Pour terminer...
Quelques conclusions...
Finalement, comment étudier la parentalité
?
Etudier des parentalités atypiques a permis de mettre
en évidence les choix de relations des acteurs et actrices dans ce type
de relations très fortement codées socialement et juridiquement.
Une parentalité sans statut est choisie et construite par ses membres et
leur entourage et ne correspond pas à la définition politique
actuelle de la parenté. Quand père et mère statutaires
sont présent-e-s, cela implique de créer un nouveau rôle,
une nouvelle relation suffisamment ressemblante pour être reconnue comme
parentalité et suffisamment dissemblante pour ne pas se voir reprocher
d'usurpation des identités de père et de mère. Cela passe
à la fois par des stratégies discursives, des actions politiques
en investissant les institutions et des actions quotidiennes pour se faire
reconnaître auprès de l'entourage. Mais ces actions ne peuvent
être reconnues que si leur sens est traduit par des mots.
Parler de sa relation dans le récit passe par une
construction stratégique du discours mobilisant éléments
perçus comme appartenant à la parentalité, souvenirs
considérés comme traduisant la relation comme une relation
parentale, témoins représentés comme légitimes pour
confirmer la relation.
A la vue des différentes personnes rencontrées,
la parentalité serait une relation choisie par un-e individu-e
vis-à-vis d'un-e autre plus jeune, que ces deux individu-e-s se
considèrent de la même famille ou non. Cette «
définition » est sociale, et pourrait se discuter. La
parentalité, par exemple, n'est que relativement choisi-e dans le cas de
grossesses non prévues ou bien d'une réponse à
l'injonction sociale (surtout avec des délais d'avortement
dépassés ou bien une pénalisation de ce
dernier)170. La différence d'âge entre parents et
enfants est également une construction sociale basée sur
l'idée que l'adulte saura plus et/ou mieux que l'enfant. Elle est
basée également sur la construction de catégories
d'âges au sein desquelles la parole n'a pas la même
légitimité sociale171.
Les définitions sociales participent aux
représentations des individu-e-s. Elles sont également
construites par eux/elles. Chacun-e construit sa famille, sa
parentalité. On le voit, les personnes rencontrées ne
définissent pas leur relation de la même manière. Leurs
discours restent singuliers même s'ils ont des points communs. On ne peut
pas définir la parentalité de manière universelle. Elle
est parfois relative à l'exercice quotidien du statut de parent, mais
170 BOLTANSKI Luc (2004), La condition foetale : Une
sociologie de l'engendrement et de l'avortement, Paris, Gallimard.
171 SINGLY François de (2006), Les adonaissants,
Paris, Armand Colin.
certain-e-s se considèrent comme parent sans en avoir
le statut. Elle est parfois lié-e à la cohabitation avec les
enfants, mais pas toujours. Parfois même, l'individu-e ne se dira pas
parent, mais dira que l'enfant est sa fille.
Il n'existe donc plus de définition unique de la
parentalité et de la famille. Chacun-e est parent à sa
manière, se dit parent selon ses propres
critères172.
Peut-on alors considérer la parentalité en
dehors des configurations familiales ? Ce n'est dans tous les cas ni dans les
habitudes communes, ni dans les habitudes politiques, ni dans celles des
scientifiques. Les enjeux politiques ne sont pas les mêmes dans les
configurations homoparentales et dans le cas de recompositions familiales et ce
sont donc plutôt ces configurations qui sont le centre des débats
et de la recherche. Néanmoins, c'est bien de parentalité qu'il
est question dans chaque cas et faire des configurations, des
catégories, c'est prendre le risque en sociologie de définir de
manière abusive un certain type de parentalité en la
différenciant abusivement des autres.
Mais créer des catégories comme « famille
homoparentale » permet de reconnaître la configuration comme «
famille » et comme « parentale ». Il peut s'agir d'un
positionnement politique (inévitable) du chercheur ou de la chercheuse.
Ce n'est donc pas contre ces catégories que je me positionne et je ne
peux pas non plus nier la configuration, si elle existe - élément
essentiel du contexte de la relation - je tente simplement d'adopter un autre
regard afin de voir ces relations au-delà d'un groupe dans lequel, elle
devrait forcément s'insérer.
