Source: DIREL (2004)
I.2 Races bovines exploitées au
Sénégal
I.2.1 Races locales
Les races locales exploitées au Sénégal
sont essentiellement la race N'dama (Bos taurus) et
le zébu Gobra (Bos indicus).
I.2.1.1 Zébu Gobra
C'est un bovin à bosse de grande taille (1,25 à
1,40 m) et de format moyen (PAJOT ,1985). Le poids adulte est
estimé en moyenne à 415 kg chez le mâle et 322 kg chez la
femelle. Les cornes en forme de lyre sont courtes chez la femelle et longues
chez le mâle. La bosse est très développée, la robe
est généralement blanche ou blanc rayé. Le fanon est large
et plissé près des membres. La production laitière de la
femelle zébu Gobra est estimée à 1,5 à 2 litres de
lait par jour et la durée de lactation à 150 à 180 jours.
(KABERA,2007).
I.2.1.2 Taurin N'dama
Le taurin N'dama est caractérisé par sa
trypanotolérance, vit en zone soudano-guinéenne; au
Sénégal, il est rencontré dans les régions de
Casamance et du Sénégal oriental. C'est un bovin sans bosse, de
taille moyenne 0,95 à 1,10 m au garrot. Le poids moyen à
l'âge de 4 ans est estimé à 382,6 #177; 20,0 kg chez le
mâle et 286,7 #177; 8,3 kg chez la femelle (DIADHIOU,
2001)
I.2.1.3 Race Diakoré
La race Diakoré est issue du métissage entre
zébu Gobra dont elle a hérité la
taille et taurin
N'dama de qui elle tient sa rusticité et sa trypanotolérance.
Son
poids adulte est compris entre 300 et 400 kg. Sa robe, le plus souvent
unie et
assez claire, varie du blanc au gris ou jaune. Elle est
rencontrée dans le bassin arachidier en compagnie du zébu Gobra
et dans la zone de transition entre N'dama et Gobra. Sa production
laitière est améliorée par rapport à celle de la
N'dama (NDOUR, 2003).
I.2.1.4 Zébu maure
Le zébu maure est un grand marcheur. Il est
très résistant et peut s'abreuver tous les deux jours. Elle est
considérée comme une bonne laitière et produit en
élevage extensif 800 à 1000 litres de lait à 4,5 % de
matière grasse en 240 jours. Outre le Sénégal, on le
retrouve tout au long de la frontière avec la Mauritanie et dans la
boucle du Niger (TRAORE, 1973).
I.2.2 Races exotiques
La plupart des races exotiques sont importées au
Sénégal pour la production laitière et dans une moindre
mesure pour la production des viandes.
I.2.2.1 Race Montbéliarde
C'est un animal bien conformé et sa robe est pie rouge
avec des taches blanches à la tête et aux
extrémités, le rouge étant rouge vif ou pâle avec
une taille comprise entre 1,38 m et 1,44 m pour un poids vif de 600 à
1000 kg. (KABERA, 2007). D'après DENIS et
al., (1986) cité par (TCHEUFO, 2007),
sa production laitière a été estimée au
Sénégal entre 2000 à 3500 litres de lait pour 305 jours de
lactation.
I.2.2.2 Race Holstein
La race Holstein a une robe pie noire avec des taches
blanches et noires bien délimitées. Cette race est
exploitée pour la production de lait. Sous les tropiques, la production
moyenne est de 5751 kg (BENLEKHAL, 1993).
I.2.2.3 Race Jersiaise
Elle est originaire de l'île de Jersey dans la manche
et mesure 1,25 m à 1,32 m au garrot et pèse en moyenne 300 kg
avec une robe généralement fauve. Au Sénégal, sa
production annuelle a été estimée par SOW (1997)
à 3217 + 77 Kg de lait avec un taux de matière grasse de
6,5 à 7 %.
