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Les relations entre la France et les Seychelles d'après la presse française (1977-2004)

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par Guillaume BURDEAU
Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense - Master 2 Histoire 2010
  

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3. La dette seychelloise

Enfin, nous pouvons constater qu'il existe dans la presse seychelloise des éléments liant la dette seychelloise et les relations franco-seychelloises.

Comme nous l'avons vu à plusieurs reprises, la question de la dette immense des Seychelles a été abordée et le président français ne l'a pas mis en garde sur l'endettement de l'archipel544. Pendant sa visite à Paris en mai 1991, RENÉ a demandé à MITTERRAND de rééchelonner la dette des Seychelles. Le chef de l'Etat français n'a pris aucun engagement545 pour le contraindre à la démocratisation. Au cours d'une nouvelle visite en septembre 1992, RENÉ a de nouveau demandé la réduction de la dette seychelloise car il a entrepris la démocratisation de son pays. Le président MITTERRAND lui aurait rappelé le refus de la France de traiter les Seychelles comme un PMA alors que le revenu par habitant est très élevé546.

En visite à Paris la semaine du 21 novembre 1996, Danielle de SAINT-JORRE a discuté de la réduction de la dette - environ 27,5 millions d'euros envers la CFD dont des arriérés de paiement de moins de 5 millions d'euros - avec Jacques GODFRAIN. CHIRAC y serait favorable mais il y a des problèmes de mécanismes, d'où la recherche d'une solution. Celle retenue, à savoir la dévaluation de la roupie seychelloise et la prise en charge de la dette par le FMI, n'est pas appréciée par RENÉ547. Cela a empoisonné les relations des deux pays.

Entre le 19 et le 20 février 2001, JOSSELIN et RENÉ ont discuté de la dette. On annonce la venue à Victoria d'une délégation de l'AFD pour trouver une solution au problème548. Entre le 2 et le 4 octobre 2002, Jérémie BONNELAME et Pierre-André WILTZER ont discuté sur l'état des discussions entre Victoria et le FMI. À cette époque, les Seychelles devaient toujours 23 millions d'euros à l'AFD549. Enfin, on peut voir qu'au moment où le président RENÉ se prépare à abandonner volontairement le pouvoir, le problème de la dette seychelloise n'est toujours pas réglé. RAFFARIN a donc souhaité qu'une solution au problème de la dette soit trouvée550.

544 AMALRIC Jacques, « M. Mitterrand réaffirme que Paris reste à l'écoute du tiers-monde », Le Monde, 13 juin 1990.

545 « Apparition d'un parti clandestin », La Lettre de l'Océan Indien, 25 mai 1991.

546 « Le président René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.

547 « Le français, la TV, la dette », La Lettre de l'Océan Indien, 21 novembre 1996.

548 Op. Cit. « Josselin fait la leçon à René », La Lettre de l'Océan Indien, 24 février 2001.

549 « Jérémie Bonnelame à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 12 octobre 2002.

550 Op. Cit. « Jean-Pierre Raffarin répond à Graham Watson », La Lettre de l'Océan Indien, 17 janvier 2004.

B) L'agro-alimentaire

En 1992, Jean-Pierre LANGELLIER a noté comme produits de l'agriculture traditionnelle la noix de coco, la cannelle et la vanille551. La cannelle représentait l'une des principales ressources économiques des Seychelles jusqu'à la fin des années 60552. L'agroalimentaire est l'un des axes économiques privilégiés par le gouvernement de RENE, en particulier l'aquaculture553. Cela peut être justifié par Le Figaro, deux mois après l'arrivée au pouvoir de RENE, présentant les productions maraichères et fruitières comme faisant partie des projets de diversification économique financés par la France554. Un an plus tard, lors de la visite en France de RENÉ, Le Figaro présente, parmi les différents axes de relations économiques bilatérales, la création et l'accroissement de la production maraichère et fruitière555.

