3.1.5. Entretien réalisé au lycée
Albert Camus avec monsieur Le Grand coordinateur du lycée Albert Camus:
La valeur d'un diplôme professionnel est aujourd'hui
liée en partie à l'établissement. C'est une des raisons
pour laquelle les établissements de formation professionnels
rétrécissent leur nombre d'admission pour donner des formations
plus efficaces aux élèves et plus adaptées aux
entreprises.
Ainsi, selon monsieur Le Grand, « le lycée
Albert camus est un lycée réputé aujourd'hui. Cela
s'explique par la dure sélection établit pendant la
période d'admission des candidats par rapport au nombre de candidatures
qu'ils reçoivent ». À cet effet, pour 35 places, ils
ont reçu 850 candidatures en 2004. La sélection se fait par des
critères presque semblables à ceux des employeurs :
-L'adresse du candidat et celle de ses parents,
-La profession des parents (avec précision s'il s'agit
d'un emploi commercial), -Le parcours scolaire (lycée, bac et
série du bac, lieu et date d'obtention), -Scolarité post bac,
-Les raisons de motivation pour cette candidature.
En revanche, cette dure sélection « n'exclut
pas totalement les élèves issus des quartiers sensibles, comme
Malakoff, les établissements de formation professionnelle, ont connu une
évolution dans le recrutement de ces jeunes, d'ailleurs, notre
établissement fait une concurrence avec d'autres établissement
pour le recrutement des jeunes issus des quartiers sensibles » nous
confie un professeur du lycée Albert Camus, qui enseigne depuis 12 ans
dans l'établissement.
Afin d'honorer cette qualité de formation, le
« lycée Camus met à la charge des élèves
d'énormes travaux scolaires donc une dure formation. Cette charge n'est
pas supportable par tous les élèves, certains se désistent
avant la fin de l'année. La résistance à cette charge fait
la différence entre les élèves de formations
différentes à la base, notamment entre les élèves
de la STT et ceux du bac pro ».
Bourdieu disait que certains élèves de
« parents non professionnels » dont la réussite
scolaire n'était « statiquement » pas prévue
arrivent à s'échapper. Mais cette réussite des jeunes
issus des quartiers sensibles en milieu scolaire ne définit pas toujours
leur réussite dans la vie active. Celle ci se complique pour certain
depuis le stage de professionnalisation qui n'est pas toujours acquis. Comme
dans les entreprises de recrutement pour emploi, le lieu de stage devient un
obstacle pour des jeunes
issus de ces quartiers dits en difficulté aux
près des entreprises, cette difficulté s'explique parfois par le
comportement de ces jeunes « nous-nous engageons aux près des
entreprises pour chercher un stage, mais parfois on a du mal ».
« Une fois j'ai contacté une entreprise qui avait
déjà reçu des élèves de ce lycée pour
le stage, elle me répond qu'elle ne veut pas avoir un sac au dos »
disait monsieur Le Grand pour témoigner des difficultés des
jeunes mais aussi mettre la lumière sur l'image qui est donnée
à ce lycée à l'extérieur et celle que l'on attribue
aux jeunes issus des quartier sensibles.
Selon monsieur Le Grand, la difficulté d'insertion des
jeunes issus de ces quartiers est plus complexe qu'on le croit. Elle s'explique
d'abord par des raisons « culturelles, en particulier, certains jeunes
sont confrontés au problème de la langue, ce qui rend difficile
leur communication et donc leur insertion ».
« Le second problème que l'on remarque chez
les jeunes aujourd'hui en général est celui du projet personnel
ou professionnel ». Ce qui veut dire que plusieurs jeunes sans
exception d'origine ou de lieu de résidence font ces études de
professionnalisation sans au préalable avoir une idée de ce
qu'ils veulent faire après l'obtention du diplôme.
« Ce manque de projet professionnel chez les jeunes
est surtout remarquable chez les garçons. Nous ne connaissons pas la
proportion entre les deux genres sur la question... Mais tout de même il
faut noter que les jeunes filles sont plus soucieuses et cherchent plus de
renseignements sur le marché de l'emploi avant d'entrer dans cette
formation. En effet, il a été remarqué que les banques et
les assurances sont les entreprises qui recrutent les plus parmi les sortants
de ces formations, cela s'explique d'une part par le secteur d'activité,
mais aussi par le coût de la main d'oeuvre. Quant aux intérims,
ils recrutent moins par rapport à tous les autres secteurs
d'activité relevant ces formations. Cela se comprend, c'est un secteur
d'intermédiaire qui a une prestation en ressources humaines à
rendre. Alors les jeunes sortants n'ont pas assez de chance par rapport
à leur expériences actuellement il été ressenti un
manque ou il y a une demande de garçon plus forte dans ces secteurs mais
ces jeunes garçons ne sont pas ou sont très peux organisé
pour répondre à cette demande ».
Au delà des expériences et des problèmes
de projets professionnels « se trouve la question de la discrimination.
Elle est très complexe, parmi les jeunes qui ont un projet
professionnel, les jeunes issus de l'immigration sont les moins
représentés. Monsieur Le Grand n'a pas manqué de signaler
la question du territoire. Ainsi, « le lycée Albert Camus,
même si les choses ont changé, garde son ancienne image »
ce qui veut dire que le lycée est situé dans quartier chaud,
donc fréquenté par des élèves moins
désirables sur le plan professionnel. « Plusieurs personnes
continuent à appeler le lycée Camus le lycée Bellevue
».
En résumé les idées essentielles de cet
entretien sont les suivantes :
Une évolution dans le recrutement dans le lycée A.
Camus notamment pour les jeunes issus des ZUS, Une difficulté pour les
jeunes en général et en particulier les jeunes garçons
à se projeter dans l'avenir,
Des problèmes culturels qui s'imposent aux jeunes issus de
l'immigration dans la construction d'un projet clair en fonction de la
réalité du marché d'emploi,
Une réticence des entreprises, donc une discrimination par
rapport aux jeunes issus de ce lycée qui souffre de l'image du quartier
Bellevue.
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