4. Plan d'ensemble du document
A la suite de la partie introductive ci-dessus qui
fait le point sur le cadre théorique de l'étude, le reste du
document se présente comme suit : dans un premier temps, les
informations sur la zone d'étude et sur les aires
protégées en général sont données dans la
partie généralités ; dans un second temps, les
résultats de l'étude, suivis d'une discussion sont exposés
; une conclusion assortie de quelques recommandations constitue la
dernière partie du rapport.
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
|
Chapitre I : Generalites sur la zone d'Etude . 1.
Caractéristiques biophysiques
. 1. 1. Situation géographique
La province de la Tapoa se situe à
l'extrême est du Burkina Faso. Elle s'étend entre les latitudes
11°22' et 12°50' nord et les longitudes 1°10' et 2°25' est.
D'une superficie d'environ 14 800 Km2, elle est limitée au
nord et à l'est par la République du Niger, au sud-ouest par la
République du Bénin, à l'ouest par les provinces de la
Komandjoari, de celles du Gourma et de la Kompienga. Suite à la
communalisation intégrale du territoire burkinabè, la province se
retrouve constituée par huit communes dont une urbaine (Diapaga) et sept
rurales (Botou, Kantchari, Logobou, Namounou, Partiaga, Tambaga,
Tansarga).
La commune rurale de Tansarga est vaste de 650
Km2 et est limitée au nord par Diapaga, au sud par Logobou,
à l'ouest par Partiaga et Tambaga, puis à l'est par le Parc W. Ce
dernier couvre une superficie d'environ 10 300 Km2 dont 5 720 au
Bénin, 2 349 au Burkina et 2 231 au Niger.
Le terroir de Kotchari qui constitue la zone
d'étude relève de Tansarga. Il se situe à l'ouest du Parc
et partage avec ce dernier une frontière longue d'environ 50 Km. Il est
limité au nord et à l'ouest par les falaises de Gobnangou, et au
sud par la concession de chasse de la Kourtiagou (cf. Annexe n°1, p.
I).
. 1.2. Conditions climatiques
La province de la Tapoa se situe entre les
isohyètes 700 et 900 mm. Par conséquent, elle a deux types de
climat : le climat nord soudanien et le climat sud soudanien selon le
découpage phytogéographique du territoire national. Comme le
reste du pays, elle se caractérise par une saison pluvieuse qui
s'étend de mai à septembre et une saison sèche qui dure
d'octobre à avril.
. 1.3. Ressources forestières et
fauniques
Le Burkina Faso est pourvu d'un nombre assez important
d'aires protégées dont la grande majorité se localise dans
la région est du pays. Dans cette région, la province
de la Tapoa est la mieux dotée en aires
protégées, soit une superficie de 2 740 Km2. En outre,
la province se caractérise par un important réseau hydrographique
; si bien que sa richesse en ressources halieutiques, fauniques et floristiques
est des plus importante du pays.
.2. Caracteristiques socio-economiques et
institutionnelles .2. 1. Milieu humain
La Tapoa est une province à faible
densité de population (environ 23 habitants/Km2 contre 50 sur
le plan national (INSD, 2006)). Cette population est inégalement
repartie et les densités les plus élevées se rencontrent
au sud avec, par exemple, 35 % de la population dans le département de
Tansarga et 15 % dans celui de Kantchari. Elle est à 85 %
gourmantché, si bien que la langue la plus parlée est le
gulmancema. On y retrouve également des Peul (12 %). Les Moosé,
les Djerma et les Haoussa constituent ensemble les 3 % restants de la
population. La principale religion est l'animisme. Le christianisme et l'islam
sont pratiqués par environ 15 % de la population.
.2.2. Activites socio-economiques
Dans la province de la Tapoa l'agriculture et
l'élevage sont les activités dominantes. L'agriculture mobilise
la presque totalité de la population. Pratiquées selon le
système extensif (GRAD CONSULTING et UICN, 2004b), les
spéculations se repartissent entre cultures vivrières (sorgho,
mil, maïs, niébé, riz, etc.) et cultures de rente (coton,
arachides, sésame, soja, produits maraîchers). Les outils
traditionnels de production comme la daba, la houe et la pioche sont les plus
utilisés. Cependant, l'essor de la culture cotonnière
entraîne avec lui l'adoption des nouvelles technologies que sont la
traction animale (bovine et asine), l'engrais chimique et les pesticides. En
outre, l'intervention de certains programmes comme le Programme d'appuis danois
au développement de l'agriculture du Burkina Faso (PADDAB) et le
Programme d'investissement communautaire en fertilité agricole (PICOFA)
a eu pour effet l'adoption par les populations des technologies
d'intensification telles que, la culture fourragère, les semences
améliorées, et le compostage.