À l'exception des deux articles du Figaro, nous remarquons que seuls des articles de la LOI datant des années 80 nous sont connus. Aucun article dans les années 90 et 2000, même dans l'hebdomadaire le mieux spécialisé sur l'archipel. La raison peut être la suivante: les projets de coopération bilatérale dans l'agroalimentaire de cette période sont les plus importants. Les projets des deux autres décennies sont donc ignorés par la presse française. Reste à voir quels sont ces projets et comment s'est déroulée cette coopération à cette époque.

Dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale, un accord prévoyant l'implantation d'une unité de distillation d'essence de feuille de cannelle et de fertilisant financée à plus de 120 000 euros, et un autre sur le renforcement de l'exploitation et la gestion d'une ferme pilote maraîchère et fruitière avec en plus la construction d'un centre de formation pour jeunes horticulteurs ont été signés à Victoria le 23 février 1982556. Deux mois plus tard, les directeurs généraux de la SEYCOM et de la Wel Supplies, DESBOUSSES et BRADBORN, sont venus en France pour voir plusieurs secteurs, dont l'agro-alimentaire557. Parmi les projets de développement de l'île Silhouette financés par la CCCE, il y a la relance de la culture traditionnelle de coprah et de cultures vivrières558. Le mois suivant, la CCF cofinance, avec entre autre la Banque mondiale, la mise en valeur des terres et la diversification économique aux Seychelles, surtout dans le domaine agricole, pour les trois ans à venir559. On peut voir que le gouvernement seychellois tente de relancer le commerce de la cannelle en créant, avec l'aide de la France, des distilleries560. Le 8 mars 1986, un projet gouvernemental d'établissement des « potentialités des sols des principales îles de l'archipel » confié au Bureau pour le développement des productions agricoles (BDPA) et financé par la

France est évoqué par la LOI561. En ouvrant le secteur agro-industriel aux investisseurs réunionnais, les Seychelles ont développé des projets de création de confiseries, de crèmes glacées et de biscuiteries, sans oublier l'achat de fruits et de légumes562. Enfin, le dernier article que nous possédons dans le domaine agricole date du 30 juillet 1988. Dans cet article Comme nous l'avons vu précédemment, il y avait un projet de manifestation agricole commune entre les Seychelles et les Antilles françaises563. Enfin, la CCCE accorde un prêt à la National Development Bank pour financer des petits projets d'agriculture564.

551 LANGELLIER Jean-Pierre, « Vent de démocratie aux Seychelles. Après quatorze années de socialisme autoritaire, cet archipel de l'océan Indien se convertit au multipartisme et libéralise son économie », Le Monde, 7 janvier 1992.

552 « Distillerie de cannelle », La Lettre de l'Océan Indien, 14 janvier 1984.

553 CAMPREDON Jean-Pierre et SCHWEITZER Jean-Jacques, France, Océan Indien, Mer Rouge, Paris, CHEAM, 1986.

554 Op. cit. KALFLECHE Jean-Marc, « L'ère des puritains », Le Figaro, 8 août 1977.

555 ANONYME, « Les Seychelles: clés de l'océan Indien », Le Figaro, 12 septembre 1978.

556 « Coopération renforcée avec Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 27 février 1982.

557 « Visite en France de deux personnalités des Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 24 avril 1982.

558 Op. Cit. « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 28 mai 1983.

559 Op. Cit. « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 25 juin 1983.

560 Op. Cit. « Distillerie de cannelle », La Lettre de l'Océan Indien, 14 janvier 1984.

561 « Pédologie », La Lettre de l'Océan Indien, 8 mars 1986.

562 « Amorce de coopération », La Lettre de l'Océan Indien, 27 juin 1987.

563 « France-Albert René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988.

564 « Prêt de la CCCE à la National Development Bank », La Lettre de l'Océan Indien, 4 mai 1991.

C) Les transports

Nous avons vu que les Seychelles sont extrêmement dépendantes du transport. La mise en service de l'aéroport international de Mahé en juillet 1971 a permis de sortir l'archipel de son isolement géographique, ce qui a permis son ouverture au tourisme565. Il est donc normal d'intégrer les transports dans notre étude sur la coopération bilatérale dans le domaine économique. Pourtant, il n'y a que très peu d'articles sur ce domaine. Ce sont les transports aériens qui sont les plus évoqués et, le plus souvent, en liaison avec le tourisme.

565 DECRAENE Philippe, « Les Seychelles et la protection du patrimoine », Le Monde, 4 mars 1978.

566 C. J.-P., « Seychelles fidèles. Les Robinsons peuvent être exigeants », Le Monde, 29 juin 1985.

567 KALFLECHE Jean-Marc, « L'ère des puritains », Le Figaro, 8 août 1977.

568 « Nouvelles liaisons aériennes », La Lettre de l'Océan Indien, 8 septembre 1984.

569 « Accord avec Air-France et la chaîne Méridien », La Lettre de l'Océan Indien, 12 octobre 1985.

570 « Coopération pour le tourisme », La Lettre de l'Océan Indien, 23 juillet 1988.

571 « Prêt français pour l'espace aérien seychellois », La Lettre de l'Océan Indien, 14 juillet 1990.

572 Op. cit. « La coopération française en 1989 », La Lettre de l'Océan Indien, 22 septembre 1989.

573 « Suppression vol Air-France », La Lettre de l'Océan Indien, 10 décembre 1994.

D'après Le Monde en 1985, Air-France a été la seule compagnie aérienne à avoir assuré la liaison entre les Seychelles et le monde extérieur566. Parmi les projets de diversification économique du nouveau régime financés par la France, il y avait l'aménagement des îles éloignées567. Parmi les accords conclus début septembre entre les Seychelles et des compagnies aériennes pour attirer au moins 75 000 visiteurs pour 1985, il y a celui avec Air-France prévoyant d'introduire un nouveau Jumbo entre Marseille et les Seychelles568. La semaine du 12 octobre 1985, un accord entre Air-France et Air-Seychelles a été signé : Air-France s'est engagé à assurer de nouvelles liaisons aériennes et à louer à Air-Seychelles un Airbus A-300 pendant cinq ans569. En juillet 1988, Air-Seychelles prépare l'inauguration d'une liaison aérienne avec la France et que le gouvernement seychellois projetait de réduire le billet d'avion Réunion-Seychelles afin d'attirer les Réunionnais570. Le 12 juin 1990, les Seychelles et ses voisins, dont la France par le biais de la Réunion, ont signé un accord portant sur la création d'une Flight Information Region (FIR). La CCCE apporte une aide financière à son développement. Le 4 juillet 1990, la CCCE accorde un prêt de plus de 5 millions d'euros aux autorités aériennes seychelloises afin d'améliorer le contrôle de leur espace aérien et leurs communications571. D'après le ministre de la Coopération PELLETIER, le transport aérien est l'un des secteurs privilégiés de la CCCE572.

Ensuite, entre 1994 et 1999, nous avons quelques articles traitant de la suppression des vols Air-France aux Seychelles. Le 10 décembre 1994, la LOI annonce que la compagnie aérienne française envisage d'étudier la suppression pour 1995 du vol entre la Réunion et les Seychelles à cause du fait que Maurice soit la destination finale et la diminution du nombre de touristes réunionnais aux Seychelles573. Nous constatons que cette suppression a été retenue par Air-France puisque la compagnie aérienne française se retire officiellement de cette liaison le 12 juin 1997. En revanche, les vols Paris-Seychelles doublent574. Quelques mois plus tard, on apprend que la ligne Maurice-Seychelles est désormais assurée par Air-Seychelles et Air-Mauritius575. Le remplacement d'Air-France sur la ligne Maurice-Seychelles par Air-Mauritius est rappelé par la LOI le 29 mai 1999 au moment où la compagnie mauricienne supprimait des vols avec les Seychelles576.

574 « En fait, Air France se retire », La Lettre de l'Océan Indien, 21 juin 1997.

575 « Réorganisation des liaisons aériennes », La Lettre de l'Océan Indien, 8 novembre 1997.

