2. L'image des bonnes relations à travers la
coopération
La coopération bilatérale et son renforcement
peut être un reflet de l'état des relations entre deux pays. Pour
le cas de la France et les Seychelles sous la présidence de RENÉ,
elle peut être un miroir des bonnes relations entretenues par les deux
États. Quels indices peuvent être identifiés à
travers les articles de presse française ?
Avant tout, il y a la volonté du ministre seychellois
du développement, du plan et du logement, Maxime FERRARI, d'attirer
l'attention du gouvernement français, dont le ministre de la
Coopération se nomme Robert GALLEY, sur « les possibilités
de développement de la coopération bilatérale avec
l'archipel des Seychelles »205. Cette volonté,
faite après le 19 juillet 1978, nous indique, certes, une volonté
de Victoria de renforcer sa coopération avec la France dans un souci de
développer davantage le pays, mais cela peut constituer la manifestation
d'un souhait de renforcement des liens, déjà amicaux, entre la
France et les Seychelles. C'est une preuve de confiance car sans confiance il
ne peut y avoir de renforcement de la coopération bilatérale,
voire pas de coopération du tout. Quatre mois plus tard, nous retrouvons
ce genre de situation avec la visite du ministre GALLEY aux Seychelles le 13
novembre 1978 et son entretien avec le président RENÉ « dans
le cadre des différents projets de coopération en cours entre les
deux pays »206.
206 LANGELLIER Jean-Pierre, « La constitution «
socialiste » va officialiser le système du parti unique »,
Le Monde, 14 novembre 1978.
Le 16 février 1982, les relations franco-seychelloises
franchissent une nouvelle étape avec la proclamation faite par
RENÉ à Paris d'une « ère nouvelle de
coopération. Trois articles de notre corpus l'évoquent. Le
Monde est l'un des premiers à le traiter le 18 février 1982
dans un article de petite taille. D'après ce journal, le renforcement de
la coopération concernerait la sécurité, et aucune autre
précision n'a été fournie par le président
seychellois. La LOI du 27 février 1982 nous apporte plus de
précisions. D'après l'hebdomadaire, RENÉ, à son
retour à Victoria, a affirmé avoir trouvé en MITTERRAND
« un homme sincère et franc dont la volonté d'aider les pays
en développement est bien réelle ». Cette phrase illustre
l'état des relations entre la France et les Seychelles. RENÉ
avait bel et bien discuté du renforcement de la coopération
militaire en matière de sécurité avec le ministre
français de la Défense, Charles HERNU. Il y a aussi le domaine
économique avec l'annonce du ministre français
délégué de la Coopération et au
Développement, Jean-Pierre COT, d'une aide financière pour aider
les Seychelles dans son développement. Le Matin du 19
août 1982, lui, n'a fait que rappeler l'ouverture de cette «
ère nouvelle de coopération » et l'entretien sur les
perspectives de coopération militaire. L'ouverture de cet ère
serait un remerciement du gouvernement seychellois pour l'aide apportée
par la France après le coup manqué du 25 novembre
1981207. On sait qu'entre 1986 et début janvier 1988
que 30 coopérants français travaillaient aux Seychelles, et
qu'aucun problème de fond ne gênait à cette époque
le développement croissant des relations
bilatérales208. Un article de la LOI du 30
septembre 1989 nous donne une indication du poids de la coopération
française aux Seychelles par rapport à un autre État :
Maurice. D'après l'hebdomadaire, il y a une rivalité entre la
France et Maurice en matière de coopération avec les Seychelles.
La rivalité française est même présentée
comme étant « de plus en plus envahissante [...] via la
Réunion209. En effet, la Réunion sert de relais
régional de la France, qu'elle soit économique, diplomatique ou
culturelle. Et Maurice est l'État riverain possédant la
coopération la plus active avec les Seychelles derrière la
France, justement grâce à la Réunion. La rivalité
est décrite comme envahissante car la coopération
franco-seychelloise n'a cessé de croître, et cela au
détriment de la coopération seychellomauricienne. Le 12 juin
1990, Jacques AMALRIC présente la France comme n'ayant jamais
été aussi courtisée par les
Seychelles210. En 1992, Jean-Pierre LANGELLIER affirme que 35
coopérants servent aux Seychelles, ce qui constitue à ses yeux le
plus fort taux par habitant après Djibouti. Selon le journaliste, la
France est le premier pourvoyeur de coopérants211. Par
conséquent, quinze ans après l'arrivée au pouvoir de
RENÉ, la France est restée le premier pourvoyeur de
coopérants de l'archipel.
207 BALENCIE Jean-Marc, La Diplomatie navale française
dans l'océan Indien, Lille, Atelier national de reproduction de
thèses, 1992, p. 288.
208 « Commerce croissant avec la France », La
Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier 1988.
209 « Succès pour la visite de Jugnauth »,
La Lettre de l'Océan Indien, 30 septembre 1989.
210 AMALRIC Jacques, « M. Mitterrand réaffirme que
Paris reste à l'écoute du tiers-monde », Le Monde,
13 juin 1990.
211 LANGELLIER Jean-Pierre, « Vent de démocratie
aux Seychelles. Après quatorze années de socialisme autoritaire,
cet archipel de l'océan Indien se convertit au multipartisme et
libéralise son économie », Le Monde, 7 janvier
1992.
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