd'hui des contingences socio-économiques. Le
héros tragique n'est plus brisé par une quelconque
fatalité divine, mais par des forces ou nécessités
sociales qui s'opposent à lui, qui obstruent son chemin."46(*)
Cependant dans son théâtre, Césaire,
au-delà de ce tragique moderne, du pathétique ou concomitamment,
célèbre ses héros, sinon une idée chez eux :
la liberté.
c- Le héros
épique chez Césaire
Les oeuvres de Césaire célèbrent
l'idée fondamentale de la liberté ou de la libération du
Noir. En effet, Lumumba, Christophe et Caliban apparaissent comme des
héros épiques dans la mesure où ils se donnent "la
capacité de provoquer un élan de vouloir-faire qu'ils
transforment en pouvoir-faire "47(*).
Mêlant donc la légende à l'histoire, le
dramaturge martiniquais impulse une dynamique à la communauté
noire dans le sens de la régulation de celle-ci, mieux dans le sens de
la désaliénation.
Ainsi, l'auteur mêle-t-il le pathétique au
sublime ce qui fini de faire de son oeuvre théâtrale une oeuvre
singulière, d'importance capitale pour une analyse littéraire.
Après ce bref aperçu sur l'écriture de
l'insulaire, nous donnerons une esquisse de son projet de
société.
2- Le Projet de société
de Césaire
Césaire veut amener le Noir à se saisir de
lui-même et s'assumer en tant qu'homme. Pour lui le Noir doit refuser de
se laisser subjuguer et se mettre résolument au travail pour refaire son
histoire au mépris de ses détracteurs.
Trop longtemps le noir a été agit, il est temps
maintenant qu'il agisse et qu'il soit acteur de son devenir. Pour inculquer
cette idée au Noir, Césaire se sert de grandes figures telles
Lumumba, Christophe, Caliban. Ces héros sont des iconoclastes. Ils ont
osé lever la tête pour sa libération du carcan et du joug
que le blanc a forgé pour le tenir dans la servitude de l'esclavage,
pour l'exploiter.
Le théâtre de Césaire est non seulement
miroir de la communauté noire, mais interrogation sur le devenir de
celle-ci. Le leader Nègre, pour arriver à ses fins, celles de
libérer son peuple, doit être totalement affranchi de tous les
complexes dont le Blanc a affublé sa race. Ce sont les restes
d'aliénation ou les stigmates indélébiles de plusieurs
siècles de domination blanche que Césaire dénonce en plus
de montrer Lumumba, Christophe et Caliban en exemple. C'est une
société, une race totalement désaliénée que
souhaite le dramaturge martiniquais.
Le Noir ne doit rester prisonnier ni de son passé ni du
Blanc. Pou Césaire, il n'est pas question d'une
"réduplication" des civilisations antiques nègres. Il ne
s'agit ni revenir sur "les civilisations courtoises" ni de demeurer
sous la servitude du capitalisme occidental, mais c'est "d'un
dépassement" qu'il s'agit. "C'est une société
nouvelle qu'il nous faut créer, riche de toute la puissance productrice
moderne, chaude de toute la fraternité antique".
Tel est le voeu que formule Césaire dans son
Discours sur le colonialisme48(*).
En somme, le théâtre de Césaire joue le
drame du Nègre pour l'emmener à prendre conscience de sa
situation d'aliéné.
