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Les contradictions des politiques de ciblage dans les projets de lutte contre la pauvreté dans l'ouest montagneux ivoirien

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par Alexis KOFFI
Université de Bouaké - DEA 2009
  

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II.2- Critique de l'ingénierie du ciblage en regard du terrain

II.2.1- De la gestion participative lors du ciblage des bénéficiaires des projets?

L'ingénierie du ciblage des bénéficiaires des projets n'était pas aussi participative que CARE le laisse croire. En effet, à l'analyse des interventions avec les bénéficiaires lors des visites de terrain et des échanges avec l'équipe projet CARE, nous nous sommes rendu compte que dans l'exécution des programmes, cette procédure n'était pas toujours respectée.

En effet, au niveau du ciblage géographique le caractère participatif et communautaire était de loin privilégié. En effet, après la collecte des informations sur les différentes localités de sa zone d'intervention par le staff projet (analyse situationnelle), les données les plus significatives étaient celles qui orientaient le choix des localités bénéficiaires. La participation de la communauté ne se limitait dans ce contexte qu'à la fourniture des informations recherchées par CARE pour confirmer ou infirmer un certain nombre d'hypothèses lui permettant de rédiger le projet. Même si les populations développaient, dans certains villages, la logique de victimisation, celle -ci n'influençait pas forcément le choix du site d'intervention de CARE. De tous les projets dont nous avons parlé jusqu'à présent, il faut mettre en exergue qu'aucune communauté n'a participé au choix définitif de sa localité comme site d'intervention. D'ailleurs certains sites selon les résultats de l'étude ont été proposés à CARE par OCHA l'agence de coordination de d'action humanitaire. En tout état de cause, nous avons pu constater que certaines localités avaient reçu à plusieurs reprises des projets souvent de même nature. La raison de cette option selon CARE, c'est qu'elle obéit à deux principes. Le premier étant de satisfaire le plus de personnes compte tenu des besoins non satisfaits par le précédent programme ; le second répondant à une logique de consolidation ou de renforcement des acquis du premier projet.

Les ONG qui appuyaient CARE dans la mise en oeuvre du projet PARCI ne collaboraient pas suffisamment entre elles, moins encore avec la population dans l'application des politiques de ciblage des bénéficiaires des projets, alors que les actions qu'elles entreprenaient étaient complémentaires. En fait, sur le même site, ICC réalisait des microprojets dont une partie des intrants provenait de la population. Quant aux ONG CARITAS et CONGEDA, elles étaient chargées de faire le suivi du processus de réconciliation. Or ces Organismes n'ont pas été associés au choix des localités d'interventions du projet.

Au niveau du ciblage des bénéficiaires directs, le terrain nous révèle aussi que certains membres des communautés bénéficiaires des interventions étaient insatisfaits de la méthodologie de ciblage utilisée. Ils estimaient qu'ils n'avaient pas été assez associés aux procédures d'identification et de choix des bénéficiaires des projets de réhabilitation d'habitats privés, de distribution de kits ou des projets AGR communautaires.

À ce niveau de la réflexion, il convient de mentionner que la méthodologie générale de gestion de CARE a progressivement évoluée au fil de la capitalisation des expériences sur le terrain de l'humanitaire dans cette partie du pays.

En 2004, dès le début du projet PARCI, CARE s'est retrouvée dans un milieu où elle n'avait aucune connaissance. Ainsi pour mener ses interventions, elle a eu recours à des opérateurs privés (ICC, CARITAS et CONGEDA) pour conduire les travaux dans les communautés. Ces opérateurs ont été choisis à cause de leur connaissance du terrain d'intervention. Pendant l'exécution des microprojets qu'ils géraient, les bénéficiaires de ces interventions n'ont pas été associés au ciblage. Cette situation constitue selon les communautés une des sources de l'échec desdits projets.

Quant au ciblage dans les autres projets, il a consisté à responsabiliser une frange de la communauté à travers les comités de reconstruction. Ceux-ci se chargeaient d'identifier et d'établir la liste des bénéficiaires des projets. C'est d'ailleurs à ce niveau que se posaient les contestations de tout genre. Pour les communautés, la participation signifiait la possibilité d'être informé sur tous les contours de la sélection. Or il n'en était rien car les critères publiquement évoqués par CARE n'étaient pas toujours ceux utilisés par le comité local. Il s'en suivait des rumeurs de détournement ou de favoritisme dudit comité dans le choix des bénéficiaires directs des projets surtout de réhabilitation de maisons privés ou de distribution de kits. En fait, le critère de volontariat et d'assiduité dans l'exécution des travaux de réhabilitation de type communautaire (Centre de santé ou case de santé, école, marché, puits améliorés...) était particulièrement mis en avant par le comité dans le choix des bénéficiaires de projets à caractère privé. Ce nouveau critère n'était connu que des membres du comité de reconstruction. Cette situation ruine la crédibilité de CARE dans les localités concernées.

Les MARP organisées par l'ONG pour recueillir des données dont les indicateurs les plus pertinents président au choix des bénéficiaires étaient communautaires et participatives, cependant, cette participation communautaire était taxée de simulacre dans certaines localités comme Irozon et Toa Zéo selon des enquêtés.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius