3. La dette seychelloise
Enfin, nous pouvons constater qu'il existe dans la presse
seychelloise des éléments liant la dette seychelloise et les
relations franco-seychelloises.
Comme nous l'avons vu à plusieurs reprises, la question
de la dette immense des Seychelles a été abordée et le
président français ne l'a pas mis en garde sur l'endettement de
l'archipel544. Pendant sa visite à Paris en mai 1991,
RENÉ a demandé à MITTERRAND de rééchelonner
la dette des Seychelles. Le chef de l'Etat français n'a pris aucun
engagement545 pour le contraindre à la
démocratisation. Au cours d'une nouvelle visite en septembre 1992,
RENÉ a de nouveau demandé la réduction de la dette
seychelloise car il a entrepris la démocratisation de son pays. Le
président MITTERRAND lui aurait rappelé le refus de la France de
traiter les Seychelles comme un PMA alors que le revenu par habitant est
très élevé546.
En visite à Paris la semaine du 21 novembre 1996,
Danielle de SAINT-JORRE a discuté de la réduction de la dette -
environ 27,5 millions d'euros envers la CFD dont des arriérés de
paiement de moins de 5 millions d'euros - avec Jacques GODFRAIN. CHIRAC y
serait favorable mais il y a des problèmes de mécanismes,
d'où la recherche d'une solution. Celle retenue, à savoir la
dévaluation de la roupie seychelloise et la prise en charge de la dette
par le FMI, n'est pas appréciée par
RENÉ547. Cela a empoisonné les relations des
deux pays.
Entre le 19 et le 20 février 2001, JOSSELIN et
RENÉ ont discuté de la dette. On annonce la venue à
Victoria d'une délégation de l'AFD pour trouver une solution au
problème548. Entre le 2 et le 4 octobre 2002,
Jérémie BONNELAME et Pierre-André WILTZER ont
discuté sur l'état des discussions entre Victoria et le FMI.
À cette époque, les Seychelles devaient toujours 23 millions
d'euros à l'AFD549. Enfin, on peut voir qu'au moment
où le président RENÉ se prépare à abandonner
volontairement le pouvoir, le problème de la dette seychelloise n'est
toujours pas réglé. RAFFARIN a donc souhaité qu'une
solution au problème de la dette soit
trouvée550.
544 AMALRIC Jacques, « M. Mitterrand réaffirme que
Paris reste à l'écoute du tiers-monde », Le Monde,
13 juin 1990.
545 « Apparition d'un parti clandestin », La Lettre
de l'Océan Indien, 25 mai 1991.
546 « Le président René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.
547 « Le français, la TV, la dette », La
Lettre de l'Océan Indien, 21 novembre 1996.
548 Op. Cit. « Josselin fait la leçon
à René », La Lettre de l'Océan Indien, 24
février 2001.
549 « Jérémie Bonnelame à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 12 octobre 2002.
550 Op. Cit. « Jean-Pierre Raffarin répond
à Graham Watson », La Lettre de l'Océan Indien, 17
janvier 2004.
B) L'agro-alimentaire
En 1992, Jean-Pierre LANGELLIER a noté comme produits
de l'agriculture traditionnelle la noix de coco, la cannelle et la
vanille551. La cannelle représentait l'une des
principales ressources économiques des Seychelles jusqu'à la fin
des années 60552. L'agroalimentaire est l'un des axes
économiques privilégiés par le gouvernement de RENE, en
particulier l'aquaculture553. Cela peut être
justifié par Le Figaro, deux mois après l'arrivée
au pouvoir de RENE, présentant les productions maraichères et
fruitières comme faisant partie des projets de diversification
économique financés par la France554. Un an plus
tard, lors de la visite en France de RENÉ, Le Figaro
présente, parmi les différents axes de relations
économiques bilatérales, la création et l'accroissement de
la production maraichère et fruitière555.
À l'exception des deux articles du Figaro,
nous remarquons que seuls des articles de la LOI datant des
années 80 nous sont connus. Aucun article dans les années 90 et
2000, même dans l'hebdomadaire le mieux spécialisé sur
l'archipel. La raison peut être la suivante: les projets de
coopération bilatérale dans l'agroalimentaire de cette
période sont les plus importants. Les projets des deux autres
décennies sont donc ignorés par la presse française. Reste
à voir quels sont ces projets et comment s'est déroulée
cette coopération à cette époque.