ESQUISSE DU PLAN DE LA THESE
PREMIÈRE PARTIE : CONTEXTE
SOCIO-HISTORIQUE ET LE MYTHE
DU
NÈGRE DANS LE THÉÂTRE D'AIMÉ
CÉSAIRE
CHAPITRE I : L'ALIÉNATION EXOGÈNE :
SOURCE DE LA
MYSTIFICATION DU
NOIR
I. Éléments d'histoire de la
Martinique
I.1-Découverte et situation
géographique
I.2-Situation socio-économique du
XVe au XXe siècle
I.3-De l'esclavage à
l'intégration : le martiniquais et la liberté
II. La manifestation de l'aliénation dans le
théâtre de Césaire
II.1-De l'aliénation économique
II.2-De l'aliénation politique
II.3-De l'aliénation culturelle
III. La réaction du Noir
III.1-Le refus de l'aliénation
économique
III.2-Le refus de l'aliénation
politique
III.3-Le refus de l'aliénation
culturelle
CHAPITRE II : LES GERMES DU MYTHE NÈGRE
I. Le complexe de dépendance
I.1 Le nègre paresseux
I.2 Le nègre-grand-enfant
I.3 Une race pusillanime
II. Le complexe de Prospero
II.1 Le complexe biologique
II.2 La négrophobie
III. Le complexe
d'infériorité
III.1 La monture scientiste
III.2 Le complexe de
supériorité blanche
CHAPITRE III : L'INTÉRIORISATION DU MYTHE
ET L'ALIÉNATION
ENDOGÈNE
I. Le héros Césarien : un héros
perverti
I.1 Son acharnement sur le nègre
I.2 L'intériorisation du complexe de
dépendance
II. Le formalisme nègre
II.1 Le formalisme religieux
II.2 La survivance du clan
III. La
dénégrification et le racisme nègre
III.1 L'onomastique lactifiée et le rejet
des dieux nègres
III.2 La haine de soi et la classification
interne
III.3 La haine du blanc
IV. Le désespoir du
nègre
IV.1 Un être opprimé
IV.2 Un être de carence
DEUXIÈME PARTIE : DE
L'ALIÉNATION A L'AFFIRMATION DE
SOI : UN THÉÂTRE ÉPIQUE OU TRAGIQUE
CHAPITRE I : LA PROBLÉMATIQUE DE LA
RÉVOLTE NÈGRE
ET DE LA RÉVOLUTION
DANS LE THÉÂTRE DE CÉSAIRE
I. De la révolte du héros
I.1 La volonté d'affranchir le Noir
I.2 Le point de rupture
II. De la révolte du peuple
II.1 Un peuple désabusé
II.2 Le refus du peuple
III. De la révolution
III.1 Le saut qualitatif
III.2 Le nouveau Nègre
CHAPITRE II : LA QUÊTE DE LA LIBERTÉ
DANS LE THÉÂTRE DE
CÉSAIRE
I. L'objet de la quête :
la liberté
I.1 Un impératif pour le héros
Césairien
I.2 Un joyau pour le peuple
I.3 Une exigence humaine
II. Un héros
épique
II.1 Un téméraire
II.2 Un visionnaire
II.3 Un régulateur de sa race
III. Le peuple et la
liberté
II.1 L'intériorisation de la dynamique de la
liberté
II.2 La réhabilitation du héros épique
II.3 L'identification au héros épique
CHAPITRE III : LA CHUTE DU HÉROS ET LE
TRAGIQUE
CHEZ CÉSAIRE
I. L'abîme tragique
I.1 Le déterminisme collectif et le fait tragique
I.2 Le tragique du choix politique
I.3 Le germe léthal
II. La mort du héros
II.1 Un échec politique
II.2 Un iconoclaste désavoué
II.3 Une mort symbolique
III. Portée idéologique du tragique
Césairien
III.1 La vérité historique et sociale
III.2 Le destin nègre
III.3 La lutte libératrice
TROISIÈME PARTIE : ÉCRITURE
DRAMATIQUE DE CÉSAIRE ET
PORTÉE IDÉOLOGIQUE DE SON THÉÂTRE
CHAPITRE I : L'ESTHÉTIQUE
THÉÂTRALE D'AIMÉ CÉSAIRE
I. Un théâtre
totalitaire
I.1 Un art synthétique
I.2 Un art populaire
II. La technique de la distanciation chez
Césaire
II.1 L'historisation
II.2 Le rejet du modèle classique européen
II.3 Un théâtre social
II.4 Le rôle des didascalies
III. Le héros Césairien :
héros épique ou tragique
III.1 Un héros tragique
III.2 Le chant dithyrambique Césairien
III.3 Un héros atypique
CHAPITRE II : LA CONSCIENCE
PROMÉTHÉENNE DANS
LE THÉÂTRE DE
CÉSAIRE
I. La crise identitaire dans le
théâtre de Césaire
I.1 Du reniement de soi à une identité
d'emprunt
I.2 Le Nègre : un hybride
II. La germination d'une conscience
prométhéenne
II.1 Le héros Césairien Un
Prométhée
II.2 La révolution identitaire dans le
théâtre de Césaire
II.3 Le réenracinement du nègre
CHAPITRE III : LA SIGNIFICATION DE L'OEUVRE
THÉÂTRALE DE
CÉSAIRE
I. Une satire
sociale et politique
I.1 Une satire du néo-colonialisme
I.2 Une satire de l'idéologie raciste
I.3 Une satire des politiques africaines
II. Théâtre et
Négritude chez Césaire
II.1 Une antithèse
II.2 Une synthèse
III. L'humanisme nègre dans le concert
des cultures
III.1 La fraternité nègre
III.2 La solidarité nègre
CONCLUSION GÉNÉRALE
Bibliographie
CONCLUSION
Nous nous sommes efforcés de donner une brève
idée de notre sujet de thèse :
"L'aliénation dans le théâtre de
Césaire ".
Nous avons tenté de lever les équivoques
concernant le concept de "l'aliénation", le sujet, les
méthodes d'approche et de présenter les axes de
réflexion.
En outre, nous avons eu à poser la problématique
et à souligner l'intérêt du sujet que nous
développerons dans le cadre de notre Thèse pour le Doctorat.
A travers son théâtre, Césaire fustige la
dépersonnalisation et la réification du Nègre. Par
ailleurs, il indique le chemin à suivre pour se libérer de
l'aliénation, quelle qu'elle soit : exogène ou
endogène.
"Le regard poético-historique et politique" du
dramaturge martiniquais est pour donner une conscience claire à l'homme
Noir, afin, que celui-ci devienne acteur de son propre histoire dans "une
société nouvelle" où le Nègre ne sera plus agit.
Césaire ambitionne de débarrasser le Noir des
complexes que tant d'années d'esclavage et de colonisation ont
forgés et entretenus et qu'il a intériorisés au point de
se renier et/ou de renier ses frères de race.
Enfin le théâtre de Césaire
témoigne de sa volonté de réhabiliter l'identité et
la dignité du Noir trop longtemps bafouées. Ces héros dont
la matérialité historique ne souffre d'aucune
ambiguïté sont des illuminés, voire des
Prométhée pour leur peuple, la race noire, pour les
opprimés et pour l'humanité tout entière.
APPROCHE BIBLIGRAPHIQUE DE LA THESE
(Présentation faite suivant les Normes
UNESCO)
I. CORPUS
1) CESAIRE (Aimé). - la tragédie du roi
Christophe (Paris, Présence Africaine, 1964 ;
rééd, 1970, 158 pages)
2) Id. - Une tempête (Paris, présence
africaine, 1968 ; rééd, seuil, 1969, 96 pages)
3) Id - Une saison au Congo (Paris seuil, 1966,
rééd, 1973, 128 pages)
II. AUTRES OEUVRES DE CESAIRE
- Et les chiens se taisaient (tragédie)
(Présence Africaine, 1946, rééd, 1956)
- Cahier d'un retour au pays natal (Présence
Africaine, rééd 1971)
II- OEUVRES CRITIQUES ET METHODOLOGIQUES
1) AVNER (Ziss). - Éléments
d'esthétique Marxiste (ED. du progrès, 1977, 303 p.)
2) BADIOU (Alain). Rhapsodie pour le théâtre
(S.FN, 1990)
3) BAECHLER (jean). - Qu'est - ce que
l'idéologie (Paris, Gallimard, 1976, " collection idée ")
4) BALDRY (H.C). - Le théâtre tragique des
grecs (traduction de JP Darmon, 1975, 257p.)
5) Berger (Daniel). - Introduction aux méthodes
critiques pour l'analyse littéraire (Paris, Bordas, 1990)
6) BLEDE (Logbo). - Mélanges (Presses
Universitaire de Côte d'Ivoire, PUCI, Abidjan, 2001, 77p.)
