REPUBLIQUE DU CAMEROUN
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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
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UNIVERSITE DE NGAOUNDERE
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FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
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POLITIQUE MONETAIRE : EFFICACITE DES INSTRUMENTS
UTILISES AU CAMEROUN
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Diplôme de Maîtrise en Economie Monétaire et
Bancaire
Par
ANDRE
Titulaire d'une licence en Economie Monétaire et
Bancaire
Sous la direction du :
DR. JOSEPH DJAOWE
Chargé de cours
Vice Doyen chargé de la programmation et du suivi des
affaires académiques
Année académique : 2005/2006
INTRODUCTION GENERALE
CONTEXTE
Le Cameroun, membre influent de la Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) est toujours en
quête permanente de l'amélioration du bien être social.
Cette recherche du bien être social se manifeste par la lutte contre la
pauvreté entreprise depuis un certain temps. Qui dit lutte contre la
pauvreté, dit la recherche de la croissance du PIB par habitant et une
faible inflation. Croissance économique et stabilité des prix
font partie du « carré magique » de Kaldor,
qui correspond en outre aux objectifs de la politique économique. La
réalisation des objectifs d'une politique économique est rendue
possible avec une relative efficacité si cette politique
économique est efficace. Or une politique économique efficace
passe par l'efficacité de ses composantes telles que : la politique
monétaire, la politique fiscale, la politique budgétaire etc. Ici
nous entendons par efficacité la capacité à
réaliser l'objectif visé.
L'économie camerounaise, considérée
comme une économie d'endettement du fait de ses caractéristiques
(prépondérance des banques commerciales, marché financier
embryonnaire), le financement de ses entreprises est en grande partie fait par
les banques. Or la nouvelle reforme et le changement de politique
monétaire depuis 1990 ont permis aux banques du Cameroun de redevenir
plus liquides (Joseph, 1998). L'on croyait trouver là une solution au
problème de financement de l'investissement, mais la surprise est
grande. Actuellement, nous assistons à la surliquidité de nos
banques, du fait d'incompatibilité des termes des dépôts (
les dépôts sont en majorité à court terme) et des
termes des crédits pour le financement de l'investissement
(crédits à moyen et à long terme). La hausse de la
production qui entraîne une hausse du PIB fait face alors à cet
obstacle. En modifiant ses mécanismes et certains des instruments de sa
politique monétaire, quittant des instruments directs basés sur
l'optique keynésienne aux instruments indirects fondés sur les
principes et les règles du marché, chaque instrument joue alors
un rôle précis avec pour objectif final la stabilité
monétaire c'est-à-dire la stabilité des prix (faible
inflation) et la couverture extérieure de la monnaie. La question qui se
pose est celle de savoir si les autorités monétaires ont atteint
leurs objectifs recherchés. Pour savoir si réellement ces
autorités ont atteint ces objectifs, il faut d'abord apprécier
l'efficacité des instruments de la politique leur permettant d'atteindre
ces cibles. Nous avons dit plus haut que nous entendons par efficacité
la capacité à réaliser l'objectif visé. Pour cela
donc à notre niveau, nous nous limiterons à la politique
monétaire.
La politique monétaire pouvant être
considérée comme l'ensemble des instruments qui directement ou
indirectement vise à réguler la croissance de stock de monnaie
afin d'agir sur le niveau des objectifs finals1(*). Ceci dit l'atteinte des objectifs visés n'est
possible que, si la manipulation de l'ensemble des instruments directs ou
indirects régule la croissance du stock de monnaie de la manière
souhaitée. Le Cameroun appartenant à la zone Banque des Etats de
l'Afrique Centrale (BEAC) qui a pour rôle l'élaboration et la mise
en oeuvre de la politique monétaire commune à ses Etats membres,
applique la même politique monétaire que les Etats membres de la
CEMAC. De plus, la zone BEAC dans un contexte de libéralisation avec un
taux d'inflation de 0,3% en 2004 est l'une des zones d'Afrique ayant un faible
taux d'inflation2(*). De
même l'on constate que depuis 1994 le taux d'inflation est allé
décroissant dans cette zone monétaire.
Après la crise économique qu'ont subi les
économies des pays membres de la zone BEAC dans la deuxième
moitié des années 1980, les autorités monétaires de
cette zone ont été amenées à modifier et à
reformer la politique monétaire dans les années 1990, passant
ainsi à un système plus libéral avec la création
du marché monétaire en 1994. Dans ce contexte de
libéralisation et une stratégie rénovée de la
politique monétaire, nous assistons à une relative reprise de la
croissance et une relative maîtrise de l'inflation dans la zone BEAC.
Pour cette raison et compte tenu du débat actuel sur la politique
monétaire nous avons trouvé intéressant de mener une
étude dans ce domaine. Considérant le Cameroun comme le
« moteur » de la CEMAC, notre étude se
limitera à ce pays et s'étalera sur la période de 1990
à 2004. Le thème de notre recherche s'intitule :
« politique monétaire : efficacité des
instruments utilisés au Cameroun ».
PROBLEMATIQUE
Le Cameroun, dans un contexte de libéralisation
financière, sa politique monétaire doit s'appuyer sur les taux
d'intérêt directeurs de la banque centrale (Nubukpo, 2003). Les
taux d'intérêt directeurs sont des instruments utilisés par
les autorités monétaires de la BEAC depuis 1990, dans le cadre
de sa stratégie rénovée et qui a été
complétée en 1994 par l'instauration du marché
monétaire. Du fait de la contribution de ce marché
monétaire à la détermination du taux
d'intérêt interbancaire par la loi de l'offre et de la demande, la
politique du taux d'intérêt de la BEAC devient souple et plus
dynamique. Soumis à une politique monétaire qui a pour objectif
final la stabilité monétaire, c'est-à-dire la couverture
extérieure de la monnaie et la stabilité des prix (politique
monétaire de la BEAC). Certains instruments d'intervention comme les
taux d'intérêt à court terme qui influent sur la demande
intérieure par l'entremise du rendement, permettent aux autorités
monétaires de régler leurs instruments d'intervention, de
façon à ramener l'inflation à un niveau conforme à
la cible (Black et al, 1998). Si la capacité de ces
autorités de réduire le loyer de l'argent est entravée,
elles perdent alors un puissant instrument de politique monétaire. Ceci
dit « les banques centrales devraient aussi réagir de
façon cohérente, quand elles sont confrontées à des
chocs exogènes ou induits par la politique économique tout en
expliquant mieux leur politique de lutte contre l'inflation »
(Cartens et Jàcome, 2005) . De plus, en ce qui concerne la
liquidité, la nouvelle reforme et le changement de politique
monétaire ont permis aux banques du Cameroun de redevenir plus liquides,
mais sans accorder plus de crédit à l'économie
d'après les travaux de Joseph (1998). Pour donc éponger les
liquidités excédentaires, le mécanisme d'appels d'offres
négatifs en émettant des certificats BEAC a été
plutôt utilisé au détriment des réserves
obligatoires qui ne sont valable qu'en situation extrême de forte
surliquidité bancaire (politique monétaire de la BEAC).
En ce qui concerne la stabilisation des disponibilités
en compte d'opération, la BEAC supporte une certaine charge
financière. Laquelle provient de l'utilisation du mécanisme
d'appels d'offres négatifs, prix à payer pour stabiliser le
compte d'opération. De même la protection des avoirs en compte
d'opération et la volonté de ne gêner les comptes
d'exploitation des banques poussent la banque centrale à mettre en
veille l'instrument de réserves obligatoires au détriment de
mécanisme d'appels d'offres négatif en émettant des
certificats BEAC.
De tous ce qui précède, nous constatons que,
l'utilisation de tout instrument de la politique monétaire a pour
rôle la réalisation d'un objectif précis. C'est pour quoi
la présente étude aura pour objet d'analyser
l'efficacité des instruments de la politique monétaire par
rapport à la stabilité des prix et la croissance
économique au Cameroun depuis la réforme de 1990.
Nous avons défini l'efficacité, comme la
capacité à réaliser un objectif visé. La
politique monétaire, composante de la politique économique mise
en oeuvre par la banque centrale, vise à agir sur l'activité
économique nationale à travers le maniement des instruments
monétaires tels que, la masse monétaire, le taux
d'intérêt ou le taux de change. Le maniement de ces instruments
dans le sens de l'atteinte d'un objectif final nous intéresse. Pour
mener à bien cette recherche, quelques questions guideront notre
travail.
- Les instruments de la politique monétaire
utilisés au Cameroun sont-ils efficaces ?
Cette question principale sera appuyée par les
questions suivantes :
- Quels sont les instruments théoriques de la politique
monétaire ?
- Quelles sont les relations qui existent entre les
instruments de la politique monétaire et les objectifs de
stabilité des prix et la croissance au Cameroun ?
OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Dans un contexte de recherche de réduction de la
pauvreté, il est bon pour avoir des résultats meilleurs de
connaître d'abord l'efficacité des politiques utilisées par
rapport aux objectifs à atteindre. Notre recherche portant sur les
instruments de la politique monétaire a pour cibles :
- d'abord, les instruments de la politique monétaire en
général et en particulier ceux utilisés au
Cameroun ;
- ensuite, déterminer le cadre d'analyse de ces
instruments pour une bonne utilisation afin d'atteindre les objectifs
voulus ;
- enfin, analyser la capacité des instruments de la
politique monétaire utilisés dans notre contexte par rapport
à l'atteinte des objectifs cibles c'est à dire
l'efficacité.
En résumé l'objectif de notre recherche est de
voir, si les instruments de la politique monétaire utilisés au
Cameroun sont d'un grand apport dans la lutte contre la pauvreté
indirectement à travers la réalisation des objectifs de
stabilité des prix (faible inflation) et la croissance
économique.
INTERET DE LA RECHERCHE
Notre recherche qui porte sur les instruments de la politique
monétaire, est intéressante au plan macroéconomique. Car
les objectifs finaux de la politique monétaire correspondraient aux
objectifs de la politique macroéconomique à savoir le
« carré magique » de Kaldor. Pour cela donc
notre recherche aura un intérêt double.
Premièrement sur le plan théorique, notre
travail mené dans un sens cumulatif, sera d'un apport modeste aux
théoriciens de la politique monétaire, dans un domaine où
le sujet est d'actualité. De plus, ce travail ouvrira des pistes de
recherche dans ce domaine et permettra d'en savoir plus sur les instruments de
la politique monétaire.
Deuxièmement sur le plan pratique, notre recherche
apportera soit des critiques, soit des suggestions à l'égard des
instruments de la politique monétaire actuellement utilisés au
Cameroun. Ces suggestions ou critiques pourront aider les autorités
monétaires camerounaises à utiliser des instruments efficaces
pour l'atteinte de leurs objectifs cibles afin de prendre des décisions
appropriées à tout problème économique. Notre
apport dans le domaine monétaire pourrait s'étendre aux
autorités monétaires de la CEMAC. Cela aidera certaines
institutions monétaires et financières internationales dans le
choix de leur politique à appliquer au Cameroun en particulier et dans
la sous région en général pour une économie
prospère.
RESUME DES BASES D'HYPOTHESES ET HYPOTHESES
Notre travail portant sur les instruments de la politique
monétaire utilisés au Cameroun visera à analyser
l'efficacité de ces instruments par rapport à l'atteinte de
l'objectif final de la politique monétaire. Ceci ne peut être mis
en oeuvre qu'à travers l'existence de certains liens entre ces
différents concepts.
Des études ont été menées dans le
domaine de la politique monétaire et surtout sur la stabilité des
prix c'est-à-dire sur l'inflation. Ainsi Nubukpo (2003) dans le cadre de
la politique monétaire de la BCEAO montre que le taux
d'intérêt du marché monétaire exerce à court
terme une influence significative sur le taux débiteur des banques et
à long terme son impact est faible. L'impact de ce taux
d'intérêt sur le taux débiteur des banques a une influence
sur les prix dans l'économie. De plus, ce même auteur constate que
le taux de prise en pension de la banque centrale semble être
l'instrument de la politique monétaire qui à long terme influence
l'évolution des conditions débitrice des banques. Dans la
même logique, on constate que la politique monétaire a
été décisive dans la victoire sur l'inflation des
années 80-90. Et qu'elle devient de plus en plus l'instrument
privilégié de la politique économique. La politique
monétaire au Cameroun utilise plusieurs instruments indirects pour
atteindre son objectif final, à savoir la stabilité
monétaire. La recherche de la stabilité des prix apparaît
comme un objectif susceptible d'assurer la soutenabilité à long
terme du taux de change et de la compétitivité des
économies de l'union dans le cadre de compte d'opération entre la
France et la BEAC (Nubukpo, 2003). Dans ce sens donc les réserves
obligatoires influencent le niveau des prix à travers les objectifs
intermédiaires.
La politique monétaire étant
considérée comme un instrument de la politique conjoncturelle,
est d'un grand apport dans la résolution des certaines crises
économiques et financières. Cet apport de la politique
monétaire dans la résolution de la crise financière, peut
être illustré par le rôle joué par la politique
monétaire dans la stérilisation de la crise financière des
pays d'Asie dans les années 1990 (Hochraich, 1998). L'entrée
massive des capitaux augmente la vulnérabilité du secteur
bancaire et l'instabilité financière. Pour cela donc les
autorités monétaires doivent s'efforcer de pronostiquer l'avenir
pour déterminer le réglage de leur instrument d'intervention
(Black et al, 1998).
La banque échangeant les devises auprès de la
banque centrale et la transaction provoquant une hausse du ratio
réserves/dépôts de la banque commerciale qui a un effet
multiplicateur sur le crédit soit par l'augmentation des
dépôts soit par celle des réserves auprès de la
banque centrale (Hochraich, 1998). Cet effet multiplicateur sur le
crédit se répercute sur les prix selon les quantitativistes. La
gestion des liquidités permet à la banque centrale de
maîtriser l'inflation. La maîtrise de l'inflation contribue
à la lutte contre la pauvreté.
La baisse de l'inflation observée depuis l'exercice
1995/1996 dans la zone BEAC s'est poursuivie jusqu'aujourd'hui. Au Cameroun
comme dans l'ensemble de la sous région CEMAC, les taux d'inflation qui
se situaient au delà de 15% à la veille de la
dévaluation en janvier 1994 ont connu une baisse notable. Depuis lors
ces taux se situent au dessous de 2% jusqu'en 19993(*). Par souci d'accroître
l'impact des instruments de la politique monétaire sur les variables
fondamentales de l'économie camerounaise et de tous ce qui
précède, nous aboutissons à l'hypothèse
suivante :
H1 : les taux d'intérêt
directeurs de la BEAC influencent négativement l'inflation.
La maîtrise de l'inflation contribue
à la lutte contre la pauvreté car l'inflation peut lorsqu'elle
est relativement faible relancer la croissance économique d'après
Kerever4(*). De plus la
croissance atténue les conflits entre les groupes sociaux puisqu'elle
développe le pouvoir d'achat de la majorité des individus. La
croissance permet aussi de financer la protection sociale, des services
collectifs qui constituent une part essentielle de bien être de la
population et elle est l'instrument principal du développement (Mankiw,
2003). Selon Mankiw (2003) dans son ouvrage Macroéconomie,
« le taux de croissance de l'activité dépend
positivement de la croissance de la masse monétaire compte tenu de
l'inverse de la vitesse de circulation observée, de la
sensibilité du capital circulant au capital observé et enfin
négativement au taux d'inflation compte tenu du taux de transformation
financière ».
En présence d'une baisse de l'inflation depuis 1994
après la dévaluation, les taux directeurs de la BEAC restent
orientés à la baisse compte tenu du souci des autorités
monétaires de relancer la croissance. La recherche de la croissance
économique peut aussi passer par la diversification de la base
productive, la lutte contre les déficits publics et
l'accélération des mesures structurelles qui devraient alors
constituer des priorités pour les Etats, ceci afin de créer des
bases d'une politique monétaire axée sur le maintien d'une faible
inflation et d'une croissance économique soutenue. De même le
ralentissement puis la stabilisation du taux de liquidité de
l'économie peut être un instrument de réduction des
tensions inflationnistes sans briser l'essor de l'activité par des
restrictions sévères dans la distribution du crédit
(Brunell et Patat, 1983). Pour les mêmes auteurs, l'action par les taux
d'intérêt ne permet pas de contrôler avec précision
la croissance de la masse monétaire et impliquerait le cas
échéant des hausses des taux d'intérêt jugées
peu supportables tant pour les institutions financières que pour les
sociétés. Ceci a pour conséquence un impact sur la
croissance économique.
Avec une faible corrélation entre la
variabilité de la croissance économique et de la masse
monétaire aussi bien à la période décalée
qu'à la période courante, les augmentations des réserves
obligatoires peuvent servir à favoriser une baisse de l'inflation. Ces
augmentations exercent deux effets : elles réduisent la masse
monétaire garantie par un montant donné de réserves et
elles diminuent le coefficient multiplicateur de la
monnaie. « le premier effet pousse les banques à
abaisser leurs encours de crédit ; le second réduit la
croissance de la masse monétaire » (Gillis et al, 1998),
ce qui par transition influence la croissance économique. De plus, la
croissance de la masse monétaire détermine le niveau
d'investissement qui est un indicateur déterminant de la croissance
économique. De la même façon, l'on constate que les
réserves obligatoires influencent le niveau des prix à travers
des objectifs intermédiaires tel que l'agrégat monétaire
M2.
Pour les keynésiens, il existe une relation
négative entre le taux de croissance de la masse monétaire et le
taux d'intérêt qui constitue une variable de la politique
économique. En établissant une liaison positive entre
l'investissement et le taux d'intérêt, ils mettent en
évidence l'impact de la masse monétaire sur la croissance
économique.
Dans un contexte de ralentissement de l'inflation, l'on
constate que l'inflexion de la politique monétaire vise à
encourager les investissements et par là la croissance
économique. La surliquidité du secteur bancaire et la
vulnérabilité d'un tel secteur dans lequel les crédits
octroyés sont à prédominance de court terme ne favorisent
pas le financement du secteur productif dans une économie. La croissance
économique d'un pays étant soutenue par le développement
de son secteur productif, nous formulons de ce qui précède
l'hypothèse suivante :
H2 : La croissance de la masse
monétaire a un impact faible sur la croissance économique au
Cameroun.
DEMARCHE ET METHODOLOGIE
Dans notre démarche, nous déduisons nos
hypothèses qui seront ensuite testées de la littérature.
Les tests sont faits dans le but de confirmer ou de rejeter les
hypothèses de notre recherche. Pour mener à bien cette recherche,
nous utilisons dans le cadre théorique des articles et des ouvrages
concernant le domaine de la politique économique. La méthode
économétrique est celle retenue pour l'analyse de nos
données.
Pour cette méthode, nous utilisons des variables
endogènes comme le taux d'inflation et le taux de croissance du PIB que
nous aurons à expliquer à travers des variables explicatives.
Justement, les variables explicatives pour le taux d'inflation, on a les
différents taux d'intérêts directeurs de la BEAC (TIAO et
TIPP) et pour expliquer la croissance du PIB, on a le taux de croissance de la
masse monétaire.
Nous utilisons pour nos estimations des données
secondaires qui sont puisées dans les bases des données des
institutions compétentes nationales telle que la direction nationale des
statistiques et internationales comme la BEAC, le FMI, la Banque Mondiale,
etc.
Dans notre démarche nous utilisons des logiciels
appropriés de statistique comme E-Views ou encore SPSS et certains
outils statistiques pour aboutir aux tests de nos hypothèses. De ces
tests, nous avons tiré les implications des instruments de la politique
monétaire au Cameroun sur le secteur réel.
PLAN DU TRAVAIL
L'architecture de notre travail en tenant compte de nos
objectifs de recherche et de la démarche choisie va commencer par une
introduction générale et se terminera par une conclusion
générale. Ce travail sera reparti en deux parties dans le respect
des normes d'élaboration des travaux de ce type. Ainsi donc le
développement de notre travail suivra cet enchaînement :
· Première partie : l'impact des
instruments de la politique monétaire sur la stabilité des prix
et la croissance économique au Cameroun
Cette partie sera divisée en deux chapitres :
Chapitre 1 : analyse de la politique
monétaire et ses instruments du point de vue théorique
Chapitre 2 : les relations entre les
instruments de la politique monétaire, la stabilité des prix et
la croissance économique au Cameroun
· Deuxième partie : analyse empirique
de l'efficacité des instruments de la politique monétaire
utilisés au Cameroun par rapport aux objectifs de stabilité des
prix et de croissance économique
Chapitre 3 : identification
empirique des relations existant entre les instruments de la politique
monétaire et les objectifs de stabilité des prix et de croissance
économique au Cameroun
Chapitre 4 : l'apport des instruments
de la politique monétaire utilisés au Cameroun pour l'atteinte
des objectifs finals
PREMIERE PARTIE :
L'IMPACT DES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE SUR
LA STABILITE DES PRIX ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN
INTRODUCTION
A l'heure actuelle, la préoccupation principale des
gouvernements des pays en voie de développement est la lutte contre la
pauvreté c'est-à-dire la recherche du bien-être social.