Dans le cadre du renforcement de la coopération
bilatérale, un accord prévoyant l'implantation d'une unité
de distillation d'essence de feuille de cannelle et de fertilisant
financée à plus de 120 000 euros, et un autre sur le renforcement
de l'exploitation et la gestion d'une ferme pilote maraîchère et
fruitière avec en plus la construction d'un centre de formation pour
jeunes horticulteurs ont été signés à Victoria le
23 février 1982556. Deux mois plus tard, les directeurs
généraux de la SEYCOM et de la Wel Supplies, DESBOUSSES
et BRADBORN, sont venus en France pour voir plusieurs secteurs, dont
l'agro-alimentaire557. Parmi les projets de
développement de l'île Silhouette financés par la CCCE, il
y a la relance de la culture traditionnelle de coprah et de cultures
vivrières558. Le mois suivant, la CCF cofinance, avec
entre autre la Banque mondiale, la mise en valeur des terres et la
diversification économique aux Seychelles, surtout dans le domaine
agricole, pour les trois ans à venir559. On peut voir
que le gouvernement seychellois tente de relancer le commerce de la cannelle en
créant, avec l'aide de la France, des distilleries560.
Le 8 mars 1986, un projet gouvernemental d'établissement des «
potentialités des sols des principales îles de l'archipel »
confié au Bureau pour le développement des productions agricoles
(BDPA) et financé par la
France est évoqué par la
LOI561. En ouvrant le secteur agro-industriel aux
investisseurs réunionnais, les Seychelles ont développé
des projets de création de confiseries, de crèmes glacées
et de biscuiteries, sans oublier l'achat de fruits et de
légumes562. Enfin, le dernier article que nous
possédons dans le domaine agricole date du 30 juillet 1988. Dans cet
article Comme nous l'avons vu précédemment, il y avait un projet
de manifestation agricole commune entre les Seychelles et les Antilles
françaises563. Enfin, la CCCE accorde un prêt
à la National Development Bank pour financer des petits projets
d'agriculture564.
551 LANGELLIER Jean-Pierre, « Vent de démocratie
aux Seychelles. Après quatorze années de socialisme autoritaire,
cet archipel de l'océan Indien se convertit au multipartisme et
libéralise son économie », Le Monde, 7 janvier
1992.
552 « Distillerie de cannelle », La Lettre de
l'Océan Indien, 14 janvier 1984.
553 CAMPREDON Jean-Pierre et SCHWEITZER Jean-Jacques, France,
Océan Indien, Mer Rouge, Paris, CHEAM, 1986.
554 Op. cit. KALFLECHE Jean-Marc, « L'ère
des puritains », Le Figaro, 8 août 1977.
555 ANONYME, « Les Seychelles: clés de l'océan
Indien », Le Figaro, 12 septembre 1978.
556 « Coopération renforcée avec Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 27 février 1982.
557 « Visite en France de deux personnalités des
Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 24 avril
1982.
558 Op. Cit. « Seychelles », La Lettre de
l'Océan Indien, 28 mai 1983.
559 Op. Cit. « Seychelles », La Lettre de
l'Océan Indien, 25 juin 1983.
560 Op. Cit. « Distillerie de cannelle »,
La Lettre de l'Océan Indien, 14 janvier 1984.
561 « Pédologie », La Lettre de
l'Océan Indien, 8 mars 1986.
562 « Amorce de coopération », La Lettre de
l'Océan Indien, 27 juin 1987.
563 « France-Albert René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988.
564 « Prêt de la CCCE à la
National Development Bank », La Lettre de l'Océan
Indien, 4 mai 1991.
C) Les transports
Nous avons vu que les Seychelles sont extrêmement
dépendantes du transport. La mise en service de l'aéroport
international de Mahé en juillet 1971 a permis de sortir l'archipel de
son isolement géographique, ce qui a permis son ouverture au
tourisme565. Il est donc normal d'intégrer les
transports dans notre étude sur la coopération bilatérale
dans le domaine économique. Pourtant, il n'y a que très peu
d'articles sur ce domaine. Ce sont les transports aériens qui sont les
plus évoqués et, le plus souvent, en liaison avec le tourisme.