7) CHANCEREL (Léon). - Panorama du
théâtre des origines à nos jours (Armand Colin,
1972, 245p.)
8) CHARVET et autres.- Pour pratiquer les textes de
théâtres, lexique théâtral (Bruxelles, A. DE
BOECK, 1979, 131p.)
9) CHAUVEAU (Jean - pierre). - Lire le baroque (Dunod,
paris ,1977)
10) CNRS. - Le théâtre moderne (depuis la
deuxième guerre mondiale (Études réunies par Jean
Jacquot, 1967, 339p.)
11) Collectif. - Littérature et
méthodologie (Abidjan, CEDA, 1984)
12) CORVIN (Michel). - le théâtre
nouveau à l'étranger (QSJ, Paris, PUF, 1989)
13) CROSSE, -" sociologie de la littérature " in
théorie littéraire (Paris, PUF, 1989)
14) DESHOUIERES (Christophe). - Le théâtre au
XXe siècle "En toutes lettres" (Bordas, Paris, 1989, 223p.)
15) DUCHET (Claude) - sociocritique (Paris, Nathan,
1979)
16) ESCARPIT (Robert) - Le littéraire et le
social (Paris, Flammarion, 1970)
17) ESCARPIT (Robert) - sociologie de la
littérature (Paris, QSJ, 1960)
18) EWEN (Frédéric) - Bertold Brecht sa vie
son oeuvre, son temps
19) FABRE (Geneviève) - Le théâtre
noir aux États-Unis (Paris CNRS, 1982, 354p.)
20) GENETTE (Gérard) - Figure I (paris seuil
1966)
21) GENETTE (Gérard) - Figure II (Paris, seuil,
1969)
22) GENETTE (Gérard) - Figure III (Paris,
seuil, 1972)
23) GOUTHIER (Henri) - Essence du théâtre
(Plon, Paris, 1943)
24) GREIMAS (A.J) - Sémantique structurale :
recherche et méthode (" langue et langage", Larousse, 1972)
25) GROUPE D'ENTREVERNES. -Analyse sémiotique des
textes (Collection dirigée par C. Kerbat-Orecchioni, Presses
Universitaires de Lyon, 1979, rééd, 1988)
26) HEGEL - " Le Marxisme " in Encyclopédie du
monde actuel (Paris, Bradard et Taupin, 1976)
27) Hubert (Marie - Claude). -Le théâtre
(Paris, Gallimard, 1955)
28) JIMENEZ (Marc).-Qu'est - ce que
l'esthétique ? (Gallimard, 1997)
29) KERBRAT - ORECCHIONI (Catherine). -L'énonciation
de la subjectivité dans le langage (Paris, Armand Colin,
1980)
30) KESTELOOT (Lilyan). -Aimé
Césaire : une étude (Ed. pierre Seghers), 1962,
rééd 1970 ,196 p.)
31) KOTHY (Barthélemy) - KESTELOOT (Lilyan).
-Aimé Césaire : l'homme et l'oeuvre
(Présence Africaine, Paris, 1993, 223p.)
32) KOCHY (Barthélemy). -" pourquoi la sociocritique ",
in Propos sur la littérature négro-africaine
(Abidjan, CEDA, 1984)
33) KOTCHY (Barthélemy). - la critique sociale dans
l'oeuvre théâtrale de Bernard Dadié (Paris, L'Harmattan,
1984)
34) LALANDE (André). - Vocabulaire technique et
critique de la philosophie (Paris, PUF, 1991)
35) Le théâtre négro-africain
(Actes du colloque organisé en Avril 1970 par l'école des
lettres et sciences humaines de l'Université d'Abidjan, Présence
Africaine)
36) LIBERSFELD (Anne) -Lire le théâtre
(Paris, E. S., 1978)
37) LUKAS (George). -Le roman historique (Paris, Payot,
1965)
38) MAGNIEN (Michel) - Aristote, poétique
(Paris, L. G. F, 1990 p.)
39) M'BOM (Clément) - Le théâtre
d'Aimé Césaire (Nathan, préface de Guy Michaux.)
