Entretien Saadia. Source : « Education National
».24ans. BTS .Vente et Production touristique.
L'entretien montre ici les difficultés d'accès
à l'emploi lié à la conjoncture. Elle a un bon CV, de
nombreux stages, dont certains à l'étranger. Elle fait preuve
d'une réelle motivation et d'une grande ambition.
Par rapport à son nom de famille, elle pense que
ça a pu jouer, mais elle n'insiste pas sur le fait qu'elle ait des
origines arabes, ou sur son nom. Elle ne veut pas se porter comme victime, au
contraire. C'est une jeune femme, avec des origines arabes, mais elle veut
faire preuve de combativité quand à sa recherche d'emploi. Cela
est peut être due à son éducation, et à son milieu
social : classe moyenne sup, établissements de centre ville, a toujours
vécu hors quartier, elle est autonome, prend la décision de faire
un emprunt...
Même si il y a eu des périodes de
découragement quand à sa recherche, elle ne cherche pas les
réponses par rapport à son identité, elle remet au
contraire sa personnalité en question, ses démarches, cherche de
nouvelles stratégies...
« J'étais au lycée Jules Verne, j'ai
passé un Bac L, option européenne, Histoire et Anglais ; je
voulais avoir la mention européenne. Ensuite, j'ai fait une
première année de Fac de Droit, pour apprendre l'Histoire et
le
Droit...ça m'a pas trop plus. J'ai cherché
un type d'études autour du BTS tourisme. Je suis allé à
l'école Pigier, c'est une école privée, qui faisait un BTS
Vente et Productions touristiques. Je voulais travailler en agence de voyage,
ou en Tour Opérator...vendre les brochures aux agences ».
« J'ai fait deux stages à Nantes en agence. En
2003, j'ai eu mon BTS Tourisme, je voulais pas rentrer directement sur le
marché du travail. C'est un BTS très complet, après la
formation, c'était déjà vu, je me suis dirigée vers
le Commerce International, car le tourisme, c'est bouché. J'ai fait un
TS+, en faisant une Licence Commerce International, option Bois, c'est plus
sécurisant de se spécialiser dans ce domaine. J'avais quatre mois
de cours et six mois de stage. Pendant mon stage, j'ai organisé des
salons sur La Roche. J'ai aussi fait un stage à Miami chez un
exportateur, je faisais du marketing, reporting ; puis j'ai fait un mois en
Belgique, sur une création de maquette. J'ai eu ma Licence
professionnelle en octobre 2004 ».
« Pour ma recherche d'emploi, je recherche dans le
Tourisme et dans le Commerce International. Au bout de deux mois, je me suis
rendu compte que c'était pas facile de trouver quand on est jeune
diplômé ; les professionnels ne nous prennent pas au
sérieux, ils n'ont pas envie de nous faire confiance. J'ai
cherché du travail dans tous les domaines. Je veux m'installer à
Nantes, mais j'ai pas 25 ans, je n'ai pas le droit au RMI ».
« Les entretiens d'embauche, j'en ai fait une bonne
dizaine en six mois, ça s'est pas très bien passé...je ne
répondais pas bien aux questions...mais de me planter comme
ça...ça m' a appris. J'ai essayé dans différents
domaines, la banque, la télécommunication, l'info-comm. Je me
suis inscrite à l'ANPE, où il y avait beaucoup d'annonces, et je
me suis inscrite dans une agence Intérim, et aussi dans une agence
d'hôtesses. J'ai pas mal d'expérience dans le Tourisme et le
Commerce International. Pour eux, c'est pas très clair, pour moi, je
trouve ça cohérent...les langues, le tourisme, le Commerce
International. J'aime tout ce qu'est Commerce. Mon stage en Belgique, j'etais
assistante commerciale, ils voulaient ouvrir un nouveau marché dans le
sud. J'ai eu trois stages avec des responsabilités.
A La Roche, j'ai animé des salons que j'ai
menés du début jusqu'à la fin, j'avais une certaine
autonomie ».
« Par rapport aux entretiens d'embauche, on me parle
de manque d'expérience. Dans le bois, c'est un milieu assez misogyne,
quand tu es une femme, ça passe pas, ils parlent d'une histoire de
risque, non seulement je suis une femme et en plus je suis jeune. Il faut
savoir se faire respecter, savoir ce qu'on veut ...J'ai eu un entretien avec
l'entreprise HERTZ, je n'ai pas eu de nouvelles, ils m'ont fait passer des
tests psychotechniques, et m'ont posé des questions basiques, ils me
disaient qu'ils leur fallait des gens dynamiques mais ça n'a pas
marché, la réponse n'était pas claire ».