576 « Réduction des vols pour les Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 29 mai 1999.

Ensuite nous avons les véhicules. À la fin d'octobre 1982, un représentant du Comité pour la Promotion de l'Industrie et de l'Agro-alimentaire (CEPIA) a pris contact avec les autorités seychelloises. En même temps, un projet seychello-réunionnais prévoyait pour les mois à venir la commande de 85 cars réunionnais pour les Seychelles estimés à moins de 4 millions d'euros. La commande devait inaugurer l'implantation à Mahé d'une usine Renault Vehicules Industriels en collaboration avec la société Thomas577. Nous pouvons ajouter le financement par la CCCE de l'établissement d'une desserte plus régulière entre Mahé et Silhouette578, ou encore l'aide financière pour l'amélioration de la route de Victoria à l'aéroport579.

D) Le tourisme

Nous avons vu que le tourisme est la principale ressource économique du pays. D'après Philippe DECRAENE en 1978, l'économie seychelloise reposait presque exclusivement sur le tourisme580. Le tourisme a peut-être conduit le régime à être non-aligné : s'il s'était aligné sur Moscou, les touristes composés essentiellement d'Occidentaux seraient moins nombreux à venir visiter l'archipel581. Nous avons vu dans le chapitre II quelle a été l'évolution du tourisme et de la politique du régime de RENÉ vis-à-vis de celui-ci. Pourtant, la coopération bilatérale sur le tourisme semble être largement moins développée par la presse française que sur la pêche que nous étudierons par la suite : peut-être parce que les ressources touristiques sont déjà largement mises en valeur582.

577 « Des cars pour les Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 13 novembre 1982.

578 « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 28 mai 1983.

579 « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 25 juin 1983.

580 DECRAENE Philippe, « Les dirigeants de Mahé redoutent un éventuel « scénario à la comorienne » », Le Monde, 21 juillet 1978.

581 MAZERAN Hélène, L'Océan Indien : un enjeu pour l'Occident, Paris, PUF, 1987, p.176-177.

582 Op. Cit. CAMPREDON Jean-Pierre et SCHWEITZER Jean-Jacques, France, Océan Indien, Mer Rouge, Paris, CHEAM, 1986.

Il existe au moins deux articles du Monde évoquant le tourisme aux Seychelles. Dans le premier de ces deux articles, Philippe DECRAENE parle de 50 000 touristes venus en 1977, année de l'arrivée au pouvoir de RENÉ, des hôtels construits ou en construction ou encore les 140 millions de roupies583 de recettes touristiques, joint à l'aide étrangère, contre 18 millions pour l'ensemble des exportations584. Le Monde du 29 juin 1985 décrit la politique touristique de Victoria et adopte un regard de touriste. Il présente les Français comme « les premiers visiteurs de l'archipel » et « leur principale clientèle »585. La France a donc une place très importante dans le tourisme seychellois.