40) MIDIOHOUAN (Guy Ossito) -L'idéologie dans
la littérature négro-africaine (Paris, Ed. l'Harmattan, 1986)
41) REBOUL (Olivier).-Langage et idéologie
(Paris, PUF, 1980)
42) ROSSET (Clément). -La philosophie tragique
(Paris, Gallimard, 1996, 190 p.)
43) RYNGAERF (Jean-Pierre). -Introduction à
l'analyse du théâtre (Paris, Bordas, 1991)
44) Sémiologie et théâtre, organon
80. -(Université, GERTO, 1980, 36 p)
45) SERREAU (Geneviève). -Histoire du nouveau
théâtre, (Paris, Gallimard, 1966, 190 p.)
46) SIDIBE (Valy). - Le tragique dans le
théâtre de Bernard B. Dadié
47) VERBANT (J.P) VIDAL - Mythe et tragédie en
Grèce ancienne (T 1, Paris, la découverte, 1986, 184p.)
48) VERNANT (J.P) VIDAL - NAQUET (Pierre) - Mythe et
tragédie en Grèce ancienne (T2, Paris, la découverte,
1986, 298 p.)
49) VILAR (Jean) - De la tradition
théâtrale (Paris, Gallimard, 1955, 188p.)
50) VINCILEONI (Nicole). - Comprendre l'oeuvre de Bernard
B. Dadié (Paris, Saint-Paul, 1986, 320p.)
51) ZIMA (Pierre) - Manuel de sociocritique (Paris,
Picard, 1985, 246p.)
IV. OUVRAGES GENERAUX SUR LA LITTERATURE
NEGRO-AFRICAINE
1) CESAIRE (Aimé). - Lettre à Maurice
Thorez (Paris, Présence Africaine, 1956).
2) CESAIRE (Aimé). - Le discours sur le colonialisme
(Paris, Présence Africaine, 1955, 60p.)
3) CHEVRIER (Jacques). - Littérature nègre
(Paris, Armand Colin, 1984)
4) DAILLY (Charles, KOTCHY (Barthélemy). -Propos sur
la littérature négro-africaine (Abidjan, CEDA, 1984).
5) KESTELOOT (Lilyan). - Anthologie négro-africaine
(Ed. Marabout, 1987)
6) KESTELOOT (Lilyan) - Les écrivains noirs de
langue française : naissance d'une littérature,
(Université libre de Bruxelles, 1965)
7) MAKOUTA Mboukou (Jean-Pierre). - Introduction à
la littérature noire (Yaoundé, Clé, 1968)
8) MELONE (Thomas). - De la négritude dans la
littérature négro-africaine (Paris, Présence
Africaine, 1962)
9) NGANDU N'Kasshama (Pius). - Littératures
africaines : de 1960 à nos jours (Paris, Silex, 1984)
10) PAGEARD (Robert). - Littérature
négro-africaine (Paris, le livre africain, 1966)
11) SENGHOR (Léopold Sedar). - Fondements de
l'africanité ou négritude et arabité (Paris,
présence africaine, 1967, rééd, 1975, 192 p.)
V. OEUVRES SUR LES QUESTIONS D'ALIENATION,
D'IDENTITE
ET DE CULTURE
1) BARRES (Maurice). -Les déracinés
(Paris, Charpentier et Parquelle, 1897)
2) BEJI (Héle). -Désenchantement
national : Essai sur la colonisation (Paris, Maspero, 1982)
3) BURNS (Sir Alan). -Le préjugé de race et
de couleur (Payot)
4) CAMUS (Albert). -l'homme révolté
(Paris, Gallimard, 1957)
5) CAMUS (Albert).-Le mythe de Sisyphe (Paris,
Gallimard, 1966).
6) CASTERAN (Christian) et LANGELLIER (J. P). - L'Afrique
déboussolée (Pan, 1978)
7) CESAIRE (Aimé). -"Toussaint Louverture" in La
révolution française et le problème colonial (Paris,
club français du livre, 1960)
8) CESAIRE (Aimé). -" du roman Les bâtards
de Bertève juminer
9) DIOP (Cheik Anta). - Nation nègre cultures
(Paris, Présence Africaine, 1954)
10) FANON (Frantz).-Peau noire masque blancs (Ed.