L'enjeu du récit n'était pas le même pour
les configurations homoparentales et celles issues de recompositions
familiales. La configuration n'a pas été choisie de la même
manière puisque l'enfant était déjà là,
qu'il ou elle est issu-e d'une histoire antérieure, qui a
commencé avant la formation du couple. Dans le cadre de
l'homoparentalité, le parent se projette comme parent avant la naissance
de l'enfant et se dit parent, dit qu'il/elle a accès d'emblée en
toute légitimité aux différents territoires perçus
comme parentaux puisqu'il/elle est parent. Il faut évidemment ajouter le
bémol du statut. L'accès à ces territoires, notamment
quand ils sont institutionnels, n'est pas forcément d'emblée
autorisé. Mais, dans la manière de raconter, de mobiliser les
institutions dans leurs récits, les femmes que j'ai rencontrées
dans des situations homoparentales font valoir cet accès comme un droit
puisqu'elles sont parents (être présente à
172 J'adhère par ailleurs à la critique d'Eric
Fassin sur la notion de définition dans les sciences sociales, qui dit
que la définition appartient à la politique et non à la
science. FASSIN Eric (2000), « Usage de la science et science des usages :
à propos des familles homoparentales », L'Homme,
n°154-155, p.391-408.
la maternité, à l'école par exemple).
Alors qu'Anne, dans une situation de recomposition familiale, dit qu'elle n'a
accès à ces territoires qu'à partir du moment où
elle est confirmée comme parent par l'enfant. Elle a par ailleurs
mené l'entretien avec moi parce qu'Elizabeth l'a reconnue comme parent
en créant le lien entre nous. Les représentations sont
différentes du fait qu'Anne est devenue parent, une fois l'enfant
déjà grand, puisqu'elle ne l'a pas connu-e dès la
naissance.
De plus, dans un même foyer, il y a un homme et une
femme alors que dans les situations homoparentales, il y a deux personnes de
même sexe sous le même toit. Les rôles se construisent et se
négocient de manière différente puisqu'au sein d'un
même espace, dans le premier cas, la dite «
complémentarité » homme/femme (qui s'avère être
des inégalités) peut être reconstruite. Alors que dans le
second cas, le rôle doit se construire à la fois en s'identifiant
à un rôle perçu comme féminin (dans le cas d'une
homoparentalité féminine) et à la fois, en se
différenciant de la mère. Dans le cas des recompositions
homoparentales féminines étudiées par Didier Le Gall,
c'est du père dont la nouvelle conjointe de la mère cherche
à se différencier173.
On ne peut donc pas détacher la parentalité du
contexte dans lequel elle se place et dans une forme d'histoire
particulière. Car la configuration implique non seulement cette
histoire, mais aussi une organisation des espaces de circulation de l'enfant
qui varie selon les personnes qui composent ces espaces. Si chaque
parentalité est singulière, on retrouve des questionnements
communs à l'homoparentalité d'une part et aux recompositions
familiales d'autres part.
Cependant il y a aussi des choses qui se rejoignent quelle que
soit la configuration : la difficulté de définir les parents sans
statut, l'importance d'être confirmé-e comme parent par l'enfant
pour être reconnu-e par exemple. Ensuite, Philippe et
Hélène montrent bien que la parentalité peut exister en
dehors de l'espace famille et même en dehors de toute cohabitation et en
dehors de toute relation au moment de la naissance d'Hélène. Si
la parentalité est dans l'espace famille, on doit l'étudier au
sein de l'espace famille, si c'est au sein d'une configuration
particulière, on l'étudie au sein de cette configuration
particulière. Mais la parentalité peut aussi exister en dehors de
tout cela et c'est en cela qu'on peut briser les catégories, faire de la
parentalité une catégorie indépendante de celle de la
famille qui peut la croiser, la rejoindre mais pas obligatoirement.