583 Philippe DECRAENE a ajouté comme note qu'une roupie seychelloise valait 0,70 F d'époque.

584 Op. cit. DECRAENE Philippe, « Les Seychelles et la protection du patrimoine », Le Monde, 4 mars 1978.

585 C. J.-P., « Seychelles fidèles. Les Robinsons peuvent être exigeants », Le Monde, 29 juin 1985.

Entre 1977 et 1983, nous ne trouvons aucun article sur la coopération bilatérale en matière de tourisme. Puis nous avons quelques articles entre 1983 et 1990. En août 1983, un accord portant sur la construction d'une école hôtelière a été signée586. Le 4 octobre 1985, après des négociations entamées au printemps, un accord a été signé à Paris entre la société d'Etat Seychelles Hotels et la chaîne Méridien, société hôtelière d'Air-France pour assurer la gestion du Fisherman's Cove et le Barbarons Beach, les deux hôtels les plus luxueux des Seychelles587. Vers mai 1987, la France annonce qu'elle va accorder deux prêts d'un total d'environ 4 millions d'euros pour la rénovation de deux hôtels : le Barbarons Beach Hotel et le Fisherman's Cove588. En juin 1987, dans l'amorce de coopération seychello-réunionnaise, les Seychelles ont ouvert le secteur du tourisme aux investisseurs réunionnais pour augmenter de 50 % leur capacité hôtelière et accroître le nombre de touristes589. Vers juillet 1988, une mission a été effectuée par des représentants de sociétés réunionnaises pour définir plusieurs projets d'investissements dans le tourisme dans l'archipel. Victoria cherchant à attirer des investisseurs et la clientèle réunionnaise, elle envisage alors de baisser le tarif aérien entre la Réunion et les Seychelles590. Le 4 août 1990, on apprend que le Ministère seychellois du Tourisme a annoncé à la Chambre de commerce et d'industrie à Paris la réalisation d'une étude financée par la CCCE sur le tourisme aux Seychelles pour définir de nouvelles clientèles touristiques dans l'archipel591. Le 17 septembre 1990, Jacques PELLETIER déclare que le soutien au tourisme est l'un des secteurs privilégiés de la CCCE592. En 1997, Air-France et Air-Seychelles cherchent à augmenter le nombre de touristes français593. En 1999, la France est toujours l'un des principaux pourvoyeurs de touristes aux Seychelles594 : donc vingt ans après l'arrivée au pouvoir de RENÉ, la position de la France n'aurait guère changé malgré la concurrence croissante.

586 « Chantier naval et école hôtelière », La Lettre de l'Océan Indien, 20 août 1983.

587 Op. Cit. « Accord avec Air-France et la chaîne Méridien », La Lettre de l'Océan Indien, 12 octobre 1985.

588 « Aide française au tourisme », La Lettre de l'Océan Indien, 16 mai 1987.

589 « Amorce de coopération », La Lettre de l'Océan Indien, 27 juin 1987.

590 « Coopération pour le tourisme », La Lettre de l'Océan Indien, 23 juillet 1990.

591 « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 4 août 1990.

592 Op. cit. « La coopération française en 1989 », La Lettre de l'Océan Indien, 22 septembre 1989.

593 Op. Cit. « En fait, Air France se retire », La Lettre de l'Océan Indien, 21 juin 1997.

594 « Les difficultés financières d'Air Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier 1999.

En 1994, nous avons un premier article sur la baisse du tourisme. Cette année là, d'après la LOI, 2 100 voyageurs réunionnais ont visité les Seychelles en 1993, soit une baisse de 33 %. On cherche donc à accroître le nombre de touristes réunionnais595. Entre 1996 et 2000, on remarque une baisse consécutive des touristes français. En 2000, le nombre de touristes français aux

Seychelles a baissé de 4 %. Leur temps de séjour (10,4 nuits en moyenne) a diminué de 4 % par rapport à 1998, le taux de fréquentation des hôtels de 54 %596. Aucun article sur la coopération bilatérale pour enrayer cette baisse n'a été identifié, ni aucun autre aspect dans ce domaine entre 2000 et 2004.

595 Op. Cit. « Suppression du vol Air-France », La Lettre de l'Océan Indien, 10 décembre 1994.

596 « Baisse du nombre de visiteurs aux Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 26 février 2000.

E) La pêche

La pêche constitue la principale ressource économique des Seychelles après le tourisme. La pêche est l'axe de coopération franco-seychelloise la plus décrite par les médias français. Nous avons vu que c'est surtout la pêche au thon qui est développée par le régime socialiste car le thon constitue une source économique extrêmement importante. C'est aussi pour pouvoir faire contrepoids au tourisme et diversifier davantage son commerce extérieur (l'archipel n'exporte que dix-sept produits). D'après Jean-Pierre LANGELLIER, son développement représentait « le grand espoir des Seychellois »597.