En dehors de ces races exotiques citées en haut, au
Sénégal on trouve également d'autres races exotiques entre
autre la race Guzera, d'origine indienne de l'état du
Gujarat et qui a été introduite au Sénégal en 1964
(DENIS et GAUCHET, 1978). La race Brune des
Alpes, race bovine laitière originaire des montagnes de l'Est
de la Suisse ; c'est une vache à grand format avec 1,4 m-1,5 m au garrot
et le poids de 650-750 kg, à robe brune uniforme allant du gris
foncé au gris argenté, sauf le mufle qui est plus clair.
Signalons également la présence des races
d'origine brésilienne ; Gir et Girolando
; dont la production laitière a été
estimée par NJONG(2006) à 8 à 15l/j pour
la Gir et 15 à 20l/j pour la Girolando.
Malgré leur adaptation relativement difficile au
Sénégal, toutes ces races étrangères ont une
production laitière et de paramètres de reproduction meilleurs
comparés aux races locales. (NJONG, 2006).
I.3 Typologie des systèmes
d'élevage
Selon la disponibilité des ressources
fourragères et du type de conduite
associé, trois
systèmes de production laitière sont rencontrés au
Sénégal. Ces
systèmes de production sont essentiellement de type
extensif et les animaux sont exploités par de petits producteurs.
Ce sont des systèmes caractérisés par la
non spécialisation de la production et le bétail joue divers
rôles ; économique (production de lait, viande, travail) et
social. Néanmoins, dans la zone périurbaine de Dakar, le
système de production de type intensif se développe de plus en
plus.
Carte 1 : Carte des principaux systèmes de
production laitière au Sénégal.
(Source : BA DIAO, 2004)
I.3.1 Système pastoral
Il représente 30 % du cheptel bovin national. C'est un
type d'élevage caractérisé par l'exploitation des grands
espaces à travers la mobilité du cheptel. Les ressources
végétales sont limitées (steppes et savanes arbustives) et
constituent l'apport essentiel de l'alimentation des troupeaux.
I.3.2 Système agropastoral
Il est caractérisé par une intégration
de l'agriculture, de l'élevage et de la disponibilité des sous
produits agricoles et agro-industriels. Il est pratiqué dans la
vallée du fleuve Sénégal, dans le bassin arachidier et
dans le sud du pays. Ce système montre des faiblesses à savoir la
forte pression agricole et humaine réduisant l'espace pastoral et la
forte pratique du brûlis qui détruit les derniers fourrages
disponibles pour le bétail en saison sèche.
I.3.3 Système périurbain
Ce système est localisé dans la zone des Niayes
et intéresse l'embouche industrielle, la production laitière et
l'aviculture. Il concerne 1% des bovins et 3% des petits ruminants. Les
élevages y sont intensifs et semi-intensifs.
Le développement des activités
périurbaines est lié à une forte urbanisation de la
région de Dakar. Ce processus étant favorisé par la
concentration des industries et commerce, sources potentielles d'emplois, mais
aussi par des conditions de vie considérées clémentes
(accès à l'eau potable, électricité et aux services
sociaux) par rapport à celles qui prévalent dans certaines
régions agricoles affectées par la sécheresse et la
désertification (BA, 2001).
I.4 Différents types de production de la vache au
Sénégal
D'après NESSEIM (1995) pour la
productivité de la vache au Sénégal, seuls la viande et le
lait sont analysés. Les autres productions comme le fumier, la traction,
les cuirs et peaux bien que non négligeables sont
considérées comme faisant partie des avantages non
quantifiables.
I.4.1. Production laitière
Les vaches africaines sont généralement des
mauvaises laitières bien qu'elles soient pour la plupart
exploitées pour la production laitière. Cette faible production
est estimée en moyenne à 0,5 à 2 litres par jour.
Cependant le lait produit possède un taux élevé de
matière grasse. Notons que la traite est généralement
suspendue en élevage traditionnel durant la saison sèche. Des
essais de stabulation effectués au CRZ de Kolda ont montré que
les vaches stabulées produisent 70 litres de plus que les vaches du lot
témoin. (KABERA, 2007).
I.4.2. Production bouchère
L'aptitude principale du Zébu Gobra est la production
de viande. Le poids moyen de l'adulte se situe entre 400 et 500 kg avec un
rendement de la carcasse de 48 à 56 % (PAGOT
cité par DIADHIOU, 2001).