L'élevage, quant à lui, est une
activité secondaire mais connexe à l'agriculture. En
réalité, la plupart des exploitations agricoles
rencontrées dans la zone sont à caractère
agro-sylvo-pastoral. Dans le système d'élevage, la possession de
bétail représente d'une part une épargne aux yeux des
populations, et d'autres part un moyen de diversification des activités
de production. Les espèces concernées sont les bovins, les ovins,
les caprins, les asins, les porcins et la volaille. Les pratiques
d'élevage sont caractérisées par la cohabitation de deux
modes (GUIBERT et PRUDENT, 2005) : le mode transhumant pratiqué surtout
par les Peul, et le mode sédentaire.
Outre l'agriculture et l'élevage, la
pêche, la chasse, l'apiculture, l'artisanat et le petit commerce, sont
des activités pratiquées dans une moindre mesure par les
populations.
.2.3. Milieu institutionnel (en relation avec la
conservation)
Le milieu institutionnel du terroir de Kotchari est
marqué par l'existence de certaines représentations qui sont
entre autres :
- le Programme régional Parc W/ ECOPAS. C'est
un programme financé par l'Union européenne qui vise la mise en
valeur du Parc W à travers l'uniformisation de sa gestion dans les trois
pays qui l'abritent. Son objectif général est «
d'arrêter et d'inverser les processus de dégradation des
ressources naturelles du Parc dans le complexe transfrontalier de parcs et de
réserves, afin de protéger de façon durable la
biodiversité, au bénéfice des gouvernements et des
populations concernées » (Consortium ECOPAS, 2000) ;
- le Ministère de l'environnement et du cadre de
vie (MECV) à travers ses directions régionale et provinciale
;
- l'Institut de l'environnement et de la recherche
agronomique (INERA) à travers son département chargé de la
gestion des ressources naturelles et des systèmes de production (GRN/SP)
;
- les Comités villageois de gestion de la
faune (CVGF). Constitués généralement de douze membres,
ils sont mis en place ou animés grâce aux actions du Programme
régional Parc W/ ECOPAS. Ils sont au nombre de cinq et assurent
respectivement la
gestion des Zones villageoises d'intérêt
cynégétique (ZOVIC) de Gnimbwama, Lada, Pielgou, Kaabougou et
Nangbanli.
Chapitre II. Generalites sur les aires protegees 2. 1.
Historique de la gestion des aires protegees au Burkina
Selon ZAMPALIGRE (1998), l'histoire des aires
protégées du Burkina débute officiellement pendant la
période coloniale et peut être subdivisée en quatre grandes
périodes qui sont : la période coloniale, la post coloniale (1960
à 1985), la période de 1985 à 1995 et la période
depuis 1995. En réalité, les aires protégées ont
existé bien avant la colonisation, et étaient instituées
par les populations locales, dans le but de conserver et d'assurer la
pérennité de certaines espèces animales ou
végétales (SAWADOGO, 2002).
Les pays anciennement membres de l'AOF ont
hérité du colonisateur, d'un réseau d'aires
classées. La création de ces aires classées était
motivée par l'envie du colon de planifier l'espace afin d'en tirer le
maximum de richesses à travers l'exploitation des cultures de rente, du
bois d'oeuvre, de la faune sauvage, du minerais, etc. L'administration et la
législation forestières ont véritablement
débuté en 1935 avec les réserves de Gaoua, de Koudougou et
du Parc W, tous institués en 1926. Cette législation se
caractérisait par des droits d'usage restreints de la population sur les
aires protégées. Au lendemain des indépendances, la
gestion des aires protégées s'apparentait toujours à celle
de la période coloniale.
Ainsi, la gestion des aires protégées
de 1960 à 1985 avait pour objectif principal, la conservation du milieu
et du cheptel sauvage. Elle avait également pour principale
caractéristique la répression contre les contrevenants. Cette
vision de la conservation de la biodiversité a très vite
montré ses limites qui se traduisaient par la persistance du braconnage
et du pacage illégal.
C'est pourquoi, la période de 1985 à
1995 fut marquée par une réorientation de la politique de gestion
des aires protégées vers le partenariat entre l'Etat, les
populations riveraines des forêts et les opérateurs privés.
