AVERTISSEMENT
L'Université de Yaoundé II n'entend donner
aucune approbation, ni désapprobation à ce Mémoire de
recherche. Les opinions qui y sont contenues, doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
DEDICACE
A mon feu père Daniel Rabelais
MINSOKO EMVANA
REMERCIEMENTS
J'adresse mes très sincères remerciements
à mon directeur de mémoire, le Dr. Yves Alexandre CHOUALA, pour
la confiance qu'il a bien voulu m'accorder, pour ses remarques rigoureuses et
pour son ouverture d'esprit à mon regard sur la discipline des Relations
Internationales.
Nous avons l'immense devoir de reconnaissance à
l'endroit de : Pr. Jacques FAME NDONGO et son épouse Louise, S.E.M.
Daniel EVINA ABE'E, M. Adolph ABESSOLO ABENELANG, M. Moise AKOM MVONDO, M. Jean
Ariel ABATE EDI'I, Mme Julie MVENG, M. Roger ZO'ONYABE et Dr. Monique ABOSSOLO
ESSI pour leur soutien moral et matériel considérable. Je
remercie également le Pr. Salvador EYEZO'O, Dr. Bertrand ATEBA, Dr.
Alexis NZEUGANG et M. Paul Z. AWONA pour leurs conseils ainsi que leur
disponibilité.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance aux enseignants
et au personnel administratif de l'IRIC qui m'ont aidé et
conseillé au cours des différentes phases de ce travail et qui
m'ont offert un cadre de travail chaleureux.
Je tiens également à exprimer toute ma gratitude
aux relecteurs de mon mémoire, Dr. Martin Paul ANGO MEDJO et M. Simon
Pierre NDONGO MINSOKO ; grâce à leur relecture méticuleuse
et leurs encouragements, ils ont contribué à la qualité de
mon travail. Des remerciements chaleureux vont également à M.
Adams Daniel OYONO, M. Davy MONEZE, M. Salomon MENGUE MVONDO, Mme Odile Noel
MEVA, M. Jean Pierre Eric NDONGO et à M. Aaron Ferdinand ZAMBO pour
leurs précieux conseils.
À de nombreuses personnes qui m'ont accordé un
peu de leur temps pour exprimer leurs visions sur mon thème de
mémoire, je dis ma reconnaissance. Merci à mes amis, lointains et
présents, mes camarades de promotion, qui m'ont soutenu, volontairement
ou involontairement, dans ce parcours solitaire.
Merci à mes parents, Marie Clémence, Sita
Ndabot, Jeanne Alliance et François (Paris Cadeau), pour leur soutien
affectueux. Je n'ai pas de mots assez forts pour remercier Suzanne Fanny BILO'O
NNA pour son amour, de sa patience et son rire éclatant.
SIGLES ET
ABREVIATIONS
AFD : Agence française de
Développement.
BTP : Bâtiments et Travaux
Publics.
CAP : Centre d'Analyse et de
Proposition pour l'Afrique.
CCTV-F : China Central
Télévision- Francophone.
CEEAC : Communauté Economique
des Etats de l'Afrique Centrale.
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale.
CLE : Chine Langue
Etrangère.
ENS : Ecole Normale
Supérieure.
EXIM-BANK: Export Import Bank of China.
FOCSA : Forum de Coopération
Sino-africaine.
FPAE : Fondation Paul Ango Ela
HSK : Hanyu Shuiping Kaoshi.
IDE : Investissement Direct
Etranger.
IFRAMOND: Institut de la Francophonie et de
la Mondialisation.
IRIC : Institut des Relations
Internationales du Cameroun.
MEDEF : Mouvement des Entreprises de
France.
MINESUP : Ministère de
l'Enseignement Supérieur.
MINREX : Ministère des Relations
Extérieures.
MONUC : Mission des Nations Unies au
Congo.
OIF : Organisation Internationale de
la Francophonie.
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine.
PCA : Président du Conseil
d'Administration.
PCC : Parti Communiste Chinois.
RART : Réseau Africain sur la
Recherche en matière de Travail.
RCA : République
Centrafricaine.
RDC : République
Démocratique du Congo.
RFI : Radio France International.
RPC : République Populaire de
Chine.
TOEFL : Test of English as Foreign
Language.
UA : Union Africaine.
UCL : Université Catholique de
Louvain
ULB : Université Libre de
Bruxelles
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
la Science et la Culture.
RESUME
Ce Mémoire est une contribution à l'analyse des
enjeux qui gravitent autour de la variable culturelle dans la politique
étrangère et particulièrement africaine de la
République Populaire de Chine. Aussi a-t-il plus exactement pour
ambition, de décrypter les mobiles qui sous-tendent l'implantation des
Instituts Confucius en Afrique et donc au Cameroun. Pays animé par de
nombreux contrastes et, qui plus est, dans un champ traditionnellement
contrôlé par des puissances occidentales solidement
implantées, la République Populaire de Chine a opté pour
le soft power, dans la triple optique de se frayer un chemin, de
nourrir son ascension actuelle et de se poser comme une puissance
« responsable » et
« conciliatrice ». Il s'agit par ailleurs, pour la
deuxième puissance économique du monde, de réduire la
méfiance et les critiques que son émergence suscite
déjà sur la scène internationale. Le choix porté
sur Confucius n'est donc pas anodin ; car, il s'agit d'une sommité
de la civilisation chinoise, à travers laquelle cette dernière
voudrait construire, sinon retrouver sa grandeur d'antan. Situé dans les
locaux de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC),
l'Institut Confucius participe, de par l'enseignement du mandarin et autres
activités, à la mise en oeuvre de la dimension soft de
la puissance chinoise. Devenu visible au Cameroun, l'Institut Confucius
contribue au rayonnement culturel de la Chine en Afrique Centrale, en
même temps qu'il constitue l'un des instruments forts de sa puissance
« globale ».
Mots clés : Chine,
Cameroun, Réalisme, Géoculture, Puissance culturelle, Institut
Confucius.
ABSTRACT
This project is a contribution to the study of the stakes
around the cultural variable in the foreign policy, notably, the African policy
of China. As a result, it aims precisely to prove into the motives behind the
setting up of Confucius Institutes in Africa and then in Cameroon. A country
full of numerous contrasts and in a field traditionally controlled by firmly
entrenched western powers, China has opted for the «soft power» in
the triple perspective to make a way for itself, sustain its cultural rise, and
pass off as a «responsible» and «conciliatory» power.
Furthermore, for the world second economic power, it is a matter of scaling
down the distrust and criticism its rise is already drawing on the
international scene. The choice of Confucius is therefore not insignificant; in
fact, it is a prominent figure in the Chinese civilization through whom this
civilization intends to build up or rediscover its greatness of the past.
Located on the premises of the International Relations Institute of Cameroon
(IRIC), the Confucius Institute takes part through the teaching of Chinese
language and further activities, in the implementation of the soft aspect of
the Chinese power. Having become visible in Cameroon, the Confucius Institute
contributes to china's cultural influence in Central Africa as well as being
one of the powerful tools of its «global» power.
Keywords : China, Cameroon, Realism,
Geoculture, Cultural Power, Confucius Institute.
TABLE DES
MATIÈRES
AVERTISSEMENT
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
TABLE DES MATIÈRES
viii
INTRODUCTION GENERALE
1
I- PRESENTATION DU SUJET ET SES CONTOURS
2
A) Délimitation spatiale
3
B) Délimitation temporelle
3
C) Délimitation thématique
4
II- QUELQUES PRECISIONS TERMINOLOGIQUES
4
A) Coopération
4
B) Culture
5
C) Institut Confucius
6
III- L'INTERET DU SUJET
6
A) L'intérêt scientifique
6
B) L'intérêt politique
7
IV- REVUE DE LA LITTERATURE
7
A) Domaine politique
8
B) Domaine commercial
8
C) Domaine infrastructurel
8
D) Domaine stratégique
9
E) Déploiement culturel de la Chine
9
V-PROBLEMATIQUE
9
VI- HYPOTHESES
10
VII- CONSIDERATIONS THEORIQUES ET
METHODOLOGIQUES
10
A) Cadre méthodologique
11
1) La technique de collecte des données
11
2) La méthode d'analyse des
données
11
B) Cadre théorique
12
PREMIERE PARTIE :
LES INSTITUTS CONFUCIUS ET LA CREATION D'UN
SENS DE LA PUISSANCE CHINOISE ?
16
CHAPITRE I :
L'INFLUENCE DE LA PHILOSOPHIE CONFUCEENNE DANS LA
VISION CHINOISE DU MONDE
17
SECTION I : L'APPORT DE CONFUCIUS A LA
CIVILISATION CHINOISE
17
PARAGRAPHE I : CONFUCIUS ET SA DOCTRINE
17
A) Confucius : vie et oeuvre
17
B) La doctrine de Confucius : le
confucianisme
18
PARAGRAPHE II : LA PLACE DU CONFUCIANISME DANS
LA CIVILISATION
CHINOISE.........................................................................................
19
A) La prégnance du confucianisme dans la
civilisation chinoise
19
B) La contribution du confucianisme à
l'émergence de la Chine actuelle
21
SECTION II : LA PHILOSOPHIE
CONFUCEENNE COMME SOURCE D'INSPIRATION DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA
CHINE
24
PARAGRAPHE I : LA DOCTRINE CONFUCEENNE DANS
LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE
24
A) La coexistence pacifique
24
B) La non-ingérence dans les affaires
intérieures des Etats
26
PARAGRAPHE II : LE MARQUAGE CONFUCEEN DE LA
COOPERATION
INTERNATIONALE............................................................
27
A) Une présence remarquable en Asie et dans
les pays occidentaux
27
B) Un soutien indéniable aux autres pays en
développement
28
CHAPITRE II :
LES INSTITUTS CONFUCIUS : LA CONSTRUCTION DE
LA DIMENSION CULTURELLE DE LA PUISSANCE CHINOISE
31
SECTION I : LE PARADIGME CULTUREL DE
L'INSTITUT CONFUCIUS
31
PARAGRAPHE I : LES PRINCIPES, LES VALEURS ET
L'INCARNATION SOCIALE
DU CONFUCIANISME
32
A) Les principes et valeurs du confucianisme
32
B) L'incarnation sociale du confucianisme
35
PARAGRAPHE II : LE CONFUCIANISME DANS
L'AMBITION GLOBALE DE LA
CHINE..............................................................................................
36
A) Le déploiement du confucianisme à
l'échelle mondiale
36
B) L'influence du confucianisme dans le
façonnage du projet chinois
38
SECTION II : CONFUCIUS, SUPPORT DU
PROJET CULTUREL CHINOIS A
L'ECHELLE MONDIALE
39
PARAGRAPHE I : LES MOBILES QUI SOUS-TENDENT LA
REHABILITATION DE CONFUCIUS PAR LE GOUVERNEMENT
CHINOIS................................
39
A) Le désamorçage des critiques
idéologiques
40
B) La quête de la puissance : la
grandeur du passé comme tremplin
41
PARAGRAPHE II : L'IMPLANTATION DES INSTITUTS
CONFUCIUS DANS LE MONDE : UN VECTEUR DE PUISSANCE POUR LA
CHINE ?...............................
42
A) Les points d'implantation de l'Institut
Confucius : maillon important de la projection de la Chine sur la
scène internationale..........................................
43
B) Vers une nouvelle forme d'impérialisme
culturel chinois ?
45
DEUXIEME PARTIE :
L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC : BASE DE
L'ATTRACTION CHINOISE EN AFRIQUE
48
CHAPITRE III :
L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC: UN TREMPLIN
POUR LA PROJECTION LINGUISTIQUE DE LA CHINE
49
SECTION I : L'IMPLANTATION DE
L'INSTITUT CONFUCIUS A L'IRIC : UN CHOIX RATIONNEL
49
PARAGRAPHE I : RENFORCER LA COOPERATION POUR
DES RAISONS D'ORDRE
ACADEMIQUE.....................................................................
50
A) La formation
50
B) La création des ressources favorables au
développement
51
PARAGRAPHE II : AU-DELA DE LA
COOPERATION : LES MOBILES D'ORDRE
STRATEGIQUE...................................................................................
53
A) L'IRIC comme socle d'un rayonnement
géographique considérable
53
B) Des activités culturelles au service des
intérêts chinois
55
SECTION II : L'IRIC : UNIQUE
LABORATOIRE DE LANGUE CHINOISE EN AFRIQUE CENTRALE
56
PARAGRAPHE I : LA LANGUE CHINOISE COMME
VECTEUR D'INFLUENCE EN AFRIQUE
CENTRALE........................................................................................
57
A) Un engouement croissant de l'apprentissage du
mandarin
58
B) L'influence par l'éducation
59
PARAGRAPHE II : LA LANGUE CHINOISE : UN
STIMULANT POUR LES ECHANGES ET LE
DIALOGUE........................................................................................
60
A) Un facteur d'intérêt
réciproque
60
B) Une facilitatrice de l'intégration de la
diaspora chinoise en Afrique centrale
62
CHAPITRE IV :
L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC : UNE
DIMENSION DE LA PUISSANCE GLOBALE CHINOISE
64
SECTION I : L'INSTITUT CONFUCIUS ET
L'ENSEIGNEMENT DU MANDARIN : VERS LE FACONNAGE DE L'AFRIQUE AU MODELE
CHINOIS ?
65
PARAGRAPHE I : DU PROJET MESSIANIQUE CHINOIS A
L'OBSTACLE CULTUREL ET
LINGUISTIQUE.............................................................
66
A) La pénétration linguistique de la
Chine au Cameroun : un tremplin pour la mise en oeuvre du messianisme
de l'empire du
milieu ?.........................................................
66
B) La diversité culturelle et linguistique
de l'Afrique comme obstacle à l'ambition de la Chine
68
PARAGRAPHE II : LES STRATEGIES DE CONQUETE DES
COEURS ET DES
ESPRITS...........................................................................................
70
A) Les programmes d'enseignement
71
B) De l'octroi des bourses d'étude à
l'accueil des camerounais en Chine
74
SECTION II : LA RECEPTION LOCALE ET
REGIONALE DE L'INSTITUT CONFUCIUS
75
PARAGRAPHE I : L'INSTITUT CONFUCIUS VU PAR LE
CAMEROUN
75
A) La vision de l'IRIC
75
B) La vision gouvernementale
76
PARAGRAPHE II : L'IMPACT DE L'INSTITUT
CONFUCIUS EN AFRIQUE
CENTRALE.......................................................................................
77
A) L'attractivité régionale de
l'Institut Confucius
77
B) L'Institut Confucius et les enjeux de
l'influence chinoise
78
CONCLUSION GENERALE
81
BIBLIOGRAPHIE
85
PROTOCOLE DE RECHERCHE
94
ANNEXES
95
INTRODUCTION
GENERALE
Les relations entre l'Afrique et la Chine remontent à
l'époque de la dynastie han (-206 av.J.-C./+220 ap. J.-C.)1(*). Elles se sont interrompues en
raison des ambitions maritimes de Pékin et de la colonisation
européenne en Afrique. Dès lors, ces relations ont connu un
affaiblissement jusqu'à la veille de l'émancipation totale des
anciennes colonies.
Le renforcement de la politique africaine de la Chine
s'inscrit dans une tradition fondée d'abord sur la
légitimité historique, née de l'implication de la Chine
dans les luttes de décolonisation de plusieurs pays africains, ensuite
sur l'héritage idéologique tiers-mondiste de la guerre froide et,
enfin, sur la promotion des principes de non-ingérence et de
neutralité comme socle du partenariat avec l'Afrique. Ces deux
régions si éloignées géographiquement et
culturellement auraient en commun certains aspects, car « la
Chine est le plus grand pays en développement du monde tandis que le
continent africain regroupe le plus grand nombre de pays en
développement »2(*). La coopération culturelle entre les deux
régions se développe à travers les échanges
universitaires et la prolifération des centres Confucius en Afrique,
notamment au Kenya, au Zimbabwe, en Afrique du sud, en Egypte, au Rwanda, au
Cameroun, en Mauritanie, à Madagascar, à l'Ile Maurice et
bientôt à la Réunion.
Le Cameroun est l'un des pays africains sollicités par
la diplomatie culturelle chinoise. En effet, c'est avec l'établissement
des relations diplomatiques, le 26 mars 1971, que la coopération entre
la Chine et le Cameroun connaitra son véritable envol, après une
période de l'hibernation. La principale cause de l'officialisation
tardive de ces relations réside dans l'état de tension qui
existait dans les rapports politiques entre les deux pays pendant les
années 1960 et 1970. Celle-ci résidait dans l'intrusion
réciproque de la Chine et du Cameroun dans leurs affaires
intérieures respectives (l'intrusion de la Chine dans la lutte pour
l'indépendance du Cameroun d'une part, et l'ingérence du
gouvernement camerounais dans le conflit sino-taiwanais d'autre part)3(*). Depuis lors, le domaine
culturel était l'un des projets définis par Pékin et
Yaoundé. Cette coopération culturelle, de l'avis de Narcisse
Mouellé Kombi, se limitait à « l'octroi des bourses
d'enseignement supérieur et de spécialisation à des jeunes
camerounais »4(*). Par la suite, les deux pays ont conclu, le 27
aout 1984 à Beijing, un accord de coopération culturelle pour
promouvoir leurs relations d'amitié et renforcer leurs échanges
culturels (voir Annexe 1). C'est donc dire que le domaine culturel est
significatif dans la coopération sino-camerounaise.
I- PRESENTATION DU SUJET ET SES
CONTOURS
La coopération culturelle fait l'objet d'une attention
particulière et constitue un domaine non négligeable du retour de
la Chine sur le continent africain. S'il est vrai que la Chine a compris le
bénéfice qu'elle pouvait tirer de l'Afrique en usant de l'une des
armes les plus redoutables de l'après guerre froide, à savoir la
puissance économique, il n'en demeure pas moins que le cataclysme du 11
septembre 2001 qui a frappé les Etats-Unis, lui a permis de mettre en
oeuvre une stratégie globale pour trouver de nouvelles frontières
à ses populations et à son économie. Ses pratiques
commerciales et leur difficile intégration culturelle en Afrique en
général et au Cameroun en particulier, provoquent ici et
là des formes de rejet qu'elle ne saurait négliger bien qu'ayant
le potentiel de rivaliser les autres puissances sur le sol africain. Mais au
regard de l'énorme écart qui les sépare, le principal
problème auquel la Chine est confrontée est sa capacité
à penser une stratégie sans courir le risque de provoquer les
autres puissances du globe. C'est la raison pour laquelle la Chine estime que
la diplomatie culturelle doit être combinée aux autres variables
économique, politique, etc. Ce qui fait dire à un diplomate
chinois que « aujourd'hui, les chinois souffrent de se
sentir incompris. Ils ont réalisé que le fait qu'ils parlent des
langues étrangères ne suffirait plus. Il faut que la
communication passe dans les deux sens »5(*). Fort de ce qui
précède, l'offensive culturelle que la Chine dirige vers le
Cameroun, illustre bien cette volonté de la République
Populaire de Chine (RPC) de s'affirmer et de sécuriser un marché
important, comme l'ont d'ailleurs fait toutes les autres grandes puissances,
à travers l'implantation à l'IRIC en 2007 de l'Institut Confucius
de Yaoundé qui semble être un instrument fort du rayonnement
culturel de la Chine.
Ainsi, la délimitation de notre objet d'étude
consiste, pour mieux cerner les contours de la coopération culturelle
sino-camerounaise, à identifier non seulement la délimitation
spatiale(A), mais aussi celles dites temporelle(B) et thématique(C).
A) Délimitation
spatiale
La coopération sino-camerounaise met en exergue deux
Etats souverains. Il s'agit d'une part de la RPC, pays d'Asie orientale, dont
le nom usuel en chinois est « zhong-guo » qui signifie
littéralement « empire du milieu ». C'est la grande
puissance émergente du 3e millénaire qui affiche une
réussite économique exemplaire et, d'autre part, le Cameroun.
Au- delà de son emplacement stratégique sur le continent
africain, de sa diversité et de sa complexité naturelle, humaine
et culturelle, le Cameroun offre un panorama géographique et climatique
des plus enviables, capable d'en faire une destination touristique prioritaire
en Afrique. Le Cameroun se distingue par la stabilité poltique,
les avantages de l'environnement économique local pour le commerce, la
flexibilité du marché, son marché intérieur vaste (
plus de 19 millions de consommateurs potentiels), les nombreuses ressources
naturelles et la façade maritime importante. Le Cameroun offre à
la Chine des avantages économiques indéniables et constitue de ce
fait, un point d'entrée sur toute l'Afrique centrale. Ainsi, le
Cameroun, "de par son poids démographique et son économie
diversifiée, apparait comme la principale puissance économique de
la sous-région»6(*). Il est situé, pour sa partie
sud-ouest, dans le Golfe de Guinée. Ces deux acteurs constituent le
champ majeur de notre investigation.
B) Délimitation
temporelle
Comme l'indique le thème, la chronologie indicative de
notre travail va de 2007 à nos jours. En effet, il ne s'agit pas de
délaisser les accords qui ont posé les jalons d'une
coopération culturelle fructueuse entre les deux pays, mais de souligner
le fait que l'année 2007 constitue un tournant décisif et marque
une ère nouvelle dans les rapports Chine-Cameroun. La visite du
Président chinois Hu Jintao en terre camerounaise a été
marquée entre autres, par la création du Centre Confucius
à Yaoundé, sorte d'élévation du centre
d'apprentissage de la langue et civilisation chinoises opérationnel
depuis 1996 et ouvre une porte nouvelle pour la coopération et les
échanges entre les deux pays.
C) Délimitation
thématique
Pour être scientifique, les phénomènes
dont on cherche à rendre compte doivent être partiels et
localement bien situés, souligne Pierre De Sernaclens7(*). Le thème de notre
étude met en évidence la RPC qui, dans sa dimension culturelle se
déploie sur le territoire camerounais, à travers l'un de ses
instruments de rayonnement culturel, à savoir l'Institut Confucius. Il
s'agira donc aussi d'une étude basée sur ce Centre.
II- QUELQUES PRECISIONS
TERMINOLOGIQUES
D'après Madeleine Grawitz, la clarification
conceptuelle semble indispensable pour cette raison que « le
chercheur prudent indiquera la définition adoptée pour les
concepts qu'il utilise »8(*). Dans la même logique, l'un des apports de
la philosophie confucéenne est d'avoir compris que les mots ne sont pas
neutres et qu'il faut leur donner une définition claire avant de les
utiliser9(*). Il sera
question dans ce cadre, de définir les concepts de coopération,
de culture et d'Institut Confucius.
A) Coopération
La coopération,
d'après le lexique de politique, est « une
politique d'entente, d'échange et de mise en commun des activités
culturelles, économiques, politiques et scientifiques entre Etats de
niveau de développement inégaux »10(*). Cette définition
bien qu'adaptée au contexte Chine-Cameroun, ne fait pas
l'unanimité chez tous les auteurs. Henry Kissinger estime que
« la coopération n'est pas une faveur qu'un pays
concède à un autre(...). Elle sert les intérêts des
deux parties »11(*). Observation que corrobore François
Roche, lorsqu'il affirme que « la coopération stricto
sensu, induit que deux sujets placés dans une position théorique
d'égalité, contribuent également à la
réalisation d'un projet commun ». Cependant, poursuit-il,
« la coopération est devenue le maître mot des
relations culturelles, l'influence ou la promotion constituent des axes
politiques qu'il faut rendre plus discrets, au moins sur la scène
extérieure »12(*). Cette définition semble être une
illustration évidente dans le cadre de la coopération
sino-camerounaise.
B) Culture
La culture a
été forgée par les anthropologues pour analyser les
sociétés de petites dimensions et, «désigne le
code par lequel les acteurs se comprennent dans le jeu social et en un temps la
signification particulière que revêtent l'action et les
institutions sociales dans chaque collectivité »13(*). Elle peut
également être définie comme « un
système de significations communément partagé par les
membres d'une communauté sociale qui en font usage dans leurs
interactions »14(*). Mais la définition qui semble la plus
détaillée, est celle donnée par l'UNESCO (Organisation des
Nations Unies pour la Science et la Culture) en 1982 à Mexico, lors de
la conférence sur les politiques culturelles : « la
culture, peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble
des distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui
caractérisent une société ou un groupe social. Elle
englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits
fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les
traditions et les croyances »15(*).
Ainsi, la culture depuis la fin de la Guerre Froide,
occupe une place prééminente dans l'organisation de la
société internationale. Chaque acteur tend à valoriser la
variable culturelle et Luc Sindjoun pense à ce propos que la puissance
culturelle a acquis une importance majeure dans les relations internationales
d'après Guerre Froide et notamment après le 11 septembre 2001.
Aussi souligne t-il, que cette expression renvoie à « ...
un ensemble de capacités fondées sur la maitrise soit par un
groupe sous quelle que forme que ce soit (Etat, réseau, entreprise,
organisation internationale, etc.) ou soit par des individus des
manières de faire, de penser et de sentir pouvant lui permettre
d'orienter à leur profit symbolique ou matériel une relation
sociale. C'est la chance du triomphe de la volonté, fondée sur le
contrôle soit des significations, des normes et des valeurs, soit des
objets identitaires »16(*).
C) Institut
Confucius
Confucius17(*) est considéré comme le premier
éducateur de la Chine et son enseignement a donné naissance au
confucianisme, doctrine philosophique, morale, sociale et politique qui a
été érigée en religion d'Etat dès la
dynastie Han et officiellement bannie au début du XXe siècle.
De ce qui précède, les Instituts
Confucius sont des centres d'enseignement du mandarin et de diffusion de la
culture chinoise, créés par le gouvernement de la RPC. C'est dans
cette logique que Liu Yandang18(*) affirme : « notre mission est
d'encourager les jeunes à apprendre le chinois. On renforce ainsi les
amitiés, les échanges et cela aidera à créer un
futur meilleur pour l'humanité ». Le choix de Confucius
pour patronner ce projet permet de désamorcer les critiques
idéologiques et de se démarquer des excès de la
révolution communiste, afin de replacer la civilisation et la culture de
l'Empire du Milieu au premier chef des autres cultures du monde.
III- L'INTERET DU SUJET
Le sujet présente un double intérêt. Il
s'agit d'une part de l'intérêt scientifique (A), et d'autre part
de l'intérêt politique (B)
A) L'intérêt
scientifique
L'intérêt scientifique peut
être considéré comme la contribution de cet objet
d'étude à la science. En effet, les tenants du courant
réaliste ont donné peu de crédit au facteur culturel dans
les relations internationales. Cependant, il est clair, surtout après le
11 septembre 2001 que l'enjeu culturel s'est imposé au premier plan des
préoccupations des Etats. Ainsi, en intégrant l'aspect culturel
dans les rapports entre Etats, Luc Sindjoun pense que la notion de puissance
est traversée par un effet de ciseau19(*). La mise en évidence des rapports
d'intérêts entre la RPC et le Cameroun permet de relativiser les
objectifs et moyens dont font usage les Etats tels que postulés par les
réalistes. J. Nye pense à cet effet que, la puissance devient
moins fongible, moins coercitive et moins tangible. A ce sujet, S. Huntington,
affirme que « le commerce ne va peut-être pas toujours avec
le drapeau, mais la culture, elle, suit toujours la
puissance ».20(*) Fort de ce qui précède, la culture
constitue donc pour la Chine, un vecteur de la stratégie de puissance et
l'implantation de l'Institut Confucius au Cameroun, représente un enjeu
global considérable.
B) L'intérêt
politique
S'agissant de l'intérêt politique, il faut
comprendre la lecture en arrière-plan des actes que posent les deux
acteurs. Jean Baptiste Duroselle et Pierre Renouvin estiment que pour
comprendre l'action diplomatique d'un Etat, il faut chercher à percevoir
les influences qui en ont orienté le cours. Il s'agit donc de
« mesurer l'impact des forces profondes sur le comportement des
acteurs internationaux »21(*). La stratégie culturelle de la Chine
semble être multidimensionnelle, puisqu'elle se déploie dans les
domaines diplomatique, politique, économique, commercial, etc. C'est
dire que dans le cadre de la coopération sino-camerounaise, se trouvent
des motivations bien plus stratégiques que l'analyse de l'objet
d'étude pourra mieux ressortir.
IV- REVUE DE LA LITTERATURE
On peut considérer que l'une des étapes de la
revue de la littérature consiste à « ...saisir
l'état des connaissances sur un sujet dans un espace cognitif
donné (la science politique, l'histoire, la psychologie, la sociologie,
le travail social, etc.). Il faut évidemment connaitre les fondements
théoriques des problèmes qui ont déjà fait l'objet
de recherches et ceux qui restent à résoudre »22(*).
Sur la question de la coopération culturelle
entre la RPC et le Cameroun, il n'existerait pas de travaux proprement
scientifiques. Cependant, moult productions scientifiques à
caractère général sur les relations entre les deux pays
ont été commises :
A) Domaine
politique
S'agissant des relations politiques sino-camerounaises,
Dieudonné Oyono, dans son ouvrage intitulé Avec ou sans la
France ? La politique africaine du Cameroun depuis 1960, paru en
1990, établit les convergences entre la Chine populaire et le Cameroun
à travers le soutien de Pékin à l'UPC (Union des
Populations du Cameroun) dans la lutte contre l'impérialisme
français23(*). Dans
le même ordre d'idées, Kengne Fodouop dans Le Cameroun :
Autopsie d'une exception plurielle en Afrique, paru en 2010,
présente le Président Ahidjo comme étant l'un des premiers
présidents d'Afrique à effectuer en 1973, une visite officielle
en Chine et à s'y entretenir très longuement avec Mao
Zedong24(*). C'est donc
dire que les relations entre la Chine et le Cameroun ne datent pas
d'aujourd'hui.