Nous constatons que le développement de la pêche au thon avec l'aide de la France a été développé dès l'arrivée au pouvoir de France-Albert RENE. En août 1977, Le Figaro a su voir que parmi les projets de diversification économique du nouveau régime financés par la France il y a la grande pêche598. Au même moment, La Croix annonce que la France allait aider les Seychelles à bâtir une grande usine de pêche au thon599. Le 13 novembre 1978, Le Monde évoque la construction de quatre thoniers français - devant être livrés en 1979600 - à Dieppe et le financement de la construction d'une école des métiers de la pêche601. Ensuite, nous n'avons que des articles en provenance de la LOI. Si les journaux les mieux appréciés des Français semblent étrangement bouder la coopération en matière de pêche, nous pouvons avoir une bonne idée de son évolution à travers plusieurs articles parus entre 1983 et 2002 dans la LOI.

597 LANGELLIER Jean-Pierre, « La constitution « socialiste » va officialiser le système du parti unique », Le Monde, 14 novembre 1978.

598 Op. cit. KALFLECHE Jean-Marc, « L'ère des puritains », Le Figaro, 8 août 1977.

599 ANONYME, « La révolution du sourire », La Croix, 22 août 1977.

600 WAUTHIER Claude, Quatre présidents et l'Afrique. De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand. Quarante ans de politique africaine, Paris, Éditions du Seuil, 1995.

601 Op. Cit. LANGELLIER Jean-Pierre, « La constitution « socialiste » a officialiser le système du parti unique », Le Monde, 14 novembre 1978.

D'abord, pour les années 80, nous pouvons évoquer la signature d'un important accord sur la pêche artisanale prévoyant le financement de la construction d'un chantier naval à l'île de La Digue602. Entre 1982 et 1983, au nom de la CEE, la France a mené une campagne expérimentale dans la ZEE seychelloise avec quatre thoniers. Les résultats étant encourageants, la France, avec

la CEE, ont engagé, dès le 5 octobre 1983, la reprise des négociations avec Victoria sur le financement des projets de développement de la pêche seychelloise sur trois ans603. Le mois suivant, on apprend que l'Espagne a pris de vitesse la France, pourtant soutenu par la CEE, en signant un accord avec les Seychelles. Quelques jours plus tard, la France et les Seychelles ont signé un « petit accord » qui serait transitoire autorisant Paris d'envoyer jusqu'à douze thoniers de mi-novembre 1983 à mi-janvier 1984604. Les négociations se trouvant dans l'impasse, on voyait en décembre un possible profit pour la Réunion : en cas d'échec des négociations, l'île pourrait remplacer les Seychelles605. En janvier 1984, un accord entre la CEE et les Seychelles a enfin été trouvé au grand soulagement de la France. La France pouvait donc envoyer dix-huit thoniers congélateurs dans l'archipel606. Le 7 juillet 1984, la LOI publie un dossier sur la pêche. L'accord signé le 19 janvier 1984 entre la CEE et les Seychelles et l'envoi de 27 thoniers européens est rappelé. Comme nous l'avons vu, une partie des tonnages pêchés est réservé notamment à l'exportation vers la Réunion607. Décembre 1984, les Seychelles et des armateurs français de Lorient annoncent la création d'une commission mixte de pêche chargée de préparer deux thoniers d'une quinzaine d'hommes (plus de la moitié sont Français) et battant pavillon seychellois608. Fin février 1985, une délégation dirigée par le ministre seychellois du Développement national a visité les chantiers de l'Armement Coopératif Finistérien en Bretagne où trois thoniers-senneurs seychellois ont été construits. La société a proposé de construire une conserverie à Mahé et la délégation s'est entretenue avec les principaux responsables du secteur de la pêche609. Dans un article de grande taille datant du 16 mars 1984, la LOI annonce le départ de la totalité de la flotte française - 27 thoniers - des eaux seychelloises pour revenir en France. On apprend que quelques quarante thoniers avaient été envoyés dans l'océan Indien et choisis Victoria comme port d'attache610. On peut voir que la quasi totalité de la flotte française dans la ZEE seychelloise est utilisée par les Seychelles et touchent d'importantes redevances sur les captures. Mais le thon connait la crise après la décision de l'armement français SOPAR de déposer son bilan la semaine du 15 mars 1986611. Le 6 septembre 1986, on apprend que l'Armement coopératif finistérien et la société Pêcheurs de France contrôlent à 30 % les Conserveries de l'Océan Indien, contrôlées à 70 % par l'État seychellois, et que la CCF finance le projet de conserverie aux Seychelles pour près de 3,8 millions de dollars sur un total de 7,5 millions de $612. La semaine du 17 janvier 1987, la CEE et les Seychelles renouvellent pour trois ans leur accord ayant expiré le 10 janvier. Dans cet accord, la France est autorisée à envoyer 18 thoniers, soit moins que dans le précédent accord613. Après sa visite à Paris en octobre 1987, RENÉ a autorisé la vente de plusieurs containers de thon en conserve provenant de la Conserverie de l'Océan Indien en direction du territoire français. Par contre, il n'y a aucun quota alloué aux Seychelles614. En juillet 1988, en vertu des accords signés entre la CEE et les pays du sud-ouest de l'océan Indien, les armements de thoniers français annoncent la construction de douze thoniers pour 1990615. La LOI du 30 juillet 1988 présente la Conserverie de l'océan Indien. D'après l'hebdomadaire, le président RENÉ, reçu par l'Élysée le 28 juillet 1988, a demandé à ce que les Seychelles bénéficient de parts de marchés de marché plus importantes, au niveau de la Réunion et de Mayotte ainsi qu'au sein de la CEE, pour ses exportations de thon en conserve616. En octobre, la ministre SAINT-JORRE, en visite à Paris, a discuté avec le ministère français de la Pêche sur les moyens d'augmenter les exportations de thon en conserve vers la France et la Réunion617.