Pour ce fait, les autorités fournissent beaucoup d'effort pour
réduire l'inflation et stimuler l'activité économique. Cet
effort des autorités se manifeste à travers l'application de
plusieurs politiques économiques comme la politique monétaire, la
politique budgétaire, etc. Car la majorité de politiques
économiques ont pour objectifs finaux le « carré
magique » de Kaldor, à savoir : la croissance, la
stabilité des prix ou faible inflation, le plein emploi et
l'équilibre extérieur.
La recherche des objectifs finaux de toute politique
économique passe par la manipulation des instruments appropriés
de celle-ci. L'utilisation des instruments de la politique monétaire
dépend de son fondement théorique et du contexte dans lequel ces
instruments sont utilisés.
Dans cette partie, nous essayons à travers une revue
de littérature de ressortir une analyse théorique de la politique
monétaire et ses instruments dans un premier chapitre. Dans le
deuxième chapitre, nous ressortirons les relations existant entre les
instruments de la politique monétaire, la stabilité des prix et
la croissance économique au Cameroun.
CHAPITRE I : ANALYSE DE LA POLITIQUE
MONETAIRE ET SES INSTRUMENTS DU POINT DE VUE THEORIQUE
La politique monétaire est un élément de la
politique économique qui conforte et appuie les autres politiques
appliquées dans les domaines budgétaire, fiscal, industriel, etc.
la politique monétaire utilise un ensemble d'instruments pour atteindre
les objectifs de la politique économique générale
décidée par le pouvoir public. L'utilisation de ces instruments
dépend du fondement théorique de la politique utilisée par
les autorités monétaires et les objectifs finals visés par
celles-ci. Avec la règle de Tinbergen, une politique économique
à objectifs fixés doit avoir au moins autant des instruments que
des objectifs et de même la règle de Mundell voudrait qu'une
politique économique à objectifs fixés utilise chaque
instrument pour réaliser l'objectif au regard duquel il possède
par rapport aux autres instruments un avantage comparatif (Bassoni et Beitone,
1997). Dans ce chapitre, nous évoquerons successivement la politique
monétaire et ses objectifs d'une part et d'autre part les instruments de
la politique monétaire.
Section I : Analyse de la politique
monétaire et ses objectifs
Dans cette section, il est question de donner un point de vue
générale sur la politique monétaire. Pour comprendre le
concept de politique monétaire, nous le définirons d'abord,
ensuite nous exposerons ses objectifs intermédiaires et enfin, nous
évoquerons ses objectifs finals.
I - Définition et
généralités de la politique monétaire
Avant d'expliquer le fonctionnement de la politique
monétaire, il est nécessaire de définir ce terme
complexe.
1) Définition de la politique
monétaire
Le concept de politique monétaire est trop complexe,
de ce fait, plusieurs auteurs le définissent chacun selon sa vision.
Mais toutes ces définitions tournent autour de l'offre et de la demande
de la monnaie et surtout de la régulation monétaire. Ainsi, Silem
et Albertini (2004) définissent la politique monétaire
comme des « actions délibérées des
autorités monétaires (banque centrale, trésor public) sur
la masse monétaire et les actifs financiers en vue de la
régulation de l'économie à court terme et à moyen
terme ». A ce titre, le marché monétaire qui est
le marché des capitaux à court terme est un rouage important du
système monétaire et financier national, sert de lieu
d'intervention de la banque centrale pour la régulation de
l'économie. Cette régulation peut se faire à travers
l'action sur la liquidité bancaire.
D'autres auteurs définissent la politique
monétaire comme une politique qui agit sur l'offre de monnaie et de
crédit et sur les conditions d'attributions des crédits aux
emprunteurs (Stiglitz, 2000). De cette définition, il ressort que, la
politique monétaire comprend la politique de change et les politiques de
crédit. Friedman (2000), quant à lui considère la
politique monétaire comme l'un de deux principaux moyens (l'autre c'est
la politique fiscale) par lequel les autorités gouvernementales dans
une économie de marché influencent régulièrement
l'activité économique. Cette définition plus large
considère la politique monétaire comme une composante principale
de la politique économique. Il importe d'appréhender la notion de
politique économique. Ainsi, pour Greffe (1993) « la
politique économique est l'ensemble des décisions des pouvoirs
publics en vue d'orienter l'activité économique dans un sens
jugé souhaitable aux yeux de tous ». Il ressort de cette
dernière définition et de la précédente que, la
politique monétaire est un instrument de régulation interne et
externe à la disposition des gouvernements. Ils agissent sur le
comportement de consommation, d'investissement ou d'exportation à
travers certaines variables monétaires comme la masse monétaire
c'est-à-dire la quantité de monnaie en circulation, les taux
d'intérêt ou les taux de change pour atteindre l'équilibre.
La politique monétaire renvoie à l'ensemble des objectifs
poursuivis par la banque centrale et à l'ensemble des instruments mis en
oeuvre pour les atteindre.
Dans la définition d'une politique monétaire,
il ne faut jamais séparer l'analyse des fondements théoriques,
des objectifs et des instruments. La politique monétaire peut être
définie comme l'ensemble des interventions des autorités
publiques, qui ont pour objet d'agir sur l'évolution et le coût de
la monnaie tant sur le plan interne que sur le plan externe (Lelarge, 1990). De
façon générale par la politique monétaire, les
autorités monétaires visent à adapter la masse
monétaire et le coût du crédit en fonction des
objectifs.
La politique monétaire instrument de la politique
économique mise en oeuvre par la banque centrale, avait
été éclipsée momentanément par la
révolution keynésienne, mais depuis les années 70, elle
occupe une nouvelle dimension. Mais le débat n'a pas pour autant
été éliminé par le consensus relatif entre
keynésiens et classiques au sujet des objectifs de la politique
monétaire, des instruments permettant d'atteindre ces objectifs et des
mécanismes de transmission de la politique.
2) Politique monétaire : application et
mécanisme de transmission
Vers les années 1840, l'émission des billets de
banque a fait l'objet d'âpre débat au Royaume Uni. La currency
school défendu ardemment par Ricardo considérait que
l'émission de la monnaie devrait être rigoureusement
contrôlée par l'Etat. Ce courant de pensée défend
également que la banque d'Angleterre devrait être divisée
en banque émettrice des moyens de paiement et banques commerciales. Par
contre, la banking school amenée par Tooke défend plutôt la
dualité de la monnaie et l'unicité de la banque d'Angleterre.
En optant pour des politiques économiques à
objectifs recentrés sur la stabilité monétaire , depuis
les années 60 et dans tous les pays, la banque centrale ou institution
d'émission possède le privilège d'émettre les
billets de banque, la monnaie scripturale, d'élaborer et de mettre en
oeuvre la politique monétaire. Pour mener à bien sa politique
monétaire, la banque centrale dispose de plusieurs instruments comme les
taux d'intérêt, les réserves obligatoires, l'encadrement de
crédit, etc.
a) Les mécanismes de
transmission de la politique monétaire
La politique monétaire mise en oeuvre par la banque
centrale est transmise à travers plusieurs canaux. Nous entendons par
canaux de transmission, les voies par lesquelles la politique monétaire
influe sur le niveau et/ou la structure de la demande et de l'offre globale et
par là sur ses objectifs finals. Il existe deux grands canaux de
transmission.
- Le canal de la monnaie
Cette conception fut dominante jusqu'aux années 80.
Pour les keynésiens, la transmission de l'action des autorités
monétaires sur l'activité est supposée passer par les taux
d'intérêt. Pour les monétaristes, elle doit se faire par
l'offre.
En effet l'action sur la quantité ou le taux
d'intérêt de la monnaie centrale c'est-à-dire les
réserves conduit à une variation des dépôts
c'est-à-dire de la masse monétaire. La variation de la masse
monétaire et du taux d'intérêt exerce une influence sur
l'activité économique selon le schéma IS-LM. La logique
est donc la suivante :
Activité économique
Réserves
Monnaie (dépôts)
- Le canal du crédit
Ici, l'action des autorités sur la quantité ou
le prix de la monnaie centrale entraîne une réaction des banques
au sujet des crédits qu'elles distribuent. Cette réaction, a un
effet sensible sur l'activité économique. Ainsi, la politique
monétaire est transmise à l'activité économique
à travers l'offre de crédit. L'accent est mis sur l'actif
bancaire et son rôle dans le financement de l'économie. La logique
de ce canal est donc :
Activité économique
Crédit
Réserves
Derrière ces deux approches de transmission on retrouve
en fait deux conceptions de l'environnement informationnel de l'economie.
b) Les canaux de la monnaie en information
symétrique
Dans ces canaux, seule l'offre de monnaie et ses
conséquences sur les taux d'intérêt sont prises en compte
du fait de la symétrie d'information. On distingue trois canaux
monétaires : le taux d'intérêt ; le prix des
actifs financiers et le taux de change.
- le canal du taux d'intérêt
Ce canal repose sur les effets d'une variation du taux
d'intérêt associée à la politique monétaire
sur la consommation et/ou l'investissement. Le taux d'intérêt
exerce un effet sur le comportement de consommation. Ainsi, il y a effet de
substitution lorsque le taux d'intérêt augmente, décourage
la consommation au détriment de l'épargne. En outre, il y aura
effet de revenu lorsque cette hausse alourdit la charge des dettes et diminue
le revenu disponible pour la consommation.
Pour la conception keynésienne, le mécanisme de
transmission de la politique monétaire peut se faire de la
manière suivante : une politique monétaire expansionniste
(M) aboutit à une baisse du taux d'intérêt réel
(ir ) celle-ci réduit le coût du capital, ce qui entraîne
une augmentation des investissements ( I ) et par là un accroissement
de la demande globale ( Y ) . Schématiquement on a :
M ir
I Y
Une caractéristique importante du canal du taux
d'intérêt est l'accent mis sur le taux d'intérêt
réel plutôt que nominal comme celui qui affecte les
décisions de consommation et d'investissement.
-Le canal du prix des actifs financiers
Les agents peuvent détenir des actifs financiers.
Toute mesure de politique monétaire affectant le prix est susceptible
d'affecter leur comportement. Ainsi, le ratio q de Tobin
permet de comprendre comment en affectant le cours des actions, la politique
monétaire influe sur l'incitation à investir des firmes. Le ratio
q est défini comme le rapport entre la valeur
boursière du stock du capital (V) et son coût de remplacement
(PK). On a: q = V/PK
Il y a deux effet qui se dégagent de ce fait :
l'effet de substitution et l'effet de richesse.
- Le canal du taux de change
L'ouverture croissante des économies domestiques sur
l'extérieur a conféré aux taux de change un rôle
important comme canal de transmission de la politique monétaire. Selon
Stiglitz (2000), le taux de change constitue l'un des principaux leviers par
lesquels la politique monétaire agit sur l'activité
économique. D'après cet auteur, la banque centrale en provoquant
une baisse des taux d'intérêt induit une baisse du taux de change.
Un taux de change plus faible rendra par exemple les produits nationaux plus
attrayant pour l'étranger, ce qui aura pour effet d'augmenter les
exportations et de diminuer les importations.
c) Les canaux du crédit en information
asymétrique
Il y a asymétrie d'information lorsque certains agents
détenant des informations ne les transmettent pas dans le système
des prix et ces dernières sont inconnues des autres agents. C'est ce qui
explique le rôle des intermédiaires financiers et qui montre que
la structure financière de l'économie doit être prise en
compte dans la transmission de la politique monétaire. Le canal
étroit de crédit met l'accent sur le crédit bancaire et le
canal large de crédit envisage les conditions de financement externe et
le rôle qu'y joue la richesse nette des firmes.
- Le canal étroit du crédit
Le rôle spécifique que jouent les banques dans
un système financier est le fondement du canal du crédit
bancaire. Car, elles sont parfaitement bien placées pour résoudre
le problème d'asymétrie d'information sur le marché des
crédits. A la différence du canal de la monnaie qui ne distingue
pas titres et crédits, cette conception s'appuie sur l'imparfaite
substitution entre titres et crédits. Ceux-ci ne sont pas parfaitement
substituables du fait de leur différence de liquidité. Une
politique monétaire restrictive peut conduire les banques à des
arbitrages, réduisant ainsi leur offre des crédits. La non
substitution des titres et crédits peut rendre les agents
dépendant des crédits bancaires.
Le canal étroit du crédit correspond donc
à l'incidence de la politique monétaire sur les conditions
d'offre de crédit bancaire. Pour une politique monétaire
expansionniste, on a le schéma suivant :
M dépôts
prêts bancaires I Y
Avec : M = la masse monétaire
I = l'investissement
Y = la production
- Le canal large du crédit ou
accélérateur financier
Ce canal s'est développé à la suite des
difficultés pour valider empiriquement le canal strict. Pour que le
canal étroit du crédit fonctionne, il faut une parfaite
substitution des obligations et des crédits bancaires détenus par
les banques, mais surtout une parfaite substitution entre les
dépôts à vue, les autres dettes bancaires et les
obligations détenues par les agents non financiers. La politique
monétaire affecte l'aspect réel via un canal large, lorsqu'elle
exerce une influence sur la différence entre le coût de
financement interne et le coût de financement externe. L'idée
principale est de considérée que plus la richesse nette de
l'emprunteur d'une entreprise est faible, plus les problèmes
d'antisélection et d'alea moral sont importants lorsqu'il s'agit
d'octroyer un financement.
Pour les effets d'une politique monétaire
expansionniste on aura le schéma suivant :
M Pe
sélection adverse et alea moral prêts
I Y
II - Les objectifs intermédiaires de la
politique monétaire
Les objectifs intermédiaires sont des variables
monétaires servant des cibles aux autorités monétaires.
Ils permettent à celles ci de renforcer le contrôle
monétaire. Les objectifs intermédiaires s'articulent de
manière satisfaisante entre les instruments de la politique
monétaire et ses objectifs finals. En somme, comme le définit
Descamps (1997) « l'objectif intermédiaire est un point
d'application des instruments de la politique monétaire au service d'une
cause plus générale : la réalisation des objectifs
finals ou ultimes de la politique économique ».
Le choix des objectifs intermédiaires poursuivis par
les autorités monétaires dépend de la vision que ces
autorités ont de l'action de la monnaie sur l'économie. En
d'autres termes, le choix des objectifs intermédiaires est tributaire de
l'option théorique choisie par ces autorités (Descamps, 1997).
Un objectif intermédiaire doit remplir les trois
conditions suivantes :
- être mesurable et rapidement connu par les
autorités monétaires ;
- être relié à la ou les variables
économiques réelles retenues comme objectifs ultimes ;
- être contrôlé directement ou
indirectement par les autorités monétaires aux moyens des
instruments dont celles-ci utilisent.
Les principaux objectifs intermédiaires dont
l'application dépend du contexte institutionnel (par exemple lorsque
l'intermédiation bancaire est le principal circuit de financement de
l'économie, alors un agrégat mesurant le crédit bancaire
peut apparaître comme le meilleur) et du cadre théorique de
référence (c'est-à-dire lorsque la doctrine
monétariste est utilisée, on retient alors la masse
monétaire comme objectif) sont de trois sortes et ciblent les variables
mesurables de quantité ou de prix, nous avons ainsi : les objectifs
quantitatifs ; les taux d'intérêt et les taux de
change.
1) Les objectifs quantitatifs
Les objectifs quantitatifs sont des agrégats de
monnaie et de crédit.
Les agrégats de monnaie sont, la masse
monétaire et /ou la base monétaire. La masse monétaire
d'un pays peut se définir comme la somme de toutes les liquidités
du système financier (Gillis et al, 1998). On distingue la masse
monétaire M1, qui est la somme de la monnaie en circulation
hors des banques (C) et les dépôts à vue (D) ; la
masse monétaire M2, qui quant à elle est égale
à M1 plus les dépôts à terme et
d'épargne (T) et M3, qui est égale à
M2 plus les engagements des établissements
spécialisés (O). Ainsi, on a en résumé :
M1 = C + D
M2 = M1 + T
M3 = M2 + O
Les autorités monétaires contrôlent les
agrégats monétaires, mais les taux d'intérêt
s'ajustement librement dans une économie de marché. Par exemple,
ces autorités peuvent en utilisant les réserves obligatoires agir
sur la base monétaire et /ou les agrégats monétaires qui
servent des objectifs intermédiaires. Cette base monétaire et/ou
ces agrégats monétaires transmettent l'action des
autorités monétaires directement sur l'emploi par exemple.
Le contrôle de la masse monétaire à
travers les agrégats de la monnaie M1 ; M2
ou M 3 a été adopté dans les
années 70 par certaines banques centrales européennes. Il s'est
généralisé par après au cours des années 80
et devenu de plus en plus efficace.
Parmi ces objectifs quantitatifs, on distingue aussi des
agrégats de crédit. Ces agrégats transmettent l'effet de
la politique monétaire à l'objectif final à travers le
crédit bancaire. Les agrégats de crédit sont de deux
sortes :
- l'agrégat étroit de crédit, il s'agit
du financement monétaire de l'économie qu'on appelle encore
crédit interne. Une forte expansion du crédit interne peut
être source d'inflation à travers une création excessive de
la monnaie.
- l'agrégat large de crédit, ici, il s'agit du
financement global c'est-à-dire où on retrouve toutes les sources
de financement monétaire ou non.
Lorsqu'une banque centrale utilise par exemple l'instrument
d'encadrement du crédit, pour influencer le niveau du crédit
offert à l'économie, l'agrégat de crédit est alors
valable pour la transmission de ses actions.
2) Les objectifs de taux d'intérêt
Les taux d'intérêt sont utilisés comme
objectifs intermédiaires pour prévaloir un niveau de taux
d'intérêt suffisamment attractif pour l'accroissement de
l'épargne et par là celle des investissements selon la conception
keynésienne de taux d'intérêt. Selon les keynésiens,
un niveau faible des taux d'intérêt accroît l'investissement
et lorsque le niveau des taux d'intérêt est élevé
alors l'investissement baisse. Ainsi, lorsque les autorités veulent
stimuler l'investissement, ils baissent les taux d'intérêt. Ils
l'augmentent s'ils sont pour l'épargne. Les monétaristes ne
partagent pas cette conception des taux d'intérêt.
Pour les monétaristes, la détermination du taux
d'intérêt doit dépendre de la loi de l'offre et de la
demande sur le marché monétaire et sur le marché des biens
et services. Une telle stratégie n'est utilisée que dans une
économie libéralisée. Dans la libéralisation
financière, les autorités monétaires ne fixent pas
à l'avance le niveau du taux d'intérêt.
Le prix de la monnaie (le taux d'intérêt) et la
quantité de la monnaie (masse monétaire) sont étroitement
liés (Bassoni et Beitone, 1997). Ainsi, l'utilisation de certains
instruments de la politique monétaire agirait principalement sur l'offre
de monnaie et d'autres sur la demande de monnaie des agents. Dans le cas de
l'action sur la demande de monnaie, il s'agit d'agir sur le prix de la monnaie
c'est-à-dire sur le taux d'intérêt.
L'objectif intermédiaire de taux
d'intérêt permet aussi d'agir sur la liquidité bancaire.
Cette action peut être un outil de diminution ou de hausse de
l'épargne, c'est-à-dire à l'équilibre une
diminution ou une hausse de l'investissement. L'objectif des taux
d'intérêt permet également de transmettre l'action des
autorités monétaires à l'évolution des prix. C'est
l'objectif final recherché : la stabilité des prix (Nubukpo,
2003).
En outre, le taux d'intérêt peut avoir pour
fonction d'assurer l'équilibre extérieur (Icard, 1983). La hausse
des taux d'intérêt peut susciter des prises de position de
déséquilibre extérieur.
3) Les objectifs de taux de change
Il s'agit d'éviter des effets pervers des
augmentations trop prononcées de taux de change de la monnaie nationale
par une surveillance de son évolution. Le taux de change se
définit comme le taux auquel une devise peut être
échangée contre une autre (Stiglitz, 2000). D'une manière
générale, plus une petite une économie est ouverte sur
l'extérieur, plus le taux de change est plus prompt en objectif
intermédiaire. La volonté des banques centrales de lutter contre
l'inflation plus récemment a donné un nouveau fondement à
l'utilisation du taux de change comme objectif intermédiaire.
L'inflation peut avoir des origines externes (l'inflation importée),
c'est pour quoi la lutte contre ce phénomène doit mettre l'accent
aussi sur le taux de change. Car le taux de change peut servir de catalyseur
entre importation et exportation.
L'inflation est un obstacle au développement de
l'activité économique. Ainsi, le taux de change constitue l'un
des principaux objectifs intermédiaires par lesquels, la politique
monétaire agit sur le niveau de l'activité (Stiglitz, 2000).