B) Domaine
commercial
Parlant des relations commerciales, Thierry Bangui dans son
ouvrage commis en 2009, La Chine, un nouveau partenaire de
développement de l'Afrique : vers la fin des privilèges
européens sur le continent noir ? évoque les relations
commerciales Chine-Cameroun à travers la création de l'un des
bureaux de la chambre de commerce sino-africain au Cameroun ainsi que des
accords de prêts signés entre les deux parties25(*).
C) Domaine
infrastructurel
Au sujet du développement des
infrastructures par la Chine au Cameroun, Jean Célestin Edjangue dans
Cameroun : un volcan en sommeil, paru en 2010, affirme que le
Cameroun bénéficie du savoir-faire chinois dans de nombreux
domaines : infrastructures routières et sportives, construction des
édifices, fabrication et vente des engins, etc.26(*). Dans la même logique,
Jean Jolly, dans son ouvrage paru en 2011, intitulé Les chinois
à la conquête de l'Afrique, affirme que l'offensive chinoise
est spectaculaire au Cameroun en matière de grands contrats
destinés à la réalisation de grands projets
structurants27(*).
D) Domaine
stratégique
Serge Michel et Michel Beuret dans leur ouvrage la
Chinafrique : Pékin à la conquête du continent
noir paru en 2008, estiment que la Chine gagne le terrain au Cameroun,
enterrant la Françafrique par l'exploitation des mines solides28(*). Dans le même ordre
d'idées, Eric Nguyen dans son ouvrage les relations
Chine-Afrique, paru en 2008, esquisse le fait que Pékin ait mis sur
pieds une nouvelle stratégie pour développer sa culture en
Afrique, en créant des Instituts Confucius, dont l'un se trouve
implanté au Cameroun29(*).
E) Déploiement
culturel de la Chine
Parlant de la culture chinoise, Tanguy Struye de Swielande,
dans son article publié en 2009 intitulé « la Chine et
le « soft power »: une manière douce de
défendre l'intérêt national ? », pense que
la Chine développe depuis quelques années un ensemble d'outils
pour rendre son émergence non pas menaçante mais
attrayante30(*). C'est ce
qui semble justifier son déploiement culturel au Cameroun.
Cependant, les relations culturelles entre les deux pays, de
manière spécifique, n'ont pas fait l'objet de beaucoup
d'études. C'est pour essayer d'éclairer cette zone d'ombre que
nous avons choisi de nos appesantir sur la dimension culturelle dans cette
coopération.
V-PROBLEMATIQUE
Pour Michel Beaud, « la
problématique, c'est l'ensemble construit autour d'une question
principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui
permettront de traiter le sujet choisi ».31(*) La problématique
peut aussi être définie comme l'approche ou la perspective
théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème
posé par la question de départ. Elle est une manière
d'interroger les phénomènes étudiés32(*). Mais
également, « la problématique est la recherche de
« ce qui pose problème », c'est-à-dire d'une
difficulté théorique ou pratique dont la solution n'est pas
trouvée »33(*). C'est cette dernière qui semble cadrer
à notre objet d'étude. La coopération
sino-camerounaise met en exergue l'expression de la volonté de deux
Etats d'intensifier leur coopération dans le domaine culturel.
Fort de ce qui précède, il a
semblé utile de déterminer l'enjeu de la valorisation de la
dimension culturelle dans les relations entre les deux pays. Que peut
représenter l'Institut Confucius dans cet enjeu, et qu'est-ce qui se
joue à travers l'implantation de celui-ci à l'IRIC (Cameroun) ?
VI- HYPOTHESES
Madeleine Grawitz soutient que
l'hypothèse doit être rattachée à une théorie
existante afin d'être en conformité avec le contenu actuel de la
science34(*). Lawrence
Olivier pense à la suite de ce propos que,
« l'hypothèse(ou la proposition de recherche) constitue,
sous la forme d'un énoncé, la réponse que le chercheur
apporte aux objections qu'il a lui-même formulées face aux
études qui l'ont précédé »35(*). Par rapport au
problème ci-dessus posé, nous envisageons les hypothèses
dont l'énoncé suit: L'Institut Confucius
peut être considéré comme un outil fondamental
affecté au service de la valorisation de la dimension culturelle dans la
coopération sino-camerounaise.
Son implantation à l'IRIC répond à deux
enjeux majeurs : l'affirmation et la capitalisation de la dimension soft
de la puissance chinoise et l'investissement du marché culturel
international par la Chine.
VII- CONSIDERATIONS THEORIQUES
ET METHODOLOGIQUES
D'après J. Huntzinger « les relations
internationales doivent être abordées par trois approches :
la théorie, la sociologie et l'histoire. Pour la théorie, la
science des relations internationales s'interroge sur la nature et les ressorts
fondamentaux de la société internationale. Par la sociologie,
elle s'interroge sur les régularités de la société
internationale. Par l'histoire elle s'interroge sur le déroulement de la
vie internationale et la transformation de la société
internationale »36(*).
A) Cadre
méthodologique
M. Angers définit la méthode comme étant
« ...des orientations générales quant aux
façons d'aborder un objet d'étude... »37(*). A cet effet, avant de
présenter la méthode d'analyse des données, il convient
d'évoquer la technique de collecte des données à laquelle
nous avons eu recours.
1) La technique de
collecte des données
La technique renvoie à l'ensemble des
procédés opératoires, destinés à collecter
les données nécessaires à la vérification des
hypothèses. Ce travail s'est fait à base de la lecture de divers
documents écrits sur la présence chinoise en Afrique, avec un
accent sur le Cameroun. Ouvrages publiés, articles scientifiques, des
revues, des journaux, des discours et autres propos exprimés dans les
médias par les officiels des Etats qui nous intéressent dans
cette étude, des documents tirés de l'internet ont aussi
été exploités. Ils ont été
complétés par un protocole de recherche adressé aux
responsables ainsi qu'à certains apprenants du mandarin de l'Institut
Confucius. Des entretiens avec des personnes diverses, pouvant fournir des
informations sur l'intervention chinoise en matière culturelle au
Cameroun.
2) La méthode
d'analyse des données
La méthode est un « Ensemble
d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifie »38(*). Cette étude nous
commande le recours aux méthodes dites qualitatives. Les méthodes
qualitatives renvoient à l'ensemble des techniques
interprétatives qui cherchent à décrire, décoder,
traduire et généralement percer le sens et non la
fréquence de certains phénomènes survenant du monde
social. Reposant sur la finesse des remarques découlant des faits,
l'analyse qualitative permet d'établir des relations entre variables et
apparaît comme un moyen efficace pour tester certaines hypothèses
de recherche en établissant notamment des rapports de cause à
effet39(*). Complexes,
ouvertes et revêtant une forme discursive, les données
qualitatives sont susceptibles de donner lieu à plusieurs
interprétations. En effet, les données recueillies et
analysées sont liées au chercheur par leur choix et leur
interprétation. Ce qui vaut aux méthodes qualitatives
d'être souvent présentées comme peu fiables. Pourtant, cela
ne semble pas entamer l'attachement que les chercheurs leur témoignent.
Aussi aurons-nous recours à la méthode d'analyse
géopolitique.
La géopolitique est également
considérée comme une méthode d'analyse des
phénomènes internationaux40(*). « Elle s'interroge sur le calcul des
uns et des autres et ce qui les pousse à agir »41(*). C'est conscient de cette
réalité qu'Aymeric Chauprade conseille à tout chercheur
soucieux de comprendre la vie internationale actuelle de s'approprier cet outil
précieux et indispensable42(*). «La géopolitique est un savoir
pratique et opératoire ayant pour fondement une méthode d'analyse
scientifique reposant sur la prise en compte de ce que Jacques Soppelsa appelle
d'une part les « tendances lourdes » et d'autre part les
« variables contemporaines » de l'objet
d'étude »43(*). C'est donc un moyen efficace pour analyser la
valorisation de la dimension culturelle dans la coopération
sino-camerounaise, en mettant un accent particulier sur l'implantation de
l'Institut Confucius à l'IRIC. Il s'agit de se servir de la
méthode d'analyse géopolitique afin d'« identifier
les acteurs, [d'] analyser leurs motivations, [de]
décrire leurs intentions... »44(*). Bref, il s'agit de se servir
de cette méthode pour décrypter autant que faire se peut, les
intentions profondes et généralement non avouées qui
animent la RPC lorsqu'elle décide de mettre un accent particulier sur le
facteur culturel dans ses relations avec le Cameroun.
B) Cadre
théorique
Le terme théorie vient du grec
« theorein » qui signifie observer avec
émerveillement ce qui se passe pour le décrire, l'identifier et
le comprendre45(*). La
théorie permet de rendre compte des faits sociaux à partir d'un
modèle prédéfini46(*). Pour Merle, « le détour
par la théorie n'est(...) pas une évasion, mais un moyen de mieux
appréhender la réalité »47(*). Ainsi, c'est la
théorie qui donne une explication ou une compréhension à
un phénomène. Dans le cadre de ce travail, le choix a
été porté sur deux grilles d'analyse : le
réalisme et la géoculture.
S'agissant du réalisme, nous pouvons affirmer que
cette théorie a constitué le cadre d'analyse dominant des
Relations internationales48(*) au XXe siècle, notamment dans les pays
anglo-saxons49(*). Comme
l'écrit Benjamin Frankel, le réalisme, comme construction
intellectuelle, a dominé l'étude des Relations internationales
dès le commencement. « Des sophistes et Thucydide,
Machiavel et Hobbes, à E.H Carr, Hans Morgenthau, John Herz et Kenneth
Waltz, les penseurs réalistes ont offert des analyses lucites sur la
politique entre les nations »50(*). Frankel explique cette primauté de
l'approche réaliste par le fait qu'elle a toujours proposé de
« ... fournir les explications valables sur les comportements des
Etats ».
Le réalisme, d'après
De Senarclens et Yohan, repose sur l'hypothèse que les relations
internationales désignent en premier lieu les rapports entre Etats qu'il
convient d'appréhender comme acteurs souverains, rationnels, mus par la
défense de leurs intérêts propres. Le réalisme
privilégie donc la puissance, atout essentiel des Etats. C'est ce qui
explique la volonté de chacun d'eux d'en acquérir la
réalité et la reconnaissance. Elle permet à qui la
détient d'influer sur la vie internationale, parfois même
d'imposer dans une certaine mesure sa volonté aux autres acteurs.
Toutefois, celle-ci est non seulement « relative mais
également évolutive et fluctuante »51(*). Dorénavant, la
puissance s'exerce de manière plus douce, sans recourir à la
coercition, elle se rapproche de ce que Joseph Nye a qualifié de
soft power52(*).
La coopération sino-camerounaise met en exergue deux
Etats qui ont pris la décision d'accroitre leurs relations dans le
domaine culturel par la mise en oeuvre d'un Institut Confucius. Or, il
s'avère qu' « en Chine, à l'image de l'Italie de
Mussolini, tout (est) dans l'Etat, rien hors de l'Etat, rien contre
l'Etat »53(*). C'est dans cette perspective que Jean-Philippe Beja
affirme que : « la RPC elle-même, qui, plus que tout
autre pays, est attachée au modèle westphalien de l'Etat-nation
et fait tout pour maintenir le monopole de l'Etat sur ses relations
extérieures »54(*). Parlant de la quête de la puissance,
Stéphanie Bessière justifie cette recherche de la puissance par
la Chine, en disant qu'elle a « perdu son statut de puissance et
cherche aujourd'hui à le retrouver. De nombreux critères
cumulatifs (militaire, économique, politique, niveau d'éducation,
rayonnement culturel...), individuellement inopérants,
interviennent »55(*). A ce titre, Hans Morgenthau pense que la
culture est un instrument d'impérialisme56(*) qui consiste en une préparation de terrain
pour des éventuelles conquêtes militaires ou économiques.
Il dit à ce propos que « what we call cultural imperialism
is the most subtle and, if we ever to successful of imperialistic policies
(...). It softens up the enemy; it prepares the ground for military conquest or
economic penetration »57(*). De ce qui découle, Xu Lin nuance en affirmant
que « certains pays nous critiquent, redoutent un
impérialisme chinois, mais nous nous sommes inspirés du
modèle de l'Alliance française qui va bien au delà de
l'enseignement de la langue et présente aussi le cinéma, la
littérature et les arts français(...).Tout comme le British
Council... »58(*). C'est pourquoi ce travail soutient que, d'un
point de vue théorique, l'Institut Confucius du Cameroun peut être
analysé à travers le prisme du réalisme.
La géoculture contribue également au
décryptage du comportement des acteurs sur la scène
internationale. La géopolitique dont cette science est issue, constitue
une discipline dont l'objet est d'étudier les relations qui existent
entre la conduite de la politique étrangère d'un Etat et le cadre
géographique dans lequel elle s'exerce59(*). Elle « s'intéresse à
(...) la compréhension des facteurs culturels... »60(*). De ce qui
découle, le culturel a pris une dimension essentielle dans les
équilibres géopolitiques, si bien que la prise en compte du
facteur culturel dans la géopolitique a favorisé
l'émergence d'un nouveau concept, à savoir la
géoculture61(*).. A ce propos, Samuel Huntington affirme que
« les conflits n'auront pas essentiellement pour origine
l'idéologie ou l'économie. Les grandes causes de division de
l'humanité et les principales sources de conflits seront
culturels ». Aussi, poursuit-il, « les relations
internationales qui, au cours de ces derniers siècles se sont
joué dans le cadre de la civilisation occidentale se sont de plus en
plus désoccidentalisées »62(*). Il revient donc à
s'interroger sur les mobiles qui sous-tendent cette offensive culturelle de la
RPC en terre camerounaise. La géoculture explicite donc l'expansion
culturelle de la Chine en direction du Cameroun, par le biais de l'implantation
de l'Institut Confucius calqué au modèle des Centres culturels
occidentaux.
PREMIERE
PARTIE :
LES INSTITUTS
CONFUCIUS ET LA CREATION D'UN SENS DE LA PUISSANCE
CHINOISE ?
En vue de saisir les raisons pour lesquelles le gouvernement
chinois choisit Confucius pour patronner la création des centres
culturels à travers le monde, il est intéressant d'abord de
mettre en lumière l'influence de sa philosophe dans la vision chinoise
du monde (Chapitre I). Ensuite, il sera indispensable de
réfléchir sur les Instituts Confucius, lesquels participeraient
dans la construction de la dimension culturelle de la puissance chinoise
(Chapitre II).
CHAPITRE
I :
L'INFLUENCE DE LA
PHILOSOPHIE CONFUCEENNE DANS LA VISION CHINOISE DU MONDE
Une lecture de l'influence de sa doctrine dans les
institutions et les comportements chinois révèle que Confucius
serait porteur d'une vision de l'empire du milieu dans ses relations avec le
reste du monde. Remarquable à bien des égards, cette influence
nous amène dans un premier temps, à examiner l'apport de
Confucius à la civilisation chinoise (Section I) ; et dans un
second temps, à analyser la philosophie confucéenne comme source
d'inspiration de la politique étrangère de la Chine (Section
II).
SECTION I : L'APPORT DE
CONFUCIUS A LA CIVILISATION CHINOISE
Confucius et sa doctrine ont exercé une grande
influence en Chine et c'est la raison pour laquelle il est reconnu comme l'une
des grandes figures de la civilisation et de la culture chinoise. Il sera donc
judicieux de présenter le maître et sa doctrine (Paragraphe I),
ensuite de dégager la place que cette doctrine occupe dans la
civilisation chinoise (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I :
CONFUCIUS ET SA DOCTRINE
Dans un premier temps, nous reviendrons
brièvement sur Confucius (A). Ceci étant, il importera d'analyser
sa doctrine (B) qui a connu une grande influence en Chine.
A) Confucius : vie et
oeuvre
Eminent pédagogue, philosophe et homme politique,
Confucius (555-479 av. J.C)63(*), est comme nous l'avons souligné plus haut,
l'une des grandes figures de la civilisation de la Chine ancienne et le
fondateur du système éducatif féodal. Sa pratique tout
comme sa réflexion sur l'éducation ont exercé une
influence considérable sur le développement de l'éducation
aussi bien en Chine qu'ailleurs dans le monde. Dans l'Antiquité,
Confucius était considéré comme le « premier des
sages », et le « modèle de dix mille générations
»64(*).
. Il apparait que, toute sa vie, Confucius a eu la passion
d'apprendre et d'enseigner. Il était un grand érudit aux
multiples talents et, de son vivant même, sa réputation
s'étendait fort loin. Stéphane Bessière, le
considère comme « un lettré savant et un
éducateur (...) enseigne qu'un chef doit avoir une attitude exemplaire
avant de vouloir que les personnes qu'il dirige adoptent, elle aussi, une telle
attitude »65(*). Avant lui, sous la dynastie des Zhou, les
études s'effectuaient dans l'administration sous la conduite de
fonctionnaires de celle-ci. L'enseignement général était
le monopole exclusif des nobles, mais il était dénié au
peuple. Confucius a vécu à la fin de la période «
des Printemps et des Automnes » au moment où la
société chinoise, passant de l'esclavagisme au féodalisme,
connaissait des troubles et subissait de profonds changements. Les «
études au sein et par l'administration » perdaient progressivement
leur fondement politique et économique tandis que la culture se
popularisait. Conscient de cette tendance, Confucius brisa le monopole
exercé sur l'éducation par la classe des nobles en ouvrant une
école privée, accueillant aussi bien les pauvres que les riches.
« Mon enseignement, disait-il, est destiné à tous, sans
distinction »66(*). Par sa taille, le nombre de ses
élèves comme par la qualité de son niveau, l'école
de Confucius était unique en son temps. De son vivant et par
après, son enseignement eut une influence considérable dans les
domaines de l'éducation, de la politique, de l'économie, de la
culture, aussi bien que dans celui de l'éthique et de la morale.
B) La doctrine de
Confucius : le confucianisme
Le confucianisme fait référence à
l'enseignement du philosophe Confucius et de ses disciples, en particulier
Mencius (371-289 avant Jésus Christ) et Xunzi (305-235 avant
Jésus Christ)67(*).
Il s'agit d'une philosophie conservatrice qui se charge d'apporter des
solutions aux problèmes politiques et sociaux qui affectent la Chine
antique. En effet, durant leur existence, Confucius et ses disciples se
retrouvent face à une Chine ravagée par les guerres entre
seigneuries et sont confrontés à une certaine dégradation
des structures sociales et des moeurs. Confucius pensait que l'homme nait bon
mais qu'il risque de devenir mauvais à cause d'un milieu néfaste
sauf à être bien éduqué. Le confucianisme tente donc
de restaurer l'ordre social en élaborant un modèle de
gouvernement et une éthique basée sur la notion d'excellence
humaine. Ce qui fait dire à Eric Nguyen que : « le
confucianisme, né en Chine, constitue moins une religion qu'une
éthique »68(*).
Dans la philosophie confucéenne, l'homme est
placé au centre de tout mais il n'existe qu'à travers ses
relations avec autrui. L'homme n'est donc pas considéré comme un
sujet à part entière comme c'est le cas en Occident. Cette
conception de l'homme exclut tout comportement individualiste et
considère que l'individu ne peut s'épanouir qu'en prenant en
compte le besoin d'autrui. En outre, si l'homme est placé au centre de
tout, cela implique que l'objectif premier de tout gouvernement est de veiller
au bien être de ses gouvernés.
Le confucianisme peut se résumer comme une philosophie
de l'excellence humaine. C'est une philosophie qui tourne autour d'un certain
nombre de valeurs interdépendantes qui visent à assurer
l'harmonie du corps social et le bien être de chaque individu. Afin de
donner une image synthétique de cette philosophie, il convient de se
reporter à la place qu'elle occupe dans la société
chinoise.
PARAGRAPHE II : LA
PLACE DU CONFUCIANISME DANS LA CIVILISATION CHINOISE
Il sera question ici de mettre en exergue l'influence de la
philosophie confucéenne parmi les autres civilisations qui ont
marqué la société chinoise. Il s'agira donc, d'une part,
de décrypter la prégnance du confucianisme dans la civilisation
chinoise (A) ; et d'autre part, de dégager la contribution du
confucianisme pour l'émergence de la Chine actuelle (B).
A) La prégnance du
confucianisme dans la civilisation chinoise
Contrairement à la pensée occidentale, les
chinois ne sont jamais engagés sur le terrain des spéculations
abstraites. Ils ne conçoivent pas la philosophie
séparément des préoccupations d'ordre moral et
politique69(*).
Néanmoins, la société chinoise repose sur une
synthèse de civilisations à savoir le confucianisme, le
bouddhisme70(*) et le
taôisme71(*),
lesquelles y ont exercé une influence assez considérable. Si le
confucianisme justifie la hiérarchie sociale, les devoirs de l'empereur,
il s'oppose au taôisme qui, selon Eric Nguyen, insiste sur
« l'individualisme et sur la liberté de
l'homme »72(*). Taôisme et confucianisme fonctionnent
donc comme deux pôles antagonistes et complémentaires de la
pensée chinoise et des pratiques qu'elle génère. Le
bouddhisme quant à lui, est indispensable à une gouvernance
sacralisée. Ce qui amène Eric Nguyen à dire :
« en Chine(...), de nombreuses familles associent le bouddhisme
au confucianisme, honorent Bouddha tout en respectant le culte des
ancêtres »73(*). Ainsi, aucun chinois n'adhère totalement
à l'une exclusive de ces trois philosophies. Il effectue plutôt un
mélange de croyances issues des trois différentes pensées
relevant de son aptitude particulière à faire cohabiter ensemble
plusieurs doctrines74(*).
C'est donc dire que les valeurs confucéennes n'ont pas été
balayées du revers de la main et sont bel et bien pratiquées dans
la société chinoise. Cette omniprésence confucéenne
dans la vie courante des chinois, malgré l'influence des valeurs
occidentales, trouve son fondement dans le fait que Confucius cohabite avec
Marx75(*). D'ailleurs,
l'érection du monument de Confucius devant le portrait de Mao marque la
fin d'une séparation idéologique claire entre l'histoire
impériale et l'histoire moderne. Fort de ce qui précède,
l'on constate que « les dirigeants chinois (...)
célèbrent le confucianisme comme fondement du progrès
chinois (...). Dans les années quatre-vingt, le gouvernement chinois a
commencé à soutenir l'intérêt pour le confucianisme,
à propos duquel certains responsables du Parti communiste ont
déclaré qu'il représentait le
« fond » de la culture chinoise »76(*).
La Chine a connu une influence considérable du
confucianisme. Si la société chinoise est
hiérarchisée aujourd'hui, c'est tout simplement parce que le
confucianisme a amené le souverain ou le dirigeant à se montrer
exemplaire. Il doit être capable de s'attirer des talents et de
s'entourer des sages conseillers pour gouverner. Ce qui fait dire à
Stéphane Bessière que : « les chinois
conçoivent le gouvernement comme un gouvernement paternel ou de
gentlemen supposés prendre soin des intérêts du peuple de
la même manière qu'un père prend soin de ceux de ses
enfants »77(*). La société chinoise est
également inégalitaire, on note une mauvaise répartition
des fruits de la croissance. Une autre influence considérable du
confucianisme réside dans l'ardeur au travail observée dans la
société. La richesse des ressources humaines se trouve
essentiellement dans le caractère et la mentalité des chinois,
peuple laborieux, très attaché aux philosophies traditionnelles.
Stéphane Bessière pense à cet effet que :
« le confucianisme prône discipline et motivation au
labeur. Cela constitue une excellente base pour l'avancée vers le
capitalisme à la chinoise qui implique certains sacrifices de la part de
la population »78(*).
B) La contribution du
confucianisme à l'émergence de la Chine actuelle
« Confucius domine dans sa stature toute
l'histoire de l'Extrême-Orient. Au bord lointain de l'horizon se dresse,
dans l'attitude que les rites prescrivent, le colosse qui de ses fortes mains a
pétri les plus nombreuses des agglomérations humaines. Il a vu
s'écrouler des empires, et les dynasties les uns après les autres
lui rendirent hommage ; des peuples divers, Annamites, Japonais,
Coréens et Mandchous, sont venus tour à tour se soumettre
à sa règle... »79(*). (Voir Annexe 2).
L'émergence de la Chine s'appuie sur
« les valeurs confucéennes du goût de l'effort et de
la réussite matérielle, du sens de la famille et du respect de
l'expérience, du savoir et de la discipline
collective »80(*). Le principe d'une
« société harmonieuse »81(*) est ainsi évoqué
pour justifier un rôle plus important de la Chine sur la scène
internationale.
Au lendemain de la Grande Révolution Culturelle
Prolétarienne qui a été le leitmotiv de l'ère Mao,
la Chine se trouve dans une situation catastrophique. L'économie est
ruinée, la succession de Mao sombre dans l'impasse, la Chine n'a aucun
contact avec le monde extérieur et les intellectuels sont
terrorisés par la persécution dont ils ont été
victime. C'est dans ce contexte qu'émerge un nouveau leadership conduit
par Deng Xiaoping. Pour sortir la Chine de ses décombres, Deng Xiaoping
initie à la fin des années 70 la célèbre politique
d'ouverture de la Chine au monde extérieur. Cette ouverture a eu une
influence sur la vie politique intérieure. D'une part, le Parti,
à l'origine de la libéralisation économique, voulait
maintenir un pouvoir sur tout et sur tous82(*).
Cependant, la Chine a donc fait l'objet de contradictions tant
internes qu'externes. Sur le plan interne, les chinois ont une sérieuse
difficulté à surmonter : aussi bien la contradiction
politique entre un système communiste et totalitaire et les aspirations
des intellectuels et des classes moyennes, que la contradiction
économique entre un choix ultralibéral et le maintien de
sociétés d'Etat contrôlées par une administration
corrompue.
Au niveau externe, malgré ses efforts, la Chine n'est
pas encore en mesure d'imposer partout ses vues, même dans son environ
immédiat. Jean Jolly pense à propos que,
« réaliste, le gouvernement chinois s'efforce de
ménager les partenaires commerciaux de son pays, mais les
nationalistes, aveuglés par les succès économiques, ont
effectué des surenchères qui ont compromis non seulement les
relations de bon voisinage mais également des rapports avec les
Etats-Unis »83(*). Ainsi, les revendications territoriales en mer
de Chine et les problèmes sociaux à surmonter, ont conduit le
gouvernement chinois à réorienter sa politique. Ce qui fait que
les autorités maintiennent le pays dans une dictature
nationaliste84(*) et un
régime totalitaire dont la principale ambition est d'imposer un
capitalisme d'Etat et de maintenir la stabilité. A cet effet, ni les
modernistes, ni les citadins, ni même ceux qui ont tiré de grands
profits de la libéralisation économique ne souhaitent un retour
à un néo-maoïsme d'inspiration populiste et
égalitaire.
Confucius semble donc inspirer l'autoritarisme du gouvernement
chinois. Le Parti Communiste Chinois (PCC) contrôle
tout, y compris la carrière des individus. Sous Mao,
l'action du Parti s'est traduite par des échecs économiques (dont
des famines) et des répressions sanglantes (notamment la
révolution culturelle).
Face à cette méfiance dont la Chine est victime
sur le plan externe, ajoutés à des problèmes sociaux
internes ; la position du Président Hu Jintao, depuis 2005, prenait
les allures d'une contradiction avec les doctrines de Mao, du moins pour ce qui
concernait l'idéologie confucéenne. A ce sujet, Yuan Tengfei,
professeur d'histoire d'un lycée de Pékin, qui, dans ses cours
enregistrés et diffusés sur internet, a qualifié Mao,
« de tyran sanguinaire et de tyran
n°1 »85(*). Le retour au maoïsme, de ce point de vue,
serait pour la Chine une catastrophe nationale et internationale. C'est dans
cette logique que le président chinois Hu Jintao rappelait aux cadres du
Parti que dans la ligne de l'harmonie, préconisée par Confucius,
il fallait tendre vers la construction d'une société harmonieuse
et promouvoir les valeurs d'honnêteté et d'unité. A
l'extérieur du pays, l'appel à l'harmonie et à la paix
tendait à apaiser les craintes que faisait naître le
développement de la Chine. Dans sa première directive de 2010, Hu
Jintao, en tant que Président de la puissante commission militaire
centrale, a exhorté les généraux à intensifier la
lutte contre la corruption qui a pris des proportions alarmantes au sein de
l'institution en sauvegardant la justice sociale. Dans le même ordre
d'idées, lors du sommet des médias qui s'est tenu à
Pékin en 2009, il n'a pas manqué l'occasion de lancer un appel au
respect mutuel entre les médias du monde, a contrario, à
l'édification d'un monde harmonieux et à promouvoir la paix et le
développement.
Si donc le domaine politique a constitué un champ
d'application important de la sagesse confucéenne, certains analystes
ont également tenté de déduire les implications
économiques de l'éthique confucéenne qui a joué un
rôle primordial dans ce phénomène historique qui
aujourd'hui fait de la Chine une puissance économique
considérable86(*).
L'une des grandes ambitions de M. Weber était de comprendre comment les
croyances religieuses ont pu influencer l'attitude économique des
hommes. Selon son analyse, l'économie capitaliste n'a pu se
développer en Asie en raison, notamment, du manque de
compatibilité entre l'esprit capitaliste et celui de l'éthique
confucéenne87(*).