173 LE GALL Didier (2005), op.cit
Se raconter comme parent : accords en genre et en
nombre
« Père » et « mère » sont
deux identités de parents construites pour différencier hommes et
femmes dans la parentalité et justifier les inégalités
sous le terme de « complémentarité ». Quand Martine
parle d'Eva en tant que parent, elle la différencie d'une mère et
d'un père tout en trouvant des similitudes avec chacun des deux
rôles. Dans le même temps, à certains moments des
récits, Eva et Karine seront décrites comme « partenaire de
la mère » c'est-àdire comme celles qui «
complètent » le rôle de la mère. De son
côté, Anne compare ses idées avec celles de la mère
de ses beaux-enfants tandis qu'elle compare les idées de son conjoint
avec celles du père de ses enfants. Le couple cohabitant implique dans
les représentations sociales une sphère de « pensée
commune »174 et dans le cas de la parentalité
cohabitante, une logique de « complémentarité » donc de
différenciation. En cas d'hétérosexualité du
couple, il ne nécessite donc pas de comparaison dans le discours afin
d'assurer la cohérence de l'équipe parentale. Il est
supposé que les idées sont les mêmes et les pratiques
« complémentaires ». En revanche, Anne ne compare pas tant les
idées d'une femme à celles d'une autre ni les idées d'un
homme à celles d'un autre. Elle compare plutôt les idées du
parent sans statut à celles du parent statutaire de l'autre foyer afin
de légitimer la place du parent sans statut, qui entre en «
cohérence » avec les idées éducatives existantes, ou
qui les « complète » dans une idée d'enrichissement.
La place du parent sans statut est donc définie en
référence à des représentations qui
considèrent des pensées, rôles, idées comme plus ou
moins féminines - ou bien plus ou moins masculines. Ces rôles ne
dépendent pas nécessairement de l'identité d'homme ou de
femme du parent en question, mais plus de l'identité de mère ou
de père du parent statutaire avec le/laquel-le ils/elles vivent (dans
une logique d'identification et de différenciation).
Identifier le parent sans statut aux rôles de «
père » et « mère » permet de le faire
reconnaître à partir de ce qui est connu. Dire ses
différences, c'est pallier à la concurrence éventuelle et
se faire reconnaître aussi comme étant un parent « utile
» (et non pas un double du parent existant). Un des enjeux
spécifiques aux familles composées du père et de la
mère statutaires, c'est que les deux parents porteurs des rôles
reconnus sont présents. Le parent sans statut ne peut donc pas remplacer
un parent qui ferait défaut mais doit s'inventer un autre rôle
à partir de ce qui est reconnu comme parental - tout en restant un
parent « différent ».
174 SINGLY François de, CHARRIER Gilda, op cit.
Pourtant, chaque individu-e est singulier et ne porte pas le
rôle de mère ou de père de la même manière que
les autres, mais selon ses propres interprétations de ce que doit
être une mère ou un père. Un enfant qui aurait deux
mères aurait deux mères différentes car ce ne seraient pas
les mêmes femmes.
Puisque la parentalité est communément
perçue comme une composante de la famille, être confirmé
comme parent par les autres membres de la famille (parents statutaires, ses
propres parents, l'enfant...), c'est confirmer la parentalité au
quotidien mais aussi comme existant au sein d'un groupe dont elle est
censée être indissociable. Mais au-delà, plus que
témoins, les parents statutaires, et a fortiori la mère,
supposée savoir ce qui est dans l'intérêt de son enfant,
sont celles et ceux qui vont pouvoir décider du réseau de
l'enfant. En effet, sans droit ni devoir, le parent sans statut dépend
du privé décidé par les parents statutaires. Mais plus que
le parent sans statut, c'est tout l'entourage de l'enfant qui peut être
choisi par son père et sa mère statutaire. Il et elle choisissent
son école, son médecin, les membres de la famille qu'il/elle peut
voir, chez qui il/elle peut passer des vacances etc. Par conséquent, les
parents statutaires deviennent important-e-s quand il s'agit de confirmer la
relation entre l'enfant et le parent sans statut. Permettre le lien, c'est
déjà le confirmer.
Vient ensuite l'histoire, la manière de raconter, les
mots, les objets, les photos. Vient l'imaginaire d'une histoire familiale, les
grands-parents sans statut qui considèrent ou pas l'enfant comme leur
petit-fils ou leur petite fille.