Lorsque le taux d'intérêt baisse, il y a sortie
des capitaux, le taux de change augmente. Lorsque le taux
d'intérêt est élevé, cela attire les capitaux et
rend difficile le contrôle de la masse monétaire. Les objectifs
intermédiaires de taux de change et de taux d'intérêt sont
souvent jugés incompatibles (Bassoni et Beitone, 1997).
III - Les objectifs finals
Les objectifs finals de la politique monétaire sont
des variables économiques que les autorités monétaires
cherchent à atteindre. Généralement, ils sont les
même que ceux de la politique économique qui sont difficiles
à réaliser simultanément. Ces objectifs du fait de la
difficulté pour leur réalisation correspondent à ce qu'on
appelle le « carré magique » de Kaldor qui
réunit : plein emploi ; la stabilité des prix ; la
croissance économique et l'équilibre extérieur.
1) La croissance
économique
La croissance étymologiquement désigne le
développement progressif d'une chose. Elle est aperçue à
travers certains indicateurs. La croissance économique est
appréhendée à travers le taux de croissance
économique mesuré quant à lui par le pourcentage de la
variation du produit intérieur brut (PIB), qui garantit à priori
le niveau de vie et de l'emploi. La croissance économique à
travers ses bienfaits qui apparaissent évidents, est un objectif
primordial pour toute politique économique que cela soit directement ou
indirectement. La croissance du PIB suppose l'utilisation intensive des
facteurs de production, ce qui entraîne une amélioration du revenu
national. Or une augmentation du revenu permet de dégager une
épargne qui à son tour assure le financement de l'investissement
qui augmentera la production et par là même le revenu, l'on
s'installe ainsi dans un cercle vertueux de la croissance économique. La
croissance économique a plusieurs vertus. Elle atténue les
conflits entre les différents groupes sociaux, puisqu'elle
développe le pouvoir d'achat des individus et une trop faible croissance
du PIB comprimera le pouvoir d'achat. La croissance est l'instrument principal
du développement en un mot.
Il n'est de croissance sans accumulation de stock suffisant
et renouvelé des facteurs de production : capital technique et
capital monétaire ; main d'oeuvre ; etc. (Salles, 1979).
L'accumulation progressive du capital grâce à une épargne,
apparaît entre autre comme un facteur essentiel de la croissance.
Cependant, depuis quelques décennies, l'on souligne d'autres facteurs
non moins important à savoir : le progrès technique,
l'attitude des agents économiques et le développement des
échanges internationaux (Salles, 1979).
La croissance se fait en plusieurs étapes, mais les
plus principales sont :
- le démarrage qui est « une
évolution industrielle liée directement à des changes
radicaux dans les méthodes de production et produisant des
conséquences décisives en une période relativement
courte » selon Rostow5(*) ;
- la maturité selon le même auteur c'est
« la période au cours de laquelle une
société a effectivement appliqué l'ensemble de la
technologie moderne à l'ensemble de ses ressources ».
Ici, le taux de croissance tendra à s'élever et la
pauvreté à s'estomper ;
- La consommation de masse, elle est
caractérisée par l'augmentation du niveau de la consommation des
biens et services.
L'objectif de la croissance pose des sérieux
problèmes qui tiennent soit à la mesure du taux de croissance
soit au coût de la croissance. Cependant à court terme, la
croissance contribue au plein emploi des capacités de production dans
d'autres secteurs.
2) Le plein emploi
On parle de plein emploi, lorsque les facteurs de production
disponibles dans une économie sont utilisés de la façon la
plus efficiente et la plus efficace. Le plein emploi implique donc des emplois
productifs grâce auxquels les individus utilisent leurs
compétences et réalisent leurs revenus potentiels dans des
conditions compatibles avec la dignité humaine. Le plein emploi
élève la production et par là même le revenu
naturel. Or l'augmentation du revenu des individus peut être une solution
aux conflits qui ne sont pas seulement des catastrophes humaines, mais des
sources d'instabilité économique et politique. Le sous emploi a
des coûts privés et sociaux. Pour les coûts privés,
on peut par exemple parle de la perte de production et de revenu des agents.
Quant aux coûts sociaux, l'exemple palpable et le
chômage qui réduit la demande des biens de consommation
entraînant une baisse du revenu des entreprises du secteur de production
des biens de consommation.
La mesure du plein emploi pose un problème à
travers la majorité des indicateurs retenus comme le taux de
chômage. De plus, l'objectif de plein emploi n'est pas facile à
définir. On constate quelquefois qu'en période de plein emploi,
il existe un chômage de mobilité incompressible ou frictionnel qui
contribue à une utilisation efficace du facteur travail. On constate
donc que le plein emploi n'est pas automatiquement égal au chômage
nul.
3) La stabilité des prix ou
faible inflation
Un taux d'inflation bas est préférable pour la
prospérité d'une économie. Cependant, la mesure de
l'inflation pose un problème, celui de savoir le niveau de taux
d'inflation souhaitable. L'inflation zéro pourrait être la
situation idéale, mais l'objectif de stabilité des prix est
rarement assimilé à celui d'une inflation zéro.
L'inflation peut naître de l'écart entre la demande et l'offre
globale selon la conception keynésienne. Comme dans une économie
en croissance, la demande se développe en permanence et exerce des
pressions sur les prix, une inflation modérée peut être le
plus souvent considéré comme l'objectif raisonnable de
stabilité de prix.
L'inflation pouvant aussi avoir des causes monétaires
selon les friedmaniens, elle peut résulter d'une création
excessive de monnaie. Ainsi, une politique monétaire expansionniste peut
être source des tensions inflationnistes. Nous savons que la masse
monétaire (M) est par définition la somme de deux
éléments : le montant des encours de crédits
intérieurs accordé par système bancaire (DC) et celui de
réserves internationales du pays (IR), mesuré par la monnaie
intérieure (Gillis et al,1998). La masse monétaire est donc
composée d'un élément nationale et d'un
élément international, par conséquent on a :
M= DC + IR (1)
L'expansion du crédit intérieur ou bien les
fluctuations monétaires qui entraînent des changements dans les
réserves internationales, peuvent être source des variations de
la masse monétaire. Ce qui signifie que :
?M = ?DC + ?IR (2)
Or, on sait d'avance que le niveau général des
prix est en relation avec la masse monétaire selon l'équation de
la théorie quantitative de la monnaie (MV= PT) peut être
influencé par la variation de la masse monétaire. Ainsi, on
constate donc de l'équation (2) que les variations du niveau
générale des prix peuvent être d'origine interne ou
externe. Cela dépend aussi du régime des taux de change
appliqué dans cette economie
L'inflation a plusieurs effets sur le niveau de consommation
ou sur le taux de consommation pour les consommateurs et sur le niveau de la
production ou le taux de production pour les producteurs. Par exemple pour le
consommateur, le taux de croissance de la consommation peut être
influencé dans la même proportion que le taux d'inflation.
4) L'équilibre extérieur
Le concept d'équilibre
extérieur recouvre le concept de la balance de paiement (BP) et celui du
marché des changes qui constituent les deux aspects d'un même
problème. Cet équilibre est atteint lorsque la balance des
capitaux (BK) est en équilibre et la balance commerciale (BC) aussi ou
encore lorsque le solde de la balance des capitaux est l'inverse du solde de la
balance commerciale. C'est-à-dire : BP = BK + BC
Si BP = 0 1) BK = 0 et BC = 0
2) BK < 0 et BC > 0
3) BK > 0 et BC < 0
On constate donc que l'équilibre de la balance des
paiements au sens strict est difficile à réaliser à
certaines périodes. Car même les économies
considérées comme les plus fortes et supposées avoir une
balance des paiements équilibrée connaissent des déficits
ou des surplus de façon périodique (Paho, 2005).
L'équilibre extérieur est soumis à des contraintes.
Section II : Les instruments de la
politique monétaire dans le cadre général
En pratique, la politique monétaire
est un ensemble des instruments manipulés par la banque centrale, au
service des objectifs finals. Les instruments diffèrent selon les pays
et les époques, mais on observe aujourd'hui une certaine convergence
dans les pratiques. Pour tenter de maîtriser l'évolution des
objectifs intermédiaires : masse monétaire ou taux
d'intérêt, les pouvoirs publics disposent d'un ensemble des moyens
d'intervention, que l'on peut regrouper en des catégories
principales : l'action sur la liquidité bancaire, le contrôle
des crédits distribués par les banques et l'action sur le taux de
change. Cette classification des instruments de la politique monétaire a
surtout une vocation didactique (Bassoni et Beitone, 1997). En effet, les
différents instruments de la politique monétaire sont
interdépendants et s'analysent à la lumière des fondements
théoriques de la politique monétaire dont ils relèvent.
I - Action sur la liquidité
bancaire
La liquidité des banques c'est-à-dire la
quantité de monnaie banque centrale dont elles détiennent compte
tenu des dépôts qu'elles gèrent et des crédits
qu'elles accordent est influencée d'une part par le comportement du
public (qui détient plus ou moins des monnaies fiduciaires), d'autre
part par la politique de la banque centrale qui, en agissant sur la
liquidité bancaire, vise la création de monnaie par les banques
(Bassoni et Beitone, 1997). Les instruments utilisés ici sont des
instruments d'action qualifiés d'indirects, puisqu'ils transitent par la
liquidité des banques. La banque centrale agit sur la liquidité
bancaire, en cherchant à régler la quantité de monnaie
centrale qu'elle met à la disposition des banques. Elle utilise les
techniques comme l'intervention sur le marché (open market), la
réescompte, etc.
1) La politique des taux
d'intérêt
La politique des taux d'intérêt est une
politique qui apporte un soutient monétaire actif au
développement et aux initiatives économiques. Dans le cadre de
l'approche keynésienne de taux d'intérêt, un taux faible
stimule l'investissement tandis qu'un taux élevé le
décourage. Cette politique des taux d'intérêt peut
être complété parfois par des mesures sélectives
pour promouvoir les secteurs jugés prioritaires par les pouvoirs
publics.
La banque centrale peut influencer le taux
d'intérêt en modulant le taux de réescompte
rémunérant les prêts aux banques commerciales. Le taux
d'intérêt joue un rôle important sur les opérations
des banques commerciales. Le taux de réescompte joue un rôle
important dans la détermination du taux d'intérêt
applicable aussi bien aux dépôts qu'aux prêts (Gillis et al,
1998).
Si la banque centrale ne souhaite pas agir directement sur le
volume de la liquidité bancaire, elle peut néanmoins en moduler
le coût en manipulant le taux d'intérêt. Elle peux agir sur
le coût de refinancement des banques commerciales en agissant sur le
marché monétaire en général ou plus
particulièrement sur le marché interbancaire ou les banques
s'échangent de la monnaie banque centrale (Bassoni et Beitone, 1997). Si
la banque centrale veut freiner l'octroi de crédit elle
élève les taux d'intérêt et les banques de second
rang les répercutent sur leurs clients .Les crédits sont
donc offerts à des taux d'intérêt majorés.
Par exemple, en France la banque centrale agit sur les taux
d'intérêt à travers la politique d'appel d'offre et par les
prises en pension (Bassoni et Beitone, 1997). C'est-à-dire, la banque
centrale prend l'initiative de fournir de liquidité aux banques de
second rang sur le marché à un taux fixe (appel d'offre) et elle
répond aux sollicitations des banques commerciales en leurs fournissant
des liquidités à un taux supérieur au taux d'appel d'offre
(prise en pension).
2) L'escompte
Le réescompte d'effets par la banque centrale aux
banques de second rang est resté longtemps le moyen
privilégié sur la liquidité bancaire, le principe est
simple.
Si une banque éprouve un besoin en monnaie centrale,
elle demande à la banque centrale de réescompter les effets
qu'elle a déjà escomptés à ses clients. La banque
échange donc un papier contre les billets de banque à un certain
prix, ce prix c'est le taux d'escompte de la banque centrale (Salles, 1979). Le
taux d'escompte peut être un taux directeur, car ses variations en hausse
ou en baisse feront baisser dans le même sens les autres taux
d'intérêts qui lui sont liés. Parmi ces taux, on peut citer
par exemple le taux appliqué par la banque à ses clients, le taux
appliqué par le client de la banque aux autres, etc. Ainsi, un taux de
réescompte peu élevé correspond aux désirs d'une
« politique d'argent bon marché » selon Salles
(1979).
A l'inverse un taux de réescompte élevé
accroît les taux d'intérêt. La politique des taux de
l'escompte permet assez peu le contrôle de quantité des monnaies.
Il existe cependant des plafonds d'escompte qui limitent individuellement et
pour chaque établissement son recours aux financements de la banque
centrale. Ces plafonds correspondent aux montants maximums des actifs que la
banque centrale est prête à reprendre à l'escompte. Les
préoccupations de politique de crédit conduisent souvent à
créer de nombreuses exceptions au plafond d'escompte.
C'est-à-dire qu'on trouve des taux d'escompte privilégiés
qui sont appliqués aux secteurs jugés prioritaires et le taux de
pénalité supporté par les banques en infraction
c'est-à-dire dépassant le plafond. La libéralisation des
économies ces dernières années a entraîné
l'abandon de cet instrument essentiel de la politique monétaire dans
l'approche keynésienne, au profit des techniques d'intervention sur le
marché monétaire
3) L'intervention sur le marché ou open
market
L `open market est une pratique d'origine anglo-saxonne.
Elle est utilisée par exemple par la banque de France depuis le
décret du 17 juin 1938 (Salles, 1979).L'open market permet à la
banque centrale de s'ouvrir sur le marché monétaire en effectuant
des achats et des ventes des titres. L'open market dans son esprit comme dans
sa technique diffère assez nettement de l'escompte. Il est vrai que la
banque centrale fournit encore de la liquidité aux banques contre les
effets qu'elle prend en garantie, mais cette fois-ci, elle le fait de
façon discrétionnaire.
Les opérations d'open market permettent à la
banque centrale de réduire ou d'augmenter directement les
réserves bancaires en vendant ou en achetant des obligations d'Etat. Ces
opérations constituent un instrument de politique monétaire dans
les pays dotés des marchés financiers développés.
Par exemple la Federal reserve system des Etats Unis ou la banque centrale
européenne, si elles décident de freiner la croissance de la
masse monétaire vendent des valeurs publiques (obligations) sur le
marché libre. Le paiement de ces valeurs par l'acheteur a pour effet de
réduire directement les réserves du système bancaire, car
les fonds sont transférés des dépôts des banques
commerciales au compte de la Federal reserve ou de la banque centrale
européenne. De même quand celles-ci veulent accroître la
masse monétaire, elles achètent des valeurs sur le marché
libre et augmentent directement de ce fait les réserves des banques
commerciales.
Cet instrument fait défaut pour la lutte contre
l'inflation dans la plupart des pays en voie de développement où
les marchés financiers sont absents ou ne sont pas suffisamment
développés pour permettre l'exploitation de cette technique
(Gillis et al, 1998)
II - Le contrôle des crédits
distribués par les banques
L'action sur la quantité de crédits que les
banques peuvent distribuer constitue le moyen dirigiste d'action sur la
distribution des crédits. Il s'agit des moyens comme les réserves
obligatoires et l'encadrement du crédit. Ces procédés
permettent aux pouvoirs publics de mieux contrôler la quantité de
monnaie circulant dans l'économie et de l'adapter aux fluctuations de la
conjoncture (Salles, 1979).
1) Les réserves
obligatoires
Les réserves obligatoires sont définies par
Stiglitz (2000) comme le « Niveau minimum de réserve que
les banques sont contraintes de maintenir disponible ou déposer
auprès de la banque centrale ».La pratique des
réserves obligatoires date de 1967 en France alors qu'elle a vu le jour
aux Etats unis depuis 1933 (Salles, 1979).
Toutes les banques centrales obligent les banques
commerciales à immobiliser auprès d'elles une part de leurs
dépôts sous forme de réserves légales dont elles
sont interdites de les prêter à leurs clients potentiels. Les
réserves obligatoires sont calculées soit sur la base des
exigibilités, soit sur la base des concours.
La principale raison qui est à l'origine de
l'instauration du système des réserves obligatoires est le souci
d'assurer une liquidité des établissements de crédit
suffisante pour protéger les dépôts de la clientèle
(Bassoni et Beitone, 1997). Les augmentations des réserves obligatoires
peuvent servirent à favoriser la lutte contre l'inflation. Elles
exercent deux effets : Un effet réduisant la masse monétaire
garantie par un montant donné des réserves et un autre effet
diminuant le coefficient multiplicateur de la monnaie (Gillis et al, 1998).
Le premier effet pousse les banques à abaisser leurs
encours de crédit. Le second diminue la croissance de la masse
monétaire que provoquera toute adjonction ultérieure aux
réserves. On a: m = (c + 1) / ( c + k)
Avec : m = coefficient multiplicateur de la monnaie
c = le rapport de la monnaie en
circulation hors du réseau bancaire aux dépôts
k = le rapport des réserves aux
dépôts.
On constate donc que lorsque k augmente, automatiquement m
baisse, d'où l'effet des réserves sur la croissance de la masse
monétaire. Des changements même minimes du rapport des
réserves aux dépôts peuvent avoir des impacts
extrêmes sur les opérations des banques commerciales sauf si
celles-ci bénéficient d'un délai d'adaptation suffisant
(Gillis et al, 1998).
Le système des réserves obligatoires est
destiné à modifier le comportement du système bancaire et
à agir sur le coût de crédit. Selon Nubukpo (2003), le
système des réserves obligatoires comprend trois champs
d'interventions à savoir : le champ d'application des
réserves ; l'assiette de calcul et le coefficient des
réserves obligatoires.
2) L'encadrement du
crédit
L'encadrement du crédit vise à limiter la
progression des crédits distribués par les banques à
l'économie. Institué en France depuis 1958, l'encadrement de
crédits a été mise en oeuvre dans la période de
l'inflation grave (Salles, 1979). A travers cette politique, la banque centrale
impose aux banques le taux maximum de leurs encours de crédits, ce qui
limite les concours distribués par les banques. Par exemple, les
crédits consentis par une banque ne doivent pas dépasser à
la fin de chaque mois un montant calculé en multipliant l'encours de
base par un coefficient variable.
L'encadrement du crédit est un instrument radical dont
la manipulation révèle d'une grande méfiance
vis-à-vis des mécanismes de marché. Ce dispositif
contraignant alloue à chaque banque de second rang une enveloppe de
crédit à octroyer. Tout dépassement de la dite enveloppe
fait l'objet de sanctions. Cet instrument réduit le caractère
concurrentiel du marché du crédit, les parts de marché des
banques ne peuvent que faiblement évoluer et dans cette logique de
rationnement, les banques ont tendance à jouer la sécurité
et à privilégier leurs clients traditionnels (Bassoni et Beitone,
1997). Dans le même esprit interventionniste, l'Etat contrôle
l'évolution de la masse globale des crédits et influence
également la répartition des crédits entre les agents
économiques.
Cet instrument peut toutefois être utile pour combattre
l'inflation dans le pays qui ne souffrent pas de fort
déséquilibre des paiements extérieurs. Le plafonnement
général du crédit a peu de chance de diminuer sensiblement
l'inflation, si les pouvoirs publics ne prennent pas des mesures
parallèles pour réduire les déficits budgétaires,
qui sont classiquement les causes premières de l'inflation chronique,
aiguë et surtout galopante. Le plus souvent on ajoute au plafonnement du
crédit, des plafonds spécifiques limitant les prêts
à des secteurs donnés de l'économie. Cet instrument
complexe et contraignant n'est pas sans effet sur son orientation.
III - Action sur le taux de
change
Le taux de change est un indicateur des prix relatifs entre
pays. Il est par définition mesuré par la quantité ou le
nombre de devises que permet d'obtenir une unité de monnaie nationale.
C'est le prix d'une devise par rapport à une autre devise. Le taux de
change à travers son rôle vis-à-vis des grands
équilibres économiques constitue un élément
décisif pour l'élaboration de la politique monétaire et
pour le choix des objectifs qu'elle doit viser (Icard, 1983). Les
autorités publiques peuvent donc intervenir de trois
façons : intervention sur le marché de change,
contrôle de change et les modifications des parités.
1) Intervention sur le marché
de change
Une banque centrale peut influencer la liquidité d'une
économie à travers trois types d'intervention : achats des
devises étrangères sur le marché de change ;
prêts au trésor et refinancement des banques. Les
opérations sur le marché de change ne sont pas en
général conduites dans le but de faire varier la liquidité
de l'économie, mais dans celui de modifier les conditions propres
à ce marché (Aftalion et Losq, 1985).
