3.1.2. La Mission Locale :
Personne rencontrée : Piveteau Thierry, assistant
coordination des antennes
Mr Piveteau est chargé de la coordination entre les
missions locales de l'ouest et du nord de l'agglomération.
L'antenne du campus accueille des jeunes avec un niveau IV et
plus. Au début, elle était expérimentale puis elle a
été maintenue. Les problématiques rencontrées sont
différentes des publics habituels qui ont un plus faible niveau.
En 1999, la question s'est posée de créer une
entité avec des partenaires pour pouvoir mieux répondre aux
problématiques spécifiques de ces jeunes diplômés
qui étaient de plus en plus nombreux à solliciter la mission
locale.
T P « On a décidé de créer en
1999 une antenne spécifique pour les jeunes ayant un bac et ayant
été inscrits en études supérieures d'un trimestre
à 3 -4 ans. Il y a peu de solutions professionnelles quand on n'a pas
suivi un cycle universitaire entier. Le gros du fichier est de bac + 1 à
bac + 3. Nous ne recevons pas les étudiants, les personnes doivent
être sorties du cursus.
C'est la seule antenne qui ne soit pas territoriale.
Dès lors que les jeunes ont suivi un cursus universitaire, ils sont
orientés à l'antenne du campus. Ils sont orientés par les
autres antennes territoriales de la ML, les CMS, l'ANPE et le bouche à
oreille. On ne fait pas de publicité, cela n'a pas de sens.
On reçoit 1600 jeunes par an, la moitié
d'entre eux constitue de nouvelles inscriptions. Le renouvellement est plus
important que sur les autres antennes de la ML (1/3 de renouvellement par
an).
Personnel de la ML antenne campus : 2 conseillères en
insertion, 1 secrétaire, 1 animatrice de l'espace documentaire.
L'ANPE des jeunes diplômés est accessible
seulement pendant 1 an après l'obtention du diplôme. Après
1 an, les possibilités de suivi des jeunes diplômés sont
plus limitées.
A l'origine, on recevait principalement des personnes
ayant suivi des filières universitaires classiques (droit, LEA,
Littérature...). Depuis quelques années, on voit davantage de
filières courtes (BTS). C'est un fait marquant. Ce sont de nouveaux
publics qui rencontrent des difficultés pour l'accès à
l'emploi.
Les personnes qui sollicitent l'antenne ont un point
commun : ils connaissent une vraie fragilité par rapport à
l'insertion sociale, professionnelle. Le fait d'avoir fait des études
n'est plus un gage d'insertion. Les parents, généralement issus
d'un milieu modeste, ont investi dans les études de leurs enfants et ne
comprennent pas pourquoi ils ne trouvent pas de travail. La notion
d'échec vécu par ces jeunes est d'autant plus rude, d'où
leur fragilité. Pour certains, ils sont plus fragilisés que ceux
qui ont fait des niveaux V et IV.
Ces jeunes pour la plupart sont titulaires d'une bourse.
Beaucoup échouent la première année d'études et ils
ne touchent plus de bourse. De ce fait, ils cherchent un petit boulot pour
pouvoir continuer leurs études. Mais, le temps passer à
travailler dépasse le temps passé à
étudier.
Ils arrivent à se maintenir dans leur logement avec
leur petit boulot. Ils finissent par arrêter leurs études. Dans
les années 90', le délai moyen entre la fin des études et
la demande de suivi à la ML était de 3 ans, aujourd'hui ce
délai n'est plus que d'un an et demi du fait que l'information arrive
plus rapidement. On peut leur proposer une aide financière pour leur
permettre de rester dans leur logement.
Ces personnes doivent abandonner leur projet professionnel
initial. Ils ont besoin de reconstruire un projet professionnel ainsi que de
retrouver confiance en eux pour trouver un emploi ou une formation. On retrouve
cette problématique auprès du public des autres antennes.
On a souvent coutume à penser que les jeunes avec bac
+ ont davantage de facilité, hors ce public n'est pas apte à
aller directement à l'emploi.