Se raconter comme parent : reconstruire les espaces et
les temps
Les lieux ne sont pas qu'une succession de murs et de sols
tout comme les temps ne sont pas qu'une succession d'évènements
et de secondes. L'un comme l'autre (espace et moment) sont construits par les
individu-e-s, et ont un objectif particulier (habitat, formation, consommation,
éducation etc.). Au sein des lieux, des codes implicites
définissent des manières d'être et de faire. Pour les
temps, à chaque âge (enfance, jeunesse, vieillesse) et à
chaque moment (vacances, travail, soirée) ses codes et ses attentes. Les
lieux et les moments sont donc traduits, interprétés par les
acteurs et actrices qui y circulent, qui en parlent, qui les investissent. Les
espaces peuvent parfois être institutionnels. Dans ce cas, ils peuvent
être composés par plusieurs lieux physiques (on fait la
différence entre l'école et les écoles,
l'Université et les universités).
Peuvent alors être crées des territoires
(école, CAF, maison) et des temps (vacances, week-end) parentaux.
Ceux-ci sont dits comme tels selon des représentations communes et/ou
individuelles de ce qui est parental. Ils varient selon les
individu-e-s. Il importe peu que la vision des personnes rencontrées de
ce qui est ou non parental soit singulière ou universelle (je ne crois
pas que cela puisse être universel). Ce qui importe c'est que dire un
territoire ou temps comme « parental » et l'investir, c'est donc se
dire parent. C'est aussi mobiliser des témoins perçus comme
officiels et spécialisés dans la famille et la parentalité
(CAF, école, Etat Civil etc.).
Mais ces territoires ne permettent pas seulement de se dire
« parent », ils peuvent aussi exclure. Pour investir ces espaces, il
faut en connaître les codes et les accepter. Pour aller à une
réunion parent-prof à l'école, il faut être un
minimum à l'aise avec l'espace scolaire. Pour demander des aides
à la CAF sans avoir le statut de parent, il faut déjà
savoir que c'est possible. Pour rencontrer les institutions, il faut se sentir
servi - et non desservi - par elles. Cela permet sans doute de comprendre
pourquoi, malgré mon objectif de départ, je n'ai réussi
à rencontrer que des personnes de milieux intellectuels, artistiques,
aisés.
Se créer une identité en investissement un
territoire implique dans ce cas d'avoir accès à la prise de
parole, car il ne suffit pas de les investir pour être parents, il faut
dire. Dire qu'on les a investis, dire ce que cela signifie, traduire les actes.
Ceci est valable autant pour les parents de familles homoparentales, que pour
ceux issus de recompositions familiales ou tout autre parent.
Se raconter comme parent : quels outils pour quelle
parole ? Parentalité et milieu social
Edmond Marc Lipiansky rappelle que la parole comprend un enjeu
identitaire très fort175. C'est par l'interaction, la
communication que nous faisons reconnaître un aspect de notre
identité. L'interaction peut se traduire par des manières de
faire et d'être mais le dire est une composante essentielle. Prendre la
parole c'est prendre le risque de « perdre la face » au lieu
d'être reconnu. On confie son identité à
l'interprétation d'autrui. A partir de là, on comprend ce que
peut représenter un entretien avec une étudiante qui
rédige un mémoire de master. Et on peut comprendre que - sans
même que l'étudiante ne soit issue d'un milieu aisé - elle
n'ait accès qu'à ce milieu directement. Cela ne signifie pas que
les personnes de milieu populaire qui se considèrent comme parent sans
en avoir le statut n'existent pas mais simplement que je ne les ai pas
rencontrées. Et le pourquoi m'intéresse car je ne peux pas mettre
cela sur le
175 LIPIANSKY Edmond Marc (1990), « Identité
subjective et interaction », in Camilleri Carmel, Kastersztein Joseph,
Lipiansky Edmond Marc, Malewska-Peyre Hanna, Taboada-Leonetti Isabelle, Vasquez
Ana (dir), Stratégies identitaires, Paris, Presses
Universitaires de France, p.173-212.
compte de mon réseau qui n'est pas exclusivement
universitaire. J'ai contacté des personnes de milieux beaucoup plus
modestes que celles que j'ai rencontrées et je n'ai pas eu de
réponse. Pour accepter un entretien dans l'objectif de mon
mémoire, sans doute faut-il se sentir suffisamment «
légitime », « intéressant-e », ne pas avoir
l'impression de n'avoir rien à dire. D'autant plus que mon objet de
recherche n'est pas « Les classes populaires ».