Seuil, 1952, rééd. 1975 192p. )
11) FANON (Frantz).-" Racisme et culture " in pour la
révolution africaine (Paris, 1964, Petite collection Maspero)
12) FANON (Frantz).-Les damnés de la terre
(Présence Afrique, 1961)
13) GLISSANT (E Paris,). - " l'équilibre antillais " in
Esprit (avril 1962)
14) GUERIN.-Les dieux en diaspora : les haïtiens
et le vaudou du royaume d'allada (montilus, 1985)
15) HAMPATE BA (Amadou).-Aspect de la civilisation
africaine (Paris, présence africaine, 1972)
16) HEGEL.-Phénoménologie de l'esprit
(traduction : Hippolyte)
17) JAHN (Janhneinz).-Muntu, l'homme africain et la culture
négro-africaine (Paris, Seuil, 1914)
18) KARL (Marx).-La pensé de Karl Marx (Paris,
Seuil, 156)
19) KESTELOOT (Lilyan).-Négritude et situation
coloniale (Yaoundé, CLE, 1968)
20) KHOIL (T).-Culture créativité et
développement (Paris, L'harmattan, 1992).
21) KI - ZERBO (Joseph). - Histoire de l'Afrique noire
(Paris, Hâtier, 1978, 767 p.)
22) LA CROIX (P. de).-Mémoires pour servir à
l'histoire de la révolution de Saint Dominique (Paris, 1819)
23) LEVIS-STRAUSS (Claude).-Mythologies (Paris, plon,
1964)
24) Id. -Race et histoire (collection Folio /
Essais, Paris, Gallimard, 1987).
25) Id. -Séminaire sur l'identité (Paris,
PUF, 1974)
26) MACQUET (Jacques). -Africanité traditionnelle et
moderne (Paris, Présence Africaine, 1967)
27) MACQUET (Jacques). - les civilisations noires
(Paris, marabout Université, 1986).
28) MANNONI (O.). - Psychologie de la colonisation (Ed.
Seuil 1950)
29) MEMNI (Albert). -Le portrait du colonisé
précédé du portrait du colonisateur (collection
francophone, Ed Corréa, 1957, rééd, Gallimard, 1985, ACCT,
154 p.)
30) MOUNIN (Georges).- "Mythe du nègre" in
Présence Africaine N° 2
31) MOUNIER (Emmanuel).-L'éveil de L'Afrique noire
(Ed. du Seuil, 1948)
32) MUCHIELLI (Alex).-L'identité (Paris, PUF,
collection QSJ, 1986)
33) N'DIAYE (Jean-Pierre).-Élites africaines et
culture occidentale (Paris, Présence Africaine, 1971)
34) RABEMANJARA (Jacques). - " Crise de civilisation ou crise
de civilisation ? " in L'Afrique noire et l'Europe face à face
(Paris, présence Africaine, 1971)
35) ROUSSEAU (Jean Jacques).-Discours sur les origines et
les fondements de l'inégalité parmi les hommes (Paris, Ed,
sociales, 1961).
36) SAINT-RMAND.-Histoire des révolutions
d'Haïti (Paris, 1860)
37) SHOELCHER (Victor).-Esclavage et colonisation
(Introduction par Aimé Césaire)
38) SIGER (Carl). .-Essai sur la colonisation (Paris,
1907)
39) TURNBULL (Colin).-L'Afrique désemparée
(Paris, Seuil, 1965)
40) WILLIAMS (Éric).-De Christophe Colombe à
Fidel Castro : L'histoire des Caraïbes 1492 - 1969
(Présence Africaine, 1970, rééd. 1975, traduction de
Maryse Condé avec la collaboration de Richard Philcoox, 608 p.)
