Contribution de l'éducation inclusive a l'intégration des personnes vivants avec handicap( Télécharger le fichier original )par Beata NYIRAHABIMANA ULK - Licence en sociologie 2011 |
1.2.3.3. Regard sur la tension entre grandir et devenir quelqu'un, entre éducation et intégrationGrandir, c'est construire comme sujet pendant, inscrit dans une filiation, dans une histoire et une culture est un processus qui balance entre intégration et exclusion. S'intégrer, c'est se reconnaître semblable aux autres et en même temps c'est se différencier des autres. L'identité, la personnalité se bâtissent dans la nécessaire différenciation des places. L'enfant, garçon ou fille, se structure dans ce rapport dynamique à des deux parents, dans la ressemblance de l'un et dans la différence de l'autre. Ce processus est donc une aventure obligée plus ou moins heureuse, mais indispensable au devenir. La déficience ou le handicap va venir perturber ce processus et venir désorganiser l'existence psychique et sociale de la personne et de son entourage proche. Tout à coup cette différence va s'accommoder de la peur, de la honte, de l'horrible ! Les sentiments d'impuissance et de mésestime de soi sont alors fortement présents et l'équilibre psychologique et social des proches est mis à l'épreuve. Cela peut entraîner passivité, suractivité, dépression, agressivité, sentiment d'injustice et persécution. Or ce qui est capital du point de vue de l'intégration et de l'identité personnelle c'est ne pas de vivre mais d'exister. L'existence, au sens étymologique « Ek/sistere », c'est se mettre en mouvement, quitter l'état de statue. L'existence c'est penser sa vie, non sur un versant dépréciatif mais dans une projection de désirs et de réalisations de projets. L'existence c'est le rapport aux autres, le regard des autres, la pensée, la parole, la création. Pour une personne handicapée, enfant ou adulte, ce qui doit compter ce n'est pas d'être comme tout le monde, ce n'est pas de nier sa différence mais la supporter, la porter et vivre en tant que sujet handicapé. Mais cette opération psychique ne peut se réaliser sans les autres. Plutôt que d'intégration, parlons de l'accueil de l'autre qui nécessitera la mise en place d'un processus de changement du groupe. Il y a à accepter une autre logique de fonctionnement, nécessité à renverser les logiques traditionnelles, pour passer d'une normativité à une logique de l'invention, de la création et de la libre expression. Travailler la capacité d'un collectif à accepter l'inattendu. Parce que accepter l'inattendu participe à la posture d'accueillir l'étrangeté, la différence. Quand l'intégration se réalise dans cette dialectique de changement, la parole se met à mieux circuler, un certain désordre se manifeste dans la communication entre les individus ; à l'inverse d'une des maladies qui opprime le monde : la maladie de l'entropie, c'est-à-dire la recherche et la consolidation d'un ordre, d'une norme qui nivelle, qui uniformise, qui ôte tout relief à la vie. Et qui au bout du compte fabrique des exclus !54(*) * 54 HANDICAP INTERNATIONAL, Manuel de sensibilisation sur l'éducation inclusive à l'usage des autorités scolaires, des enseignants et des éducateurs des écoles primaires au Rwanda, Kigali, novembre 2009, p.12 |
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