Dans les zones infectées de glossines, la vocation
principale de la N'dama est la production de viande. Le poids et le rendement
de la carcasse obtenus varient avec l'âge, le mode d'élevage, mais
surtout, avec l'état de finition des animaux selon
COULOMB cité par FAYE (1992). Au
Sénégal, DIOUF (1991) signale que la croissance
des N'dama est lente et irrégulière. Le rendement moyen de la
carcasse chez la femelle et le mâle est respectivement de 38,9% et 48,7%.
Toutefois, un animal bien alimenté peut avoir un rendement de 52
à 54%.
I.5 Contraintes au développement de
l'élevage
Le secteur de l'élevage peut occuper une place de
choix sur l'échiquier économique du pays. Malheureusement, il
bute sur de nombreuses contraintes et se caractérise ainsi par de
faibles performances.
I.5.1 Contraintes alimentaires
L'une des causes des infertilités des vaches en zone
tropicale est le facteur alimentaire. L'aspect quantitatif et qualitatif de
l'alimentation est mis en cause. Ce facteur alimentaire peut être
analysé à deux niveaux :
· La suralimentation
Très rare en milieu tropical, la suralimentation peut
être à l'origine d'une infiltration graisseuse au niveau de
l'ovaire .Cette suralimentation associée à un syndrome hypo
hormonal, retarde considérablement l'involution utérine sans
laquelle ne peut à nouveau concevoir.
· La sous alimentation
Une sous alimentation revêt un caractère
endémique en zone tropicale surtout lorsqu'elle est associée
à une difficulté d'abreuvement. Cette sous alimentation est
surtout liée à la rareté et la pauvreté des
pâturages en saison sèche. Sur le plan hormonal, on observe en
saison sèche une pseudohypophysectomie fonctionnelle ayant comme
conséquence un trouble de la gamétogenèse, voire une mise
en veilleuse de l'activité ovarienne.
Selon CHICOTEAU (1991), la principale
contrainte à la productivité du Zébu est la sous
alimentation. Elle empêche les animaux d'extérioriser leur
potentiel génétique touchant en premier lieu la fonction de
reproduction.
MBAYE en 1993, affirme que
la sous alimentation du Zébu Gobra en élevage extensif retarde la
reprise de l'activité ovarienne. Il signale qu'en station, ce
délai de reprise de l'activité ovarienne est beaucoup moins long
(54% des Zébu Gobra ont repris leur activité ovarienne entre 36
et 48 jours après le part).
I.5.2 Contraintes sanitaires
Plus représentées dans les élevages
traditionnels, les contraintes sanitaires sont liées à la
présence des glossines dans le sud du Sénégal ; auxquelles
s'ajoute la persistance de certaines maladies telles que la fièvre
aphteuse, la fièvre de la vallée du Rift, la dermatose nodulaire.
A cela s'ajoute le coût de plus en plus élevé des
médicaments et du matériel vétérinaire.
I.5.3 Contraintes zootechniques
Ces contraintes sont étroitement liées au
faible potentiel génétique de nos races africaines. Par exemple,
chez le zébu Gobra le poids adulte varie entre 340 kg et 450 kg. Le
rendement carcasse est de 50 à 53%. De plus, on note la faiblesse du
potentiel laitier des races locales dont la production oscille entre 1 et 3
litres de lait par jour avec une période de lactation de 180 jours.
I.5.4 Contraintes politiques
En Afrique, on note une défaillance du système
d'encadrement des éleveurs. Rares sont les pays africains où
l'intensification des productions animales est une priorité. Le
crédit agricole est difficilement accessible avec le taux
d'intérêt très élevé (AMAHORO,
2005).
I.5.5 Contraintes socio-économiques
Pour l'éleveur traditionnel, le critère
numérique constitue le facteur prépondérant par rapport
à la production par tête. Dès lors, la maximisation du
profit par la production laitière plus rationnelle ne constitue pas la
préoccupation majeure. A cela s'ajoute le manque de formation des
éleveurs et leur faible niveau de technicité. (KABERA,
2007)