565 DECRAENE Philippe, « Les Seychelles et la protection du
patrimoine », Le Monde, 4 mars 1978.
566 C. J.-P., « Seychelles fidèles. Les Robinsons
peuvent être exigeants », Le Monde, 29 juin 1985.
567 KALFLECHE Jean-Marc, « L'ère des puritains
», Le Figaro, 8 août 1977.
568 « Nouvelles liaisons aériennes », La
Lettre de l'Océan Indien, 8 septembre 1984.
569 « Accord avec Air-France et la chaîne
Méridien », La Lettre de l'Océan Indien, 12 octobre
1985.
570 « Coopération pour le tourisme », La
Lettre de l'Océan Indien, 23 juillet 1988.
571 « Prêt français pour l'espace aérien
seychellois », La Lettre de l'Océan Indien, 14 juillet
1990.
572 Op. cit. « La coopération
française en 1989 », La Lettre de l'Océan Indien,
22 septembre 1989.
573 « Suppression vol Air-France », La Lettre de
l'Océan Indien, 10 décembre 1994.
D'après Le Monde en 1985, Air-France a
été la seule compagnie aérienne à avoir
assuré la liaison entre les Seychelles et le monde
extérieur566. Parmi les projets de diversification
économique du nouveau régime financés par la France, il y
avait l'aménagement des îles
éloignées567. Parmi les accords conclus
début septembre entre les Seychelles et des compagnies aériennes
pour attirer au moins 75 000 visiteurs pour 1985, il y a celui avec Air-France
prévoyant d'introduire un nouveau Jumbo entre Marseille et les
Seychelles568. La semaine du 12 octobre 1985, un accord entre
Air-France et Air-Seychelles a été signé : Air-France
s'est engagé à assurer de nouvelles liaisons aériennes et
à louer à Air-Seychelles un Airbus A-300 pendant cinq
ans569. En juillet 1988, Air-Seychelles prépare
l'inauguration d'une liaison aérienne avec la France et que le
gouvernement seychellois projetait de réduire le billet d'avion
Réunion-Seychelles afin d'attirer les
Réunionnais570. Le 12 juin 1990, les Seychelles et ses
voisins, dont la France par le biais de la Réunion, ont signé un
accord portant sur la création d'une Flight Information Region
(FIR). La CCCE apporte une aide financière à son
développement. Le 4 juillet 1990, la CCCE accorde un prêt de plus
de 5 millions d'euros aux autorités aériennes seychelloises afin
d'améliorer le contrôle de leur espace aérien et leurs
communications571. D'après le ministre de la
Coopération PELLETIER, le transport aérien est l'un des secteurs
privilégiés de la CCCE572.
Ensuite, entre 1994 et 1999, nous avons quelques articles
traitant de la suppression des vols Air-France aux Seychelles. Le 10
décembre 1994, la LOI annonce que la compagnie aérienne
française envisage d'étudier la suppression pour 1995 du vol
entre la Réunion et les Seychelles à cause du fait que Maurice
soit la destination finale et la diminution du nombre de touristes
réunionnais aux Seychelles573. Nous constatons que
cette suppression a été retenue par Air-France puisque la
compagnie aérienne française se retire officiellement de cette
liaison le 12 juin 1997. En revanche, les vols Paris-Seychelles
doublent574. Quelques mois plus tard, on apprend que la ligne
Maurice-Seychelles est désormais assurée par Air-Seychelles et
Air-Mauritius575. Le remplacement d'Air-France sur la ligne
Maurice-Seychelles par Air-Mauritius est rappelé par la LOI le
29 mai 1999 au moment où la compagnie mauricienne supprimait des vols
avec les Seychelles576.
574 « En fait, Air France se retire », La Lettre de
l'Océan Indien, 21 juin 1997.
575 « Réorganisation des liaisons aériennes
», La Lettre de l'Océan Indien, 8 novembre 1997.
576 « Réduction des vols pour les Seychelles »,
La Lettre de l'Océan Indien, 29 mai 1999.