« Les entretiens où ça
été négatif, pour le nom, je sais pas...mais pour certains
entretiens, ça a joué...j'y allait en tant que personne. A
l'ANPE, j'ai fait une formation `ACCOMPLIR', j'ai eu un conseillé qui
m'aidait à rédiger le CV et les lettres de motivation. Je
postulais à des offres de l'ANPE, ou sur Ouest Job...le bilan du
conseillé, c'est qu'il avait rempli sa mission. Mon bilan, c'est que mon
nom est un frein à ma recherche d'emploi, mais on ne me l'a pas fait
ressentir ».
« Au collège, j'étais à Saint
Jean-Baptiste de La Salle. J'ai vécu en Centre Ville. Actuellement je
suis avec mon mari au pont de la Tortière ».
« Mes parents m'ont aidé
financièrement, ils m'ont financé l'école privée.
Pour la Licence, j'ai fait un emprunt, j'ai des échéances,
ça pousse aussi à trouver du boulot. Ma mère est
secrétaire de Direction dans un banque et mon père est grutier
dans le bâtiment ».
« J'ai eu un entretien avec Bouygues, j'ai eu un
refus, je ne correspondais pas au profil, je me suis dit...si je ne suis
même pas prise pour répondre au téléphone. On se
remet tout le temps en question...qu'est ce qu'il faut que je change ?...on
finit par tourner en rond. J'en parlais avec la famille, mon mari...beaucoup de
personnes...ils me disaient tu iras loin, tu as du charisme...on
s'inquiète pas pour toi...on finit par se dire comment c'est possible,
pourquoi je trouve pas de travail ? ».
« J'ai trois bonnes amies avec qui j'ai gardé
contact, elles sont parties trois mois à Miami, pour la langue, pas pour
un boulot fixe. On s'échange des infos, on s'appelle, on
s'échange des offres, on est toutes dans la même galère
».
« Mes parents, ils sont déçus par la
situation. J'ai pas envie de tomber dans une paranoïa...ça existe,
mais si je me mets à penser à ça, j'ai pas finit. Si on
leur prouve nos qualités...les entreprises, elles pensent à leur
business, à leurs clients. Tout est une question de risque. Je suis
autant française, je suis née à Nantes, et j'ai du sang
arabe. J'ai pas à justifier ça. Mon père est d'origine
algérienne, ça fait plus de quarante ans qu'il est en France
».
« Mon petit frère est en première
année de Bac Pro, mes parents...ils m'ont pas obligé après
le Bac, je voulais continuer. Si je ne m'étais pas mariée,
j'aurais continué. Avec le mariage, il fallait bien travailler, je me
suis arrêtée au Bac+3, sinon, je serais partie à
l'étranger, j'aurais fait un Master en France et à
l'étranger ».
« Actuellement, j'ai eu deux entretiens il y a deux
semaines, Phone Régi, ils recherchaient une hôtesse d'accueil. Et
là, je travaille à la banque populaire, comme hôtesse
d'accueil. J'ai une collègue qui est enceinte, il y aura peut-être
un remplacement, j'attends la réponse. C'est un CDD de quatre mois pour
être conseillère banque à distance, il y a des contacts
avec les clients, il faut gérer les plaintes, les dossiers
».
« J'ai des exigences, financièrement, j'ai un
emprunt...faut que je puisse vivre. Je vois sur le long terme...je suis assez
ambitieuse. Je me vois responsable d'agence dans cinq ou dix ans, il faut voir
les perspectives. Géographiquement, j'ai une contrainte pendant quinze
mois, mon mari est en formation. On bougera tous les deux ».
« Pour le BTS tourisme, les profs nous disaient qu'on
allait être mal payé, qu'il fallait qu'on soit sédentaires.
Les discours n'étaient pas très positifs. Après, ça
dépend des opportunités qu'on a ».
« Ma mère est née à Nantes
».
« J'ai eu ma licence en 2004. J'ai fait la Fac de Droit
en 2000 2001. La Licence, c'était rue Crébillon, à
L'ENACOM ».
« Le stage à Miami, ça a duré un
mois et demi. C'était des stages de deux mois en moyenne. Mon mari,
ça fait dix ans qu'il est dans le bâtiment. Sa formation a
commencé en juillet, il fait attention. Je me suis
débrouillée pour trouver des petits boulots, dans la
distribution...comme démonstratrice ».
« Je suis confiante, ce que je souhaite, c'est une
réponse positive à la caisse d'épargne, même si
c'est un CDD de quatre mois comme hôtesse d'accueil ».
« Aujourd'hui, je regarde les offres, j'ai
lâché du lest. Là, je suis hôtesse d'accueil, j'ai
moins de temps, je souffle un peu ».
« Je me disais, c'est bon, cool, le mois prochain je
travaille...j'ai vite déchantée. On se remet en question,
j'étais trop sûre de moi. Je sais ce que je veux. Je lâche
pas du tout ».
« Mes recherches, c'était par l'ANPE, des
recherches par Internet, les agences Intérim...ils m'ont proposé
trois missions, je pouvais pas ».
« En octobre, décembre 2004, il n'y avait rien,
peut-être que je prospectais mal. J'ai postulé pour un emploi pour
l'ancienne école, ils ont préféré prendre quelqu'un
de l'école concurrente ».
« Pour l'ANPE, c'est une amie à moi qui m'a
parlé de `ACCOMPLIR'. Mais c'est moi qui suis obligée de les
démarcher, c'est un système défaillant. Les offres ANPE,
il faut y répondre via l'ANPE, si il y a un truc qui ne correspond pas
sur le CV, ils n'envoient pas la candidature. Je trouve que c'est une
barrière...vous n'avez pas ce diplôme, ce n'est pas
possible...Quand il s'agit d'étude, on ne sait jamais ! »
« J'utilise mon réseau de connaissance, je ne
mets pas `stages' sur le CV ».
« Les écoles, à Saint Jean-Baptiste,
c'était des classes moyennes, mais à Jules Verne, c'était
plutôt des classes sup de centre ville. Je suis contente d'avoir fait ces
deux établissements, j'ai un recul sur les deux classes. J'ai
passé du temps avec des gens riches et du temps avec des gens plus
populaires. C'est bien pour l'avenir, il faut savoir s'adapter, je suis
plutôt de classe moyenne supérieure, je suis même
plutôt dans la classe aisée, je me trouve dans la moyenne. Ca m'a
permis de faire des études, j'ai eu de la chance que mes parents me
payent mes études. Ca permet aussi de n'avoir aucun
préjugé envers les différents milieux, mes amis viennent
d'un peu tous les milieux ».
« Les personnes que je côtoie, elles ont
arrêté les études assez tôt. Les personnes de la
prépa, au lycée, elles ont toutes fait des études, mais si
je voie quelqu'un du collège, il n'y a pas de barrière, il n'y a
pas que l'intellect ».
« Je vais peut-être faire le concours de la
fonction publique, j'ai regardé le calendrier, mais là, je ne
suis pas prête ».
« Pour le tourisme, je fais des candidatures
spontanées, mais j'ai très peu de retour. J'ai eu trois, quatre
réponses sur trente. Il y peut-être une réponse positive,
j'aurais la réponse en octobre 2005. Sur le CV, je mets ma photo, je ne
cible pas trop. Il faut connaître un minimum les entreprises, faire
marcher le bouche à oreille...'j'avais entendu dire...ou tient, ils
prennent un vacataire'...par quelqu'un que je connais ou de la famille
».
Pour les entretiens, au niveau des lettres de motivation,
il y a eu un changement, j'ai fait des lettres de motivation qui faisaient plus
pro...il ne faut pas faire de fausse modestie, il faut trouver le juste milieu.
Montrer plus sa personnalité et ses expériences ».
« En octobre et décembre 2004, c'était
assez aléatoire. Mes parents étaient au rond-point de Paris.
Depuis février 2004, je suis partie de chez mes parents ; je me suis
mariée en mai 2004, avant mon mari était à La Roche
».
« J'ai passé deux tests de `performance'. La
personnalité du travail, c'est les gros traits de la personnalité
: `pouvoir, combativité, extraversion'...quelqu'un qui aime bien
diriger, autonome, qui ne veut pas être sous des ordres ».
« J'ai le même caractère que mon
père, ma mère est plus souple (elle n'est pas très
directive, plus douce), moi, je dis un peu trop ce que je pense...mais je suis
plus proche de ma mère. Mon père, il va me parler d'emplois qui
ne m'intéressent pas ».
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