Cette dernière ne pouvait pas constituer un élément
favorable à l'appropriation du capitalisme. Certaines valeurs du
confucianisme, comme la recherche de l'adaptation au monde, constituent
aujourd'hui un élément du succès économique de la
Chine. A cet effet, le commerce international occupe, selon Chen
Huan-Chang88(*), une place
particulière dans la doctrine de Confucius. Selon lui, la
générosité invite à prodiguer aux étrangers
un traitement indulgent, de les escorter à leur départ, de les
accueillir à leur arrivée, etc. Le commerce international sert
donc à répondre aux besoins respectifs des étrangers et
des autochtones, leur profitant mutuellement. La Chine figure parmi les
premiers partenaires commerciaux de nombreux pays, sous la base du principe
« gagnant-gagnant »89(*). Dans ce contexte, la nouvelle politique africaine de
la Chine élaborée en 2006, a posé les bases d'une
coopération « mutuellement
bénéfique », érigée sur la
non-ingérence comme principe directeur. Et à cet effet, le
Livre blanc publié par le gouvernement chinois stipule
que : « La Chine oeuvre à établir et à
développer-avec l'Afrique-un nouveau type de partenariat
stratégique marqué par l'égalité souveraine et la
confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit
« gagnant-gagnant » sur le plan
économique »90(*).
SECTION II : LA
PHILOSOPHIE CONFUCEENNE COMME SOURCE D'INSPIRATION DE LA POLITIQUE ETRANGERE
DE LA CHINE
La philosophie confucéenne semble occuper une place
prépondérante dans la politique étrangère de la
Chine. A cet effet, tout en s'interrogeant sur la pertinence de cette
assertion, il s'agira de décrypter la prégnance de la doctrine
confucéenne dans les principes fondateurs de la politique
étrangère chinoise. Nous nous attèlerons d'abord à
établir le lien entre la doctrine confucéenne et les principes
directeurs de la politique étrangère de la Chine (Paragraphe I).
Ensuite, à mettre en exergue le marquage confucéen qui
caractérise la coopération entre la Chine et le reste du monde
(Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : LA
DOCTRINE CONFUCEENNE DANS LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA POLITIQUE
ETRANGERE DE LA CHINE
Il s'agira d'analyser, dans ce paragraphe, la coexistence
pacifique (A) et la non-ingérence dans les affaires intérieures
des Etats (B), lesquels semblent cadrer avec la philosophie
confucéenne
A) La coexistence
pacifique
La coexistence pacifique se définit comme un principe
des Relations Internationales fondé sur le respect mutuel des nations,
la non-ingérence dans les affaires intérieures, la non agression,
l'égalité réciproque entre les Etats91(*). Dans la conception
confucéenne, l'objectif visé est d'enseigner la voie,
c'est-à-dire les règles, pour parvenir à la paix et au
juste gouvernement des hommes. Cette philosophie contribue ainsi à la
pacification des relations sociales, d'où le principe de la coexistence
pacifique adopté par la Chine dans sa politique étrangère.
Dans la « Déclaration conjointe de
Pékin » de 200692(*), il ressort de ses extraits que :
« Nous déclarons que le développement de nos relations
amicales et de notre coopération sont en concordance avec les cinq
principes de la coexistence pacifique(...). Nous élevons une voix en
faveur du multilatéralisme93(*) et de la démocratie dans les relations
internationales. Nous soulignons que la diversité du monde doit
être respectée et préservée, que tous les pays du
monde, grands ou petits, riches ou pauvres, puissants ou faibles, doivent se
témoigner mutuellement de l'estime, se traiter d'égal à
égal et de vivre dans la paix et l'amitié ». Ces
principes renvoient directement au discours des non alignés94(*) : respect mutuel de la
souveraineté et de l'intégrité territoriale ; pacte
de non-agression ; non-ingérence dans les affaires d'autrui ;
égalité et bénéfices mutuels ; coexistence
pacifique. Dans ce cadre, note Cabestan, le leadership du PCC a promu depuis
2003 un discours international dans lequel il tend la perche à ses
voisins et au reste du monde pour montrer que la Chine n'a plus aujourd'hui
d'ennemis. Au gré des circonstances, les expressions
« peaceful rise », « peaceful
development », et dernière en date, « domestic and
international harmony », deviennent les concepts clés de la
politique chinoise95(*).
A ce jour, les chinois ont participé à plusieurs
opérations de maintien de la paix en Afrique. Eric Nguyen déclare
à ce sujet qu' « en janvier 2003, Pékin a
dépêché un contingent en République
Démocratique du Congo pour y effectuer des missions de surveillance et
de reconstruction (Mission des Nations Unies au Congo ou
Monuc) ». Il poursuit, qu'en 2005, « un second
contingent est envoyé au Libéria »96(*). Et selon Adam Segal,
chercheur au Council on Foreign Relations : « La Chine est
préoccupée par son image. (...) Elle veut rassurer le reste du
monde sur le caractère pacifique et responsable de sa montée en
puissance »97(*).
B) La non-ingérence
dans les affaires intérieures des Etats
La non-ingérence, d'après Le
Dictionnaire du vocabulaire juridique (2002), est l'interdiction faite
à un Etat d'interférer dans le domaine de compétence d'un
autre Etat en vertu des principes d'égalité et de
souveraineté des Etats98(*).
Confucius a consacré un grand nombre de paragraphes
à l'art de gouverner. La vertu « shu » par exemple,
symbolise le respect d'autrui et de soi même, et est exprimée par
la règle d'or de Confucius : « ne faites jamais à
autrui ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse »99(*).
Comme l'expriment les Entretiens de Confucius :
« le sage admet à son école tous les hommes, sans
distinction (de bons ou de méchants, d'intelligents ou de peu
perspicaces), afin que tous cultivent la vertu ». Aussi,
poursuivent-ils, que l'essentiel est de servir la justice humaine afin de
« remplir les devoirs propres à l'homme, honorer les
esprits, mais s'en tenir à distance »100(*). Dès lors, on
comprend bien pourquoi la Chine mène une politique de
non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, et
pourquoi elle est souvent accusée de soutenir les régimes
dictatoriaux. Jean Jolly relativise cette image déviante dont la Chine
est victime, en affirmant que « les chinois donnent la
priorité à la stabilité politique quel que soit le type de
régime »101(*). Sa présence au Soudan et dans les Etats
dits « voyous » constitue à cet effet une
illustration évidente à cette attitude de la Chine sur la
scène internationale. Sa réticence récente au Conseil de
Sécurité contre une intervention armée dans la crise
libyenne atteste tout simplement du fait que la Chine n'entend pas s'immiscer
dans les affaires intérieures des autres Etats, par respect de leurs
souverainetés.
Ainsi, l'histoire millénaire de la Chine est faite des
dynasties autoritaires et non de démocraties. Pour les dirigeants
chinois, la démocratie se définit comme « la
représentation de l'intérêt des personnes dans le court
terme et non pas d'intérêt de la nation pour le long terme. La
démocratie est le reflet de la pensée égoïste de la
population »102(*). A cet effet, les chinois ne seraient pas regardants
sur la démocratie103(*), les droits de l'homme, la bonne gouvernance, etc.
Cependant, le « géant asiatique », dans sa politique
étrangère, privilégie la formule :
« business now, politics later »104(*). Comme l'observe Michal
Medan, il est clair que la Chine veut exporter son modèle
socioéconomique et politique à d'autres pays en
développement, juste comme les Etats-Unis se sont engagés
historiquement à propager la démocratie. De l'avis de Olusegun
Obasanjo, alors Président du Nigéria, dans son discours
adressé au Président chinois Hu Jintao en Avril 2006 à
Lagos, la Chine serait le meilleur partenaire de l'Afrique. A ce propos, il
affirme que : « nous souhaiterions que la Chine dirige le
monde et quand ce sera le cas, nous voulons juste être derrière
vous. Quand vous allez sur la lune, nous ne voulons pas être
laissés derrière, nous voulons être avec
vous »105(*).
PARAGRAPHE II : LE
MARQUAGE CONFUCEEN DE LA COOPERATION INTERNATIONALE
La Chine est présente dans tous les pays, quel que soit
le régime et coopère dans des domaines aussi variés.
Ainsi, comme le disait Confucius, dans ses Entretiens
« n'est-ce pas une bonne chose d'avoir des amis qui viennent de
loin ?(...). Parce que ces amis apportent avec eux des modes de
pensée différents et que l'on peut apprendre
d'eux »106(*). C'est la raison pour laquelle la Chine ne
cesse d'intensifier sa coopération internationale et, comme le note le
journaliste chinois basé à Paris, Zheng Ruolin,
« la Chine est devenue un partenaire majeur non seulement pour
les pays occidentaux, mais également pour les pays du Sud, en Afrique et
en Amérique latine notamment »107(*). C'est d'ailleurs la
raison pour laquelle sa présence est remarquable, non seulement en Asie
et dans les pays occidentaux (A), mais aussi dans les autres pays en
développement (B).
A) Une présence
remarquable en Asie et dans les pays occidentaux
Dans sa politique extérieure, l'une des
stratégies que la Chine applique est la « diplomatie du
pourtour »108(*). Celle-ci consiste à renforcer la position du
pays face à son environnement immédiat. L'objectif est de se
poser comme une puissance responsable et conciliatrice tel que l'inspire la
doctrine confucéenne, afin de renforcer sa position centrale sur la
scène asiatique, étape indispensable dans sa volonté
d'être reconnue comme une véritable puissance mondiale. Bertrand
Ateba écrit à ce sujet que, « dans le cadre de
l'Asie Pacifique, aucun conflit, aucune situation ne peut être
réglée sans tenir compte des intérêts de la Chine ou
même sans sa collaboration »109(*).
En ce qui concerne l'Occident, le constat qui se dégage
est que, aucun pays ne veut être exclu des bénéfices d'une
coopération avec une Chine qui s'impose au monde et qui joue bien la
carte de son économie et de son commerce florissants. Ces pays, de par
leurs intérêts en Chine, acceptent cet Etat dont les pratiques et
les valeurs sont loin d'être celles qu'ils défendent et
promeuvent sur la scène internationale. Par conséquent, il est
hors de question pour eux, de laisser échapper les opportunités
économiques et commerciales que le vaste marché et la main
d'oeuvre bon marché que la Chine offre. A cet effet, les Etats-Unis
restent le premier partenaire commercial de la Chine, tout comme l'Union
Européenne figure parmi ses partenaires commerciaux pesant de plus en
plus lourds. Ces régions sont devenus d'importants importateurs des
produits made in china110(*).
B) Un soutien
indéniable aux autres pays en développement
L'éducation confucéenne qui s'oppose aux
débordements de l'égoïsme et tend à faciliter le bon
déroulement des relations sociales, est à la base du combat que
les dirigeants chinois mènent depuis des lustres contre le capitalisme,
système dans lequel l'individu ne pense qu'à lui-même. En
effet, le fondement de la morale est la constatation faite par l'intelligence
humaine que tous les hommes sont les parties d'un tout, et que leur nature ne
peut se développer normalement que s'ils contribuent chacun pour sa part
à la prospérité de l'ensemble. Ainsi, lorsqu'un des
disciples demanda à Confucius, que faire pour devenir un homme de bien,
il répondit : « cultiver en soi la capacité de
conforter les autres...Cultiver en soi la force de donner au peuple paix et
réconfort »111(*). C'est ce qui semble justifier la
présence chinoise en Amérique latine et en Afrique. De plus, la
coopération de l'Empire du Milieu avec les pays en développement
est basée sur des logiques tiers-mondistes. Ainsi, si l'Amérique
latine attire la Chine aujourd'hui, c'est en grande partie en raison de ses
réserves énergétiques et minières112(*), dont la Chine a besoin pour
alimenter sa croissance. Le sous-continent américain l'intéresse
également pour ses ressources agricoles. Avec ses réserves de
capitaux, sa croissance exceptionnelle et l'importance de son marché, la
Chine a rapidement été assimilée par les pays
d'Amérique latine à un nouvel Eldorado113(*). Les pays d'Amérique
latine profitent par ailleurs des investissements chinois, qui ont connu une
augmentation exponentielle au cours de ces dernières années et
témoignent de l'intérêt que la Chine montre pour cette
région. La visite officielle de Hu Jintao dans le sous-continent en
novembre 2004 fut le point de départ de très importants
investissements chinois dans plusieurs pays de la région et la
concrétisation de l'intérêt de plus en plus marqué
de Pékin pour l'Amérique latine. Le plus grand pays de la
région, le Brésil, bénéficie ainsi actuellement
d'investissements à hauteur de cinq milliards de dollars pour moderniser
son gigantesque réseau ferroviaire114(*). De même que le Venezuela, qui a par ailleurs
profité d'importants investissements en matière d'infrastructures
énergétiques, pour un montant généralement
évalué à un milliard de dollars. Grosso modo, on estime le
montant des investissements chinois en cours en Amérique latine à
prés de 100 milliards de dollars115(*). Ce qui fait que, « de nombreux pays
d'Amérique voient dans un plus grand partenariat avec la Chine une forme
d'émancipation face à l'omniprésence américaine, et
accueillent donc favorablement l'attrait accru de Pékin pour le
sous-continent »116(*), estime Barthélémy
Courmont.
A l'instar de l'Amérique latine, l'offensive de charme
de la Chine en Afrique ne date pas d'hier, et débute bien avant le
miracle économique chinois. Dès les années 1950, dans le
cadre d'une politique tiers-mondiste à laquelle la Chine de Mao
était étroitement associée, en opposition à la
bipolarité de la Guerre froide, Pékin se tourna vers l'Afrique,
notamment en soutenant les mouvements indépendantistes. Le 12 janvier
2006 fut publié un Document sur la politique chinoise à
l'égard de l'Afrique dans lequel étaient
évoqués les objectifs de leur coopération sur les plans
politique, économique, militaire et culturel. Du 03 au 05 novembre 2006,
s'est tenu à Pékin le premier sommet Chine-Afrique. Ce fut
l'occasion pour la Chine de consolider ses relations économiques avec
environ 48 pays participants. En marge du sommet, les accords commerciaux d'une
valeur de 1,9 milliards de dollars117(*) ont été signés. Le gouvernement
chinois associe donc prêts à taux avantageux et initiatives
diplomatiques pour soutenir les pays africains. En premier lieu, la Chine
dispose d'organismes financiers comme l'Export and Import Bank of China ou Exim
Bank. Elle accorde des prêts sans intérêts et des
prêts à taux préférentiels aux pays africains pour
les aider à se doter d'infrastructures. Abdelmajid Fassi Fihri, membre
du comité directeur du Centre d'Analyse et de Propositions (CAP) pour
l'Afrique, un think thank spécialisé sur les questions
africaines, explique que « l'arrivée de la Chine en
Afrique provoque un nouveau dynamisme économique dans les pays
africains. Elle est une véritable opportunité pour eux de
relancer leur développement »118(*). Ainsi, en 2006, l'Angola et
la République Démocratique du Congo (RDC) se voient accorder 400
millions de dollars119(*) de crédit pour construire une voie
ferrée reliant les deux pays. En 2004, Jean Ping, Ministre gabonais des
Affaires étrangères, affirmait qu' « avec la
Chine, tout est simple. Elle nous octroie des remises de dettes et des
prêts à long terme et sans
condition »120(*). C'est ainsi que l'Angola s'est vu
octroyé un prêt de deux milliards de dollars à taux annuel
de 1,5% et dont le remboursement s'étale sur dix sept ans. Tout comme le
Nigéria, un milliard soumis aux mêmes conditions. Au Gabon, un
prêt de 37,2 milliards de FCFA accompagné d'une période de
grâce de sept ans, pour un taux de 3% et dont le remboursement
s'étale sur vingt ans. Deuxièmement, Pékin multiplie les
petits et moyens projets d'investissement en Afrique, notamment dans les
domaines tels que : riziculture, ponts, hôpitaux, écoles,
horticulture, routes en zone rurale. Certes, elle mène aussi de grands
projets tels, la construction d'aéroports, de palais
présidentiels, de stades sportifs, de barrages, de chemins de fer, etc.
Les entreprises chinoises chargées d'exécuter ces projets ont
investi en 2007, 12 milliards de dollars121(*) en Afrique. Et comme le souligne Aranud Rodier,
président du comité Afrique du Medef, « l'Etat
chinois vient avec le financement, les entreprises et la main d'oeuvre. Il fait
un « package » complet avec des conditions qui sont
exceptionnelles »122(*). Enfin, la Chine est devenue le
troisième partenaire commercial de l'Afrique et ses investissements
directs s'évaluent à 6,64 milliards de dollars à la fin de
l'année 2006. Ils ont connu une augmentation en 2007123(*) (voir annexes 3&4).
CHAPITRE
II :
LES INSTITUTS
CONFUCIUS : LA CONSTRUCTION DE LA DIMENSION CULTURELLE DE LA PUISSANCE
CHINOISE
Lorsqu'un Etat souhaite étendre son influence, faire
connaitre sa valeur ou promouvoir ses particularités dans le monde, il
utilise la culture comme paravent de sa stratégie de puissance. Zaki
Laidi pense que « c'est l'enjeu culturel qui permet de parler de
puissance et de sens »124(*). Ainsi, l'expérience a montré que
les Etats qui ont le moins mis en pratique la connaissance culturelle
extérieure, échouent le plus dans leurs démarches
internationales. C'est pourquoi, la culture est nécessaire pour
comprendre et se faire comprendre, partager, créer des liens et,
diplomatiquement, être sûr de ne pas arriver dans un pays sans en
connaître les usages et les coutumes. De ce fait, bien que la Chine se
soit insérée relativement vite dans le cercle des grandes
puissances occidentales et du Japon, il lui restait encore beaucoup
d'étapes à franchir devant lesquelles elle marquait le pas. C'est
pourquoi on note une prolifération de centres culturels chinois à
travers le monde, connus sous l'appellation d'Instituts Confucius. Quelques
questions méritent dès lors d'être posées :
comment la volonté de puissance de la Chine s'exprime-t-elle à
travers les Instituts Confucius ? En quoi cette politique peut-elle
être considérée comme un vecteur de puissance ? La
présentation du paradigme culturel de l'Institut Confucius (Section I)
et l'étude de ce personnage comme un support de ce projet culturel
chinois à l'échelle mondiale (Section II), constitueront les deux
grandes articulations de ce chapitre.
.
SECTION I : LE
PARADIGME CULTUREL DE L'INSTITUT CONFUCIUS
Au terme d'une réflexion consacrée à
l'application au domaine des Relations Internationales du concept de
« paradigme », tel que l'a réhabilité Thomas
Kuhn ( soit le cadre de raisonnement général qui conditionne,
à un moment donné, ce qu'il appelle une science normale), John
Vasquez le définit comme l'ensemble des présomptions
fondamentales que les chercheurs cultivent sur le monde qu'ils étudient.
Il s'agit selon lui, d'une matrice culturelle et idéologique qui produit
une représentation du monde125(*). A cet effet, la mise en place du projet culturel de
création d'Instituts Confucius par la Chine sous-tend une certaine
vision du monde (Paragraphe II), laquelle prendrait appui sur les
éléments constitutifs du confucianisme dont on trouve dans la
société chinoise (Paragraphe I).
PARAGRAPHE I : LES
PRINCIPES, LES VALEURS ET L'INCARNATION SOCIALE
DU CONFUCIANISME
Il s'agira dans ce paragraphe, de faire ressortir dans un
premier temps les éléments constitutifs du confucianisme (A) et,
dans un second temps de dégager l'incarnation de cette doctrine dans la
société chinoise (B).
A) Les principes et
valeurs du confucianisme
Confucius a proposé un certain nombre de principes et
de valeurs devant guider la société chinoise. Ses enseignements
inculquent sept vertus : fidélité, altruisme,
humanité, équité, conduite rituelle, droiture et
connaissance126(*). Ces
principes peuvent être regroupés autour de la
hiérarchisation sociale, de l'attitude du souverain et de l'esprit du
gouvernement pour la paix sociale, l'amélioration de soi.
Le confucianisme suppose une société très
hiérarchisée où chaque individu a sa place et occupe une
fonction bien définie. Mais, la société ne doit pas
s'ordonner autour d'une stratification rigide et sclérosée.
L'ordre social est très proche de la méritocratie dans la mesure
où il est essentiel que chaque individu exerce une fonction qui
corresponde à ses aptitudes et à ses talents. Ainsi, selon ce
modèle, il est très important d'opérer une
sélection rigoureuse des individus pour ne pas placer la mauvaise
personne au mauvais poste. Le souverain lui-même n'échappe pas
à cette règle, puisqu'il se doit d'être
irréprochable, voire exceptionnel. Le confucianisme prône
également une hiérarchisation des rapports sociaux. Les individus
appartiennent à des cercles ou clans qui sont agencés de
façon concentrique. La famille, cellule de base de la
société chinoise, constitue le cercle le plus important.
Après la famille, l'individu appartient à un village, à
une région, à une province, puis à un pays. Plus le cercle
est restreint, plus les liens entre individus sont forts. Chaque clan
s'organise autour d'un chef qui s'apparente à un véritable chef
de famille. A l'intérieur de chaque clan, le chef se doit d'être
bienveillant à vis à vis de ses membres et ces derniers ont un
devoir de loyauté envers lui. L'individu, membre d'un clan, est
invité à faire oubli de sa personne au profit du collectif et
à agir de façon désintéressée. Cependant,
les relations entre membres d'un même clan sont marquées par une
certaine réciprocité, de manière à éviter
les abus et les comportements malhonnêtes. La doctrine confucéenne
est résumée par la maxime suivante : « que
l'empereur soit empereur, que le père soit père et que le fils
soit fils »127(*).
La philosophie confucéenne s'attache à
décrire un système de pouvoir et un mode de gouvernement qui
puisse assurer la paix sociale et le bien être des individus. La
description du pouvoir faite par Confucius et ses disciples est essentiellement
patriarcale. En effet, la clé de voûte de toute organisation
exerçant le pouvoir repose sur un chef qui possède toutes les
caractéristiques d'un patriarche. Le chef doit également
être un leader capable de susciter l'adhésion des membres du clan
sans jamais recourir à la force. C'est obligatoirement une personne
exceptionnelle et irréprochable qui montre l'exemple à ses
subordonnés et irradie son entourage par sa sagesse. Son but premier est
le bien être de son clan et il est amené à faire oubli de
sa personne pour se dévouer corps et âme à sa mission. Par
conséquent, un chef qui administre bien son organisation avec orgueil et
avarice n'est pas un bon leader. Le chef possède tous les attributs d'un
leader charismatique.
L'auto-perfectionnement128(*), via l'étude et le travail sur soi est une
notion essentielle de la philosophie confucéenne. Toute personne est
ainsi capable d'atteindre l'excellence humaine à force de
persévérance et d'humilité. C'est ainsi que
l'éducation et le savoir occupent une place très importante dans
la société chinoise et permettent à n'importe quel
individu, peu importe son origine sociale, de s'élever dans la
hiérarchie et se faire respecter par ses pairs.
En ce qui concerne les valeurs, elles s'articulent autour du
sens de l'humain, de l'équité rituelle, rites, morales,
confiance, connaissance129(*).
Le sens de l'humain « Ren » qui
constitue la valeur centrale englobante, est le sens du bien social, de la
générosité, de la sollicitude, de la complaisance, de la
compassion, de la bienfaisance, de la bonté humaine, de la vertu
suprême, de la perfection, etc. Il s'exprime autant dans la
simplicité des gestes quotidiens que dans ce qui pourraient être
qualifié de « grandeur d'âme du grand
homme ».
L'équité rituelle
« Yi » recouvre un sens très large, allant
de la justice à l'intégrité, en passant par un certain
sens de l'honneur, un respect des règles, une nécessaire
protection des siens qualifiant ainsi autant le comportement du
« chef » que celui des membres de la communauté.
Les rites « Li » quant à
eux, sont une sorte de manifestation de « courtoisie
obligatoire ». Ils représentent un système de
codification des relations humaines. Ainsi, le confucianisme attache beaucoup
d'importance aux rites car ils permettent de réaffirmer
l'identité collective des membres d'un même cercle et de se
différencier des individus venant de l'extérieur. Ces rites
peuvent prendre des formes variées et être plus ou moins
contraignants pour les membres du clan. Il peut s'agir des
cérémonies, des coutumes, d'habitudes ou de simples gestes
régulièrement répétés. Dans tous les cas,
ces rites doivent promouvoir l'harmonie au sein d'un groupe sans jamais
être source de sclérose. Les exercices rituels constituent une
éducation pacifiante par le corps qui prépare à la retenue
et, plus tard, à l'autodiscipline. De plus, cette importance
accordée aux exercices rituels dans l'éducation soutient une
pacification des relations interindividuelles. Ce qui est visé, c'est
bien un idéal d'intégration dans le groupe. Il s'agit, à
travers les usages et les rituels, d'apprendre le respect des ainés, le
dévouement à l'égard des parents, la
réciprocité.
La morale et la vertu « De »
consistent à la rectitude du comportement par rapport aux règles
de la vie en société. C'est une éthique pratique qui
s'impose à l'ensemble du corps social pour s'incarner dans le souverain,
qui doit être exemplaire dans son comportement quotidien. La morale
renforce potentiellement la pression exercée par l'oeil social
contribuant à donner aux sociétés confucéennes une
image de conditionnement excessif. L'éducation morale s'oppose aux
débordements de l'égoïsme et tend à faciliter le bon
déroulement des relations sociales.
La confiance « Xin » est
indispensable à la survie de tout groupe social. C'est le respect des
engagements, respecter les termes et mener à bien ce qui a
été entrepris. La fiabilité est dans les actes, il faut
parler preuve à l'appui, parler peu mais vrai.
La connaissance « Zhi » enfin,
vise l'apprentissage des qualités humaines. Le confucianisme invite les
individus à connaitre les choses par le coeur. A cet effet, une grande
place est accordée à l'affectif dans la philosophie
confucéenne, ce qui pousse le souverain à éprouver de
l'amour envers son peuple et incite l'individu à vouloir sans cesse
améliorer son comportement en vue d'atteindre l'excellence humaine.
B) L'incarnation sociale
du confucianisme
Le confucianisme a eu un impact considérable dans la
société chinoise. Selon Sophie Faure, quatre mots permettent de
mieux comprendre le monde chinois et son fonctionnement130(*) : la hiérarchie,
le clan, les cercles concentriques et les relations.
La hiérarchie se manifeste à travers les cinq
relations suivantes : supérieur-inférieur, père-fils,
frère aîné- frère puîné, mari-femme,
amis. De ce qui précède, il n'y a pas d'ordre chinois autre que
hiérarchique. Elle définit une obligation de protection
bienveillante dans le sens descendant et de respect, loyauté dans le
sens ascendant.
Au niveau du clan, la famille est la cellule de base de la
société chinoise avec le père qui occupe une fonction
centrale et rayonne sur son entourage. Ainsi, le chef de clan est souvent
considéré comme un « leader charismatique »,
il veille paternellement au bien-être de ses membres et défend
leurs intérêts. Les membres du clan sont tous solidaires et
fidèles et ils manifestent un dévouement et un oubli de soi au
profit du collectif. Quant aux rapports avec l'externe, ils sont marqués
par une certaine méfiance a priori, allant jusqu'à la
fermeture.
Les cercles concentriques quant à eux,
représentent le passage de la famille au reste de la
société par élargissement progressif des frontières
du clan. Tout chinois est enfant d'une famille, puis d'un district, puis d'un
village, puis d'une province, puis d'une région avant d'être
chinois, tandis que le lien se relâche avec l'éloignement sanguin,
pour passer de l'émotionnel à l'intérêt.
Les relations enfin, font la force du fonctionnement de la
société chinoise. Les « guanxi » mot
devenu légendaire, utilisé pour décrire les relations
doivent avant tout être considérées comme un capital. C'est
la logique très spéciale du business à la chinoise
à laquelle est attribué le succès de la diaspora.
Toutefois, il est souvent retenu du confucianisme des points
particulièrement durs131(*). De la hiérarchie qui donne une conception
verticale du pouvoir, clan, cercles concentriques et relations qui permettent
au pouvoir d'irriguer l'espace. Cette logique de fonctionnement a des
implications à la fois positives et négatives. Positives comme
l'efficacité humaine et négatives comme les abus dont fait preuve
le chinois aujourd'hui. Ainsi, l'homme confucéen serait sous contrainte
et sous influence qui doit respect et allégeance à la
hiérarchie. Vu sous cet angle, le confucianisme serait une philosophie
de la domination servant le profit du dominant au détriment du profit du
dominé.
PARAGRAPHE II : LE
CONFUCIANISME DANS L'AMBITION GLOBALE DE LA CHINE
La mise en valeur des idées confucéennes par la
Chine répond à une logique qui consiste à vouloir unifier
le monde à ses valeurs culturelles, dans le but d'atteindre les
résultats qu'elle ne peut pas avoir à travers les luttes
politiques et la force militaire. C'est pourquoi, la Chine déploie les
valeurs confucéennes à travers le monde (A) et, lesquelles
s'avèrent au fondement du projet de création d'Instituts
Confucius (B).
A) Le déploiement
du confucianisme à l'échelle mondiale
Confucius est considéré comme le premier
éducateur de la Chine et son enseignement a donné naissance
à une doctrine qui a influencé non seulement son pays mais aussi
le monde entier.