En dehors des périodes de spéculation
monétaire, les différents taux d'intérêt entre les
places financières peuvent jouer un rôle déterminant sur
les mouvements des capitaux. Pour encourager la détention de la monnaie
nationale et provoquer des entrées des capitaux, les autorités
monétaires peuvent pratiquer des taux d'intérêt
élevés. Au contraire, pour décourager l'entrée des
capitaux c'est-à-dire les placements en monnaie nationale, elles vont
offrir une rémunération moindre que celle qu'on pourrait obtenir
à l'étranger, chose qui encourage la sortie des capitaux. Ce
mécanisme illustre bien l'effet des taux d'intérêt sur le
taux de change.
Les banques centrales peuvent également utiliser les
réserves de change qui servent de trésorerie publique en devises
d'un pays. Pour éviter une dévaluation ou une
réévaluation temporaire de sa devise sur le marché de
change, une banque centrale peut acheter et vendre elle-même sa propre
monnaie sur le marché contre des devises étrangères.
Ainsi, elle modifie l'équilibre spontané du marché
jusqu'à faire apparaître sur ce marché la parité
souhaitée. Pour le cas où la devise a tendance à se
déprécier, la banque centrale devra vendre des devises et acheter
sa propre monnaie, elle puisera alors dans ses réserves de change. Au
contraire, si la devise a tendance à s'apprécier, la banque
centrale devra vendre sa propre monnaie et acheter la devise, ce qui
accroîtra le volume de ses réserves.
2) Le contrôle de
change
C'est un principe qui consiste à soumettre à
autorisation tout achat ou toute vente de toute devise étrangère.
Le contrôle de change a une double fonction : lutter contre la
sortie des capitaux et empêcher l'entrée massive des capitaux.
Pour lutter contre les sorties spéculatives des
capitaux, les autorités monétaires doivent contrôler
à la fois les opérations courantes dont le règlement donne
lieu à des transferts des capitaux et les opérations
financières proprement dites.
Bien que ce soit pour lutter contre les sorties de capitaux
que le contrôle de change est mis en oeuvre, des mesures de celui-ci
servent parfois pour lutter contre la sortie excessives des capitaux
également.
3) Les modifications de parités
Lorsque la recherche de l'équilibre des
règlements extérieurs ne peut être satisfaite ni par des
mesures d'incitation, ni par les contrôles administratifs, il n'est plus
qu'une seule issue aux autorités monétaires qui consiste à
modifier le taux de change de la monnaie nationale.
Un pays dévalue sa monnaie en général,
lorsqu'il se trouve face à un déséquilibre structurel
grave de ses paiements extérieurs et à une très mauvaise
situation de compétitivité entre les prix de ses produits et ceux
des produits de l'étranger. La dévaluation intervient pour
créer des conditions de rééquilibrage des échanges
extérieurs du pays en difficulté, c'est-à-dire le pays qui
dévalue sa monnaie. L'échec d'une politique économique
peut être aussi cause d'une dévaluation. La dévaluation
peut revêtir plusieurs formes : explicite, implicite, offensive ou
défensive et à chaud ou à froid. La dévaluation a
des conséquences directes sur l'activité économique.
Un pays est poussé à réévaluer sa
monnaie lorsque celle-ci est sous-évaluée et génère
des pressions inflationnistes à la fois en raison de l'apparition d'un
déséquilibre structurel entre l'offre et la demande
intérieure. Parce qu'elle entraîne des entrées des capitaux
et donc une augmentation de la masse monétaire. Un pays dont la
compétitivité gène les autres est en outre souvent l'objet
des pressions internationales visant à l'inciter à
réévaluer sa monnaie.
Conclusion
En résumé, il est important de connaître
ce qu'on entend par politique monétaire avant de faire allusion à
ses instruments. Ainsi, nous avons défini la politique monétaire
selon différentes approches et nous avons exposé le
fonctionnement de la politique monétaire dans sa
généralité. Les instruments de la politique
monétaire étant utilisés dans le but d'atteindre des
objectifs, on est amené à connaître ces objectifs dans leur
majorité. D'une manière didactique, les instruments de la
politique monétaire ont été classifiés. Cette
classification et l'utilisation de ces instruments dépendent du cadre
théorique et l'orientation de la politique monétaire choisie par
les autorités monétaires. Tous ces instruments ne peuvent
être utilisés dans une économie simultanément, c'est
ainsi qu'on ne retrouve pas certains de ces instruments dans d'autre pays.
De plus, la pratique de la politique monétaire est bien
différente de la théorie.
CHAPITRE II : LES RELATIONS ENTRE LES
INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE, LA STABILITE DES PRIX ET LA CROISSANCE
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
Après avoir défini le concept de politique
monétaire et présenter ses instruments et objectifs dans le
premier chapitre, il est dès lors important de présenter les
différentes relations qui existent. Avec la libéralisation
financière, la politique monétaire s'appuie sur des instruments
indirects pour atteindre ses objectifs. Dès lors, pour que la politique
monétaire exerce, une influence significative sur le secteur
réel, il convient de connaître quelle relation existe entre ces
concepts.
Les facteurs tels que la croissance et l'inflation sont d'une
grande influence dans le secteur réel. Ainsi, dans le cadre du Cameroun,
le présent chapitre s'attache à décrire les
différentes relations existantes entre les instruments de la politique
monétaire de la BEAC d'une part avec la croissance économique et
d'autre part avec l'inflation. L'accent sera mis sur la politique
monétaire après 1990, période de l'application de la
nouvelle stratégie de la politique monétaire dans la zone
BEAC.
Dans ce chapitre, nous présentons les relations
existant entre la politique monétaire dans la zone BEAC et l'inflation
à la première section et la croissance économique au
Cameroun dans une deuxième section.
Section I : Les effets de la politique
monétaire de la zone BEAC sur la stabilité des prix au
Cameroun
Le spectre de l'inflation excessive des
années 1970 a placé la stabilité des prix au premier plan
lors de la détermination des objectifs de la politique
économique. Pour soutenir cette nouvelle orientation, plusieurs
arguments ont été avancés. L'objectif principal de la
politique monétaire de la zone BEAC est la stabilité
monétaire c'est-à-dire la préservation de la valeur
interne et externe de la monnaie. Cette politique a connue depuis 1972 une
modification importante en 1990, qui a été renforcée par
la mise en place de certaines institutions en 1994.
Le but clé de la politique monétaire de
plusieurs banques centrales est le maintien d'un taux d'inflation faible. Mais
dans une économie orientée vers le marché, la banque
centrale ne peut pas contrôler directement l'inflation, c'est ainsi
qu'elle utilise des instruments indirects comme les taux d'intérêt
(Hoggarth, 1996). Les pays de l'Afrique centrale ont adoptés la doctrine
économique libérale, la tendance actuelle de leur politique
monétaire est d'abandonner les instruments directs au profit des autres
instruments indirects conformément à cette doctrine.
Dans cette section, nous étudions l'évolution
de la politique monétaire de cette zone monétaire avant 1990
d'une part et d'autre part nous présentons la relation existant entre
l'inflation et la politique monétaire au Cameroun.
I - Evolution de la politique monétaire de la
zone BEAC avant 1990
Les modifications apportées à
la politique monétaire dans la zone BEAC à la fin des
années 80 sont étroitement liées au contexte de crise
générale, dans lequel entrent les économies de la sous
région. L'entrée dans la crise se traduit par l'apparition d'un
déficit important qui croîtra d'année en année, pour
se situer à 12% du PIB au Cameroun (Bekolo Ebe, 1997). De plus, le
resserrement de la contrainte extérieure se traduit par un important
déficit de la balance des opérations courantes et des tensions
inflationnistes qui tendront à s'accroître de plus en plus. Cette
crise se traduit par l'effondrement du système financier et de la baisse
de la crédibilité du système bancaire. Cette crise
conduira à la liquidation de certaines banques, ce qui explique la mise
en place d'un plan de restructuration du système bancaire. Ce plan va
s'inscrire dans un cadre plus général de la refonte de la
politique monétaire.
1) Les instruments de la politique monétaire de
la zone BEAC avant 1990
En effet, élaborées au
début des années 70 les dispositions statutaires de la BEAC ont
une orientation administrative. C'est-à-dire orientées vers une
économie dirigée et caractérisées par la recherche
très marquée du développement (politique monétaire
de la BEAC). A cette époque, les pouvoirs publics des pays membres de la
BEAC avaient une pensée économique
« progressiste » et croyaient aux vertus du plan.
C'est ainsi, qu'ils semblaient être bon pour eux de financer le
développement économique par la création
monétaire.
Les instruments utilisés entre 1972 et 1990 par la
BEAC pour la conduite de la politique monétaire dans le sens voulu par
les pouvoirs publics sont en majorité des instruments directs. Ces
instruments sont : les taux d'intérêt, les plafonds globaux
de réescompte, les réserves obligatoires et surtout le
contrôle qualitatif ou sélectif du crédit qui constituait
le trait dominant de la politique monétaire et du crédit au cours
de cette période (Mamalepot, 2004).
a) La politique des taux
d'intérêt
La politique des taux d'intérêt
menée par la BEAC au cours de cette période devait apporter un
soutien monétaire au développement, c'est-à-dire aux
initiatives économiques des trésors, des entrepreneurs et
particuliers nationaux.
Dans le cadre de l'orientation de cette politique
monétaire, les autorités de la banque centrale avaient
adopté une approche keynésienne des taux d'intérêt.
C'est-à-dire une approche des taux d'intérêt basée
sur le postulat selon lequel le taux d'intérêt joue un rôle
déterminant dans les décisions d'investissement (Mamalepot,
2004). Un taux d'intérêt faible accroît l'investissement,
par contre un taux d'intérêt élevé le
décourage.
Pour ce fait, la BEAC s'était engagée dans une
politique de taux d'intérêt faible et stable. Malgré la
pression de l'environnement international, il n'y a eu que quelques rares
réajustements.
Cette politique des taux d'intérêt favorisait
beaucoup plus le développement à travers la production
qu'à travers le maintien de la stabilité des prix. C'est ainsi
que certaines mesures sélectives en faveur des entrepreneurs nationaux
pour promouvoir certains secteurs jugés prioritaires,
complétaient la politique des taux d'intérêt. Même si
les taux étaient utilisés explicitement pour favoriser le
développement, implicitement ces taux d'intérêt devaient
servir également à maîtriser l'inflation. Mais, avec la
hausse interne des prix et la conjoncture cette politique des taux
d'intérêt s'est avérée rigide. La politique du taux
d'intérêt de la BEAC au cours de cette période
était composée de trois taux d'intérêt :
- le taux des avances aux trésors nationaux,
applicable conformément à l'ancien statut aux avances directes
consenties par la BEAC aux trésors des pays membres.
- le taux d'escompte privilégié (TEP), un taux
de faveur réservé à certaines catégories
d'opération et particulièrement les secteurs de production
jugés prioritaires.
- le taux d'escompte normal (TEN), c'est le taux de droit
commun.
Un taux de pénalité supportés par les
banques en infraction et par les trésors nationaux dépassant le
plafond statutaire des avances, s'ajoute à ces trois principaux taux.
b) Les plafonds globaux de
réescompte
La BEAC au cours de la période 1972-1990 avait pour
instrument principal de sa gestion monétaire les plafonds globaux. A
travers cet instrument, elle fixait pour chaque Etat membre le montant maximum
des concours à court terme et à moyen terme qu'elle pouvait
consentir aux banques de second rang. Selon Mamalepot (2004),
« ces plafonds faisaient l'objet d'une répartition
administrative très détaillée par terme, par nature et par
banque ». Cette répartition rendait la gestion des
plafonds un peu facile.
Les préoccupations de la politique de crédit
ont conduit à créer de nombreuses exceptions à ces
plafonds globaux de réescompte. C'est ainsi qu'on avait le TEP qui
était appliqué aux secteurs jugés prioritaires et le taux
de pénalité appliqué aux banques en infraction.
Le champ de détermination de ces plafonds globaux
était exclusivement les déficits de trésorerie
communiqué par les banques et qui faisaient l'objet d'un
relèvement automatique par les organes de décision de la BEAC. En
dépit de l'unique baisse opérée en 1988, ces plafonds ont
la plupart de temps été revus à la hausse.
c) Le système des
réserves obligatoires non rémunérées et les
dépôts spéciaux
Les réserves obligatoires sont par définition,
les réserves minimums que les banques de second rang sont contraintes de
maintenir disponibles auprès de la banque centrale (Stiglitz, 2000).
Ceci pour protéger les dépôts de la clientèle.
Ainsi, conformément à l'article 25 de ses statuts et sur conseil
d'administration, la BEAC pouvait imposer aux banques et aux
établissements financiers la constitution des réserves
obligatoires déposées auprès d'elle.
Les réserves obligatoires ont été
également utilisées comme un outil de sanction à
l'égard des banques ayant consenti des crédits au delà des
limites qui avait été fixées. C'est ainsi que lors de
l'exécution du plan de stabilisation de 1977 à 1979, au Gabon le
comité monétaire national avait astreint, à titre de
sanction, les banques ayant consenti des crédits dépassant les
limites qui leur avaient été fixées, à constituer
auprès de la BEAC des réserves obligatoires non
rémunérées pour un montant égal au
dépassement constaté (Mamalepot, 2004). Pour les banques qui
entretenaient des avoirs injustifiés auprès des correspondants
extérieurs, elles doivent constituer auprès de la BEAC des
dépôts non rémunérés pour un montant
égal au montant de ces avoirs.
D'autre part afin d'éviter la sortie des capitaux hors
de la zone d'émission, les autorités monétaires avaient
adopté un mécanisme de réserves
rémunérées ou dépôts spéciaux, dont
peuvent bénéficier les banques n'ayant pas d'engagement
vis-à-vis de la BEAC. Ceci afin que ces banques ne puissent pas placer
hors de la zone BEAC leurs disponibilités excédentaires. Le taux
de rémunération de ce dépôt était égal
au TEN de la BEAC moins un quart de point.
d) Le contrôle qualitatif du
crédit
C'est un instrument qui réduit le caractère
concurrentiel du marché du crédit, les parts de marché des
banques ne peuvent que faiblement évoluer (Bassoni et Beitone, 1997).
L'Etat contrôle l'évolution de la masse globale des crédits
pour influencer la répartition entre différents secteurs, afin de
soutenir les secteurs et opérations jugés prioritaires (PME
nationales, campagnes agricoles, habitat social, etc.). La BEAC pratiquait dans
ce sens à une grande échelle la politique sélective du
crédit. Elle utilisait principalement trois instruments : les taux
d'intérêt et marges bancaires, la sélectivité des
plafonds de réescompte et les limites individuelles.
2) Les objectifs de la politique
monétaire de 1972 à 1990
Dans les statuts de 1972 qui régissaient le
fonctionnement de la BEAC à cette période, l'objectif final de la
politique monétaire n'était pas explicitement
énoncé (Mamalepot, 2004). Toutefois, compte tenu des orientations
générales de l'époque, notamment le renforcement du
rôle de la BEAC dans le financement du développement et les
mécanismes de financement de faveur mis en place pour les secteurs dits
privilégiés et prévus par les textes, il est facile
d'avancer que l'objectif final de la BEAC était le développement
économique.
A cette époque, en l'absence d'un cadre
cohérent de formulation de la politique monétaire comme la
programmation monétaire, il n'y avait pas d'objectifs ou cibles
intermédiaires déclarés. La stratégie de la
politique monétaire à cette époque se basait sur les
instruments directs pour atteindre l'objectif ultime à savoir le
développement économique.
Durant la période 1972-1990, l'objectif de
stabilité des prix dans la zone BEAC, n'était pas explicite. La
création de monnaie par le système bancaire et surtout le
processus de mise à disposition de l'économie de la
liquidité centrale n'était pas bien maîtrisé, c'est
pourquoi la nouvelle stratégie se base sur la programmation
monétaire qui permet de lier la création de monnaie aux besoins
de l'économie (Bekolo Ebe, 1997). Or si la création de monnaie ne
respecte pas les contraintes du maintien des équilibres
nécessaires, en ce qui concerne la contrainte extérieure et la
dépense publique, elle peut être source de l'inflation.
La politique monétaire appliquée à cette
période a présenté plusieurs insuffisances. C'est ainsi
que des réformes ont été introduites depuis le 16 octobre
1990.
II - Les instruments de la stratégie
rénovée de la politique monétaire de la zone BEAC et la
stabilité des prix
Tirant des leçons des insuffisances de l'ancien
système, la nouvelle politique monétaire mise en oeuvre repose
sur des mécanismes et des instruments complémentaires. Ces
instruments sont moins rigides car fondés sur les principes et les
règles du marché. La BEAC a ainsi remplacé les instruments
directs par des instruments indirects de la politique monétaire.
Après ces réformes, la BEAC a recentré son objectif final
sur la stabilité monétaire et utilise alors des objectifs
intermédiaires.
1) Les objectifs de la politique
monétaire de la zone BEAC après 1990
Dans le cadre de nouveaux statuts de la BEAC, sa
stratégie de politique monétaire devient plus complète
avec un cadre de formulation de la politique monétaire
c'est-à-dire la programmation monétaire, un objectif final (la
stabilité monétaire), deux objectifs intermédiaires
à savoir les crédits à l'économie et la masse
monétaire M2 et la BEAC dispose désormais de trois
instruments pour ses interventions.
a) L'objectif final
Dans les nouveaux textes de la BEAC, l'objectif final de la
politique monétaire est la stabilité monétaire
c'est-à-dire la couverture extérieure de la monnaie et une faible
inflation. Ceci ne veut pas pour autant dire que la BEAC a tourné le dos
à son ancien objectif c'est-à-dire le développement. Mais
c'est la conception du développement qui change au niveau de l'institut
d'émission (Mamalepot, 2004). La BEAC soutient le développement
économique à travers un cadre de stabilité
monétaire propice aux activités économiques. De plus, dans
le cadre du compte d'opération entre la France et la BEAC, la recherche
de la stabilité des prix apparaît comme un objectif susceptible
d'assurer la souténabilité à long terme du taux de change
et la compétitivité des économies de la zone (Nubukpo,
2003).
Pour l'objectif de stabilité des prix, un taux
d'inflation bas est préféré pour la
prospérité de l'économie. La mesure de l'inflation a
toujours posée un problème, celui de savoir le niveau d'inflation
souhaité. Pour cela, l'objectif de stabilité des prix est
rarement assimilé à celui de l'inflation zéro. Pour la
communauté, la BEAC a fixé pour norme un taux d'inflation cible
en moyenne annuelle un taux moins de 3%. Par exemple en 2004, la
prévision d'inflation des pays membres de la BEAC se situait autour de
2%6(*). Selon les
études de la BEAC, la baisse de l'inflation au Cameroun s'est poursuivie
depuis l'exercice 1995/1996 pour se situer à 0,4% en 2004. Le graphique
ci-dessous illustre cette baisse jusqu'en 2000.
Taux d'inflation
Années
Source : Annuaire statistique du Cameroun 2000
Graphique 1 : Taux
d'inflation en moyenne annuelle du Cameroun et la zone CEMAC
L'augmentation des ressources du système s'est
consolidée depuis 1996. De même s'agissant des contreparties des
ressources du système monétaire, les avoirs extérieurs
nets enregistrent une forte progression. Ainsi par exemple en 2000, on avait
une hausse de près de 131% des avoirs extérieurs au Cameroun. En
2004, on a un taux de couverture extérieure de la monnaie de 72,3% dans
la zone BEAC, ce qui est largement au dessus du seuil minimum de couverture,
qui est de 20%.
b) Les objectifs intermédiaires
Les objectifs intermédiaires sont des variables
monétaires qui servent à transmettre l'action des
autorités monétaires sur les instruments de la politique
monétaire aux objectifs finals. Les objectifs intermédiaires
servent de point d'application des instruments de la politique monétaire
pour la réalisation des objectifs finals de celle-ci (Descamps, 1997).
Le choix des objectifs intermédiaires dépend de la vision des
autorités monétaires de l'action de la monnaie sur
l'économie.
Avec la programmation monétaire introduite depuis les
reformes de 1990, la BEAC procède à l'élaboration des
normes de progression des agrégats retenus comme objectif
intermédiaires. La BEAC a deux objectifs intermédiaires sur
lesquels, elle agit pour atteindre ses objectifs finaux qui sont : la
stabilité des prix et la couverture extérieure de la monnaie. Ces
objectifs intermédiaires sont : les crédits à
l'économie et la masse monétaire M2.
La masse monétaire agit en partie sur la
stabilité des prix. En 2004, le taux de croissance annuel de la masse
monétaire était de 7,9% pour la CEMAC. Le crédit à
l'économie influence la hausse des prix à travers la
liquidité offerte à l'économie. Ainsi en 2004, le taux de
croissance annuelle des crédits à l'économie était
de 33,5% dans la zone BEAC.
La BEAC utilise trois instruments de la politique
monétaire pour agir sur ces objectifs intermédiaires et atteindre
son objectif final, une fois que ces objectifs arrêtés.