Ensuite nous avons les véhicules. À la fin
d'octobre 1982, un représentant du Comité pour la Promotion de
l'Industrie et de l'Agro-alimentaire (CEPIA) a pris contact avec les
autorités seychelloises. En même temps, un projet
seychello-réunionnais prévoyait pour les mois à venir la
commande de 85 cars réunionnais pour les Seychelles estimés
à moins de 4 millions d'euros. La commande devait inaugurer
l'implantation à Mahé d'une usine Renault Vehicules
Industriels en collaboration avec la société
Thomas577. Nous pouvons ajouter le financement par la CCCE de
l'établissement d'une desserte plus régulière entre
Mahé et Silhouette578, ou encore l'aide
financière pour l'amélioration de la route de Victoria à
l'aéroport579.
D) Le tourisme
Nous avons vu que le tourisme est la principale ressource
économique du pays. D'après Philippe DECRAENE en 1978,
l'économie seychelloise reposait presque exclusivement sur le
tourisme580. Le tourisme a peut-être conduit le
régime à être non-aligné : s'il s'était
aligné sur Moscou, les touristes composés essentiellement
d'Occidentaux seraient moins nombreux à venir visiter
l'archipel581. Nous avons vu dans le chapitre II quelle a
été l'évolution du tourisme et de la politique du
régime de RENÉ vis-à-vis de celui-ci. Pourtant, la
coopération bilatérale sur le tourisme semble être
largement moins développée par la presse française que sur
la pêche que nous étudierons par la suite : peut-être parce
que les ressources touristiques sont déjà largement mises en
valeur582.
577 « Des cars pour les Seychelles », La Lettre de
l'Océan Indien, 13 novembre 1982.
578 « Seychelles », La Lettre de l'Océan
Indien, 28 mai 1983.
579 « Seychelles », La Lettre de l'Océan
Indien, 25 juin 1983.
580 DECRAENE Philippe, « Les dirigeants de Mahé
redoutent un éventuel « scénario à la comorienne
» », Le Monde, 21 juillet 1978.
581 MAZERAN Hélène, L'Océan Indien : un
enjeu pour l'Occident, Paris, PUF, 1987, p.176-177.
582 Op. Cit. CAMPREDON Jean-Pierre et SCHWEITZER
Jean-Jacques, France, Océan Indien, Mer Rouge, Paris, CHEAM,
1986.
Il existe au moins deux articles du Monde
évoquant le tourisme aux Seychelles. Dans le premier de ces deux
articles, Philippe DECRAENE parle de 50 000 touristes venus en 1977,
année de l'arrivée au pouvoir de RENÉ, des hôtels
construits ou en construction ou encore les 140 millions de roupies583
de recettes touristiques, joint à l'aide
étrangère, contre 18 millions pour l'ensemble des
exportations584. Le Monde du 29 juin 1985
décrit la politique touristique de Victoria et adopte un regard de
touriste. Il présente les Français comme « les premiers
visiteurs de l'archipel » et « leur principale clientèle
»585. La France a donc une place très importante
dans le tourisme seychellois.
583 Philippe DECRAENE a ajouté comme note qu'une roupie
seychelloise valait 0,70 F d'époque.
584 Op. cit. DECRAENE Philippe, « Les Seychelles et
la protection du patrimoine », Le Monde, 4 mars 1978.
585 C. J.-P., « Seychelles fidèles. Les Robinsons
peuvent être exigeants », Le Monde, 29 juin 1985.