En Asie, les idées de Confucius ont
pénétré la quasi-totalité des Etats de l'Asie
orientale, que Barthelemy Courmont considère comme le
« pré carré chinois »132(*), et ont constitué de
ce fait, le pilier de la culture et des traditions nationales. Bon nombre de
chercheurs postulent l'existence depuis l'Antiquité, d'une
« aire culturelle confucianiste » dont la Chine est le
noyau et dont la Corée, le Vietnam et le Japon sont les principaux
membres. Ces trois derniers, avant que les idées confucéennes n'y
pénètrent, se trouvaient, soit à la charnière de la
société primitive et de la société esclavagiste,
soit en train de passer de cette dernière à la
société féodale. Ils n'avaient ni écriture, ni
littérature, ni à plus forte raison d'écoles133(*). Après l'introduction
des classiques confucéens, ils ont adopté par la suite les
idéogrammes chinois et se sont dotés à l'instar de la
Chine, d'écoles où l'on enseignait la doctrine du
« Maitre ». L'image de Confucius a donc fait l'objet d'un
culte dans toutes les écoles.
Le Japon vénérait en lui « le premier
des Sages et le premier des Maitres ». Le Vietnam « le Sage
qui fut le Maitre des dix mille souverains »134(*). Il était
considéré comme un modèle pour les
générations successives et l'incarnation la plus accomplie de la
vertu. En Corée, au Japon et au Viet Nam, l'éducation
féodale comme en Chine, reposait sur le respect de Confucius.
Confucius continue d'occuper une place importante dans le
système éducatif des pays de la région. Le Japon,
Singapour, la Corée et le Sud Vietnam (avant la réunification du
pays), notamment, sont demeurés fidèles à sa
pensée, surtout dans le domaine de l'éducation morale. Par
exemple, en 1982, le gouvernement de Singapour a exhorté les citoyens de
ce pays à étudier et à propager la doctrine de Confucius,
présentée comme énonçant « les
principes essentiels de l'art de gouverner et les règles morales de la
vie en société »135(*). Paul Samuel Huntington affirme à ce
propos que : « Lee Kuan Yew (...) s'est pris d'enthousiasme
pour le confucianisme, dans lequel il voyait l'origine de la réussite de
Singapour, et il est devenu le propagandiste des valeurs confucéennes
dans le monde »136(*). Dans les années quatre-vingt-dix, le
gouvernement de Taïwan s'est déclaré
« l'héritier de la pensée
confucéenne »137(*).
En Occident, les valeurs confucéennes ont exercé
une influence dans certains pays. Ainsi, depuis 1600138(*), les missionnaires
jésuites venus évangéliser la Chine ont répandu les
idées de Confucius en Occident. C'est principalement sur les philosophes
des Lumières que cette influence a été
considérable. Ainsi, pour combattre le despotisme et le droit divin, ces
penseurs ont cherché des arguments dans la doctrine de Confucius. Sa
philosophie athée, sa vision moraliste de la politique, sa conception du
caractère indissociable de la politique et de l'éthique et sa
théorie de l'économie qui mettait l'accent sur la production
agricole ont rempli d'admiration des penseurs tels que Voltaire ou Quesnay. Ces
derniers ont utilisé Confucius à leur façon pour
dénoncer les abus de leur temps et attaquer le despotisme et la doctrine
du droit divin. L'occident a donc connu un véritable engouement pour
Confucius. C'est ainsi que le penseur des Lumières français,
Quesnay a été surnommé « le Confucius de
l'Europe ». Il en est de même pour le grand poète
allemand Goethe, qui s'appelait « le Confucius de
Weimar »139(*), preuve du respect et de l'admiration que le
« Maitre » inspirait. Fort de ce qui précède,
Jacques Fame Ndongo, Ministre camerounais de l'Enseignement Supérieur,
affirme que « le confucianisme a influencé bon nombre de
philosophes occidentaux à l'instar de René Descartes. L'homme
était au centre des préoccupations de ce philosophe
chinois... »140(*).
B) L'influence du
confucianisme dans le façonnage du projet chinois
Dans les années quatre-vingt dix, l'Etat chinois a
envisagé de séduire ses voisins autour du sentiment
d'appartenance à une même « communauté
asiatique ». L'objectif était de faire prendre conscience de
l'existence de valeurs partagées et d'une destinée commune. Cette
tentative s'est manifestée autour de l'intérêt
renouvelé du confucianisme et à cet effet, la Chine, a
éprouvé le sentiment fort d'avoir une mission envers les autres
pays afin de gagner de l'influence sur ceux-ci.
En novembre 2002, le premier institut universitaire de
recherche sur Confucius est inauguré à l'Université du
Peuple de Pékin. Selon le Président de l'Université,
« nous espérons construire un pont entre les cultures
moderne et traditionnelle et contribuer à faire la meilleure utilisation
possible de la culture chinoise traditionnelle »141(*). Sur le plan
international, la Chine est toutefois demeurée extrêmement
prudente dans la promotion du confucianisme via les centres culturels. De prime
abord, une rencontre a été organisée à Qufu, ville
natale de Confucius, réunissant universitaires et chercheurs asiatiques
et, à l'issu de laquelle les participants se sont accordés
à dire que le confucianisme est une part importante de la culturelle
traditionnelle chinoise, qui a eu un impact significatif en Asie orientale et
même dans le monde entier142(*). Dès lors, estime Zhang Ni, journaliste
à CCTV-F, que « l'intégration du confucianisme et
de la culture chinoise dans plus d'un tiers des pays du monde prouvent que la
coexistence entre civilisations est possible. Ce dialogue entre les
civilisations du monde n'est que le premier pas vers une grande
compréhension entre les nations et les cultures143(*). L'illustration ici est
le choix porté à Confucius pour patronner le projet de
création des centres culturels et, à ce titre, « le
gouvernement chinois devait assurer à l'étranger une promotion du
confucianisme avec la création d'Instituts Confucius, semblables aux
« Alliances françaises » ou aux «
Instituts Goethe »144(*).
SECTION II :
CONFUCIUS, SUPPORT DU PROJET CULTUREL CHINOIS A
L'ECHELLE MONDIALE
Le point de départ de la nouvelle configuration
géopolitique réside dans une volonté de la Chine de
s'ouvrir au monde extérieur, après une période de repli
sur elle-même. Luc Sindjoun pense à ce propos que :
« Les acteurs étatiques puissants ou en quête de
puissance sont pour la plupart des entrepreneurs culturels. C'est ainsi qu'ils
ont souvent une diplomatie culturelle visant à promouvoir leurs valeurs,
leurs modèles à l'étranger, notamment par le biais des
centres culturels »145(*). La Chine qui réunit un certain nombre
de ressources de puissance ne fait pas l'économie de la variable
culturelle dans les relations internationales. D'ailleurs, son statut
international obéit à la considération de Luc Sindjoun
selon laquelle, « ce n'est pas la culture elle-même qui est
puissance, c'est la puissance économique, technologique,
financière et militaire de l'Etat qui contribue à construire la
croyance de sa supériorité »146(*). Nous analyserons
d'abord les motifs inhérents à la paternité
attribuée à Confucius quand au projet culturel chinois
(Paragraphe I) avant d'examiner en quoi cela contribue
à l'émergence de la puissance chinoise (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : LES
MOBILES QUI SOUS-TENDENT LA REHABILITATION DE CONFUCIUS PAR LE GOUVERNEMENT
CHINOIS
Même si le politique semble utiliser la culture à
des fins stratégiques, il n'empêche, pour la Chine, que celle-ci
vise aussi à améliorer son image en aidant la
compréhension mutuelle et en dénonçant les
stéréotypes, les a priori et les préjugés
dont elle est victime. Et surtout, comme le souligne Alain Peyrefitte,
« le public occidental est affligé d'une myopie faite de
préjugés, de passions idéologiques et surtout
d'ignorance... »147(*). Nous essayerons d'expliquer la nature des
habits neufs que la Chine voudrait bien arborer aujourd'hui sur le
plan culturel à travers Confucius (A), tout en élucidant l'apport
de cette civilisation millénaire dans la quête actuelle de la
puissance par la Chine (B).
A) Le
désamorçage des critiques idéologiques
L'idéologie148(*) sert à dissimuler les intentions, à
justifier les actions, à mobiliser les populations et à recruter
des partisans au-delà des frontières ; un paravent, un
argument, un ciment et une arme. Pendant presque tout le XXe siècle,
progressistes et marxistes chinois se sont livrés à une critique
idéologique de leur culture, cherchant l'inspiration du
côté de l'Occident. Cela a sans doute flatté les
occidentaux, qui aujourd'hui apprécient moins que les chinois
s'enorgueillissent de leurs propres traditions et s'y référent
même pour réfléchir politiques et sociales. Si donc le
confucianisme est réhabilité aujourd'hui, c'est parce que la
révolution maoïste a échoué et que le pays se trouve
face à un vide idéologique et morale. C'est pourquoi le
gouvernement chinois a réinstauré l'enseignement du confucianisme
afin que la Chine fasse un retour à des valeurs traditionnelles.
La prise de conscience des faiblesses du dogmatisme marxiste a
entrainé le passage à une étape supérieure. Jadis
donc, la Chine était un grand pays et les autorités ont
estimé qu'il était temps de retrouver ce statut. Ainsi, il leur a
fallu maximiser leur influence hors de leurs frontières, à
travers la diffusion de la doctrine confucéenne. La transformation
politique au sein du PCC visait tout simplement à prendre en compte
l'intérêt personnel et le bien être humain. Malgré
les résistances des idéologues marxistes rigides, le PCC laisse
progressivement plus de place à la méritocratie, encourageant
désormais les étudiants brillants à le rejoindre, et le
rôle grandissant des cadres les plus instruits devant favoriser une plus
grande adhésion aux valeurs confucéennes. A ce propos, Kenneth
Lieberthal149(*)
souligne qu' « actuellement, on est en train de
reconsidérer d'une façon plus sérieuse les fondements
éthiques de la société chinoise, parce que c'est une
société qui est en train de subir des changements
considérables ». Il ajoute qu'« il y a un
désir d'une plus forte base éthique, et l'un de ces
éléments remonte à l'héritage
confucéen ».
Confucius contribue donc à une appréciation de
la richesse historique et du dynamisme contemporaine de la civilisation
chinoise. Sa réhabilitation est soutenue par le gouvernement chinois
pour véhiculer un nouveau visage, celui d'un « dragon
bienveillant »150(*). La Chine, à travers les Instituts Confucius,
veut s'offrir un visage acceptable. C'est la raison pour laquelle Pékin
déploie depuis le début du XXIe siècle des efforts
considérables pour adoucir son image. Comme le souligne Jean Jolly, si
les jeux olympiques de 2008 à Pékin « furent
l'expression de l'influence géopolitique et économique croissante
de la Chine, l'Exposition universelle de Shanghai en 2010, la plus importante
de tous les temps, a été le moyen de présenter d'autres
facettes de la puissance chinoise sur les fronts de design, de la
création, de tourisme ou de la diplomatie
culturelle »151(*). L'Exposition s'inscrit parfaitement dans la
stratégie chinoise visant à séduire le reste du monde par
la mode, l'aide humanitaire, la culture, la langue.
« L'Exposition est un moyen très sûr de montrer le
« soft power chinois » »152(*).
En effet, le confucianisme est de manière globale la
culture, le patrimoine de la Chine. Ce qui est intéressant à
retenir finalement, c'est la volonté de la Chine d'apparaitre en quelque
sorte comme un modèle sur la scène internationale. Ce qui n'est
pas en soi une nouveauté. Mao Zedong et Zhou Enlai avaient
déjà cette envie de faire de la Chine un modèle de
développement, attractif pour un certain nombre de pays. Aujourd'hui, le
confucianisme est réhabilité. Il n'y a plus la même
suspicion plus encore la même opposition, qui a longtemps existé
entre le PCC et le confucianisme. Au contraire, le PCC se sert du confucianisme
pour faire avancer un véritable projet global. C'est un instrument au
même titre que le bouddhisme, que les autorités chinoises
admettent désormais. En cela, le célèbre dicton de Deng
Xiaoping, « peu importe que le chat soit noir ou gris, tant qu'il
attrape les souris » est vraiment appliqué et
approprié dans cette stratégie du soft power.
B) La quête de la
puissance : la grandeur du passé comme tremplin
Les chinois sont les citoyens humiliés, d'un ancien
grand empire à l'idée nationale forte153(*). Son hymne nationale
« Debout ! Jamais plus notre peuple ne sera un peuple
d'esclaves ! » le montre encore aujourd'hui : il
s'agit de laver l'honneur sali, de restaurer la place de la Chine dans le
concert des grandes nations154(*). A ce propos, Alain Peyrefitte pense de la Chine
qu'elle est « un empire fier, depuis des millénaires,
d'être le centre du monde, et insupportablement blessé dans son
orgueil par la domination étrangère »155(*). L'orgueil156(*) est un moteur
fondamental pour le retour de la Chine vers la puissance. Les chinois,
très susceptibles, sont habités d'un sentiment de
supériorité dû au rayonnement et à
l'ancienneté de leur civilisation. Les dirigeants pensent que si la
Chine a par le passé atteint le sommet, elle a la capacité
intrinsèque d'y accéder à nouveau157(*). C'est pourquoi,
aujourd'hui, elle s'attache à restaurer sa grandeur158(*). A ce propos, Michel Jan
affirme que « la Chine considère son développement
comme une revanche et comme un combat »159(*). Selon Jean Musitelli,
Confucius était si convaincu de l'excellence de ses principes qu'il
disait : « si quelqu'un savait m'employer, en un an il
obtiendrait un résultat passable et après trois ans il
obtiendrait la perfection »160(*). La Chine, dans sa quête de puissance, a
compris la nécessité de mettre en valeur le
« géant Confucius » ainsi que ses enseignements.
D'ailleurs, la Chine continue de mettre en oeuvre sa politique
étrangère traditionnelle, articulée autour d'un
schéma sino-centré selon lequel, la Chine est le suzerain et tous
les autres peuples ses vassaux161(*). Fort de ce qui précède, à
l'image de Confucius, la perception Chinoise de son territoire et de son espace
stratégique, d'après Taje Mehdi, « conditionne
fortement ses ambitions géopolitiques »162(*). Ainsi, la philosophie
millénaire chinoise constitue un atout de taille dans sa quête de
puissance.
La Chine s'affiche donc de nos jours comme un pays harmonieux
et pacifique, qui s'appuie sur l'image pleine de sagesse de Confucius. Elle
tente à cet effet, de gagner les coeurs et les esprits afin de
légitimer sa puissance. La logique du gouvernement ne fait donc aucun
doute. Liu Changchun, membre dirigeant du PCC, admettait d'ailleurs la
stratégie d'influence chinoise : « les (Instituts)
représentent une part importante de la stratégie de propagande
chinoise à l'étranger »163(*).
PARAGRAPHE II :
L'IMPLANTATION DES INSTITUTS CONFUCIUS DANS LE MONDE : UN VECTEUR
DE PUISSANCE POUR LA CHINE ?
Le réalisme164(*) met à la disposition
de l'acteur, la puissance nécessaire pour imposer ses valeurs aux
autres. Pour Joseph Nye, la puissance repose aujourd'hui aussi bien sur les
ressources coercitives, (notamment militaire), que sur la séduction. A
propos de cette dernière dimension, Joseph Nye estime « le
pouvoir de cooptation -la capacité d'orienter ce que les autres veulent-
dépend souvent de l'attrait qu'exercent sur les autres une culture ou
une idéologie... »165(*). Plus de 2000 ans après sa mort,
Confucius est réhabilité pour symboliser la puissance chinoise et
lui donner les moyens du soft power dont elle a toujours eu besoin. Le
décollage économique fulgurant de la Chine ne lui a pas fait
oublier la formidable opportunité que constitue pour elle le rayonnement
culturel. Les dirigeants chinois ne manquent pas une occasion de
déclarer que leur pays a l'une des cultures les plus anciennes et les
plus riches du monde. A cette fin, la Chine développe depuis quelques
années un ensemble d'outils pour rendre son émergence non pas
menaçante mais attrayante. Cette approche douce fait aujourd'hui partie
intégrante de la politique étrangère de la Chine. En 2007,
le Livre blanc sur la politique étrangère fait explicitement
référence au soft power166(*) et lors du XVIIe congrès du PCC, le
Président Hu Jintao a encouragé la Chine « to
enfance culture as part of the soft power of our country to better guarantee
the people's basic cultural rights and interests »166(*). Dans la pratique, cela
se traduit notamment par l'établissement des Instituts Confucius dans le
monde. Les programmes d'échanges sont également fortement
encouragés. « En 2008, plus de 12 000
étudiants étrangers sont venus étudier en Chine,
comparé à 8 000, il y a 20 ans »167(*). La montée en
puissance de la Chine impose une nécessité, celle de mieux
comprendre son fonctionnement culturel. A cet effet, comment la culture
permet-elle à la Chine d'alimenter sa puissance via l'implantation des
Instituts Confucius ? Pour mieux décrypter l'émergence de la
puissance chinoise, nous examinerons les différents points
d'implantation des Instituts Confucius dans le monde (A), tout en insistant sur
le cas particulier de celui implanté au Cameroun et plus
précisément à l'IRIC (B).
A) Les points
d'implantation de l'Institut Confucius : maillon important de la
projection de la Chine sur la scène internationale
Il s'agit de la puissance par l'influence et le
rayonnement168(*)
culturel. La diffusion des valeurs culturelles par la Chine lui permet
d'accroitre son prestige169(*) ainsi que son influence dans le monde. Les
instruments utilisés pour diffuser sa culture sont nombreux :
l'état actuel d'implantation d'Instituts Confucius dans le monde est
assez sérieux. Ainsi, baptisés du nom du célèbre
humaniste chinois du VIe siècle avant Jésus Christ qui
prônait la soumission à une autorité vertueuse, les
Instituts Confucius sont des établissements culturels publics
implantés depuis 2004 dans le monde par la Chine. Pour ce faire, elle
s'appuie sur un réseau d'Instituts et de classes Confucius,
placés sous le patronage du Hanban, le Bureau du Conseil International
pour la diffusion internationale du mandarin. A cet effet, Joël Bellasen,
sinologue, observe que « les Instituts Confucius sont à
n'en pas douter le bras armé de la politique chinoise de la sinophonie,
ce qui est légitime dans la mesure où le chinois acquiert une
dimension internationale »170(*). A cet aspect linguistique s'ajoute également
une dimension politique d'affirmation de la puissance et d'image, à
travers la promotion des valeurs culturelles171(*).
Barthélemy Courmont affirme que « les
Instituts Confucius sont la face la plus visible d'une offensive culturelle
souhaitée et fortement assistée par les pouvoirs publics
chinois »172(*) Aujourd'hui, il existe 324 Instituts Confucius dans
81 pays et régions dans le monde, qui fonctionnent
généralement en partenariat avec des universités
publiques. L'Afrique compte 27 Instituts Confucius173(*) répartis dans 17
pays : Cameroun, Maroc, Mali, Afrique du Sud, Madagascar, Egypte, Benin,
Kenya, Libéria, Ethiopie, Tunisie, Rwanda, Botswana, Soudan, Togo,
Zambie et Zimbabwe (voir annexe 5). Ainsi, le premier Institut Confucius a
été ouvert en novembre 2004, à Séoul. En Europe,
c'est à Stockholm que le premier Institut a ouvert en 2005. L'Afrique a
vu arriver son premier Institut en 2005 également, à Nairobi. A
titre de comparaison, l'Allemagne a ouvert son premier Institut Goethe en 1951,
en compte aujourd'hui 136. Selon le Hanban174(*), la Chine envisage mettre en place un millier
d'Instituts Confucius avant 2020. Dans le même ordre d'idées, le
Ministère de l'Education à Pékin estime qu'en 2010, 100
millions de personnes dans le monde apprennent le mandarin. Le budget de Chaque
Institut est de 400 000175(*) dollars par an. La France compte à elle seule
aujourd'hui 14 Instituts Confucius, en Métropole comme en Outre-mer.
Par comparaison avec les Alliances Françaises ou des
British Council, les Instituts Confucius, sont de création
récente. Ils prennent toute la mesure de l'attraction inépuisable
de la civilisation chinoise, puisque les cours divers y sont dispensés.
Par exemple, en dehors du cours de langue, sont proposées au sein de
l'Institut, les activités sportives, artistiques et culinaires de la
Chine. Ces Instituts participent de la construction d'une politique
étrangère de long terme, d'un soft power qui vise
clairement à agir sur les mentalités et apaiser si possible les
craintes liées à la menace de la montée en puissance de la
Chine. L'idée étant que, si l'on connait mieux la Chine, on aura
moins de réserve voire d'hostilité à son encontre et l'on
acceptera mieux, sa puissance et pourquoi pas sa domination. Meng Rong,
Directeur de l'Institut Confucius de Montréal, estime que
« les Instituts, qui mise sur la langue et la culture sont aussi une
manière pour la Chine d'exercer un « pouvoir doux »,
une sorte de « diplomatie de source », pour faire valoir sa
place sur la scène internationale » 176(*). C'est dans cet
ordre d'idées que Luc Sindjoun estime que la domination d'une langue en
fonction de la population ne constitue pas en soi un indicateur de puissance.
Pour lui, il faut prendre en considération « l'expansion
géographique et l'usage par les élites
dominantes »177(*).
B) Vers une nouvelle forme
d'impérialisme culturel chinois ?
Pour Hans Morgenthau, tout Etat qui vise à accroitre sa
puissance, à l'image de la Chine, mène nécessairement une
politique impérialiste. L'impérialisme178(*) constitue donc une doctrine
que leur puissance autorise certains Etats à étendre leur
influence, voir leur domination, en dehors de leurs frontières. En
outre, l'impérialisme179(*) qualifie aujourd'hui la volonté d'une nation,
d'Etat ou d'un groupe de créer une hégémonie sur d'autres
nations, d'autres Etats ou d'autres groupes. Il peut être provoqué
par le sentiment d'une supériorité culturelle ou la
volonté d'imposer un modèle idéologique. Ainsi,
« L'impérialisme suscite (...) rejet (par les populations,
une fois dominées) et critiques (souvent au service même des pays
impérialistes ». Sous la forme du néocolonialisme,
on voit subsister des zones d'influence qui sont autant de formes
rémanentes d'empires passés. « Preuve que
l'impérialisme n'est pas mort, la chine, anciennement dominée, se
lance, elle aussi, dans une « course au clocher » en
Afrique »180(*).
Bernard Lanuzet quant à lui pense que,
« l'impérialisme culturel consiste, finalement, à
imposer une identité culturelle à un pays à qui elle est
étrangère(...) : il s'agit d'imposer aux autres pays les
représentations culturelles que l'on produit et que l'on diffuse. (...)
les pays, sous l'hégémonie des formes et des stratégies
culturelles de certains acteurs, en sont à changer
d'identité »181(*). Il ajoute à ce sujet, que
« c'est idéaliste et naïf de penser que la diplomatie
culturelle a pour finalité d'engendrer des sympathies et des
amitiés »182(*). Pour terminer, il estime que
« la diffusion des pratiques culturelles, font évoluer le
concept d'hégémonie. D'abord l'hégémonie culturelle
s'inscrit aujourd'hui dans des relations nouvelles avec
l'hégémonie politique. L'hégémonie d'un pays ou
d'une culture(...) s'inscrit dans les formes et les pratiques de la diffusion
culturelle »183(*). L'influence culturelle devient donc un
objectif politique. A cet effet, contrairement à l'Alliance
Française ou à l'Institut Goethe, qui fonctionnent de
manière autonome, les Instituts Confucius travaillent en partenariat
avec les établissements scolaires. Ces partenariats sèment la
controverse et font l'objet de critiques, étant donné que
plusieurs établissements hésitent à s'associer à un
organisme qui est pensé et financé par le PCC.
« Malgré l'engouement du mandarin, conséquence du
poids économique croissant de la chine, les Instituts ont pourtant
tendance à inquiéter, et alimentent les
spéculations »184(*). L'université Harvard, aux
Etats-Unis, a ainsi refusé les largesses de la Chine, de peur de perdre
un peu de son autonomie. L'Inde a également rejeté la proposition
d'établir des centres de langue en 2009, qualifiant d'inacceptable
l'idée de répandre le soft power par la Chine
et étiquetant les Instituts Confucius comme des « outils
de propagande »185(*). Pour Jean-Philippe Beja, sinologue
détaché au Centre d'études français sur la Chine
contemporaine, l'arrivée des Instituts Confucius est tout simplement le
résultat de la faiblesse des crédits publics accordés
à l'ensemble du chinois : « ce sont des ressources
pour des systèmes d'enseignement affamés. Personne n'est trop
regardant sur la nature du don et plutôt que d'êtres en dehors des
universités. Les Instituts Confucius fonctionnent dans les facs comme
des cellules cancéreuses »186(*). En Australie, Jocelyn Chey,
professeur à l'Université de Sydney et ancienne diplomate, a
également alerté l'opinion en 2007, faisant également
campagne pour que l'Institut Confucius ne s'installe pas dans les mêmes
locaux que le Département d'études chinoises :
« s'il était sur le campus, ce serait plus difficile pour
les enseignants de préserver leur liberté et leur
indépendance »187(*). Contrairement à ce qui
précède, le journaliste canadien Fabrice de Pierrebourg, dans un
article intitulé « A quoi servent vraiment les Instituts
Confucius ? », paru en septembre 2009, place plutôt la
critique sur le terrain militaro-industriel. Rappelant que les services de
renseignements canadiens ont rédigé un rapport sur les Instituts
Confucius, il s'interroge : « se pourrait-il que cette
vaste entreprise de charme destinée à propager une image positive
de la chine, à créer une vraie « sinomanie »,
cache d'autres intentions inavouées et malicieuses? ».
Aussi, poursuit-il, « ...d'avancer l'idée d'un
« espionnage doux » dont le but serait de drainer des
informations scientifiques et technologiques. Après tout, plusieurs
officiers de renseignements ont été placés à la
tête ou parmi les dirigeants du réseau
Confucius »188(*).
Cependant, au regard de la procédure que suit la
création d'Institut Confucius, l'on est tenté de dire que la
Chine n'impose pas l'implantation d'institut, c'est plutôt les
universités partenaires qui en font des demandes. A ce sujet, Guy
Olivier Faure, professeur de sociologie à l'université de Paris V
Sorbonne, estime que « mettre l'autre en position de demandeur,
c'est l'enfermer dans un rôle qui fut celui des tributaires dans la chine
traditionnelle »189(*). Néanmoins, Lui Xincheng, enseignante
de chinois, pense que la politique de prolifération de Instituts
Confucius est volontariste : « jusqu'en décembre
2009, nous avons déjà établi 282 Instituts Confucius dans
88 pays et régions du monde et plus de 260 organisations dans plus de 50
pays et régions ont déposé leur candidature pour
l'établissement local d'Institut Confucius... »190(*). La Chine manifeste
donc sans cesse le souci de ne pas apparaitre comme une nouvelle puissance
colonisatrice mais de s'inscrire dans un dialogue sud-sud sous-tendu par la
logique « gagnant-gagnant ». Le camerounais Samuel Bognis,
pour relativiser l'idée d'impérialisme qu'on attribue à la
présence chinoise en Afrique, pense qu' « en filmant
Jacques Chirac avec mon Président, j'ai toujours ressenti une forme de
paternalisme. Jamais chez les chinois. On se parle d'égal à
égal »191(*).
DEUXIEME
PARTIE :
L'INSTITUT CONFUCIUS DE
L'IRIC : BASE DE L'ATTRACTION CHINOISE EN AFRIQUE
Au regard de ce qui précède, il est
incontestablement admis que l'aspect culturel figure parmi les
déclarations officielles proclamées par le gouvernement chinois
vis-à-vis de l'Afrique. A cet effet, la création des Instituts
Confucius en Afrique constitue un des volets de l'offensive de charme, visant
à rendre la Chine plus séduisante et moins intimidante. Fort de
ce qui précède, l'Institut Confucius de l'IRIC fait partie des
ressources du « soft power » et correspond de ce fait
à la capacité d'attraction, de séduction exercée
par le modèle culturel chinois. Et la langue enseignée dans cet
Institut, se révèle comme un vecteur du développement de
liens d'amitié entre la Chine et les pays africains. A ce titre, lors
d'une tournée en Afrique, le Président Hu Jintao a appelé
de ses voeux à ce que le mandarin s'impose comme la langue d'un pays
ami192(*). Ainsi, pour
mieux rendre compte de la dimension culturelle de la Chine comme facteur
contributif au développement de sa stratégie de puissance en
Afrique, il convient d'analyser l'Institut Confucius de l'IRIC, non seulement
comme un tremplin pour la projection linguistique de la Chine (Chapitre III)
mais aussi comme une dimension de sa puissance globale ( Chapitre IV).
CHAPITRE
III :
L'INSTITUT
CONFUCIUS DE L'IRIC: UN TREMPLIN POUR LA PROJECTION LINGUISTIQUE DE LA
CHINE
Le communicationnel et le culturel sont devenus
déterminants dans l'issue des batailles qui se gagnent aujourd'hui.
C'est la raison pour laquelle la Chine exprime beaucoup plus sa puissance par
le soft power. Cette approche douce qui consiste en l'enseignement du mandarin
à travers le monde, fait partie intégrante de l'actuelle
politique étrangère chinoise. Ainsi, l'implantation des Instituts
Confucius obéit à cette logique et leur développement
semble impressionnant en Afrique. L'Institut Confucius implanté à
l'IRIC, premier du genre en Afrique francophone et unique en Afrique centrale,
promeut la langue chinoise non seulement auprès des camerounais, mais
aussi des ressortissants des autres pays africains. Dès lors se pose la
question de savoir comment l'Institut Confucius permet à la Chine
d'alimenter sa puissance via la diffusion du mandarin. Force est de constater
que l'implantation de cette structure à l'IRIC repose sur une motivation
rationnelle (Section I). C'est dans le même ordre d'idées que
l'IRIC est considéré comme l'unique laboratoire de langue
chinoise en Afrique centrale (Section II).