2) L'influence des instruments de la nouvelle
stratégie de la politique monétaire de la zone BEAC sur
l'inflation au Cameroun
Une fois les objectifs de la politique monétaire
arrêtés, l'institut d'émission dispose de trois instruments
indirects pour conduire ses interventions. Ces instruments permettent à
la banque centrale d'agir sur la liquidité des banques d'une part et
d'autre part de contrôler les crédits distribués par ces
banques. L'ensemble des instruments de la politique monétaire de la BEAC
est constitué de : la politique des taux d'intérêt,
les réserves obligatoires et la gestion de liquidité dans le
contexte du marché monétaire.
a) La gestion de liquidité dans le contexte du
marché monétaire
Depuis l'instauration du marché monétaire le
1er juillet 1994, la BEAC procède régulièrement
à l'alimentation des établissements de crédit en monnaie
centrale par des injections de liquidités. Par contre, elle diminue la
liquidité des banques en rachetant la monnaie centrale aux banques
contre des certificats BEAC, ce qui permet à la banque centrale de
ponctionner la liquidité. Ce mécanisme d'appel d'offre plus
souple et concurrentiel pour l'allocation des ressources a remplacé le
système de répartition administrative des plafonds globaux.
Le marché monétaire constitue un instrument
privilégié pour la gestion de trésorerie bancaire. Ceci
permet à la banque centrale de lutter contre l'inflation indirectement
à travers la liquidité des banques. Ainsi, selon Nubukpo (2003),
le volume et la nature des interventions de la banque centrale sont
déterminés en fonction des orientations que celle-ci se propose
de donner au marché et au comportement des banques, au regard de ses
objectifs en matière de politique de la monnaie et du crédit.
Lorsque les prix augmentent du fait de la liquidité
bancaire, la banque centrale intervient sur le marché monétaire
en émettant des certificats BEAC, pour procéder à des
ponctions de liquidités. A l'inverse, elle injecte de liquidités.
Cet instrument peut être appuyé par un système des
réserves obligatoires destiné à modifier le comportement
du système bancaire et agir sur le coût du crédit.
b) Les réserves obligatoires
Conformément à ses statuts et sur
décision du conseil d'administration, la BEAC peut imposer aux
établissements de crédit la constitution de réserves
obligatoires déposées auprès d'elle. Le système des
réserves obligatoires sert à modifier le comportement du
système bancaire et à contrôler la distribution des
crédits par les banques de second rang.
La BEAC avec l'instauration du marché
monétaire, utilise le mécanisme d'appels d'offres négatifs
en émettant des certificats BEAC pour éponger les
liquidités excédentaires. Cette méthode permet à la
banque centrale de réguler la liquidité globale sans gêner
le compte d'exploitation des banques et en même temps de protéger
les avoirs en compte d'opération. Les réserves obligatoires ne
sont valables qu'en cas de dernier recours dans une situation extrême de
forte surliquidité bancaire.
c) La politique des taux
d'intérêt
Les reformes de 1990, ont permis d'éliminer certaines
insuffisances constatées dans la gestion des taux d'intérêt
au cours de la période précédant 1990. Ces reformes ont
également permis d'introduire plus de souplesse et de rationalité
dans la gestion des taux d'intérêt. Ainsi, la structure des taux
d'intérêt se trouve profondément modifier avec la
suppression de certains taux de faveur (Bekolo Ebe, 1997). Le principe de base
devient celui de la négociation des taux entre banques et clients
où les conditions d'offre et de demande sur le marché
interviennent. La politique des taux d'intérêt d'après
1990, repose sur les principes suivants :
- la suppression des taux de réescompte et leur
hiérarchie sectorielle, au profit des taux d'intérêt du
marché monétaire (TIAO et TIPP)
- l'instauration d'un taux d'intérêt
interbancaire (TMP), qui est déterminé sur le compartiment
interbancaire par la libre négociation entre les établissements
de crédit.
- l'introduction d'une plus grande flexibilité dans le
maniement des taux d'intérêt, désormais fixés par le
gouverneur de la BEAC, compte tenu de la conjoncture internationale, des
évolutions du marché monétaire et de la situation
économique et financière des Etats membres.
- la libéralisation des conditions des banques.
Depuis ces reformes, la gestion des taux
d'intérêt est devenue plus dynamique et souple. Par ailleurs avec
l'entrée en vigueur du marché monétaire, la loi de l'offre
et de la demande contribue à la détermination des taux
d'intérêt du compartiment interbancaire. Ainsi, la banque centrale
manipule ces différents taux d'intérêt pour agir sur la
liquidité bancaire, à travers laquelle elle cherche à
maîtriser l'inflation. Suite à une évaluation empirique de
la sensibilité du coût de refinancement des banques aux taux
d'intérêt directeurs de la BCEAO, Diop7(*) a abouti à la conclusion
selon laquelle :
- le taux d'intérêt du marché
monétaire exerce à court terme une influence significative sur
les taux débiteurs des banques. Par contre à long terme, son
impact est faible ;
- le taux de prise en pension (TIPP) de la banque centrale
semble être l'instrument de la politique monétaire qui, à
long terme influe sur l'évolution des conditions débitrices des
établissements de crédit.
Nubukpo (2003) quant à lui dans le cadre de l'Afrique
de l'Ouest trouve que les taux d'intérêt directeurs retenus
c'est-à-dire le taux du marché monétaire et le taux de
prise en pension (TIPP) sont supposés être négativement
reliés à l'évolution du niveau général des
prix. Il utilise cette équation :
Log IPC = - á â1b1IM -
áâ1b2IPS +
(áâ1b3 + áâ2 -
áâ1b4) log PIBR -
áâ2log PIBR* + (1- á) log IPM.
Avec IPC = indice des prix à la consommation
IM = le taux d'intérêt du
marché monétaire
IPS = le taux de prise en pension
PIBR = le PIB réel
PIBR* = le PIB potentiel
IPM = indice des prix à l'importation.
Les taux d'intérêt directeurs sont les taux
d'intérêt pratiqués par les banques centrales pour leurs
opérations sur le marché monétaire. Ces taux
d'intérêt sont en fait utilisés indirectement pour
maîtriser l'inflation (Hoggarth, 1996). Compte tenu du recul durable des
pressions inflationnistes et du souci des autorités de relancer la
croissance, les taux d'intérêt directeurs de la BEAC restent
orientés à la baisse8(*).
De ce qui précède, on constate que
l'augmentation des différents taux d'intérêt d'intervention
de la BEAC sur le marché monétaire engendre dans tous les pays de
la zone une diminution de l'inflation. Ainsi, nous formulons l'hypothèse
suivante :
H1 : les taux d'intérêt
directeurs de la BEAC influencent négativement l'inflation
Section II : La nouvelle stratégie
de la politique monétaire de la zone BEAC et la croissance
économique au Cameroun
La politique monétaire de la zone BEAC s'est
manifestée avant 1990 à travers la recherche du
développement économique. C'est ainsi qu'une forte croissance des
pays membres a suivi, pour le Cameroun par exemple on avait un taux de
croissance de 7,8% en terme réel avant la crise économique des
années 80 (Bekolo Ebe, 1997). L'entrée dans la crise, qui
s'était traduite par l'apparition d'un déficit important a
été à l'origine des reformes de la politique
monétaire à partir de 1990.
La nouvelle stratégie de politique monétaire
n'a pas pour objectif d'une manière explicite la croissance
économique, mais elle soutient la croissance économique à
travers une stabilité monétaire. Pour cerner la relation existant
entre la nouvelle stratégie de la politique monétaire et la
croissance économique, il est nécessaire de connaître son
cadre d'application avant d'appréhender la relation existant entre ses
objectifs et la croissance économique.
I - Le cadre d'application de la politique
monétaire de la BEAC
Une politique monétaire n'à d'efficacité
que pour autant que les autorités monétaires édictent des
règles et normes permettant d'assurer l'équilibre du
système et mettent en place des mécanismes et structures
permettant d'assurer une bonne application (Bekolo Ebe, 1997).
On a ainsi, depuis les réformes de 1990 assisté
à une refonte des textes de base, permettant une bonne application de
la politique monétaire. Les querelles relatives à
l'efficacité de la politique monétaire et celle des statuts de la
banque centrale sont indissociables. Nous traiterons de l'indépendance
de la banque centrale et de la programmation monétaire.
1) L'indépendance de la banque
centrale
Une façon de restaurer la crédibilité de
la politique monétaire consiste à l'isoler des pressions
politiques. Il s'agit d'un arrangement institutionnel qui donne à la
banque centrale plus d'indépendance dans la détermination et la
mise en oeuvre de la politique monétaire. Ainsi, l'efficacité de
la politique monétaire ne peut être séparée du
problème des statuts de la banque centrale. On parlera de
« politisation » des autorités
monétaires lorsque celles-ci sont étroitement soumises aux
pouvoirs politiques (Bassoni et Beitone 1997). Aujourd'hui,
l'indépendance de la banque centrale vis-à-vis du pouvoir
politique et la stabilité des règles d'intervention sont les
bases de la conception de la politique monétaire. L'indépendance
d'une banque centrale dépend de certains critères tels
que :
- le premier critère est d'ordre statutaire, en
principe, à part le gouverneur qui est généralement
nommé par les pouvoirs publics les autres membres sont
désignés par le conseil d'administration ;
- un autre critère décisif d'indépendance
de la banque centrale réside dans le pouvoir d'élaborer et de
mettre en oeuvre la politique monétaire.
A ces deux critères on peut ajouter la
multinationalité. La BEAC, une banque multinationale remplit tous ces
critères d'indépendance. Le degré d'indépendance
est mesuré par un indice d'indépendance. L'indice
d'indépendance légale est la somme de deux indices :
l'indice d'indépendance politique, qui reflète l'autonomie de la
banque centrale dans la détermination des objectifs de la politique
monétaire et l'indice d'indépendance économique, qui
retrace la capacité des autorités monétaires à
utiliser les instruments de la politique monétaire pour réaliser
ces objectifs. L'indice d'indépendance légale de la BEAC est de 9
avec 4 pour l'indice d'indépendance politique et 5 pour l'indice
d'indépendance économique9(*).
La politique monétaire de la BEAC, s'inscrit dans un
cadre institutionnel et organisationnel bien précis. Dans le cadre
institutionnel, la politique monétaire repose sur plusieurs textes et le
statut de la BEAC. Sur le plan organisationnel, il existe des organes de
décisions et de contrôle, ce qui contribue à la
crédibilité de la politique monétaire.
2) La programmation monétaire
La programmation monétaire qui sert de cadre de
détermination macro-monétaire et de crédit de la banque
centrale a été mise en oeuvre depuis 1991 dans la zone BEAC.
Cette mise en oeuvre s'explique par la nécessité d'éviter
« la navigation à vue » en matière
de politique monétaire. La programmation monétaire permet de
formuler la politique monétaire sur la base d'un cadre
macroéconomique prévisionnel.
La programmation monétaire a pour but principal
d'établir des prévisions annuelles et trimestrielles des
agrégats monétaires et de déterminer les objectifs de
refinancement de la banque centrale par pays. La démarche à
suivre dans la programmation monétaire intègre explicitement les
éléments de l'activité économique (PIB), de
couverture extérieure de la monnaie (balance des paiements) et de la
situation des finances publiques.
Ainsi la programmation monétaire permet à la
banque centrale de participer à la croissance économique de tous
les pays membres en tenant compte du PIB. Elle permet de plus à la
banque centrale chaque année à l'avance d'attirer l'attention des
autorités des pays membres sur l'implication monétaire de leurs
choix économiques et surtout budgétaires. A travers la
programmation monétaire, la BEAC fixe en debut d'année, les
objectifs monétaires et de crédit qu'elle s'efforce pour
atteindre.
II - La relation entre croissance économique
et objectifs de la politique monétaire de la zone BEAC
La croissance économique est aperçue à
travers la croissance du PIB. La croissance économique à travers
ses bienfaits est l'objectif primordial pour toute politique économique,
que cela soit directement ou indirectement. Il est clair que la croissance
économique occupe une place de choix dans le
« carré magique » de Kaldor. Les objectifs
de la politique monétaire de la BEAC depuis les années 1972
tournent autour de la croissance économique d'une manière
explicite ou implicite.
1) La situation avant 1990
Avant 1990, l'objectif de la politique monétaire
n'était pas explicitement énoncé par les textes. Mais au
regard des mécanismes de financement mis en place en faveur des secteurs
privilégiés, il est facile d'avancer que l'objectif final de la
politique monétaire de la BEAC à cette période
était le développement économique.
La contribution de la BEAC au développement
économique se manifestait en ce temps à travers le financement
des initiatives économiques des trésors nationaux, des PME
nationales et des particuliers nationaux. Dans le langage courant, on assimile
la croissance dans un pays en développement comme le Cameroun, au
développement lui même. Le développement économique
est un concept qui est déterminé par plusieurs facteurs dont la
croissance du PIB, c'est-à-dire la croissance économique est un
déterminant important.
Au cours de cette période, le financement du
développement économique par la création monétaire
était une préoccupation majeure, elle était inscrite dans
les statuts de la banque centrale. Ainsi, la BEAC offrait des découverts
en compte courant en faveur des Etats avec une durée ne dépassant
pas douze mois et des refinancements des crédits à moyen terme
destinés aux entreprises publiques, semi-publiques et privées. La
BEAC finançait les opérations des Etats membres dont l'objet
était la croissance économique (Mamalepot, 2004). Il s'agit
là des crédits d'investissement dont la durée maximale de
remboursement était fixée à dix ans. En clair,
à cette période l'objectif recherché était la
croissance économique.
2) Les objectifs de la nouvelle stratégie de
la politique monétaire de la BEAC et la croissance
économique
La nouvelle stratégie de la politique monétaire
a pour objectif final : la stabilité monétaire,
c'est-à-dire la couverture extérieure de la monnaie et une faible
inflation. Cet objectif final ne veut pas dire pour autant que la BEAC a
tourné le dos au développement économique. Mais la BEAC
cherche un développement économique solide en créant un
cadre de stabilité monétaire propice aux activités
économiques dans la zone.
La stabilité des prix c'est-à-dire une faible
inflation est une source de croissance économique. Une inflation
élevée a plusieurs effets sur la consommation pour les
consommateurs et pour les producteurs, elle influence négativement le
niveau de production. Ainsi donc en cherchant à maintenir les prix
stables, la BEAC contribue indirectement à la croissance
économique.
Pour atteindre ses objectifs finals, avec la programmation
monétaire, la BEAC utilise deux objectifs intermédiaires à
savoir : la masse monétaire M2 et les crédits
à l'économie. Ces deux objectifs intermédiaires sont
directement liés à la croissance économique, car leurs
effets sont directs sur l'activité économique.
Plusieurs études ont été menées
pour mesurer ou voir l'influence particulièrement de la masse
monétaire sur la croissance économique. C'est ainsi qu'en 1985,
Andely10(*) a
utilisé la masse monétaire pour mesurer son influence sur la
croissance économique dans quatre pays de l'Afrique centrale, dont le
Cameroun. Il a utilisé les équations suivantes :
Log (Yt/Pt) = a0 +
a1log Mt-2 + Ut pour le Cameroun.
Log (Yt/Pt) = a0 +
a1log Mt-1 + Ut pour les autres pays.
Avec Yt/Pt : PIB réel
(Yt : le PIB, Pt : indice des prix à la
consommation).
Ut : l'erreur et Mt : la
masse monétaire.
Il parvient à la conclusion que la masse
monétaire exerce une influence positive sur la croissance réelle
du PIB. Dans le même sens, Paho (2005) a utilisé une
régression multiple pour étudier la relation existant entre la
politique monétaire et la croissance économique au Cameroun. Elle
obtient une relation positive entre la croissance économique et la
croissance de la masse monétaire à la période courante et
à la période décalée.
Les néoclassiques admettent que l'augmentation de la
masse monétaire peut faire augmenter la production, mais d'une
manière temporaire. Pour eux, il faut fixer les quantités de
monnaie pour que les prix n'augmentent pas.
Dans le souci de compléter les enseignements des
études ci-dessus mentionnées et d'effectuer une évaluation
de l'impact de la variation de la masse monétaire sur l'activité
économique, nous formulons l'hypothèse suivante :
H2 : la croissance de la masse
monétaire a un impact faible sur la croissance économique au
Cameroun.
Conclusion
Après avoir défini les différents
concepts au premier chapitre, nous avons établi les différentes
relations existant entre la politique monétaire et la stabilité
des prix d'une part et d'autre part celle avec la croissance économique.
Nous nous basons sur le contexte de la zone BEAC en général et en
particulier le Cameroun. Ces relations ont été prouvées
par plusieurs recherches menées dans ce domaine et dans d'autres
régions. Dans notre cas, notre étude sera focalisée sur
les hypothèses ci-dessus.
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE EMPIRIQUE DE L'EFFICACITE DES INSTRUMENTS DE LA
POLITIQUE MONETAIRE UTILISES AU CAMEROUN PAR RAPPORT AUX OBJECTIFS DE STABILITE
DES PRIX ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE
Introduction
Tout au long de la première partie, il a
été question pour nous de rappeler les différents concepts
et relations théoriques qui rentrent dans le cadre de notre travail.
Cette deuxième partie sera consacrée à
la vérification empirique des différentes relations
déjà évoquées et notamment dans le cas du Cameroun.
Dans un premier chapitre de cette partie, nous identifierons les
différentes relations et modèles nous permettant de trouver des
réponses tant du point de vue de l'objet que des intérêts
de notre recherche. Le deuxième chapitre sera consacré quant
à lui à la présentation, l'interprétation de nos
résultats et les conclusions qui suivent ces différents
résultats.
CHAPITRE III : IDENTIFICATION EMPIRIQUE DES
RELATIONS EXISTANT ENTRE LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE ET LES
OBJECTIFS DE LA STABILITE DES PRIX ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU
CAMEROUN
Toute étude économique doit être
prouvée empiriquement. L'étude empirique d'un
phénomène économique passe par l'utilisation d'un
modèle spécifié et adapté à ce
phénomène. Pour le modèle d'évaluation
économique, les variables économiques occupent une place
importante, car elles constituent un outil statistique indispensable à
la vérification empirique d'une recherche. Ainsi dans le cadre de notre
recherche, nous aurons des variables qui seront expliquées par d'autres
variables. Tout en gardant la démarche méthodologique choisie
dans le cadre de ce travail, nos variables seront issues des concepts de nos
hypothèses et les différentes relations qui existent entre
ceux-ci. Nous nous attèlerons à mettre en place des
modèles économétriques traduisant les concepts
théoriques et les relations qui existent.
Dans ce chapitre, nous identifierons les relations entre les
instruments de la politique monétaire et la stabilité des prix
d'une part et la croissance économique d'autre part. Ainsi, dans la
première section, nous spécifierons les modèles à
utiliser dans ce travail de recherche. La deuxième section sera
consacrée à l'analyse de l'effet de la politique monétaire
sur ces deux objectifs.
Section I: Spécification des
modèles d'analyse
La spécification des modèles nous permettra de
dégager les déterminants quantitatifs de l'inflation et de la
croissance économique. Dans cette section, nous allons examiner
successivement les modèles et les variables retenus dans le cadre de ce
travail.
I - Le modèle utilisé pour l'analyse de
l'inflation
Le but clé de la politique monétaire de
plusieurs banques centrales est de maintenir le taux d'inflation faible. Mais,
dans une économie de marché, la banque centrale ne peut pas
contrôler directement l'inflation, c'est ainsi qu'elle utilise des
instruments comme le taux d'intérêt. Des études empiriques
ont montré que le taux d'inflation est associé à plusieurs
variables.
1) L'équation de l'inflation
On parle de stabilité des prix lorsque l'inflation est
faible pour influencer les décisions des agents économiques. Le
taux d'inflation correspond à l'augmentation en pourcentage que les prix
moyens enregistrent au cours d'une année. Le maintien de taux
d'inflation bas contribue à instaurer un climat favorable à la
modération des taux d'intérêt aux investissements
productifs à long terme, ce qui stimule la croissance économique
et la création d'emploi.
Plusieurs études empiriques ont été
menées sur l'impact de la politique monétaire sur l'inflation.
C'est ainsi que Black et al (1998) pour analyser les coûts et les
avantages de la stabilité des prix au Canada, ont utilisé un
modèle trimestriel de prévision qui comprend une fonction
endogène de réaction de politique monétaire. Ils ont
trouvé que la banque centrale ne peut maîtriser directement
l'inflation, les chocs que subit l'économie se répercutent sur
celle-ci. La politique monétaire fait sentir donc ses effets sur
l'inflation avec retard. Couramment pour évaluer les coûts
liés à la réduction de l'inflation, la méthode
employée consiste à estimer une courbe de Phillips.
