II.2- Critique de
l'ingénierie du ciblage en regard du terrain
II.2.1- De la gestion participative lors du ciblage des
bénéficiaires des projets?
L'ingénierie du ciblage des bénéficiaires
des projets n'était pas aussi participative que CARE le laisse croire.
En effet, à l'analyse des interventions avec les
bénéficiaires lors des visites de terrain et des échanges
avec l'équipe projet CARE, nous nous sommes rendu compte que dans
l'exécution des programmes, cette procédure n'était pas
toujours respectée.
En effet, au niveau du ciblage géographique le
caractère participatif et communautaire était de loin
privilégié. En effet, après la collecte des informations
sur les différentes localités de sa zone d'intervention par le
staff projet (analyse situationnelle), les données les plus
significatives étaient celles qui orientaient le choix des
localités bénéficiaires. La participation de la
communauté ne se limitait dans ce contexte qu'à la fourniture des
informations recherchées par CARE pour confirmer ou infirmer un certain
nombre d'hypothèses lui permettant de rédiger le projet.
Même si les populations développaient, dans certains villages, la
logique de victimisation, celle -ci n'influençait pas forcément
le choix du site d'intervention de CARE. De tous les projets dont nous avons
parlé jusqu'à présent, il faut mettre en exergue qu'aucune
communauté n'a participé au choix définitif de sa
localité comme site d'intervention. D'ailleurs certains sites selon les
résultats de l'étude ont été proposés
à CARE par OCHA l'agence de coordination de d'action humanitaire. En
tout état de cause, nous avons pu constater que certaines
localités avaient reçu à plusieurs reprises des projets
souvent de même nature. La raison de cette option selon CARE, c'est
qu'elle obéit à deux principes. Le premier étant de
satisfaire le plus de personnes compte tenu des besoins non satisfaits par le
précédent programme ; le second répondant à
une logique de consolidation ou de renforcement des acquis du premier projet.
Les ONG qui appuyaient CARE dans la mise en oeuvre du projet
PARCI ne collaboraient pas suffisamment entre elles, moins encore avec la
population dans l'application des politiques de ciblage des
bénéficiaires des projets, alors que les actions qu'elles
entreprenaient étaient complémentaires. En fait, sur le
même site, ICC réalisait des microprojets dont une partie des
intrants provenait de la population. Quant aux ONG CARITAS et CONGEDA, elles
étaient chargées de faire le suivi du processus de
réconciliation. Or ces Organismes n'ont pas été
associés au choix des localités d'interventions du projet.
Au niveau du ciblage des bénéficiaires directs,
le terrain nous révèle aussi que certains membres des
communautés bénéficiaires des interventions étaient
insatisfaits de la méthodologie de ciblage utilisée. Ils
estimaient qu'ils n'avaient pas été assez associés aux
procédures d'identification et de choix des bénéficiaires
des projets de réhabilitation d'habitats privés, de distribution
de kits ou des projets AGR communautaires.
À ce niveau de la réflexion, il convient de
mentionner que la méthodologie générale de gestion de CARE
a progressivement évoluée au fil de la capitalisation des
expériences sur le terrain de l'humanitaire dans cette partie du
pays.
En 2004, dès le début du projet PARCI, CARE
s'est retrouvée dans un milieu où elle n'avait aucune
connaissance. Ainsi pour mener ses interventions, elle a eu recours à
des opérateurs privés (ICC, CARITAS et CONGEDA) pour conduire les
travaux dans les communautés. Ces opérateurs ont
été choisis à cause de leur connaissance du terrain
d'intervention. Pendant l'exécution des microprojets qu'ils
géraient, les bénéficiaires de ces interventions n'ont pas
été associés au ciblage. Cette situation constitue selon
les communautés une des sources de l'échec desdits projets.
Quant au ciblage dans les autres projets, il a consisté
à responsabiliser une frange de la communauté à travers
les comités de reconstruction. Ceux-ci se chargeaient d'identifier et
d'établir la liste des bénéficiaires des projets. C'est
d'ailleurs à ce niveau que se posaient les contestations de tout genre.
Pour les communautés, la participation signifiait la possibilité
d'être informé sur tous les contours de la sélection. Or il
n'en était rien car les critères publiquement
évoqués par CARE n'étaient pas toujours ceux
utilisés par le comité local. Il s'en suivait des rumeurs de
détournement ou de favoritisme dudit comité dans le choix des
bénéficiaires directs des projets surtout de
réhabilitation de maisons privés ou de distribution de kits. En
fait, le critère de volontariat et d'assiduité dans
l'exécution des travaux de réhabilitation de type communautaire
(Centre de santé ou case de santé, école, marché,
puits améliorés...) était particulièrement mis en
avant par le comité dans le choix des bénéficiaires de
projets à caractère privé. Ce nouveau critère
n'était connu que des membres du comité de reconstruction. Cette
situation ruine la crédibilité de CARE dans les localités
concernées.
Les MARP organisées par l'ONG pour recueillir des
données dont les indicateurs les plus pertinents président au
choix des bénéficiaires étaient communautaires et
participatives, cependant, cette participation communautaire était
taxée de simulacre dans certaines localités comme Irozon et Toa
Zéo selon des enquêtés.
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