Entre 1977 et 1983, nous ne trouvons aucun article sur la
coopération bilatérale en matière de tourisme. Puis nous
avons quelques articles entre 1983 et 1990. En août 1983, un accord
portant sur la construction d'une école hôtelière a
été signée586. Le 4 octobre 1985,
après des négociations entamées au printemps, un accord a
été signé à Paris entre la société
d'Etat Seychelles Hotels et la chaîne
Méridien, société hôtelière
d'Air-France pour assurer la gestion du Fisherman's Cove et le
Barbarons Beach, les deux hôtels les plus luxueux des
Seychelles587. Vers mai 1987, la France annonce qu'elle va
accorder deux prêts d'un total d'environ 4 millions d'euros pour la
rénovation de deux hôtels : le Barbarons Beach Hotel et
le Fisherman's Cove588. En juin 1987, dans l'amorce
de coopération seychello-réunionnaise, les Seychelles ont ouvert
le secteur du tourisme aux investisseurs réunionnais pour augmenter de
50 % leur capacité hôtelière et accroître le nombre
de touristes589. Vers juillet 1988, une mission a
été effectuée par des représentants de
sociétés réunionnaises pour définir plusieurs
projets d'investissements dans le tourisme dans l'archipel. Victoria cherchant
à attirer des investisseurs et la clientèle réunionnaise,
elle envisage alors de baisser le tarif aérien entre la Réunion
et les Seychelles590. Le 4 août 1990, on apprend que le
Ministère seychellois du Tourisme a annoncé à la Chambre
de commerce et d'industrie à Paris la réalisation d'une
étude financée par la CCCE sur le tourisme aux Seychelles pour
définir de nouvelles clientèles touristiques dans
l'archipel591. Le 17 septembre 1990, Jacques PELLETIER
déclare que le soutien au tourisme est l'un des secteurs
privilégiés de la CCCE592. En 1997, Air-France
et Air-Seychelles cherchent à augmenter le nombre de touristes
français593. En 1999, la France est toujours l'un des
principaux pourvoyeurs de touristes aux Seychelles594 : donc
vingt ans après l'arrivée au pouvoir de RENÉ, la position
de la France n'aurait guère changé malgré la concurrence
croissante.
586 « Chantier naval et école hôtelière
», La Lettre de l'Océan Indien, 20 août 1983.
587 Op. Cit. « Accord avec Air-France et la
chaîne Méridien », La Lettre de l'Océan
Indien, 12 octobre 1985.
588 « Aide française au tourisme », La
Lettre de l'Océan Indien, 16 mai 1987.
589 « Amorce de coopération », La Lettre de
l'Océan Indien, 27 juin 1987.
590 « Coopération pour le tourisme », La
Lettre de l'Océan Indien, 23 juillet 1990.
591 « Seychelles », La Lettre de l'Océan
Indien, 4 août 1990.
592 Op. cit. « La coopération
française en 1989 », La Lettre de l'Océan Indien,
22 septembre 1989.
593 Op. Cit. « En fait, Air France se retire
», La Lettre de l'Océan Indien, 21 juin 1997.
594 « Les difficultés financières d'Air
Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier
1999.
En 1994, nous avons un premier article sur la baisse du
tourisme. Cette année là, d'après la LOI, 2 100
voyageurs réunionnais ont visité les Seychelles en 1993, soit une
baisse de 33 %. On cherche donc à accroître le nombre de touristes
réunionnais595. Entre 1996 et 2000, on remarque une
baisse consécutive des touristes français. En 2000, le nombre de
touristes français aux
Seychelles a baissé de 4 %. Leur temps de séjour
(10,4 nuits en moyenne) a diminué de 4 % par rapport à 1998, le
taux de fréquentation des hôtels de 54 %596.
Aucun article sur la coopération bilatérale pour enrayer cette
baisse n'a été identifié, ni aucun autre aspect dans ce
domaine entre 2000 et 2004.
595 Op. Cit. « Suppression du vol Air-France
», La Lettre de l'Océan Indien, 10 décembre
1994.
596 « Baisse du nombre de visiteurs aux Seychelles »,
La Lettre de l'Océan Indien, 26 février 2000.
E) La pêche
La pêche constitue la principale ressource
économique des Seychelles après le tourisme. La pêche est
l'axe de coopération franco-seychelloise la plus décrite par les
médias français. Nous avons vu que c'est surtout la pêche
au thon qui est développée par le régime socialiste car le
thon constitue une source économique extrêmement importante. C'est
aussi pour pouvoir faire contrepoids au tourisme et diversifier davantage son
commerce extérieur (l'archipel n'exporte que dix-sept produits).
D'après Jean-Pierre LANGELLIER, son développement
représentait « le grand espoir des Seychellois
»597.