L'équation d'inflation retenue dans la présente
étude dérive du modèle utilisé par Nubukpo (2003)
pour étudier l'efficacité de la politique monétaire en
Afrique de l'Ouest après 1989. En effet le modèle exposé
ci-après est beaucoup plus explicite car il tient compte de notre
première hypothèse à savoir,
H1 : les taux d'intérêt directeurs de
la BEAC influencent négativement l'inflation. Les
déterminants de l'offre de monnaie dépendent des variations des
taux d'intérêt directeurs de la banque centrale et du PIB
réel.
Le prix à la consommation peut être écrit
comme la variable qui représente le prix des biens vendus dans un pays.
L'indice des prix à la consommation (IPC) mesure l'évolution de
ces prix. Supposons que l'IPC dépende du coût des biens
domestiques (IPD) et de l'indice des prix des biens importés (IPM). On
a ainsi :
IPC = C + á IPD + (1 - á) IPM + å
(1)
Avec 0< á < 1, C = constante,
å = terme de l'erreur
Le prix domestique (IPD) dépend des tensions existant
sur le marché de monnaie et celui des biens et services. Il est fonction
de l'offre de monnaie, de la demande de monnaie et de la variation du PIB.
L'offre de monnaie dépend à son tour des taux
d'intérêt directeurs de la banque centrale à savoir le taux
d'intérêt d'appel d'offre (TIAO) et le taux d'intérêt
de prise en pension (TIPP) et de la variation du PIB. La demande de monnaie
quant à elle, elle dépend du revenu réel des agents
économiques. On a donc :
IPD = - â1 TIAO - â2 TIPP +
â3 ÄPIB (2)
Avec â1, â2,
â3 = 0
En intégrant l'équation (2) dans
l'équation (1) on aura :
IPC = C - á â1 TIAO - á
â2 TIPP + á â3 ÄPIB + (1-
á) IPM + å (3)
Ou encore :
IPC = C + a1 TIAO + a2 TIPP +
a3 ÄPIB + a4 IPM + å
(4)
Avec
a1 = -á â1
a2 = - á â2
a3 = á â3
a4 = 1 - á
En résumé, le taux d'inflation est lié
aux taux d'intérêt directeurs de la banque centrale, à la
variation du produit intérieur brut et au prix à l'importation.
Ainsi se présente le modèle économique nous permettant
d'analyser l'impact de la politique monétaire (les taux
d'intérêt directeurs de la banque centrale) sur l'inflation. Nous
utiliserons la régression multiple cette analyse.
2) Les variables du modèle
Une variable est une grandeur qui peut être
mesurée et qui est susceptible de prendre des valeurs différentes
dans le temps et dans l'espace. Elle est souvent assimilée à un
indicateur qui rend compte de l'évolution dans le temps et dans l'espace
d'un phénomène quantifiable. Dans le cadre de l'équation
de l'inflation, on aura une variable endogène et des variables
exogènes.
a) La variable à expliquer
La variable endogène est le principal indicateur dont
on cherche à mesurer ou à expliquer à travers d'autres
variables. Ce modèle vise à évaluer l'impact des taux
d'intérêt directeurs (instrument de la politique monétaire)
sur l'inflation au Cameroun. Ainsi, le but de l'équation de l'inflation
est de déterminer l'effet des taux d'intérêt directeurs
dans la lutte contre l'inflation en particulier et de toutes les variables des
prix en générale. Ici, notre variable à expliquer est le
taux de croissance de l'inflation, dans la mesure où nous cherchons
à vérifier l'évolution du taux de croissance de
l'inflation suite à une manipulation des instruments de la politique
monétaire au Cameroun.
Le taux de croissance de l'inflation est un indicateur qui
permet de mesurer l'évolution de la hausse du niveau
général des prix dans une économie et durant une
période. Les économistes font appel à plusieurs
méthodes pour mesurer la croissance de l'inflation dans une
économie, la plus courante est l'indice des prix à la
consommation (IPC).
Il y a au moins trois façons de mesurer la croissance
de l'inflation. Il est important de savoir laquelle est utilisée et de
bien saisir les différences qui existent entre elles. Parmi ces mesures
on a :
- le taux de croissance trimestriel annualisé de
l'inflation,
- le taux de croissance en glissement annuel de
l'inflation,
- le taux de croissance annuel moyen de l'inflation.
On calcule le taux de croissance trimestriel annualisé
en comparant l'inflation de deux trimestres consécutifs, puis en
ramenant le résultat sur une année. Cette mesure donne un
aperçu de l'évolution récente de l'inflation dans une
économie.
Le taux de croissance en glissement annuel s'obtient en
comparant le taux de croissance de l'inflation d'un trimestre donné
à celui du même trimestre de l'année
précédente.
On obtient le taux de croissance annuel de l'inflation en
faisant la moyenne de taux de croissance de l'inflation par trimestre.
Le taux de croissance de l'inflation peut
mesurer l'influence de l'évolution des prix sur la liquidité
d'une économie. C'est ainsi que plusieurs travaux empiriques sur le
sujet ont utilisé des variables telles que :
- les taux d'intérêt,
- les prix à l'importation et les prix domestiques,
- le niveau de dépenses publiques,
- la croissance du PIB
Ces différents indicateurs permettent
d'appréhender l'inflation dans une économie. A notre niveau, en
ce qui concerne le Cameroun, nous retiendrons l'évolution de l'indice
des prix à la consommation en moyenne annuelle pour représenter
le taux d'inflation.
b) Les variables explicatives
La variable explicative est un indicateur économique
qui permet d'expliquer un phénomène économique, qu'elle
est susceptible d'influencer. Elle est encore appelée variable de
contrôle.
Pour le modèle nous permettant d'analyser l'inflation,
nous retiendrons les variables explicatives suivantes : les taux
d'intérêt directeurs de la BEAC ; le taux de croissance du
PIB réel et l'indice des prix à l'importation du Cameroun.
Les taux d'intérêt directeurs sont les
différents taux appliqués par la banque centrale pour ses
interventions sur le marché monétaire. Ainsi, au niveau de la
BEAC, on peut retenir deux taux d'intérêt qui peuvent servir des
taux d'intérêt directeurs :
- le taux d'intérêt d'appel d'offre
(TIAO) ;
- le taux d'intérêt de prise en pension
(TIPP).
Le taux de croissance du PIB réel, nous permet de
mesurer ou de rendre compte de l'évolution de la richesse d'une
économie ou d'un pays. Le PIB réel est la valeur totale des biens
et services produits dans une économie. Le terme réel signifie
que ce total est corrigé de l'inflation.
L'indice des prix à l'importation (IPM) mesure
l'évolution des prix des biens importés c'est-à-dire des
biens produits par d'autres pays, mais vendus dans notre pays. L'IPM est
mesuré annuellement.
II - Le modèle de l'analyse de la croissance
économique
La modélisation est une formalisation de la
théorie, elle constitue une étape importante dans la mise en
oeuvre d'une théorie économique. Pour qu'une théorie
économique soit valide, il faudrait que celle-ci repose sur une
vérification empirique à partir d'une représentation
schématique. La croissance économique fait partie du
« carré magique » de Kaldor, ainsi donc
tout objectif de la politique monétaire concourt directement ou
indirectement à l'objectif de croissance d'une économie. La
croissance économique peut être influencée par certains
phénomènes économiques, ceci implique l'explication de la
croissance du PIB par plusieurs autres indicateurs.
1) L'équation de la croissance
économique
Dans le modèle d'étude de l'impact de la
politique monétaire sur la croissance économique, nous retenons
un modèle économétrique. L'équation de croissance
retenue s'inspire des travaux empiriques et tient compte de notre objectif.
Ainsi après une revue de littérature à la première
partie, nous avons émis des hypothèses dont la deuxième
est la suivante : H2 : la croissance de la
masse monétaire a un impact faible sur la croissance économique
au Cameroun.
En tenant compte de cette hypothèse, nous avons
défini des variables endogènes et exogènes qui sont
liées schématiquement. Nous avons représenté la
croissance économique par le taux de croissance du PIB réel de la
période t que nous avons noté ÄPIBt. La variable
exogène quant à elle est le taux de croissance de la masse
monétaire de la période t noté ÄMt.
Pour vérifier notre hypothèse, nous utilisons un
modèle en séries temporelles. Nos variables prennent des valeurs
annuelles.
Nous cherchons à mesurer l'impact de la croissance de
la masse monétaire sur la croissance économique. Ainsi le taux de
croissance du PIB réel en période t sera expliqué par le
taux de croissance de la masse monétaire de la même
période.
L'équation de la croissance suivante est
inspirée des travaux de Paho (2005). Nous utilisons une équation
de régression simple.
ÄPIBt = b0 +
b1ÄMt + åt
Avec t = 1990, 1991, 1992,................., 2004
n = 15
ÄPIBt = le taux de croissance du PIB
réel de la période t
ÄMt = le taux de croissance de la masse
monétaire de la période t
åt = le terme de l'erreur de
spécification
b0 et b1 sont les paramètres du
modèle assimilables aux coefficients de régression
affectés aux variables exogènes. Le signe attendu du coefficient
de la croissance de la masse monétaire est positif d'après notre
hypothèse.
2) Les variables du modèle
Le modèle de l'équation de la croissance retenu
est un modèle qui met en relation deux variables : une variable
endogène à savoir la croissance économique qui sera
expliquée par la croissance de la masse monétaire de la
même période. Ainsi, notre modèle de croissance peut
être spécifié comme un modèle de régression
simple. Nos variables représentent des phénomènes
observés à intervalle de temps régulier en particulier
l'année. Les variables que nous avons retenues dans le cadre de ce
modèle rendent compte de l'évolution dans le temps du
phénomène économique étudié.
a) La variable endogène
La variable expliquée dans le modèle de
croissance est le taux de croissance annuel du PIB réel de la
période t noté ÄPIBt. Pourquoi avoir
privilégié cette variable plutôt que les autres ? La
réponse est double d'après Chambas et al (1999). D'une part sur
le plan théorique, les modèles de croissance malgré leurs
diversités conduisent à expliquer le taux de croissance et non le
niveau de produit par tête. D'autre part, d'un point de vue
économétrique, retenir une variable en taux de croissance
plutôt qu'en niveau permet d'écarter les difficultés de
traitement des données liées à la non-stationnarité
des variables.
Le PIB réel est la valeur totale des biens et services
produits à l'intérieur de l'économie. Le terme réel
explicite le fait que ce total soit corrigé de l'inflation dans
l'économie considérée et de la même
période.
Il y a plusieurs façons de mesurer la croissance du PIB
réel dans une économie. Il importe de savoir laquelle est
utilisée et de saisir la différence qui existe entre elles. Les
trois principales mesures les plus répandues sont :
- le taux de croissance trimestriel annualisé, ici on
compare le PIB réel de deux trimestres consécutifs, puis on
ramène le résultat sur une base annuelle. Cette mesure donne un
aperçu de l'évolution économique récente.
- Le taux de croissance en glissement annuel, on obtient ce
taux de croissance en comparant le niveau du PIB d'un trimestre donné au
niveau qu'il avait au même trimestre de l'année
précédente.
- Le taux de croissance annuel moyen, c'est la moyenne
annuelle des taux de croissance durant l'année civile ou l'année
budgétaire.
Le taux de croissance du PIB réel peut être
mesuré par des différentes variables permettant
d'opérationnaliser ce concept. C'est ainsi que dans d'autres travaux
empiriques on utilise des variables comme le taux de scolarisation, le
degré d'ouverture commerciale de l'économie et le niveau de
dépenses publiques dans le PIB.
b) La variable exogène
C'est une grandeur susceptible d'influencer ou d'expliquer un
phénomène économique ou social. Nous retiendrons comme
variable explicative le taux de croissance de la masse monétaire
à l'instant t.
On entend par masse monétaire l'ensemble de toutes les
liquidités d'un système financier (Gillis et al, 1998). Ce
concept est aujourd'hui difficile à appréhender avec les
innovations financières. A la quantité de monnaie
immédiatement disponible, on peut ajouter les différentes formes
de placement qui permettent d'obtenir la monnaie disponible plus ou moins
rapidement dans le temps et dans l'espace. On distingue les agrégats
monétaires suivants :
- La masse monétaire M1, qui est la somme de
la monnaie en circulation hors banque et les dépôts à vue.
C'est l'ensemble des moyens de paiement.
- La masse monétaire M2, elle englobe
M1 à laquelle on ajoute les dépôts à
terme et d'épargne, qu'on appelle les quasi-monnaies.
- La masse monétaire M3, plus large, elle
inclut M2 à laquelle sont ajoutés les engagements des
établissements spécialisés. Ce sont les actifs
détenus par les agents non financiers résidents, qui sont
gérés par les institutions financières et le trésor
public et qui peuvent être utilisés comme moyen de paiement ou
être transformés en moyen de paiement sans risque de perte en
capital.
Aujourd'hui, on parle déjà de plus en plus de la
masse monétaire M4 qui est la continuité des autres
masses monétaires. En dehors de ces masses monétaires, on a les
placements financiers et monétaires (P). Parmi ces placements on
a :
- P1 qui comprend les formes d'épargne
contractuelle (plan d'épargne logement, plan d'épargne populaire)
et les bons de capitalisation émis par les établissements
d'assurance.
- P2 c'est l'ensemble des obligations et des titres
d'OPCVM obligataires détenus par les agents non financiers.
- P3 est constitué des actions et des titres
d'OPCVM actionnaires détenus par les agents non financiers.
A la différence des masses monétaires M, les
agrégats de placements monétaire et financier P, ne
s'emboîtent pas entre eux et ni avec les masses monétaires.
Dans le cadre de notre étude et compte tenu de
l'agrégat monétaire utilisé dans notre contexte, nous
utiliserons la masse monétaire M2. Le taux de croissance de
la masse monétaire utilisé comme variable exogène tiendra
compte de l'évolution de l'agrégat M2.
Section II : l'impact de la politique
monétaire sur l'inflation et la croissance économique au
Cameroun
La politique monétaire est l'un des principaux
éléments de la politique économique, ainsi ses instruments
ont un impact sur les objectifs économiques d'un pays. Pour analyser cet
impact nous ferons un bref rappel des instruments statistiques d'analyse d'une
part et d'autre part nous procéderons à la présentation
des données et la méthode d'estimation nous permettant d'analyser
nos données.
I - Rappel des instruments statistiques d'analyse
L'économétrie est un outil utilisé par
les économistes pour confirmer ou infirmer les théories à
travers les tests d'hypothèse, c'est-à-dire à travers une
formalisation d'un phénomène sous forme d'équation avec
des grandeurs économiques comme des variables. La démarche
économétrique amène à établir clairement et
à estimer les relations. L'intuition peut conduire à l'ignorance
de certaines liaisons importantes ou à une mauvaise utilisation de
celles-ci. Il est nécessaire pour tout économiste d'utiliser une
démarche fiable lui permettant d'avoir des résultats non
biaisés. Dans notre cas nous allons présenter les
régressions simples et multiple et la méthode des moindres
carrés ordinaires.
1) Régression simple et régression
multiple
Supposons un échantillon aux éléments du
quel on associe deux caractères Xi et Yi, on
obtient une statistique à deux dimensions avec une variable à
expliquer et une variable explicative. On aura un nuage des points dans un
espace à dimensions deux. Ainsi, redresser ou ajuster ce nuage des
points revient à déterminer une droite d'équation
linéaire comme celle-ci : Yi = a0 +
a1Xi
La régression simple est l'estimation faite à
l'aide d'un modèle le plus simple c'est-à-dire une variable
endogène est expliquée par une seule variable exogène. La
régression simple ou modèle linéaire simple peut
être spécifié de plusieurs façons. Ainsi on
a :
- Le modèle en séries temporelles, dans lequel
les variables représentent des phénomènes observés
par intervalle de temps régulier.
- Le modèle en coupes instantanées, pour ce
modèle les données sont observées au même instant et
concerne les valeurs prises par les variables pour plusieurs individus.
- Le modèle en données de panel, dit encore
modèle à données croisées, ici les variables
représentent les variables prises par un échantillon d'individu
à intervalle régulier.
- Le modèle en données de cohorte, pour ce
modèle, l'échantillon est constant c'est-à-dire les
individus utilisés sont les mêmes d'une période à
l'autre.
La régression simple tient compte de l'existence de
l'erreur. Ainsi, elle prend en considération trois sortes
d'erreur : les événements imprévisibles ; les
effets d'un nombre important de variables omises et l'erreur de mesure sur la
variable endogène.
Le modèle linéaire simple se base sur six
hypothèses permettant l'estimation de ses paramètres :
H1 : la variable exogène est
observée sans erreur c'est-à-dire qu'elle est non
aléatoire.
H2 : le modèle est linéaire en
la variable exogène ou n'importe quelle transformation de celle-ci.
H3 : la variable exogène est
indépendante en terme d'erreur.
H4 :l'espérance mathématique de
l'erreur est nulle.
H5 : la variance de l'erreur est constante et
finie.
H6 : les erreurs sont indépendantes.
La régression multiple ou encore le modèle
linéaire général est la généralisation du
modèle linéaire simple. Comme il est difficile
d'appréhender un phénomène économique ou social par
une seule variable, ce modèle prend en compte plusieurs variables
explicatives.
Soit le modèle suivant :
Yt = a0 + a1 X1t
+ a2 X2t + .............. + ak Xkt
+ åt avec
Yt = la variable à expliquer à la
date t
X1t = la variable explicative 1 à la date
t
X2t = la variable explicative 2 à la date
t
Xkt = la variable explicative k à la date
t
a0 = terme constant
a1, a2, ........., aK = les
paramètres du modèle
åt = le terme de l'erreur
t = 1, 2, ................, n n = nombre
d'observation
k = nombre des variables explicatives
Pour ce modèle, on distingue deux types
d'hypothèse : les hypothèses stochastiques liées
à l'erreur et les hypothèses structurelles relatives aux
variables.
- Les hypothèses stochastiques
H1 : les valeurs des variables exogènes
sont observées sans erreurs
H2 : l'espérance mathématique du
terme de l'erreur est nulle E (åt) = 0
H3 : la variance de l'erreur est constante
c'est-à-dire E (åt²) =
äå²
H4 : les erreurs sont non
corrélées E (åi, åj) = 0
H5 : les termes d'erreur sont
indépendants des variables explicatives c'est-à-dire cov
(Xit, åt) = 0
- Les hypothèses structurelles
H6 : absence de colinéarité
entre les variables explicatives. Cela implique que la matrice (X'X)
est régulière et que la matrice inverse
(X'X)-1 existe.
H7 : la matrice (X'X)/n tend vers
une matrice singulière lorsque n tend vers l'infini.
H8 : le nombre d'observation est
supérieur au nombre des variables exogènes, terme constant
inclut.
Les variables exogènes sont considérées
comme les données du modèle. Du fait de leur
exogéneité, elles sont indépendantes des erreurs et
peuvent être considérées comme des variables certaines. En
revanche, la variable à expliquer est une variable aléatoire.
2) La méthode des moindres carrés
ordinaires
Soit l'équation de régression
suivante :Yt = a0 + a1 Xt,
défini la droite qui approche au mieux les points d'un nuage des points
dans un repère. La méthode des moindres carrés ordinaires
permet de trouver les valeurs des coefficients de l'équation de cette
droite c'est-à-dire a0 et a1. Pour y parvenir, il
faut minimiser la somme des carrés des erreurs de l'équation de
régression.
L'estimation des coefficients a0 et a1
est obtenu en minimisant la distance (åt) au carré
entre chaque observation et la droite d'équation Yt =
a0 + a1 Xt d'où le nom d'estimateur des
moindres carrés ordinaires. Cette minimisation revient à
réaliser les conditions de premier ordre et de second ordre dans le
processus de dérivation de l'équation. Une fois les
paramètres de l'équation estimés, plusieurs tests peuvent
être faits. Avant d'exposer ces tests, il est nécessaire
d'analyser d'abord les données à utiliser.
II - Les données et la méthode
d'estimation
Les données sont des observations des variables
quantitatives. Les variables retenues dans le cadre de notre étude
rendent compte de l'évolution dans le temps et surtout dans l'espace
retenu pour ce travail. Le temps retenu pour nous c'est la longue
période et l'espace concerne le Cameroun. Les valeurs des variables qui
nous serviront de base dans notre analyse sont des données secondaires
issues des différentes bases de données.
a) Le taux d'inflation
L'indice des prix à la consommation est l'un des
indices qui mesure la hausse (inflation) ou la baisse (déflation) du
coût de la vie et donc l'évolution de la valeur de la monnaie (la
valeur de la monnaie diminue lorsque les prix augmentent). Le taux annuel
d'inflation, sans désignation d'indice, désigne
généralement le pourcentage d'augmentation de cet indice
particulier durant l'année.
L'observation des prix se fait par enquête et
échantillonnage permanent. La grande difficulté pour
réaliser cet indice est l'innovation avec l'apparition des nouveaux
produits ou services ou d'une nouveauté dans un ancien produit. Une
autre difficulté peut être le changement dans la
répartition des achats des consommateurs.