SECTION I :
L'IMPLANTATION DE L'INSTITUT CONFUCIUS A L'IRIC : UN CHOIX
RATIONNEL
La politique de l'Etat chinois semble très
volontariste, pragmatique et ciblée. Elle s'appuie, comme nous l'avons
évoqué plus haut, sur des institutions locales, telles que les
universités, les écoles, les services pédagogiques.
Néanmoins, la puissance culturelle de la Chine s'articule à titre
exclusif autour de l'Etat au sens gouvernemental du terme. Et comme le souligne
Samuel Huntington, « la puissance d'un Etat (...) est donc
normalement évalué par la mesure des ressources dont il dispose
par rapport à celles que possèdent les autres Etats (...) qu'il
essaye d'influencer »193(*). La Chine a établi des relations
diplomatiques avec le Cameroun en mars 1971, et la coopération dans le
domaine éducatif entre les deux pays est devenue de plus en plus
importante à partir des années 1990, avec l'ouverture en 1996
d'un Centre d'enseignement de la langue chinoise qui s'est transformé en
Institut Confucius onze ans plus tard, à l'Université de
Yaoundé II. La naissance de cet institut repose plus sur la
volonté au sommet des Etats. De ce qui précède, il sera
question de présenter, non seulement les raisons d'ordre
académique (Paragraphe 1) mais aussi les mobiles stratégiques
(Paragraphe 2) qui sous-tendent la coopération sino-camerounaise
à travers cette implantation de l'Institut Confucius à l'IRIC.
PARAGRAPHE I :
RENFORCER LA COOPERATION POUR DES RAISONS D'ORDRE ACADEMIQUE
Depuis 2000, la Chine a décidé d'intensifier sa
coopération scientifique et universitaire avec les établissements
d'enseignement supérieur. C'est dans cette perspective qu'elle a
activement encouragé l'ouverture à l'IRIC, de l'Institut
Confucius de l'Université de Yaoundé II. Cet Institut
résulte de l'effort conjoint du Cameroun et de la Chine pour renforcer
leur compréhension mutuelle ainsi que leurs relations amicales. Ainsi,
l'enseignement du chinois et la diffusion de la culture chinoise constituent
les missions essentielles qui sont assignées à l'Institut. Ce
dernier participe de ce fait de la formation des apprenants (A) ainsi que de la
création des ressources favorables au développement (B).
A) La formation
Luc Sindjoun estime que l'éducation « renvoie
à la formation et la transmission des connaissances : c'est le
cadre par excellence de labellisation de la culture »194(*). L'Institut Confucius
du Cameroun, comme partout ailleurs, a pour mission, de dispenser les cours de
langue et le texte de connaissance de la langue chinoise, Hanyu Shuiping Kaoshi
(HSK), de même que le test de capacité d'enseigner le Chinois
Langue étrangère (CLe). Chaque année, l'Institut organise
un concours « chinese bridge » pour la maitrise de la
langue et la culture chinoise195(*). « Le Hanban finance aussi des cours
intensifs organisés autour des colonies de vacances, et qui sont connus
sous l'appellation de « Sumer camp »196(*), déclare Etienne
Songa, coordonnateur administratif de l'Institut. L'Institut Confucius met donc
à la disposition des apprenants, des cours de mandarin qui sont
dispensés par des enseignants camerounais et chinois à l'Institut
et à l'IRIC, compte tenu du fait que le chinois figure parmi les langues
étrangères enseignées à l'IRIC, au
côté de l'arabe, de l'espagnol et de l'allemand ; le
français et l'anglais étant des langues officielles. A cette
formation présentielle, s'ajoute un enseignement en ligne, permettant
aux internautes de bénéficier des leçons de chinois.
L'Institut dispose d'une bibliothèque dont on peut facilement
accéder à la documentation sur tout ce qui concerne la
civilisation chinoise. Le matériel didactique utilisé par les
enseignants est à l'image de l'Etat chinois, c'est-à-dire
moderne. Cette technologie peut être prise comme illustrant le
rayonnement de la culture matérielle d'un pays et partant de ses
manières de faire voire de penser, estime Luc Sindjoun197(*).
Cette formation s'adresse donc, d'après les
explications de M. Etienne Songa, aux jeunes scolarisés,
étudiants de l'IRIC, cadres administratifs publics et privés,
hommes d'affaires, etc. Il affirme à ce sujet
que : « la formation en chinois constitue un atout pour
tous ceux qui y sont soumis. A l'Institut, nous avons à peu prés
75% d'étudiants, 20% de fonctionnaires et agents publics et
privés, 05% d'hommes d'affaires »198(*). Liu Jinghui, un
officiel du gouvernement chinois renchérit en disant que « la
Chine prête une attention particulière à
l'éducation... »199(*).
La formation et le perfectionnement des étudiants
constituent l'un des volets stratégiques de la coopération
sino-camerounaise. Et a ce propos, Etienne Songa estime
que : « notre stratégie est donc axée sur
la cible d'étudiants. (...) Notre ciblage des populations estudiantines
tient de ce qu'ils représentent l'avenir »200(*). Depuis plusieurs
années aujourd'hui, des étudiants camerounais poursuivent leurs
études dans les universités chinoises, répartis dans des
domaines variés. A cet effet, ces étudiants
bénéficient de la bourse de coopération chinoise, et
entre autres, ils sont pris en charge par la Chine.
B) La création des
ressources favorables au développement
La formation proposée à l'Institut vise à
créer des ressources qui favorisent le développement des pays du
sud. C'est la raison pour laquelle la stratégie mise en place par
l'Institut est axée sur la cible des étudiants. La Chine instaure
de ce fait une coopération qui stimule la recherche. Fait notable, le
discours de Jiang Yulan, directeur de l'Institut Confucius, est le même
que celui du gouvernement central
chinois : « l'Institut Confucius a pour objectif,
d'augmenter le nombre d'étudiants, de les rendre plus compétitifs
sur le plan mondial et surtout en Chine, de sorte qu'ils puissent facilement
s'adapter au système s'ils venaient à y suivre les
études »201(*). Durant l'année académique
2009-2010, la RPC a financé 32 bourses d'études202(*) supérieures, dont 10
du niveau baccalauréat et 22 en postuniversitaire, dans des
filières telles que la médecine, l'agriculture, le génie
électrique, ainsi que les télécommunications et
l'informatique. Ce sont les secteurs dans lesquels la Chine s'investit non
seulement au Cameroun mais en Afrique. De manière
générale, la coopération chinoise en matière des
ressources humaines se rapporte à la formation de professionnels en
Chine des camerounais bénéficiaires de ces bourses et
répond au proverbe chinois selon lequel : « au lieu
de donner du poisson, mieux apprendre à pêcher ».
La Chine voudrait donc partager son expérience avec d'autres pays du
sud, afin que ceux-ci stimulent leur développement. Cependant, la
déclaration du Premier Ministre Wen Jiabao selon
laquelle : « nous ne voulons pas exporter nos propres
valeurs et notre modèle de développement »203(*) ; s'oppose
à cette politique africaine de la Chine sus-évoquée. Un
adage chinois prescrit qu'il faut « aider en apparence quelqu'un
en difficulté, chercher en réalité à en tirer
profit »204(*). A cet effet, Valérie Niquet estime
que, contrairement au discours tiers-mondiste que les chinois tiennent à
l'endroit des africains, leurs actions ne visent que leurs
intérêts. Il constate à ce propos que la Chine favorise la
coopération universitaire, mais « sans réel
transfert de richesse ou de savoir faire vers les populations
locales »205(*). Cette observation est d'ailleurs
nuancée par Charles Ateba Eyene qui pense que « ceux qui
distillent les thèses péjoratives sur la Chine(...) veulent
limiter les chances du Cameroun en matière de développement et
dont la coopération doit s'intensifier dans tous les
domaines »206(*). Aussi, poursuit-il, pour
magnifier la coopération sino-camerounaise, que « le
Cameroun qui veut prendre une nouvelle trajectoire en matière de
développement ne peut être crédible en continuant à
marquer le pas au rythme de l'occident »207(*).
De fait, l'investissement de plus en plus massif des
entreprises chinoises au Cameroun est un puissant facteur de motivation pour
les étudiants camerounais. En effet, celles-ci pourraient accorder une
priorité aux camerounais formés en Chine, ayant acquis
l'expertise chinoise, maitrisant la langue pour servir d'interprète et
de traducteur entre les parties camerounaise et chinoise. Ebenezer Djetabe,
diplômé de génie civil en chine, estime que le fait
d'être inscrit à l'Institut Confucius, est « une
opportunité d'emploi réelle pour les jeunes »208(*). Fort de ce qui
précède, le constat qui se dégage est que les bourses
octroyées concernent de prés ou de loin les intérêts
chinois en Afrique centrale.
PARAGRAPHE II :
AU-DELA DE LA COOPERATION : LES MOBILES D'ORDRE STRATEGIQUE
La Chine mène une
stratégie voilée et à long terme dans sa politique
étrangère. Ainsi, cela va sans dire que l'Institut Confucius vise
à sensibiliser les africains par rapport à la Chine, en vue de
la « création d'une amitié » sincère
entre les peuples et favoriser les échanges. Et le cas du Cameroun
illustre bien l'engagement de la Chine auprès de l'Afrique. Cependant,
au regard de l'intérêt que la Chine manifeste à l'IRIC (A)
à travers son Institut Confucius, l'on est tenté de dire qu'elle
ne cherche qu'à maximiser ses intérêts (B).
A) L'IRIC comme socle d'un
rayonnement géographique considérable
L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) a
été créé par le Décret Présidentiel
N° 71/DF/195/BIS du 24 avril 1971, et modifié par le Décret
N°85/743 du 27 mai 1985. Il est placé sous la co-tutelle du
Ministère des Relations Extérieures (Minrex) et du
Ministère de l'Enseignement Supérieur (Minesup). Il est à
la fois un établissement d'enseignement supérieur, un institut
diplomatique et un observatoire des relations internationales.
Au regard des thèses réalistes, les
éléments de la puissance d'un Etat sont divers. Parmi ceux
énumérés par Hans Morgenthau, figure bel et bien la
géographie. C'est bien ce que nous essayerons de développer ici
en gardant en esprit cet axe fondamental reliant espace et puissance, la
puissance s'exprimant dans les politiques spatiales mises en oeuvre par la
Chine. L'espace étant comme une palette où les degrés de
la puissance étatique peuvent s'exprimer. Ainsi, considérer les
enjeux que représente l'IRIC nous amène à
s'interroger sur son attraction sa crédibilité qui permettent
d'expliquer sa projection sur la scène internationale. L'IRIC semble
doté d'une vocation panafricaine, laquelle fait de lui un point
stratégique de projection régionale. Depuis sa création,
cet institut a déjà formé plusieurs experts nationaux et
internationaux des relations internationales. A ce sujet, « les
étudiants de 60 nationalités différentes se sont
succédé à l'institut »209(*). Dans le même
ordre d'idées, « l'IRIC est une grande institution. Elle a
formé de très grands cadres au Cameroun, mais aussi en
Afrique »210(*). Cet institut « est
considéré au Tchad comme la plus grande école des
relations internationales »211(*). Fort de ce qui découle, Adamou Ndam
Nyoya212(*), estime
quant à lui que l'IRIC « est un espace de capitalisation
des acquis du Cameroun tout en ayant une vision de l'Afrique comme force, comme
entité. Lors du 44e sommet de l'OUA en 1974, l'IRIC est admis
comme observateur ». Et à Narcisse Mouéllé
Kombi de dire, qu' « en 40 ans, l'IRIC s'est affirmé comme
un véritable creuset de l'intégration nationale et
régionale »213(*).
Depuis l'implantation du Centre d'apprentissage de la langue
chinoise en son sein, lequel a déjà formé une centaine de
diplomates, des fonctionnaires des relations internationales et des cadres
d'administration d'une soixantaine de pays africains, asiatiques,
européens et américains214(*) ; l'IRIC fait l'objet d'une attractivité
ainsi que d'une compétitivité de la part des acteurs de la
scène internationale. En Relations internationales, l'importance d'un
territoire est généralement considérée comme un
atout. L'IRIC ne fait pas l'économie d'être constitué en un
véritable enjeu entre puissances. L'implication de la Chine au Cameroun
et plus précisément à l'IRIC semble changer
progressivement la nature des choses. S'il est vrai que la politique africaine
de la Chine, d'après Valérie Niquet, « s'inscrit
dans le cadre plus large d'une stratégie de contournement des puissances
occidentales ou assimilées »215(*), il n'en demeure pas moins
que cette assertion trouve son fondement dans l'intense activité
diplomatique dont l'IRIC fait face depuis que l'Institut Confucius est
logé en son sein. La Chine qui vise l'extension de son champ d'influence
en Afrique, est confrontée à l'obstacle français. Bien que
le Président camerounais Paul Biya ait déclaré que
« le Cameroun n'est la chasse gardée de personne »,
la France manifeste sans cesse cette volonté de contrôler son
« pré carré » historique auquel appartient le
Cameroun. Elle multiplie des séminaires, conférences et forums
diplomatiques à l'IRIC depuis plus de trois ans aujourd'hui. Ce qui
constitue un signal fort à ce partenariat traditionnel qui la lie au
Cameroun. Une Chaire Senghor Francophonie et Mondialisation, dont la mission
consiste en des études et recherches sur les questions de
diversités culturelles, politiques et linguistiques ; a
été implantée dans le campus de l'IRIC au cours
l'année académique 2009-2010. Entre 2008 et 2010, les
étudiants de l'IRIC ont suivi des séminaires du Pr. Michel
Guillou, Directeur de l'Institut de la Francophonie et de la Mondialisation
(IFRAMOND) de l'Université Jean Moulin III. Dans la même logique,
les assises camerounaises des entreprises et industries culturelles dans
l'espace francophone se sont tenues à l'IRIC, du 17 au 20 mars 2008,
avec la collaboration de l'Ambassade de France au Cameroun. De son passage au
Cameroun, le Ministre français de l'Immigration, de l'Intégration
et de l'identité et du Développement solidaire, Brice Hortefeux,
a tenu un forum diplomatique à l'IRIC, sous le thème
« La politique française du co-développement en
Afrique ». Le 17 avril 2009, l'Ambassadeur de France au Cameroun, M.
George Serre, a présenté et commenté aux étudiants
de l'IRIC, un document réalisé par le Ministère
français des Affaires Etrangères sur le thème
« la diplomatie en action ». Cette intense activité
diplomatique française a été couronnée en 2009 par
la visite du Premier Ministre français, François Fillon, au
Cameroun et qui, a tenu un forum diplomatique à l'IRIC, le 21 mai sous
le thème : « paix et sécurité en
Afrique ». Ainsi, cette présente constante et permanente des
hautes personnalités françaises sur le campus de l'IRIC, semble
vouloir faire obstacle aux ambitions chinoises. Cependant, la Chine ne recule
pas et comme Deng Xiaoping l'a si fortement exprimé devant Henry
Kissinger : « la Chine ne craint rien sous le ciel ni sur
terre »216(*).
Elle cherche donc à accroitre son offensive diplomatique au Cameroun. En
visite officielle dans le pays, Jia Qinling, Président du Comité
National de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois, a
sacrifié au même rituel, le 24 mars 2010 à l'IRIC et plus
précisément à l'Institut Confucius.
B) Des activités
culturelles au service des intérêts chinois
Les réalistes sont presque unanimes sur le fait que les
Etats sont permanemment dans une course effrénée de leurs
intérêts vitaux. C'est pourquoi, Tanguy Struye considère le
développement du soft power par la Chine, comme étant
« une manière douce » de défendre
l'intérêt national. Les actions culturelles chinoises contribuent
de ce fait à façonner un milieu favorable à la
réalisation de ses objectifs.
Depuis des années, la Chine multiplie des
opérations de charme au Cameroun, à travers la mise sur pied
d'une politique généreuse de bourses d'études. Cependant,
ces bourses semblent servir les intérêts chinois. Guy
Gweth217(*) estime que
le but de la tactique chinoise consiste à « créer
une dette, un sentiment d'obligation de la part de la cible, de sorte qu'elle
trouvera difficile de refuser des faveurs au bénéfice des
intérêts chinois. La Chine octroie des bourses dans les
filières qui concernent de prés ou de loin les
intérêts chinois en Afrique centrale, comme la médecine,
l'agriculture, le génie électrique, ainsi que les
télécommunications et l'informatique. « Les
étudiants bénéficiaires vont donc étudier en Chine
pendant trois ou quatre ans. Seulement, les bénéficiaires de ces
bourses doivent s'engager à retourner au Cameroun une fois leur
formation achevée, pour être mis à la disposition de
l'Institut »218(*). C'est ainsi que Mme Pauline Zang,
première femme enseignante de chinois au Cameroun, avait obtenu une
bourse du gouvernement chinois dès 1998, pour aller se former en chine
pendant deux ans et venir servir la Chine à l'Institut Confucius. Les
camerounais issus de cette politique généreuse de bourses
d'études servent de traducteurs-interprètes dans les
différentes transactions que la Chine mène au Cameroun.
Aussi, les actions culturelles que la Chine mène au
Cameroun visent l'intégration de ses
ressortissants. « As Senior Representative for the Chinese
Embassy in Yaoundé, there are about 1500 chineses residing in Douala and
2000-3000 in Yaoundé. Although there are no exact
number »219(*). Ils assurent ainsi la promotion de la culture
mais aussi des produits chinois à travers le territoire national.
L'afflux de touristes s'est considérablement accru ces dernières
années. C'est une manne financière qui devrait continuer à
augmenter dans l'avenir et qui concourt à la connaissance de la culture
chinoise et l'acceptation de ses ressortissants.
SECTION II :
L'IRIC : UNIQUE LABORATOIRE DE LANGUE CHINOISE EN AFRIQUE
CENTRALE
Compte tenu du statut international que revêt l'IRIC,
l'Institut Confucius dont la mission principale consiste à enseigner le
mandarin, exerce une influence considérable en Afrique centrale
(Paragraphe 1), et constitue un moyen de stimulation des échanges et de
dialogue entre les peuples africain et chinois (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LA
LANGUE CHINOISE COMME VECTEUR D'INFLUENCE EN AFRIQUE CENTRALE
Selon le Dictionnaire des Sciences humaines
(2004), « une langue serait (...) un dialecte qui a pris
le pouvoir dans un pays »220(*). La langue représente aussi un système
de signes verbaux et non verbaux propre à une communauté
d'individus qui l'utilisent pour s'exprimer et communiquer entre eux. Il s'agit
d'un outil propice à la communication qui permet les échanges
entre les peuples. D'après Luc Sindjoun, « la langue, tout
en étant un outil de communication, participe d'une culture
c'est-à-dire d'une manière de penser, de nommer et
d'imaginer »221(*). C'est notamment dans ce sens que Pierre
Bourdieu estime que la langue n'est pas un moyen de communication neutre. Selon
lui, « elle est en effet un facteur de pouvoir et de
domination »222(*). Il s'agit là pour les Etats, de
reconsidérer l'exercice de la puissance en termes d'influence. Anne
Grazeau-Secret estime à propos de l'influence, « qu'elle
ne se décrète pas, elle va de pair avec les facteurs de puissance
d'un pays (...) et que ses effets ne se font sentir qu'à long
terme »223(*). La diplomatie culturelle rappelle donc
l'utilisation de la culture comme moyen d'influence dans une zone
géographique. La stratégie d'influence est clairement
définie en Chine et affichée par l'Institut Confucius à
travers la diffusion du mandarin. Narcisse Moeuellé Kombi pense
à ce propos que « la langue chinoise est le vecteur de la
puissance chinoise à travers le monde »224(*). Mais comme le souligne
Luc Sindjoun, le mandarin est « la langue parlée par le
plus grand nombre de personnes. Cependant, le critère du nombre à
lui tout seul ne suffit pas, il faut prendre en considération
l'expansion géographique et l'usage par l'élite
dominante »225(*). C'est ce qui semble faire la Chine pour rendre
sa langue plus influente et plus utilisée dans la communication
internationale. Ce qui importe à présent, c'est de relever
l'engouement dont fait l'objet la langue chinoise (A), et de souligner
l'influence qui ressort dans l'apprentissage de celle-ci (B).
A) Un engouement croissant de
l'apprentissage du mandarin
L'apprentissage du mandarin suscite de l'enthousiasme au
Cameroun. Le constat qui se dégage est que depuis que le Centre
linguistique a été ouvert au public en 2001 et transformé
en Institut Confucius, le chinois fait l'objet d'une attraction
particulière. De ce qui précède, Pauline Zang Atangana,
enseignante de chinois à l'Institut déclare
que : « ce centre accueillait quelques étudiants
de l'IRIC, des enfants de cinq à sept ans, et une poignée
d'hommes d'affaires »226(*). Elle poursuit son propos en déclarant
qu' « aujourd'hui, la structure a fait des
émules : des pôles ont été crées
à travers le pays, regroupant près de deux mille
étudiants. Nous sommes submergés ». Ce que
confirme Narcisse Mouellé Kombi, lorsqu'il dit qu'il y a
« un engouement croissant pour l'enseignement de la langue
chinoise. Cet intérêt est de plus en plus croissant depuis la mise
en place de l'Institut Confucius à l'IRIC en 2007 »227(*). Cet Institut dispose
des structures annexes implantées dans des établissements
scolaires et universitaires du Cameroun. On peut par exemple citer, l'Ecole
Normale Supérieure (ENS) de l'Université de Maroua, l'ENS de
l'Université de Yaoundé I, à l'Université de Buea
où une annexe pour les traducteurs-interprètes sera bientôt
opérationnelle, l'Ecole publique St. André de Douala.
Précisons qu'en dehors des cours que l'Institut dispense à ceux
qui y sont inscrits, le mandarin est enseigné à
l'Université de Maroua comme matière obligatoire au
Département de Communication Interculturelle et Interprétation,
et dans les autres établissements comme seconde langue optionnelle. Les
demandes en annexes ne font que s'accroitre. Et Etienne Songa le confirme,
lorsqu'il évoque le traitement des dossiers en cours pour les
Universités de Douala, Bamenda, Dschang et
N'gaoundéré228(*).
Eu égard à la montée en puissance de la
Chine, l'on est tenté d'affirmer que le chinois est la langue
internationale d'avenir. Aussi, les opportunités actuelles et futures
qu'offre la Chine, constituent-elles dans une certaine mesure une grande
motivation pour les apprenants du mandarin. Ainsi, les étudiants
inscrits à l'Institut, poursuivent un objectif bien précis :
soit on apprend le chinois pour poursuivre les études en Chine, soit
pour coopérer avec les chinois, soit pour enseigner le chinois. C'est la
raison pour laquelle à l'Institut, on trouve des apprenants divers,
composés d'étudiants, hommes d'affaires, cadres d'administration
publics et privés et autres. A cette catégorie d'apprenants
s'ajoutent des étudiants en relations internationales, des enseignants,
et bientôt des traducteurs-interprètes, qui apprennent le chinois
comme langue optionnelle ou obligatoire. Le constat qui se dégage
à l'ENS de Yaoundé, est qu'un nombre impressionnant
d'étudiants se sont rués à l'apprentissage du chinois.
Gabriel Nicolas Andjiga, directeur de cette institution, atteste de cet
engouement : « nous sommes retrouvés avec 1565
étudiants qui ont choisi d'apprendre le chinois »229(*). Pour faire une
évaluation globale de l'engouement dont la langue chinoise fait l'objet
au Cameroun, Mme Zhang estime que « plus de 2500 personnes
apprennent la langue chinoise au Cameroun. Ils viennent de tous les horizons,
sont d'âges divers et appartiennent à différents milieux
professionnels »230(*). Tout cet attrait dont la langue chinoise
semble faire l'objet, n'est que les prémices de l'influence que cette
action éducative exerce sur les apprenants.
B) L'influence par
l'éducation
Le terme éducation vient du latin educatio qui
signifie « action d'élever ». Emmanuel Kant
l'exprimait clairement en ces termes : « l'homme ne peut
devenir homme que par l'éducation. Il n'est que ce que
l'éducation fait de lui (...). C'est au fond de l'éducation que
gît le grand secret de la perfection de la nature
humaine »231(*). Pour Emile Durkheim, chaque
société, considérée à un moment
déterminé de son développement, a un système
d'éducation qui s'impose aux individus. Il pense donc
que : « l'éducation est l'action exercée
par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore
mures pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de
développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques,
intellectuels et moraux ... »232(*). Vu sous cet angle, pour qu'il y ait action
éducative, il faut qu'il y ait un éducateur et un
éduqué. C'est donc une relation asymétrique233(*) dans la mesure où
l'éducateur exerce une certaine influence sur l'éduqué.
Selon François Géré, l'influence ne vise pas seulement un
adversaire mais aussi des alliés et des partenaires auprès
desquels, par tous les ressorts de la séduction, on cherche à
faire prévaloir son propre vue et à les entrainer sur les voies
qu'on a choisies pour eux. Dans ce cas, elle résulte avant tout d'une
stratégie économique et culturelle qui vise à proposer des
valeurs, représentation du monde, un certain mode de vie, de
manière à créer des perceptions et des comportements
spontanément favorables. L'influence constitue donc un effet
recherché de tous temps dans les relations entre Etats234(*). C'est ce qui semble fonder
la coopération entre la Chine et le Cameroun. Le réseau des
Instituts Confucius constitue un pilier stratégique dans le dispositif
chinois de conquête du monde par les idées. C'est ce qui justifie
l'idée de soft power de Joseph Nye au lendemain de la guerre
froide, pour montrer comment se manifeste une puissance symbolique ou douce
d'un Etat, fondée sur l'attrait culturel ou idéologique. La
Chine, à travers sa montée en puissance, s'impose comme
« le porte parole » des pays dits du Sud, et comme celle
là même qui se soucie de leurs conditions de vie. Mais comme le
souligne Christian Harbulot, « les actions culturelles chinoises
ne sont qu'un alibi sous prétexte de respect mutuel, ce n'est pas le
bien commun des deux parties qui est recherché mais la domination de la
Chine sur le continent africain »235(*). A cet effet, l'enseignement du mandarin et la
diffusion de la culture chinoise via l'Institut Confucius, constituent un moyen
d'influence non négligeable dans la politique étrangère de
la Chine.
PARAGRAPHE II : LA
LANGUE CHINOISE : UN STIMULANT POUR LES ECHANGES ET LE DIALOGUE
La communication linguistique a été relativement
un obstacle à l'intégration des chinois au Cameroun, et aux
transactions commerciales entre les populations camerounaises et chinoises.
Plus les populations du monde maitriseront la langue chinoise et
s'intéresseront à la culture du pays, mieux seront comprises
l'émergence ainsi que les politiques et les idées que la Chine
véhicule. Ainsi compris, la langue chinoise pourrait constituer une
source d'enrichissement réciproque(A) entre les peuples chinois et
camerounais. Dans une certaine mesure, elle contribue aussi à une
intégration de la diaspora chinoise en Afrique centrale (B).
A) Un facteur
d'intérêt réciproque
La Chine et le Cameroun entretiennent des échanges
officiels vieux de quarante ans. Les courants d'échanges mutuels et
bénéfiques entre la Chine et le Cameroun reposent sur la
formation tiers-mondiste marquée par l'esprit de Bandoeng, les actions
développantes en matière d'infrastructures, la formation
scientifique et technique à travers l'expertise médicale,
l'approvisionnement en ressources naturelles, etc. Ces échanges se sont
développés sur tous les plans et l'ont été pour les
deux parties (Voir Annexe 6: Extraits des paragraphes
« Culture » et « Education » du Plan
d'action de Beijing 2007-2009).
D'ailleurs, le communiqué conjoint du 31 janvier 2007
sanctionnant la visite d'Etat du Président chinois Hu Jintao au
Cameroun, évoque « l'enrichissement mutuel sur le plan
culturel » entre la RPC et la République du Cameroun. A cet
effet, l'Institut Confucius a été mis en place pour servir de
jonction entre la culture chinoise et le patrimoine culturel camerounais. Le
mandarin enseigné à l'Institut est bénéfique tant
au peuple chinois qu'au peuple camerounais, conformément à un
crédo cher à la Chine, à savoir le
« gagnant-gagnant » ainsi qu'au principe du
« respect mutuel entre les peuples ». A ce sujet, J.
Jansson note que, « a number of Cameroonians former students are
now fluent in mandarin and work for Chinese compagnies and with the Chinese
medical team »236(*). La langue chinoise a consolidé
l'amitié traditionnelle entre la Chine et le Cameroun, car un vieux
adage chinois dit : « rien ne peut séparer les
peuples partageant les buts et les idéaux communs, pas même les
montagnes et les mers »237(*). De ce fait, la société chinoise
est une synthèse de civilisation, tandis que le Cameroun est un pays
multiethnique et plurilinguistique. Acquérir une langue de plus comme le
mandarin, permet au Cameroun d'agrandir son patrimoine linguistique et de mieux
rationaliser ses échanges avec la RPC. A ce propos, Claude Donfack
Tchaleu, qui fait partie de la deuxième promotion de la filière
chinois à ENS de Maroua, dit : « je n'ai pas choisi
le chinois par hasard. Enfant, j'ai beaucoup regardé les films chinois,
surtout de Jackie Chan et j'ai toujours rêvé de la Chine.