602 « Chantier naval et école hôtelière », La Lettre de l'Océan Indien, 20 août 1983.

603 « Aide de la CEE pour la pêche », La Lettre de l'Océan Indien, 8 octobre 1983.

604 « L'Espagne emporte une première manche », La Lettre de l'Océan Indien, 26 novembre 1983.

605 « En concurrence avec la Réunion », La Lettre de l'Océan Indien, 24 décembre 1983.

606 « Accord de pêche enfin signé avec la CEE », La Lettre de l'Océan Indien, 28 janvier 1984.

607 « La pêche dans l'océan Indien », La Lettre de l'Océan Indien, 7 juillet 1984.

608 « Deux thoniers », La Lettre de l'Océan Indien, 22 décembre 1984.

609 « Hodoul en France », La Lettre de l'Océan Indien, 2 mars 1985.

610 « Départ des thoniers », La Lettre de l'Océan Indien, 16 mars 1985

611 « Crise du thon », La Lettre de l'Océan Indien, 15 mars 1986.

612 « Conserverie », La Lettre de l'Océan Indien, 6 septembre 1986.

613 « Accord avec la CEE sur le thon », La Lettre de l'Océan Indien, 17 janvier 1987.

614 « Pas de quota sur le thon », La Lettre de l'Océan Indien, 31 octobre 1987.

615 « Nouveaux thoniers français », La Lettre de l'Océan Indien, 9 juillet 1988.

616 « France-Albert René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988.

617 « Visite en Hongrie et en France », La Lettre de l'Océan Indien, 15 octobre 1988