Nous constatons que le développement de la pêche
au thon avec l'aide de la France a été développé
dès l'arrivée au pouvoir de France-Albert RENE. En août
1977, Le Figaro a su voir que parmi les projets de
diversification économique du nouveau régime financés par
la France il y a la grande pêche598. Au même
moment, La Croix annonce que la France allait aider les Seychelles
à bâtir une grande usine de pêche au
thon599. Le 13 novembre 1978, Le Monde évoque
la construction de quatre thoniers français - devant être
livrés en 1979600 - à Dieppe et le financement
de la construction d'une école des métiers de la
pêche601. Ensuite, nous n'avons que des articles en
provenance de la LOI. Si les journaux les mieux
appréciés des Français semblent étrangement bouder
la coopération en matière de pêche, nous pouvons avoir une
bonne idée de son évolution à travers plusieurs articles
parus entre 1983 et 2002 dans la LOI.
597 LANGELLIER Jean-Pierre, « La constitution «
socialiste » va officialiser le système du parti unique »,
Le Monde, 14 novembre 1978.
598 Op. cit. KALFLECHE Jean-Marc, « L'ère
des puritains », Le Figaro, 8 août 1977.
599 ANONYME, « La révolution du sourire »,
La Croix, 22 août 1977.
600 WAUTHIER Claude, Quatre présidents et l'Afrique.
De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand. Quarante ans de politique
africaine, Paris, Éditions du Seuil, 1995.
601 Op. Cit. LANGELLIER Jean-Pierre, « La
constitution « socialiste » a officialiser le système du parti
unique », Le Monde, 14 novembre 1978.
D'abord, pour les années 80, nous pouvons
évoquer la signature d'un important accord sur la pêche artisanale
prévoyant le financement de la construction d'un chantier naval à
l'île de La Digue602. Entre 1982 et 1983, au nom de la
CEE, la France a mené une campagne expérimentale dans la ZEE
seychelloise avec quatre thoniers. Les résultats étant
encourageants, la France, avec
la CEE, ont engagé, dès le 5 octobre 1983, la
reprise des négociations avec Victoria sur le financement des projets de
développement de la pêche seychelloise sur trois
ans603. Le mois suivant, on apprend que l'Espagne a pris de
vitesse la France, pourtant soutenu par la CEE, en signant un accord avec les
Seychelles. Quelques jours plus tard, la France et les Seychelles ont
signé un « petit accord » qui serait transitoire autorisant
Paris d'envoyer jusqu'à douze thoniers de mi-novembre 1983 à
mi-janvier 1984604. Les négociations se trouvant dans
l'impasse, on voyait en décembre un possible profit pour la
Réunion : en cas d'échec des négociations, l'île
pourrait remplacer les Seychelles605. En janvier 1984, un
accord entre la CEE et les Seychelles a enfin été trouvé
au grand soulagement de la France. La France pouvait donc envoyer dix-huit
thoniers congélateurs dans l'archipel606. Le 7 juillet
1984, la LOI publie un dossier sur la pêche. L'accord
signé le 19 janvier 1984 entre la CEE et les Seychelles et l'envoi de 27
thoniers européens est rappelé. Comme nous l'avons vu, une partie
des tonnages pêchés est réservé notamment à
l'exportation vers la Réunion607. Décembre 1984,
les Seychelles et des armateurs français de Lorient annoncent la
création d'une commission mixte de pêche chargée de
préparer deux thoniers d'une quinzaine d'hommes (plus de la
moitié sont Français) et battant pavillon
seychellois608. Fin février 1985, une
délégation dirigée par le ministre seychellois du
Développement national a visité les chantiers de l'Armement
Coopératif Finistérien en Bretagne où trois
thoniers-senneurs seychellois ont été construits. La
société a proposé de construire une conserverie à
Mahé et la délégation s'est entretenue avec les principaux
responsables du secteur de la pêche609. Dans un article
de grande taille datant du 16 mars 1984, la LOI annonce le
départ de la totalité de la flotte française - 27 thoniers
- des eaux seychelloises pour revenir en France. On apprend que quelques
quarante thoniers avaient été envoyés dans l'océan
Indien et choisis Victoria comme port d'attache610. On peut
voir que la quasi totalité de la flotte française dans la ZEE
seychelloise est utilisée par les Seychelles et touchent d'importantes
redevances sur les captures. Mais le thon connait la crise après la
décision de l'armement français SOPAR de déposer son bilan
la semaine du 15 mars 1986611. Le 6 septembre 1986, on apprend
que l'Armement coopératif finistérien et la société
Pêcheurs de France contrôlent à 30 % les Conserveries de
l'Océan Indien, contrôlées à 70 % par l'État
seychellois, et que la CCF finance le projet de conserverie aux Seychelles pour
près de 3,8 millions de dollars sur un total de 7,5 millions de
$612. La semaine du 17 janvier 1987, la CEE et les Seychelles
renouvellent pour trois ans leur accord ayant expiré le 10 janvier. Dans
cet accord, la France est autorisée à envoyer 18 thoniers, soit
moins que dans le précédent accord613.