Aujourd'hui, la Chine est une puissance avec laquelle il faut composer, nous
avons tout à y gagner ». Il poursuit en disant :
« je veux enseigner le chinois pour donner une opportunité
aux autres camerounais d'apprendre cette langue pour mieux intégrer la
culture de la Chine, car le support de toute culture, c'est la
langue »238(*). Les africains gagneraient en apprenant le
mandarin, car la Chine est l'une des puissances les plus actives sur le
continent et elle intensifie sa coopération avec les pays africains dans
tous les domaines. David Babo, enseignant du chinois, estime qu'il est
important d'apprendre le chinois, car « un habitant sur cinq sur
la terre est chinois. De plus, connaître cette langue nous permet de
mieux coopérer avec la chine »239(*) au mieux de nos
propres intérêts.
Notons néanmoins qu'il existe des similitudes
apparentes entre les peuples chinois et camerounais. L'apprentissage du chinois
dégage certaines similitudes linguistiques avec certaines langues
locales du Cameroun à l'instar de la langue bamoun. La langue chinoise
ainsi que la langue bamoun sont des langues à ton. S'agissant de la
langue bamoun, Emmanuel Matateyou affirme que c'est « une langue
à tons(...). On distingue les tons suivants : le ton haut, le ton
bas, le ton descendant, le ton moyen et le ton flottant »240(*). Tout comme, il existe
en chinois quatre tons de base et un ton neutre241(*). Néanmoins, apprendre
le chinois peut, d'une part, ouvrir des opportunités aux africains, et
d'autre part, à la chine, d'accélérer ses transactions
commerciales au Cameroun voire en Afrique centrale.
B) Une facilitatrice de
l'intégration de la diaspora chinoise en Afrique centrale
La diffusion de la langue chinoise au Cameroun permet à
la Chine de surmonter les difficultés liées à la langue et
aux différences interculturelles. L'Institut Confucius traduit donc
cette volonté d'intégration et d'adaptation des chinois tant sur
le sol camerounais qu'en Afrique centrale, à travers l'apprentissage du
mandarin au Cameroun par les ressortissants de la sous région. Ainsi,
avec des investissements de plus en plus importants dans certains pays
africains, la Chine dispose en leur sein un nombre considérable de
ressortissants. Ces derniers exercent principalement dans le commerce,
notamment de produits manufacturés. Afin de mieux s'intégrer et
d'être davantage compris, il leur faut un véhicule commun aux
populations locales. L'enseignement du mandarin, impulsé par le
gouvernement chinois, semble donc être un pilier de cette
stratégie d'intégration de leurs ressortissants. Le dialogue
culturel ainsi prôné, renforce la présence chinoise en
Afrique centrale. Dans un document de travail publié par l'Agence
Française de Développement (AFD)242(*), en termes de
répartition géographique, il convient de signaler que l'essentiel
de la population chinoise se concentre dans les métropoles. Sur le reste
du territoire, leur présence est marginale. Les chinois de la ville de
Yaoundé et de Douala habitent les quartiers qui abritent les centres
commerciaux ou les quartiers qui ont un marché plus ou moins important.
Ceux des chinois qui sont des coopérants ou des membres du corps
diplomatique, logent dans les quartiers résidentiels. Il est
également à noter qu'un grand nombre de commerçants
chinois se localisent dans les façades des rues principales et il n'y a
presque pas de chinois qui logent ou tiennent un commerce dans les rues
secondaires. D'après Narcisse Mouellé Kombi, «il y a une
colonie chinoise de plus en plus importante dans des grandes villes et
même dans nos campagnes »243(*).
Cependant, il ressort du même rapport244(*) que, le degré
d'adaptabilité du peuple chinois dans l'environnement social camerounais
reste faible. Non seulement ils n'apprennent pas les langues locales, mais on
note également une réticence des chinois à s'ouvrir
à la culture camerounaise. Il ressort que 94% consomment essentiellement
des aliments qu'ils cuisinent eux même ou commandent dans des restaurants
chinois. Sur le plan vestimentaire, 100% ne porte que des vêtements
d'origine chinoise, achetés pour les uns depuis la Chine et pour
d'autres sur place au Cameroun. Mais ce rapport semble accabler les chinois
alors que la réalité en est autre. Par exemple, les Dames qui
enseignent le mandarin à l'IRIC mettent régulièrement des
jeans. Preuve que les chinois s'ouvrent aussi à d'autres cultures.
CHAPITRE
IV :
L'INSTITUT
CONFUCIUS DE L'IRIC : UNE DIMENSION DE LA PUISSANCE GLOBALE
CHINOISE
La puissance n'est pas seulement la capacité de
commandement et de contrainte. Elle comprend une dimension moins tangible,
soulignée par de nombreux auteurs, et que Joseph Nye a su le mieux
cerner au travers du concept de soft power. Cette expression renvoie
à la capacité d'obtenir les résultats
souhaités parce que les autres veulent ce que l'on veut245(*). Le soft power
repose sur la séduction et la persuasion plutôt que sur la
coercition, sur le pouvoir d'idées attractives ou la
capacité de fixer l'ordre du jour politique et de déterminer le
cadre du débat de manière à modeler les
préférences des autres246(*). Le soft power confère donc à
l'Etat qui le déploie une forme d'autorité morale et de
légitimité. Cependant, François Godeman, directeur
stratégie de Asia-centre, relève une énorme
ambigüité dans cette notion de soft power. Il rappelle qu'à
l'origine, selon le stratège américain Joseph Nye, il s'agissait
de la capacité par ses valeurs, de l'attractivité de sa culture
et de ses institutions, de devenir un modèle et d'amener les autres,
à vouloir ce que vous voulez. Aujourd'hui, la notion recouvre aussi bien
le marché des échanges économiques, la force commerciale,
la compétitivité. Le soft power chinois parle donc de
l'attractivité des marchandises, de la capacité à
réaliser des projets de construction avec efficacité247(*) et diligence.
L'approche en termes de soft power nous parait
particulièrement pertinente à tester dans le cas de la Chine au
Cameroun. A cet effet, si le recours à une idéologie dans les
années qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale a
constitué la principale ressource de soft power pour la Chine,
c'est aujourd'hui la culture qui est mise en avant. En analysant l'effet de la
montée en puissance de la Chine sur la diplomatie globale, Joshua
Kurlantzick écrit : « for the first time in
centuries, China is becoming an international power, a nation with global
foreign policy ambitions »248(*). Joseph Nye et Wang Jisi se sont
efforcés de définir le soft power chinois249(*) tel qu'il se manifeste
à l'heure actuelle. Les deux experts, l'un américain, l'autre
chinois, reconnaissent ainsi que la montée en puissance de la Chine se
fait en douceur. Ainsi, la grande séduction que la Chine semble diriger
au Cameroun, tourne autour de nombreuses réalisations culturelles.
L'Afrique et donc, le Cameroun n'échappent pas à son champ
d'expérimentation et même de projection. Les expositions photos
observées le long de la clôture des Bois St Anastasie du carrefour
Warda à Yaoundé témoignent de cette coopération
fructueuse entre les chinois et les africains.
La présence chinoise au Cameroun obéit à
une stratégie de puissance douce qui passe par divers mécanismes
de coopération. Cette pénétration chinoise se
présente de manière multiforme et couvre presque tous les
domaines. La création de l'Institut Confucius au Cameroun constitue l'un
des maillons les plus visibles de la chaine de coopération culturelle
entre les deux pays. C'est donc un moyen pour la Chine de véhiculer ses
idées aux autres peuples du monde, bref de vouloir façonner le
monde à son modèle.
L'implantation des Institut Confucius semble
constituer un paravent à cette stratégie de puissance chinoise,
axée sur la conquête des coeurs et des esprits (Section I). Ainsi,
cette offensive de charme chinoise en direction du Cameroun est visible
à travers la réception dont elle fait l'objet au niveau local et
régional (Section II).
SECTION I : L'INSTITUT
CONFUCIUS ET L'ENSEIGNEMENT DU MANDARIN : VERS LE FACONNAGE DE
L'AFRIQUE AU MODELE CHINOIS ?
L'enseignement du mandarin par le biais de l'Institut
Confucius permet aux hommes politiques, hommes d'affaires, étudiants,
etc., de s'imprégner de la culture chinoise. Cette volonté de la
Chine d'exporter sa culture traduit tout simplement sa vision du monde. La
Chine, connue sous l'appellation d' « Empire du
milieu » et qui a été pendant prés de 2500 ans
le centre du monde, veut retrouver sa place d'antan. Ce retour semble faire
face à des obstacles : la communication constitue pour elle une
véritable barrière linguistique.
Toutefois, pour mieux appréhender la démarche de
façonnage des africains au modèle chinois, il convient de partir
de son projet messianique à l'obstacle culturel et linguistique auquel
elle fait face (Paragraphe I), pour aboutir aux différentes
stratégies de conquête des coeurs et des esprits (Paragraphe II)
qu'elle met en oeuvre pour atteindre son objectif.
PARAGRAPHE I : DU
PROJET MESSIANIQUE CHINOIS A L'OBSTACLE CULTUREL ET LINGUISTIQUE
Le terme « messie »250(*) est d'origine biblique. Il
vient du grec messias, une transcription de l'hébreu
mashiah, signifiant « celui qui a reçu
l'onction ». Au début, le messie était donc un
personnage du présent, normalement un roi qui assure le salut de son
peuple. Cependant, le phénomène du messianisme n'est pas
seulement propre à la bible ou aux traditions juive ou
chrétienne. Des chercheurs ont constaté la présence des
personnages ou d'attentes semblables à des époques diverses dans
toutes sortes de civilisations. C'est la raison pour laquelle, la Chine,
à travers sa civilisation millénaire, pense être
dotée d'une mission messianique. C'est ce qui semble donc justifier sa
pénétration linguistique au Cameroun (A), malgré les
difficultés inhérentes à l'environnement sociolinguistique
(B) de ce dernier.
A) La
pénétration linguistique de la Chine au Cameroun : un
tremplin pour la mise en oeuvre du messianisme de l'empire du
milieu ?
La philosophie confucéenne faisait de
la Chine le centre251(*)
du monde et l'expression « empire du milieu » tire son
origine dans cette vision chinoise du monde. Et comme l'exprime Christian
Harbulot, « les chinois d'antan considéraient leur pays
comme le centre civilisé du monde, la Chine étant la seule sous
le ciel divin »252(*). Cette affirmation illustre bien l'expression
d'encerclement dans la stratégie chinoise qui influence ses voisins
asiatiques. Comme le disait Roderick Mac-Farquhar, « les
monarques et les Etats étrangers étaient censés être
les vassaux de l'empire du milieu, puisqu'il n y a pas deux soleils dans le
ciel et qu'il ne peut y avoir deux empereurs sur terre »253(*). L'implantation de
l'Institut Confucius à Yaoundé et la création de ses
annexes sur toute l'étendue du territoire afin de mieux enseigner le
mandarin, sont une déclaration politique et redessinent la mission
idéologique de la Chine. Il s'agit en effet pour elle, de s'appuyer sur
le Cameroun afin d'étendre son influence dans la sous-région
voire, sur tout le continent. Ce retour à la stratégie
traditionnelle chinoise consiste à donner une nouvelle signification
à la RPC. La politique de prolifération des Instituts Confucius
est à la base de ce changement et constitue un signal fort
vis-à-vis de ceux qui veulent maintenir la Chine à la
périphérie254(*). Deng Xiaoping, lors d'un discours prononcé
à l'occasion de la cérémonie d'ouverture du XIIIe
congrès du PCC en 1982, disait pour manifester contre la posture
périphérique que l'Occident veut toujours maintenir la Chine, qu'
« aucun pays étranger ne doit s'attendre à ce que
la Chine devienne son vassal, ni à ce qu'elle avale une pullule
amère au détriment de ses
intérêts »255(*).
A la suite de cette analyse, bien que nous ayons choisi le
réalisme comme grille d'analyse dans le cadre de cette étude, il
ressort que, au regard de la nature des acteurs en présence, le
paradigme « centre-périphérie »256(*) pourrait aussi rendre compte
de cette vision chinoise du monde. Ce modèle des rapports
« centre-périphérie » est donc
intrinsèque à la pensée politique et cosmogonie chinoise
pour laquelle le centre est le lieu de l'ordre et de l'harmonie, les
périphéries étant de plus en plus imparfaites à
mesure qu'elles s'éloignent. Il est de la responsabilité du
centre de diffuser ses bienfaits vers la périphérie afin de
contribuer à l'ordre du monde257(*). Cette observation est corroborée par Jean
Vincent Brisset lorsqu'il affirme que : « les chinois
voient ainsi le monde comme une composition de « cercles
concentriques » : au centre, au milieu, se trouve la Chine, vu
comme majestueux et impérial »258(*). A cet effet, au moment
où l'on assiste peut-être au glissement du centre
économique du monde vers la Chine, on pourrait mieux comprendre son
positionnement au Cameroun. Les rapports de communication par excellence que
sont les échanges linguistiques sont aussi des rapprochements de pouvoir
symbolique où s'actualisent les rapports de force entre les
locuteurs259(*). Le
mandarin constitue de ce fait un facteur d'affirmation de puissance et
d'influence de la Chine, non seulement au Cameroun mais aussi en Afrique voire
dans le monde. Les Instituts Confucius visent donc à répandre
l'usage du chinois, pour faciliter l'intégration des étrangers en
Chine et des chinois à l'extérieur. Dans le cas précis du
Cameroun, l'idée d' « échange mutuel »
véhiculée par la Chine à l'endroit des pays africains
semble trouver ses limites dans le domaine linguistique, car les chinois
n'apprennent presque pas les langues locales et maîtrisent peu les
langues officielles. Or, en Chine, tout se fait en chinois. Gendreau-Massaloux
estime à ce sujet que, « les individus et les peuples,
confrontés par la disparition progressive des frontières
économiques, sont souvent les premiers, lorsqu'ils en ont les moyens,
à abandonner délibérément la langue de leur monde
déshérité pour partager avec d'autres milieux plus
favorisés une langue de communication qui permet d'aller vers le
développement économique »260(*). En d'autres termes,
les pays africains sont attirés par le développement
économique dont la Chine fait l'objet. Pour ce faire, l'empire du milieu
affiche ainsi une politique claire et cohérente à savoir,
l'expansion et la diffusion de sa langue en Afrique et, comme le souligne Jean
Marie Onguene Essono, professeur au département des Lettres Modernes
Françaises à l'Université de Yaoundé I,
«l'autarcie linguistique est suicidaire. Tout pays, tout peuple a le
devoir de s'ouvrir vers l'extérieur pour survivre »261(*). Cependant, le contexte
sociolinguistique de l'Afrique semble peu favorable à la diffusion du
mandarin sur l'étendue du continent.
B) La diversité
culturelle et linguistique de l'Afrique comme obstacle à l'ambition de
la Chine
La diversité culturelle et linguistique renvoie au
pluralisme culturel ainsi qu'au multilinguisme. L'Afrique constitue une
mosaïque culturelle dans ce sens qu'elle regorge en son sein des pays
anciennement colonisés, et où les pays colonisateurs ont
imposé aux colonisés le plurilinguisme comportant, outre les
langues locales, au moins, une langue de communication internationale utile aux
échanges. Les africains ont ainsi découvert des horizons
différents, qu'ils soient culturels ou linguistiques,
c'est-à-dire la connaissance d'une langue autre que leur langue
maternelle. Ce qui a conduit à l'existence sur le sol africain, des
espaces linguistiques francophones, anglophones, lusophones, germanophones,
etc. Au Cameroun, « Afrique en miniature », outre les
dialectes chers à chaque ethnie, le français et l'anglais
constituent les langues officielles, tandis que l'allemand, l'espagnol,
l'italien, le chinois sont des langues étrangères. C'est ce qui
fait dire jean Tabi Manga que : « la République du
Cameroun présente une configuration unique dans tout le continent
africain, du fait de son bilinguisme officiel, français et anglais. Il
faut, en outre ajouter une diversité incomparable de langues. En plus
d'un nombre impressionnant de parlers, on y retrouve toutes les grandes
familles linguistiques africaines »262(*). De ce fait, outre les
langues coloniales qui font obstacles à l'apprentissage du chinois au
Cameroun263(*), figurent
deux dimension fondamentales, lesquelles séparent et opposent les
cultures de ces deux pays : d'une part, le rapport du spirituel au
temporel et, d'autre part, le caractère écrit ou oral de la
culture. « En Chine, le spirituel est au service du temporel
(...) En Afrique, c'est le temporel qui est au service du
spirituel »264(*). Ainsi, en Afrique, voire dans le monde, la
prépondérance de l'anglais comme le souligne Luc Sindjoun, est
manifeste. C'est « la langue la plus utilisée lors des
conférences internationales, la langue la plus utilisée dans les
revues scientifiques, la langue de travail des différents prix
Nobel »265(*). Le parler de Molière constitue aussi
une langue de grande communication. Mais, les scientifiques chinois sont
aujourd'hui freinés dans la diffusion de leurs travaux et ont des
difficultés à se faire connaitre à l'étranger en
raison de leur langue. Pour cette raison, ils publient en chinois et leurs
recherches sont lues par les chercheurs et public chinois et leur rayonnement
est limité à l'étranger266(*). Au Cameroun, ces deux langues de scolarisation et
de communication (français et anglais) sont à la base de
l'institutionnalisation du bilinguisme, exigé à tous ceux
qui sollicitent un emploi à la fonction publique267(*). A l'université,
aucun travail scientifique n'a jamais été présenté
dans d'autres langues que le français ou l'anglais.
Fort de ce qui précède,
l'enseignement du mandarin fait face à une domination linguistique du
français et de l'anglais, ajouté à cela, les dialectes si
nombreux soient-ils en Afrique. Cette entreprise chinoise de conquête
linguistique de l'Afrique, par la volonté de répandre l'usage du
mandarin, rencontre des résistances sur le terrain ; ce qui rend
difficile toute transaction que la chine effectuerait sur le continent. A la
suite de cette analyse, Aicardi de Saint Paul déclare :
« l'Afrique et la RPC n'ont aucun lien culturel (...) qui
favoriserait leur entente commerciale »268(*). Cette fragmentation
culturelle orchestrée par l'introduction du chinois dans des aires
linguistiques occupées par les langues coloniales, se caractérise
dans la pratique par la résurgence du nationalisme. Il se manifeste de
ce fait un certain désamour vis-à-vis de la langue chinoise.
Comme en témoigne Claude Donfack Tchaleu, apprenant de chinois à
l'ENS de Maroua : « les gens sont surpris quand je leur
dis que j'apprends le chinois, ils me regardent comme si j'étais un
extraterrestre et se moquent gentiment de moi »269(*). Bon nombre
d'étudiants interrogés, estiment que le chinois est dur et que
l'écriture chinoise en idéogrammes est bizarre. La thèse
de Samuel Huntington sur « le choc des civilisations »
illustre bien cette confrontation culturelle comme une source
conflictogène de l'avenir. Il dit à ce propos que les
grandes causes de division de l'humanité et les principales sources de
conflits seront culturelles270(*). En effet, les chinois eux-mêmes sont
conscients de leur retard sur les autres en matière de diffusion de leur
langue. Ils essayent de s'adapter autant que faire se peut en montrant une
véritable volonté d'adaptation, à travers l'apprentissage
d'un minimum de français et d'anglais271(*) afin de se faire comprendre et, pourquoi pas,
d'apprendre aussi les langues locales africaines272(*). Cependant, étant
donné que la langue évolue grâce à un dynamisme que
lui apporte le croisement avec d'autres langues273(*), tout porte à croire
que le mandarin fera son bout de chemin pour s'intégrer dans le contexte
multilingue africain. Jean Jolly constate à la suite de cette analyse
que, « malgré les efforts des services culturelles et de
l'OIF, la langue française perd relativement du terrain au profit de
l'anglais, de l'espagnol, de l'allemand, mais également du chinois (plus
de 1,3 milliards de locuteurs) »274(*). Et comme l'observe si bien Julien Deschamps,
français en stage au Cameroun : « à
l'intérieur du palais des sports, tous les écriteaux sur les murs
sont, en plus d'être en français et anglais, en langue chinoise
(...). Je ne savais pas que le mandarin était devenu la troisième
langue officielle du Cameroun ! »275(*).
PARAGRAPHE II : LES
STRATEGIES DE CONQUETE DES COEURS ET DES ESPRITS
Parmi les objectifs déclarés de la
présence chinois en Afrique, figure bel et bien la diffusion de sa
culture et de sa langue afin de remodeler les africains à son image. La
culture constitue de ce fait un instrument essentiel de la conquête des
coeurs et des esprits, cette dernière qui consiste à vouloir
dominer les autres par une tentative d'assimilation. Jean Piaget276(*) considère que toute
action est assimilatrice. Une grande part des contenus culturels chinois
circulent sur le continent, avec un impact immense sur l'imaginaire des
individus et leur perception du monde. Ainsi, l'on pourrait affirmer que la
Chine voudrait à travers sa culture, exercer une influence symbolique
sur les pays où sont implantés ses Instituts Confucius. Kenneth
Lieberthal estime que les Instituts Confucius ont pour mission de
transmettre les idéaux
confucéens : « nous essayons de transmettre les
valeurs et la philosophie traditionnelle de son enseignement, la façon
d'apprendre et je dirai même d'être, parce que Confucius
n'était pas seulement un professeur. Il était surtout un
philosophe qui a eu un impact énorme sur la pensée chinoise et la
façon d'être ». Elle a indiqué
qu' « une valeur confucéenne que les
américains devraient assimiler, c'est le respect des
ainés »277(*). Il n'est donc pas étonnant que la Chine
veuille s'associer au symbole auquel les gens identifient le respect et
utiliser Confucius comme une sorte de « marque
commerciale »278(*).
Ainsi, le soft power chinois, parce qu'il semble agir
sur les mentalités, passe donc nécessairement par les programmes
d'enseignement (A) et la stratégie de séduction au moyen de
l'octroi des bourses d'étude aux camerounais (B).
A) Les programmes
d'enseignement
L'Institut Confucius offre principalement des cours de
mandarin et forme au diplôme de langue HSK, l'équivalent du TOEFL
pour l'anglais, lequel atteste un niveau de chinois courant, permettant
d'intégrer une université ou une entreprise chinoise.
L'enseignant met à la disposition de l'apprenant, un support didactique
(manuel de chinois accompagné d'un CD numérique), dont les
programmes sont basés sur la vie de l'individu dans la
société. C'est-à-dire, amener l'apprenant à
s'adapter et à s'intégrer facilement dans le milieu culturel
chinois. Le mandarin est enseigné aux étudiants à travers
le « pin yin », c'est-à-dire la
transcription phonétique en lettres des caractères. Le
début des cours est souvent consacré à la prononciation
pour aborder les différents tons : quatre forts et un léger.
Le ton confère la signification au mot et, pour une même syllabe,
correspond à ses sens différents. Par la suite, il faut que
l'apprenant maitrise les caractères. Dans ce cadre, une série
d'exercices est proposée à l'apprenant dans le but de lui faire
comprendre la langue afin qu'il puisse l'utiliser dans la vie quotidienne. Ces
exercices consistent à matérialiser de façon
répétée et sur plusieurs pages, le pin yin en
caractères chinois. A coté de l'écrit, l'oral est aussi
pris en compte. A cet effet, l'apprenant est constamment pour prendre une part
active au cours, à travers la lecture des textes, la traduction des
caractères et la réponse aux questions. L'objectif
pédagogique ne viserait pas ici, à faire parler couramment le
chinois à l'apprenant, mais à faire en sorte que ce dernier
arrive à se faire comprendre dans les rapports essentiels. Pour Zhang
Xiaozhen, « nous avons quatre niveaux d'études et les
cours se font sous deux vagues à savoir : les cours normaux, pour
ceux qui ont le temps pendant les rentrées scolaires qui se
déroulent trois fois par semaines et les cours intensifs qui se font
tous les jours. La durée des cours ici est de deux heures de temps et,
se déroule en trois phases : matin, midi et
soir »279(*). Tonye Mvogo, apprenant de chinois du niveau I
explique que : « apprendre le chinois demande beaucoup
d'engagement et de sacrifice mais lorsqu'on s'accroche, tout devient facile.
Pour la pratique de la langue, nous avons souvent des exercices de dialogue que
nous faisons entre camarades sous la supervision d'un enseignant chinois et
quand on finit, ledit enseignant essaye de nous
corriger... »280(*). Les cours de langue ne sont pas la seule
caractéristique de l'Institut, qui propose aussi des initiations dans
des domaines aussi variés que la calligraphie, le Tai Chi, la
gastronomie chinoise, la médecine traditionnelle chinoise, la culture et
l'histoire de la Chine ainsi que des conférences portant sur des
questions contemporaines281(*). Ce qui fait dire à Etienne Songa
que : « à coté des cours classiques,
nous avons des activités culturelles : festivals, concours de
langue chinoise, de chant, de Kung Fu, de Tai Chi, ce, en plus des aspects
culturels déjà traités dans le cours »282(*). Les productions
artistiques constituent un objet de fascination de la Chine à travers le
monde. C'est pourquoi à l'Institut Confucius de l'IRIC, les
étudiants peuvent s'initier à l'histoire de l'art chinois,
à l'acupuncture, à la calligraphie, etc. L'initiation à
la calligraphie se fait par la pratique du dessin. Ainsi, toujours en 2010,
l'Institut a lancé un concours de Karaoké et un autre de dessin,
ouvert aux élèves du primaire au Cameroun et baptisé
« la Chine dans mon esprit »283(*). Par ailleurs, à
l'Institut, plusieurs tableaux sont exposés et évoquent le sens
par les images ou des symboles, d'une Chine qui fascine. De novembre 2005
à janvier 2009, deux chorégraphes chinois ont
séjourné au Cameroun pour former les jeunes danseurs du Ballet
national. L'origine des arts martiaux chinois remonte à 4000 ans avant
Jésus Christ (J.C). Vers l'an 600 avant J.C, Confucius déclarait
essentiel la pratique des arts martiaux284(*). Ces arts étaient donc à l'origine des
arts guerriers. Les deux arts martiaux pratiqués à l'Institut
sont le Kung Fu et le Tai Chi. Prenons par exemple, le terme Kung Fu. Ce
dernier ne désigne ni un style ni une école. Il est
utilisé en Chine pour signifier : temps ou effort dans un travail
ou exercice, habileté, compétence, virtuosité,
maîtrise, exercice de qualité285(*). Les exercices d'arts martiaux sont proposés
aux étudiants volontaires de l'Institut ainsi qu'à ceux de
l'IRIC. En 2010 par exemple, l'Institut Confucius a connu la visite d'une
équipe du temple de Shaolin. Elle a dispensé des cours d'arts
martiaux aux apprenants volontaires286(*).
S'agissant des conférences, on note celle tenue en
2009 au campus de l'IRIC, par deux enseignants chinois de l'Université
Normale de Zhejiang, Niu Changsong et Xiaofeng Zhang, sur le
thème : « la coopération sino-camerounaise
dans le domaine de l'éducation ». Les deux
conférenciers ont entretenu l'auditoire quant à la volonté
de la Chine de partager son expérience avec d'autres pays du sud, par le
renforcement des échanges dans le domaine de l'éducation. Ils ont
expliqué que ces échanges passent par l'implantation des
Instituts Confucius, dont l'objectif principal consiste en la
compréhension et l'acquisition de la langue chinoise, et celle-ci
nécessite l'intervention des locuteurs avertis compréhensifs. Une
autre conférence conjointe des Instituts Confucius d'Afrique, s'est
tenue à Yaoundé pour sa troisième session en 2010. A la
suite de celle-ci, Jacques Fame Ndongo a déclaré
que les enjeux de cette conférence conjointe des Instituts
Confucius en Afrique sont clairs, « la Chine est en train de
rivaliser au plan économique avec les plus grands (...). Nous devons
nous approprier la langue chinoise et même la civilisation et la culture
chinoise »287(*). Toutes ces activités participent ainsi
à la conscientisation des africains sur les valeurs civilisationnelles
chinoises. Aussi, cette volonté d'assimilation se manifeste t-elle par
la traduction du nom de chaque apprenant en chinois (pin yin et
caractères). A cet effet, l'enseignant prend soin d'attribuer à
chaque apprenant la signification de son nom en chinois. Ce qui fait
qu'à chaque fois que l'apprenant sera interpellé pendant le
cours, c'est l'appellation en chinois qui est privilégiée. Cela
induit un changement total de la prononciation du nom concerné. A cette
stratégique pédagogique d'assimilation des apprenants,
s'accompagne cette politique généreuse de bourses d'études
que la Chine dirige à l'endroit du Cameroun.
B) De l'octroi des bourses
d'étude à l'accueil des camerounais en Chine
Depuis 1973, le gouvernement chinois octroie
une dizaine de bourses en moyenne par an aux étudiants
camerounais288(*). Pour
le compte de l'année académique 2010-2011, la Chine a mis 24
bourses d'études supérieures à la disposition du
gouvernement camerounais dont 9 au niveau du baccalauréat et 15 pour les
aspirants du master289(*).