Sources : BEAC, Banque Mondiale et Banque de
France-Rapport zone franc
On constate qu'au cours de cette période le Cameroun a
connu une forte inflation en 1994 (17,7%) avec la dévaluation. Depuis
cette année c'est-à-dire après la dévaluation, le
taux d'inflation a diminué pour se situer à 0,4% en 2004. Or tout
juste avant la dévaluation, le taux d'inflation était
négatif de l'ordre de -3,7% en 1993.
b) les taux d'intérêt
directeurs
Les taux d'intérêts directeurs sont les taux
d'intérêt pratiqués par les banques centrales pour leurs
opérations sur le marché monétaire.
En Afrique Centrale, ils sont au nombre de deux :
- le taux d'intérêt d'appels d'offres (TIAO), il
est fixé par le gouverneur de la banque centrale. Pour injecter des
liquidités dans l'économie, la banque centrale lance un appel
d'offre auprès des banques commerciales et accorde les liquidités
à l'établissement qui a fait l'offre la plus intéressante,
c'est-à-dire le taux le plus élevé.
- Le taux d'intérêt de prise en pension (TIPP),
il est aussi fixé par le gouverneur et doit être supérieur
au TIAO. Le TIPP sert à ponctionner la liquidité dans une
économie donnée.
Source : BEAC
Le graphique 3 représente l'évolution
simultanée du TIAO et du TIPP de 1994 à 2004. Sur ce graphique,
on constate que les taux d'intérêt directeurs de la BEAC restent
en baisse. Ceci est le résultat du recul de l'inflation et vise à
encourager l'investissement et la croissance dans un contexte de
libéralisation. L'effectivité du marché monétaire
dans la zone a commencé en 1994, c'est ainsi que de 1990 à 1993
le TIAO et le TIPP n'étaient pas déterminés. Nous
utilisons les valeurs du taux d'escompte normal (TEN) pour remplacer les
valeurs manquantes du TIPP et la moyenne pour remplacer les valeurs manquantes
du TIAO.
c) L'indice des prix à l'importation
(IPM)
L'indice des prix à l'importation est un indice qui
mesure la hausse les variations de prix des biens venant de l'étranger.
Comme une partie de l'inflation se trouve importée, l'IPM
représente alors cette inflation importée dans l'IPC. Lorsque le
prix de l'importation augmente par rapport au PIB, l'inflation importée
sera d'autant plus importante. L'IPM se calcule comme l'indice des prix
à la production.
Sources : BEAC et Banque de France-Rapport zone franc
D'après le graphique 4, l'on constate que les
importations au Cameroun sont allées croissante. Ceci peut être
expliqué par l'augmentation du PIB du pays et de la sous région
.
d) Le taux de croissance du PIB
réel
Est un indicateur économique qui permet de rendre
compte de l'évolution de la richesse d'un pays. La croissance du
produit intérieur brut est une croissance qui garantit à priori
le niveau de vie et de l'emploi. Une trop faible croissance du PIB comprimera
le pouvoir d'achat d'une économie (Greffe, 1993). Il y a plusieurs
manières de mesurer le taux de croissance. Le taux de croissance du PIB
réel se calcule à partir du taux de croissance nominal moins
l'indice des prix à la consommation. Le graphique 5 nous montre
l'évolution du taux de croissance réel au Cameroun de 1990
à 2004.
Sources : BEAC et Banque de France- Rapport zone franc
Au cours de cette période, après la
restructuration dans plusieurs domaines d'activités économiques,
il y a eu la reprise de la croissance. C'est ainsi qu'on est parti d'un taux de
croissance négatif (- 6,11%) en 1990 pour un taux de croissance qui va
s'établir autour de 4% dans les années 2000. De plus on constate
que l'évolution du taux de croissance se fait avec plus ou moins 0,5%.
La croissance maximale a été atteinte en 2000 (5,2%) et la
croissance minimale en 1990 (-6,11%)
e) Le taux de croissance de la masse
monétaire
Le taux de croissance de la masse monétaire est un
indicateur qui permet d'évaluer l'évolution de la quantité
de monnaie en circulation dans une économie. En ce qui concerne notre
travail, nous retiendrons le taux de croissance de la masse monétaire
M2. On aura alors le graphique suivant :
Source : BEAC
Durant cette période, on constate que la masse
monétaire est allée décroissante de 1992 à 1996,
pour une reprise de la croissance de 1997 jusqu'à 2004. La baisse qu'il
y a eu dans la première moitié des années 90 se justifie
par la crise économique.
2) La méthode d'estimation
Une théorie économique est valide lorsque
celle-ci est vérifiée empiriquement. L'économétrie
est une branche de la science économique qui sert à
établir des lois ou à vérifier des hypothèses
à partir des données chiffrées. Elle est un outil
important pour tout économiste. Cette branche de la science
économique permet aux économistes d'établir les relations
entre les variables économiques, de déterminer les
paramètres du modèle et de tester la validité de tout ce
travail. Dans une méthode économétrique, une fois les
paramètres du modèle estimés, plusieurs tests doivent
être faits. Parmi ces tests, on a :
- Le test de Student : il permet de
tester la validité du coefficient du modèle. Souvent, on
formule une hypothèse selon laquelle le coefficient est nul et une autre
alternative où le coefficient est différent de zéro. Il
faut toujours déterminer un seuil d'acceptabilité pour conduire
ce test. On calcule un ratio t* appelé t empirique de Student. Puis, on
compare le t* à la valeur lue sur la table de Student. Si la valeur
empirique est supérieure à la valeur lue, le coefficient
considéré est significativement différent de zéro,
on rejette alors l'hypothèse nulle. La variable explicative à
laquelle est lié le coefficient contribue à l'explication de la
variable endogène. Par ailleurs le signe du coefficient indique le sens
de la relation entre les variables.
- Le test de Fischer : c'est un test qui
permet de vérifier la significativité globale du modèle. A
travers ce test, on peut détecter les variables non significatives dans
l'explication de la variable endogène. Il s'agit en fait de savoir si
l'ensemble des variables explicatives a une influence sur la variable
endogène. Pour ce test, on émet deux hypothèses, une
hypothèse zéro où tous les coefficients sont nuls et une
hypothèse où il y a au moins un coefficient non nul. On compare
alors le F* ou F calculé à la valeur du F lu sur la table de
Fischer. Si le F* est supérieur au F lu, on rejette alors
l'hypothèse zéro ; le modèle est alors globalement
significatif. Plus la probabilité de F est faible, plus la
significativité du modèle est grande.
- Le coefficient de
détermination : ce coefficient permet de mesurer la
qualité d'ajustement entre les variables. Si R² est proche de son
maximum qui est 1, le modèle est supposé bon, c'est-à-dire
l'ajustement est meilleur.
- Le test de Durbin Watson : ce test
permet de détecter une auto corrélation des erreurs d'ordre un.
Il est sensible à l'ordre des données, ce qui n'est pas le cas
pour les autres estimateurs. Le modèle doit comporter
impérativement un terme constant, le nombre d'observation doit
être supérieur ou égal à quinze (15) et la variable
endogène ne doit pas figurer parmi les variables explicatives. Si
d1 < DW < d2, le test n'est pas concluant. Si DW
< d2, il existe une auto-corrélation positive entre les
erreurs. Si DW > d2, il n'y a pas auto-corrélation
positive. En pratique, on considère qu'il n y a pas
auto-corrélation positive lorsque DW > 2.
Conclusion
En résumé, après avoir fait un bref
rappel sur les différents concepts dans la première partie, nous
avons eu dans ce chapitre à développer les différents
modèles permettant d'appréhender les relations existant entre les
variables d'une manière empirique. Nous utilisons la régression
simple et la régression multiple pour les différents
modèles. On distingue deux variables endogènes pour plusieurs
variables exogènes. Nos variables sont des indicateurs monétaires
et réels. Après avoir déterminé ces
différentes relations et variables, il est nécessaire de passer
aux différents tests et d'en tirer les implications des
phénomènes étudiés.
CHAPITRE IV : L'APPORT DES INSTRUMENTS DE
LA POLITIQUE MONETAIRE UTILISES AU CAMEROUN POUR L'ATTEINTE DES OBJECTIFS
FINALS
Après avoir spécifié les modèles
à utiliser et analyser les données, il est important de passer
aux tests. Les implications d'une recherche comme celle-ci dépendent de
la bonne interprétation des résultats des tests. Le volet
empirique étant considéré comme l'étape importante
d'une recherche, il se dégage ainsi plusieurs constats.
Dans ce chapitre, nous analyserons l'efficacité des
instruments de la politique monétaire de la zone BEAC dans une
première section. Dans la seconde section, il sera question des
enseignements des différents tests, c'est-à-dire les instruments
de la politique monétaire utilisés au Cameroun face à
l'inflation et la croissance économique.
Section I : Analyse de
l'efficacité des instruments de la politique monétaire de la zone
BEAC
L'efficacité du nouveau dispositif de gestion
monétaire dans la zone BEAC repose sur plusieurs conditions parmi
lesquelles la grande sensibilité du coût de refinancement des
banques au taux d'intérêt directeurs de la BEAC (Nubukpo, 2003).
Ainsi après une évaluation empirique du facteur ci-dessus en
Afrique de l'Ouest, certains travaux de recherche ont abouti à la
conclusion selon laquelle :
- le taux d'intérêt du marché
monétaire, à court terme influence significativement les taux
débiteurs des banques. A long terme son impact est faible.
- Le taux de prise en pension est l'instrument de politique
monétaire qui, à long terme, influence l'évolution des
conditions débitrices des banques.
Dans cette section, nous analyserons l'impact de taux
d'intérêt directeurs sur l'inflation au Cameroun d'une part et
l'évolution de la masse monétaire et la croissance
économique d'autre part.
I - L'impact des taux d'intérêt directeurs
sur l'inflation au Cameroun
Le modèle économétrique retenu pour
l'analyse de la politique monétaire et l'inflation, nous a permis
d'effectuer un certain nombre de tests statistiques, qui sont indispensables
pour notre recherche.
Dans le cadre de ce modèle nous avons estimé
l'équation suivante :
IPC = C + a1TIAO + a2 TIPP +
a3 Ä PIB + a4 IPM + å
L'estimation de cette équation de régression
nous a donné les résultats ci-dessous. Les données
utilisées pour ce travail sont les données secondaires issues des
documents statistiques de la BEAC, la banque mondiale et la banque de
France.
1) Présentation des
résultats
Les signes attendus des coefficients a1 et
a2 sont négatifs car la relation théorique entre
l'inflation et les taux d'intérêt directeurs est négative.
Par contre, les signes attendus du coefficient a3 et a4
sont positifs, ce qui traduit théoriquement une relation positive entre
l'inflation et la croissance du PIB d'une part et l'évolution des
importations d'autre part.
Nous avons estimé notre équation de
régression à partir de la méthode des moindres
carrés ordinaires et à l'aide du logiciel E-Views. Le nombre
d'observations est de 15. Ainsi nous avons les résultats
consignés dans le tableau 1.
Tableau 1 : Résultats des
estimations de l'équation de l'inflation
Estimations
|
(1)
|
(2)
|
(3)
|
(5)
|
(7)
|
(8)
|
(9)
|
C
|
-13,577
(-1,367)*
|
-0,905
(-0,052)
|
3,069
(1,974)
|
-3,273
(-0,260)
|
-3,273
(-0,260)
|
-22,734
(-1,955)
|
-21,443
(-1,399)
|
TIAO
|
12,524
(4,993)
|
|
|
12,736
(0,730)
|
12,736
(0,730)
|
3,872
(2,376)
|
|
TIPP
|
-7,590
(-4,089)
|
0,392
(0,233)
|
|
-8,372
(-0,534)
|
-8,372
(-0,534)
|
|
2,900
(1,715)
|
ÄPIB
|
-0,451
(-1,274)
|
0,326
(0,574)
|
0,227
(0,624)
|
-1 ,581
(-0,764)
|
-1 ,581
(-0,764)
|
|
|
IPM
|
-0,141
(-2,155)
|
-0,007
(-0,069)
|
-0,003
(-0,032)
|
-0,076
(-0,917)
|
-0,076
(-0,917)
|
|
|
R²
|
0,724
|
0,036
|
0,032
|
0,877
|
0,877
|
0,385
|
0,246
|
R² ajusté
|
0,614
|
-0,225
|
-0,129
|
0,795
|
0,795
|
0,317
|
0,162
|
F
(prob)
|
6,568
(0,007)
|
0,140
(0,933)
|
0,198
(0,822)
|
10,740
(0,006)
|
10,740
(0,006)
|
5,646
(0,041)
|
2,942
(0,120)
|
DW
|
2,525
|
1,818
|
1,709
|
2,241
|
2,241
|
1,077
|
0,934
|
Note : (*) = t de Student calculé
Source : nos calculs
- estimation 1 : régression avec la moyenne pour
remplacer les valeurs manquantes du TIAO et le taux d'escompte normal (TEN)
pour remplacer celles du TIPP
- estimation 2 : régression sans la variable
TIAO
- estimation 3 : régression sans les variables
TIAO et TIPP
- estimation 5 : régression avec les valeurs
manquantes du TIAO et le TEN pour remplacer les valeurs manquantes du TIPP
- estimation 7 : régression avec les valeurs
manquantes du TIAO et du TIPP
- estimation 8 : régression simple avec la
variable TIAO
- estimation 9 : régression simple avec la
variable TIPP
Les résultats présentés dans le tableau 1
nous permettent d'avoir plusieurs idées sur l'impact de la politique
monétaire sur l'inflation au Cameroun. Ainsi, il est important de passer
à l'interprétation de ces résultats.
2) Commentaires des résultats
Il s'agit dans ce sous paragraphe d'interpréter les
résultats obtenus précédemment. Les différents
tests effectués nous permettent de vérifier la contribution des
variables exogènes à l'explication de la variable endogène
(test de Student), la significativité globale du modèle (test de
Fischer), la qualité de l'ajustement du modèle (coefficient de
détermination R²) et la corrélation entre les erreurs
d'ordre 1 (Durbin-Watson). Sans oublier d'interpréter les signes des
différents coefficients.
- Etude des signes des coefficients : le signe
négatif attendu de a1 n'a pas été obtenu, ce
qui infirme la relation théorique entre le TIAO et l'inflation. Par
contre le signe négatif attendu de a2 a été
obtenu dans les estimations 1, 5 et 7, là où les observations du
TIPP et/ou du TIAO de 1994 à 2004 sont prises en compte exclusion faite
des valeurs manquantes de 1990 à 1993 ou encore là où ces
valeurs manquantes sont remplacées. Le coefficient a2 est
positif dans les autres estimations, ce qui laisse croire que lorsque le TIAO
accroît l'inflation, le TIPP la réduit. Ainsi donc les deux taux
neutralisent réciproquement leurs effets par rapport à
l'inflation. En outre les signes des coefficients a3 et
a4 sont négatifs lorsque toutes les variables du
modèle sont prises en compte (estimations 1, 5 et 7), ce qui est
contraire aux signes attendus de ces coefficients. Ceci infirme les relations
théoriques établies dans la première partie de ce travail.
Ainsi, l'impact des taux d'intérêt directeurs sur l'inflation
dépend du choix du manipulateur qui peut réduire le TIAO pour
diminuer l'inflation ou augmenter le TIPP pour avoir le même effet sur
l'inflation. L'inflation importée influence peu l'inflation
générale du Cameroun et dans un sens négatif.
- Le test de Student : le t de Student du TIAO (4,993)
est supérieur à la valeur de t lue sur la table de Student
(2,228) au seuil de 5% pour l'estimation 1 et pour l'estimation 8
où la variable TIAO agit seule sur l'inflation, le t=2,376 est
supérieur à la valeur lue au degré de liberté 13,
au seuil de 5% (2,160). Ceci veut dire que le TIAO contribue significativement
à l'explication de l'inflation lorsqu'on complète les valeurs
manquantes ou lorsqu'il agit seul. De même le t de Student pour le TIPP
(-4,089) est supérieur à cette valeur (2,201) au seuil de 5% pour
l'estimation 1. Seul le TIPP ne contribue pas à l'explication de
l'inflation d'une manière significative car son t (1,715) est
inférieur à la valeur lue (2,160). Pour les autres variables
c'est-à-dire le PIB et l'IPM leurs t de Student sont inférieurs
à la valeur lue au seuil de 5% pour toutes les estimations. Ceci dit le
TIAO et le TIPP sont significatifs dans l'explication de l'inflation lorsqu'ils
sont pris ensemble et avec le même nombre d'observations au seuil de 5%.
S'ils n'ont pas le même nombre d'observations c'est-à-dire si on
remplace les valeurs manquantes du TIPP par les valeurs du TEN, on retrouve le
même résultat que si on considéré seulement les
valeurs du TIPP et du TIAO de 1994 à 2004 c'est-à-dire que ces
variables sont moins significatives dans l'explication de l'inflation au seuil
de 5%. Si on prend le modèle dans son ensemble, on constate donc que
l'inflation est expliquée en grande partie par les taux
d'intérêt directeurs et les autres variables expliquent peu
l'inflation (estimation 1). Le TIPP pris seul n'est pas significatif dans
l'explication de l'inflation au seuil de 5%.
- Le test de Fischer : ce test nous donne les
résultats suivants : pour les estimations où toutes les
variables exogènes du modèle sont prises en compte (estimations
1, 5 et 7) les F empiriques (respectivement 6,568 ; 10,740 et 10,740) sont
largement supérieurs à la valeur de F lue sur la table de Fischer
à 5% (3,48). Ceci dit, le modèle dans sa globalité est
significatif. En plus, sa significativité augmente lorsqu'on
considère seule les valeurs du TIAO et du TIPP de 1994 à 2004. De
même le modèle considérant la variable exogène TIAO
seule (estimation 8) est aussi significatif avec une valeur calculée de
F de 5,646 > 4,67 valeur lue de F. Par contre le modèle
considérant le TIPP seul n'est pas significatif car F* = 2,942 < F =
4,67. Ce qui fait dire que parmi les taux d'intérêt directeurs, le
TIAO explique plus l'inflation.
- Le coefficient de détermination R² : on
constate que la qualité de l'ajustement du modèle est plus bonne
lorsqu'on considère toutes les variables et qu'on ne remplace pas les
valeurs manquantes des taux d'intérêt directeurs
c'est-à-dire de 1990 à 1993 ou lorsqu'on remplace ces valeurs
pour l'un de deux taux directeurs (estimations 5 et 7), car on a R² =
0,877. Ainsi lorsqu'on complète les valeurs manquantes des taux
d'intérêt directeurs (TIAO et TIPP), la qualité de
l'ajustement se détériore tout en restant bonne avec un R²
de 0,724. Dans les autres cas la qualité de l'ajustement est mauvaise et
se détériore à chaque fois qu'on ignore une variable taux
d'intérêt directeur (R² < 0,5 pour les estimations 2, 3,
8 et 9). En conclusion les deux taux d'intérêt directeurs
influencent la qualité de l'ajustement.
- Le test de Durbin-Watson : on a pour l'estimation 1,
une valeur calculée de DW équivalente à 2,525. Cette
valeur est proche de 2 d'où l'indépendance des erreurs. Par
contre pour les autres estimations 2 et 3 on a respectivement :
1,818 et 1,709 qui appartiennent à l'intervalle ] 0,69 ; 1,97[
au seuil de 5% à (4, 15) degrés de liberté, d'où
l'aboutissement à un test non concluant pour ces estimations. En ce qui
concerne les estimations 5, 7, 8 et 9 le test de Durbin-Watson n'est pas
valable, car le nombre d'observations après ajustement pour ces
estimations est de 11 ce qui est inférieur au nombre requis pour ce
test. Ainsi on admet que les erreurs du modèle considéré
dans son ensemble sont indépendantes.
- Le test de Cusum SQ fondé sur la dynamique de
l'erreur de prévision. Ce test permet de détecter les
instabilités structurelles des équations de régression au
cours du temps. Contrairement au test de Chow, il ne nécessite pas de
connaître à priori la date de modification structurelle.
L'idée générale de ce test est d'étudier
l'évolution au cours du temps de l'erreur de prévision
normalisée, ainsi on appelle résidu récursif une
succession de prévision calculée entre t-1 pour t. Le Cusum SQ,
est fondé sur la somme cumulée du carré des résidus
récursifs. Si les coefficients sont stables au cours du temps, alors les
résidus récursifs doivent restés dans l'intervalle
défini par les deux droites. Dans le cas contraire les coefficients sont
instables.
Le test représenté par le graphique ci-dessous
est fait sur les variables utilisées pour l'estimation 5.