Après sa visite à Paris en octobre 1987, RENÉ a
autorisé la vente de plusieurs containers de thon en conserve provenant
de la Conserverie de l'Océan Indien en direction du territoire
français. Par contre, il n'y a aucun quota alloué aux
Seychelles614. En juillet 1988, en vertu des accords
signés entre la CEE et les pays du sud-ouest de l'océan Indien,
les armements de thoniers français annoncent la construction de douze
thoniers pour 1990615. La LOI du 30 juillet 1988
présente la Conserverie de l'océan Indien. D'après
l'hebdomadaire, le président RENÉ, reçu par
l'Élysée le 28 juillet 1988, a demandé à ce que les
Seychelles bénéficient de parts de marchés de
marché plus importantes, au niveau de la Réunion et de Mayotte
ainsi qu'au sein de la CEE, pour ses exportations de thon en
conserve616. En octobre, la ministre SAINT-JORRE, en visite
à Paris, a discuté avec le ministère français de la
Pêche sur les moyens d'augmenter les exportations de thon en conserve
vers la France et la Réunion617.
602 « Chantier naval et école hôtelière
», La Lettre de l'Océan Indien, 20 août 1983.
603 « Aide de la CEE pour la pêche », La
Lettre de l'Océan Indien, 8 octobre 1983.
604 « L'Espagne emporte une première manche »,
La Lettre de l'Océan Indien, 26 novembre 1983.
605 « En concurrence avec la Réunion », La
Lettre de l'Océan Indien, 24 décembre 1983.
606 « Accord de pêche enfin signé avec la CEE
», La Lettre de l'Océan Indien, 28 janvier 1984.
607 « La pêche dans l'océan Indien », La
Lettre de l'Océan Indien, 7 juillet 1984.
608 « Deux thoniers », La Lettre de l'Océan
Indien, 22 décembre 1984.
609 « Hodoul en France », La Lettre de
l'Océan Indien, 2 mars 1985.
610 « Départ des thoniers », La Lettre de
l'Océan Indien, 16 mars 1985
611 « Crise du thon », La Lettre de l'Océan
Indien, 15 mars 1986.
612 « Conserverie », La Lettre de l'Océan
Indien, 6 septembre 1986.
613 « Accord avec la CEE sur le thon », La Lettre
de l'Océan Indien, 17 janvier 1987.
614 « Pas de quota sur le thon », La Lettre de
l'Océan Indien, 31 octobre 1987.
615 « Nouveaux thoniers français », La
Lettre de l'Océan Indien, 9 juillet 1988.
616 « France-Albert René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988.
617 « Visite en Hongrie et en France », La Lettre
de l'Océan Indien, 15 octobre 1988
Fin mars 1990, pendant sa visite privée en France, le
président RENÉ a pris le temps de visiter en Bretagne le chantier
naval où sont construits les bateaux de pêche
seychellois618. Grâce à un article
consacré à la coopération bilatérale sur la
pêche datant du 7 juillet 1990, nous savons que des bateaux de
pêche seychellois sont conçus à Concarneau, en Bretagne, et
à Sète, en Méditerranée. La France a
équipée avant 1990 deux palangriers construits aux Seychelles
pour la pêche continentale. Le ministre seychellois de la Pêche en
visite à Concarneau en juillet 1990 a évoqué les projets
d'armement de pêche, affiché sa volonté de compléter
la flotte seychelloise et a révélé l'existence de
négociations portant sur la création d'une société
thonière mixte619. Fin avril 1991, la CCCE accorde un
prêt pour financer des petits projets de pêche620.