41) ZIEGLER (Jean).-Sociologie de la nouvelle Afrique
(Paris, Gallimard, collection " idées, 1964)
VI. THESES ET MEMOIRES CONSULTES
1) SIDIBE (Valy). -La critique du pouvoir politique dans le
théâtre de Bernard B. Dadié (Université de Paris
III, 1984, Thèse de 3e Cycle)
2) SIDIBE (Valy).-La dramatisation du pouvoir politique
dans le théâtre de Bernard B. Dadié (Université
de COCODY, 11 mars 1994, Thèse de doctorat d'État)
3) KONATE (Yacouba). - L'aliénation chez Hegel et
chez Marcuse (Mémoire de Maîtrise de Philosophie,
Université d'Abidjan, 1977 - 1978, 99 p.)
VII. PERIODIQUES - REVUES
1) ABRAHAMS (Peter).-" le conflit culturel en Afrique " in
Présence africaine N° XIV - XV.
2) BA (Mariama).-" la fonction politique des
littératures africaines écrites " in Écriture africaine
dans le monde (M. S. volume 3, 1981, pp. 3-7)
3) BUJUTU (Kabongo).-" traduction et modernisme dans la
littérature négro-africaine d'aujourd'hui " in L'Afrique
littéraire (N° 573ème trimestre 1980)
4) CESAIRE (Aimé).-" Culture et civilisation" in
Présence Africaine XIII - XIX, Paris, 1956
5) CHEVRIER (Jacques).-" L'image des nouveaux pouvoirs " in
Questions actuelles (3ème trimestre, Abidjan, Ed. du pharaon
1993)
6) DUFFIL (T).-" Le sud ou l'identité perdue dans les
soleils des indépendances " in Revue de littérature et
d'esthétique négro-africaines N° 5 (Abidjan, 1984)
7) LEVIS-STRAUSS (Claude).-" Race et culture " in Revue
internationale des sciences sociales (Vol. XXIII, N° 4)
8) N'GANDU NKASHAMA (Pius).-" littérature et
expérience coloniale : De la colonisation aux indépendances
" in Notre librairie (N° 63 Janvier - Mars, 1982)
9) EN - QUETE.-(N° 1 mai 1997, Revue scientifique de la
faculté des Lettres, Arts et science Humaine, université de
Cocody, PUCI)
10) OKAFOR (Nnadozie Raymond).-" situation coloniale et
aliénation : la quête de l'authenticité " in
Annales de l'université d'Abidjan (série D ; Lettres,
1974, tome 7, 317 p.)
11) RENE (Ménil).-"sur l'exotisme colonial " in
Revue la nouvelle critique (mai 1969)
12) NIGER (R.). - " L'assimilation " in Esprit, (avril
1962.)
13) Revue Discours social (N°5, 1975)
14) Revue littérature (N° 13, 1974,
Février)
15) Revue dialectiques (N° 14, 1976,
3ème trimestre)
16) Revue esthétique 1,2 I (UGE 10 / 18, 1977).
* 1 Aimé Césaire.
-Cahier d'un retour au pays natal (Paris, Éditions
présence Africaine, rééd. 1971, p. )
* 2 Id. -La tragédie
du roi Christophe (Paris, Éditions Présence Africaine,
rééd. 1970, p.88)
* 3 Id. -La tragédie
du roi Christophe (Paris, éditions Présence Africaine, 1964,
rééd. 1970, 158p.)
* 4 Id. -Une saison au
Congo (Paris, Présence Africaine, 1966, rééd. 1973,
128p.)
* 5 Id. -Une
tempête (Paris, Présence Africaine, 1968, rééd.
Seuil, 1969, 96p.)
* 6 Blédé Logbo.
-"le théâtre" in En-Quête (Revue Scientifique de la
faculté des Lettres, Arts et sciences
Humaines, PUCI, N°1-Mai 1997, Université de
Cocody, Abidjan, p.15)
* 7 Blede Logbo.-Op. cit.
p.12.
* 8 Émile Durkheim.
-Les règles de la méthode sociologique
* 9 André Lalande.
-Vocabulaire technique et critique de la philosophie (Paris, PUF, 1991,
p.36)
* 10 Le Petit Robert
* 11 G. Dumas cité par
André Lalande, Op. Cit, p.36.
* 12 André Lalande. -Op.
