CONCLUSION PARTIELLE
A la lumière des enquêtes qui ont été
menées sur l'état nutritionnel des PVV de la zone de
santé, les résultats auxquels nous sommes arrivés ont
confirmé nos hypothèses.
Les PVV de la Zone de santé d'Uvira sont dans un
état nutritionnel déplorable qui les expose à attraper les
infections opportunistes qui peuvent les précipiter à la mort.
Cette situation a été expliquée par les faits
suivants :
· La plupart des familles PVV n'ont plus beaucoup de gens
avec qui vivre, car elles sont considérées comme des familles en
charge et elles sont dans une situation alimentaire et nutritionnelle
précaire. A cause de leur état sérologique, certains
membres des familles des PVV les abandonnent à leur triste sort, les
trouvant dangereuses au moment où ils ont besoin d'un réconfort
moral et social des autres membres de la société. Ainsi, les
familles PVV à plus grand nombre de personnes, 8 à 12 personnes,
sont moins nombreuses (soit 6,5% de l'ensemble des ménages de PVV
enquêtés), celles de 5 à 7 personnes représentent
32,5% et celles de moins de personnes, 2 à 4 personnes 52,5% des
enquêtés.
· 10% de PVV de la Zone de Santé d'Uvira sont
chômeurs et accèdent difficilement à la nourriture.
· Dans un milieu où l'approvisionnement en vivres
pose de sérieux problème pour les personnes non atteintes avec le
VIH/Sida, il est alors difficile pour les séropositives à trouver
facilement à manger. En effet, 52,5% des PVV enquêtées
reconnaissent avoir des difficultés pour l'approvisionnement en vivres
malgré l'assistance alimentaire en vivres de PAM, à travers son
programme d'assistance alimentaire aux PVV qui fait des distributions
périodiques et qui ne couvrent pas tous leurs besoins. En outre, 95% de
PVV enquêtées reconnaissent la prise en charge alimentaire et
nutritionnelle de PAM et de l'ONG ALUDROFE et déplorent le fait que
celle-ci ne parvient pas à couvrir entièrement leurs besoins et
ne tient pas compte de leurs habitudes et leurs préférences
alimentaires et que les distributions connaissent beaucoup d'interruptions
faute de la disponibilité de moyens financiers.
· La distribution des vivres aux PVV les maintient dans une
situation de dépendance totale, parce qu'elles développent une
attitude attentiste et d'eternels assistés, ne pouvant plus
elles-mêmes trouver à manger.
· Les ménages dont les PVV sont responsables ou chefs
de ménage éprouvent essentiellement de sérieux
problème pour avoir facilement le minimum pour la survie, connaissant
les maux auxquels sont exposés les veuves ou les veufs dans nos
communautés congolaises.
Les facteurs explicatifs de la malnutrition chez le PVV sont
légions. On peut relever entre autres les défis
suivants :
· L'assistance alimentaire par la distribution des vivres
PAM (Food items PAM) par les organisations humanitaires partenaires
opérationnels de cette structure de système de Nations Unies dont
PAM à travers la Caritas développement n'est qu'une solution
partielle.
· Il a été bien prouvé que très
peu de PVV sont non instruites dans la zone d'étude. Un grand nombre sur
40 personnes enquêtées PVV savent lire et écrire,
car 7,5% des PVV enquêtées sont illettrées et 47,5%
ont un niveau primaire. Ce faible niveau d'instruction a donc une influence
négative sur le comportement alimentaire des PVV qui ignorent la
nécessité de l'équilibre alimentaire.
· Les quantités de vivres reçues des ONG de
prises en charge sont insuffisantes et ne parviennent pas à couvrir les
besoins alimentaires des bénéficiaires.
· Beaucoup de PVV ne sont pas encore prises en charge parce
qu'elles ne remplissent pas les critères établis par PAM pour
faire partie de bénéficiaires : elles ne sont pas le
traitement d'ARV ou sous PTME ou encore sous TBC même si elles vivent
dans une situation nutritionnelle précaire.
Une proposition de projet de prise en charge nutritionnelle de
PVVIH/Sida et de PA de ACF-USA RD Congo, déjà en 2005 estimait
un nombre de 300 PVV par mois pour un projet d'une durée de 6 mois
renouvelable selon le besoin. De par les résultats de nos enquêtes
sur le terrain, dans toute la zone de santé, il n'y a aucune structure
qui fait la prise charge (nutritionnelle et médicale)
systématique des PVV, ce qui précipité la mortalité
observée chez le PVV.
Cependant, il y a des structures qui jouent le rôle des
sites distribution de la ration alimentaire au lieu d'intégrer les
aspects de suivi nutritionnel de PVV, considérant la nutrition comme
une composante des soins de la santé primaire dont la RD Congo a
été partie prenante à la
conférence d'al mata en ex
URSS.
Une approche susceptible d'éviter la dépendance des
PVV et d'intégrer toutes les PVV dans le processus de leur prise en
charge serait donc nécessaire à améliorer la situation
nutritionnelle et alimentaire des PVV. Cette approche stratégique fait
l'objet d'analyse du chapitre suivant.
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