Les difficultés psychologiques et les problèmes
de santé sont importants. La ML fait des prestations autour de la
question de la santé.
Le public de l'antenne-campus ayant une
compréhension plus rapide que ceux des autres antennes, on aborde
beaucoup de questions dans un cadre collectif (beaucoup d'atelier
d'informations sur l'emploi et la formation). Par contre, le coeur de la
relation se fait avec un conseiller, pour une question de confiance.
La session de recherche d'emploi est de 4 semaines, dont
une semaine en collectif. Après cette session, le jeune peut venir tant
qu'il veut, la porte est ouverte. On fait des permanences sans rendez-vous pour
les adhérents déjà inscrits. La ML prend en charge les
frais postaux, fax, Internet, téléphone. Si, on n'a pas de
nouvelles pendant trois mois, on fait une relance par courrier. Mais en
général, on n'a une bonne connaissance (90% emploi ou
formation).
On propose aussi un système de parrainage pour les
personnes ayant un niveau inférieur à bac. Pour ceux qui ont bac
+, on les oriente vers « un parrain, un emploi ». Mais, ce n'est pas
toujours évident car quand ils ont déjà une relation
privilégiée avec une conseillère, ils doivent re
créer une relation de confiance avec un parrain. Quand la personne
adhère, c'est intéressant.
On travaille avec le PLE, mais on n'a pas de bilan car c'est
une coopération récente. On y oriente les jeunes des ZUS.
On oriente aussi vers Challenges Emploi. On est aussi en
relation avec les organismes de formation qui propose des contrats en
alternance (assistance de direction, métier de l'assistanat,
industrie...)
Certaines entreprises nous donnent des offres d'emplois,
mais ce n'est pas notre métier, ni notre objectif. On essaye
plutôt qu'il y ait une meilleure connaissance entre les jeunes
diplômés et les entreprises. On demande aux employeurs de venir
présenter leur entreprise et leurs techniques de recrutement.
Dans le discours, les jeunes de Bellevue font davantage
référence à la discrimination. Mais quelle est la part du
mythe ? On n'a pas de réelle conscience.
Il y a quelques années, les employeurs disaient
très clairement qu'ils ne voulaient pas de tel type de personne.
Aujourd'hui, on ne rencontre plus ce discours, mais on n'a une communication
officieuse entre professionnels, comme une liste noire des employeurs que les
professionnels de l'insertion ont intégré ».
Personne rencontrée : Person Bérengère,
Conseillère :
« La ML reçoit des personnes ayant un niveau
maximum à bac + 3, on ne peut pas recevoir tout le monde.
Ils viennent souvent pour définir une orientation,
pour beaucoup la faculté ne leur a pas convenu. 53 % ont un logement
autonome, ils sont déjà partis de chez leurs parents et ils
veulent garder leur logement.
On en a beaucoup en rupture familiale.
La ML finance un fond d'aide aux jeunes, à hauteur de
930 euros par an.
Le public, c'est de la crème. Il n'y a jamais de
violence. C'est un public autonome.
Pour beaucoup, il faudrait travailler sur la
mobilité. On remarque qu'ils veulent rester à Nantes et
dés fois, ils ont des réticences à se déplacer
à l'autre bout de la ville : une jeune qui vit à St Herblain a
refusé un CDI à St Sébastien du fait de la distance, une
autre devait avoir 3 mois de formation à Montaigu pour un CDI dans le
secteur bancaire, elle a également refusé du fait de la distance
entre Montaigu et Nantes.
Dès fois, on constate des problèmes de
comportement. On souhaite mettre en place des tables rondes sur le savoir
être. Les jeunes ne savent pas saisir les opportunités : lorsque
les entreprises viennent pour les journées d'information, aucun ne
laisse un CV. Il y en a qui ont peur de faire des démarches, de se
confronter aux employeurs. Certains ne sont pas à l'aise pour
décrocher le téléphone, ils sont assez timides, ils ont un
peu peur. Ils ont besoin d'entendre qu'ils ne sont pas nuls ».
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