Les bourses offertes par l'Institut Confucius impliquent
l'apprentissage du mandarin aux fins communicationnelles. Chaque année,
l'Institut offre un nombre réduit des bourses d'études en
Chine290(*). Ces bourses
sont principalement destinées aux jeunes camerounais inscrits à
l'institut ou aux étudiants de l'IRIC. Les bénéficiaires
doivent toutefois s'engager à retourner au Cameroun après leur
formation qui varie entre trois et quatre ans, pour être mis à la
disposition de l'Institut Confucius. Dans certains cas, des bourses pour les
études de master sont offertes selon des conditions
spécifiques291(*). L'Etat chinois à travers l'Institut
Confucius met le plus souvent à la disposition des camerounais, outre
les bourses du gouvernement chinois, les bourses du HSK (test de la langue
chinoise), les bourses de la compétition chinoise, les bourses de
l'excellence292(*).
L'objectif de ces bourses est de disposer d'un nombre assez
considérables de locuteurs qui parvient parfaitement à
répandre la langue à leur retour sur le territoire camerounais.
En 2009 par exemple, 23 camerounais issus d'entreprises privées et
publiques ont obtenu une bourse pour étudier le mandarin en Chine
pendant un an et demi, dans le cadre du programme chinois « Camp
d'été »293(*).
L'accueil des camerounais en Chine est assuré par une
politique concertée entre les gouvernements camerounais et chinois.
Certaines bourses pourraient être supportées par le gouvernement
chinois, tandis que d'autres reviendraient à la charge du gouvernement
camerounais. Cependant, le constat qui se dégage est que, la Chine ne
ménage aucun effort pour garantir l'accueil des africains d'une
manière générale en Chine car, comme l'atteste Samuel
Okouma Mountou, diplomate et sinologue gabonais : « les
bourses d'étude offertes par le gouvernement chinois aux
étudiants africains couvrent à la fois les frais liés
à la scolarité et ceux liés au logement et à
l'alimentation »294(*). De ce qui découle, les étudiants
camerounais bénéficiaires de la bourse de coopération
chinoise seraient donc pris en charge par la Chine.
SECTION II : LA
RECEPTION LOCALE ET REGIONALE DE L'INSTITUT CONFUCIUS
Le soft power constitue l'une des ressources
symboliques dont dispose un Etat. Il lui permet de devenir plus influent
à travers la séduction. « Par soft power, nous
entendons la force d'attraction d'une culture, d'un pays, sa capacité
à séduire par ses oeuvres, ses découvertes, ses
modèles, ses valeurs »295(*). L'Institut Confucius multiplie les activités
pour séduire. A cet effet, il a mis en place en place une panoplie
d'activités éducatives et culturelles. Ces opérations de
charme chinois exerce un impact considération au plan local et
régional (Paragraphe I) et suscite des perceptions de la part des
populations concernées (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I :
L'INSTITUT CONFUCIUS VU PAR LE CAMEROUN
La perception exprime la représentation que se fait
tout décideur de l'environnement national, régional ou
global296(*). Ainsi,
l'Institut Confucius semble produire des résultats exceptionnels qui
séduisent et forcent l'admiration des populations camerounaises. Pour
rendre compte de cette offensive de charme, il est nécessaire de
dégager l'image que les uns et les autres se font l'Institut Confucius
de l'IRIC. Selon Boulding, « l'image est la représentation
organisée d'un objet dans le système cognitif de
l'individu »297(*). Il s'agit donc de s'interroger sur la
place qu'occupe l'Institut Confucius dans l'imaginaire de l'IRIC (A) et du
gouvernement camerounais (B).
A) La vision de
l'IRIC
Les imaginaires des différentes composantes
sociologiques de l'IRIC sur l'Institut Confucius ont en général
un sens positif. Des responsables administratifs de l'Institut jusqu'aux
enseignants et étudiants, il se dégage une construction positive
de l'image de cette structure qui fait tant d'émules. L'Institut
Confucius se présente comme la vitrine de la coopération
sino-camerounaise et d'après Jean Tabi Manga, Président du
Conseil d'Administration (PCA) dudit Institut, « c'est le lieu de
convergence des sensibilités africaines éprises de
multiculturalisme. L'Institut Confucius sera un creuset pour faire triompher la
pluralité du monde dans un environnement menacé par
l'uniformité »298(*). Outre cet aspect culturel, l'Institut
Confucius représente aussi une plate-forme économique. A ce
titre, Tabi Manga poursuit en disant qu'à l'Institut Confucius,
« les hommes d'affaires camerounais et chinois pourront
désormais apprendre la langue et améliorer de ce fait leurs
affaires ». Narcisse Mouellé Kombi, Directeur de l'IRIC,
quant à lui affirme que : « l'Institut Confucius
de l'Université de Yaoundé II, c'est le premier du genre en
Afrique francophone au sud du Sahara. (...) Il n'a jamais cessé de
s'affirmer comme une plaque tournante de l'enseignement de la langue et de la
civilisation chinoise au Cameroun »299(*). D'après Etienne Songa, l'Institut
Confucius de l'IRIC se distingue par de bons résultats sur le plan du
travail. Il dit à ce sujet que, « pour la deuxième
année consécutive le Cameroun a reçu le prix de
l'excellence des Instituts Confucius. Ce qui veut dire que sur environ 25
Instituts Confucius que compte l'Afrique, nous avons été les
meilleurs (...). Tout cela fait que le Cameroun s'ouvre davantage sur le plan
linguistique à la Chine et c'est un atout pour développer la
coopération dans les autres domaines »300(*). Fort de ce constat,
l'aide à l'éducation que la Chine octroie aux Instituts Confucius
est à la mesure de ses ambitions. Selon les déclarations
d'Etienne Songa, « l'Institut Confucius gère environ un
budget d'un montant de 100 millions par an »301(*). Ainsi la Chine
multiplie son appui à l'éducation au Cameroun, à travers
l'octroi des bourses d'études, des formations diverses, des dons de
matériel didactique, etc.
B) La vision
gouvernementale
La coopération sino-camerounaise se caractérise
par plusieurs rencontres au sommet, ainsi qu'une intense activité
diplomatique entre les deux pays. Depuis la création de l'Institut
Confucius, cette coopération, dans le domaine culturel, est intense et
fructueuse et le gouvernement camerounais salue cette initiative chinoise. Le
Ministère de l'Enseignement Supérieur du Cameroun, tutelle de
l'IRIC où est logé cet Institut, ne cesse de louer les efforts
entrepris par la partie chinoise, en vue de valoriser la coopération
dans le domaine culturel via l'Institut Confucius. De l'avis de Jacques Fame
Ndongo, « les Instituts Confucius sont une unification
fédératrice des peuples. C'est pourquoi l'objectif, à long
terme, est de doter toutes les universités d'Etat du Cameroun de ces
Instituts. Le Cameroun comprend déjà cinq pôles
d'enseignement du chinois(...). Les Instituts Confucius ont pour objectif
d'apporter l'expérience du peuple chinois, en matière de langue
et autre savoir, contribuant ainsi au développement du
continent »302(*). Pour le gouvernement camerounais, à
travers l'Institut Confucius, le Cameroun peut prendre appui sur la Chine afin
d'atteindre ses objectifs de développement.
PARAGRAPHE II :
L'IMPACT DE L'INSTITUT CONFUCIUS EN AFRIQUE CENTRALE
L'expansion de la langue et de la culture chinoise au Cameroun
à travers l'Institut Confucius de l'IRIC, a un impact
considérable au plan régional. Compte tenu de la position
stratégique de l'IRIC, le recrutement des apprenants de l'Institut
s'étend au delà des frontières camerounaises. Ce qui fait
que l'Institut Confucius de l'IRIC suscite beaucoup d'enjeux. Ainsi, avant de
passer en revue ces enjeux dont cette structure fait l'objet (B), il convient,
de prime abord, de présenter son aspect séduisant dans les
imaginaires camerounais (A).
A) L'attractivité
régionale de l'Institut Confucius
En matière d'éducation, la Chine manifeste
sans cesse cette volonté de s'appuyer sur le Cameroun, pays leader de la
sous-région Afrique centrale, pour étendre son influence dans
d'autres pays. A l'IRIC où est implanté l'Institut Confucius,
unique laboratoire de langue chinoise en Afrique centrale, les étudiants
viennent de divers horizons. « Outre le Cameroun, les apprenants
viennent des pays amis, lointains et proches, comme la France, le Tchad, le
Congo, la RCA »303(*). Cette attractivité, selon Narcisse
Mouellé Kombi, « se manifeste par une inscription
poussée, mieux par de grands effectifs dans le cursus que constitue le
programme d'enseignement de la langue et de la civilisation chinoise au sein de
l'Institut Confucius ». Xu Lin, Directeur Général
de Hanban, estime que « pour certains jeunes en Afrique, la
maitrise du chinois apparait parfois comme une opportunité de travail ou
un plus pour sa carrière, ce qui témoigne de la motivation en
Afrique de l'apprentissage de cette langue différent par rapport
à celles d'autres régions ». Aussi, poursuit-elle,
« avec la formation des jeunes talents maitrisant plusieurs
langues et en raison de la croissance des activités économiques
et commerciales entre la Chine et les pays d'Afrique, les Instituts Confucius
en Afrique joueront pleinement leur rôle et serviront mieux à la
vie économique et sociale du pays ». Les structures
annexes qui sont implantées dans le pays, et plus
précisément dans des endroits stratégiques, illustrent
cette politique d'expansionnisme linguistique de la Chine en Afrique. Serge
Doka Yamingno, directeur adjoint de l'ENS de Maroua, illustre ce choix
stratégique en disant que : « Maroua se situe
dans la zone sahélienne du Cameroun et à partir de cette position
nous voulons irriguer la sous-région par la diffusion de la langue
chinoise »304(*). A travers donc la diffusion de sa culture au
Cameroun, la Chine envisage étendre son influence dans toute la
sous-région pour stimuler les échanges dans différents
secteurs. A ce propos, Zhang Xiaozhen, alors directrice de l'Institut Confucius
a déclaré que : « during (...) 10 years,
Chinese Language Training Centre has trained over 200 graduate students and
diplomats from the IRIC and the other 20 African
countries »305(*).
B) L'Institut Confucius et
les enjeux de l'influence chinoise
Le soft power constitue l'une des ressources
symboliques dont dispose un Etat. Il lui permet de devenir plus influent
à travers la séduction. « Par soft power, nous
entendons la force d'attraction d'une culture, d'un pays, sa capacité
à séduire pour ses oeuvres, ses découvertes, ses
modèles, ses valeurs »306(*). Ainsi, la langue est le vecteur de la communication
et c'est par elle qu'on apprend à mieux se connaître. On ne
saurait par conséquent communiquer en société si le canal
qui lie deux interlocuteurs n'est pas commun. D'où la montée en
puissance de l'enseignement du mandarin au Cameroun via l'Institut Confucius de
l'IRIC. La Chine semble donc apprécier le rôle de
« leader » que le Cameroun joue dans la sous région
et pense que ce pays est un « partenaire de choix » sur
lequel elle peut compter pour étendre son influence et
accélérer ses transactions commerciales au niveau
régional. La politique chinoise appliquée aux pays africains,
relève tout simplement de la realpolitik307(*) et à ce propos,
Jean Jolly estime que : « les succès chinois
tiennent aux méthodes qu'ils utilisent à savoir : une
diplomatie très active et très réaliste, une implication
très directe des autorités nationales, des entreprises d'Etat
(...) dans la recherche des importations et dans la conquête des marches
commerciaux »308(*). Dans la même perspective,
Tanguy Struye de Swielande, pense qu'« il apparait
évident que la présence chinoise sur le continent africain est
avant tout motivée pour des raisons de
Realpolitik »309(*).
Il s'agit donc pour la Chine, d'un désir constant
d'afficher son image ainsi qu'une volonté de créer des
sphères d'influence culturelle310(*) en Afrique voire dans le monde. Dans ce sens, la
Chine tend à devenir une puissance hégémonique. Mais
alors, l'hégémonie se pense dans le champ de la culture comme
elle se pense dans le champ politique311(*). Ainsi,
l' « hégémon », ce termes est
dérivé du grec hegemonia qui signifie
prééminence, se réfère à « une
variété de situations dans lesquelles un Etat semble avoir
considérablement plus de puissance que les autres »312(*). Dans le même ordre
d'idées, la puissance hégémonique décrite par
Immanuel Wallerstein313(*) pour montrer comment le fonctionnement de
l'économie-monde au profit des Etats puissants du centre est lié
à la capacité de ceux-ci de proposer et d'imposer aux Etats de la
périphérie et de la semi-périphérie leurs
pratiques, leurs institutions et leur culture. La Chine, puissance
émergence314(*),
manifeste une volonté d'étendre, de maximiser sa puissance,
à travers sa culture. C'est donc l'adoption d'une politique strictement
similaire à celle des Etats-Unis, mais au prisme d'intérêts
et de situations et statuts clairement différents315(*). La Chine voudrait ainsi
entretenir au Cameroun, l'image d'une grande puissance, comme en
témoigne la politique de déploiement des Instituts Confucius
à travers le pays. Ce qui fait dire à Jean Tabi Manga que
« l'enseignement du chinois permet au Cameroun de se positionner
comme l'un des pays importants de la Chine en Afrique
centrale... »316(*).
Aussi, avec l'entrée massive des produits chinois sur
le marché mondial et donc africain, voire camerounais, l'apprentissage
du chinois devient incontournable. C'est une stratégie clairement
définie par la Chine qui vise à accélérer ses
transactions commerciales, par la facilitation des contacts au sein des
entreprises chinoises et à conclure des accords de coopération
entre la Chine et les pays africains, car « Sans langage commun,
les affaires ne peuvent pas être conclues »317(*), lit-on dans les
analectes de Confucius. C'est pourquoi, la connaissance de la langue chinoise
se présente comme une opportunité d'affaires et d'emploi pour les
africains. L'engouement constaté dans l'apprentissage du chinois au
Cameroun laisse croire d'après Ebenezer Djetabe, enseignant de chinois,
que : « pour espérer un contrat avec ces entreprises,
il faut sans doute parler un peu le chinois »318(*). Au regard des projets
structurants annoncés par la Chine au Cameroun et dans d'autres pays de
la région, les apprenants du mandarin pourront bénéficier
des avantages liés à l'emploi. Néanmoins, ceux des
camerounais et bien d'autres, maitrisant déjà le chinois sont
constamment sollicités tant par la partie chinoise que par leur pays, en
vue de jouer le rôle de traducteur ou d'interprète lors des
différentes négociations. La Chine s'ouvre ainsi au monde, non
seulement pour l'inonder de ses produits à bas prix mais
également pour s'acquérir de nouveaux débouchés
afin de renforcer son économie. Dans ses relations avec le Cameroun, il
se dégage de nos jours, un accroissement des échanges
économiques et commerciales considérables (annexes 7&8).
CONCLUSION
GENERALE
Rendre compte de la place du culturel dans la
coopération sino-camerounaise, a été la tâche
à laquelle nous nous sommes attelés dans les pages qui
précèdent. A cet effet, nous avons essayé, tout au long
des quatre chapitres développés, de proposer une
compréhension de la nature mais aussi de la logique que véhicule
la politique culturelle mise en oeuvre par la Chine au Cameroun. Ainsi, notre
problématique s'articulait autour de la question suivante :
Quel est l'enjeu de la valorisation de la dimension culturelle
dans les relations entre la Chine et le Cameroun ? Que peut
représenter l'Institut Confucius dans cet enjeu et qu'est-ce qui se joue
à travers l'implantation de celui-ci à l'IRIC
(Cameroun) ? A cet effet, la première
hypothèse selon laquelle l'Institut Confucius de l'IRIC est un outil
fondamental de la valorisation de la dimension culturelle dans la
coopération sino-camerounaise, a été
vérifiée. Il ressort sur le terrain que, outre l'enseignement du
mandarin, l'Institut Confucius mène plusieurs activités. Les
enjeux qui sont attachés à cet Institut révèlent
d'une part que celui-ci est un moyen au service de la puissance chinoise. Fort
de ce qui précède, la Chine rêve d'être un
géant Confucius, une belle enseigne très politique à
savoir, imposer sa vision du monde319(*). Implanté à l'IRIC, l'Institut
Confucius constitue un instrument de puissance culturelle dans ce sens qu'il
déborde les frontières politiques du Cameroun pour se projeter
vers les autres Etats de l'Afrique Centrale. C'est donc un exemple probant de
la stratégie d'influence culturelle de la Chine en Afrique, laquelle
combine avec ses influences économiques et diplomatiques (les
fréquents échanges de visites au plus haut niveau) afin de faire
échec à l'hégémonie occidentale. Comme le note
Alain Plantey, « la compétitition entre les nations
n'épargne pas le domaine de la pensée dans la mesure où la
diffusion de la parole, de l'image, de l'idée peuvent permettre
d'influencer la politique et les stratégies des
Etats »320(*). Ainsi, pour exercer son influence dans les
pays africains, outre la diffusion du mandarin, « le Cameroun
bénéficie du savoir-faire chinois dans de nombreux
domaines : infrastructures routières et sportives, construction des
édifices, fabrication et vente d'engins »321(*). A cet effet, aucun
pays n'a autant d'impact sur la politique et le tissu socioéconomique de
l'Afrique que la Chine depuis le tournant du millénaire322(*). A ce titre, la culture
devient un produit commercial important dans la mesure où elle constitue
un vecteur d'accélération vers les transactions
économiques. L'Empire du milieu lance ainsi au Cameroun une grande
opération de charme à visée globale. C'est ce qui semble
justifier la deuxième hypothèse de ce travail. Ce faisant, nous
avons procédé par une mise en relation systématique de la
variable culturelle privilégiée dans l'équation de la
puissance chinoise, en nous appuyant sur les théories du réalisme
et de la géoculture comme schéma explicatif. A cet effet, une
brève revue de la dimension culturelle de la politique
étrangère de la Chine en direction du Cameroun permet une
meilleure compréhension de sa grande stratégie et démontre
qu'elle suit la démarche réaliste. La Chine mise sur le
soft power dans la lutte pour la puissance qui
caractérise les relations internationales. Cette offensive culturelle
trouve son fondement dans deux approches principales quant au rôle de la
puissance dans les relations internationales323(*). La première, le réalisme
défensif cher à Kenneth Waltz324(*), affirme que les puissances ont tendance à
« balancer » la puissance des autres Etats. Au début
du XIXe siècle, Napoléon aurait prédit que lorsque la
Chine s'éveillerait le monde se mettrait à trembler. Deux
siècles plus tard, la prophétie semble se réaliser, car la
Chine est en train de vouloir ravir l'hégémonie aux Etats-Unis.
Abdou Fall325(*) estime
à ce propos que : « la chine depuis une quinzaine
d'années pose les jalons de son nouveau statut de puissance globale, non
plus circonscrite dans une région ou dans un domaine d'activité,
mais embrassant l'ensemble des secteurs économiques et
stratégique et la totalité du globe ». Selon
Béchir Ben Yahmed, journaliste à Jeune Afrique, le monde
fait face à une inversion des cultures où la culture chinoise est
en train de surplanter celle de l'Occident et il expose à cet effet une
image sur laquelle les présidents américain et français,
Obama et Sarkozy s'inclinent en saluant Hu Jintao. Il déclare à
ce propos que : « qu'ils accueillent ou soient
accueillis, l'Américain et le Français s'inclinent devant
l'Asiatique (...), marquant ainsi la considération nouvelle qu'ils
éprouvent pour son pays ... ». Il veut ainsi exprimer et
transmettre ce qu'il ressent, « china is back ; l'empire du
milieu est redevenu le centre du monde » 326(*). La seconde, le
réalisme offensif développé par John Mearsheimer327(*), cherche à
prédire le comportement des nations lorsqu'elles font face à des
puissances rivales. Pour Mearsheimer, l'objectif ultime d'un Etat est de
devenir le plus puissant du système, en acquérant d'abord un
statut de puissance hégémonique régionale, ensuite de
s'assurer l'émergence des puissances rivales dans d'autres
régions. On comprend mieux le pragmatisme dont la Chine fait preuve dans
sa quête des marchés, d'énergie et de matières
premières, mais aussi d'influence politique comme puissance
émergente328(*).
Effectivement, le réalisme a permis de constater sur le terrain que
l'Institut Confucius n'est qu'un paravent de la stratégie de puissance
de la Chine, non pas seulement au Cameroun mais aussi en Afrique centrale. Tout
comme la géoculture, celle-ci permet de mieux comprendre l'expansion de
la culture chinoise au Cameroun voire dans la sous région de l' Afrique
centrale. La Chine voudrait créer des zones d'influence culturelle dans
la région afin de mener à bien ses transactions
économiques et commerciales.
La stratégie africaine de la Chine sous-tend, selon
certains analystes, des mobiles d'ordre impérialistes et colonisateurs.
« Coloniser signifie être en relation avec de nouveaux
pays, profiter de leurs ressources au maximum tout en structurant ces pays avec
notre intérêt national ; mais cela veut aussi dire apporter
à ces peuples primitifs une culture intellectuelle, social,
scientifique, moral commerciale ou artistique et industrielle dont ils sont
dépourvus et qui est l'apanage des races
supérieures »329(*). Il semble que c'est cette logique qui sous-tend la
présence chinoise en Afrique. Parlant du Cameroun, Pierre Mithra
estime que les chinois sont en train d'envahir le pays et que
« si aucun cadre n'est défini, ils continueront comme ils
le font déjà (...) à exploiter toutes les
richesses »330(*). Ce point de vue est partagé par René
N'guetta Kouassi, directeur du Département des Affaires Economiques de
l'Union Africaine (UA), et qui estime qu' « il ne faut pas
que l'Afrique sorte d'un néocolonialisme pour tomber pieds et poings
liés dans le néocolonialisme chinois »331(*). Les auteurs du
rapport du Réseau Africain sur la Recherche en matière de Travail
(RART) pensent à ce sujet que, « les relations commerciales
avec la Chine suivent le modèle selon lequel l'Afrique est exportatrice
des matières premières et importatrice de produits
finis »332(*).
Pour apaiser ces perceptions dont la présence chinoise en Afrique fait
l'objet, Hu Jintao affirme que : « China has never impose
its will or inequal pratices on other countries and will never do so in the
future »333(*). Cependant, force est de constater que les chinois
dispose d'un projet messianique. Ce qui fait dire à Chris Aden,
s'agissant de la présence chinoise en Afrique,
que : « the ideology of a « civilizing
mission », the accompanying territorial imperative and forging of
exclusionary trade relations »334(*).
Ainsi, bien que la Chine utilise la dimension culturelle comme
un paravent de sa stratégie de puissance globale au Cameroun, il est
à noter comme le souligne Samuel Huntington que,
« l'occident est et restera des années encore la
civilisation la plus puissante »335(*). Pour l'heure, la Chine
réfléchit encore au contenu à donner à son message
culturel, ce qui n'exclut pas, avertit le sinologue Jean-Pierre Cabestan,
« de voir à terme les Instituts se transformer en
structures aseptisées, diffusant une culture
folklorique »336(*). D'où la présence de quelques indices
de fragilité inhérentes à sa projection culturelle et qui
sont susceptibles d'être renforcés. Il est donc nécessaire
pour une large diffusion du mandarin, à travers son intégration
dans les enseignements primaires et secondaires. Par ailleurs, ce processus est
d'ores et déjà entamé, avec notamment l'apprentissage du
mandarin à l'ENS de Maroua et dans certaines écoles
internationales et privées installées au Cameroun. Il ne reste
que la régulation pratique qui doit être faite par une action
concertée entre les Etats camerounais et chinois afin d'intégrer
véritablement l'enseignement de la langue chinoise dans le
système éducatif camerounais.
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PROTOCOLE DE
RECHERCHE
Le thème de ce mémoire s'intitule : Le
facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise : le cas de
l'implantation de l'Institut Confucius à l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun (IRIC).
Ce thème a fait l'objet de nombreuses
difficultés, eu égard à sa nature relativement nouvelle.
Ces difficultés sont inhérentes à l'accès à
l'information et aux ouvrages portant sur la question. C'est la raison pour
laquelle nous avons eu recours aux articles publiés dans les revues,
magasines, quotidiens et l'internet.
Notre recherche nous a conduits principalement à
l'Institut Confucius de l'IRIC. Ici, nous avons rencontrés le Directeur
Adjoint de l'Institut, et ce dernier nous a dirigés au Bureau du
Coordonnateur Administratif pour plus amples informations.
La recherche documentaire quant à elle, a
été effectuée dans des bibliothèques telles que la
Fondation Paul Ango Ela (FPAE), la bibliothèque centrale de
l'Université de Yaoundé I, la bibliothèque de l'IRIC, la
bibliothèque de l'Institut Royal des Relations Internationales
(Bruxelles), la bibliothèque de l'Université Catholique de
Louvain (UCL) et la bibliothèque de l'Université Libre de
Bruxelles (ULB).
Au cours cette recherche, nous avons eu un entretien officiel
avec M. Songa Etienne, Coordonnateur Administratif de l'Institut Confucius.
Notre préoccupation portait notamment sur un certain nombre de questions
telles :
1- Connaissance sur le fonctionnement de l'Institut
Confucius et l'enseignement de la langue et de la culture
chinoises.
- Pourquoi ce passage du Centre d'apprentissage de la langue
chinoise à l'Institut Confucius ? Et qu'est ce qui a
véritablement changé ?
- Qu'est ce qui a motivé le gouvernement chinois
à choisir Confucius pour patronner ce projet ?
- Quels sont les programmes que l'Institut propose aux
étudiants ?
- Quelles catégories d'apprenants trouve t-on à
l'Institut ? Combien sont-ils depuis 2007 à nos jours ?
Combien viennent d'autres pays ? Et y a-t-il un engouement de la part de
ces apprenants pour le chinois ?
- Y a-t-il une certaine motivation pour les apprenants du
chinois ? Quel peut être le montant du budget alloué par le
gouvernement chinois au fonctionnement de l'Institut Confucius ?
- Comment fonctionnent les annexes de l'Institut ?
Combien d'annexes existe-t-il au Cameroun ?
- Quelle autre action culturelle l'Institut mène
t-il ? Combien d'Instituts Confucius le Monde, l'Afrique, l'Afrique
Centrale comptent-ils ? Et que vise le gouvernement chinois à
travers ce projet de prolifération des Instituts Confucius dans le
monde ?
2- L'image qu'on a de l'Institut Confucius de
l'IRIC
- Quelle image avez-vous de l'Institut Confucius ?
- Quelles sont les appréciations des uns et des autres
quant à l'avènement et au fonctionnement l'Institut ?
ANNEXES
ANNEXE 1 : Protocole
d'exécution de l'accord de coopération culturelle,
2008/2010
ANNEXE 2: Confucius
Source : "Lun Yu, les Entretiens de
Confucius" traduits par S. Couvreur
http://www.afpc.asso.fr/wengu/Lunyu/Couvreur/Lunyu_00.htm
ANNEXE 3 : La présence
chinoise en Afrique
Source : François Lafargue,
Diploweb, juillet 2009.
ANNEXE 4 : La progressin du
commerce Chine-Afrique entre 2003 et 2007
Source :
http://www.mofcom.gov.cn
ANNEXE 5 : Implantation
culturelle chinoise en Afrique
ANNEXE 6 : Extrait des
paragraphes culture et éducation du plan d'action de Beijing 2007-
2009
ANNEXE 7: Composition of Cameroon's
top-20 imports (HS4 level) from China 1995-2008
Source: World Trade Atlas, CCS analysis10,
China's imports from Cameroon comprise largely of oil, wood and cotton
products. In 2008, the share of Cameroonian oil in the import profile grew
significantly.
ANNEXE 8: Composition of Cameroon's
top-20 exports (HS4 level) from China 1995-2008
Source: World Trade Atlas data, CCS analysis,
2009.
* 1 Il convient de rappeler
avec l'auteur que les premiers écrits chinois en Afrique remontent au
VIIIe siècle de notre ère et que les flottes chinoises aient fait
le tour des côtes d'Afrique dès le XVe siècle. J. Barrat,
« La Chinafrique » : Un tigre de
papier ? », in Géostratégiques,
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* 2 S. Michel et M.
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* 14 G. Hermet (dir),
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* 15 F. Roche, op.
cit., p.82-83.
* 16 L. Sindjoun
« A la recherche de la puissance culturelle dans les relations
nationales :esai de caractérisation du concept et
d'appréhension du phénomène », Revue
Camerounaise de Politique Internationale, n°001, septembre 2007,
p.20-21.
* 17 Confucius est né
à Zou prés de Qufu dans l'actuelle province de Shandong, il est
généralement appelé Kongzi ou Kong Fuzi par les chinois,
ce qui signifie « Maitre Kong » et qui a été
latinisé en « Confucius » par les Jésuites.
(voir : Y. Huanyin, « Confucius », in
Perspectives : Revue trimestrielle d'éducation
comparée,Paris, Unesco, Vol XXIII, N° 1-2, mars-juin 1993,
p.215-223).
* 18 Présidente des
Instituts Confucius et vice-présidente du Sénat chargée
des questions d'éducation, Publié sur :
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p.2.
* 19 L. Sindjoun, loc.
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* 44 F. Thual, op.
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* 46 M. Gravitz,
op.cit., p.294.
* 47 M. Merle,
Sociologie des relations internationales, Paris, Dalloz, 1974, p.3.
* 48 L'expression
« Relation internationale » désigne à la fois
l'objet d'étude que sont les relations « entre
nations » et la discipline qui étudie ces relations. Dans le
cadre de ce travail, nous utiliserons, conformément à l'usage
« Relation internationales en majuscules lorsqu'il s'agit de la
discipline et « relation internationale » en minuscules
lorsqu'il s'agit de l'objet (voir : Dario Batistella, Théorie
des relations internationales, 3e éd. 2006, p.15.)