D'après Jacques PELLETIER le 17 septembre, le renforcement de la
pêche est l'un des secteurs privilégiés de la
CCCE621. D'après la LOI, les chantiers
Piriou, à Concarneau, devaient construire à Victoria un
atelier de réparation naval et ont reçus la commande de deux
thoniers congélateurs devant être livrés pour septembre
1993622. Mais l'information sur la commande est
démentie le 12 septembre 1992 : la proposition de Piriou serait
inacceptable pour Victoria. On apprend aussi que le président
RENÉ en visite en France a discuté des difficultés de la
pêche au thon avec le ministre français des Affaires
étrangères623. Un article de la LOI
datant du 18 novembre 1995 indique qu'une société
française, Cobrecaf, a des investissements dans l'usine seychellois de
thon en boîte, Conserverie de l'Océan Indien (COI), et gère
une large proportion de la flotte de pêche dans l'océan
Indien624.
617 « Visite en Hongrie et en France », La Lettre
de l'Océan Indien, 15 octobre 1988
618 « Le président René en Malaisie et en
Europe », La Lettre de l'Océan Indien, 7 avril 1990.
619 « Coopération avec la France pour la pêche
», La Lettre de l'Océan Indien, 7 juillet 1990.
620 Op. cit. « Prêt de la CCCE
à la National Development Bank », La Lettre de
l'Océan Indien, 4 mai 1991.
621 Op. cit. « La coopération
française en 1989 », La Lettre de l'Océan Indien,
22 septembre 1989.
622 « Deux nouveaux thoniers », La Lettre de
l'Océan Indien, 21 mars 1992.
623 « Le président René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.
624 « Heinz confirme son achat », La Lettre de
l'Océan Indien, 18 novembre 1995.
Pour les années 2000, nous pouvons constater que les
Seychelles sont devenues de plus en plus actives dans la pêche à
la légine dans les Terres australes et antarctiques françaises
(TAAF), ce qui inquiète des armateurs réunionnais car l'archipel
ne possédait aucun quota officiel et ne faisait pas parti de la
Commission pour la conservation de la faune et de la flore marine antarctique
(CCAMLR)625. Enfin, plus d'un an avant le départ de
RENÉ au pouvoir, on voit la volonté de l'UE d'offrir à la
Thaïlande et aux Philippines les mêmes avantages douaniers que les
pays membres de l'ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), dont les Seychelles,
mettant ainsi en danger leurs ventes de thon. D'après la LOI,
la France, avec l'Espagne et la Commission européenne, soutient les pays
de l'ACP, donc les Seychelles626.
625 « Nouveaux pirates de la légine », La
Lettre de l'Océan Indien, 28 juillet 2001.
626 « Les ventes de thon en danger », La Lettre de
l'Océan Indien, 14 décembre 2002.
Les relations économiques et financières
étaient effectivement importantes. L'aide financière de la France
l'est aussi et semble se démarquer des liens commerciaux, touristiques
et peut-être aussi de la pêche. La France s'est attachée
à aider les Seychelles à développer et diversifier son
économie sur les secteurs que nous avons étudiés, en
particulier dans le domaine de la pêche au thon. Nous constatons que la
France a bel et bien eu, et elle l'a peut-être encore, une des places les
plus importantes dans l'économie seychelloise. La presse écrite
française nous donne deux types d'aperçu : si d'un
côté elle nous permet d'avoir une bonne idée sur les
relations économiques et financières bilatérales
grâce à sa présentation de certains sujets comme l'aide
financière et la pêche, on peut regretter qu'elle ne nous donne
pas assez d'éléments pour le reste, en particulier sur le
tourisme pourtant si important pour l'économie seychelloise (le choix de
la politique économique du régime de RENÉ y est sans doute
pour quelque chose). Sans la LOI, notre vision des relations
économiques auraient été beaucoup plus restreinte. Les
journalistes en dehors de la LOI ont donc fait preuve de
sélection des informations. Par conséquent, bien que nous ayons
globalement une bonne idée des relations économiques
bilatérales, on regrette le manque de couverture médiatique sur
certains secteurs.
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