On constate pour ce test que les
coefficients du modèle pris dans son ensemble sont stables. Mais
à partir de 2001, on constate qu'il y a une modification et la courbe
atteint le seuil maximum. Ceci peut s'expliquer par l'augmentation aiguë
de l'inflation en cette année passant de 1% en 2000 pour se situer
à 4,5% en 2001 et la baisse des taux d'intérêt directeurs
durant cette période.
II- L'évolution de la masse monétaire
et la croissance économique au Cameroun
Pour les modèles nous permettant d'analyser l'impact
de la politique monétaire sur la croissance économique au
Cameroun, nous avons utilisé l'équation suivante :
ÄPIBt = b0 +
b1ÄMt.
Nous avons utilisé les données secondaires
issues des bases de données de la BEAC ,Banque de France, etc. La
régression simple nous a permis de faire l'estimation. Le signe attendu
du coefficient b1 est positif. Le logiciel E-Views a
été utilisé pour le traitement des données.
1) Les résultats des tests
L'estimation de l'équation de croissance
révèle l'existence d'une relation entre la masse monétaire
de la période t avec la croissance du PIB de la même
période. La méthode des moindres carrés ordinaires est
utilisée pour déterminer le coefficient de l'équation de
régression. Ainsi les tests nous ont donné les résultats
consignés dans le tableau 2.
Tableau 2 : les résultats des
estimations de l'équations de la croissance
économique
|
coefficients
|
t de student
|
Probabilités
|
C
|
0,742
|
0,984
|
0.342
|
ÄM2
|
0,263
|
4,204
|
0.001
|
R²
|
0,576
|
|
|
R² ajusté
|
0,543
|
|
|
F
|
17,667
|
|
0,001
|
DW
|
1,425
|
|
|
Source: nos calculs
Le tableau 2 est le résumé des plusieurs tests
faits à base de l'équation de la croissance. Ainsi à
présent, il est important de passer à l'interprétation de
ces résultats.
2) Analyse des résultats
Il s'agit ici de vérifier si la variable exogène
contribue à l'explication de la variable endogène, par le test de
student. De donner la significativité globale du modèle par la
comparaison de la valeur du F, Fischer calculée à celle lue sur
la table de Fischer. La vérification de la qualité de
l'ajustement à travers le R². Nous n'oublions pas le signe du
coefficient.
- Etude du signe : le coefficient b1 a
confirmé le signe attendu c'est-à-dire le signe positif. Ainsi
donc la croissance économique est liée à la masse
monétaire par une relation positive. Ceci explique l'impact positif des
instruments de la politique monétaire par rapport à la croissance
économique.
- Le test de Student : la lecture de la valeur
théorique du t sur la table de Student, nous permet de dégager
comparativement à la valeur empirique l'enseignement suivant : la
variable exogène a un t empirique de 4,204 qui est supérieur
à la valeur de t lue sur la table (2,160) à un seuil de 5%. Ce
qui fait dire que la masse monétaire contribue d'une manière
significative à l'explication de la croissance économique.
- Le test de Fischer : la régression de
l'équation de croissance affiche un F* de Fischer de 17,667 ce qui est
largement supérieur à la valeur théorique de F (4,67) au
seuil de 5%. Avec une probabilité de 0,001 on constate que le
modèle est globalement significatif c'est-à-dire l'explication de
la croissance économique par la masse monétaire est
réelle. Ce test confirme la corrélation positive entre le taux de
croissance de la masse monétaire de la période t et le taux de
croissance du PIB de la même période.
- Le coefficient de détermination : ce test nous a
permis de mesurer la qualité de l'ajustement. Il nous suggère que
la variable exogène explique à 57,6% la variable endogène
c'est-à-dire la croissance du PIB réel. Ainsi la qualité
de l'ajustement est moyenne. Ceci peut être dû à l'absence
de certaines variables qui n'ont pas été prises en
considération dans le modèle. Mais, ce test montre que la
croissance de la masse monétaire explique en une grande partie relative
le taux de croissance de la même période.
- Le test de Durbin - Watson : pour ce modèle de
la croissance, le DW est de 1,425 ce qui n'appartient pas à l'intervalle
]1,08 ; 1,36[ . Ainsi, on conclut qu'il n'y a pas auto-corrélation
positive entre les erreurs du modèle.
- Le test de Cusum SQ fondé sur la dynamique de
l'erreur de prévision, permet de détecter les
instabilités structurelles des équations de régression au
cours du temps. L'idée générale de ce test est
d'étudier l'évolution au cours temps de l'erreur de
prévision normalisée, ainsi on appelle résidu
récursif une succession de prévision calculée entre t-1
pour t. Si les coefficients sont stables au cours du temps, alors les
résidus récursifs doivent restés dans l'intervalle
défini par les deux droites. Dans le cas contraire les coefficients sont
instables.
Pour le modèle de la croissance on a le résultat
suivant :
A la lecture ce graphique, le constat qui se dégage est
la stabilité du coefficient durant la période 1992 à 2004.
On peut expliquer ce fait par le maintient de la croissance du PIB dans un sens
progressiste avec des faibles régressions.
En résumé, la croissance de la masse
monétaire de la période t a un impact sur la croissance
économique de la même période. Elle s'ajuste à 57,6%
à la croissance de l'activité économique. Cette
explication de la croissance économique par la croissance de la masse
monétaire de la même période est significatif à 5%
(F* = 17,677).
Après ces différentes interprétations, il
est important de passer à présent aux différents
enseignements et recommandations tirer de ce travail.
Section II : les instruments de la
politique monétaire utilisés au Cameroun face à
l'inflation et la croissance économique
Une étude tournée vers des
considérations économiques de nos résultats nous renseigne
sur les effets de la politique monétaire appliquée au Cameroun
sur l'inflation et la croissance économique. Ainsi, les
différents tests nous ont permis de vérifier si les relations
théoriques déterminées précédemment sont
validées ou non. Les résultats statistiques expliqués
ci-dessus nous fournissent d'une part des repères empiriques pour
vérifier nos hypothèses et d'autre part d'en tirer les
enseignements pour des recommandations utiles pour l'économie
Camerounaise.
I - Vérification des
hypothèses
La première partie de ce travail nous a permis
d'établir des relations théoriques entre plusieurs concepts et de
proposer des réponses aussi théoriques à nos
différentes préoccupations. Ainsi après avoir fait de
nombreux tests, il sera question dans ce paragraphe de procéder à
la vérification empirique de la validité ou non de nos
réponses du départ. Nous ferons cette analyse d'une part pour
l'inflation et d'autre part pour les effets de la politique monétaire
sur la croissance économique au Cameroun.
1) En ce qui concerne l'inflation
Le modèle qui nous a permis d'analyser l'inflation a
été inspiré de l'hypothèse
H1 : les taux d'intérêt directeurs de
la BEAC influencent négativement l'inflation.
L'analyse des concepts de cette hypothèse met en
relation les taux d'intérêt directeurs et l'inflation. Dans cette
relation, les signes des coefficients des taux d'intérêt nous
intéressent pour l'appréhension de l'impact de ces taux sur
l'inflation. Ainsi l'analyse statistique de nos résultats montre que le
TIAO a un impact positif sur l'inflation (coefficient 12,736), ce qui contredit
la relation théorique définie dans la première partie de
ce travail. Par contre le TIPP avec un coefficient négatif (-8,572)
confirme la relation théorique, le signe attendu est obtenu.
Cette contradiction des signes des coefficients des taux
d'intérêt directeurs, nous amène à se poser des
questions. Ainsi nous avons cherché à savoir lequel d'entre les
taux d'intérêt est plus corrélé à l'inflation
ou encore lequel contribue plus à l'explication de l'inflation. Nous
avons trouvé que les deux taux d'intérêt sont
corrélés d'abord entre eux d'une manière significative au
niveau de 1% avec un coefficient de corrélation de 0,982. Ceci nous
permet de dire que pour ressentir l'effet de la politique monétaire sur
l'inflation, il faut utiliser simultanément ces deux taux
d'intérêt directeurs. Individuellement, le TIAO et plus
corrélé à l'inflation avec un coefficient de
corrélation de 0,621 à un niveau de significativité de 5%
et de sens positif c'est-à-dire lorsque le TIAO augmente, l'inflation
augmente selon nos résultats. Par contre, le TIPP est
corrélé à l'inflation pas de manière significative,
mais dans un sens négatif si on ne considère pas les valeurs
manquantes de 1990 à 1993 (coefficient de corrélation de -0,086).
Ceci dit lorsque le TIPP augmente, l'inflation baisse.
Si le coefficient du TIPP en valeur absolue est
supérieur au coefficient du TIAO, on dit alors que les taux
d'intérêt directeurs influencent à la baisse l'inflation.
Par contre, si le coefficient du TIAO est supérieur au coefficient du
TIPP en valeur la décision de savoir la position de l'effet de ces taux
sur l'inflation dépendra de l'écart qu'il y a entre ces
différents taux d'intérêt. Ceci est le cas de nos
résultats (coefficient TIAO = 12,736 et coefficient TIPP = -8,372),
ainsi si l'écart entre ces taux ne permet pas au TIAO de rattraper le
TIPP alors les taux d'intérêt directeurs auront un effet
négatif sur l'inflation. Si cette différence est minime alors on
aura un effet positif. Ainsi pour analyser l'effet de la politique des taux
d'intérêt directeurs sur l'inflation, il est important de saisir
l'écart existant en les deux taux intérêts. En effet, au
Cameroun une augmentation du TIPP réduit l'inflation, de même une
réduction du TIAO influence à la baisse l'inflation. L'inflation
importée n'influence pas trop l'inflation au Cameroun. Mais, il convient
de noter qu'au plan théorique, les déterminants
non-monétaires de l'inflation sont : l'inflation par les
coûts, l'inflation par la demande et l'inflation importée. De ce
fait, l'hypothèse H1 de notre travail ne
peut être validée.
2) En ce qui concerne la croissance
économique
L'équation de croissance est fondée sur
l'hypothèse H2 : la croissance de la masse
monétaire a un impact faible sur la croissance économique au
Cameroun.
L'estimation de cette équation révèle
l'existence d'un impact significatif mais relativement faible de la croissance
de la masse monétaire sur la croissance économique au Cameroun.
Les résultats de notre travail concluent à une relation positive
entre la croissance de la masse monétaire et la croissance
économique.
Nos résultats confirment les études
menées par Paho (2005) qui montre que la variable masse monétaire
de la même période exerce une influence positive et faible sur la
croissance économique. Le fait d'expliquer la croissance
économique par la seule variable à savoir la croissance de la
masse monétaire joue sur la qualité de l'ajustement (R² =
0,576). Ceci explique aussi la faible efficacité des instruments de la
politique monétaire à atteindre l'objectif final de croissance
économique. Les résultats de nos tests confirme nos
spéculations théoriques de la première partie
c'est-à-dire l'hypothèse H2 de notre
travail se trouve validée.
En fait, nos résultats insistent sur
l'amélioration de l'efficacité des instruments de la politique
monétaire utilisés au Cameroun. Pour cela, il faut agir sur
certains instruments du nouveau dispositif de la politique monétaire de
la zone.
II - Les enseignements des modèles pour des
instruments de politique monétaire plus efficace
La présente étude a montré que les taux
d'intérêt directeurs en particulier le TIAO a un effet positif sur
l'inflation, par contre le TIPP a un effet négatif sur l'inflation et
que la croissance de la masse monétaire a un impact faible sur la
croissance économique. Toutefois ces effets demeurent relativement
faibles.
Ainsi, une amélioration des instruments et des
mécanismes de transmission de la politique monétaire au secteur
réel au Cameroun s'avère indispensable. Les objectifs majeurs de
la politique monétaire et des crédits sont les mêmes dans
presque tout les pays. Mais, il n'en va pas de même des techniques
à mettre en place pour y parvenir. Celles-ci varient
considérablement d'un pays à un autre selon le niveau de
développement et la structure financière de chaque pays. Du fait
de la faiblesse de revenu et de l'épargne, le Cameroun est constamment
confronté à un manque des capitaux nécessaires au
financement de l'économie. A cette cause structurelle, il faut ajouter
que au Cameroun, la masse monétaire est soumise à des fortes
fluctuations saisonnières, conséquences du caractère
cyclique de la production agricole. C'est dire que l'action du contrôle
de crédit des autorités monétaires camerounaises doit
avant tout avoir pour objectif d'ajuster la liquidité globale au besoin
de l'économie. Ceci veut dire qu'il faut mettre l'accent sur les
instruments ayant une action sur la liquidité bancaire (politique des
taux d'intérêt, open market et l'escompte).
De plus, on sait que l'objectif final de la politique
monétaire de la BEAC est la stabilité monétaire. Ainsi,
pour la BEAC dont la monnaie est rattachée à l'Euro par une
parité fixe, l'objectif de stabilité monétaire signifie un
taux d'inflation faible et un taux de couverture extérieure de la
monnaie suffisant (minimum 20%). Pour évaluer le risque pesant sur cet
objectif, la BEAC doit suivre étroitement l'évolution des
agrégats monétaire (taux de croissance de la masse
monétaire et de crédit à l'économie). Elle doit
utiliser les instruments appropriés pour les actions à mener.
En ce qui concerne l'action par la quantité, la BEAC
s'appuie sur l'exercice de la programmation monétaire pour arrêter
les objectifs de croissance des agrégats monétaires et de
refinancement compatible avec la réalisation de l'objectif de
stabilité des prix (faible inflation). L'action par les taux
d'intérêt inscrit dans le cadre de la nouvelle politique
monétaire d'après 1990 de la BEAC doit être dynamique et
plus souple. Ainsi, le gouverneur de la BEAC doit fixer les taux
d'intérêt directeurs en fonction des objectifs de la politique
monétaire et surtout de l'évolution de l'économie
nationale et mondiale.
Le taux d'intérêt exerce une influence sur le
comportement des agents économiques. Ainsi la hausse des taux
d'intérêt peut décourager la consommation et stimuler
l'épargne, ce qui peut être source de surliquidité des
banques commerciales. Pour cela donc, la BEAC doit baisser son taux
d'intérêt d'appel d'offre (TIAO) et augmenter le TIPP pour
influencer les différents taux à la baisse et encourager la
consommation pour diminuer la surliquidité bancaire. La non
répercussion des variations des taux d'intérêt directeurs
sur les taux d'intérêt nationaux peut avoir un impact important
sur l'activité économique.
Conclusion
Au total dans ce chapitre, nous avons eu à
présenter les différents résultats de nos tests qui nous
ont permis de rejeter et d'accepter certaines de nos hypothèses. De ces
différents résultats, nous avons tiré des enseignements et
avons fait des recommandations. Ainsi pour une amélioration de
l'efficacité des instruments de la politique monétaire
utilisés au Cameroun, le travail est loin d'être achevé.
CONCLUSION GENERALE
Rappel de l'objet
Notre travail dont le thème s'intitule :
« Politique monétaire : efficacité des
instruments utilisés au Cameroun », avait pour objet
de faire une analyse empirique de l'efficacité des instruments de la
politique monétaire par rapport à la stabilité des prix et
la croissance économique depuis la reforme de 1990. Nous avons
défini l'efficacité comme la capacité à
réaliser un objectif visé. Ainsi ce travail s'est
déroulé autour de ces questions :
- Les instruments de la politique monétaire
utilisés au Cameroun sont ils efficaces ?
- Quels sont les instruments théoriques de la politique
monétaire ?
- Quelles sont les relations qui existent entre les
instruments de la politique monétaire et les objectifs de
stabilité des prix et de la croissance économique au
Cameroun ?
L'objectif de notre recherche était de voir si les
instruments de la politique monétaire sont d'un grand apport dans la
lutte contre la pauvreté au Cameroun, indirectement à travers la
réalisation des objectifs de stabilité des prix (faible
inflation) et de croissance économique.
Rappel des hypothèses
Dans le souci de mener à bien notre recherche, nous
avons à partir de la littérature et des travaux empiriques
déjà menés dans le domaine de la politique
monétaire, formulé deux hypothèses à
savoir :
H1 : les taux d'intérêt
directeurs de la BEAC influencent négativement l'inflation.
H2 : la croissance de la masse
monétaire a un impact faible sur la croissance économique au
Cameroun.
La démarche adoptée nous a permis de retenir
plusieurs variables qui ont été utilisées dans la
régression. Le logiciel d'analyse économétrique E-Views
nous a permis de réaliser les estimations de nos équations de
régression. L'estimation par la méthode des moindres
carrés et les tests statistiques réalisés ont donné
les résultats suivants :
Le test de Fischer permet de dire que le modèle de
l'inflation pris dans son ensemble est globalement significatif à 1%. Le
modèle de la croissance quant à lui est aussi globalement
significatif au même seuil.
L'analyse des signes et le test de Student nous ont conduit
à la conclusion suivante : le TIAO a une influence positive sur
l'inflation tandis que le TIPP a une influence négative sur l'inflation.
La croissance de la masse monétaire exerce un effet positif significatif
sur la croissance économique. Ainsi notre hypothèse
H1 n'est pas validée, par contre
l'hypothèse H2 est validée.
Par ailleurs le Durbin-Watson montre que les erreurs ne sont
pas auto corrélées. Les données utilisées ont
été recueillies dans les documents statistiques et les sites
internet de la BEAC, la Banque de France et la Banque Mondiale de 1990 à
2004.
Rappel des résultats
Les régressions multiple et simple que nous avons
effectuées à l'aide du logiciel E-Views nous ont donné les
résultats suivants :
Les modèles utilisés sont globalement
significatifs au seuil de 1%, la plupart des variables exogènes
contribuent significativement à l'explication des différents
phénomènes au seuil de 5%. Certains signes attendus n'ont pas
été obtenus, mais les coefficients demeurent stables dans
l'ensemble. Ces résultats nous ont permis de rejeter d'une par
l'hypothèse H1 et de valider
l'hypothèse H2. Ce qui n'a pas
confirmé l'influence négative des taux d'intérêt
directeurs sur l'inflation, mais le faible impact de la masse monétaire
sur la croissance économique au Cameroun a été
confirmé.
Les limites de la recherche
Le thème de ce travail étant de
l'actualité économique, il est inconcevable d'assister à
ce débat sans travail scientifique. Il y a lieu de rappeler que tout
travail de recherche expose son auteur à des critiques de tout ordre.
Les critiques scientifiques résultent en fait des limites
constatées dans ce travail tant sur le plan de la forme, du fond et de
la méthodologie. Ainsi, ce travail initiateur à la recherche
présente des possibilités de biais non seulement sur les
variables retenues, mais aussi des tests, qui ne peuvent pas forcement
être parfaits dans l'ensemble.
Axe futur de recherche
Du fait de la mise en oeuvre de la même politique
monétaire dans la zone BEAC cette recherche pourra s'étendre
à l'ensemble des pays de la zone BEAC. De même, dans le futur, il
est important de voir l'influence de tous les instruments de la politique
monétaire dans le contexte de la BEAC sur tous les objectifs finaux de
la politique monétaire.
BIBLIOGRAPHIE
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21) MAMALEPOT J. F. (2004), « La
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déterminants de l'inflation au Cameroun », Mémoire
de Maîtrise en Economie Monétaire et Bancaire,
Université de Ngaoundéré, année académique
2003-2004.
24) PAHO MAHONDE Y. (2005),
« Politique monétaire et croissance économique au
Cameroun », Mémoire de Maîtrise en Economie
Monétaire et Bancaire, Université de
Ngaoundéré, année académique 2004-2005.
Sites Internets
1) www.beac.int
2) www.worldbank.org
3) www.banque_france.fr
* 1 -Définition
paraphrasée des idées des monétaristes
* 2 -Confère
BEAC-Etudes et Statistiques, n° 290, décembre 2004
* 3 - Institut National de la
Statistique, annuaire statistique du Cameroun 2000, décembre
2001
* 4 -André KEREVER
cité par MIKOT Reine P. D. : « Les déterminants de
l'inflation au Cameroun », Mémoire de maîtrise en
Economie Monétaire et Bancaire, Université de
Ngaoundéré, année académique : 2003- 2004
* 5 Rostow cité par
Pierre SALLES (1979), La vie économique : les
mécanismes économiques et les systèmes
économiques, Tome 2, édition André CASTEILLA
* 6 -BEAC-Etudes et
Statistiques, n° 281, mars 2004
* 7 - Diop cité par Kako
NUBUKPO (2003), « efficacité de la politique monétaire
de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest depuis la
libéralisation de 1989 », version provisoire,
novembre
* 8 - BEAC - Etudes et
Statistiques, n° 281, mars 2004.
* 9 -confère Bouchaddakh
ZOUHEIR et Gassab MAHER, « la politique monétaire dans
les pays africains entre contraintes interne et externe »,
version provisoire.
* 10 -Andely confère
PAHO MAHONDE Yolande, « politique monétaire et croissance
économique au Cameroun », mémoire de maîtrise
en économie monétaire et bancaire, Université de
Ngaoundéré, année académique 2004-2005.
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