* 49 D. Ethier,
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* 50 F. Benjamin,
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* 51 S. Bessière,
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* 52 J. Nye, dans son
ouvrage intitulé le leadership américain. Quand les
règles de jeu changent, Presses Universitaires de Nancy, Nancy,
1992 : estime qu'à l'ère des transformations de la puissance
qui quitte le registre du hard au profit de celui du soft, la domination du
partenariat est devenue un terrain d'affirmation de la puissance.
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* 54 J-P. Beja (dir),
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* 55 S. Bessière,
op.cit., p.12.
* 56
« L'impérialisme(...) qualifie aujourd'hui la
volonté d'une nation, d'un Etat ou d'un groupe de créer une
hégémonie sur d'autres nations, d'autres Etats ou d'autres
groupes (...), il peut être provoqué par le sentiment d'une
supériorité culturelle ou la volonté d'imposer un
modèle idéologique ». S. Cordellier, Le
dictionnaire historique et géopolitique du 20e
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* 60 R. M. Keuko, Guerre
et conflits modernes : Petit lexique pour comprendre les notions,
Paris, L'Harmattan, 2008, p.111.
* 61 L'auteur estime qu'avec
l'effondrement de l'idéologie léniniste et par extension de
l'URSS, c'est en réalité la fin de l'hégémonie
américaine qui s'annonce. Trois grands mouvements traversent le
système-monde et la géoculture découle de ce combat
culturel. I. Wallerstein, Geopolitics and geo-culture: Essays on the
changing world-system, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, in
Etudes Internationales, Vol 23, N°4, 1992, p.887-889.
* 62 S.P. Huntington,
op.cit., p.22-83.
* 63 Y. Huanyin, loc.
cit., p.16.
* 64 Idem.
* 65 S. Bessière,
op. cit., p.72.
* 66 Y. Huanyin, loc.
cit., p.6.
* 67 Idem.
* 68 E. Nguyen, L'Asie
géopolitique: de la colonisation à la conquête du
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* 69 C.Harbulot (dir),
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* 70 Le bouddhisme, venant
de l'Inde, est arrivé en Chine, au IIIe siècle alors que le
confucianisme et le taoïsme étaient déjà bien
ancrés dans la culture et les mentalités. Pratiqué depuis
plus de 2500 ans, la voie préconisée par Bouddha est vaste et
invite l'homme à reconnaitre sa souffrance pour la surmonter et
accéder à la disposition de celle-ci. S. Bessière,
op. cit., p.72.
* 71 Idem. :
Le taoïsme est considéré comme la seule vraie religion
chinoise, le confucianisme étant plutôt une philosophie et le
bouddhisme étant importé de l'inde. Il est fondé par Lao
Tseu, un personnage énigmatique contemporain de Confucius. Lao Tseu
était un mystère qui prônait un monde des hommes en
harmonie avec le Cosmos. Le taoïsme est un mélange du culte
des esprits, de la nature et des ancêtres, une quête mystique des
lois qui gouvernent notre vie, une sorte de quête d'immoralité.
Cette pensée cherche à libérer l'homme du monde dans
lequel il vit afin de le faire accéder à l'harmonie parfaite.
* 72 E. Nguyen, op.
cit., p.19.
* 73 Idem.
* 74 S. Bessière,
op. cit., p.71.
* 75 J. Jolly, Les
chinois à la conquête de l'Afrique, Paris, Pygmalion, 2011,
p.28.
* 76 S. P. Huntington,
op. cit., p.149.
* 77 S. Bessière,
op. cit., p.77.
* 78 Ibid.,
p.169.
* 79 C. Graziella,
Histoire des idées et politiques de populations, Paris, INED, 2006,
p.6. Publié sur :
www.books.google.com,
(consulté le 30/03/2011).
* 80 E. Nyahoho et P-P.
Proulx, Le commerce international: théories, politiques et
perspectives industrielles, Québec, PUQ, 2006, p.571.
* 81 B. Courmont, op.
cit., p.53.
* 82 Y. Huanyin, loc.
cit., p.165.
* 83 J. Jolly, op.
cit., p.20.
* 84 Ibid.,
p.283.
* 85 Y. Huanyin, loc.
cit., p. 184.
* 86 F. Delaune,
Entreprises familiales chinoises en Malaisie, p.84., publié sur
www.books.google.com,
(consulté le 31/05/2011).
* 87 Ibid.,
p.85.
* 88 Cité par J-C
Lambelet, in « Le confucianisme, fondement culturel du repli de la
Chine sur lui-même », HEC Lausanne, 1er mai 2010,
pp. 1-11. Publié sur :
www.hec.unil.ch , (consulté
le 10/10/2009).
* 89 La coopération
« gagnant-gagnant » signifie pour la Chine, « des
prestations de qualité réalisées en Afrique pour des prix
bien inférieurs à ceux que pratiquent les entreprises
occidentales, sans volonté d'ingérence dans les affaires
politiques africaines, en laissant aux Etats leur pleine souveraineté
(voir : Colin Nkoa, « La coopération Chine-Afrique :
un partenariat gagnant-gagnant ? », Enjeux, N°30,
janvier-mars 2007, p.39.)
* 90 idem.,
* 91 C. Debbasch, op.
cit., p.73.
* 92 S. Michel & M.
Beuret, op. cit., p.47.
* 93 La Chine
émergente a bien compris la nécessité de s'intégrer
à ce nouvel espace de puissance que symbolisent les Organisations
internationales (OI). Pourtant, jusqu'en 1990, la Chine jetait un regard assez
suspicieux sur ces institutions multilatérales, accusées de faire
partie du grand complot impérialiste afin d'asseoir
l'hégémonie occidentale. Par conséquent, le
multilatéralisme occupera une place importante dans la stratégie
chinoise d'affirmation de puissance. « In contrast to a decade ago,
the world's most populous country now largely works within the international
system. It has embraced much of the current constellation of international
institutions, rules and norms as a means to promote its national
interests» (voir: E. S. Medeiros & M. Taylor Fravel, «China's new
diplomacy», Foreign Affairs, Vol 82, p.22.). Voila donc comment il
convient de comprendre l'enthousiasme avec lequel la Chine est depuis
jeté dans les bras du multilatéralisme.
* 94. S. Michel & M.
Beuret, op. cit., p.24.
* 95 J. P. Cabestan,
« Chine, des armes pour faire quoi ? »,
Politique Internationale, N°110, Hiver 2005-2006 p.7.
* 96 E. Nguyen, Les
relations Chine-Afrique, Paris, Studyrama, 2009, p.65.
* 97 Ibid.,
p.65.
* 98 R. Cabrillac (dir),
Dictionnaire du vocabulaire juridique, Paris, Editions du
Juris-Classeur, 2002, p.262.
* 99 J-C Lambelet, loc.
cit., p.25.
* 100 P. Ansart, Les
cliniciens des passions politiques, Paris, Le Seuil, 1997, pp.38-39.
* 101 J. Jolly, op.
cit., p.101.
* 102 S. Bessière,
op. cit., p.150.
* 103 Répondant aux
détracteurs du régime politique de son pays et remettant le
débat en perspective, Jin Chunlei, Conseiller de presse prés de
l'Ambassadeur de Chine à Paris, a dit : « Dès
1916, les chinois ont réclamé le droit à la
démocratie et à la science. En 1949, ils ont été
émancipés et libérés. Pendant plus de trente ans,
ils ont pu jouir du droit à la nourriture, à l'habillement, au
logement, à l'éducation et à la politique. Tout cela
constitue un progrès gigantesque dans l'histoire
chinoise ».in Le Monde, 07/07/2010
* 104 M. Meidan,
« China's policy: business now, politics later», Asian
Perspective, Vol 30, N°4, 2006, pp.71-72.
* 105 S. Michel & M.
Beuret, op. cit., p.26.
* 106 A. Cheng,
Entretiens de Confucius, Paris, Le Seuil, 1981, p.21.
* 107 B. Courmont,
Chine, la grande séduction, Paris, Choiseul, 2009, p.64.
* 108 A. Viatcheslav,
Géopolitique continentale. Le monde au XXIe siècle,
Paris, Armand Colin, 2006, pp.337-338.
* 109 B. Ateba, «Le
poids de la Chine comme acteur structurateur de la recomposition de
l'échiquier international», Revue de droit international, de
sciences diplomatiques et politiques, Vol 87/N°2, mai-aout 2009,
p.171.
* 110 B. Courmont, op.
cit., p.47.
* 111 J-C Lambelet,
loc. cit., p.23.
* 112 Ibid.,
p.113.
* 113 Ibid.,
p.30.
* 114 B. Courmont, op.
cit., p. 14.
* 115 Ibid.,
p.115.
* 116 Ibid.,
p.119.
* 117 Ibid., p.
89.
* 118 C. Harbulot (dir),
« Crise du Darfour : indice révélateur de la
politique d'accroissement de puissance de la Chine en Afrique »,
Ecole de Guerre Economique, décembre 2007, pp.12-13.
* 119 E. Nguyen (2009),
op. cit., p.85.
* 120 Ibid.,
p.86.
* 121Ibid.,
p.32.
* 122 Idem.,
* 123 T. Bangui, La
Chine, un nouveau partenaire de développement de l'Afrique : vers
la fin des privilèges européens sur le continent
noir ?, Paris, L'Harmattan, 2009, p.55.
* 124 Z. Laidi (dir),
« Sens et puissance dans le système international »,
L'ordre mondial relâché, Paris, FNSP, 1992.
* 125 G. Dussouy, Les
théories géopolitiques. Traité des Relations
Internationales (I), Paris, L'Harmattan, 2006, p.12.
* 126 S. Bessière,
op. cit., p.72.
* 127 E. Nguyen, op.
cit., p.22.
* 128 Y. Huanyin, loc.
cit., p.2.
* 129 S. Faure, Manager
à l'école de Confucius, Paris, Editions d'organisation,
2003, Publié sur :
www.books.google.com,
(consulté le 30/03/2011).
* 130 S. Faure,
op.cit., p.35.
* 131 Ibid.,
p.36.
* 132 B. Courmont,
op.cit., p.75.
* 133 Y. Huanyin, loc.
cit., p.184.
* 134 Idem.
* 135 C. Graziella, op.
cit., p.6.
* 136 S. Huntington,
op. cit., p.184.
* 137 Idem.
* 138 A. Viatcheslav,
op. cit.,p.28.
* 139 C. Graziella, op.
cit., p.8.
* 140 Interview
réalisée au Journal de 17h, CRTV Radio, le 12/08/2010.
* 141« Beijing
has 1st on-campus Confucius research Center Institute»,
Dépêche de l'Agence Xinhua, 1er décembre 2002.
* 142 « Scholars
discuss confucianism, credibility », Dépêche de
l'Agence Xinhua, 27 septembre 2002.
* 143 CCTV-F,
29/09/2010
* 144 , S. Michel & M.
Beuret, op. cit., p.41.
* 145 L. Sindjoun, loc.
cit., p.28.
* 146 Ibid.,
p.33.
* 147 A. Peyrefitte,
« Quand la Chine s'eveillera », cité par
Stéphane bessière, op. cit., p.69.
* 148 P. Gauchon & J.
M. Huissoud, Les 100 mots de la géopolitique, Paris, PUF, Que
sais-je ?, 2010, p.45.
* 149Directeur du John L.
Thornton China Center à l'Institut Broolings à Washington DC,
Publié sur :
http://french.peopledaily.com.cn/Culture/6962962.html,
(consulté le 15/05/2011).
* 150 B. Courmont, op.
cit., p.9.
* 151 J. Jolly, op.
cit., pp.162-163.
* 152 Idem.
* 153 C.Harbulot,
loc.cit., p.10.
* 154Idem.
* 155 S. Bessière,
op. cit., p.121.
* 156L'orgueil chinois est
une réalité. Il est le moteur principal de l'irrésistible
course de la Chine vers la puissance. J. Mandelbaum & D. Habes,
« La victoire de la Chine », p.93, cité par S.
Bessière, op. cit., p.157.
* 157 S. Bessière,
op. cit., p.170.
* 158 Ibid.,
p.83.
* 159 Idem.
* 160 J. Musitelli,
L'intelligence culturelle, un outil pour maitriser la mondialisation,
Perspectives, Revue trimestrielle d'éducation
comparée, Paris, Unesco, 2008, p.4.
* 161 D. Chesne,
« La puissance chinoise et ses attributs », in
Diplomatie Magazine N°9, juin-juillet 2004, pp.27-31.
* 162 T. Mehdi,
« Géopolitique chinoise », Défense et
sécurité internationale, mai 2005, pp.18-26.
* 163 Voir:
www.lepost.fr/.../2441656_les-instituts-confucius-symboles-du-double-
langage-de-pekin.html, (consulté le 25/03/2011).
* 164 Voir: (C. Rice:
2008:8) cite par A. Nzeugang, in « Les Etats-Unis en Afrique :
dynamiques locales d'une puissance globale », thèse, UYII,
avril 2010, p124.
* 165
J.Nye,op.cit.,p.241.
* 166 T. S. De Swielande,
« La Chine et le « soft power » : une
manière douce de défendre l'intérêt
national ? », UCL, N°2, mars 2009.
* 167 J. Kurlantzick,
« China's charm: implications of Chinese soft power »,
Carnegie Endowment for International Peace, in Policy Brief, 47, June 2007.
* 168 Faire allusion au
rayonnement international d'un Etat, c'est établir son image de marque
hors de son espace territorial. Ainsi, le rayonnement est une influence
heureuse, un éclat excitant l'admiration qui se propage sur une certaine
étendue, étendue qui peut aller jusqu'à d'autres Etats.
(Voir : M. Ndjeng Eyi, culture et diplomatie : la contribution de la
musique à la diplomatie camerounaise, DESS, UYII, IRIC, avril 2006,
p.86.)
* 169 Pour les
réalistes, et plus précisément Hans Morgenthau, toute
action d'un Etat sur la scène internationale cherche à conserver
(politique du statu quo), accroitre (politique impérialiste) ou montrer
sa puissance (politique de prestige).
* 170 Connexions, loc.
cit., p.66.
* 171 Idem.
* 172 Ibid.,
p.64.
* 173 S. Dongmo, Journal
Le Jour du 13/08/2010.
* 174 J. Jolly, op.
cit., p.93.
* 175 Voir:
http://french.peopledaily.com.cn/Culture/6962962.html
, loc. cit., p.41.
* 176 Voir :
http://www.confuciusinstitute.qc.ca/news.php?lang=f.,
(consulté le 4/06/2011).
* 177 L. Sindjoun, loc.
cit., p.26.
* 178 P. Gauchon &
J.-M. Huissoud, op. cit., p.65.
* 179 S. Cordellier (dir),
op. cit., pp.347-348.
* 180 P. Gauchon &
J.-M. Huissoud, op. cit., p.66.
* 181 F. Roche (dir),
op. cit., p.39.
* 182 Ibid.,
p.50.
* 183 Ibid.,
p.9.
* 184 Connexions,
loc. cit., p.66.
* 185 Idem.
* 186Ibid
., p.67.
* 187 Idem.
* 188 Idem.
* 189 G. O. Faure,
« Stratégies chinoises de négociation »,
Annales des mines, 1999, Publié sur :
www.societe-de-strategie.asso.fr/pdf/agir24txt3.pdf, (consulté le
28/03/2011).
* 190Voir :
fllash.univ-larochelle.fr/IMG/.../l_art_de_la_gravuredossie_presentation.pdf,
(consulté le 29/03/2011).
* 191 S. Michel & M.
Beuret, op. cit., p.149.
* 192 C. Harbulot,
loc.cit., p.26.
* 193 S. Huntington,
op. cit., p.111.
* 194 L. Sindjoun, loc.
cit., p.22.
* 195 Voir :
www.ciuy2.org, (consulté le
30/03/2011).
* 196Nous tenons ces propos
d'un entretien que nous avons eu avec l'intéressé.
* 197 L Sindjoun, loc.
cit., p.23.
* 198 Entretien
réalisé le 21 février 2011 à l'Institut
Confucius.
* 199 G. Gweth,
« Que cherchent les chinois au Cameroun ? »,
publié sur :
http://cameroun.en24heures.com/intelligence-economique-et-strategique-ce-que-la-chine-cherche-au-cameroun-partie-v,
(consulté le 04/06/2011).
* 200 E. Elouga,
Cameroon Tribune, le 12/01/2011.
* 201 G. Gweth, loc.
cit., p.42.
* 202 M. Houmfa,
« Ruée sur l'apprentissage du chinois », IPS,
2010.
* 203 Discours au Cap, le
22/06/2006.
* 204S. Bo, Trente-six
stratagèmes chinois : comment vivre invincible, paris, Ed.
Quimétao, 1999, p.37.
* 205 V. Niquet,
« La stratégie africaine de la Chine », Politique
étrangère N°2, 2006.
* 206 C. Ateba Eyene,
La pénétration de la Chine en Afrique...,
Yaoundé, Ed. Saint-Paul, 2010, p.115.
* 207 Ibid.,
p.117.
* 208 M. Houmfa, loc.
cit., p.43.
* 209 Mouéllé
Kombi, dans une interview accordée au Quotidien le Jour du
27/04/2011, à l'occasion de la célébration des
quarantenaires de l'IRIC.
* 210Landoulsi Abderrazak,
ancien de l'IRIC et Chef de Mission Diplomatique de Tunisie au Cameroun dans
une interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011,
à l'occasion de la célébration des quarantenaires de
l'IRIC
* 211 Yossem-Kontou
Noudjiamlao, ancien de l'IRIC et Ambassadeur du Tchad au Cameroun, dans une
interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à
l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.
* 212 Intervenant au
Colloque sur les « quarantenaires de l'IRIC », atelier sur
le thème : « la contribution de l'IRIC au rayonnement de
la diplomatie camerounaise ».
* 213 Interview
accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à
l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.
* 214 Voir :
www.iricuy2.net , (consulté
le 30/03/201).
* 215 V. Niquet, loc.
cit., p.44.
* 216 L. Murawiec,
L'esprit des nations : cultures et géopolitique, Paris,
Odile Jacob, 2002, p.103.
* 217 Consultant à
Intelligence Economique et Stratégique.
* 218 Le Jour, loc.
cit., p.38.
* 219 J. Jansson,
« Patterns of Chinese investissment, aid and trade in Central Africa
(Cameroon, the Democratic Republic of Congo (DRC) and Gabon) »,
Center for Chinese Studies, August 2009, p.4.
* 220 J-F. Dortier,
Dictionnaire des Sciences humaines, Paris, Editions Sciences humaines,
2004, p.398.
* 221 L. Sindjoun, loc.
cit., p.26.
* 222L. M. Onguene Essono,
« Le français en Afrique : moteur pour une
éclosion scientifique ou soupape de blocage à la recherche
scientifique ? », in
www2.univ-paris8.fr/colloque-mai/.../Essono_Franco_en_Afrik.pdf,
(consulté le 08/04/2011).
* 223 A. Grazeau-Secret,
Pour un « soft power » à la française :
du rayonnement culturel à la diplomatie d'influence », mars
2010, p.9.
* 224 Le Jour,
loc. cit., p.38.
* 225 L. Sindjoun, loc.
cit., p.26
* 226 M. Houmfa, loc.
cit., p.44.
* 227 S. Dongmo, Journal
Le Jour du 19/08/2010.
* 228 Nous tenons cette
déclaration de l'entretien du 21/02/2011.
* 229 E. Elouga,
Cameroon Tribune, loc.cit., p.53.
* 230 Le Jour,
loc. cit., p.51.
* 231 E. Kant,
Réflexions sur l'éducation, pp.73-74., cité par
J. C. Filloux in « Emile Durkheim », Perspectives,
Vol XXIII, N°1-2, 1993, pp.305-322.
* 232 E. Durkheim,
Education et sociologie, p.51. cité par J. C. Filloux,
loc.cit.,
* 233 Cette relation est
asymétrique dans la mesure où l'influent et l'influencé
n'ont pas le même statut, les mêmes objectifs et souvent pas la
même conscience du phénomène. Voire :
http:// www.huyghe.fr/dyndoc-actu,
(consulté le 29/03/2011).
* 234 F. Géré
(dir), Puissances et influences, Annuaire géopolitique et
géostratégique, Paris, Descartes&Cie, pp.196-197.
* 235 C. Harbulot,
loc.cit., p.6.
* 236 J. Jansson, loc.
cit., p.47.
* 237Voir :
http://countrystudies.us/china/130.htm,
(consulté le 04/06/2011).
* 238 Le Jour,
loc. cit., p.51.
* 239 Ibid.,p.
62.
* 240 E. Matateyou,
Parlons bamoun, Paris, L'Harmattan, 2002, p.38-39.
* 241 Voir : Livre de
chinois : Faire vivre l'expérience du chinois- vivre en Chine,
Higher Education Press, Hanban, China, 2006-2007.
* 242 Voir : Document
de travail : « la présence chinoise en Afrique de
l'Ouest : le cas du Mali et du Benin », AFD, août 2008.
* 243 Cameroon tribune,
loc. cit., p.50.
* 244 Voir : document
de travail AFD, loc. cit., p.55.
* 245 J. Nye, R. Keohane,
Power and interdependance, 3 éd. , New York: Longnan, 2001,
p.220.
* 246 J. Nye,
« Soft power », Foreign policy, Automne,
N°80, 1990, pp.166-167.
* 247 Connexions, loc.
cit., p.58.
* 248 J. Kurlantzick,
loc. cit., p.
* 249 B. Courmont, op.
cit., p.70.
* 250 R. David, Faut-il
attendre le messie ? Etude sur le messianisme, 1998, p.194.
Publié sur :
www.books.google.com,
(consulté le 30/03/2011).
* 251 Ce qui est sous
l'influence ou la domination du centre, ou en retard sur celui-ci.
* 252 C. Harbulot,
loc.cit., p.8.
* 253 Cité par S.
Huntington, op. cit., p.258.
* 254 Lieu principal
d'activité, d'initiative ou de pouvoir.
* 255 Cité par C.
Ateba Eyene, op. cit., p.26.
* 256 Ce dernier se donne
en effet pour vocation d'expliquer les relations internationales en termes de
stratégie d'influence et de domination des Etats riches sur les Etats
pauvres et facilement malléables.
* 257 P.Gauchon & J-M.
Huissoud, op. cit., p.34.
* 258 Cité par T.
Mehdi, op. cit., p.36.
* 259 P. Bourdieu,
Langage et pouvoir symbolique, Paris, Fayard, 2001, pp.59-60,
cité par L-M. Onguene Essono, loc. cit., p.50.
* 260 M.
Gendreau-Massaloux, « Les langues ni anges, ni
démons », in Francophonie et Mondialisation, Hermès,
40, CNRS Editions, pp.275-279. Cité par L-M. Onguene Essono, loc.
cit.
* 261 L-M. Onguene Essono,
loc. cit.
* 262 J. Tabi Manga,
Les politiques linguistiques du Cameroun, Paris, Karthala, 2000,
p.69.
* 263 Xiaofeng Zhang,
professeur à l'Institut des Etudes Africaines de l'Université
Normale de Zhejiang : propos tenus lors d'une conférence
donnée à l'IRIC en 2OO9, sur le thème :
coopération sino-africaine dans le domaine de l'éducation.
* 264 C. Harbulot,
loc.cit., p.5.
* 265 L. Sindjoun, loc.
cit., p.27.
* 266 C. Vorapheth,
Forces et fragilités de la Chine : Les incertitudes du grand
Dragon, Paris, L'Harmattan, p.299, Publié sur :
www.books.google.com,
(consulté le 20/03/2011).
* 267 L. M. Onguene Essono,
loc. cit., p.7.
* 268 M. A. De Saint Paul,
« La Chine et l'Afrique, entre engagement et
intérêt », Géopolitique Africaine,
N°14, 2004.
* 269 S. Dongmo, Le
Jour, 13/08/2010
* 270 S. Huntington,
op. cit., p.65.
* 271 Voir : Document
de travail AFD, loc. cit., p.55.
* 272 J. Jolly, op.
cit., p.94.
* 273 L. M. Onguene Essono,
loc. cit.
* 274 J. Jolly, op.
cit., p.184.
* 275 J. Deschamps,
« La Chine au Cameroun. Cette amie qui vous veut du
bien », 07/05/2010, Publié sur :
www.stages.alternative.ca/archives/1192,
(consulté le 10/04/2011).
* 276 Cité par E. E.
Boesch, L'action symbolique : fondements de psychologie
culturelle, Paris, L'Harmattan, 1995, p.401. Publié sur :
www.books.google.com,
(consulté le 20/03/2011).
* 277 Voir :
http://french.peopledaily.com.cn/Culture/6962962.html
, loc.cit., p.41.
* 278 Idem.
* 279Voir :
http://www.camnet.cm/index.php?mact=News,cntnt01,print,0&cntnt01articleid=3133&cntnt01showtemplate=false&cntnt01returnid=15,
(consulté le 21/03/2011).
* 280 Idem.,
* 281 B. Courmont, op.
cit., p.29.
* 282 Cameroon
Tribune, loc. cit., p.43.
* 283 C. Vorapheth, op.
cit., p.71.
* 284 Voir :
http://www.ci.usj.edu.lb/files/cult-art.,
(consulté le 11/04/2011).
* 285 Idem.
* 286 Cameroon
Tribune, loc. cit., p.70.
* 287 Journal CRTV
radio loc. cit., p.29.
* 288 G. Gweth, loc.
cit., p.43.
* 289 Voir :
www.minesup.gov.cm,
(consulté le 23/03/2011).
* 290 Voir :
www.ciuy2.org, (consulté le
11/04/2011).
* 291Idem.
* 292 Idem.
* 293 Cameroon
Tribune, loc. cit., p.70.
* 294 Cite par Guy Gweth,
loc. cit., p.43.
* 295 Connexions,
loc. cit., p.56.
* 296 M. Hearn,
« La perception »,in Revue Française de science
politique, 36e année, 1986, p.323.
* 297 Cité par M.
Hearn, loc. cit., p.76.
* 298 Voir :
http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain,
(consulté le 07/05/2011).
* 299 Cameroon
Tribune, du 10/01/2011.
* 300 Ibid.,
N°9566, du 25/03/2010.
* 301 Propos tenus dans un
entretien avec l'intéressé.
* 302
http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain,
loc.cit., p.75.
* 303 Cameroon
tribune, N°9566, du 25/03/2010.
* 304 Idem.
* 305 Idem.,
N°9564, du 23/03/2010.
* 306 Connexions,
loc. cit., p.56.
* 307 Terme forgé
par Bismarck pour définir une politique étrangère
pragmatique, par opposition à une politique idéaliste.
* 308 J. Jolly, op.
cit., p.78.
* 309 T.S.De
Swielande, « Offensive chinoise en
Afrique », UCL, avril 2009.
* 310 F. Charillon (dir),
op. cit., p.73.
* 311 F. Roche, op.
cit., p.39.
* 312 J. Nye Bound to
lead: the changing nature of American power, New York, B. Books, 1990,
p.38.
* 313 Cité par L.
Sindjoun, op. cit., p.20.
* 314 Une puissance
émergente est une puissance en devenir. Les deux traits qui la
caractérisent le mieux sont sa relativité et son
instabilité. Elle est généralement d'abord une puissance
régionale, amenée peu à peu vers un statut de puissance
globale, et donc d'hégémon. T. S de Swielande, loc.
cit.
* 315 Idem.
* 316
http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain,
loc.cit., p.75.
* 317 Connexions,
loc. cit., p.66.
* 318 M. Houmfa, loc.
cit., p.43.
* 319 Courrier
International, N°1014, 08/04/2010.
* 320 A. Plantey, De la
politique entre les nations: principes de diplomatie, Paris, Pedone, 2
éd., 1991, p.145.
* 321 J.C. Edjangue,
op. cit., p.103.
* 322 J. Jolly, op.
cit., p.113.
* ,323 R. Rose, «Power
and international relations: the rise of China and its effects»,
International Studies Perspective, 2006, p.31.
* 324Cité par R.
Rose, loc. cit.
* 325 A. Fall, Docteur en
science politique et enseignant à l'IEP de Toulouse, in « Les
dessous de l'activisme de la Chine en Afrique, 06/01/2006, Publié
sur :
http://www.continentpremier.com/?magazine=25&article=930,
(consulté le 12/04/2011).
* 326 Jeune
Afrique, N°2674, du 09 au 15 mai 2010
* 327 J. Mearsheimer, The
strategy of great power, New York. W.W. Northon, 2001, p.45., cite par R. Rose,
loc. cit.
* 328 Voir :
« China : relations with the Third World »,
publié sur:
http://countrystudies.us/china/130.htm,
(consulté le 02/03/2009)
* 329 V. Paone,
« L'influence de la Chine en Afrique. Une alternative au
post-colonialisme ? », publié sur :
www.afri-ct.org/IMG/pdf/20_Paone.pdf,
(consulté le 24/04/2011).
* 330P. Mithra Tang
Likund, Cameroun, vingt-cinq ans d'échec : les
promesses manquées, Paris, L'Harmattan, 2008, pp.34-35.
* 331 J. Jolly, op.
cit., p.118.
* 332 Ibid.,
p.123.
* 333 C. Aden, China in
Africa, Zed Books, London, 2010, p.120.
* 334 Ibid.,
p.127.
* 335 S. Huntington, op
cit, p.24.
* 336 Connexions,
loc.cit., p.56.
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