L'entretien a aussi quelque chose d'extrêmement violent
du fait que je n'exprime pas mon avis. Mes positions peuvent être
supposées, elles ne sont pas clairement dites. Les personnes
enquêtées parlent - de leur vie privée - s'exposent, je ne
valide ni n'invalide aucun de leurs propos. C'est donc un échange
inquiétant si nous ne sommes pas en confiance avec l'institution
universitaire. Car il s'agit bien de confier ses propos et sa vie privée
à une étudiante inconnue qui nous garantit simplement
l'anonymat.
L'une des stratégies est d'appuyer ses propos, à
travers la référence à des auteur-e-s reconnu-e-s en
psychologie ou en sociologie. Mais cela implique de les connaître, de
connaître au moins leur pensée. L'autre stratégie est de se
dire heureux/se, dire que « tout va bien » pour ne pas laisser place
au doute sur la bienveillance des parents à fonder leur famille telle
qu'ils et elles l'ont fondée. Cela implique d'avoir les moyens d'assurer
la vie économique de la famille.
Pour étudier le privé, est-on forcé-e de
se limiter alors aux classes aisées ? Je ne le pense pas. Simplement, la
parentalité ajoute une notion de responsabilité qui rend
difficile de se sentir légitime - si les institutions habituellement
rencontrées nous font croire sans cesse que nous n'arrivons pas à
assurer ces responsabilités.
Etudier le point de vue des parents : les
limites
Dans la société française d'aujourd'hui,
le point de vue de l'enfant est souvent revendiqué dans le choix des
politiques familiales quant aux nouvelles formes de famille (recomposition,
homoparentalité etc.). Les partisans d'un ordre social familial
hétéronormé et biparental parlent du droit d'avoir un
référent masculin et une référente féminine.
Le droit de voir ses deux parents. Mais le point de vue de l'enfant n'est que
supposé car il n'est jamais l'invité des débats
politiques. Tout comme il n'est que rarement l'enquêté des
sociologues. Le plus souvent, les débats - tout comme les recherches
sociologiques - tournent autour de la parenté et/ou de la
parentalité. Pourtant, nous l'avons vu, l'enfant a un rôle majeur
dans la reconnaissance de l'adulte comme parent. Eva peut se dire
considérée par Esteban comme « deuxième maman ».
Vanessa raconte que Karine était considérée comme telle
par Antoine
aussi. Lisa explique que pour Thibault, elle est un parent.
Sarah vient de perdre son père, il est donc délicat que son
beau-père se définisse comme parent. Dans la situation d'Anne,
les enfants sont celles et ceux qui autorisent l'accès des beaux-parents
sur les territoires dits parentaux comme l'école. Philippe explique
qu'Hélène le considère comme son « papa de coeur
».
Partir du point de vue de l'enfant sans parler
nécessairement de « parents » permet de sortir des relations
prédéfinies de parentalité voire de l'espace famille. Car
si Philippe et Hélène prouve que cela est possible, le mot «
parent » est lourdement porteur de représentations associées
à la famille.
Etudier les référent-e-s que l'enfant se choisit
permettrait d'aborder de manière plus large les relations non-paritaires
(c'est-à-dire qui ne comprends pas les ami-e-s, les frères et
soeurs du même âge etc.). Cela permettrait de considérer les
relations mises en évidence par Eva Lelièvre, Géraldine
Vivier et Christine Tichit176 entre frères et/ou soeurs
d'âges différents, dont l'aîné-e est
considéré-e comme figure parentale. Ce qui pourrait alors mettre
encore davantage en exergue les différences entre réalité
juridique (relative au statut des personnes) et réalité sociale
(telle qu'elle est vécue).
176 Op cit.
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