Les objectifs visés ici étaient le soulagement des tâches
de l'Etat par rapport à l'activité de conservation, puis
l'implication au mieux des populations et du privé dans la gestion du
patrimoine forestier. Les résultats de ce processus furent entre autres,
la création des associations de
chasseurs et des concessions de chasse. Cependant, de
nombreuses insuffisances furent constatées, suite à une
évaluation de la gestion des zones de chasse en 1995.
Actuellement, on assiste à une nouvelle
reformulation de la politique de gestion des aires protégées
à travers la loi 006/ 97/ ADP portant Code forestier (CF) au Burkina. Ce
dernier en vigueur de nos jours est le résultat d'une superposition des
principes découlant des textes à caractère fondamental que
sont la Constitution, la Réorganisation agraire et foncière (RAF)
et les conventions internationales ratifiées par le Burkina. Son
objectif global est la pérennisation du capital faunique en vue de
contribuer au développement socio-économique et à
l'autosuffisance alimentaire des populations. Plus spécifiquement, les
objectifs visés par le Code forestier sont : (a) la conservation de la
diversité biologique, (b) la valorisation des ressources
forestières, fauniques et halieutiques pour le développement
économique et l'amélioration du cadre de vie, (c) la
génération d'emplois et des revenus au profit de la population et
(d) la participation et la responsabilisation effective de la population dans
la conception, l'exécution, le suivi et l'évaluation des
activités forestières, notamment à travers la gestion
décentralisée des ressources naturelles (Code forestier du
Burkina).
2.2. Apercu sur les outils d'attenuation des
externalites negatives des aires protegees au Burkina
La conservation de la biodiversité par le
biais des aires protégées produit des effets indésirables
qui ne sont plus à démontrer. Conscient de cette situation, les
différents acteurs de la conservation adoptent souvent des mesures pour
atténuer les effets pervers des aires protégées. Ainsi, on
rencontre au Burkina un certain nombre d'outils qui sont entre autres
:
- le privilège accordé aux
communautés locales par rapport aux opportunités d'emploi
temporaire ou permanent ;
- le transfert de compétence à travers la
mise en place des Comité villageois de gestion de la faune (CVGF) afin
d'assurer une gestion participative ;
- la réalisation d'infrastructures sociales
(forages, CSPS, etc.) ;
- le partage des retombés de la valorisation des
aires protégées à travers le tourisme de vision ou la
chasse sportive.
Pour le cas spécifique du Parc W, la
création n'a pas respecté tous les principes10 de mise
en place d'une aire protégée. En réalité, le noyau
du Parc n'est séparé des installations humaines que par une piste
de moins de 10 mètres de largeur. L'inexistence des zones tampon,
accentue les externalités négatives dues au Parc sur les
populations riveraines ; si bien que les mesures et actions
d'atténuation mises en place par les gestionnaires de l'aire
protégée semblent insuffisantes. Ces dernières sont entre
autres :
- la réalisation d'un couloir de transhumance vers
le Bénin ;
- l'emploi de la main-d'oeuvre locale lors des
activités d'aménagements à l'intérieur du Parc
;
- les Zones villageoises d'intérêt
cynégétique (ZOVIC) de Gnimbwama, Lada et Nangbanli qui peuvent
être considérées comme des zones tampon pour lesdits
villages. Il existe également, deux autres ZOVIC, mais cette fois non
frontalière au Parc. Il s'agit de celles de Piélgou et de
Kaabougou. La gestion de ces ZOVIC est assurée par des CVGF
;
- l'octroi aux populations riveraines d'autorisations
de prélèvement11 de certains produits forestiers
(paille, fruit de baobab, plantes médicinales essentiellement) à
certaines périodes de l'année.
10 Pour qu'une aire protégée
remplisse toutes ses fonctions, elle devrait être constituée de 3
zones concentriques à savoir : une zone centrale ou noyau de la
réserve caractérisée par une surveillance continue (1),
une zone tampon tutrice des activités de recherches, de tourisme et
d'éducation environnementale (2), et une zone de transition assurant la
promotion d'activités de développement pour les riverains du Parc
(3) (MENGUE-MEDOU C., 2002).
11 Il convient de signaler que la délivrance
de ces autorisations était interrompue jusqu'à nouvel ordre parce
que certaines personnes en profitaient pour s'adonner au braconnage (entretien
au poste forestier de Kaabougou).
DE UXIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS
|
|