Cit, pp36-37
* 13 Konaté Yacouba.
-L'aliénation chez Hegel et chez Marcuse (Mémoire de
Maîtrise, Université d'Abidjan, 1977-1978, p.15)
* 14 Hegel. - "Le Marxisme" in
Encyclopédie du monde actuel (Paris, Bordas et Taupin, 1976, p.
40)
* 15 Ludwing Feuerbach. - "Le
Marxisme" (Op. Cit., p. 40)
* 16 Karl Marx. -"Le Marxisme",
Op. Cit., pp.40-41
* 17 Yacouba Konaté.
-Op. Cit., p.8
* 18 Albert Memmi. -Portrait
du colonisé précédé de celui du colonisateur
(Paris, Éditions Corréa, 1957, rééd. Gallimard,
1985, pp.115-116)
* 19 Cheik Anta Diop.
-"l'aliénation comme arme de domination", in Nations Nègres et
cultures (Paris, présence Africaine, 1955, pp.9-10)
* 20 Raymond Nnadozié
Okafor. -"Situation coloniale et aliénation : la quête de
l'authenticité" in Annales de l'Université d'Abidjan
(Série D, Lettres, 1974, Tome7, p. 201)
* 21 Frantz Fanon cité
par Raymond Okafor. Id., p.211.
* 22 Raymond Okafor. -Ibid., p.
212.
* 23 Jean-Marie-Baurain
Pruvost. - in Dictionnaire actuel de la langue française (Paris,
Flammarion, 1985, 51200 Mots, p.33)
* 24 Lilyan Kesteloot.
-Césaire : Une étude (Éditions Pierre Seghers,
1962, rééd. 1970, p. 28)
* 25 Frantz Fanon. -Peau
noire, masques blancs (Éditions Seuil, 1952, rééd.
1975, p.184)
* 26 Aimé
Césaire. -La tragédie du roi Christophe (Op. Cit., p.20,
Actes I, Sc.1)
* 27 Selon rené Richard,
350 ans séparent les deux pièces (1612-1968) in Actes du
colloque sur le théâtre négro-africain (Op. cit, p.
122)
* 28 Claude Duchet. -La
sociocritique (Paris, Fernand Nathan, 1979, p.6)
* 29 Id. p.9.
* 30 Claude Duchet. -Op. Cit,
pp.7-8
* 31 Lilyan Kesteloot. -Op.
Cit., p.10.
* 32 Id. p.15.
* 33 Blédé Logbo.
-in En-Quête. Op. cit, p.12
* 34 Joseph Ki-Zerbo.
-Histoire générale de l'Afrique (Paris, Hatier, 1978,
p.208)
* 35 Id. p.222.
* 36 Mannoni cité par
Frantz Fanon. Op. Cit., p.86.
* 37 Une tempête
(Op. cit, Acte II, Scène 4, pp. 88-89)
* 38 Frantz Fanon. -Op. cit.,
p.181.
* 39 La tragédie du
roi Christophe (Acte II, Scène 5, p.91)
* 40 Frantz Fanon. -Op. Cit.,
p.20.
* 41 Albert Memmi. -Op. cit.,
p.137.
* 42 Une saison au Congo
(Acte I, Scène 6, p.29)
* 43 Selon Blédé
Logbo Qui cite Avner Ziss, " le genre tragique prend surtout essor dans les
périodes de cataclysmes et de flambées
révolutionnaires..."
Quand à l'épopée, il la définit comme
" un long poème (parfois un récit en prose) de style
élevé où le merveilleux se mêle au vrai, la
légende à l'histoire dans le but de célébrer un
héros ou un grand fait." Op. cit., p.14.
* 44 SIDIBE Valy. -Le
tragique dans le théâtre de Bernard B. Dadié (Abidjan,
Éd. FLAH. SY-NAN ! 1999, p.10)
* 45 Id., p.24.
* 46 Ibid., p.1.
* 47 Blédé Logbo.
-Op. cit., p.14.
* 48 Amé Césaire.
-Discours sur le colonialisme (Paris, Présence Africaine, 1955,
p.29)
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