RESUME
Objectifs
Améliorer le niveau des connaissances des praticiens en
vue d'une meilleure qualité de vie des patients atteints d'AVC par une
prise en charge holistique. Pour ce faire il nous a
fallu déterminer la prévalence des troubles psychiatriques
chez les patients victimes d'AVC; décrire les profils
sociodémographique et clinique des patients souffrant des Troubles
Psychiatriques Post Accident Vasculaire
Cérébral (TPPAVC) ; indiquer les localisations
anatomiques des AVC avec expression psychiatrique et indiquer les
facteurs de risque de survenue des TPPAVC.
Méthodes
Etude transversale descriptive sur 50 patients
hospitalisés pour AVC aux Cliniques Universitaires, au Centre Neuro
Psycho Pathologique et à l'Hôpital Saint Joseph de Kinshasa du
1er octobre 2008 au 30 décembre 2009. Ces patients ont
bénéficié d'un examen clinique neuropsychiatrique et ont
été soumis à l'Hospital Anxiety Depression Scale (HADS),
au Stroke Aphasic Depression Questionnaire (SADQ) pour l'évaluation de
la dépression et de l'anxiété et au Minicog pour le
dépistage de la démence. Les recherches d'association entre
différentes variables ont été réalisées en
utilisant les tables de comparaisons des proportions et le test de Chi
carré de Pearson, de Yate ou de Fischer. La survenue des TPPAVC a
été prédite par un modèle de régression
logistique.
Résultats
Cinquante-six pour cent des patients présentaient un
trouble psychiatrique. La dépression post accident vasculaire
cérébral (DPAVC) était le trouble le plus fréquent
avec une fréquence de 44% (examen clinique neuropsychiatrique) ou de 64%
(HADS et SADQ. La DPAVC était associée de manière
significative à la démence dont la fréquence était
de 26%.
Conclusions
La fréquence des TPPAVC est élevée
à Kinshasa. Leur prévalence est de 56% ; et la
Dépression en est le trouble le plus fréquent. Elle est
associée à la démence diagnostiquée au Minicog.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
1.1. Choix et
intérêt du sujet
Les Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC)
constituent aujourd'hui un problème de santé publique majeur
(1-4). Ils rendent compte d'une mortalité élevée et d'une
proportion importante des personnes dépendantes chez les survivants
(3-5). En effet, chaque année environ trois millions de femmes et 2,5
millions d'hommes meurent des suites d'un AVC dans le monde. Aux Etats-Unis
d'Amérique (USA), l'AVC est la première cause d'incapacité
physique et la troisième cause de mortalité et entraîne un
décès toutes les trois minutes (5-15). L'incidence des AVC
augmente avec l'âge : les trois quarts des nouveaux AVC surviennent
après 65 ans.
L'émergence des maladies cardiovasculaires telles les
cardiopathies ischémiques (CI), l'AVC et l'Hypertension
artérielle (HTA) chez les Noirs Africains, hier prétendument
indemnes des maladies chroniques non transmissibles (16) est un motif
d'inquiétude pour le Bureau Régional de l'OMS Afrique (17). En
2002, les pays africains ont enregistré pour chacun d'entre eux entre
1000 et 99.999 décès dus à des AVC (15). Les chiffres
attendus dans les décades à venir sont plutôt
inquiétants. En 2025, selon Pierre Aubry (16), trois personnes
hypertendues sur quatre dans le monde vivront dans les pays en
développement (PED). Ces projections qui confirment la transition
épidémiologique à laquelle on assiste actuellement en
Afrique subsaharienne sont une interpellation pour le médecin africain
et impliquent une attention particulière de sa part dans les
années à venir en vue d'une meilleure prise en charge de ces
patients dont le nombre va très probablement augmenter.
Les manifestations neuropsychiatriques survenant au cours des
AVC sont bien connues. En son temps, Adolf Meyer (4) avait
émis l'hypothèse selon laquelle les troubles survenant dans le
décours de l'AVC pouvaient être liés à la
localisation des lésions cérébrales. Il était
néanmoins convaincu que ces troubles résultaient plutôt de
la combinaison des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Joseph
Babinski rapportait que les patients avec des lésions de
l'hémisphère droit présentaient des symptômes tels
l'anosognosie, l'euphorie, ou l'indifférence (4). Eugen Bleuler avait
observé une humeur mélancolique en post-AVC (4). Quant à
Emil Kraepelin, il avait constaté que les troubles
cérébrovasculaires pouvaient à la fois accompagner la
maladie maniacodépressive ou être à l'origine des
états dépressifs (4). Kurt Goldstein a été le
premier à décrire un trouble émotionnel qu'il a
désigné par le terme de «Réaction
catastrophique». Derek Denny-Brown a décrit un autre trouble
émotionnel, la «Réaction d'indifférence» (4). Au
XIXe siècle, Leonore Welt a été le premier à
rapporter l'euphorie et la logorrhée chez des patients victimes d'une
attaque cérébrale avec des lésions dans la région
fronto-orbitaire (4). Hermann Oppenheim a utilisé le terme
«Witzelsucht» pour designer le sens de l'humour inadapté de ce
type des patients (4).
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