Fin mars 1990, pendant sa visite privée en France, le président RENÉ a pris le temps de visiter en Bretagne le chantier naval où sont construits les bateaux de pêche seychellois618. Grâce à un article consacré à la coopération bilatérale sur la pêche datant du 7 juillet 1990, nous savons que des bateaux de pêche seychellois sont conçus à Concarneau, en Bretagne, et à Sète, en Méditerranée. La France a équipée avant 1990 deux palangriers construits aux Seychelles pour la pêche continentale. Le ministre seychellois de la Pêche en visite à Concarneau en juillet 1990 a évoqué les projets d'armement de pêche, affiché sa volonté de compléter la flotte seychelloise et a révélé l'existence de négociations portant sur la création d'une société thonière mixte619. Fin avril 1991, la CCCE accorde un prêt pour financer des petits projets de pêche620. D'après Jacques PELLETIER le 17 septembre, le renforcement de la pêche est l'un des secteurs privilégiés de la CCCE621. D'après la LOI, les chantiers Piriou, à Concarneau, devaient construire à Victoria un atelier de réparation naval et ont reçus la commande de deux thoniers congélateurs devant être livrés pour septembre 1993622. Mais l'information sur la commande est démentie le 12 septembre 1992 : la proposition de Piriou serait inacceptable pour Victoria. On apprend aussi que le président RENÉ en visite en France a discuté des difficultés de la pêche au thon avec le ministre français des Affaires étrangères623. Un article de la LOI datant du 18 novembre 1995 indique qu'une société française, Cobrecaf, a des investissements dans l'usine seychellois de thon en boîte, Conserverie de l'Océan Indien (COI), et gère une large proportion de la flotte de pêche dans l'océan Indien624.

617 « Visite en Hongrie et en France », La Lettre de l'Océan Indien, 15 octobre 1988

618 « Le président René en Malaisie et en Europe », La Lettre de l'Océan Indien, 7 avril 1990.

619 « Coopération avec la France pour la pêche », La Lettre de l'Océan Indien, 7 juillet 1990.

620 Op. cit. « Prêt de la CCCE à la National Development Bank », La Lettre de l'Océan Indien, 4 mai 1991.

621 Op. cit. « La coopération française en 1989 », La Lettre de l'Océan Indien, 22 septembre 1989.

622 « Deux nouveaux thoniers », La Lettre de l'Océan Indien, 21 mars 1992.

623 « Le président René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.

624 « Heinz confirme son achat », La Lettre de l'Océan Indien, 18 novembre 1995.

Pour les années 2000, nous pouvons constater que les Seychelles sont devenues de plus en plus actives dans la pêche à la légine dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), ce qui inquiète des armateurs réunionnais car l'archipel ne possédait aucun quota officiel et ne faisait pas parti de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marine antarctique (CCAMLR)625. Enfin, plus d'un an avant le départ de RENÉ au pouvoir, on voit la volonté de l'UE d'offrir à la Thaïlande et aux Philippines les mêmes avantages douaniers que les pays membres de l'ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), dont les Seychelles, mettant ainsi en danger leurs ventes de thon. D'après la LOI, la France, avec l'Espagne et la Commission européenne, soutient les pays de l'ACP, donc les Seychelles626.

625 « Nouveaux pirates de la légine », La Lettre de l'Océan Indien, 28 juillet 2001.

626 « Les ventes de thon en danger », La Lettre de l'Océan Indien, 14 décembre 2002.

Les relations économiques et financières étaient effectivement importantes. L'aide financière de la France l'est aussi et semble se démarquer des liens commerciaux, touristiques et peut-être aussi de la pêche. La France s'est attachée à aider les Seychelles à développer et diversifier son économie sur les secteurs que nous avons étudiés, en particulier dans le domaine de la pêche au thon. Nous constatons que la France a bel et bien eu, et elle l'a peut-être encore, une des places les plus importantes dans l'économie seychelloise. La presse écrite française nous donne deux types d'aperçu : si d'un côté elle nous permet d'avoir une bonne idée sur les relations économiques et financières bilatérales grâce à sa présentation de certains sujets comme l'aide financière et la pêche, on peut regretter qu'elle ne nous donne pas assez d'éléments pour le reste, en particulier sur le tourisme pourtant si important pour l'économie seychelloise (le choix de la politique économique du régime de RENÉ y est sans doute pour quelque chose). Sans la LOI, notre vision des relations économiques auraient été beaucoup plus restreinte. Les journalistes en dehors de la LOI ont donc fait preuve de sélection des informations. Par conséquent, bien que nous ayons globalement une bonne idée des relations économiques bilatérales, on regrette le manque de couverture médiatique sur certains secteurs.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo