3.1.3. L'Observatoire de La Vie Etudiante :
M. Pierre Cam est professeur de sociologie à
l'université de Nantes et directeur d'études de l' «
observatoire de la vie des étudiants ».
Il a un avis transversal sur les conditions d'insertions
professionnelles des jeunes issus de l'immigration. Mais son avis est aussi et
surtout axé sur le parcours universitaire des étudiants.
Selon M. Cam, l'échec des étudiants d'origine
étrangère tout comme les étudiants d'origine
française, s'explique d'abord par leur parcours universitaire. En effet,
si les études supérieures sont considérées
aujourd'hui comme l'une des conditions favorables pour l'insertion
professionnelle, elles ne sont pas acquises par qui veut. Ceci dit, «
près d'un quart (1/4) des étudiants aujourd'hui s'arrête au
niveau maîtrise » d'après Monsieur Cam. Alors que
l'enquête du CEREQ « génération 2001 » montre
bien que les étudiants ayant effectué des études
supérieures de troisième cycle ont plus de chance sur le
marché d'emploi que ceux qui n'ont que le diplôme de premier et de
deuxième cycle.
Le taux de chômage des jeunes de moins de 30 ans est
presque deux fois supérieur dans la région pays de la Loire
qu'à la moyenne nationale16. L'explication de Pierre Cam
témoigne ce chiffre :
Selon Monsieur CAM, « il y a assez d'emploi professionnel
avec les diplômes des IUT et des DUT qu'en BTS sur la région
».
D'autres parts « la région pays de la Loire n'est
pas très favorable aux jeunes débutants, parce qu'il y a pas de
grandes entreprises ici ». Il estime également que « cette
région est plutôt agroalimentaire » ce qui explique une forte
augmentation du taux de chômage dans la région notamment chez les
jeunes ayant des diplômes pour les domaines tertiaires ».
Existe t-il une discrimination territoriale ?
À propos de la discrimination, « un Nantais à
10 fois plus de chances sur le marché d'emploi qu'un étranger
quel que soit son origine ».
La marginalisation des quartiers sensibles et la
discrimination des jeunes issus de ces quartiers ne passent plus
inaperçus, même les chercheurs qui ne font pas de ce
phénomène un objet d'étude spécifique le
reconnaissent. Ainsi, selon M. CAM, « les recruteurs font ou faisaient
attention à l'adresse des candidats ».
En effet, l'autonomie financière s'annonce
déterminante dans la candidature pour un emploi, « l'objectif est
de comprendre le mode de vie de la personne, les conditions d'accès au
marché du travail est aussi défini par son mode de logement
».
Comment se positionnent les jeunes issus de l'immigration par
rapport au marché de l'emploi ?
En ce qui concerne la discrimination par rapport aux «
jeunes issus de l'immigration », elle est plutôt contre
carrée par les jeunes eux-mêmes et parfois par des
stratégies « d'anticipation » et de «
réseaux ».
La discrimination est d'abord « sexiste »,
c'est-à-dire que ce sont les jeunes filles qui sont les plus
discriminées
« Les jeunes issus de l'immigration ayant plus ou
moins une perception du marché de l'emploi notamment par rapport
à la discrimination, adoptent des stratégies. En effet,
après la sortie du système scolaire, avec un diplôme
d'étude supérieure de troisième cycle ou deuxième
cycle, les jeunes issus de l'immigration, « généralement les
filles d'origines maghrébines » cherchent du travail dans le public
pour échapper à la discrimination ». Le secteur public est
considéré comme un levier « ces jeunes pensent qu'il y a
moins de discrimination dans le public», ce qui signifie que ces jeunes ne
se reconnaissent pas employables dans les entreprises.
16 D'après l'édition régionale de France3 du
12 avril 2005.
Quant aux jeunes garçons, ils mettent en place un
réseau de relation depuis le lycée, d'autre part ils optent pour
le déplacement sur la région parisienne ou d'autres grandes
villes. Ce phénomène de déplacement est surtout
remarquable chez les jeunes sortant des IUT, DUT, BTS. Dans cette optique, nous
dirons que les jeunes construisent et utilisent le capital social d'ou le
réseau amical, mais également, qu'ils ont parfois des projets
professionnels. Ils font ces formations professionnelles dans la région
ici pour aller à Paris après la formation».
La question de la discrimination à l'emploi a servit
à beaucoup de réflexions et de recherches. Mais les fondements ou
les raisons de ce phénomène restent encore
mystérieux.
La crise identitaire : À travers leur
identité et leur comportement culturel, les jeunes issus de
l'immigration sont parfois discriminés. Le fait que les jeunes filles
soient les premières et les plus nombreuses à êtres
discriminés s'explique par le « contrôle social »
qu'elles subissent de la part de leur famille ou de leur mari,» un «
exemple de ce problème culturel est le port des foulards », mais
aussi par le « système communautaire » que ces populations
mettent en place qui « les coupe du monde du travail ».
L'origine géographique : les garçons peuvent
également être victime de discrimination par leur origine
Enfin, le comportement des clients d'entreprises :
monsieur Cam estime que « certaines entreprises sont réticentes aux
jeunes d'origines africaines par clientélisme ». Cette forme de
discrimination est surtout présent dans « les banques et dans
l'immobilier ».
En somme, pour éviter ces types de discrimination, les
jeunes préfèrent aller à « Paris où il y a
moins de discrimination, parce que les entreprises de là-bas sont
habituées à ces étrangers ».
Lorsque nous résumons cet entretien avec M. Pierre
CAM, nous retenons trois idées essentielles.
Le rapport au savoir : il faut d'abord expliqué
l'échec des jeunes par leur échec scolaire et universitaire. Cet
échec s'explique par l'âge, des jeunes qui pensent qu'ils sont en
retard, par les conditions socio-économiques, mais également par
l'orientation universitaire après le bac.
La crise identitaire: les jeunes par la pression des
parents et de leur communauté n'arrivent pas à renoncer à
certains éléments de leur culture qui constituent des handicaps
pour l'emploi.
La présence d'un capital social (réseau
amical), d'une stratégie de recherche d'emploi (l'anticipation par
déplacement de la région), et la question de
l'employabilité ».
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